Mignet, en publiant les Négociations relatives à la succession d’Espagne, a montré par une suite de dépêches que M. de Lionne était un très habile secrétaire d’État des Affaires étrangères, voilà que vous en faites un homme qui retarde l’avènement réel de Louis XIV, et qui provisoirement le détrône dans votre esprit ! Jamais on n’a plus abusé du parti à tirer des papiers d’État que de les faire servir à une telle conclusion. […] Louis XIV dans ses Mémoires, parlant de M. de Lionne à la date de sa mort, se contente de dire : « En 1671, un ministre mourut qui avait la charge de secrétaire d’État, ayant le département des Affaires étrangères.
C’est auprès d’un de ces vieillards respectables, M. de Caumartin, ancien conseiller d’État, que Voltaire, pendant un séjour à la campagne, se prit d’enthousiasme pour cette grande renommée royale ; et il se mit aussitôt à la célébrer, tout en l’accommodant à sa manière et en la traitant dans le goût des temps nouveaux : il fit La Henriade, et plus tard le chapitre de l’Essai sur les mœurs, intitulé : « De Henri IV ». […] Il ne serait pas raisonnable que ce beau danseur (le duc de Joyeuse) et ces mignons de cour en emportassent les trois principales têtes, que Dieu a réservées pour conserver les autres avec l’État. […] Cet acte sera le plus grand que nous ayons fait : la gloire en demeurera à Dieu, le service au roi, notre souverain seigneur, l’honneur à nous, et le salut à l’État.