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148. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

L’Etat fut un tout régulier, dont chaque ligne aboutit au centre. […] Le jour où Louis XIV donna des pensions aux gens de lettres, au nom de l’Etat, il les mit hors de servitude. […] Les livres sont l’image la plus fidèle de l’État : ils sont aussi, dans une certaine mesure, l’image du roi, ou plutôt et cette réserve est à l’honneur seul des écrivains l’image de ce qu’il y avait du grand homme dans le roi. […] S’il ne trouva pas bon qu’ils s’occupassent des affaires de l’Etat, ce fut moins jalousie de son pouvoir ou impatience de la critique, que par une juste idée du rôle de l’écrivain. […] On perdait, avec sa faveur, sa place dans une société où chacun tenait son rang du prince ; on perdait sa fonction dans l’Etat, et, pour ainsi dire, sa raison d’être.

149. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Écartez vos soldats, et demandez à Milan s’il reconnaîtra l’aristocratie de Turin : voilà la liberté qui tue trois États libres ! […] Platon et la philosophie m’avaient depuis longtemps enseigné que les États sont sujets à certaines révolutions naturelles qui donnent le pouvoir tantôt aux grands, tantôt au peuple, et parfois à un seul. […] Maintenant qu’on a recommencé à me consulter sur les affaires de l’État, tout mon temps, toutes mes pensées, tous mes soins, appartiennent à la république, et la philosophie n’a droit qu’aux instants que n’exigera pas l’accomplissement de mes devoirs envers mon pays. […] Nous étions le plus souvent ensemble, occupés surtout à rechercher par quels moyens on pourrait ramener dans l’État la paix et la concorde. […] Sur toi seul reposera le salut de l’État ; enfin, dictateur, tu régénéreras la république… si tu peux échapper aux mains impies de tes proches.

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