Les pensions d’État, à vie, et insaisissables, seraient l’idéal de tout littérateur, comme de tout homme ; c’est du trop beau et bien plaisant socialisme impraticable. […] Que l’État, que les particuliers, et spécialement les amateurs se bornent à fournir de l’argent, comme moralement ils le doivent, et laissent aux écrivains, seuls intéressés, seuls équitables, seuls compétents, le soin de le répartir, sous leur responsabilité. […] La mesure initiale est la séparation de la Littérature et de l’État. Mais pour cela, faut-il un État qui n’ait pas un intérêt vital à ne tolérer aucune corporation, aucune collectivité, aucune force organisée, indépendante de lui. […] L’État devrait réserver des emplois toujours vacants : tout écrivain notoirement estimé devrait les obtenir sur sa seule demande pour un jeune au sujet duquel il apporterait les éléments d’une enquête discrète et sérieuse.
Si Thiers n’avait pas publié sous Louis-Philippe les premiers volumes de son histoire, on pourrait penser que l’homme de parti a étouffé en lui la voix du véritable homme d’État. […] Enfin, comment l’homme d’État, s’il y en avait un en Thiers, aurait-il oublié de conclure que l’homme qui avait relevé, en France, la chose nécessaire, était et devait être tout autre chose qu’un accident ? […] La persistance des familles romaines dans leur dévouement quand même à la ville qui se proclamait éternelle empêchait ces États divers de l’attaquer jamais, sinon quand elle était en proie à des troubles !