À Madrid, on échappait un peu à tout cela grâce au musée et à des amis, un petit artiste entre autres qui a travaillé chez vous et dont nous avons connu la famille ici. […] … Du reste je ne tiens qu’à ce qui m’échappe.
Au centre de chaque arcade, un grand médaillon noir, relevé de petits carrés rouges, laisse s’échapper de sa teinte sombre les plus délicates arabesques blanches des vases, des hippogriffes, des fleurettes élancées et mignonnes. […] Dans sa correspondance, il lui échappe un mot frappant que tous ses amis disent très vrai : « Il m’arrive rarement de sacrifier les autres à moi-même, et, quand cela m’arrive, j’en ai tous les remords possibles. » — A la fin de sa vie, on trouvait chez lui deux vieilles dames anglaises auxquelles il parlait peu, et dont il ne semblait pas se soucier beaucoup ; un de mes amis le vit les larmes aux yeux, parce que l’une d’elles était malade. […] Dans le tableau, le poète assis sur le rivage voit encore, dans la lumière du soir, les beautés et les vérités dont il est épris ; elles s’éloignent, mais elles ne sont qu’à trois pas de lui ; rien ne lui échappe de leurs formes charmantes ; les clartés roses du couchant se posent sur leurs cols et sur leurs joues. […] Ainsi faisaient les artistes de la Renaissance, parmi des calamités bien pires que les nôtres ; ils considéraient le monde comme une matière à tableaux, peignaient beaucoup, raisonnaient peu, tâchaient de ne pas être tués, et, une fois échappés au péril, n’y songeaient plus.