Jamais, il ne cessa de regretter « ce pur et charmant écrivain, qui, à l’esprit le plus ingénieux, au caprice le plus tendre, joignait une forme sobre, délicate et parfaite », celui à qui Goethe écrivait, après la traduction de Faust en français, que Gérard publia à l’âge de dix-huit ans : « Je ne me suis jamais si bien compris qu’en vous lisant. » Le chagrin causé par sa mort tragique ne s’effaçait pas ; mon père et ma mère en parlaient souvent entre eux, avec de vagues idées d’enquête et de représailles, car ils n’avaient jamais cru au suicide.
Les écrivains anciens ne nous transmettent sur les mystères que de furtives réticences. […] Un écrivain du temps assimilant le monde à un corps, la compare à la bouche qui reçoit les aliments, les mâche, les triture ; mais qui les envoie aussitôt aux autres organes, et n’en retient, pour sa part, qu’un goût fugitif, ou les bribes qui, par hasard, s’attachent à ses dents.