Ses efforts pour prouver l’incompréhensible sentent l’école plutôt que l’angoisse du génie, et tout son discours reste au-dessous du sujet. […] C’est que Bossuet ne raisonne pas comme l’école ; il explique, à l’aide de tous les moyens du discours. […] Est-ce quelque politique de l’école de Machiavel ? […] Est-ce simplement un sceptique ou quelque épicurien de l’école d’Horace ? […] Il n’est que le plus retenu de ses contemporains dans une doctrine glissante, et peut-être le seul disciple inconséquent de l’école commune.
La France, il faut l’avouer, dussent toutes les férules des écoles tomber sur la main qui inscrit ces lignes, la France n’a pas eu jusqu’ici, parmi ses innombrables aptitudes, la grande imagination littéraire et poétique. […] Si Boileau n’avait ni l’âme, ni le temps convenable pour égaler Juvénal, on voit par ses beaux vers sur ce poète qu’il avait la corde de l’indignation aussi sonore que celle du Romain : Juvénal, élevé dans les cris de l’école, Poussa jusqu’à l’excès sa mordante hyperbole. […] XIV À côté de l’école de Ronsard, qui triomphait à l’hôtel de Rambouillet, et en opposition avec elle, il s’était formé une école pédantesque, pénible, lourde, gauche, inhabilement imitatrice, mais très orgueilleuse et très puissante, dont Pradon, Chapelain et d’autres écrivains estimables, mais sans génie, étaient les soleils, selon l’expression de Boileau ; école littéraire qui s’était emparée par la prétention, par la camaraderie et par la suffisance, de la cour, des salons, de ce qu’on appelait alors les ruelles, et surtout des faveurs lucratives du gouvernement. Cette coterie littéraire, toute-puissante et comme inviolable dans l’opinion, rappelait assez l’école dogmatique qui a prévalu depuis trente ans parmi nous en politique et même en littérature, par une volonté tenace et bien disciplinée plus que par une véritable supériorité de génie. […] Et comme si son tombeau avait dû être encore après lui une pierre d’achoppement et de division entre les écrivains et entre les écoles littéraires, la dispute éternelle sur l’utilité ou sur le malheur de son influence commençait sur cette tombe et se perpétuait jusqu’à nos jours.