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1170. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Ce n’est que dans l’intervalle de ces deux âges, depuis le commencement de la parfaite adolescence jusqu’au sortir de la virilité, que l’artiste s’assujettit à la pureté, à la précision rigoureuse du trait, et que le poco più ou poco meno, le trait en dedans ou en dehors fait défaut ou beauté.

1171. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

C’est que tout le ton est trop faible ; mais chaque objet perdant proportionnellement, le défaut de chacun vous échappe : il est sauvé par l’harmonie.

1172. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Au reste, voulez-vous bien sentir la différence de l’opaque, du compact, du monotone, du manque de tons, de passages et de nuances, avec l’effet des qualités contraires à ces défauts ?

1173. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Cette declamation arbitraire auroit mis souvent Roscius hors de mesure. à plus forte raison doit-elle déconcerter quelques-uns de nos comediens qui ne s’étant gueres avisez d’étudier la diversité, les intervalles, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, la simpathie des tons, ne sçavent par où sortir de l’embarras où le défaut de concert les jette très-souvent.

1174. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Les hymnes de Callimaque offrent les mêmes beautés et les mêmes défauts ; on y voit le génie esclave de la superstition, et des erreurs populaires chantées avec autant d’harmonie que de grâce.

1175. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Un défaut naturel dans de pareils ouvrages, était le vide des idées ; on employait de grands mots pour dire de petites choses.

1176. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

De tout cela ensemble, dut naître un mélange de beautés et de défauts, de négligence dans le style et de grandeur dans les idées, quelquefois toute la force et toute l’impétuosité du zèle religieux, quelquefois toute la faiblesse d’une morale froide et monotone, ce qui peut souvent frapper l’imagination, ce qui doit souvent révolter le goût.

1177. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Voltaire vainement nous répète vingt fois Que, sur ses douze chants, on peut en lire trois ; Que le reste est absurde et plein d’extravagances, Grossier, bizarre, obscur, chargé d’invraisemblances ; C’est par là qu’il nous plaît \ l’ombre sert aux tableaux ; Verrait-on ses beautés, s’il n’avait des défauts ?

1178. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Ce n’était pas sans doute que la passion et le luxe des arts fissent défaut dans Rome ; mais cette passion était désordonnée ; ce luxe infâme, cruel, meurtrier.

1179. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Son père, à défaut du polytechnicien qu’il aurait voulu, avait eu l’idée de faire de lui un apothicaire savant comme le furent les Geoffroy de l’ancienne Académie des Sciences, et de notre temps les, Pelletier, les Robiquet. […] J’en tire seulement cette conclusion, que dans la critique des œuvres contemporaines, par bon goût peut-être, par discrétion et aussi par une sorte de compromis secret entre les diverses écoles, Ampère ne sut jamais apporter cette vigueur décisive qui tranche les hésitations, qui fait saillir les caractères (qualités et défauts), et qui classe non-seulement l’œuvre et l’auteur en question, mais le critique lui-même. […] Auguste Trognon, qui renfermait et limitait ses innovations et ses hardiesses d’un moment dans le cadre de notre histoire nationale ; l’intègre et laborieux Damiron, qui n’eut de tout temps d’autre défaut que de rester un esprit disciple, trop soumis à ses aînés et à ceux qu’il considérait comme ses maîtres. […] Ampère cherche partout la loi, et quelquefois il la fait. » Je marque là les défauts ; mais que de profit, que d’intérêt dans la continuité de ces leçons ! […]  » — Il comparait Fauriel, qui craignait toujours d’être trop vif dans l’expression et d’outre-passer la vérité, à un homme qui fait un dessin à la mine de plomb : « Et quand il a fini, il craint que ce ne soit encore trop vif, et pour plus de précaution, il passe sa manche dessus. » Ceci me rappelle à moi-même un mot que m’écrivait M. de Rémusat après la lecture de mes articles sur Fauriel : « Il est original, me disait-il, par son défaut absolu d’effet et de saillie.

1180. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Et c’est à ce point de vue essentiel qu’on doit surtout dire que la Révolution française est terminée, que ses résultats sont en partie obtenus, en partie manqués, et que l’esprit, l’inspiration qui l’a soutenue dans sa longue et glorieuse carrière, fait défaut. […] Il n’y a pas trop d’hommes publics qui aient ce défaut-là, de penser constamment à l’unité et à la pureté de leur ligne. […] N’en voilà-t-il pas plus qu’il ne fallait pour croire encore au vieux défaut national, à la légèreté ? […] « Quel sera pour lui pendant sa vie, et surtout dans la postérité, le résultat définitif du défaut d’équilibre entre sa tête et son cœur ? […] Combien de fois n’ai-je pas entendu tel personnage célèbre nous faire, comme le plus piquant moraliste (complètement à son insu ou pas tout à fait peut-être), l’histoire de son défaut, de ce qui dans l’action l’avait fait échouer toujours !

1181. (1842) Discours sur l’esprit positif

Il faut, en effet, remarquer que l’esprit positif, par suite du défaut de généralité qui devait caractériser sa lente évolution partielle, ne pouvait convenablement formuler ses propres tendances philosophiques, à peine devenues directement sensibles pendant nos derniers siècles. […] Quelle qu’ait été, en effet, l’action dissolvante de la science réelle, cette influence fut toujours en elle purement indirecte et secondaire : son défaut même de systématisation empêchait jusqu’ici qu’il. en pût être autrement ; et le grand office organique qui lui est maintenant échu s’opposerait désormais à une telle attribution accessoire, qu’il tend d’ailleurs à rendre superflue. […] Aux yeux de la foi, surtout monothéique, la vie sociale n’existe pas, à défaut d’un but qui lui soit propre ; la société humaine ne peut alors offrir immédiatement qu’une simple agglomération d’individus, dont la réunion est presque aussi fortuite que passagère et qui, occupés chacun de son seul salut, ne conçoivent la participation à celui d’autrui que comme un puissant moyen de mieux mériter le leur en obéissant aux prescriptions suprêmes qui en ont imposé l’obligation. […] Quant à leur défaut habituel de cette sorte de culture régulière que reçoivent aujourd’hui les classes lettrées, je ne crains pas de tomber dans une exagération philosophique en affirmant qu’il en résulte, pour les esprits populaires, un notable avantage, au lieu d’un inconvénient réel. […] Non seulement, en effet, ce bon sens, si justement préconisé par Descartes et Bacon, doit aujourd’hui se trouver plus pur et plus énergique chez les classes inférieures, en vertu même de cet heureux défaut de culture scolastique qui les rend moins accessibles aux habitudes vagues on sophistiques.

1182. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Il souffre même de prendre ma religion en défaut. […] " vous admirez Valéry ; donc vous ne lui trouvez aucun défaut. Nous, au contraire, pour les défauts que nous lui trouvons, nous le repoussons tout entier. » encore une fois, laissons les snobs qui nous encombrent des deux côtés de la barricade. […] La question unique n’est pas de savoir si Valéry — ou Péguy, ou Proust, ou Claudel — est ou non sans défauts ; mais si, malgré ses défauts, voire dans ses défauts même, éclate ou n’éclate pas sur son front le signe lumineux où nous reconnaissons le poète.

1183. (1888) Poètes et romanciers

C’est peut-être défaut d’organisation ou d’intelligence. […] Sera-ce la jolie chanson des Défauts ? […] La pensée a de la raideur ; dans cette tension uniforme, le charme fait défaut. […] Il n’a qu’un défaut, qui, une fois qu’on l’a remarqué, vous poursuit partout. […] Ce défaut était déjà fort sensible chez Georges, l’ami de la petite comtesse.

1184. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Quels que soient les défauts, les lacunes et les contradictions que présentent les personnages choisis ou créés par M.  […] Je dois ajouter que la lenteur et le nombre des moyens à l’aide desquels l’auteur prépare son récit ne sont pas les seuls défauts du premier volume. […] Certes, c’est là un défaut grave et qui ne se rencontrait pas dans les premiers ouvrages de M.  […] La troisième partie, qui se passe à Eudrevillc, en Normandie, a le même défaut que les deux premières. […] À quelle cause faut-il attribuer ce défaut ?

1185. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Enfin le pire défaut d’un livre de souvenirs, c’est « l’éreintement ». […] Il racontait crûment les défauts des autres, et non moins franchement les siens, et cela ne l’empêchait pas de rendre justice à chacun. […] Il semble que les pires défauts de notre pauvre humanité n’ont pas la même importance chez un homme réellement supérieur. […] Charitable et généreux, un défaut de paiement ou une perte pécuniaire le laissait à peu près indifférent. […] Tachons donc à notre tour de le bien comprendre, et sachons l’admirer en oubliant ses défauts, qui furent peu de chose, au prix de ses qualités.

1186. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Du reste ni Scudéry, ni l’Académie, tout en cherchant les défauts avec zèle, et même là où ils n’étaient point, ne s’aperçurent de l’entorse géographique, non plus que de l’entorse historique. […] Les beautés appartiennent au poète ; les défauts, au système dramatique. […] Permettez-moi, pour plus de netteté, de résumer en une sorte de bilan, les défauts et les beautés de cette tragédie. […] La plupart des défauts et des obscurités qu’on y remarque proviennent de cette réduction et de ce raccourci forcé. […] Ce défaut n’est pas suffisamment racheté par quelques jolis vers clairsemés, tels que ceux-ci.

1187. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Dans les œuvres de leur vaste moyen âge, quelques rares beautés de détail les éblouissent ou plutôt les aveuglent, et, n’ayant plus d’yeux pour les défauts, ils ne voient pas que de cette abondance de production qu’ils vantent le vrai nom c’est stérilité. […] Aussi nous féliciterons-nous que, pour Molière du moins, la preuve soit définitivement acquise et qu’on ne puisse prendre en défaut sur ce point les arguments de M.  […] Pesez bien ici tous les mots, et notez particulièrement la phrase : « rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde » ; changez un mot, ou plutôt analysez et dédoublez cette expression générale de « défauts » dont se sert Molière, lisez « ridicules et vices », vous avez la comédie de Molière ; mettez « passions » ou « crimes », vous avez la tragédie de Racine. […] Mais ce furent surtout ses qualités — et ses défauts aussi — de polémiste et de pamphlétaire que les libres propos des soupers de Potsdam aiguisèrent. […] Les qualités dont nous sommes le plus fiers et les défauts dont nous nous montrons le plus orgueilleux, c’est d’héritage que nous les tenons.

1188. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Plus nous louons ce travail unique sur les événements de notre temps par l’écrivain qui semble avoir été aussi providentiellement prédestiné à les écrire que Bonaparte fut prédestiné à les accomplir, plus nous devons prémunir avec sollicitude l’opinion contre les défauts de sens et contre les défauts de sensibilité qui font tache, et qui pourraient faire loi un jour dans ce magnifique fonds d’histoire ; vicier l’esprit, c’est une faute de logique ; mais endurcir le cœur, c’est pire qu’une faute chez un historien. […] Le défaut de cette histoire est de prendre trop souvent l’expédient pour droit et l’habileté pour principe de gouvernement.

1189. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La science vraiment élevée n’a commencé que le jour où la raison s’est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : « Tout me fait défaut ; de moi seule viendra mon salut. » C’est alors qu’on se met résolument à l’œuvre ; c’est alors que tout reprend son prix en vue du résultat final. […] Mais il est diversement interprétable, et là recommence la diversité, simulacre de liberté dont on se contente à défaut d’autre. […] Mais un jour viendra où le stylet de la critique pénétrera à son tour les défauts de la carapace du croyant et atteindra la chair vive.

1190. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Autre est le résultat produit par l’enseignement, autres sont les qualités et les défauts qu’il développe, selon qu’il est actif ou passif, concret ou abstrait, selon qu’il s’adresse à la mémoire ou au jugement, à l’oreille ou aux yeux, etc. […] Il a aussi poussé les esprits vers un certain genre de qualités et de défauts littéraires. […] Le malheur est que, comme toujours, le défaut tient à la qualité.

1191. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Quelques auteurs ont attribué cet effet au défaut d’exercice des muscles de l’oreille, l’animal étant plus rarement alarmé par quelque danger, et cette opinion semble très probable. […] Un grand nombre de modifications peu profondes peuvent se montrer et se montrent parmi les Pigeons, mais elles sont rejetées comme autant de défauts ou de déviations de leur propre type. […] On peut attribuer quelque part à l’action directe des conditions de vie et quelque chose à l’usage ou au défaut d’exercice des organes : le résultat final devient ainsi très complexe.

1192. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

L’Astronomie de Keill, traduite, commentée, et pas toujours entendue par Le Monnier, ouvrage qui, malgré ce défaut, n’est pas sans mérite. […] Le professeur en marquera les beautés et les défauts. […] Je ne veux ni un sec et triste détracteur des Anciens, ni un sot admirateur de leurs défauts.

1193. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

En écoutant les critiques de la châtelaine de Coppet et des hôtes distingués qui s’y trouvaient réunis, Bonstetten jugeait ses juges eux-mêmes : sur ce chapitre de l’Italie, il sentait bien le défaut de la cuirasse chez Mme de Staël : « Elle est d’une extrême bonté ; personne n’a plus d’esprit ; mais tout un côté est fermé chez elle ; le sentiment de l’art lui manque, et le beau, qui n’est pas esprit et éloquence, n’existe pas pour elle. » Ceci était parfaitement vrai de Mme de Staël avant Corinne et le séjour en Italie. […] C’est la destinée de la vieillesse de faire ressortir tous les défauts du corps et de l’esprit pour faire de l’homme une caricature.

1194. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Le vice de l’ouvrage n’est pas dans tel chapitre en particulier, il est dans la monotonie du sujet et le peu d’art qui m’a empêché de combattre cette monotonie naturelle : on ne peut juger un semblable défaut qu’en lisant le livre d’une haleine. […] Je suis déjà sur d’être grave, et j’ai une peur abominable d’être ennuyeux. » Cette seconde partie, un peu fatiguée, trahit le défaut assez habituel à cet esprit méditatif et consciencieux ; il s’appliquait trop.

1195. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Avec les légers défauts qu’une critique minutieuse y peut relever, les Épilogues de Virgile restent charmantes ; il ne faut point leur demander sans doute l’entière et expressive rusticité des Idylles de Théocrite, ni la réalité du cadre et de la composition ; mais ce serait une autre erreur que de les considérer comme un genre factice, allégorique, parce qu’il s’y mêle de l’allégorie et de l’allusion. […] Benoist (car je pense à lui) interroge l’inépuisable et bienveillante mémoire du comte Adolphe de Circourt ; elle ne lui fera pas défaut pour toutes ces illustres anecdotes de l’éloquence parlementaire anglaise depuis plus d’un siècle.

1196. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Se prévaloir contre la foi de Pascal de certain mode d’argumentation qu’il emploie hardiment et qui impliquerait le scepticisme absolu au défaut de la foi, c’est supposer ce qu’il s’agit précisément de démontrer, c’est oublier combien cette foi faisait peu défaut en lui, combien elle était pour lui chose réelle, pratique, sensible et vivante.

1197. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Tant de hautes qualités, que nous avons eu à reconnaître dans la manière de l’historien et de l’écrivain, sont achetées au prix de quelques défauts, et notre profonde estime même nous autorisera à les indiquer. […] Voilà les défauts qui disparaissent le plus habituellement dans la fermeté, l’énergie, l’éclat ou la propriété de l’expression, et qui ne se remarquent plus du tout dans les beaux récits de M.Mignet, tels que celui des événements de Hollande sous les frères de Witt ; nous osons lui proposer à lui-même ce parfait exemple pour son histoire future de la Réformation.

1198. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Mais puisque nous en sommes à ce qui est fini, il est une femme poëte, plutôt nommée que lue, qui me paraît à certains égards de l’école dont j’ai parlé, et en reproduire qualités et défauts, avec la différence des époques, Mme Dufrénoy. […] C’est ainsi, à la distance d’un siècle, que les défauts de goût, en quelque sorte, se transposent.

1199. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

D’après le peu qu’on vient de lire sur le caractère, les mœurs et les habitudes d’esprit de Racine, il serait déjà aisé de présumer les qualités et les défauts essentiels de son œuvre, de prévoir ce qu’il a pu atteindre, et en même temps ce qui a dû lui manquer. […] En général, tous les défauts du style de Racine proviennent de cette pudeur de goût qu’on a trop exaltée en lui, et qui parfois le laisse en deçà du bien, en deçà du mieux.

1200. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Montesquieu, qui conseillait plaisamment aux asthmatiques les périodes du Père Maimbourg, n’a pas échappé à son tour au défaut de trop écourter la phrase ; ou plutôt Montesquieu fait bien ce qu’il fait ; mais ne regrettons pas de retrouver chez Bayle la phrase au hasard et étendue, cette liberté de façon à la Montaigne, qui est, il l’avoue ingénument, de savoir quelquefois ce qu’il dit, mais non jamais ce qu’il va dire. […] Cette critique modeste de Bayle, qui est républicaine de Hollande, qui va à pied, qui s’excuse de ses défauts auprès du public sur ce qu’elle a peine à se procurer les livres, qui prie les auteurs de s’empresser un peu de faire venir les exemplaires, ou du moins les curieux de les prêter pour quelques jours, cette critique n’est-elle pas en effet (si surtout on la compare à la nôtre et à son éclat que je ne veux pas lui contester) comme ces millionnaires solides, rivaux et vainqueurs du grand roi, et si simples au port et dans leur comptoir ?

1201. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il donna des consolations à Pierre, l’un de ses fils, car ses autres frères n’étaient pas là ; il l’exhorta à supporter avec égalité d’âme la violence de la nécessité ; il lui dit que la protection du ciel, qui n’avait jamais fait défaut au père dans la bonne et la mauvaise fortune, ne manquerait pas à son fils ; qu’il s’évertuât seulement à être un homme de bien et un bon esprit ; que les choses mûries par la réflexion produisaient, dans la pratique, des fruits excellents. […] Son art et ses ordonnances lui ayant fait défaut, il en fut désespéré, se jeta dans un puits, et médecin, si vous regardez au mot, il rendit sa part d’honneurs au chef de la famille des Médicis.

1202. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Par toute la chrétienté enfin, pendant le moyen âge, régnèrent les romans de France : et peut-être cette universelle popularité de notre littérature est-elle due en partie à quelques-uns des défauts que j’ai signalés plus haut. […] Qualités et défauts, tout en eux était « sociable », fait pour l’usage et le plaisir du plus grand nombre : tout destinait leurs œuvres à réussir dans le monde autant qu’en France.

1203. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Mme de Sablé s’était retirée depuis 1659 auprès de Port-Royal, ajoutant la dévotion à tous ces défauts et qualités qui composaient sa charmante personne. […] Ce sont les lettres de Mme de Sévigné et de Mme de Maintenon : les femmes ont toujours excellé à écrire des lettres, et, parmi les hommes, ceux qui ont eu des natures de femmes, par les défauts comme par les qualités.

1204. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il abstrait, il analyse, il condense ; dans cette manipulation, le réel, le sensible, la couleur s’évanouissent ; ce n’est pas seulement le dramatique qui fait défaut à cette histoire, malgré la prétention de Voltaire ; c’est cette sorte de résurrection du passé qui seule peut le faire connaître. […] La sympathie pour les hommes dont il fait l’histoire lui fait défaut : il les raille dans leurs erreurs, dans leurs sottises, dans leurs misères.

1205. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

fera défaut, parce que vraiment ils ne sont pas. […] À l’égal de créer : la notion d’un objet, échappant qui fait défaut.

1206. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Sa passion reste clairvoyante et, sous les perfections de l’amie, découvre ses défauts. […] Il les a percées au défaut de la cuirasse.

1207. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Les philosophes, s’ils n’ont pas été des époux sans défaut et des rivaux sans jalousie, ont enveloppé tous les êtres souffrants d’une sympathie large et active ; ils ont compati à toutes les misères, dénoncé toutes les injustices, salué de cris de joie tout progrès de la société vers un état meilleur. […] Si au contraire elle se donne pour tâche d’élever et de redresser les âmes, si elle entend, non pas seulement faire naître des fleurs et des herbes folles, mais semer le bon grain, elle aura d’autres qualités et d’autres défauts.

1208. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle lui apprend que la chevalerie n’a qu’un défaut, comme la cavale de Roland, celui d’être morte, et elle l’exhorte à se lancer dans la bataille des affaires, à la conquête des millions. […] Cette gaspilleuse n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut.

1209. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

La Princesse de Bagdad se relèvera de cette chute, car elle est singulièrement attachante, malgré ses énormes défauts, vivante dans le fantastique et dans l’impossible. […] En résumé, tout compte fait des invraisemblances prodigieuses et des bravades volontaires dont il est rempli, ce drame sort de ligne par ses qualités comme par ses défauts.

1210. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Le résumé de la confidence au sujet de ce Montperreux, c’est qu’elle s’est aveuglée sur lui, sur sa fatuité, sur ses défauts, c’est qu’il a abusé de l’ascendant qu’il se sentait sur elle. […] Les soupçons de M. de Monnier ayant fini pourtant par éclater, d’autant plus amers qu’ils avaient été plus en retard et plus en défaut, et la position devenant insoutenable à Pontarlier, Mme de Monnier demanda à se retirer dans sa famille et s’en retourna à Dijon.

1211. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Un premier défaut déjà reproché au livre de la Démocratie, c’est que la vue de l’auteur y est constamment partagée entre deux objets différents qui, malgré quelques ressemblances essentielles, se refusent à entrer dans un même système : à savoir la démocratie en Europe et la démocratie en Amérique. […] C’est ici que la politique spéculative est en défaut et qu’elle doit appeler à son secours la politique expérimentale.

1212. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il possède toutes les idées justes, tous les sentiments honnêtes, mais il a en même temps toutes les erreurs et tous les défauts. […] Le talent de nos écrivains porte la peine de ce défaut de moralité.

1213. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Tel autre, au contraire, à qui le succès de son compagnon a fait espérer même réussite, échoue dans une entreprise de même nature parce que ces qualités de cour lui font défaut. […] La révélation par l’intéressé du défaut de sa cuirasse. — V.

1214. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

L’Ane et le petit Chien, c’est la résignation aussi à nos défauts physiques ou intellectuels. […] Il faut savoir se résigner aux défauts que nous avons  Il faut surtout savoir se résigner à la mort.

1215. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

J’ai rendu une dernière justice à cet homme excellent et supérieur malgré ses défauts, à propos de sa Correspondance(voir les Nouveaux Lundis, tome I).

1216. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Ses défauts étaient une grande timidité, une pâleur indécise dans les conclusions, des vues de l’esprit en contradiction souvent avec les sympathies et les liaisons antérieures, et celles-ci, dans les cas urgents, paralysant quelquefois les autres ; rien d’aboutissant ni d’incisif : un certain ton ironique et peu flatteur dans l’acceptation même des faits devenus désormais nécessaires ; des concessions de détail à une position et à des alentours dont on ne pouvait ni ne voulait se dégager, et sur lesquels il s’agissait principalement d’influer avec lenteur.

1217. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas.

1218. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Quant à Racine, j’eusse à peine remarqué peut-être ce qu’il y a d’insuffisant et d’un peu maigre, même d’un peu aigre, dans la part qui lui est faite, attribuant ce défaut au manque d’espace ce jour-là, et comptant sur une prochaine revanche, si, dans un dernier feuilleton, non encore recueilli, je n’avais lu sur le pauvre auteur de Phèdre l’accusation grave d’être, j’ose au plus le répéter, … d’être un intrigant, et d’avoir cabalé à la cour et chez les grands seigneurs favoris contre Pradon, tandis que Pradon cabalait à l’hôtel de Nevers et au théâtre contre Racine lui-même.

1219. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier, reste pourtant oratoire, et il ne faut pas s’en plaindre ; de grandes beautés littéraires, à côté des défauts, ressortent de cette forme presque nécessaire d’éloquence dans laquelle il est si à l’aise.

1220. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

lui demande Philinte, qui le sait peu indulgent aux défauts des gens.

1221. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Le journalisme nourrit les défauts dont il est né.

1222. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais qu’est-ce que vous voulez qu’on dise de ce conteur robuste et sans défauts, qui conte aussi aisément que je respire, qui fait des chefs-d’œuvre comme les pommiers de son pays donnent des pommes, dont la philosophie même est ronde et nette comme une pomme ?

1223. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Leur seul défaut, c’est d’être un peu loin ; mais le télescope va les rapprocher de nous, et alors nous verrons comment la matière s’y comporte.

1224. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Voilà d’où viennent les défauts qui sont dans le plan des dernieres tragédies du grand Corneille.

1225. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Mais, sous le masque enflé du déclamateur et du menteur, il y a le froid qui nous empêche d’être dupe, il y a tous les défauts des mauvais lyriques.

1226. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Né avec un terrible défaut à la taille, comme le duc de Bourgogne, cet autre grand bossu aux jambes sublimes, on lui mit dans son enfance un corset de fer pour le redresser et on le suspendit par un clou comme un Polichinelle à la muraille pour lui faire rentrer sa bosse, à force de mur ; ce qui ne l’empêcha, du reste, ni d’être un soldat ni d’être un danseur, — un très joli danseur, ma foi !

1227. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Mêmes qualités et mêmes défauts.

1228. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Elles ne ressemblent en rien, comme on voit, à celles qu’on veut lui reconnaître, et ses défauts, qu’il est bon de signaler aussi, pour être juste, ne cadrent pas plus que ses qualités avec les conclusions que M. 

1229. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Dante28 I L’auteur de ce mémoire sur Dante et le Moyen Âge a le très léger défaut, qui passe si vite, d’être un jeune homme, et on le voit bien.

1230. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

III Nous l’avons dit déjà, du reste, le défaut du programme de l’Académie était d’être par trop exclusivement philosophique, quand il s’agissait d’apprécier un homme qui, comme saint Thomas, était un grand théologien, bien avant d’être un grand philosophe.

1231. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Singulier mélange de vérité et d’afféterie, de grandeur et de pincé, de beauté plus fine et plus étincelante que pure, et d’incroyable bizarrerie, Lefèvre-Deumier a eu les défauts des romantiques de la première heure ; mais il n’a pas eu ceux des romantiques de la dernière, qui no sont plus que des rimeurs mécaniciens.

1232. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Précisément dans Émaux et Camées, il y a un grand nombre de vers qui ont cet affreux défaut d’être éloquents, et ce sont les plus beaux que M. 

1233. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Doit-on s’étonner qu’à défaut d’un visage expressif qu’on n’a pas, on se pétrisse, d’une main plus ou moins habile, un masque qui serve à cacher le néant ou la vulgarité de la physionomie qu’on a ?

1234. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Voilà, disons-le lui nettement, le défaut de M. de Gères !

1235. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

L’auteur des Idylles héroïques, qui a fait un poème intitulé Konrad, lequel est un Manfred vertueux, un Manfred retourné, car, de fait, il retourne au monde et à la vie morale en sortant de la solitude, l’auteur n’a pas besoin de s’appuyer sur lord Byron pour justifier ce que j’appelle nettement un défaut de composition permanente.

1236. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Hugo, le grand architecte en poésie, la Renaissance et ses ornementations idolâtres, et ce genre qui est devenu le défaut et presque le vice de la poésie moderne, de traiter la langue comme une pierre et d’en exagérer la plasticité.

1237. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Jusqu’à ce jour, lorsqu’il s’est agi d’expliquer l’apparition de quelqu’une de ces formes, c’est par défaut que les sociologues ont péché : ils ont présenté comme leur cause suffisante une de leurs nombreuses conditions.

1238. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

« Je ne ferai point un lutteur, dit-il ; la Grèce compte assez d’athlètes, et je préfère la vertu à la force ; je ne ferai point un guerrier ; ce mérite est commun : des milliers d’hommes tous les ans meurent pour leur patrie ; je ne ferai aucun de vos anciens tyrans, je briserais plutôt leurs images ; je pourrais représenter quelqu’un de vos dieux : mais vous en avez en foule dans vos temples ; et pour contempler la divinité, au défaut des statues, n’avez-vous pas les cieux ? 

1239. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Au défaut des sentiments religieux qui faisaient pratiquer la vertu aux hommes, les réflexions de la philosophie leur apprirent à considérer la vertu en elle-même, de sorte que, s’ils n’étaient pas vertueux, ils surent du moins rougir du vice.À la suite de la philosophie naquit l’éloquence, mais telle qu’il convient dans des états où se font des lois généralement bonnes, une éloquence passionnée pour la justice, et capable d’enflammer le peuple par des idées de vertu qui le portent à faire de telles lois.

1240. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Elle se trouva ainsi défectueuse sous un rapport, et ce défaut a dû s’expier plus tard. […] Ces défauts étaient contrebalancés par le grand principe de l’assimilation individuelle de la vérité. […] Nous avouons nos défauts pour réparer par notre sincérité le tort qu’ils nous font dans l’esprit des autres236. » Et admirez jusqu’où va notre raffinement : « Nous avouons quelquefois de petits défauts pour persuader que nous n’en avons pas de grands237. » La reconnaissance n’est ainsi qu’une branche de la justice ; parlons-en. […] Cette folie de la croix, on ne l’explique pas, mais elle explique tout ; et à défaut même d’autres preuves, comment ce qui explique tout ne serait-il pas la vérité ? […] Aujourd’hui, la société, quels que soient ses défauts, forme un corps organisé, souple, dispos, où les articulations transmettent les mouvements de l’une à l’autre extrémité.

1241. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Or, il n’y a pas d’ordre plus simple que celui d’une monarchie ou, à son défaut, d’une oligarchie solidement assise qu’aucune réclamation n’inquiète ni ne dérange. […] C’est peu de dire que le public a les pires défauts moraux et intellectuels : l’indifférence, la paresse, l’esprit de routine, la peur et la haine de la nouveauté, l’inertie qui résiste et l’inertie qui suit. […] On perfectionne par la critique le simple talent ; mais corriger le génie de ses défauts est une expression qui n’a guère de sens, si les défauts sont la condition, la rançon de qualités qui, sans eux, n’existeraient pas. […] La plupart du temps, une qualité n’est qu’un défaut qui a monté en grade. »   « On n’a de chance, écrivait Flaubert à un ami, qu’en suivant son tempérament et en l’exagérant. […] N’oublions pas qu’on réussit dans le monde par ses défauts autant que par ses qualités, et que le succès tient à une juste proportion entre les uns et les autres.

1242. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Ce ne sont là évidemment que des défauts que ces hommes empruntent à l’autre sexe, mais combien on préférerait les voir pratiquer des vices qui seraient du leur ! […] Tourmenté par le désir de la perfection, considérant chaque vers, chaque mot, comme un microcosme, il y veut faire tenir sinon tout, du moins le plus grand nombre d’évocations, d’images ; de là ses précieuses qualités, de la aussi ses grands défauts. […] À défaut du ministère, Napoléon rendit à Chaptal toute sa faveur. […] Depuis et avant Montaigne, on a toujours aimé Lutèce, malgré et aussi un peu à cause de ses défauts. […] Contrairement aux usages, adoptés par certains critiques qui ne recherchent dans un auteur que ses défauts, et sont bien plus préoccupés de faire croire à leur talent que d’analyser le sien, M. 

1243. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est son grand défaut. […] Les défauts littéraires (enfin) que M.  […] Elle n’a pour défaut que d’être infiniment trop incomplète. […] Un de ses charmes, dans le livre, la flânerie, devient au théâtre un défaut très redoutable. […] C’est le petit défaut du drame.

1244. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Ses défauts. —  Ses mérites. —  Sérieux de son caractère, élans de son inspiration, accès d’éloquence poétique. —  Ode pour la fête de sainte Cécile. […] On voit d’avance que Dryden, poussé d’un côté par son esprit anglais, sera tiré d’un autre par ses règles françaises, que tour à tour il osera et se contiendra à moitié, qu’en fait de mérite il atteindra la médiocrité, c’est-à-dire la platitude, qu’en matière de défauts il tombera dans les disparates, c’est-à-dire dans les absurdités. […] Il faut que leur poëte soit dialecticien comme un docteur d’école ; il a besoin de toute la rigueur de la logique ; il s’y accroche en nouveau converti, tout imbu des preuves qui l’ont arraché à la foi nationale et qui le soutiennent contre la défaveur publique, fécond en distinctions, marquant du doigt le défaut des arguments, divisant les réponses, ramenant l’adversaire à la question, épineux et déplaisant pour un lecteur moderne, mais d’autant plus loué et aimé de son temps. […] Mais, le pire défaut, c’est que, presque partout, il est copiste et conserve les fautes en traducteur littéral, les yeux collés sur son ouvrage, impuissant à l’embrasser pour le refondre, plus voisin du versificateur que du poëte. […] Né entre deux époques, il avait oscillé entre deux formes de vie et deux formes de pensée, n’ayant atteint la perfection ni de l’une ni de l’autre, ayant gardé des défauts de l’une et de l’autre, n’ayant point trouvé dans les mœurs environnantes un soutien digne de son caractère, ni dans les idées environnantes une matière digne de son talent.

1245. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Mais, à moins de nier le caractère le plus saillant de la société au dix-septième siècle, c’est-à-dire l’ascendant du roi sur la nation, il faudra bien reconnaître que les écrivains ont dû rechercher les qualités qui se recommandaient de l’exemple de Louis XIV, et se défendre des défauts qui choquaient son goût. […] Mais nul écrivain n’eut à immoler aux défauts du roi, ou à taire, pour faire sa cour, aucune vérité de l’ordre moral, ni à entretenir la protection royale par des redevances régulières d’adulation. […] C’était un des fruits de cette intervention étrangère, que je charge de tous nos défauts d’alors, et qui ajoutait à la dépendance politique la servitude littéraire. […] Nul auditeur n’était plus appliqué aux instructions, ni moins difficile sur les défauts des ministres.

1246. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je suis tenté à un moment de m’écrier avec Bolingbroke lui-même, qui n’espérait plus de le revoir : « Adieu, cher Swift, je t’aime avec tous tes défauts ; fais un effort, et aime-moi avec tous les miens. » Mais si je n’y prends garde, je m’aperçois que je prêche pour mon saint, — la souplesse et une sympathie conciliante.

1247. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol, ne séparez pas cette forme du fond ; ou, si vous l’oubliez un instant, si vous parvenez à écarter cette molle et suave mélodie pour ne vous attacher qu’à la pensée, vous serez frappé du défaut d’unité dans le lieu et dans le sujet, du vague de la scène, et du caractère bien plus littéraire que réel de ces bergeries.

1248. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Chez eux, il y a du bon partout ; le général s’y mêle toujours au particulier, il faut savoir l’en tirer et le laisser venir ; il y a depuis un certain temps assez d’écrivains politiques qui ne procèdent que par axiomes généraux, par considérations abstraites, pour que le défaut contraire ait son prix et constitue une espèce d’originalité.

1249. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Des caractères privés de qualités naturelles, à l’abri de ce qu’on appelle la dévotion, se sentent plus à l’aise pour exercer des défauts qui ne blessent aucune des lois dont ils ont adopté le code.

1250. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Cependant, par une défaillance peut-être de la volonté, cela ne va pas toujours jusqu’à l’ininterrompue continuité des formes, jusqu’à leur cohésion décisive en l’unité du livre ou même de chaque poème, — j’y ai fait allusion en même temps qu’à sa tendance vers l’allégorie ; et, marquée d’un défaut qu’on dirait contraire, cette expression rigoureuse et sûre peut amener de la monotonie.

1251. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Si les Ecrivains dont nous relevons les défauts, nous faisoient cette question, nous pourrions leur répondre : La crainte d’en faire qui ne valussent pas mieux que les vôtres, nous a empêchés d’en donner au Public : la connoissance que nous avons des qualités indispensables pour un bon Ouvrage, nous détermine à censurer les vôtres.

1252. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

La foule qui se presse chaque soir devant cette œuvre, parce qu’en France jamais l’attention publique n’a fait défaut aux tentatives de l’esprit, quelles qu’elles soient d’ailleurs, la foule, disons-nous, ne voit dans Ruy Blas que ce dernier sujet, le sujet dramatique, le laquais ; et elle a raison.

1253. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Où les grands traits sont-ils plutôt remarqués & sentis, & les défauts avec les ridicules plus justement relevés ?

1254. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

J’aurais voulu que La Fontaine exprimât l’idée suivante : Quand on est ignorant, il faut suppléer au défaut d’expérience par une sage réserve et par une défiance attentive.

1255. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Mais à ce défaut près, qui n’est pas peu de chose, on y lit de bonnes tirades contre les vices & les ridicules des François & des Anglois.

1256. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

La plûpart, comme Pigmalion, deviennent amoureux de leurs productions informes ou languissantes, et ils ne les retouchent plus : car qui dit amoureux, dit aveugle sur les défauts de ce qu’il aime.

1257. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

J’entends dire que toutes les lettres sont du même ton, et que c’est toujours l’auteur qui parle et non pas les personnages : je n’ai point senti ce défaut ; les lettres de l’amant sont pleines de chaleur et de force, celles de Julie de tendresse et de raison.

1258. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Mais ce qui, au défaut de toute autre cause, assurerait encore la perpétuité des sociétés humaines, c’est la nécessité imposée à l’homme de tout apprendre.

1259. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Mondaine et pédante, superficielle et lourde, en même temps — car les bas-bleus ont ces défauts contradictoires, — Mme Sophie Gay, l’auteur de la Physiologie du Ridicule, au lieu de traiter sincèrement son sujet, en fait une mauvaise plaisanterie, et le rire de cette moqueuse n’est ni assez amer ni assez gai pour que nous puissions lui pardonner les mensonges et les superficialités de son ironie….

1260. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

En effet, il a tous les défauts d’un livre manqué.

1261. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

L’auteur des Deux Masques, parmi tant d’autres facultés, n’a pas au même degré le génie sévère et perscrutant de la Critique, qui perce et déchire un sujet, et, du bec et des ongles, va au fond de ses défauts et de ses beautés.

1262. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Nous savons bien (et c’est là une histoire éternelle) qu’il a les défauts de ses qualités, et nous, comme d’autres, nous pourrions les lui reprocher.

1263. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

… Quoi qu’il en soit·, du reste, de ce ménage, de ce secret de composition, le défaut du livre de M. 

1264. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Mais, en résumé, avec ses défauts et ses indigences, le Dick Moon augmentera, j’en suis persuadé, la bonne renommée de son auteur.

1265. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Il raconte Charles-Quint même plus qu’il ne le juge ; Paul IV, ce vieillard jeune homme, élu pape à quatre-vingts ans, qui a tous les défauts de la jeunesse dans la vieillesse, ce Jules II, de la seconde épreuve, qui n’a pas marqué ; Philippe II, enfin, — qui n’est plus ici l’homme en velours noir, le mouton d’or au cou, de La Rose de l’Infante, ce poncif romantique aussi insupportable que tous les poncifs classiques dont nous nous soyons jamais moqués.

1266. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

IV Ici, nous touchons au plus grand défaut de l’histoire que Μ. 

1267. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

L’enthousiasme du mandarin, et je dirai plus, de l’écolier, est ici plus fort que le bon sens primitif et met un défaut de proportion des plus choquants entre la critique qu’on s’est permise et l’admiration qu’on garde encore… Eh bien !

1268. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

D’ailleurs, à défaut d’une idée, cette mère robuste d’une idée, c’est le même sentiment qui les a inspirés.

1269. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Mais ces défauts, que j’explique, et que le devoir de la Critique était de signaler, n’empêcheront pas l’œuvre actuelle de Bouchor d’être ce qu’elle est, c’est à dire quelque chose d’un accent formidable, qui retentira dans le cœur de tous les nobles êtres qui ont encore le cœur poétique.

1270. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

On se dit bien que l’instrument a un défaut, qu’il est imparfait, près de se casser, près de se rompre, mais l’haleine pure qui passe dans les trous du misérable roseau semble mieux porter & l’âme le son de la poitrine inspirée…, et les plastiques, les acrobates et les funambules sont oubliés !

1271. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

D’ailleurs, il est un défaut de mon pays pour lequel je me sens une irrésistible faiblesse.

1272. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Ce n’est pas un poète sans défaut, et les siens, nous les connaissons et nous les lui dirons : c’est le prosaïsme et l’enfantillage, les deux écueils naturels du genre de composition qu’il a adopté.

1273. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

On objectera peut-être que la compétence juridique leur ferait généralement défaut.

1274. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Les répliques, enfin, ne lui faisaient jamais défaut en aucune occurrence. […] et, malgré tous ses défauts, je ne puis me séparer de cet inintelligent Moi-même ! […] Je viens de découvrir à mon régicide un défaut de conformation et il fourmille de mauvais vers !

1275. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

De façon que même les faiblesses de l’œuvre et même ses défauts en sont une portion intégrante et indispensable et qu’on ne saurait éliminer. » C’est cette unité vivante qui est la grande force de l’art wagnérien ; c’est elle qui, inconsciemment, aveugle quelquefois les admirateurs du maître au point qu’ils croient se trouver en face de l’œuvre d’un dieu plutôt que d’un homme. […] Mais critiquer, c’est apprécier, c’est distinguer les qualités et les défauts… Or, après huit mois, j’en suis encore à me demander quelles peuvent bien être les qualités de ces « versions ». […] Je donnerai cependant, au hasard, quelques exemples de défauts de style, de traduction, de déclamation, ce manque de conformité du texte sous les modulations, etc., en tâchant de rendre la chose aussi claire que possible.

1276. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

À défaut d’autres passions que mon cœur ne pressentait pas encore, je concevais une sourde et fervente passion de la nature, et, à l’exemple de mon surveillant muet, au fond de la nature j’adorais Dieu. […] Le seul défaut littéraire de cet excellent homme tenait à ses qualités de cœur et d’esprit : il y avait un peu d’effémination dans son goût et de fleurs dans son style. […] Je dirai ailleurs, en examinant le mérite de ce grand prestidigitateur de style, ce que René et Atala, les Martyrs donnèrent de délires à mon imagination ; mais je dois dire aussi que, dès ces premières lectures au collège, tout en étant plus ému peut-être qu’aucun autre de mes condisciples de la peinture, de la musique et surtout de la mélancolie de ce style, je fus plus frappé que tout autre aussi du défaut de raisonnement, de naturel et de simplicité qui caractérisait malheureusement ces belles œuvres.

1277. (1926) L’esprit contre la raison

Mais s’il fallait les malheureux accidents énumérés par Paul Valéry pour qu’une civilisation, selon ses propres termes, apprît à savoir qu’elle était mortelle, une telle civilisation, qui n’a pas mis en doute la légitimité de son orgueil raisonneur tant qu’elle a joui sans péril d’un petit bien-être quotidien, semble n’avoir été redevable de ses années paisibles qu’au défaut de la plus élémentaire clairvoyance. […] Or, s’il n’est guère consolant qu’il ait fallu attendre si longtemps pour que l’idée de surréalité, selon l’expression de Louis Aragon, affleurât la conscience, comment, aujourd’hui que le problème est sinon résolu, du moins posé et nettement posé, comment supporter la paresse, le défaut de générosité, la peur du risque dont font preuve tous ceux qui se refusent aux magnifiques possibilités d’errer en faveur de trois millimètres carrés d’ennui figé ? […] Paul Eluard, Max Ernst, Au défaut du silence, 1925.

1278. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Si elle a des défauts, ce sont les siens. […] Sainte-Beuve la lui reproche comme un défaut. […] Le large coup de brosse y est nécessaire, et le fignolage du miniaturiste serait ici le pire des défauts. […] C’est par le premier de ces deux défauts que pèchent les écrivains que la haute vie, par exemple, hypnotise. […] Ce défaut de sa nature s’est manifesté dès sa jeunesse, et n’a fait que s’accentuer avec l’âge.

1279. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

N’y a-t-il donc pas de défauts dans ce livre ? […] N’y a-t-il donc pas de défauts dans la Fille d’Eschyle ? […] De là le principal défaut de son livre. […] Caro analyse le mysticisme, faisant la part des qualités de l’homme et des défauts du système, des faiblesses du penseur et des grâces de l’écrivain. […] Texier, si nous ne nous trompons (il faut bien avoir un défaut !)

1280. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Quant aux défauts de Chateaubriand, on ne les nie point. […] Anatole France les appelle des « défauts éclatants ». […] Pierre Lalo constatait que dans Wagner, l’homme eut quelques défauts assez déplaisants, mais que l’artiste fut un héros. […] Le lendemain, il faisait dire aux dénonciateurs : « Vous avez tous des défauts. Ne blâmez donc pas les défauts de vos frères.

1281. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Zola l’inévitable débordement de ses défauts. […] C’est sa qualité et son défaut. […] A défaut de talent, le procès intenté à Flaubert imposait l’auteur à l’attention. […] Il reproche à l’auteur de faire saillir chaque objet au premier plan, comme si ce défaut, si c’en est un, n’était pas le défaut capital d’Homère, qui n’a guère fait que des bas-reliefs. […] L’exigence s’arrête lit où le talent fait défaut.

1282. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il veut, et ne s’en cache pas, réagir contre le préjugé séculaire qui attribue aux Musulmans la responsabilité des défauts du peuple espagnol. […] Le goût de l’apparat a toujours été le défaut de ces hommes qui vivent si simplement et qui ne possèdent rien. […] Le plus sage est de leur rendre hommage de nos qualités et de ne nous en prendre qu’à nous-mêmes de nos défauts. […] Mais elle existait, et ce socialisme, autant par ses défauts que par ses qualités, était national. […] Perrin en vit les défauts, mais, sous ces défauts, de telles qualités qu’il n’hésita pas un instant sur la valeur et sur l’avenir de l’inconnu.

1283. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Mais le défaut de la fin était la qualité du commencement, et M.  […] Tous leurs défauts et toutes leurs qualités tiennent dans ce livre, à un degré qui fait comprendre que ces pages étaient une fin. […] L’un et l’autre procédé a ses avantages, l’un et l’autre a son défaut. Nous assistons aujourd’hui à l’évidente démonstration de ce défaut. […] L’une et l’autre forme ont des défauts.

1284. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Par une conséquence naturelle et par une juste rançon, Victor Hugo a les défauts de ses qualités. […] De la jeunesse, Alfred de Musset, qui alors avait dix-huit ans, a les qualités et aussi les défauts, je veux dire l’impertinence, l’air cavalier, le mépris hautain pour tout ce qui n’est pas les idées et les sentiments de son âge. Mais, Mesdames et Messieurs, c’est de la jeunesse qu’il est vrai de dire que nous l’aimons jusque dans ses défauts. […] Alfred de Vigny, en voyant ce que nous soutirons et comme nous sommes condamnés à souffrir, à défaut d’autre chose, nous prend en pitié, et il a écrit un des plus beaux vers qui soient dans notre langue, justement sur cette sympathie que la souffrance doit inspirer. […] Et Heredia dit ses vers avec la voix que lui a donnée la nature, une voix admirablement timbrée, avec des sonorités de cuivre, et il y ajoute, — ce qui est excellent, un défaut de prononciation.

1285. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Sur Sériosité, l’horoscope de Vaugelas est en défaut ; il lui avait prédit de l’avenir ; il croyait qu’on dirait bientôt : « Cet homme a de la sériosité », pour signifier du sérieux. […] Tous ces défauts de style et de diction si ingénieusement définis par Vaugelas, toutes ces longueurs, ces lourdeurs, ces enchevêtrements, ou ces à peu près, on les trouverait réunis dans les écrits de ses adversaires, si l’on avait le temps de s’arrêter à eux.

1286. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

En ce temps-là, en 1817, à défaut d’autre hérésie, et les Romantiques n’étant pas encore nés ou en âge d’hommes, on s’en prenait aux disciples et imitateurs de l’abbé Delille. […] Avec tous ses défauts, ses défaillances, ses fluctuations trop sensibles, l’Académie reste une institution considérable qui n’a pas seulement un beau et intéressant passé, mais qui, bien dirigée, sans cesse avertie, excitée, réveillée, renouvelée, peut rendre de grands services au milieu de la diffusion et de la dispersion littéraire universelle.

1287. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Dans cette série enchaînée de sonnets si inférieurs à leur modèle toscan, et qui n’en ont guère que les défauts, je ne sais si on trouverait à en détacher un seul digne en entier d’être cité : c’est docte et dur. […] Le ton est trouvé, grandiose et mâle : au défaut d’un morceau complet, ce livre est ainsi semé de beaux vers

1288. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Diderot savait mieux que personne les défauts de son œuvre ; il se les exagérait même, eut égard au temps, et se croyant né pour les arts, pour la géométrie, pour le théâtre, il déplorait mainte fois sa vie engagée et perdue dans une affaire d’un profit si mince et d’une gloire si mêlée. […] Sans doute l’idée de morale le préoccupa outre mesure ; il y subordonna le reste, et en général, dans toute son esthétique, il méconnut les limites, les ressources propres et la circonscription des beaux-arts ; il concevait trop le drame en moraliste, la statuaire et la peinture en littérateur ; le style essentiel, l’exécution mystérieuse, la touche sacrée, ce je ne sais quoi d’accompli, d’achevé, qui est à la fois l’indispensable, ce sine qua non de confection dans chaque œuvre d’art pour qu’elle parvienne à l’adresse de la postérité, — sans doute ce coin précieux lui a échappé souvent ; il a tâtonné alentour, et n’y a pas toujours posé le doigt avec justesse ; Falconnet et Sedaine lui ont causé de ces éblouissements d’enthousiasme que nous ne pouvons lui passer que pour Térence, pour Richardson et pour Greuze : voilà les défauts.

1289. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

C’était l’apparition de l’adolescence à l’adolescence, le rêve devenu roman et resté rêve, le fantôme souhaité enfin réalisé et fait chair, mais n’ayant pas encore de nom, ni de tort, ni de tache, ni d’exigence, ni de défaut ; en un mot, l’amant lointain et demeuré dans l’idéal, une chimère ayant une forme. […] Il n’a d’autre défaut que d’être indéfini, et par conséquent vague et enivrant.

1290. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Son esprit, sa grâce, sa distinction, suppléaient à ses défauts physiques. […] Dès que le trait lui fait défaut, il ne sait plus écrire ; il vous dira dans une pièce intitulée Amertume : Plus le calme a dompté ma fiévreuse énergie, Plus je sens m’envahir le néant oppresseur.

1291. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

L’oubli, s’il était possible toujours, lui semblerait le vrai remède à tous les maux : A défaut du pardon, laisse venir l’oubli95. […] Beaucoup de réflexions profondes sont jetées en passant par le poète. « Ce serait faire du bien aux hommes que de leur donner la manière de jouir des idées et de jouer avec elles, au lieu de jouer avec les actions, qui froissent toujours les autres.Un mandarin ne fait de mal à personne, jouit d’une idée et d’une tasse de thé « Ailleurs, l’hégélianisme se traduit en belles formules : « Chaque homme n’est qu’une image de l’esprit général. — L’humanité fait un interminable discours dont chaque homme illustre est une idée. » Vigny a des remarques fines et profondes sur les défauts de l’esprit français : « Parler de ses opinions, de ses admirations avec un demi-sourire, comme de peu de chose, qu’on est tout près d’abandonner pour dire le contraire : vice français. » 88.

1292. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Si nous n’avons pas d’autorité, vous n’en avez pas davantage, et vous tombez dans une contradiction qui au moins nous fait défaut : c’est qu’il y a un livre sacré et divin, auquel vous devez vous soumettre, et ce livre, c’est vous qui le jugez. […] Là où toute autorité fait défaut, toute déclaration d’articles de foi est arbitraire.

1293. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Le défaut commun de ces définitions est de vouloir atteindre prématurément l’essence des phénomènes. […] Le sociologue peut ainsi se trouver embarrassé de savoir si un phénomène est normal ou non, tout point de repère lui faisant défaut.

1294. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

VIII Et, en effet, c’est l’inappuyé qui est le défaut de la littérature d’Octave Feuillet et son caractère, si on peut appeler caractère précisément de n’en pas avoir ; mais c’est, d’ailleurs, peut-être ce défaut de l’inappuyé qui lui a valu ses succès rapides, à peine contestés, jamais interrompus, dans le monde énervé et mou de Paris, dont, malgré la province, il est encore, et dont il a fait, depuis si longtemps, son publie.

1295. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Le défaut de Dominique ne me semble pas être là. […] Et si le temps ne me faisait défaut, je voudrais développer devant vous notamment, cette thèse non pas neuve, mais peu familière à beaucoup d’esprits et qui est celle de Fromentin, à savoir que la peinture n’exprime pas nécessairement une idée, qu’elle peut n’avoir « rien de pathétique, d’émouvant, surtout de littéraire », et cependant nous charmer et remplir son but, ou l’un de ses buts, qui est de réjouir l’âme humaine, par la simple beauté des couleurs et des lignes.

1296. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Zola romancier, talent robuste, qui étonne tour à tour par de grandes qualités et de graves défauts. […] Ils auront quelque peine peut-être à faire comprendre à leurs lecteurs et les colères et les enthousiasmes qu’il a soulevés, Ils diront qu’avec tous ses défauts il a cependant rendu quelque service aux lettres françaises, qu’il a achevé la ruine de certaines conventions déjà fort ébranlées, qu’il a déblayé le terrain pour d’autres qui sont venus après et préparé la voie à un art plus libre.

1297. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Ces défauts du langage ultralyrique de Lycophron, assez habilement conservés dans une traduction moderne en vers anglais, offriraient une étude piquante sur le grand art d’écrire, et sur ce point extrême, où, dans le génie de l’orateur et du poëte, comme dans la fortune du conquérant, on peut exactement dire : « Du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas. » Ce pas, Lycophron l’a souvent franchi ; et toutefois, à part les emprunts raffinés de langage, les enchères d’audace métaphorique, il y a quelques beautés à recueillir dans cette suite de prophéties nuageuses de Cassandre, du haut de la tour où le poëte la suppose prisonnière, avant le départ de Paris, dont elle contemple dans l’avenir l’adultère, la fuite et la punition. […] Jamais il ne fut préparé à l’étude plus vaste enceinte et plus riche mobilier que le Muséum et la Bibliothèque d’Alexandrie : et, à cet effort si constant, à cette protection si empressée, on ne peut pas dire même que le génie ait fait entièrement défaut.

1298. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Ce qui réussit aux unes perd les autres ; les qualités leur nuisent quelquefois, quelquefois les défauts leur servent ; tantôt elles sont tout, tantôt elles ne sont rien.

1299. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Enfin je ne lui vois d’autres défauts qu’un peu de vanité, justement la passion aux dépens de laquelle la naïve réponse de Bodoni me fait rire.

1300. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

On masque par une habileté routinière le défaut du sens artistique.

1301. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il fallait aussi, pour mettre de la suite dans l’attaque, et pour gagner l’esprit du peuple, un amour scientifique du vrai, un enthousiaste dévouement à la raison, qui faisait défaut à ces mondains blasés.

1302. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Leur double passage reconstituait derrière moi, si je tournais la tête pour les voir, une ordonnance et une surprise nouvelles dont l’aspect se modifiait encore à mesure de mon progrès vers ce qui fournissait à mon changement la matière de sa variété. » C’est la précision même, une précision de myope, qui veut se rendre compte et, à défaut des couleurs, voir nettement les lignes.

1303. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Le mot de Vigny est éternellement vrai : « Toutes les associations ont les défauts des couvents ».

1304. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Chez lui, elle tenait à une notion profonde des rapports familiers de l’homme avec Dieu et à une croyance exagérée dans le pouvoir de l’homme ; belles erreurs qui furent le principe de sa force ; car si elles devaient un jour le mettre en défaut aux yeux du physicien et du chimiste, elles lui donnaient sur son temps une force dont aucun individu n’a disposé avant lui ni depuis.

1305. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Au défaut d’écrits ou de paroles attribués à la marquise de Rambouillet, j’ai fait des recherches pour connaître l’objet le plus ordinaire de ses conversations intimes.

1306. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Un défaut très-essentiel & très-ordinaire à M.

1307. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Si le défaut des méthodes que nous avons combattues est de ne montrer d’une œuvre et de ceux dont elle est le signe, que le dehors, l’entourage, le vague contour extérieur et infléchi, la notre, bornée aux chapitres antérieurs, paraît envisager ses êtres comme absolus, existant à part de tout contact, de toute condition et de toute cause.

1308. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Pour rendre supportables les morceaux de versification qu’on présenta dépouillés de la rime, il eût fallu suppléer à ce défaut par un redoublement de force & de chaleur : mais ces exemples étoient froids & sans génie, & la rime ne les eût pas élevés au mérite des vers.

1309. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Or le sentiment enseigne bien mieux si l’ouvrage touche et s’il fait sur nous l’impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les critiques pour en expliquer le mérite et pour en calculer les perfections et les défauts.

1310. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Les Chaldéens ne purent se servir des lunettes de Galilée pour observer les astres ; et les premiers navigateurs eurent, au défaut de la boussole, un astrolabe plus ou moins parfait.

1311. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Elle a gardé tous les défauts ondoyants, inconséquents, charmants et ensorcelants de la femme.

1312. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Au milieu de la cacophonie d’un ouvrage où le récit croise la correspondance et la correspondance le dialogue, ce qui plane, ce qui domine et ce qui choque, c’est je ne sais quel ton cavalier dont le dessous et le vrai nom sont le sans-façon et l’impertinence historiques, — deux défauts et deux ridicules que la Critique ne peut laisser passer, du moins sans avertir !

1313. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

S’il n’y avait eu que lui en question, j’en aurais signalé les défauts et les indigences, et cela aurait été tout.

1314. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Jamais la rhétorique, dont le défaut, comme on sait, n’est pas la hardiesse, n’est allée plus loin sous une plume d’École normale qu’elle ne va, en ces deux volumes, sous la plume de Prévost-Paradol.

1315. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

La dignité de l’attitude ne fit jamais défaut à Fréron.

1316. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Tels sont les deux défauts du livre de MM. de Goncourt.

1317. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Il pourrait nous dire mieux qu’un autre les qualités ou les défauts du styliste, du versificateur, de l’écrivain.

1318. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Il ne descend pas dans cette vase saignante ; et c’est, en somme, un innocent enfantelet de livre, même dans sa conception du péché, Telles sont les qualités et les défauts de l’Imitation, que nous retrouvons aujourd’hui, avec des qualités qui s’ajoutent aux siennes dans cette langue aimable de l’Internelle Consolacion, bien préférable, selon nous, au latin décharné et abstrait de l’original.

1319. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Cherchant à s’appuyer sur des explications plus vulgaires, Gustave d’Alaux parle d’imitation intelligente ; mais l’imitation du nègre, comme celle des enfants et des domestiques, est beaucoup plus l’imitation des défauts que des qualités de leurs supérieurs et de leurs maîtres, et la vie tout entière de Soulouque, qui avorte même à parodier Napoléon, est la preuve sans réplique de cette imitation aveugle, grotesque et fatale !

1320. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Il y est avec toutes ses qualités et ses défauts !

1321. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Il durera autant que la langue française qui a cru l’avoir fait tuer par son licteur, cette langue française dont il est la jeunesse, avec tous les défauts violents, extravagants, mais ravissants, mais enivrants, de la jeunesse !

1322. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.

1323. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Il dut s’élever un Ménandre, pour porter sur la scène, à défaut des peintures de feu et des fantaisies d’Aristophane, l’observation d’Aristote et de ses élèves.

1324. (1891) Esquisses contemporaines

Son défaut, n’est-ce pas nous qui le lui avons donné ? […] Cette habitude de style révèle la qualité maîtresse de l’homme en même temps que son défaut principal : un besoin de franchise excessif joint à une grande impuissance de décision. […] En effet, le défaut n’est jamais plus saillant que dans ses lettres intimes, lorsqu’il se livre sans réserve et sans arrière-pensée. […] Ce qui lui fait défaut, c’est la somme d’énergie nécessaire à la mise en œuvre des trésors intimes ainsi accumulés. […] La certitude manque parce que l’énergie de l’affirmation fait défaut.

1325. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Si cette Allemagne avait des défauts, le jeune homme ne pouvait pas les voir. […] Il est arrivé cependant que les romanciers soumis à son influence et partisans de sa méthode ont exagéré le défaut de l’initiateur. […] Noble et fier défaut après tout, car il dérive du plus magnifique des tourments qu’il soit donné à l’homme d’éprouver : — le mal de la perfection. […] A me pénétrer de cette vérité, je suis bien près de ne plus admirer dans l’historien que cette imagination toute-puissante, et comme cette puissance se manifeste dans les défauts au moins autant que dans les qualités, d’aimer passionnément ces défauts nécessaires, partant précieux. […] Un système se dégage, dont les qualités et les défauts expliquent la puissance et les insuffisances des analyses qu’il a commandées.

1326. (1927) Des romantiques à nous

Je crains que ces défauts ne nuisent au succès d’une œuvre chargée de substance, et n’en bornent peut-être l’essor aux limites du monde universitaire, qui se contente à la rigueur d’être instruit, et n’exige pas, comme le grand public, d’être aussi séduit. […] Le spiritualisme de Cousin, surtout du Cousin de 1830, a tout le vague, toute la mollesse d’imagination, tout le défaut de précision dans la pensée que M.  […] Ses appréciations éparses sur Victor Hugo se résument, se composent en un jugement d’ensemble équilibré, pondéré, non moins attentif aux mérites qu’aux défauts, aux splendeurs qu’aux ombres. […] De là ses défauts, si intimement mêlés à ses extraordinaires qualités d’invention que ce serait entreprise bien téméraire que de vouloir en purger son texte sans le défigurer plus ou moins. […] L’harmonie ne fit pas défaut.

1327. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

La fête est moindre, et pourtant digne d’envie encore, si la critique a corrigé, dans quelque œuvre vigoureuse et bien portante, quelque faible côté par où la ruine allait venir ; si elle a ôté un brin de rouille à cet acier qui brille, un pli mauvais à cette pourpre étalée avec art, un barbarisme à cette langue inspirée, un geste, un rire, un accent, un défaut, une misère, à cette machine savante et bien faite qui, faute de cette humble correction, allait se heurter contre toutes sortes d’écueils. […] « Un autre défaut de Molière que beaucoup de gens d’esprit lui pardonnent, et que je n’ai garde de lui pardonner, est qu’il a donné un tour gracieux au vice, avec une austérité ridicule et odieuse à la vertu. […] Il entraîne, il est chaleureux, il est abondant, il est rempli des défauts et des qualités de son époque ; on comprend que l’homme qui écrivait ainsi avait, à un haut degré, la conscience de sa force et de son importance : or, ce sont là des qualités trop rares, surtout dans la comédie moderne, pour qu’on soit le bienvenu à s’armer de la Grammaire et du Dictionnaire de l’Académie contre un philosophe tel que Fabre d’Églantine. […] Avec quelle dignité il gourmande les défauts de la personne aimée, et comme il se représente lui-même, tel qu’il était à son dire : Ne se servant de sa raison que pour mieux connaître sa faiblesse ! […] De Célimène à Sylvia, — de ce salon disposé par Molière avec tant de sévérité et d’agrément, au boudoir arrangé par Marivaux avec tant de coquetterie, de recherche et de complaisance ; du xviie  siècle qui se montre chez Célimène au xviiie  siècle qui roucoule chez Sylvia ; de celui qui s’appelle Molière et qui est le plus grand génie du inonde, à celui qui s’appelle Marivaux, et dont le seul défaut, défaut sans remède, fut d’avoir tout simplement plus d’esprit que Voltaire, c’est-à-dire d’avoir trop d’esprit, la transition n’est pas si facile qu’on le pense.

1328. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Cette tragi-comédie achevée avec applaudissement, Molière, qui aimait à parler comme orateur de la troupe (grex), et qui en cette occasion décisive ne pouvait céder ce rôle à nul autre, s’avança vers la rampe, et, après avoir « remercié Sa Majesté en des termes très-modestes de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de sa troupe, qui n’avoit paru qu’en tremblant devant une assemblée si auguste, il lui dit que l’envie qu’ils avoient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand roi du monde leur avoit fait oublier que Sa Majesté avoit à son service d’excellents originaux, dont ils n’étoient que de très-foibles copies ; mais que, puisqu’elle avoit bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la supplioit très-humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avoient acquis quelque réputation et dont il régaloit les provinces. » Ce fut le Docteur amoureux qu’il choisit. […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne sauroit dire, m’ôtent l’usage de la réflexion : je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour tout ce qu’elle a d’aimable11. […] Il se rendit justice et se renferma dans un genre où ses défauts étoient plus supportables. […] Les mêmes sentiments se retrouvent exprimés par des termes presque semblables dans la bouche d’Alceste : Mais avec tout cela, quoi que je puisse faire, Je confesse mon foible, elle a l’art de me plaire ; J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer.

1329. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

A défaut de parole extérieure et vraiment audible, ni l’écriture ni la pensée ne semblent pouvoir se passer de son secours. […] Le langage, en parcourant l’entendement, parcourt la vérité ; une erreur est une vérité imparfaitement révélée par un langage défectueux ; c’est une pensée incomplète, un « défaut de pensée » ; « l’erreur sépare, la vérité réunit . […] Signalons brièvement les défauts de cette théorie : le rôle de l’audition pure, mais attentive, dans l’acquisition de la parole, est méconnu par Maine de Biran, comme il l’avait été déjà par Montaigne ; — la description du phénomène de l’audition, que nous retrouverons presque identique dans Cardaillac, est fautive ; — comme plus tard dans les ouvrages de Bain, une importance beaucoup trop grande est attribuée au mouvement musculaire, qui n’est qu’un moyen, et qui comme tel, est négligé par l’attention [ch. […] Le faiblesse de la psychologie générale dans Cardaillac est le principal défaut de son étude de la parole intérieure.

1330. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Quel travers, quel défaut, quel vice a-t-il eu dessein de signaler, de corriger ou de punir ? […] Tous comparurent sur la scène avec leurs défauts et leurs ridicules. […] Mais dans la comédie, son art infini dissimulait ce défaut autant que possible. […] Quelqu’un lui témoignait un jour son étonnement de l'attachement qu’il avait pour une femme qui, disait-il, avait beaucoup de défauts. […] Mais, avec tout cela, quoi que je puisse faire, Je confesse mon faible, elle a l’art de me plaire : J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer.

1331. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Il y a tel défaut de goût, tel point de sentiment gâté, qui comme une petite odeur pernicieuse gagne l’œuvre entière, et en corrompt tout le plaisir.

1332. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

C’est pour avoir supprimé ce second rôle, celui du conseiller, du critique sincère et de l’homme de goût à consulter, c’est pour avoir réformé, comme inutiles, l’Aristarque, le Quintilius et le Fontanes, que l’école des modernes novateurs n’a évité aucun de ses défauts.

1333. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Comme ils étaient les premiers, comme ils ne pouvaient être imitateurs, ils ont dû commencer par les défauts de la simplicité, plutôt que par ceux de la recherche.

1334. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

et ne vaut-il pas mieux se livrer à tous les défauts que peut entraîner l’irrégularité de l’abandon naturel ?

1335. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

L’abondance des termes de chasse, de blason et de guerre marque le caractère aristocratique de cette société, mais les termes techniques y font si absolument défaut, qu’un académicien, Thomas Corneille, se hâte de faire imprimer la même année un Dictionnaire des Arts et des Sciences, en même format.

1336. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Cet oubli est un des défauts capitaux du théâtre français. » Je n’ai pas le loisir de développer ici mon impression ; mais on sent que, plus tard, le romantisme, qu’il défendra, ne sera pas tout à fait la même chose pour lui que pour les romantiques, qu’il ne mettra pas les mêmes idées sous les mêmes mots, que cette révolution littéraire ne sera à ses yeux qu’un développement naturel du génie national dans le sens de la vraie simplicité et de la franchise d’observation… L’histoire de cette seconde entreprise de Beyle est donc l’histoire d’un second échec.

1337. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Ce qui est une qualité dans l’histoire eût été ici un défaut ; tout est vrai dans ce petit volume, mais non de ce genre de vérité qui est requis pour une Biographie universelle.

1338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Sans adopter son systême, qui donneroit peut-être plus de ressort à l’imagination & aux vrais talens, les Orateurs Chrétiens doivent au moins en suivre les préceptes, & se garantir des défauts qu’il condamne.

1339. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Mais le public qui sçait discerner entre les défauts de l’art et les fautes de l’artisan, ne trouve pas que les inventions nouvelles soient de mauvaises choses, parce qu’on en abuse.

1340. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Ses continuateurs seront d’autant plus libres et résolus, que les essais qui restent de lui, et dont nous attendons la publication prochaine, auront fait voir les défauts de sa méthode et en auront à la fois démontré les avantages.

1341. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Si, à défaut d’une identité impossible, continuation implique ressemblance ; si finir un livre commencé est, de rigueur, se substituer plus ou moins à l’auteur dans l’esprit et la manière de son ouvrage, l’honneur qu’on fit à Renée dut tout d’abord lui causer beaucoup d’embarras.

1342. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Le seul défaut du livre de Renée, comme expression littéraire, tient à un fond de choses que nous croyons en lui expirant.

1343. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

C’est de ce fatalisme effronté, mais naïf, qui est toute sa philosophie, que sortent tous les défauts de son histoire, et il n’y en a pas qu’un : ils sont nombreux.

1344. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

La Femme au xviiie  siècle ne nous parut, quand on la publia, qu’un livre très neuf d’inspiration, ayant des qualités parfois exquises, d’autres fois des défauts, et même, à certaines places, des vices ; mais nul des plus sagaces d’entre nous n’y put voir, sous la flamme morale qui y circulait et y flambait encore, ce qui allait, sous la plume des imitateurs, se développer comme l’incurable mal de la littérature actuelle.

1345. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il en a fait un homme politique, un de ces cuisiniers de révolutions et de gouvernements impossibles, qui empoisonnent la France depuis près d’un siècle… Le journalisme, qui, si l’on n’y prend garde, donne de si mauvaises habitudes à la pensée, a donné à Pelletan tous les défauts qui sautent aux yeux dans son nouveau livre : l’inconsistance, la frivolité, les passions de parti et leurs faux jugements et leurs injustices, et surtout cette terrible et misérable faculté de se monter la tête, de suer à froid, comme disait Beaumarchais, en parlant des avocats, ces journalistes du bec comme les journalistes sont les avocats de la plume, et de se faire illusion à soi-même pour mieux faire illusion aux autres.

1346. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

La ressemblance dans le sentiment et dans la position saute aux yeux… Balzac, cet inventeur, qui inventa à propos de tout et qui eut même le défaut sublime de trop d’invention, car il inventa jusque dans la Critique et dans l’Histoire, — et il les faussa, quelquefois, toutes les deux, mais comme il n’y avait que lui qui pût les fausser ! 

1347. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Ils ne sont pas nombreux, heureusement, mais ces sept morceaux, d’assez courte haleine, et que l’on croirait composés pour des revues à deux sous, s’il y en avait en Allemagne, ont tous les défauts et toutes les débilités de ce talent qui n’a pas de corps et peu d’âme, et dont les œuvres, sans statique et sans équilibre, forment un Alhambra, ou, pour mieux parler, une Babel de vapeur, que le premier coup de vent un peu franc va dissiper.

1348. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Taine a parfaitement appris, à l’école d’où il est sorti, le défaut de l’armure de ses maîtres, la vacuité de leurs systèmes, le vice de leur enseignement et les grimaces de leurs prétentions.

1349. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

L’écuyer, roide et sans défaut, Qui dans les entrailles lui plante Ce fer, dit : « Crève s’il le faut, Mais poursuivons l’œuvre sanglante.

1350. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

c’est un livre où nous trouvons justement le défaut le plus opposé à la qualité le plus ordinaire à M. 

1351. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Hâtez-vous de répondre à ces sophismes d’une science intéressée que le fait, invoqué à défaut du droit, est inexact et trompeur.

1352. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

C’est que j’étais gêné un peu que ce personnage y fît défaut. […] Il est faible, dans les deux cas, par défaut de volonté, de discernement, de discipline, non par défaut de moyens naturels, d’invention et d’observation. […] Ce qui lui fait défaut c’est, bien entendu, le style. […] Et, ici comme ailleurs, nous sommes un peu gênés par la condensation et la brièveté du récit : un beau défaut, et que tant de livres diffus et sans discipline nous rendent cher, mais un défaut tout de même. […] Tout cela n’est que de saint Paul C’est au défaut de l’amour que nous attaque le Malin.

1353. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Elle grandit et se développe lentement et sûrement, puis on la voit un jour se produire au dehors dans un long ouvrage où l’imprévu fait souvent défaut si ce n’est dans l’idée générale et dominante qui a systématisé autour d’elle tous les détails. […] Mais il remarque de graves défauts dans la façon dont il a compris le sujet. […] Certains illogismes, certains défauts frappent davantage quand l’œuvre a pris corps, et comme ils deviennent plus gênants, ils tendent à susciter une réaction qui les élimine. […] Voici maintenant comment ce défaut a été utilisé pour le développement d’une œuvre. […] En fait il est probable que tout le monde souffre à la fois de l’excès et du défaut de l’imitation et de la routine.

1354. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Je ferais plaisir peut-être à votre esprit de délicate observation, si je vous disais le secret historique de certains défauts de mon style et même de certaines erreurs de mon jugement. […] Quant au secret historique de certains défauts de son style, ou même de certaines erreurs de jugement dont il s’accuse, on aimerait assez qu’il nous l’eût révélé. […] Elle devait toujours lui faire défaut, et qu’il ne l’eût pas en 1837, Vinet le savait, puisque Sainte-Beuve le lui avait fait entendre. […] La lettre qui suit est datée du 7 octobre, mais le millésime fait défaut. […] C’est, sans doute, un défaut du style de M. 

1355. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Vous verrez alors ce qu’est cette œuvre qui peint une race entière avec ses défauts et ses vertus, avec son caractère à la fois langoureux et passionné. Mireille peint tout cela, et si, au point de vue de l’art, le poème est défectueux, plusieurs de ses défauts contiennent des beautés. […] Nous traduirons cependant Le grand bal, qui réunit ses défauts et ses qualités. […] N’importe, de la part d’un meneur de charrue, car Peyrusse est paysan comme Langlade et Laurès, comme Alphonse Tavan à ses débuts, malgré ses défauts, cette œuvre est une grande promesse. […] Les autres défauts du livre ressortiront de l’analyse, ou plutôt, — comme, hélas !

1356. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et c’est dans leurs livres aussi que les femmes peuvent être « aimables par leurs qualités, et par leurs défauts séduisantes ». […] Il démêle, avec une sagacité qui n’est jamais en défaut, pourquoi et par où ces phrases sont belles, expressives, éloquentes. […] Brunetière a d’autres causes : ses qualités d’abord — et ses défauts ensuite. […] N’essayez pas de lui dire : « ils sont plus parfaits que nous et pensent mieux ; mais enfin nous sommes plus intelligents, plus ouverts, plus nerveux, plus amusants par nos défauts et notre inquiétude même. » Vous verrez de quel mépris il vous traitera. […] Ce n’est peut-être point par la critique de leurs défauts qu’il est bon de commencer.

1357. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il a le défaut d’être un peu long. […] Aussi bien touchons-nous ici le grand défaut du livre de M.  […] Paul Desjardins lui-même fait défaut à la cause du « devoir présent » ? […] À défaut d’autres avantages, elle en a deux au moins sur la sienne. […] C’est le pire défaut des philologues, et généralement des érudits.

1358. (1896) Études et portraits littéraires

  Sur deux points pourtant, la vérité de Maupassant me paraît en défaut. […] L’idéal moral a fait défaut à Lesage. […] Le dilettantisme est une maladie, « et par défaut, et par excès ». […] … Mais non ; ils imiteront les défauts séduisants de l’artiste brillant et mêlé. […] Il est venu avec sa grande sœur ; il a traversé la place ombragée d’arbres, dissimulant sous le châle d’Henriette le défaut de son vêtement usé.

1359. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je dis que c’est en les utilisant, en acceptant leurs qualités et leurs défauts, leurs qualités et leurs limites qu’il fera une œuvre vivante, dramatiquement parlant. […] Mais ils ne pouvaient masquer des défauts qui, sensibles à la lecture, devaient s’accuser à la scène : redites sans fin, détails inutiles, prolixité, piétinement sur place, absence de choix évidente entre les éléments secondaires et principaux. […] Inquiet, peut-être jaloux des succès de son jeune émule, il cessa de peindre par masses et de dessiner à grands traits ; il cultiva de préférence ses défauts. […] On connaît ses défauts, l’antithèse n’en est pas exclue ; le ton grossièrement emphatique nous ferait bien rire aujourd’hui ; ses personnages ne nous semblent pas moins falots que Triboulet et Marion de Lorme ; ses entassements de cadavres feraient pâlir le plus sanglant des drames élizabéthains. […] Ses défauts, ses lacunes furent celles de l’autodidacte qui, grisé de ses découvertes, leur fait un sort hors de proportion avec leur réelle valeur.

1360. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

A défaut de passion proprement dite, un pathétique discret et doucement profond s’y mêle à la vérité railleuse, au ton naïf des personnages, à la vie familière et de petite ville, prise sur le fait. […] Je suis allé à lui ; je lui ai dit : — Monsieur le comte, mademoiselle ne m’a prié de danser avec elle qu’à votre défaut. […] Elle décrit sa Cécile, ses beautés, sa santé, sa fraîcheur, ses légers défauts même, le cou un peu gros, mais en tout bien du charme : — « Eh bien !

1361. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

C’est à l’abri de leurs qualités, de leurs défauts, quelquefois même, hélas ! […] Mais cette assez mauvaise prose poétique, cette flatterie plus que française, cette reconnaissance trop italienne, tous ces défauts du panégyrique composent, dans le cas présent, une très belle et très noble action, à savoir la défense et l’apologie, aux pieds du Saint-Siège, de la science et de la philosophie, hier encore persécutées240. […] Campanella y est taxé d’ingratitude, de légèreté, de charlatanisme effronté et d’insupportable orgueil ; ce sont les inconvénients de plus d’un grand esprit, et on en a connu de tout temps qui avaient peu à faire pour tomber dans ces défauts-là.

1362. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il semble qu’il ait été tout exprès muni de défauts et de qualités, enrichi d’un côté, appauvri d’un autre, à la fois écourté et développé, pour mettre en relief la forme classique par l’amoindrissement du fond classique, pour présenter au public le modèle d’un art usé et accompli, pour réduire en cristal brillant et rigide la séve coulante d’une littérature qui finissait. […] Voilà leur défaut : ils sont réalistes, même avec la perruque classique ; ils ne déguisent pas le laid et l’ignoble ; ils les marquent avec leurs contours exacts et leurs arêtes tranchantes ; ils ne les enveloppent pas du beau manteau des idées générales ; ils ne les couvrent pas sous les jolis sous-entendus de société. […] C’est une collection de bons préceptes bien sages dont le seul défaut est d’être trop vrais.

1363. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Et si les paroles manquent à mon angoisse, les larmes abondent à défaut des vers ; je pleure malheureux et je repleure les lyres, les trompettes, les couronnes de laurier, les études, les plaisirs, les affaires, les banquets, les loges, les palais où je fus avec vous, tantôt noble serviteur, tantôt compagnon familier de vos fêtes ! […] Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d’être étranger. […] « Au reste, si la Jérusalem a une fleur de poésie exquise, si l’on y respire l’âge tendre, l’amour et les déplaisirs du grand homme infortuné qui composa ce chef-d’œuvre dans sa jeunesse, on y sent aussi les défauts d’un âge qui n’était pas assez mûr pour la haute entreprise d’une épopée.

1364. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Vous aviez un défaut, il y a quelques années, dans vos premiers volumes de vos conversations du Lundi : vous étiez trop riche, trop abondant, trop nuancé, trop fin. […] Nos défauts moraux ou physiques influent beaucoup sur notre humeur, et sont souvent la cause du tour particulier que prend notre caractère. […] Cela n’a qu’un défaut : l’homme y manque ; l’homme est le plus grand sujet d’intérêt de toute langue.

1365. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Le ridicule, en effet, suppose toujours un certain défaut et une difformité qui n’a rien de douloureux pour celui qui la subit. […] « Mais bornons-nous à ce que nous venons de dire sur l’épopée et la tragédie, sur la nature de toutes deux, sur leurs formes et sur leurs parties, dont nous avons fixé le nombre et les différences, sur les causes de leurs beautés et de leurs défauts, et enfin sur les critiques dirigées contre la poésie et sur les réponses qu’on peut faire à ces critiques. » Cette comparaison de la tragédie avec l’épopée manque de justesse dans le fond comme dans la forme, car l’épopée, c’est la nature entière, et la tragédie n’en est qu’une partie : prenez les quatre-vingt-dix-sept tragédies d’Eschyle d’un côté et l’Iliade de l’autre, vous verrez Eschyle sombrer et Homère grandir. […] La biographie d’Aristote, on le sait, peut nous expliquer fort bien les défauts qui nous choquent dans ses œuvres.

1366. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je suis un homme, comme tel j’ai les défauts et les faiblesses de l’homme, et mes écrits peuvent les avoir comme moi-même. Mais comme mon développement était pour moi une affaire sérieuse, comme j’ai travaillé sans relâche à faire de moi une plus noble créature, j’ai sans cesse marché en avant, et il est arrivé souvent que l’on m’a blâmé pour un défaut dont je m’étais débarrassé depuis longtemps. […] J’ai essayé le peuplier, le pin, le bouleau : ces bois avaient un défaut ou un autre ; avec le tilleul je réussis.

1367. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

peu nous touchent les changements de détails ; le défaut des travaux de M.  […] 25 Combien sont admirables et vivantes, malgré les défauts d’une composition fragmentée, les notes du comte Léon Tolstoy sur le siège de Sébastopol ! […] Ses livres sont mal composés, les notions ne s’expliquent point l’une par l’autre : par instants, malgré ces défauts, une phrase surgit, qui bouleverse l’âme et la force à créer la plus intense vie d’une émotion précise.

1368. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Il cherche d’un regard malin le défaut de cuirasse de ses ennemis, les rois, les Bourbons, les nobles, les prêtres, pour lancer sa flèche au point vulnérable et pour rire de la goutte de sang que le dard rapporte à l’arc avec lui. […] Cette finesse de style, qui aurait été un défaut grave dans un poète populaire, devenait, grâce à l’esprit de parti, un mérite de plus dans Béranger. […] Si ces chansons ont un défaut pour les classes mercenaires auxquelles elles sont dédiées, c’est précisément la construction un peu laborieuse, un peu antique et un peu obscure de la phrase.

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