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1316. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Personne dans le palais, excepté Monpavon et Louis le valet de chambre, ne sut donc ce que venaient faire ces trois personnages introduits mystérieusement auprès du ministre d’État. […] Circulant dans la vie, masqué, ganté, plastronné, du plastron de satin blanc des maîtres d’armes les jours de grand assaut, gardant immaculée et nette sa parure de combat, sacrifiant tout à cette surface irréprochable qui lui tenait lieu d’une armure, il s’était improvisé homme d’État de premier ordre rien qu’avec ses qualités de mondain, l’art d’écouter et de sourire, la pratique des hommes, le scepticisme et le sang-froid. […] Désormais, l’ancien ministre d’État restait seul, bien seul, dans l’ombre de sa nuit, plus épaisse que celle qui montait alors du bas du jardin, envahissait les allées tournantes, les escaliers, la base des colonnes, pyramides, cryptes de tout genre, dont le faîte était plus lent à mourir.

1317. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Grotius conseillait aux hommes d’État la lecture des poètes tragiques. […] Vous avez beaucoup donné à la monarchie ; et que cette fidélité vous ait coûté les avantages, les emplois, les honneurs auxquels vous destinaient votre naissance, votre institution morale et un mérite si distingué, cela reste du tout négligeable, même à vos yeux ; car, pour bon citoyen que vous soyez, vous ne vous crûtes jamais nécessaire à l’État. […] L’un instruit quelques particuliers, combat les sophistes, et meurt pour la vérité ; l’autre défend l’Etat, la liberté, les lois contre les conquérants du monde, et quitte enfin la terre, quand il n’y avoit plus de patrie à servir.

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