Poë ; — son œuvre toujours captivante, en tant que légende, philosophie, théologie même (par exemple dans certains passages d’Hamlet et de plusieurs autres pièces dont les titres m’échappent), contes de fées, et de fantômes.
La corruption grecque, l’oppression romaine et la dissolution du monde antique l’avaient fait naître ; à son tour elle avait fait naître la résignation stoïque, l’insouciance épicurienne, le mysticisme alexandrin et l’attente chrétienne du royaume de Dieu. « Le monde est mauvais et perdu : échappons-lui par l’insensibilité, par l’étourdissement, par l’extase. » Ainsi parlaient les philosophies, et la religion, arrivant par-dessus elles, avait ajouté qu’il allait finir : « Tenez-vous prêts, car le royaume de Dieu est proche. » Mille ans durant, les ruines qui se faisaient de toutes parts vinrent incessamment enfoncer dans les cœurs cette pensée funèbre, et quand du fond de l’imbécillité finale et de la misère universelle l’homme féodal se releva par la force de son courage et de son bras, il retrouva pour entraver sa pensée et son œuvre la conception écrasante qui, proscrivant la vie naturelle et les espérances terrestres, érigeait en modèles l’obéissance du moine et les langueurs de l’illuminé.