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1283. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Montrer que la religion fondée par Jésus a été la conséquence naturelle de ce qui avait précédé, ce n’est pas en diminuer l’excellence ; c’est prouver qu’elle a eu sa raison d’être, qu’elle fut légitime, c’est-à-dire conforme aux instincts et aux besoins du cœur en un siècle donné.

1284. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Un être sans consistance, comme Emma Bovary, comme Bouvard, comme Pécuchet, n’intéresse pas longtemps les hommes et, si l’auteur a l’air de croire que de telles absences d’âmes nient toute l’âme, il ne prouve que son propre vide intérieur.

1285. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

La restauration des organes et des fonctions après les amputations prouve deux choses importantes pour la psychologie. 1° Un organe ou une partie d’organe peut souvent suppléer un autre organe ou une autre partie d’organe, en s’exerçant à la fonction nouvelle qu’exigent les circonstances. 2° Ces organes suppléants étaient déjà autrefois capables de la fonction qu’ils accomplissent ; ils l’auraient même toujours accomplie s’ils n’avaient pas été arrêtés, inhibés par l’action du cerveau, qui les a réduits à une inertie relative.

1286. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Pour un critique de profession, un des moyens de prouver sa raison d’être, de s’affirmer en face d’un auteur, c’est précisément de critiquer, de voir surtout des défauts.

1287. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Si les passages des auteurs anciens que nous rapporterons ci-dessous, prouvent que l’acteur qui recitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, s’accordoient très-bien, et qu’ils tomboient en cadence avec une grande justesse, ils n’expliquent point la maniere dont ils s’y prenoient pour suivre exactement l’un et l’autre une mesure commune.

1288. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Le monde où nous vivons ne t’offrirait plus le modèle de ton Alceste, et peut-être jugerais-tu inutile de prouver à notre siècle que la vertu peut avoir ses excès ?

1289. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Ce que j’avais voulu induire, et non prouver, c’était l’identité de l’homme et de la parole ; c’était le moi humain s’éveillant en présence du monde extérieur.

1290. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Quant aux facultés de domination absolue, de certitude et de sécurité qui distinguent l’homme de génie, elle n’en a pas une seule… et on peut le prouver.

1291. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

. — Alors, le pauvre ami, aussi malheureux que le pauvre amant, meurt d’un désespoir, compliqué, il est vrai, d’un fort anévrisme, et c’est ainsi que Mme Gustave Haller prouve du même coup la puissance de l’amitié chez son héros, et chez elle, la puissance de l’invention et de la pensée !

1292. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle doit avoir cette espèce de caractère qui est de la volonté continue… Elle la prouvé, du reste.

1293. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Je ne sache rien de plus-maladroitement et de plus grossièrement exécuté, que cette impudente supercherie, et je ne sache rien non plus qui prouve davantage l’infériorité et la pauvreté d’un esprit qui s’efforce et qui se tortille dans une telle recherche, pour aboutir à un résultat d’une si évidente impossibilité !

1294. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Qu’on écrive l’histoire sans être un homme de génie, qu’on étudie les faits, et qu’on prouve qu’on les a étudiés en les discutant et en les racontant texte en main, cela est courageux et modeste, et cela donne le droit, quand on en a la puissance, de s’élever de ces faits jusqu’à ces généralités qui sont comme la raison des choses et l’essence même de l’histoire.

1295. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Il a le génie de la modération, ce qui prouve qu’il est sans génie.

1296. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Mais nous, et Guizot avec nous, qui maintenons l’originalité profonde et même incomparablement profonde de Shakespeare ; nous qui ne voulons pas qu’il soit seulement une perle dans une coquille d’huître, et qui ne nous sentons aucun respect pour cette huître où elle s’est formée ; nous qui ne croyons pas, comme Emerson, que le mérite inadéquate de Shakespeare ait été d’être à l’unisson de son temps et de son pays, car son pays et son temps n’ont pas dit un mot du succès de ses pièces et n’ont pas classé son génie, — ce qui prouve qu’ils ne le sentaient pas ; — nous disons, nous, que « le biographe de Shakespeare n’est pas Shakespeare », si on entend par là son œuvre.

1297. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Ce pouvoir politique qui se prouve par les tombeaux, ces morts qui emportent la puissance, ces royaumes qui tombent parce qu’ils n’ont plus de cendres à fournir à leurs caveaux funéraires, tout cela nous touche comme la vraie beauté.

1298. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Et il le prouva bien, en Italie, dans les expéditions qu’il y fit.

1299. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Ou sa présomption de jeune homme n’alla pas jusqu’à vouloir prouver qu’il était capable d’exécuter ce que les autres avaient manqué, ou son imagination fut emportée d’un autre côté, mais toujours est-il que le vide qu’il avait creusé, il ne le remplit pas.

1300. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Mignet, qui n’est pas tenu d’être un docteur de l’Église, nous le prouve par la manière même dont il le nie !

1301. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

En voulant prouver la vérité de son anecdote, il a été conduit à des conclusions écrasantes contre Voltaire et contre le siècle dont Voltaire a été l’idole.

1302. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

J’aurais voulu la prouver par des citations, mais on n’étrangle pas des scènes qui ont l’envergure de celles-là. — Concluons.

1303. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

La réalité cruelle, comme dit M. de Goncourt, est devenue, en un rien, la réalité dégoûtante, et un jour, un jour néfaste, La Fille Élisa ne l’a que trop prouvé… Puisque les œuvres de M. 

1304. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, — lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard », sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours.

1305. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Il finit par là sa Correspondance, ce qui prouve qu’il n’a pas de venin dans la queue, venenum in cauda.

1306. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Par exemple : « L’étang était couvert de végétations épaisses qui jouaient le tapis de billard… Le jour n’était ni clair ni sombre, mais d’un gris déterminé rappelant la teinte générale de l’uniforme de soldats de garnison. » Et ainsi toujours, pendant les dix-neuf chants de ce poème accablant d’idées communes, de sentiments communs, de situations communes, et qui prouverait, si Gogol peignait ressemblant et juste, que la Russie est toujours un colosse, — mais le colosse du Béotisme et de la Vulgarité !

1307. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Blanc-Saint-Bonnet (une autre gloire catholique qui se fait présentement devant Dieu et qui, un jour, saisira l’attention des hommes), la théologie est la seule science qui explique l’histoire, qui la prépare et puisse la gouverner, et il le prouva en en appliquant les notions à tous les problèmes soulevés dans son livre.

1308. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens l’a prouvé, ce qui distingue Buffon des hommes de son temps que la gloire rendit fous, comme Rousseau et Voltaire, de vrais parvenus, c’est que sa belle tête calme sut résister à cette syrène !

1309. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Est-ce l’idée que le gouvernement actuel doit abandonner le rétablissement de l’ordre intellectuel à la libre concurrence des penseurs indépendants, ce qui prouve, par parenthèse, qu’il n’y a rien de plus près d’un imbécile qu’un sectaire ?

1310. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard » sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours.

1311. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Je sais bien que les littérateurs, qui ne sont que littérateurs, n’en conviendront pas, ni non plus le vulgaire des hommes, mais c’est là la raison qui le prouve au contraire, si l’on veut, avec force, y penser.

1312. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Ce lamartinien a l’instinct des grandes œuvres comme il a l’instinct des beaux vers, et il l’a prouvé par des œuvres chrétiennes immenses.

1313. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

lesquels prouvent bien, comme vous voyez, que dans ce tout-puissant xixe  siècle il naît et se combine des créatures si fortes, qu’elles peuvent réunir en elles, sans éclater, Pradon et Gongora… L’amour commence, Tout est divin !

1314. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

On n’a pas besoin des douze travaux d’Hercule pour prouver que l’on est Hercule.

1315. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il l’a écrite pour ses enfants et à la troisième personne, et la prose de ce poète, qui a coulé la sienne dans ce moule à balles du vers, du vers qui concentre si fort la pensée, prouve une fois de plus que c’est avec des poètes qu’on fait les plus grands prosateurs !

1316. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

À nos yeux, c’est la réimpression qui prouve la capacité du libraire.

1317. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

L’hypocrisie n’est pas, au fond, si détestable qu’on l’a faite ; car elle prouve que la société croit à une Vérité absolue et régulatrice de la vie, puisqu’on est obligé d’affecter d’y croire comme elle, si ou veut emporter son respect.

1318. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Brucker prouve qu’il est fait, comme certains grands esprits, tout d’une pièce et tout d’une coulée, et qu’en lui la spéculation et la pratique s’emmanchent si dru, qu’il n’est guère possible de les séparer.

1319. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Était-ce pour le prouver ?

1320. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Elle est dans l’air du temps, et elle ne prouve rien.

1321. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Et pourtant il y en a une autre qui sera tout à l’heure la vraie voix d’Arthur de Gravillon, et dont ici il n’a donné qu’une note, quand, esprit poétique qui a tout vu de la poésie que ce type de dévotes cachait, il a fait sa spirituelle réserve : « On dit les dévotes comme on dit les champignons, et l’on ne songe souvent point que, parmi tous ces poisons, il y a d’excellents champignons et de vénérables dévotes », et qu’alors il nous a écrit cette délicieuse page attendrie sur la piété des femmes vraiment pieuses, pour nous prouver qu’il pourrait faire des portraits exquis et reposés de dévotes adorables, et que c’est là sa vocation En effet, la colère n’a duré qu’un moment, elle est évaporée maintenant dans cet Hogarth de colère !

1322. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Je ne puis le comprendre ni en déterminer positivement la raison ; mais souvent nous trouvons dans l’histoire, et même dans plus d’une partie moderne de l’histoire, la preuve de l’immense puissance des contagions, de l’empoisonnement par l’atmosphère morale, et je ne puis m’empêcher de remarquer (mais sans affectation, sans pédantisme, sans visée positive comme de prouver que Brueghel a pu voir le diable en personne) que cette prodigieuse floraison de monstruosités coïncide de la manière la plus singulière avec la fameuse et historique épidémie des sorciers.

1323. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Ce qui prouve qu’il n’était pas médiocre, c’est qu’il avait un genre d’éloquence à lui, et que comme les peintres célèbres, il fit une école.

1324. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Que veux-tu prouver ? […] Rien ne prouve mieux qu’il l’avait lu. […] Comme ce sont des choses impossibles à prouver, cela ferait une histoire et m’attirerait des désagréments graves. […] s’écrie Florence sur un ton de mélodrame, qu’on a de peine à prouver qu’on est coupable !  […] point du tout, absolument pas, et toute votre pièce est là pour le prouver ; mais vous l’êtes devenu depuis.

1325. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Que prouve cette contradiction ? […] Cela prouve-t-il que les circonstances aient toujours raison ? […] Aujourd’hui, elle revient sur cette erreur qui prouve une regrettable inexpérience critique et un trop faible souci de la nuance. […] Que prouve une action dans le domaine des idées ? […] Il a prouvé sa générosité en s’efforçant de les résoudre.

1326. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Bardoux, vient de le prouver une fois de plus en nous donnant, précisément sur Mme de Beaumont, l’amie de Chateaubriand, un essai d’un charme tout à fait rare. […] L’expérience a prouvé qu’ils obtenaient ainsi de très puissants effets de passion, mais qui dit passion ne dit pas poésie. […] Celui de George Sand n’échappe pas à la loi commune : « Croyons en Dieu, dès à présent, quoique nous ne puissions pas le prouver », dit-elle. […] … » repris-je, et, sur son mouvement de tête affirmatif : — « Vous ne savez pas une note de musique, voilà ce que vous venez de dire et de prouver en effet. […] Taine, et il l’a prouvé, n’a qu’à vouloir pour colorer son style d’un éclat radieux ou sinistre, délicat ou violent.

1327. (1890) Dramaturges et romanciers

Feuillet prouve une fois de plus que l’œuvre décisive d’un auteur n’est pas celle il laquelle il a mis le plus de sa volonté, mais celle qu’il doit à quelque fortuite inspiration de son génie. […] Ensuite il a prouvé, ce dont quelques-uns de ses amis doutaient eux-mêmes, qu’il avait en lui la puissance que doit avoir tout vrai poète, celle de se renouveler et de se métamorphoser. […] Cherbuliez vient de prouver qu’elle trouvait son application dans l’art. […] Droz pourrait facilement prendre sa revanche, et répondre à l’auteur qu’en créant ce type de l’abbé Roche il a précisément prouvé le contraire de ce qu’il voulait démontrer. […] Voici maintenant dix-sept ans bien comptés qu’il tient l’affiche, comme on dit dans le familier langage des coulisses, et le prodigieux succès de Dora prouve qu’il n’est pas à la veille de céder sa part de muraille.

1328. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Mais je courais le risque de tomber dans le système et la thèse, en voulant trop prouver. […] Pour mieux renforcer l’objection, il importait d’abord de prouver jusqu’à quel point extrême Paul Fort est symboliste. […] Puis, il marche, conscient de tout ce qu’il traîne avec soi, ayant foi dans la vie qui se prouve elle-même. […] Les psychologues prouvent la marche et le retour des passions au moyen de curieuses ondulations qui se propagent. […] Les textes sont là pour prouver un effort conscient en vue d’un retour à l’inspiration nationale.

1329. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Cela prouve (et j’ai trop dit que Bayle s’en fût irrité, il s’en fût amusé un peu lui-même) que le scepticisme est absolument inhabitable pour l’homme. […] Les Lettres Persanes le prouvent assez. […] Il voit Dieu comme un architecte qui a fait le monde, comme un « horloger » dont l’horloge où nous sommes prouve l’existence. […] Il n’y croit que quand il veut le prouver. […] Or il n’y en a pas de plus athéistique ; car si elle prouvait quelque chose, elle prouverait que Dieu est une invention de la peur, un artifice humain, un expédient social, un instrument de gouvernement, une mesure de salubrité, bref un mensonge utile.

1330. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nous avons eu déjà mieux que cela ; il suffit pour le prouver de rappeler les noms d’Étienne Eggis, de germanique mémoire, et d’Adolphe Gaiffe, — le plus beau des enfants des hommes. […] On ne pourrait pas le prouver, mais la question est louche. […] Ce qui fait que, sans être poète de naissance, il ne laisse pas d’être un peu poète. — J’aurai l’occasion de le prouver tout à l’heure. […] Ici, il s’est montré véritablement poète ; et, pour vous le prouver, selon ma promesse de tout à l’heure, je pourrais citer mainte page de cette notice ; les limites étroites de cet article ne me le permettent pas. […] » Ceci prouve, je crois, quoi qu’en dise M. 

1331. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

mais il n’a point prouvé qu’elle fût autre chose en réalité. […] Mais rien ne le prouve, et j’accuserais plutôt non Homère, mais le temps où ce poète a vécu, d’avoir été grossier et barbare. […] Vaincu, l’ennemi se débande… Mon maître Amphitryon l’a vu fuir : il commande Les cavaliers, il vole, il frappe, et ses grands coups Achèvent de prouver que le droit est pour nous378. […] Nous comprendrons alors comment l’Iphigénie a pu naître ; mais Goethe avait beau être Goethe, nous comprendrons aussi qu’il était allemand, qu’il était moderne, lorsque nous l’entendrons dire à Eckermann : « Schiller me prouva que malgré moi j’étais romantique, et que mon Iphigénie, par la prédominance du sentiment, n’était pas si classique et si antique que je le croyais. » De même l’Alarcos de Frédéric Schlegel ne sera plus inintelligible pour nous, quand sa biographie nous aura rendu témoins des veilles qu’il consacrait à l’étude passionnée de la littérature espagnole, et nous aura répété ces paroles enthousiastes : « Je ne saurais trouver une plus parfaite image de la délicatesse avec laquelle Caldéron représente le sentiment de l’honneur que la tradition fabuleuse sur l’hermine, qui, dit-on, met tant de prix à la blancheur de sa fourrure, que, plutôt que de la souiller, elle se livre elle-même à la mort quand elle est poursuivie par des chasseurs397. » Je me sens pris ici d’un remords de conscience.

1332. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Xénophon cherche dans son général deux qualités qui résument toutes les autres, et les met en lumière en exposant les actions et les talents qui les prouvent. […] Il l’honore par ses personnages comme par ses théories, et prouve sa croyance par la science et par l’art. […] Si j’aime la souveraineté populaire, je prouverai que les Athéniens de Périclès furent les plus heureux des hommes. […] La théorie, descendant dans la pratique, s’est prouvée par les événements, et depuis soixante ans fait l’histoire. […] Expliquer, raconter, prouver, causer, toutes ces actions aboutissent à un auditoire ; c’est pourquoi toutes ces actions se font aisément et bien dans notre pays.

1333. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Si l’absence de respect ne suffit pas à prouver l’esprit indépendant, l’absence de règle, la fantaisie sans frein, l’innovation sans limites, supposent-elles mieux le génie original ? […] On nous a donné des symphonies pour raconter la découverte du nouveau monde et pour prouver l’immortalité de l’âme. […] L’histoire comparée de la poésie et des beaux-arts nous prouve par les faits ces règles que nous trouvons dans notre raison indépendamment de toute expérience. […] Cette harmonie du caractère et du talent est déjà un indice de la supériorité de l’un et de l’autre ; elle prouve qu’un homme a suivi la loi de sa nature, sans exagération comme sans faiblesse ; qu’il a possédé le premier attribut du génie, la sincérité. […] Les uns, éblouis par ce fait qu’un contrat est devenu possible dans les temps modernes comme base fondamentale d’une société, croyaient avoir besoin de prouver que la société humaine n’a pu avoir d’autre origine qu’un contrat et qu’elle a son principe dans elle-même.

1334. (1902) Le critique mort jeune

  Et pour achever de prouver qu’un auteur doit peu de chose à lui-même, je dirai aussi que ces études n’eussent jamais été écrites sans la bienveillance d’un ami. […] Paul Bourget appliquerait tous ses efforts à expliquer les principes et à prouver les vérités qui règlent et dirigent sa pensée, en même temps que la peine et le prix de leur découverte les ont rendus chers à son cœur. […] Et l’on remarque d’ailleurs tout de suite que toutes trois ont un même caractère : elles tendent à prouver que la méconnaissance des lois, dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, a pour inévitable sanction la maladie et la mort. […] » Pour prouver les propositions que nous avons énoncées plus haut, M.  […] Ainsi il nous prouve que conserver la possession de soi-même ne signifie pas, loin de là, renoncer à la passion ni à la poésie.

1335. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais il le prouve médiocrement, parce que ses idées sont moins profondes que ses sentiments. […] C’est que son public est peu croyant, et que lui-même, son Enfer le prouve assez, est plus philosophe que païen. […] Le vieil argument des causes finales, de Dieu prouvé par l’harmonie du monde, pour lui n’est pas un argument, c’est un sentiment. […] Ceux qui s’attachent à démontrer que Victor Hugo n’en a pas, quand même il serait vrai, n’auraient rien prouvé contre lui. […] Mais ils prouvent bien que ses idées ne sont que des reflets.

1336. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

La puissance de contagion ne pouvant se reconnaître qu’à ses effets, elle est donc un détestable critère, car l’incompréhension individuelle ou générale ne prouve rien contre l’art ; elle ne prouve que l’insuffisance de l’individu ou du groupe d’individus en cause. […] est là pour nous prouver que, dans cette voie, on ne peut aboutir qu’à une esthétique erronée et qui ne saurait être que fatale à l’Art. […] Il l’a prouvé en sacrifiant toutes les lois de la musique (?) […] Que prouverait, — en admettant qu’on pût le connaître !  […] Que prouve le nôtre à l’égard de l’art du passé ?

1337. (1888) Portraits de maîtres

Mais il ne fut jamais un vrai latin, et ceux qui l’ont rapproché d’Horace pour quelques rencontres n’ont prouvé qu’une chose, c’est qu’ils ne connaissaient Horace que fort superficiellement. […] Muni d’une érudition aussi flexible que profonde, d’un sens littéraire des plus fins, il a su, après s’être prouvé novateur en poésie, se montrer inventeur en critique et en histoire littéraire. […] Ses dernières œuvres, la Nature chez elle, les Tableaux de siège, le prouvent encore plus que ses ouvrages antérieurs. […] M. de Laprade l’a prouvé vraiment à son honneur et, pour apprécier le succès de sa tentative, il suffirait d’en rapprocher l’effort de ceux qui depuis ont risqué de semblables essais, entre autres M.  […] Il nous prouve, en retraçant les vicissitudes des écoles philosophiques et littéraires, que tout conspirait dans ce pays d’apparence si bénigne à une éducation d’envie et de haine, à une gymnastique de représailles contre la France.

1338. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Dans l’intervalle, il avait écrit ses Mémoires qu’une indiscrétion avait divulgués (1662), et auxquels il dut opposer un de ces désaveux qui ne prouvent rien140. […] » Je ne puis rien voir d’admirable en toute cette destinée du duc de La Rochefoucauld, et, si elle prouvait quelque chose, c’est que son aïeul n’avait pas si tort en définitive de juger les hommes comme il l’a fait.

1339. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Si la linguistique a prouvé quelque chose, elle a prouvé qu’une pensée conceptuelle ou discursive ne peut se dérouler que par des mots.

1340. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Quand la déclamation est vide et froide, elle prouve le néant de l’âme ; mais, quand elle est pleine et chaude, elle prouve la surabondance d’idées.

1341. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Son vingt-deuxième sonnet sur le Dante prouve que son culte pour le génie égalait son culte pour la beauté, ou plutôt, comme on le voit dans son adoration pour Vittoria Colonna, que le génie et la beauté n’étaient pour lui qu’un seul culte. […] Ses lettres à son ami Giorgio Vasari, à ce déclin de ses années, prouvent qu’il vivait seul à Rome dans la seule famille de ses disciples et de ses ouvriers.

1342. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Or je pourrais sans doute accorder quelque attention à ces logogriphes, croire qu’ils méritent d’être déchiffrés, et qu’ils impliquent, chez leurs auteurs, un état d’esprit intéressant, s’il m’était seulement prouvé que ces jeunes gens sont capables d’écrire proprement une page dans la langue de tout le monde ; mais c’est ce qu’ils n’ont jamais fait. […] Ce poète ne s’est jamais demandé s’il serait compris, et jamais il n’a rien voulu prouver.

1343. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

L’anarchie, prêchée immédiatement, est un anachronisme — ce qu’on appelle crime en politique — car elle ne peut exister dans notre société égoïste ; le procédé même, nullement angélique, employé de préférence par ses prophètes les plus actifs, suffirait à prouver que son jour n’est pas arrivé. […] Cette manière de versifier, quand elle ne conduit pas à une sensualité vaine permet évidemment à l’instinct de s’épanouir en claires fleurs ; elle peut s’accorder souvent avec le talent et ils l’ont prouvé ; mais si elle favorise la naissance de mille compositions légères et charmantes, elle ne recèle pas assez de force vive pour s’ordonner en une œuvre décisive et grande.

1344. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ces attaques détournées contre les sévères conditions de l’ancien théâtre ne prouvaient qu’une chose : c’est que Voltaire cherchait des excuses pour y avoir manqué. […] C’est ce qui prouve que beaucoup de talent ne suffit pas pour la tragédie, et qu’il fallait du génie, même pour n’y tenir, comme Voltaire, que le second rang.

1345. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Si quelque chose prouve la force intime de spéculation qui est dans la nature humaine, c’est que, malgré la triste part faite jusqu’ici aux penseurs, il y ait eu des hommes capables de dévouer leur vie aux injures, à la persécution, à la pauvreté pour la recherche désintéressée du vrai. […] Mais si les demi-habiles ont le malheur de l’apercevoir, ils ont bien soin de se moquer du spectacle, pour prouver qu’ils ne sont pas dupes.

1346. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Le public, un public choisi, était accouru en masse : l’immense salle était littéralement remplie, et ce qui prouve que la musique de Wagner commence à être très appréciée à Anvers c’est que presque personne n’a quitté la salle avant le dernier accord de l’orchestre. — Cela prouve en même temps que l’exécution s’est trouvée tout à fait digne de cette musique grandiose qui ne souffre pas la médiocrité dans l’interprétation.

1347. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il s’agit de bien prouver à l’artiste que ce n’est pas un amant qui rentre, mais un importun qui se trompe. […] Cependant, ce qu’il prouve à sa manière, c’est qu’il est impossible aux amours illégitimes de vivre et de durer dans le monde habitable.

1348. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Mais quoique la classification ci-dessus proposée remplisse entièrement cette condition, ce qu’il serait superflu de prouver, il n’en faudrait pas conclure que les habitudes généralement établies aujourd’hui par expérience chez les savants rendraient inutile le travail encyclopédique que nous venons d’exécuter. […] Chaque science fondamentale a donc, sous ce rapport, des avantages qui lui sont propres ; ce qui prouve clairement la nécessité de les considérer toutes, sous peine de ne se former que des conceptions trop étroites et des habitudes insuffisantes.

1349. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Il montre partout intrépidité et intelligence : nous irons là où il prouve sa supériorité.

1350. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Dugas-Montbel (je le cite comme plus à portée de tout lecteur) commence par produire les deux scholies qui servent de base au système ; l’une des deux renferme une erreur grossière, et c’est pourtant sur ce scholiaste inepte qu’on s’appuie, en même temps qu’on trouve moyen d’infirmer le témoignage gênant de Plutarque, qui tendrait à faire remonter jusqu’à Lycurgue l’existence prouvée des poëmes homériques.

1351. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Maine, ce qui prouve que ce passage un peu glorieux de la correspondance est bien de lui.

1352. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Ils les façonnent pourtant, et les différences des peuples européens, tous sortis d’une même souche, le prouvent assez.

1353. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Que penseriez-vous d’un peuple civilisé qui jetterait ses manuscrits aux flammes, et ses médailles à la fournaise, pour prouver sa civilisation ?

1354. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Ayant démontré copieusement la conformité du langage français avec son cher grec, il n’eut pas de peine à se convaincre de la précellence de notre idiome sur le parler d’Italie, qui n’est que du latin : et comme il prouvait par exemples abondants la gravité, sonorité, richesse et souplesse du français, il était naturel qu’il tâchât d’en préserver la pureté des inutiles et plutôt dangereux apports de l’italianisme.

1355. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

« Et cependant il n’est pas prouvé, parce que cette unité demeure hypothétique ou approximative, que l’on ne puisse apporter, dans l’application de deux méthodes différentes, à deux ordres de sciences le même esprit scientifique.

1356. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Ainsi le principe de relativité a été dans ces derniers temps vaillamment défendu, mais l’énergie même de la défense prouve combien l’attaque était sérieuse.

1357. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Son portrait à trente ans prouvait qu’elle avait été belle et mérite l’apostrophe de Germain Nouveau : Femme de militaire et mère de poète, Il vous restait un bruit de bataille et de vers.

1358. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Il ne faut pas, ce semble, prendre trop au sérieux ces déclamations devenues banales contre les tendances utilitaires et réalistes de notre époque, et, si quelque chose devait prouver que ces lamentations sont peu sincères, c’est l’étrange résignation avec laquelle ceux qui les font se soumettent eux-mêmes à la fatale nécessité du siècle.

1359. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il fait dire au Vicaire savoyard, interprète fidèle de ses propres opinions : « Quand tous les philosophes du monde prouveraient que j’ai tort, si vous sentez que j’ai raison, je n’en veux pas davantage. » Sa démonstration de l’immortalité de l’âme ne repose pas sur une autre base.

1360. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Des faits décisifs prouvent que l’affection paternelle tout entière dérive de ces associations et autres semblables.

1361. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

En étudiant Dieu, l’art le prouve.

1362. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

La démocratie prouve sa solidité par les absurdités qu’on entasse sur elle sans l’ébranler.

1363. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Ulysse fait à Télémaque un long raisonnement pour lui prouver qu’il est son père : Joseph n’a pas besoin de tant de paroles avec les fils de Jacob.

1364. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Notre abbé Galiani que j’aime autant écouter quand il soutient un paradoxe que quand il prouve une vérité, pense comme Webb ; et il ajoute que Michel-Ange l’avait bien senti ; qu’il avait réprouvé les cheveux plats, les barbes à la juive, les physionomies pâles, maigres, mesquines, communes et traditionnelles des apôtres, qu’il leur avait substitué le caractère de l’antique, et qu’il avait envoyé à des religieux qui lui avaient demandé une statue de Jésus-Christ, l’Hercule Farnèse la croix à la main ; que dans d’autres morceaux, notre bon sauveur est Jupiter foudroyant ; st Jean, Ganymède ; les apôtres Bacchus, Mars, Mercure, Apollon, etc.

1365. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations Pourquoi toutes les nations sont-elles si differentes entr’elles de corsage, de stature, d’inclinations et d’esprit, quoiqu’elles descendent d’un même pere ?

1366. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Mais il suffit qu’elle existe d’une manière incontestable dans les cas importants et nombreux que nous venons de rappeler, pour prouver que le fait social est distinct de ses répercussions individuelles.

1367. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

De même dans le Jean Sévère de Victor Hugo : Un discours de cette espèce, Sortant de mon hiatus, Prouve que la langue épaisse, Ne rend pas l’esprit obtus.

1368. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Non, ils sont au-dessus de cette passion basse ; et, ce qui le prouve, c’est que presque tous travaillent à éveiller l’admiration paresseuse du public.

1369. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

L’autre observation que j’ai à faire consiste dans l’importance que j’attache à une question aussi abstraite et aussi ténue que celle dont nous sommes occupés ; car enfin il ne s’agit plus, au point où nous en sommes venus, que de prouver que si, à présent, l’union de la pensée et de la parole n’a plus cette sorte de simultanéité qui lui est attribuée par quelques personnes, elle n’a pu s’en passer pour l’établissement de toutes choses.

1370. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

… Et elles publient des livres pour le prouver ; des livres curieux de physiologie, d’histoire et de théologie, dans lesquels, toujours protestantes, elles interprètent la Bible dans le sens de leurs idées, culbutent la Genèse, démontrent que la chute d’Adam est la gloire d’Ève, à qui le serpent parla de préférence à l’homme, parce qu’elle était la plus spirituelle des deux.

1371. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

… Lui dirent-ils qu’elle se devait à elle-même de prouver au monde qu’une femme aimée de lord Byron, n’était pas simplement la rose et la pêche, préférées dans les femmes par le sensuel et insolent Rivarol ?

1372. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Or, cette palpitation fébrile de l’esprit philosophique des Chinois prouve, du moins, qu’il vivait encore, tandis qu’à présent le Rationalisme et l’indifférence ont mieux narcotisé la Chine que l’opium anglais.

1373. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

On leur prouva bientôt qu’ils ne l’étaient pas ; que cette bête de pièce de cent sous ne change pas de nature parce qu’elle s’associe avec de l’intelligence, et que les entrepreneurs de littérature sont encore au-dessous des entrepreneurs de maçonnerie… Nabuchodonosorisé par un succès dans lequel l’heure et tout le monde étaient plus que lui, Buloz devint très vite tout ce que nous l’avons vu depuis… Prote parvenu, il se crut le dictateur de la littérature française parce qu’il payait le talent, et quelquefois le génie, deux cents francs la feuille d’un texte dévorant, et, à ce prix-là, il put se venger de l’insupportable supériorité littéraire en portant ses mains d’ouvrier sur elle et en la corrigeant !

1374. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Je sais bien que les littérateurs qui ne sont que littérateurs n’en conviendront pas, ni non plus le vulgaire des hommes ; mais c’est là la raison qui le prouve, au contraire, si l’on veut avec force y penser.

1375. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Et nous l’avons dit, nulle fausse honte, nulle pudeur du dix-neuvième siècle n’a arrêté l’historien qui prouve sa science à toutes pages de son livre, mais qui sent qu’elle ne lui suffit pas !

1376. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Non seulement, comme nous l’avons dit plus haut, ce livre ne remonte pas aux causes qui produisirent la Ligue, mais, de plus, il n’éclaire pas les faits qui suivirent sa dissolution, et qui auraient mieux prouvé, que ses causes encore, combien elle était dans la vérité.

1377. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Mais sérieusement, et pour qui n’ignore pas la pente des choses, et où la logique pousse l’esprit encore plus qu’elle ne le mène, pour qui nous a prouvé que le mysticisme de Saint-Martin, comme tout mysticisme en dehors de la règle posée par l’Église, traîne l’esprit jusqu’au panthéisme, pour un homme expérimenté en ces matières, qui sait fort bien qu’il n’y a plus maintenant face à face, en philosophie, que le Catholicisme et le Panthéisme, et que toute idée se ramène forcément à l’un ou à l’autre de ces grands systèmes, sans pouvoir jamais en sortir, était-ce bien la peine de s’interrompre et de s’arrêter ?

1378. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Selon nous, à défaut d’autres marques, cela seul eût prouvé qu’ils le reconnaissaient pour un des leurs, c’est-à-dire pour un philosophe, malgré sa foi et son titre de prêtre — et ils avaient raison, du reste, car, malgré tout cela, il en est un !

1379. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

ayant assurément plus de talent de plume, si elle voulait s’en servir, que les faiseuses de livres qui mettent bas pour l’heure tant de volumes, mais se contentant d’écrire des lettres où elle a versé toute son âme, — et c’est ainsi qu’elle a prouvé une fois de plus que le génie de la femme n’est que là où elle a mis le sien.

1380. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Il prouve qu’on peut étreindre un type dans sa pensée, le porter des années peut-être dans cette cohabitation intellectuelle qui embrase la plupart des esprits, puis le laisser choir de son cerveau, organisé, vivant, sans avoir été ému une seule fois de la nature qu’on lui a donnée ou de la destinée qu’on lui a faite.

1381. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

S’il sacrifia ses sentiments et sa gloire à l’intérêt de Rome, il faut l’admirer : s’il redouta César, il faut l’excuser et le plaindre ; mais ce qui prouve que son âme n’était pas flétrie par la servitude, c’est l’éloge de Caton, qu’il composa dans le même temps.

1382. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Selon la seule expérience historique, en dehors des arguments de philosophie, il ne semble nullement prouvé que l’art, pour avoir droit à l’existence — et à l’admiration — doive subir aucune prédominance quelconque. […] Et ce qui le prouve, c’est que, plus tard, les Nouvelles Méditations, d’une valeur au moins égale, furent accueillies avec une admiration visiblement plus froide. […] Nous n’avons voulu prouver que les inconciliables divergences qui creusent un abîme entre chacun des genres, et qui empêcheront à jamais de les confondre en un seul amalgame. […] Malheureusement, il appuie une simple affirmation sur d’autres affirmations qui ne sont pas mieux établies, et il prouve sa première formule par une série d’arguments dont la preuve est encore à faire. […] Eussent-elles été inférieures même à ce que nous les estimons, rien ne s’opposait à ce qu’on les vit recueillies, mises en usage et consacrées par des poètes dont le nom seul aurait tenu lieu de garantie ; et le fait n’aurait rien prouvé.

1383. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Un autre savant, également positiviste, prouva en peu de temps à Mme Beuvron l’inanité des dogmes de notre religion, et M.  […] Effroyable cas pathologique qui prouve une fois de plus la débilité de ce pauvre cerveau humain qui, à tout instant de la vie, peut être envahi par la démence. […] Edmond de Goncourt a prouvé une fois, de plus son immense talent d’analyste que ne rebute aucun sujet. […] Élie ne crut pas utile de lui prouver le contraire. […] On les porta tous dans une maison voisine, où ils restèrent deux jours, ainsi que le prouve ce récépissé : « Reçu du concierge, M. 

1384. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Autant qu’il m’en souvient, je l’ai toujours entendu parler des Félibres sur un ton qui prouvait qu’il ne les prenait peut-être pas tout à fait au sérieux. […] Elles prouvaient que le duc de Broglie appréciait à sa valeur l’intelligence critique du poète et la libre façon dont il jugeait ses confrères. […] Elles prouvaient que le duc de Broglie appréciait à sa valeur l’intelligence critique du poète et la libre façon dont il jugeait ses confrères. […] Emile Faguet accomplissait ces rites avec une candeur qui prouvait qu’il n’avait même pas conscience que ces choses pussent être remarquées. […] Remy de Gourmont, qui était le paradoxe vivant, voulut prouver qu’on n’enseigne pas à écrire.

1385. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Et cela ne prouve rien, sinon que les passions des hommes sont toujours à peu près les mêmes, ce que l’on savait. […] Les chapitres les plus agréables sont sans doute ceux qui « prouvent l’existence de Dieu par les merveilles de la nature ». […] Voulant prouver la vérité de la religion par sa beauté, l’auteur essaye d’y montrer que le christianisme est plus favorable à la poésie et à l’art que le paganisme. […] Je crois que le Christ n’est pas appelé une seule fois Jésus. — En résumé les Martyrs, — chose non prévue par l’auteur, — nous charment dans la mesure où ils sont pénétrés de paganisme, et par conséquent dans la mesure où ils prouvent le contraire de ce qu’ils prétendaient prouver. […] Si les événements lui donnaient tort, il n’était pas embarrassé de prouver qu’il avait eu raison.

1386. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Cette circonstance prouve que vers le seizième siècle, Paris n’était plus seul en possession d’un théâtre, et que le goût des représentations dramatiques avait gagné la province. […] Puis, dans une autre scène, on trouve un monologue d’un avare à qui l’on a pris son argent, monologue dont Molière a fait grandement son profit dans le quatrième acte de sa pièce de l’Avare, ainsi qu’il est facile de le prouver. […] Ce qui prouve que si le théâtre du Cirque fût inopinément tombé au milieu de Paris au dix-septième siècle, avec ses chevaux caparaçonnés et sa brillante mise en scène, il eût fait fureur. […] Les Révérends prouvaient, par nombre d’exemples puisés aux meilleures sources, qu’il était du genre masculin. […] Une anecdote qui prouve bien la puissance du génie musical de Lully, se rattache à cette pièce.

1387. (1876) Romanciers contemporains

Cette exacte peinture de la vie telle qu’elle est en Italie, ce touchant tableau de l’amour tel qu’il est partout, prouva que M.  […] Au contraire, un romancier à digressions aurait écrit dix pages pour prouver que le regard limpide d’un enfant a souvent paralysé une main criminelle. […] A-t-il voulu prouver par là la richesse incomparable des couleurs que porte sa palette ? […] Presque toujours il l’a entrevu, ainsi que le prouvent les préfaces de ses livres. […] Claretie a voulu prouver qu’il sait aussi entasser l’extraordinaire sur l’étrange, soit.

1388. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Une argumentation suivie sur un sujet complexe ne prouvera jamais que l’habileté de l’esprit qui l’a conduite. […] Ce qui prouve bien que l’accord est le pur effet du préjugé, c’est qu’il cesse avec lui. […] — Pauvre, si je suis ta femme, si cet enfant est ton fils, prouve que tu as dit vrai. […] Le reste n’est pas prouvé, et l’aventure d’Hérode a tout l’air, notamment, d’un conte de Flavius Josèphe. […] Qu’elle ait cependant essayé de séduire Octave, cela non plus ne fait pas de doute ; et cela prouve seulement que Cléopâtre n’était pas sûre.

1389. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

— Qu’on prouve que je suis pour quelque chose dans cette paternité-là ! […] Les poètes selon la vieille formule, ceux qui avaient du talent, l’ont prouvé autrefois lorsqu’ils étaient, eux aussi, des novateurs ; l’avenir leur rendra la justice due. […] L’histoire littéraire est là pour le prouver : nous avons l’école de Marot, l’école de Ronsard, puis l’école de Malherbe, puis Corneille et Rotrou, c’est encore une école ! […] Je sais qu’on rencontre aussi, mais pas souvent, l’exemple d’un précurseur isolé comme Chénier, mais cela ne prouve rien. […] Mais, mon cher confrère, laissons bien vite ces petitesses, ces misérables questions de vente, de succès immédiat, qui ne prouvent pas tout.

1390. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Bien entendu que cette théorie du changement s’applique à l’esprit, mais non au cœur ; que le changement doit être désintéressé et non vénal ; que tout changement qui consiste à abandonner une cause vaincue parce qu’elle est vaincue est une lâcheté ; que tout changement qui consiste à s’allier à une cause victorieuse parce qu’elle est victorieuse est une abjection de caractère ; que changer par ambition, c’est une suspicion légitime de vice ; que changer par cupidité de fortune, est une vénalité du cœur qui déshonore la vérité même ; que changer d’amis quand la fortune les trahit, est une versatilité d’affection qui prouve la courtisanerie de l’âme. […] Elle est capable de se précipiter elle-même de la roche Tarpéienne, pour prouver à un gouvernement qui la défie qu’elle est indomptable et libre. Voilà son caractère, prouvé par vingt actes de fierté plus semblables à la folie qu’au civisme.

1391. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Les propos entre Lisette et Marguerite à la fontaine prouvent bien que Marguerite est une Lisette avant la chute et que Lisette serait une Marguerite après. […] Il croyait cependant en avoir une, — une âme ; ce qui prouve, du reste, qu’il n’était pas un plus grand critique sur lui que sur les autres. […] Seulement, cette étude ne serait pas complète sur cet homme qui se croyait complet si je ne disais pas un mot du savant qui était sous le littérateur, en Gœthe, et de l’homme, enfin, qui était sous le littérateur et le savant ; car l’homme fait partie du génie ou du talent qu’on a, et, je le prouverai à propos de Gœthe : les hommes qui ne sont pas plus grands que leur génie n’ont pas un génie qui soit vraiment grand.

1392. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Il prouvera ainsi qu’il y a une religion statique, naturelle à l’homme, et que la nature humaine est invariable. […] Mais viennent les machines qui accroissent le rendement de la terre et qui surtout en font circuler les produits, viennent aussi des organisations politiques et sociales qui prouvent expérimentalement que les masses ne sont pas condamnées à une vie de servitude et de misère comme à une nécessité inéluctable la délivrance devient possible dans un sens tout nouveau la poussée mystique, si elle s’exerce quelque part avec assez de force, ne s’arrêtera plus net devant des impossibilités d’agir ; elle ne sera plus refoulée sur des doctrines de renoncement ou des pratiques d’extase ; au lieu de s’absorber en elle-même, l’âme s’ouvrira toute grande à un universel amour. […] Mais rien De prouve que la souffrance ait été voulue.

1393. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Si la confusion est plus grande que jamais, les efforts qu’on fait pour en sortir prouvent qu’à l’heure présente le naturalisme est vivant, encore qu’il n’ait pas de nom bien défini. […] Quand la description s’étend, c’est pour nous figurer quelques paysages dont le type ordinaire se retrouverait dans les vers de Guillaume de Lorris ou de Charles d’Orléans et qui prouvent bien que l’imagination livrée à elle-même ne sait pas toujours égaler la variété de la nature : inventés à plaisir, ils se ressemblent pourtant : on ne manque guère d’y voir un ciel bleu, des fontaines jaillissantes, des pelouses émaillées de marguerites et des princesses qui promènent leur éternelle jeunesse à la brise toujours égale d’un éternel printemps. […] Ce qui le prouve, c’est qu’elle ne songe plus qu’à dissimuler l’élan de l’inspiration et l’unité du plan sous la surcharge des ornements ; elle brise par des dentelures les verticales dont la rectitude élevait au ciel d’un jet si hardi et si pur les tours et les colonnes. […] Ce qui le prouve mieux encore, ce qui démontre l’existence d’une foule de causes naturelles et nouvelles, qui se manifestent en même temps que la Renaissance et la Réforme, ce sont les effets très divers que produisent ces dernières en se combinant avec les climats, les races, les tempéraments et les conditions matérielles de l’existence. […] Après avoir prouvé que le corps de l’homme est une machine, on démontera aussi les ressorts de son esprit, tout ce qui produit « ses actes passionnels et intellectuels ».

1394. (1908) Après le naturalisme

Ces deux écoles ont, à leurs dépens, prouvé la fausseté du principe de l’art pour l’art par la preuve la plus formelle : par l’absurde. […] Mais cet individualisme, on veut plutôt qu’il existe qu’on n’en prouve l’existence. […] Cependant, objectera-t-on, si les mêmes lois existent éternellement et nous régissent sans discontinuité, quoi prouve que les événements, dont nous ne sommes pas les maîtres, se prêteront encore au phénomène de régénération de la Littérature. […] Mais vouloir prouver que la foi doit être préférée à la raison, n’est-ce pas implicitement reconnaître l’autorité de celle-ci et par cela même dénier à la première la valeur dont on veut la doter.

1395. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Vos paroles, vous ne l’ignorez pas, m’ont blessée profondément. » « Dame Kriemhilt répondit : « Vous pouvez me laisser passer ; car je le prouve par cet anneau d’or que je porte à mon doigt. […] Je prouve par cette ceinture, qui entoure ma taille, que je ne mens point. […] Je veux te prouver par mon serment suprême, devant tous les hommes, que jamais je n’ai rien avancé de pareil. » « Le roi du Rhin reprit : « Fais-le nous connaître de cette façon. […] » « Le roi puissant reprit : « Ma sœur avait oublié sa haine avant de quitter ce pays ; elle a pardonné, — ses affectueux baisers l’ont prouvé, — tout ce que nous avons pu faire.

1396. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est clair que le socialisme des ouvriers est l’antipode de l’esprit militaire c’est presque la négation de la patrie les doctrines de l’Internationale sont là pour le prouver. […] La guerre prouva jusqu’à l’évidence que nous n’avions plus nos anciennes facultés militaires. […] Des faits récents ont prouvé combien la France a été peu atteinte dans sa richesse. […] La machine de Napoléon eut ensuite la force ; de nos jours, la machine de M. de Moltke a prouvé son immense supériorité.

1397. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Ritter en dut la communication — la lettre sur Hochet-les d’Hacqueville, qui m’a servi plus haut à prouver, sans peine aucune, que Vinet n’avait jamais cru à la mystification. […] Je n’apprendrai donc à personne que Madame de Pontivy est un petit roman où l’auteur qui avait cessé de plaire et peut-être d’aimer lui-même, mais qui se sentait pourtant en goût de renouer des liens singulièrement distendus, prouve ou essaie de prouver par l’aventure de ladite dame de Pontivy et d’un certain M. de Murçay, qu’en pareille occurrence, une seconde édition, revue et corrigée, vaut encore mieux que la première, qui cependant avait son prix. […] Cela ne prouve point qu’il l’ait moins aimé ; cela prouve peut-être le contraire. […] Ce passage prouve le respect profond que Sainte-Beuve avait pour Vinet. […] Cette histoire doit servir de preuve à un paradoxe qu’à notre avis elle ne prouve point, c’est qu’on peut aimer une seconde fois, et mieux que la première, un objet qu’on a cessé d’aimer.

1398. (1898) La cité antique

Cela prouve que s’il faut beaucoup de temps pour que les croyances humaines se transforment, il en faut encore bien davantage pour que les pratiques extérieures et les lois se modifient. […] Que le devoir fût le même en Grèce et à Rome, aucun texte formel ne le prouve. […] Quand Démosthène veut prouver que deux hommes sont parents, il montre qu’ils pratiquent le même culte et offrent le repas funèbre au même tombeau. […] Ce vieux droit d’aînesse se prouve par ses conséquences et, pour ainsi dire, par ses œuvres. […] Le respect qu’on portait aux Vestales prouve l’importance de leur sacerdoce384.

1399. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

À peine cite-t-on quelques femmes de trente ans, parmi lesquelles peut-être aussi quelques-unes de quarante-cinq, qui auraient prouvé à l’auteur combien elles lui savaient gré de la réhabilitation qu’il avait entreprise pour elles, et dont elles avaient fort besoin depuis l’Empire. […] Sue, qui n’en avait d’aucune sorte, parce qu’il fallait prouver au public que lorsque les romanciers voulaient faire de l’histoire, ils y avaient de grands avantages. […] J’appris que cette loge des lions est composée de jeunes gens riches qui ne trouvent pas de meilleur moyen de prouver leur bon goût et leur distinction, que de jeter la porte de la loge avec bruit, ou d’en renverser les sièges au moindre de leurs mouvements. […] L’occasion de le prouver m’est venue, je l’ai saisie. […] Et puis il y a une chose qui m’a été prouvée jusqu’à l’évidence, c’est que la plus grande partie des écrivains actuels visent à se faire un avenir dans la politique ou dans le gouvernement.

1400. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Mais qu’est-ce que cela prouve ? Cela prouve la faiblesse de notre intelligence, cela ne prouve pas contre la bonté de Dieu. […] Je ne dis pas qu’il n’ait jamais de torts envers elle ; mais cela ne prouve pas du tout qu’il ait cessé de l’aimer. […] Je vous en remercie tous et je vous demande la permission de remercier surtout ceux de la galerie supérieure, les jeunes gens, ceux qui me prouvent, en étant venus ici, que la langue française a au Canada un bel et grand avenir.

1401. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Je relis vos deux lettres, elles font honneur à votre esprit ; je pense à vos procédés, ils prouvent l’âme la plus belle. […] Parini, dans ses sciolti, a prouvé qu’il les possédait toutes ; il arrive à la combinaison du poétique et du vrai, à la perfection de l’œuvre, et, pour le peindre avec ses propres couleurs, on dirait que, ses vers découlant d’une noble veine, une muse savante les ait fait passer à l’ardent foyer de l’art : ……….Da nobil vena Scendano ; e all’ acre foco Dell’ arte imponga la sottil Camena. […] Le Discours historique qui sert de préface à sa pièce le prouve assez ; je le comparerais presque, pour le ton comme pour le fond, à quelqu’une de ces piquantes lettres critiques d’Augustin Thierry sur notre propre histoire ; sans avoir la prétention d’éclairer celle du nord de l’Italie au ixe  siècle, ce Discours a pour effet d’en rendre l’obscurité visible, et démontre que ce qu’on prenait pour de la lumière n’en est pas. […] Je tirerai d’une lettre d’Hermès Visconti à Fauriel un curieux passage qui prouve l’exactitude de cette assertion ; je traduis textuellement : « (Milan, 10 août 1823.) […] Dès les premiers chants grecs modernes qu’il avait entendu réciter à ses amis Mustoxidi et Piccolos, Fauriel en avait été enthousiaste et s’était dit : « Ce sont ces chants surtout qui feront connaître et aimer la Grèce moderne, et qui prouveront que l’esprit des anciens, le souffle de la poésie, non moins que l’amour de la liberté, y vit toujours. » Mais cet enthousiasme, redoublé ici par les circonstances éclatantes du réveil d’un peuple, se puisait chez lui à d’autres sources encore, non moins profondes et toutes littéraires, sur lesquelles nous avons à insister.

1402. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

C’est par là que se prouve cette vérité expérimentale : l’identité des contraires. […] Puis la crainte qu’ils ont d’eux-mêmes, accrue par leur dédain de l’action, fait qu’ils détestent quiconque se prouve confiant en soi. […] Dès lors, elle se prouve complète. […] Tu es un poète : et l’expérience prouve que, malgré leurs contradictions, les poètes servent l’espèce en lui infusant la beauté. […] … Il me semble que la chose n’est pas nouvelle : depuis la mésaventure d’Adam et d’Ève, vous n’avez cessé de leur prouver ce mécontentement.

1403. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Dans le dialogue où je recueille cette phrase, pour une telle opinion le personnage se fait traiter d’humanitaire et d’utopiste, mais on vient à son aide, l’on prouve qu’il en est de l’intelligence comme d’un fleuve et que de trop nombreuses saignées font baisser son niveau. […] Ne jamais écrire, dédaigner cela ; mais avoir écrit, avoir prouvé un talent net dans l’exposé d’idées nouvelles, et tout d’un coup se taire ? […] Fénéon se prouvait, il y a plus de dix ans, non seulement juge hardi de la peinture nouvelle, mais excellent écrivain. […] Mauclair, qui sont déjà très variés et prouvent une fécondité exceptionnelle. […] Il était « de lettres », comme on était jadis « de robe » ou « d’épée » ; il l’était tout entier, simplement, fièrement, ― mais jusqu’à la souffrance et jusqu’à la manie, comme le prouve cette entreprise de monographies japonaises, qui, œuvre de tout autre, eût paru inutile et même absurde.

1404. (1864) Études sur Shakespeare

L’événement qui détermina Shakespeare à quitter Stratford, et donna à l’Angleterre le premier de ses poètes, prouve que l’état de père de famille n’avait pas changé grand’chose à l’irrégularité des habitudes du jeune homme. […] Ces vieux récits et tant d’autres, quelque douteux qu’on les suppose, prouvent du moins combien étaient présents à l’imagination des peuples l’art et la profession du ménestrel. […] Le jugement général et constant qui a placé Roméo et Juliette, Hamlet, le Roi Lear, Macbeth et Othello à la tête de ses ouvrages, suffirait pour le prouver. […] Un coup d’œil jeté sur les affaires du poëte prouve aussi qu’il commençait à porter, dans les détails de son existence, cette régularité, cet ordre nécessaire à la considération. […] Le don d’un écusson accordé, ou plutôt confirmé à son père en 1599, prouve en effet l’intention d’honorer sa famille.

1405. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Il se trompe (l’événement l’a prouvé) lorsqu’il semble l’imputer à la race même, et, partant, la considérer comme irrémédiable. […] Il écrit avec infiniment de recherche parfois et ses descriptions prouvent moins de puissance que de sensibilité souple et de déférente émotion. […] Je pense que ces simples dates suffiront à prouver tout ce qu’il faut prouver. […] ne croyez pas l’auteur de Le Bonheur Mesdames, de La Bonne Intention, de Chérubin, complètement inapte à émouvoir… Il prouve dans Le feu du voisin une jolie sensibilité, et, plus récemment, Le Cœur dispose semble marquer une évolution vers un genre peut-être moins superficiel. […] Il n’est pas inutile de rappeler, pour prouver la fatalité de cette influence, que les « Jeunes Belges » dans leur Manifeste, en 1881, avaient annoncé l’intention de créer une littérature nationaliste, qui ne demandât rien aux littératures étrangères.

1406. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Dans les quatre Dialogues des morts qu’il a écrits, il en est un entre Périclès et Mazarin, où il leur fait dire des choses très à remarquer sur celui-ci, très neuves alors, et qui prouveraient beaucoup de sagacité historique si l’esprit de famille n’avait en ceci aidé à l’impartialité. […] Il est prouvé par l’expérience que ces gens-ci ne font rien par reconnaissance et par inclination, et il est même peut-être vrai de dire qu’ils ne le doivent pas ; car, leur intérêt étant de faire le moins qu’ils peuvent, puisqu’ils ne font rien qu’à leur détriment, leur système doit être de ne faire jamais que le plus pressé : or, ce qui presse le plus, c’est la crainte ; et en effet, c’est là le vrai mobile de tous les ressorts de cette cour-ci : or la hauteur, quand elle n’est pas trop excessive, inspire une espèce de crainte, au lieu que trop de politesse et d’égards courent risque d’être pris ici pour de la timidité et de la faiblesse.

1407. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Qu’on se figure ce que c’est qu’un talent, une supériorité comme celle de Bernardin de Saint-Pierre, qu’on porte pendant plus de quarante ans sans pouvoir se la prouver ou à soi-même ou aux autres. […] Le premier président de Lamoignon ne faisait sans doute que rire, quand, à force d’être pompéien, il applaudissait, dans son beau jardin de Bâville, Guy Patin s’écriant : « Si j’eusse été au sénat quand on y tua Jules César, je lui aurais donné le vingt-quatrième coup de poignard. » Mais M. de Malesherbes (ce qui était plus sérieux) disait à propos de ses anciennes liaisons rompues avec les philosophes : « Si je tenais en mon pouvoir M. de Condorcet, je ne me ferais aucun scrupule de l’assassiner. » Mauvaises manières de dire en ces nobles bouches, qui prouvent la part de l’infirmité humaine et du vieux levain toujours aisé à soulever ; pas autre chose.

1408. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il a été prouvé que l’allégation portée contre je ne sais quel médecin de la Salpêtrière, qui aurait souri ou plaisanté d’une pauvre femme ayant au cou une médaille bénite, n’avait aucune consistance et s’évanouissait à l’examen. […] ) — Ce que Napoléon disait là du bienfait de l’incrédulité chez un chef d’Etat dans une monarchie absolue, Frédéric le Grand l’a encore mieux prouvé.

1409. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Au milieu d’eux le secrétaire d’ambassade de Naples, Galiani, un joli nain de génie, sorte de « Platon ou de Machiavel avec la verve et les gestes d’arlequin », inépuisable en contes, admirable bouffon, parfait sceptique, « ne croyant à rien, en rien, sur rien497 », pas même à la philosophie nouvelle, défie les athées du salon, rabat leurs dithyrambes par des calembours, et, sa perruque à la main, les deux jambes croisées sur le fauteuil où il perche, leur prouve par un apologue comique qu’ils « raisonnent ou résonnent, sinon comme des cruches, du moins comme des cloches », en tout cas presque aussi mal que des théologiens. « C’était, dit un assistant, la plus piquante chose du monde ; cela valait le meilleur des spectacles et le meilleur des amusements. » Le moyen, pour des nobles qui passent leur vie à causer, de ne pas rechercher des gens qui causent si bien ! […] Cela fait frémir… » Déjà, dans le monde, le rôle d’un ecclésiastique est difficile ; il semble qu’il y soit un pantin ou un plastron506. « Dès que nous y paraissons, dit l’un d’eux, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu, la nécessité du jeûne à un homme qui a nié toute sa vie l’immortalité de l’âme ; l’entreprise est laborieuse, et les rieurs ne sont pas pour nous. » — Bientôt le scandale prolongé des billets de confession et l’obstination des évêques à ne point souffrir qu’on taxe les biens ecclésiastiques soulèvent l’opinion contre le clergé et, par suite, contre la religion. « Il est à craindre, dit Barbier en 1751, que cela ne finisse sérieusement ; on pourrait voir un jour dans ce pays-ci une révolution pour embrasser la religion protestante507. » — « La haine contre les prêtres, écrit d’Argenson en 1753, va au dernier excès.

1410. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

dit-il simplement, et comment cela prouve-t-il que 93 ne fut pas inexorable ?  […] Sa lumière luit d’elle-même ; se montrer, c’est se prouver ; ôtons-lui son voile et cachons-nous !

1411. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

V Les poëtes de la cour commençaient de célébrer dans leurs vers les merveilles de sa figure et les trésors de son esprit : En votre esprit le ciel s’est surmonté ; Nature et art ont en votre beauté Mis tout le beau dont la beauté s’assemble, écrit du Bellay, le Pétrarque du temps ; Ronsard, qui en était le Virgile, trouve, toutes les fois qu’il en parle, des images, des suavités et des finesses d’accent qui prouvent que la louange venait de l’amour et que son cœur séduisait son génie. […] « Diane. » Cette lettre, cette pitié, et cette magnifique expression trouvée : « on diroit que les précipices sont en haut », prouvent que le sortilége de Diane était dans son génie et dans son cœur autant que dans sa fabuleuse beauté.

1412. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Les poésies de Marie Stuart adressées à cette époque à Bothwell, prouvent sa jalousie contre cette femme répudiée, mais encore aimée : .......... […] On a voulu nier sa participation directe et personnelle au meurtre de son jeune époux ; rien, excepté des lettres suspectes, ne prouve en effet qu’elle ait accompli ou permis personnellement le forfait ; mais qu’elle ait attiré la victime dans le piége, qu’elle ait donné à Bothwell le droit et l’espérance de succéder au mort sur le trône et dans son cœur ; qu’elle ait été le but, le moyen et le prix avéré du crime ; enfin, qu’elle l’ait absous en unissant sa main à la main du meurtrier, aucun doute sur tout cela n’est possible.

1413. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il est certain que les Provinciales sont très fortes, et les défenses des jésuites très faibles : la meilleure, celle du Père Daniel, parut en 1694, et prouve par sa date que, près de quarante ans après l’attaque, ceux qui en étaient l’objet n’estimaient pas l’avoir encore repoussée. […] Pascal étudiera la Bible, fera valoir que seuls les Juifs ont conçu Dieu dignement, établira la vérité des livres saints et du livre de Moïse en particulier, la vérité des miracles de l’Ancien Testament, prouvera la mission de Jésus-Christ par les figures de la Bible et par les prophéties, puis par la personne même, les miracles, les doctrines, la vie du Rédempteur ; enfin il montrera dans la vie et les miracles des Apôtres, dans la composition et le style des Évangiles, dans l’histoire des saints et des martyrs, et dans tout le détail de l’établissement du christianisme, les marques évidentes de la divinité de notre religion.

1414. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ce qui prouve à quel point l’art dramatique avait besoin de l’antiquité païenne, c’est l’oubli profond où sont tombés les ouvrages composés depuis lors par quelques superstitieux de l’ancienne mode, derniers représentants de ce qu’ils appelaient le théâtre national. […] Ces erreurs de jugement, dans un si grand homme, prouvent à quel point le poète dramatique est dépendant du tour d’esprit et des mœurs de son temps.

1415. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

On n’y prouvait pas la divinité de Jésus-Christ par Mahomet ou par la bataille de Marengo. […] Nous prouvons sans peine qu’il n’arrive pas de miracles au xixe  siècle, et que les récits d’événements miraculeux donnés comme ayant eu lieu de nos jours reposent sur l’imposture ou la crédulité.

1416. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il ne croyait pas dire aussi vrai quand il avouait « avoir oublié toute théorie en composant Tristan et Iseult et n’avoir senti que ce jour-là combien son essor créateur brisait les barrières de son système écrit. » Il faut le bien préciser : cette discussion est purement musicale et ne tend à prouver autre chose, sinon que, pour rendre l’amour en musique, il convient de s’en tenir aux « lieux communs de morale lubrique « dont parle Boileau. […] Chaque époque, en effet, redit à sa manière le thème éternel de l’amour, et les lettres d’Héloïse et d’Abélard prouvent que ce docteur en robe et ce docteur en jupons entretenaient leur flamme en s’argumentant sur le réel et le nominal, etc. ; c’est ce qu’a excellemment rendu à M. de Rémusat dans son beau drame d’Abélard, où revit l’âme entière du XIIe siècle.

1417. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il a beau montrer ses cornes, on lui soutient que ce sont des oreilles, on les lui tire pour le lui prouver. […] Il est vrai qu’elle ne veut pas de la mesquine vengeance que lui préparait son père, et, pour le prouver, elle arrache de ses mains la lettre de sa rivale et la déchire.

1418. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Les kantiens et platoniciens invoquent aujourd’hui en leur faveur la théorie de Helmholtz sur les sens et sur la perception : Helmholtz aurait prouvé, selon eux, que la perception de l’objet et de sa forme est l’œuvre d’une activité originale de l’esprit contenant des éléments supra-sensibles : par exemple, en éprouvant une sensation particulière de la rétine avec deux angles aigus et deux angles obtus, je perçois une table carrée, que cependant je ne sens pas carrée. — Sans doute, mais qu’est-ce que cette forme de carré ? […] Une différence ne peut jamais se représenter par quelque chose d’analogue aux choses mêmes qui diffèrent95. » — Assurément, mais vous ne prouvez point par là que la différence ne se manifeste pas d’une manière sensible à la conscience et ne s’y traduise pas par un « sentiment » particulier, au sens anglais du mot feeling ; et ce sentiment aura ceci d’analogue avec les autres qu’il est une affection, une impression subie par la conscience, non un acte tout intellectuel.

1419. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Elle s’en attribue tacitement la forme avec le fond, s’étonne d’avoir tant d’esprit, et sait un gré infini aux écrivains qui le lui prouvent. […] L’auteur de Profils et grimaces s’efforce de prouver que M. 

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Voilà une indisposition à la Despréaux, qui lui fait honneur, et qui prouve sinon la force de ses nerfs, du moins la santé de son esprit.

1421. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Au reste, cet écrit même doit prouver ce que je dis de mon esprit, de mon cœur et de mon caractère.

1422. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet a pu, dans certains de ses discours et sermons, multiplier les retouches et les ratures : qu’est-ce que cela prouve ?

1423. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play, « à indiquer la tendance naturelle des populations ouvrières, et à prouver qu’elles savent préférer, même à des nouveautés séduisantes, une existence rude, mais fondée en toute sécurité sur le patronage et sur un bon régime de subventions. » Ces problèmes moraux occupèrent bientôt M. 

1424. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

crois un peu ; « Tu mords l’inconnu, je le couve ; « Je suis immortel, je sens Dieu. » L’intelligence lui dit : « Prouve. » C’est sincère.

1425. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Mais voilà qu’aujourd’hui on se charge de prouver contre lui, contre nous, qu’il n’y a que trop de Barbares en effet, même quand ce sont les habiles qui y tiennent la main.

1426. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Pour qui embrasse la vie totale de l’humanité, « ces deux moitiés » ne se conçoivent absolument pas l’une sans l’autre ; elles sont diverses, non inégales ; et, s’il nous était prouvé qu’il en est autrement, M. 

1427. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il est prouvé que l’amour-propre suffit souvent pour inspirer un héroïsme apparent, quand la publicité vient s’y joindre.

1428. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

L’appel à l’art social prouve que l’art est et reste en grande partie individualiste et qu’il contient, quoi qu’on fasse, un ferment d’indiscipline sociale et d’indépendance individuelle.

1429. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Non ; le nom que lui donnent les mathématiciens suffirait pour le prouver.

1430. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le chapitre XXI du quatrième évangile est une addition, comme le prouve la clausule finale de la rédaction primitive, qui est au verset 31 du chapitre XX.

1431. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Néanmoins, il est de tradition évangélique primitive, comme le prouvent les particularités singulières des versets 6, 8, qui ne sont pas dans le goût de Luc et des compilateurs de seconde main, lesquels ne mettent rien qui ne s’explique de soi-même.

1432. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

En 1706, madame de Maintenon écrivait à son frère, lettre CXVI de l’édition de Nancy : « Je n’ai pu voir sans plaisir une généalogie de 400 ans très bien prouvée par des contrats de mariage.

1433. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Mais cela prouverait qu’elle connaissait l’intérêt que le roi portait à madame Scarron et son désir de lavoir pour gouvernante de ses enfants, ne prévoyant pas sans doute qu’un jour cet intérêt irait fort au-delà de l’estime et de la bienveillance.

1434. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Ajouterai-je que, jusque dans le portrait de sa sœur, cette plume malicieuse ne s’épargne pas une insinuation sur des beautés cachées, qui prouve qu’au besoin son indiscrétion ne respecte rien ?

1435. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est un honnête homme avéré, prouvé et constaté, chose rare et vénérable en ce temps-ci.

1436. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Voulant prouver combien la poësie est innocente de tout ce dont on l’accuse, il appuya son sentiment de quelques couplets affreux contre Bossuet & Fénélon, qui avoient condamné le théâtre.

1437. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Enfin les changements qui ont lieu dans nos sentiments et nos affections sous l’influence des maladies, prouvent bien aussi qu’il y a là quelque chose d’organique.

1438. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Aux observations de l’herboriste, il joint plusieurs remarques qui prouvent une grande connoissance de l’histoire ancienne & moderne & une vaste érudition.

1439. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il est donc prouvé qu’il faut lire l’historien littéraire avant l’auteur à qui vous voulez vous attacher.

1440. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Ses lettres prouvent par ce qu’elles contiennent que l’audacieux et impassible historien des Cenci, que le défenseur presque monstrueux d’Antinoüs, dont l’audace ressemblait à une provocation perpétuelle, ne gasconnait pas dans ses thèses inouïes et qu’il pensait les propositions.

1441. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Mais quand un autre se substitue à elle dans l’expression de souvenirs personnels, et qui n’ont d’autre valeur peut-être que parce qu’ils sont personnels, cet autre — fût-ce une femme, plus flexible qu’un homme pour cette interprétation si délicate et si difficile, — devrait prouver qu’il peut aborder une difficulté si grande en montrant qu’il a profondément compris la personne dont il prend la place, et il doit au moins la peindre ressemblante pour avoir le droit de la remplacer.

1442. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Ses lettres prouvent, par ce qu’elles contiennent, que l’audacieux et impassible historien des Cinci, que le défenseur presque monstrueux d’Antinoüs, dont l’audace ressemblait à une provocation perpétuelle, ne gasconnait pas dans ses thèses inouïes, et qu’il en pensait les propositions.

1443. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Eh bien, pour moi, je le dis hautement, — et je vais le prouver !

1444. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Toute apparence doit être réputée réalité tant qu’elle n’a pas été démontrée illusoire, et cette démonstration n’a jamais été faite pour le cas actuel : on a cru la faire, mais c’était une illusion ; nous pensons l’avoir prouvé 15.

1445. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ni cette bienfaisance, ni la grande dépense qu’elle fit pour Jean-Jacques, ne prouvent du reste qu’il ait été bien important pour Mme de Warens. […] Dans ces rapports, la roideur, non moins que l’abaissement, prouve qu’on n’est pas sûr de ne devoir point se mépriser soi-même. […] Si Rousseau, après avoir trop algébriquement défini la volonté générale, en prouvait l’existence en la montrant à l’œuvre ? […] « La grande âme du législateur est le vrai miracle qui doit prouver sa mission44. […] Mais qu’est-ce que cela prouve avant tout et après tout ?

1446. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Bourget sont pour le roman qui prouve, pour la peinture de la vie qui amène à porter un jugement sur la vie. […] Son but n’est pas de prouver telle ou telle théorie. […] Il ne faut pas dire que l’œuvre d’art ne prouve rien. […] Le géomètre qui demandait d’Athalie : Qu’est-ce que cela prouve ? […] Benoit ne « prouvent » à peu près rien, tandis que Le Maître du navire est écrit pour prouver, ou démontrer, ou montrer une certaine idée de l’homme et du monde.

1447. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

C’est une suite de tableaux dont chacun prouve un point de la thèse. […] Hervieu ne veut que prouver. […] L’auteur a la prétention de prouver pour tous les cas, et ne prouve tout au plus que pour le « cas particulier qu’il a pu choisir et conditionner à sa guise. — Toutefois ce cas particulier, bien défini, peut avoir son intérêt. […] Qu’est-ce qu’il prouve ? […] » Car il arrive que les chacals dévorent le lion, et cela ne prouve rien d’intéressant.

1448. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Elle suffirait à prouver que l’auteur des Poèmes barbares est plus poète que philosophe, qu’il est poète d’instinct, de nature, poète avec plénitude, et que tout son être est poète. […] Je n’aurais pas grand’peine à prouver que parfois M.  […] Gilbert-Augustin Thierry le croit, il ne le prouve pas. […] Le seul exposé des relations qui ont existé entre moi et la 5e compagnie du 1er bataillon, pendant ces trois jours prouvera l’atrocité d’une calomnie dont le but paraît être de me faire passer devant un conseil de guerre sous le poids d’une odieuse prévention. […] « J’ai voulu prouver au roi, par cette soumission, dit-elle, que je ne désire que ce qui peut lui être agréable et utile.

1449. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Rien ne le prouve et, sans que M.  […] Elle y a échoué ; mais en comédienne qui prouve qu’on peut lui confier sans crainte quelque rôle que ce soit ; et si c’est cette démonstration qu’elle voulait faire, elle a eu pleinement raison de réclamer ce rôle redoutable. […] Tous ses actes ne le prouvent-ils pas ? […] Capus l’affirmant, moi le niant — de prouver qu’il y a une forte action dramatique dans le Misanthrope. […] D’ailleurs, — ce qui ne prouverait rien pour l’espèce, mais ce qu’on peut signaler après avoir examiné l’espèce avec soin — Molière, à l’ordinaire, ne fait pas l’évolution de caractère.

1450. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Le soin que nous mettons à nous divertir de cette inquiétude prouve assez qu’elle nous obsède. […] Ils déclarent, en l’exposant au monde, que c’est une sottise, stultitiam ; et puis, vous vous plaignez qu’ils ne la prouvent pas ? S’ils la prouvaient, ils ne tiendraient pas parole : c’est en manquant de preuves qu’ils ne manquent pas de sens !  […] L’historien de Napoléon le dit, le prouve et il le montre avec une prodigieuse abondance d’arguments, avec une merveilleuse délicatesse d’analyse. […] Il le semblerait, du moins, si l’on n’apercevait en lui une passion : c’est la passion de raconter, avec aisance, avec goût et avec une ravissante gaieté de travail ; et une autre passion qui, cette fois, le sépare de Flaubert : c’est la passion de prouver sa thèse, de prouver que les institutrices sont dangereuses.

1451. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Pour ses éloges, il ne les gâta point par cet excès qui prouve que, dans nos admirations, c’est notre propre goût que nous admirons. […] Alors Boileau de triompher, et de prouver victorieusement à La Fontaine que les aparté sont dans la nature, puisqu’il vient d’être injurié à haute voix et presque à la face, sans qu’il ait rien entendu. […] Deux sujets peu dignes de lui, et qui prouvent que les vraies sources de l’inspiration étaient taries et que son rôle était fini. […] La lourde et interminable dissertation de Chapelain a pour objet de lui prouver que l’Adone est conforme aux règles d’Aristote, et de le raffermir dans son admiration.

1452. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Il est obligé de sortir ; et elle écoute tranquillement les plaintes de son amant qui lui reproche ce qu’elle vient de faire pour lui prouver à quel point elle l’aime. […] Seigneur, je sais trop bien avec quelle constance Vous allez de la mort affronter la présence, Je sais que votre cœur se fait quelques plaisirs De me prouver sa foi dans ses derniers soupirs ; Mais, hélas ! […] Si ces beautés sont moins touchantes, elles sont aussi d’un genre plus difficile et plus délicat, et prouvent que l’amour conjugal fera toujours grand plaisir au théâtre, quand la situation sera vive et qu’elle sera traitée avec adresse. […] Un avare, par exemple, ne fait ses preuves d’avarice que de loin en loin ; les traits qui prouvent, sont noyés, perdus dans une infinité d’autres traits qui portent un autre caractère ; ce qui leur ôte presque toute leur force.

1453. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Jacquemont passa la nuit dans ces rêveries et dans cette extase ; puis, le matin, il s’endormit, « sans crainte, écrivit-il, d’être réveillé par de nouveaux coups de fusil » ; réflexion jetée négligemment dans son récit, et pourtant profonde ; car elle prouve que, du fond de l’Indoustan, son bon sens avait jugé de la puissance irrésistible et de l’avenir pacifique de notre révolution. […] Mais il m’en donnait ensuite de si bonnes raisons, il me prouvait si bien que sa considération comme Français, que sa vie même était intéressée à ce manège, que j’aurais été désolé de le trouver plus modeste. […] Il prouve par de longs calculs de statistique qu’il ne peut pas mourir : « Il me semble qu’il faut être un peu sot pour se laisser mourir a trente ans, et j’ai la vanité de croire que je ne ferai jamais une telle sottise d’ici à très longtemps… Permets-moi de te dire, écrit-il ailleurs, que tu n’as pas assez de confiance en moi, ma bonne amie ; ouvre l’Annuaire du bureau des longitudes, où tu verras dans les tables de mortalité que les chances funestes a notre âge sont presque nulles. […] Aujourd’hui, l’auteur se défend d’avoir eu cette intention ; et vraiment nous le croyons, car il semble avoir composé le Secrétaire intime tout exprès pour prouver l’excellence d’un mariage bien assorti ; le tout est donc de s’entendre.

1454. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

n’est, disait-il, rien moins que prouvée. […] Duclos s’évertuait à prouver par des histoires de plus en plus scabreuses que les femmes malhonnêtes s’effrayent seules des licences de la conversation. […] Il est prouvé aujourd’hui que la langue française peut tout peindre, et nos poètes ont entre les mains un instrument d’une puissance qu’on n’avait jamais soupçonnée. […] Ils n’ont réussi, en général, à bien prouver qu’une chose, c’est qu’ils n’avaient pas parfaitement compris le livre des Maximes. […] Quelle chose que de vivre dans un siècle où tout est usé, flétri, discuté, nié, prouvé !

1455. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il n’y en a pas une au sortir de laquelle un utilitaire puisse répéter le « Qu’est-ce que cela prouve ?  […] … » Mais que la prostituée, ou insolente, ou rusée, traite les hommes en adversaires qu’il s’agit de garrotter et de rançonner, cœurs et biens, cela prouve seulement qu’il y avait un marché au fond de cet amour. […] Qu’est-ce que cela prouve pour le cas contraire, où le désintéressement est si absolu que l’idée d’un calcul ne saurait entrer dans l’esprit des deux amants, même pour en être repoussée ? […] Cette réserve prouve simplement qu’une telle confession ne lui a pas été un irrésistible besoin. […] Les conversations rapportées par Edmond de Goncourt dans son Journal nous prouvent que cette délicatesse ne se bornait pas à ses livres.

1456. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Rappelez-vous l’incrédulité de l’hôtelier lorsqu’on veut lui prouver que ces récits sont faux. […] Il ne nous est pas prouvé en effet qu’il n’ait pas suivi un autre plan que celui qu’il s’était tracé, et que sa conception ne se soit pas métamorphosée progressivement. Il ne nous est pas prouvé qu’il n’ait pas voulu d’abord faire punir le téméraire Wilhelm Meister par la nature, au lieu de le faire instruire, corriger et ennoblir par elle. […] Pour Dante, le fait n’a pas besoin d’être prouvé ; on n’a presque qu’à couper au hasard dans la Divine Comédie ; ses tercets sont des prières toutes formées. […] Ce jour vint, et la vengeance de la Providence s’étendit sur lui comme pour prouver qu’elle se chargeait de châtier d’autres insolences que celles des Nabuchodonosor et des Antiochus.

1457. (1924) Critiques et romanciers

Alors, il s’amuse à penser qu’il aurait pu lui tenir tête, lui prouver qu’elle n’aimait pas tant M.  […] Les diagnostics d’un romancier tel que Balzac prouvent, avec le temps, leur justesse. […] Il leur demande d’ajouter aux idées vraies, et qui ont prouvé leur valeur en étant bienfaisantes, « la crédibilité » qui les rendra persuasives. […] Le Petit glossaire profanait le mystère de maints poèmes récents, prouvait que beaucoup de mots cités par les « folliculaires » comme bizarres et incompréhensibles sont déjà dans le Larousse, entendait le prouver « à la honte des folliculaires qui s’ébahirent à leur aspect », et, en définitive, montra, sans le vouloir montrer, que les Symbolistes et Décadents écrivaient un affreux jargon. […] Les membres de la Centurie auraient prouvé leur « mérite social », qu’une œuvre ou un acte de génie attesterait.

1458. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Cela prouve qu’il y a une grande distance entre la réalité et l’enregistrement de la réalité.) dans une petite maison de vigneron de la Barrière-Saint-Marc et de Fleury-aux-Choux, de Saint-Jean-de-Braye et de Combleux, de Chécy, de Vennecy, de Bou, de Mardié. […] Ce qui prouve qu’il n’avait pas un secrétaire. […] Ce qui prouve, Halévy, qu’il faut toujours être bien avec les jeunes gens. […] — Ce qui prouve qu’un vers est toujours plus grand que plusieurs vers. […] Phénomène singulier, et qui prouve que la barbarie toujours veille.

1459. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ce n’est pas certes qu’il ne les eût vus, et tant de passages qu’on pourrait extraire de son œuvre suffisent à le prouver [Cf. notamment le Sermon sur la divinité de la religion, 1665 ; le Discours sur l’histoire universelle, IIe partie, 1681 ; et l’Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, 1685]. […] On leur répond assez spirituellement qu’eux-mêmes prouvent par leurs ouvrages cette supériorité qu’ils s’irritent qu’on accorde aux modernes. « Combien, s’écrie Perrault, le public n’a-t-il pas préféré aux Caractères du divin Théophraste les réflexions du Moderne qui nous en a donné la traduction !  […] On n’en attend plus l’auteur à débrouiller une intrigue, ou à prouver une « thèse », mais à bien attraper ses modèles ; ce qui le conduit lui-même à faire de l’actualité la maîtresse du choix de ses sujets, comme de la manière dont il les traite. […] Il eût moins bien conté quelque vingt ans auparavant ; et ce qui tendrait à le prouver, c’est de voir comme autour et au-dessous de lui les conteurs deviennent de jour en jour plus nombreux, depuis l’auteur des Mémoires de Rochefort et de d’Artagnan, que nous avons déjà nommé, jusqu’à l’auteur de Fleur d’épine et des Quatre Facardins. […] Sainte-Beuve, dans son Port-Royal, et Renan, introduction à l’Histoire de l’Ancien Testament de Kuenen] de n’avoir pas deviné Voltaire. — Comment, au contraire, une partie de son œuvre est dirigée contre « les libertins » ; — comment une autre a pour objet d’empêcher qu’on augmente les difficultés de croire ; — et comment une autre enfin prouve qu’il a compris que le premier danger que courût sa religion était dans la division des chrétiens [Cf. 

1460. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Quand ses livres ne seraient pas là pour le prouver, cela ressortirait assez de son témoignage. […] Dompter par un effort de dialectique les révoltes de sa sensibilité, c’est prouver qu’on est un bon dialecticien, mais aussi qu’on a une sensibilité peu exigeante. […] « N’avancez rien, disait-il, qui ne puisse être prouvé d’une façon simple et décisive. […] C’est ce que prouve le cas de tant de lecteurs qui ne cessent pas d’être de l’opinion de leur journal, encore que leur journal en change assez souvent. […] L’amour se prouve par sa criminalité.

1461. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

jusqu’à la fin des siècles, cela prouverait grand’chose, n’est-ce pas ? […] Et puisque l’homme n’a pas de moyens pour être heureux, puisque peut-être en ce moment, sur toute la terre, il n’y a pas un seul homme heureux, ayant les moyens de rester toujours heureux, cela prouve que Dieu ne le veut pas. […] Et pour te prouver ma satisfaction, tiens, voici un goulden, dont tu feras ce que tu voudras.

1462. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Si, d’autre part, l’image tactile était absolument anéantie, la même quantité de conscience s’appliquant dans un temps donné aux voyelles et aux consonnes, les premières ne sauraient être plus profondément enracinées dans les mémoires que les secondes, et la linguistique trouverait aux unes et aux autres la même fixité dans l’évolution des langues ; or il est constant que, dans le cours des siècles, les voyelles subissent en général plus de changements que les consonnes ; ce phénomène nous invite à accorder à l’image tactile une intensité minimum toujours positive, toujours supérieure à zéro ; mais la lenteur de l’évolution des voyelles, et la réalité d’une évolution parallèle, bien que plus lente encore, des consonnes, prouvent que l’élément tactile de la parole intérieure est bien loin d’avoir l’importance qui lui est attribuée par l’école du toucher. […] Ce ne sont là que des images ; il est possible, nous le croyons du moins, et nous espérons le prouver tout à l’heure, d’expliquer sans mythologie pourquoi l’âme se refuse les états étendus et non les autres, pourquoi elle associe si fortement les deux idées de moi et de pure succession. […] La parole intérieure n’est l’objet d’aucun de ces deux jugements, parce qu’elle ne se présente pas avec les caractères intrinsèques ou les associations qui les motivent156 : 1° Aucune étendue, aucune position ne fait partie de son essence, et elle n’est associée ni à des sensations locales par elles-mêmes, ni à des images de telles sensations : nous avons prouvé [§ 6] que, la plupart du temps l’image du tactum buccal ne l’accompagne pas. — Sans doute nous avons reconnu [§ 6] que la parole intérieure est localisée d’une façon vague et indéterminée dans la tête, avec l’ensemble des autres états que le moi ne se refuse pas, et au même titre qu’eux ; et nous avons ajouté que son association avec les tacta buccaux, quelque évanouis que ceux-ci soient d’ordinaire, est peut-être la raison secrète de la localisation générale de cette série des états intérieurs dont elle est un élément perpétuel et important.

1463. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Tel a été son entortillage, que ce point a paru problématique à quelques personnes ; mais ce doute seul déciderait la question, et prouverait que M. […] Il avait surtout prouvé ce peu d’aptitude à chanter, comme dit Anacréon, Cadmus et les Atrides, par un certain dithyrambe sur le vaisseau le Vengeur (Almanach des Muses, année 1795) ; ce dithyrambe est certainement la chose la plus platement prosaïque qui se puisse imaginer.

1464. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Une académie avait été fondée à Bordeaux ; on ne s’y occupait que de musique et de littérature ; Montesquieu y était naturellement entré ; mais, quoiqu’il fût sensible à tous les agréments de l’esprit et des arts, et qu’il dût le prouver plus tard avec éclat par la publication des Lettres persanes, il ne jugea pas l’académie de Bordeaux assez sérieuse, et secondé par le duc de la Force, il la transforma peu à peu en une sorte d’académie des sciences. […] On n’a pas beaucoup de détails sur son séjour en Angleterre ; mais il s’est plu lui-même à rapporter une réponse qu’il fit à la reine d’Angleterre, et qui prouve qu’il savait, au besoin, être bon courtisan. « Je dînais chez le duc de Richemond, le gentilhomme ordinaire de La Boine, qui étant un fat quoique envoyé de France en Angleterre, soutint que l’Angleterre n’était pas plus grande que la Guyenne.

1465. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

La résistance modeste de la petite société à devenir une académie ; le soin de se réduire à la fonction de nettoyer la langue des défauts qui la gâtaient ; l’adoption du titre d’Académie française comme le plus propre à cette fonction ; une modération qu’inquiète, sans la corrompre, l’impatience du cardinal fondateur ; tout cela prouve qu’il y avait, au fond de cette institution, une vérité supérieure et générale qui dominait les volontés particulières. […] Corneille, en répondant aux observations sur le Cid par Cinna, Horace, Polyeucte, prouva qu’il ne les avait point dédaignées.

1466. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Rien ne prouve qu’il y en ait dans la plupart des cas, ni qu’elle y soit essentielle, ni qu’elle y tienne place de cause, car d’une part l’obéissance peut simuler l’affection, et d’autre part il est possible aussi qu’elle la produise, dans le cas où les facteurs personnels et égoïstes sont, comme chez l’hypnotisé, annulés ou du moins amoindris, et réduits à l’impuissance. […] Mais si on veut rattacher les obligations qu’on lui impose à quelque être supérieur, dieu ou société, qui l’a créé pour le servir, alors il faut dire que si l’homme ne remplit pas spontanément son office, c’est qu’il y est mal adapté, et que s’il y est mal adapté il est mauvais sans doute, mais que cela prouve surtout que celui qui l’a créé n’a pas été bon ouvrier.

1467. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

On pourrait faire des observations analogues sur la morale et le culte et prouver que la morale n’est guère aux yeux des Chinois que l’observation d’un cérémonial établi et le culte que le respect des ancêtres. […] Je voudrais bien savoir comment les critiques absolus feraient pour prouver que ce poème est en effet supérieur à l’Iliade, ou pour mieux dire que l’Iliade vaut un monde, tandis que l’œuvre du moderne est destinée à aller moisir sur les rayons des bibliothèques, après avoir un instant amusé les curieux.

1468. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Je n’efface rien de ce que j’ai dit ; mais, depuis que je vois l’espèce de rage avec laquelle des écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n’a été que honte, folie, et qu’elle constitue un fait sans importance dans l’histoire du monde, je commence à croire que c’est peut-être ce que nous avons fait de mieux, puisqu’on en est si jaloux. […] Thiers l’a très bien prouvé, a sauvé la France : maintenant il la perdrait.

1469. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

René, par exemple, parle de la Grèce, de l’Italie, de l’Écosse, comme de pays qu’il a visités, non seulement pour prouver que, bien que pauvre, il avait couru le monde ainsi qu’un lord, mais aussi parce qu’on s’occupait de ces contrées. […] — On pourrait de la sorte mettre à presque toutes les phrases de René et d’Atala un commentaire historique, qui prouverait combien intime était la communion de sensations et d’idées entre Chateaubriand et son public.

1470. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

« J’ai absous la victoire, a dit Victor Cousin, comme nécessaire et utile ; j’entreprends maintenant de l’absoudre comme juste dans le sens le plus étroit du mot ; j’entreprends de démontrer la moralité du succès… Il faut prouver que le vainqueur non-seulement sert la civilisation, mais qu’il est meilleur, plus moral, et que c’est pour cela qu’il est vainqueur. » Hegel avait poussé l’impartialité philosophique de son système jusqu’à expliquer, devant les compatriotes de Fichte et de Blücher, comment les victoires de Napoléon avaient servi la cause de la civilisation moderne en propageant à la suite de ses armées les idées de la révolution française. […] Cependant, quand on pourrait prouver que cette fatale journée a été un mal inévitable, en est-elle moins un des plus affreux attentats qui aient jamais été commis contre l’humanité ?

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lémontey admirait fort ces traits et plusieurs autres qui prouvent également l’écrivain aguerri.

1472. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Celui-ci suivit les diamants à la piste, s’assura des acheteurs, obtint leur déposition légale devant les magistrats de Londres, et revint en France muni des pièces qui prouvaient du moins que le cardinal n’avait été que le plus crédule et le plus volé des honnêtes gens.

1473. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Selon lui, en effet, il n’y a plus dans la littérature actuelle que de la forme, la pensée est absente ou sacrifiée : en architecture, en peinture, en sculpture, on ne rencontre, selon lui, que le pastiche, l’imitation du passé, une imitation confuse et entrecroisée des différentes époques, des différentes manières antérieures : « Il en est de même, dit-il, en littérature : on accumule images sur images, hyperboles sur hyperboles, périphrases sur périphrases ; on jongle avec les mots, on saute à travers des cercles de périodes, on danse sur la corde roide des alexandrins, on porte à bras tendu cent kilos d’épithètesa, etc. » Et dans ce style qui n’évite pas les défauts qu’il blâme, l’auteur s’amuse à prouver que tous, plume en main, jouent à la phrase et manquent d’une idée, d’un but, d’une inspiration : « Où sont les écrivains ?

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Cependant il faut qu’il ait varié, car M. de Polastron m’a dit qu’à une des campagnes de M. le duc de Bourgogne, à la table de M. le duc de Bourgogne, on mangeait sans chapeau, et quand quelqu’un, ignorant cet usage, gardait son chapeau, on l’en avertissait ; et M. le maréchal de Boufflers, dans la même campagne, disait à ceux qui dînaient chez lui d’ôter leurs chapeaux parce qu’il faisait chaud, ce qui prouverait que la règle était de l’avoir.

1475. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Vous prouvez que vous êtes dignes d’aller en France jouir du repos dû à vos grands travaux.

1476. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

J’ai vu de ces autres chrétiens et catholiques libéraux qu’on lui oppose et que j’honore, de ces hommes d’une certaine sagesse : les jours où l’on ne prenait pas le Mamelon-Vert, l’un d’eux me disait avec un petit ris sardonique : « Et cela prouve qu’il ne faut pas aller à Sébastopol. » Courte sagesse, qui tendrait à priver une nation de ses tressaillements les plus sublimes !

1477. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Si, après toutes ces facilités d’observation auxquelles il prête plus que personne, on pouvait craindre de s’être formé de lui comme homme et comme caractère une idée trop mêlée de restrictions et trop sévère, on devrait être rassuré aujourd’hui qu’il nous est bien prouvé que ses amis les plus intimes et les plus indulgents n’ont pas pensé de lui dans l’intimité autrement que nous, dans notre coin, nous n’étions arrivé à le concevoir, d’après nos observations ou nos conjectures.

1478. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet a prouvé dans plus d’une de ses compositions, notamment dans Dalila, et par la bouche de sa Leonora, de son Carnioli (une de ses plus heureuses créations), qu’il savait comprendre la passion, l’art à outrance, la frénésie de la sensation et du plaisir, et qu’il n’était nullement inférieur et insuffisant à les mettre en scène par d’émouvants personnages ; mais il est vrai aussi que, cette excursion faite, cette aventure épuisée et accomplie, il a son chez-lui préféré, sa ligne naturelle et sa voie dans laquelle il aime à rentrer, son inclination tracée et bien distincte.

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