Le mot de madame, dès qu’on l’écrit ou qu’on le prononce, désarme et attendrit la pensée. […] Docte distraite ou peut-être pas assez docte, parce que les hommes ne l’ont pas voulu, elle n’aurait point parlé de l’amour d’Héloïse, si cette philosophe du douzième siècle, au lieu d’écrire en latin ses désirs fétides, les avait écrits en français ! […] On a dit d’abord, comme d’abord elles l’avaient écrit à la garçonnière : George Sand, — Daniel Stern, — André Léo, — « et pourquoi pas ? […] Mais elle a dû les commettre à froid, comme ses livres, plus volontairement que fortement pensés et écrits. […] — et puritaine, elle écrit l’histoire des républiques pour faire la leçon aux monarchies et pour prouver sa vertu politique, à elle… Gymnastique qui doit être fatigante, n’est-ce pas ?
Cet esprit profond et tragique qui a écrit le morceau d’Hamlet ou le mal de l’analyse, cet esprit comique et profond qui a écrit le chapitre de Prudhomme ou la synthèse de la sottise, se trompe presque à chaque fois sur les hommes et sur la quantité de forces intellectuelles qu’ils ont en eux ou qu’ils ont versées dans leurs œuvres. […] Il faut être Balzac pour écrire La Grande-Bretèche ou Facino Cane, des romans où tout est en profondeur, au lieu d’être en longueur comme dans les autres. […] Il est écrit en dehors de ce qui pourrait être la plus cruelle de ses préoccupations. […] Xavier Aubryet, je l’ai dit souvent déjà, a pour qualités premières l’aperçu et l’expression, — ces deux gonds d’or sur lesquels tournent les plus belles pages de ceux qui savent écrire. […] … Il y eut, au commencement de ce siècle, une jeune fille, peut-être moins phénoménale, qui avait sur l’azur de deux beaux yeux bleus le nom de Napoléon Empereur, écrit en lettres d’or, le jour, et, le soir, en lettres de feu.