« La réduction des rentes, les gaspillages qui eurent lieu dans l’administration de la tontine, diminuèrent ses revenus ; mais sa belle et verte vieillesse lui donna l’espoir de partager un jour avec l’État, à l’extinction des concurrents de sa classe, l’immense capital de la tontine ; ce qui eût grandement réparé le tort qu’il avait fait à sa famille. […] … « “Il serait temps encore de faire partie nulle et de devenir un M. ***, qui juge tranquillement les autres sans les connaître, qui jure après les hommes d’État sans les comprendre, qui gagne au jeu, même en écartant les atouts, l’heureux homme ! […] — Un conseil d’État nommé par lui et une armée chez un peuple militaire. […] Le coup d’État était devenu inévitable, le pouvoir parlementaire s’était suicidé ! […] ou un coup d’État ou une révolution.
Il résulte de son récit que, peu après la paix des Pyrénées, le duc Charles IV de Lorraine étant venu en France, et ayant fait avec le roi le traité par lequel il lui cédait ses États après lui et l’instituait héritier de ses duchés de Lorraine et de Bar, trouva encore à travers cela le temps de s’éprendre d’une violente passion pour Mlle Marianne, qu’il rencontrait au Luxembourg chez sa sœur Madame, épouse de Gaston duc d’Orléans. […] La raison d’État intervint, et le secrétaire d’État Le Tellier, instruit de ce qui se passait, et qui avait fait avec M. de Lorraine le traité par lequel les duchés devaient être cédés au roi, conseilla de profiter de la conjoncture et de cet intérêt de passion pour tâcher d’obtenir ou confirmation ou mieux commencement d’exécution immédiate de ce qui avait été convenu. […] Lassay, qui ne revint point avec eux, aurait bien voulu désarmer pour son compte le mécontentement du roi, qui à son égard datait de plus loin47 : dans une lettre sérieuse, assez politique, et où il mêle des vues sur les armées, sur les finances et l’administration des États de la maison d’Autriche, il loue délicatement Louis XIV et son gouvernement : « Comme on ne juge bien des choses que par comparaison, écrit-il, en vérité il faut sortir de France pour connaître parfaitement la puissance du roi. » On voit, par le désordre qu’il décrit, que l’Autriche n’avait pas eu alors ses Louvois et ses Colbert.