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1591. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

« Il m’est arrivé autrefois de sourire de cet excès de passion rétrospective et de le railler ; mais qu’on sache bien que lorsque la critique s’applique à des talents aussi éminents, à des œuvres aussi distinguées, cette critique présuppose toujours une grande louange et une haute estime. […] Il savait mon fonds d’admiration pour sa nature de talent, et qu’avec lui, dans les occasions, tout en me permettant parfois de le contredire, j’observais les rangs.

1592. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

La polémique des « Satires » Quel que soit le talent poétique de Despréaux, il n’y a pas de doute que le critique n’efface en lui le poète. Et la marque infaillible de sa vocation, la voici : tandis que les poètes, qui sont essentiellement et éminemment poètes, ne font guère que la théorie de leur talent, érigeant en bornes de l’art leurs impuissances et leurs procédés en lois, celui-ci échappe à la tyrannie du tempérament : il explique ce qu’il ne sait faire ; il conçoit un art supérieur au sien ; sa théorie est infiniment plus vaste et plus haute que sa pratique.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

De 1860 à 1870, les orateurs des partis coalisés pour l’opposition ne donnèrent pas de répit aux ministres de l’empire, qui n’avaient pas pour eux la supériorité du talent. […] L’esprit scientifique, ici encore, est victorieux, aux dépens du talent oratoire : le dédain de l’éloquence est sensible chez Taine et Renan ; celui-ci même donne un sens défavorable aux mots littérateur et littérature.

1594. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Sainte-Beuve En faisant cela avec subtilité, avec raffinement, avec un talent curieux et un abandon quasi précieux d’expression, en perlant le détail, en pétrarquisant sur l’horrible, vous avez l’air de vous être joué ; vous avez pourtant souffert, vous vous êtes rongé à promener vos ennuis, vos cauchemars, vos tortures morales ; vous avez dû beaucoup souffrir, mon cher enfant. […] Théodore de Banville L’auteur des Fleurs du mal est non pas un poète de talent, mais un poète de génie, et de jour en jour on verra quelle grande place tient, dans notre époque tourmentée et souffrante, son œuvre essentiellement française, essentiellement originale, essentiellement nouvelle.

1595. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Il ne faut même pas rapprocher de cette maîtrise d’autres talents. […] Entre les jeunes et évidents génies, qui aura la patience du talent ?

1596. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

La poésie lyrique, cette branche heureuse qui fait le plus d’honneur aux grands talents de notre âge, l’a très peu occupé. […] Il a écrit, à propos d’une comédie de Collé et de La Métromanie de Piron, des pages charmantes, délicates, que je prise bien plus comme témoignage vrai de son talent que d’autres plus saillantes et où il élève la voix.

1597. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Soyons de bonne foi : uniquement parce qu’il y a des hommes, d’ailleurs de talent, qui n’ont pas senti notre poésie versifiée, cela prouve qu’elle n’est pas notre seule poésie, car le propre de la poésie est d’être sentie par tous. […] Il faudrait également que je caractérisasse à la fois et Delille que nous venons de perdre, et M. de Chateaubriand qui est encore dans la force du talent, doués, l’un d’une immense richesse de détails poétiques, l’autre d’une imagination vaste et féconde, placés tous les deux sur les derniers confins de notre ancien empire littéraire, et venant terminer d’une manière admirable toutes les traditions de notre double langue classique dont le règne va finir : ce qu’il y a de plus remarquable dans l’association que je fais ici de ces deux noms, c’est que leurs ouvrages, honneur éternel de cette époque, sont à la fois des monuments littéraires et des monuments de nos anciennes affections sociales.

1598. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Eh bien, tous les deux, si nous nous en rapportons à ce que Chopin en publie9, établissent, par leur genre de talent et par leurs œuvres, qu’on n’a pas vu luire en Russie le premier signe d’une littérature ! Bien avant ce moment, on y verra des académies, et même des gens de beaucoup de talent et à leur manière des écrivains, mais cela ne suffit pas pour une littérature.

1599. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

le bas-bleu est bien loin de la femme qui a écrit, par exemple, comme moi je l’écrirais : « Les femmes doivent tout ignorer pour tout apprendre, et tout sentir pour tout deviner. » Le bas-bleu est bien loin quand elle écrit, comme moi aussi je l’écrirais encore : « Le génie et le talent ne sont pas à l’usage des femmes. […] ayant assurément plus de talent de plume, si elle voulait s’en servir, que les faiseuses de livres qui mettent bas pour l’heure tant de volumes, mais se contentant d’écrire des lettres où elle a versé toute son âme, — et c’est ainsi qu’elle a prouvé une fois de plus que le génie de la femme n’est que là où elle a mis le sien.

1600. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Car il est misanthrope, Gobineau, comme doit l’être tout homme de cœur et d’esprit qui a passé trente ans, et on les a passés deux fois quand on est diplomate, quand on a aux mains— à ses blanches et irréprochables mains — de la malpropreté des hommes et des affaires, de cette infâme cuisine politique qui fait mal au cœur aux estomacs les plus solides ; il est misanthrope, et c’est la plus belle plume de son aile que cette misanthropie, qui donne à son accent toute sa profondeur et à son talent toute sa vérité. […] Je crois que là est la vraie pente, la vraie vocation de cet esprit qui s’est plus cherché que trouvé en ces tâtonnements de talent qui, pour les autres, auraient été des réussites.

1601. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Quand des talents sont parvenus à un certain degré de célébrité, on peut bien s’avilir en les persécutant ; mais il n’y a plus de mérite à les protéger. […] Alors toutes les cabales, toutes ces petites haines, tous ces enthousiasmes d’un jour, toutes ces décisions si graves de gens importants, ou qui croient l’être, ces luttes des sociétés qui se combattent, ces chocs des petites réputations contre les grandes, ces fureurs, tantôt si atroces et tantôt si puériles, appuyées quelquefois par le crédit qui se cache, et toujours par la malignité orgueilleuse, qui ne manque jamais d’applaudir à l’audace qui humilie le talent, tout cela disparaît.

1602. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

On a toujours l’opinion de son talent. […] Non, c’est fatal ; quand on a le talent oratoire de M.  […] Jaurès fut créé tribun par son talent tribunitien. […] Mais pas de talent du tout. […] Le talent est affaire de hasard.

1603. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Il y a de jolis vers ; elle a du genre de talent de son père : Ève perdit l’Éden, afin de le rêver !

1604. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Cependant tout cela ne pénétrait qu’imparfaitement en France, et lui-même étant mort dans l’émigration, il n’eut jamais les honneurs de son esprit et de son talent.

1605. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

Caro Au moins dans la forme d’un sentiment, sinon d’une doctrine, cette philosophie du désespoir a troublé, dans ces dernières années, plus d’une âme qui a cru se reconnaître dans l’accent amer, hautain, d’un poète de grand talent, l’auteur des Poésies philosophiques .

1606. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Son talent, si élevé déjà, ne peut manquer d’acquérir encore plus de certitude et d’éclat, à mesure qu’il illustrera d’images vivantes et colorées la ferme substance de ses vers.

1607. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 358-361

Il ne se borne pas, comme la plupart des Orateurs, dont le seul talent est de savoir raisonner, à des discussions seches & purement méthodiques ; il joint la chaleur à la netteté des pensées, & la véhémence à la justesse des raisonnemens.

1608. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

On a de celui-ci un Poëme de huit cents vers, dédié à Madame la Duchesse d’Aiguillon, où la force de la poésie & l’aisance de la versification annoncent le vrai talent de l’Epopée, dans laquelle il eût réussi mieux que bien d’autres qui ont osé courir cette carriere.

1609. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

C’est de lui qu’un Poëte a dit : Il reçut deux présens des Dieux, Les plus charmans qu’ils puissent faire : L’un étoit le talent de plaire ; L’autre, le secret d’être heureux.

1610. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Un Esprit aisé, profond, indépendant ; une imagination féconde, forte, hardie, & presque toujours agréable ; un langage familier, naïf, quelquefois énergique ; une érudition vaste, choisie, & le talent assez rare de s’en parer à propos, auront toujours des charmes propres à établir la réputation d’un Auteur, & le pouvoir de soutenir son Ouvrage contre l’inconstance des temps, malgré les défauts multipliés qu’on y remarque.

1611. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Quoiqu’il eût infiniment plus d’esprit & de talent que n’en ont les Laharpe & les Marmontel, il vécut & mourut dans l’indigence.

1612. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Il ne falloit rien moins que le talent de captiver, d’émouvoir, d’attendrir, porté au plus haut degré, pour rendre la lecture de ses Romans aussi attachante qu’elle l’est pour le commun des Lecteurs, & sur-tout pour les jeunes gens.

1613. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Il vit, sa femme a des cotillons, ses enfans ont des souliers, et le talent se perd.

1614. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Il faudrait un génie rare, un talent extraordinaire, une force d’expression peu commune, une grande manière de traiter de plats vêtemens, pour conserver aux actions de la dignité.

1615. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Sur ce principe, on peut deviner le genre de talent que le monde demande aux ministres. […] Il n’est guère d’homme qui n’ait quelque talent de salon, quelque petit moyen d’occuper son esprit ou ses mains, de remplir les heures vides : presque tous riment et sont acteurs de société ; beaucoup sont musiciens, peintres de nature morte ; tout à l’heure M. de Choiseul faisait de la tapisserie ; d’autres brodent ou font des nœuds. […] C’était un talent enfoui ; elle ne se souvient pas du temps où elle l’a reçu ; je crois que c’est en naissant. […] Le comte de Clermont tient les rôles « à manteaux sérieux » ; le duc d’Orléans représente avec rondeur et naturel les paysans et les financiers ; M. de Miromesnil, garde des sceaux, est le Scapin le plus fin et le plus délié ; M. de Vaudreuil semble un rival de Molé ; le comte de Pons joue le Misanthrope avec une perfection rare292. « Plus de dix de nos femmes du grand monde, écrit le prince de Ligne, jouent et chantent mieux que tout ce que j’ai vu de mieux sur tous nos théâtres. » — Par leur talent, jugez de leurs études, de leur assiduité et de leur zèle ; il est évident que, pour beaucoup d’entre eux, cette occupation était la principale. […] Lauwrence, Qu’en dit l’abbé   Watteau, le premier en date et en talent, transpose ces mœurs, et les peint d’autant mieux qu’il les rend plus poétiques. — Relire entre autres : Marianne, par Marivaux ; la Vérité dans le vin, par Collé ; le Coin du feu, la Nuit et le Moment, par Crébillon fils, et, dans la Correspondance inédite de Mme du Deffand, deux lettres charmantes, l’une de l’abbé Barthélemy, l’autre du chevalier de Boufflers (I, 258, 341).

1616. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

J’étais déjà prématurément connu littérairement alors ; elle était illustre par son rang, ses malheurs, son goût pour les lettres, son talent pour la musique ; elle voulait me voir ; elle me fit témoigner le désir de me rencontrer, comme par hasard, dans une allée des Cascines, où j’avais l’habitude de me promener à cheval ; elle m’assigna plusieurs fois la place et l’heure. […] XI C’est dans cette famille des Bonaparte, réfugiés pour la plupart à Rome, et protégeant les arts afin de prolonger au moins ses règnes éphémères sur les peuples, en régnant sur les talents, que Léopold Robert passait ses soirées à Rome : on lui avait commandé quelques tableaux. […] Ces trois personnes de rangs si différents, mais également exilées dans la patrie des arts, associaient leurs talents comme leurs cœurs. […] « Les lettres de la princesse que j’ai vues, dit le frère de Léopold, étaient empreintes d’un intérêt constant, qui pouvait provenir seulement de l’estime pour le talent et pour le caractère de Léopold. […] Et si vous doutez de son talent, regardez sa vie et regardez sa mort ; il a vécu de ses rêves, il a peint du sang de son cœur, il est mort de son génie.

1617. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

« Que l’on nous confonde dans nos talents, écrivait-il à Schiller, ce m’est chose agréable ; cela montre que nous nous élevons toujours davantage ensemble au-dessus de l’affectation de notre siècle, c’est-à-dire au beausimple, pour arriver à ce qui est universellement bon. […] L’un fut le génie, l’autre ne fut que le talent ; je n’ai jamais pu les comparer. […] Goethe, dans sa première adolescence, avait été épris de sa grand’mère, Sophie Laroche, femme illustre par ses talents littéraires en Allemagne. […] La gloire littéraire, ce stimulant du génie, y est démembrée comme le territoire ; chaque capitale y a son foyer, ses talents, mais il n’y existe pas un foyer commun. […] Une seule capitale où viennent briller et rayonner les grands talents épars dont ses diverses capitales sont pleines.

1618. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le xixe  siècle est certainement un siècle de travail et qui a produit par la diffusion de l’instruction plus de gens de talent que les époques précédentes. […] Osons le dire ici : le talent n’est pas tout, et le xixe  siècle a eu surtout du talent, des talents ; il en a eu même à profusion, mais sans ordre, sans clarté, et d’une telle façon qui pourrait laisser croire bien souvent, comme chez les réalistes, à une inculture, à une indigence d’idées désolante. […] Paul Souday les a corroborées d’une façon singulière dans l’article du Temps qu’il a publié en réponse à notre enquête : « Le moins qu’on puisse dire est que ce dernier venu des grands siècles n’a pas dégénéré et qu’il soutient n’importe quelle comparaison (le suprême ve  siècle athénien étant comme toujours mis à part) pour l’intrépidité de l’esprit critique et la variété des talents originaux. » Afin de donner à cette enquête plus d’ampleur et de poids nous avons tenu, à côté d’écrivains et de critiques représentatifs des générations présentes, à consulter quelques maîtres de l’enseignement supérieur.

1619. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

C’est par ces belles parties qu’il conserve beaucoup d’admirateurs, soit parmi les gens qui pardonnent tout au talent, soit parmi ceux qui, dans des pages où le faux tient compagnie au vrai, savent passer de l’un à l’autre sans que le faux leur gâte le vrai. […] Certes, les qualités supérieures de l’esprit ne lui manquèrent pas ; ce qui lui manqua, ce fut le talent de se faire une part dans les fruits de son travail. N’estimons pas médiocrement ce talent : c’est tout simplement celui par lequel subsistent les sociétés humaines ; c’est l’origine de la propriété et le soutien de la famille ; c’est l’honneur de l’homme. Résolution, patience, persévérance ; beaucoup de petits devoirs et de petites gênes qui sont le prix de notre liberté personnelle et la garantie de celle d’autrui ; point de dépit, si l’on ne réussit pas tout d’abord ; s’imputer courageusement les plus grandes difficultés du succès ; faire respecter ses talents par sa vie : cela n’est pas un petit travail, et je m’explique pourquoi les utopistes trouvent la perfection plus commode. […] Si ces pages servent à les y confirmer, je me consolerai d’en encourir quelque disgrâce auprès de ceux qui professent le droit absolu du talent, et qui mettent les auteurs au-dessus du genre humain.

1620. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Le cadre étroit, où il devait s’enfermer, l’a forcé à une sobriété salutaire, à une concision énergique : son talent y a gagné une vigueur qu’il n’aurait peut-être pas eue sans cela. […] Il prétend enrichir l’art français d’un talent qui a manqué, suivant lui, à l’art grec. Il écrit : « Ce talent, si essentiel et si rare, quoiqu’il paraisse à la portée de tous les artistes, c’est le sentiment. […] Théophile Gautier dit de Delacroix : « Le fond de son talent est fait de littérature.  » Et ce n’est pas alors une exception. […] Cependant ces pompes solennelles ont été parfois l’occasion qui a éveillé un talent encore endormi.

1621. (1909) De la poésie scientifique

Fernaud Gregh, qui, avec un talent romantique, est de divers des Devanciers de légers reflets. […] En pleine lutte, m’apportant l’aide de leur talent et de leur âme ardente, ils répondaient aux attaques : « Sait-on si l’école poétique qui tuera la bêtise idéaliste et sa reviviscence symbolique ne sortira pas de M.  […] Ce sera là la double caractéristique du superbe talent de Verhaeren. […] C’est, ému aussi de ce sens universel qui requiert le poète russe, qu’en Angleterre, en 1905, c’est-à-dire vingt années après mes premiers dires, un poète qui œuvra avec un remarquable talent en le mode ordinaire, M.  […] « Si la critique se croit le droit d’admirer le talent d’Emile Verhaeren et parfois de Mallarmé, de G.

1622. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

mon cher, c’est drôle, je n’ai plus aucun talent, et je reconnais ça, parce que maintenant je m’amuse de choses crétines… C’est crétin, je le sais, eh bien ! […] Barrière nous gronde de dépenser du talent sur de trop petits sujets. […] Puis, entre Flaubert et Feydeau, ce sont de petites recettes du métier, agitées avec de grands gestes et d’énormes éclats de voix, des procédés à la mécanique de talent littéraire, emphatiquement et sérieusement exposés, des théories puériles et graves et ridicules et solennelles, sur les façons d’écrire et les moyens de faire de la bonne prose ; enfin, tant d’importance donnée au vêtement de l’idée, à sa couleur, à sa trame, que l’idée n’est plus que comme une patère à accrocher des sonorités. […] Critiques et louanges m’abîment et me louent sans comprendre un mot de mon talent. […] Je ne nomme pas l’auteur, parce que j’aime beaucoup son talent et sa personne, et que je crois maintenant ce double sentiment partagé par lui à mon égard.

1623. (1894) Textes critiques

Poète de talent à encourager si sa grisaille est voulue — et elle peut l’être si l’on « n’y souffle pas trop dessus » — et qui a eu quelques trouvailles :‌ La fumée… Se tord d’un air diabolique Et va se corder dans les bois. […] Son erreur en cette sixième Exposition fâche même qui sait qu’en la précédente il épingla sur le liège quadrillé d’une toile retournée son talent en un Regard de femme à tête de musaraigne.‌ […] La modestie de Filiger expose bien peu : une Face de trait très beau ; pour son talent amusement puéril, et l’enluminure à l’infinie minutie d’une eau-forte de Seguin, saupoudrée de nervures d’or comme se ramifient (comme, pour cela seulement) les mousses arborescentes enchâssées dans de voilants de Groux. — Elle étonne par la perfection de ses tons rares — mais j’aime mieux les lignes nues des arbres, mers ou cimetières de Seguin, et que Filiger envoie de lui seul, figure ou paysage. ‌ […] Minutes d’art II De Miss Cassatt, talent comme tous les féminins fait de réminiscences, gardons le souvenir des deux femmes aux épaules d’ablutions, couleur de bai sable de mer, et de peut-être aussi l’espalier encore chez Durand-Ruel1. […] Donnay, et l’impression de la création, supprimant la fatigue de prévoir ; et en second lieu, des sujets et péripéties naturelles, c’est-à-dire quotidiennement coutumières aux hommes ordinaires, étant de fait que Shakespeare, Michel Ange ou Léonard de Vinci sont un peu amples et d’un diamètre un peu rude à parcourir, parce que, génie et entendement ou même talent n’étant point d’une nature, il est impossible à la plupart.‌

1624. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Léon Daudet, — dont j’admire le talent combatif, la veine fertile et la perpétuelle fermentation, — M.  […] Il crut, et il nous fît croire, à force de talent, que la Renaissance fut une monstrueuse goguette. […] Un talent moindre que celui de M.  […] On appelle aussi « féministes » les romanciers qui consacrent leur talent à nous conter des histoires de femmes. […] Il offre à ceux qui goûtent son talent et qui aiment sa personne un spectacle parfois décevant.

1625. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Vinet est puni par où il a péché ; pourquoi s’occupe-t-il, avec son beau talent, des Soumet, des Guiraud, des sots ? […] Sainte-Beuve ; prosateur et poète, tel est son talent. […] Cependant la pensée et le talent ont aussi leur droit, nullement contradictoire à l’intérêt de la société, qui doit ses progrès au talent et à la pensée. […] L’attention affectueuse est un des caractères de son talent. […] Le talent de M. 

1626. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Tous les talents importent à l’œuvre dramatique telle que nous l’applaudissons, le talent de l’acteur d’abord et avant tout, puis le talent du metteur en scène, le talent du décorateur et, je pense aussi, le talent du souffleur, tous les talents, — excepté le talent de l’auteur, sorte seulement de matière première qu’on met en œuvre, dans une collaboration — comique si ce n’était au fond si triste !  […] Il n’y a plus alors ni talent, ni observation, il n’y a que la boue — et sa tristesse ! […] Quoique systématique, Renée témoigne d’un talent admirable. […] Gautier pense si peu que parfois le prestige de son talent apprête à croire que la Pensée soit inutile. […] Ceux qui aiment ces deux jeunes écrivains de réel talent regrettaient tant de peine perdue.

1627. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Elle est si bien une qualité française, que je n’ai pu la décrire sans tracer le portrait et sans définir le genre du talent du premier de nos poètes. […] Nous nous servons à dessein de ce mot fortune, qui n’implique ni une diminution du goût d’un volume à l’autre, ni une moindre dépense de savoir et de talent. […] Il n’a pas étudié autant qu’il était nécessaire pour le bon emploi de son talent, le génie de sa langue et les ressources qu’elle offre. […] Il suffit souvent, pour vieillir dans les emplois médiocres, de s’y distinguer ; on se ferait scrupule d’enlever à sa place un homme qui la remplit avec tant de zèle et de talent. […] Il était là dans les limites de son talent.

1628. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Ponsard, de la vogue de Mademoiselle Rachel, de cette vieille route longtemps abandonnée, qui semblait tout à coup se rouvrir, et dont le poteau indicateur était glorieusement relevé par un poète de talent et une actrice de génie, il m’avoua qu’il venait d’écrire, sous cette impression nouvelle, une tragédie, moins que cela, une étude empruntée à un autre temps et à un autre ordre d’idées que Lucrèce, mais également inspirée par ce retour aux sources antiques, un moment taries ou troublées sous le souffle du romantisme.

1629. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Aux plus brillants succès de son talent d’écrivain et d’orateur, il eût préféré la bonne fortune de découvrir un de ces chefs-d’œuvre de la poésie grecque, modèles d’un art incomparable, où la suprême élégance elle bon sens, loin de s’exclure, se réunissent en une divine harmonie.

1630. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Aux architectes futurs, quels qu’ils puissent être, je souhaite patience, talent, largeur et finesse de vues, heureux si dans ce livre, dont je sens mieux que personne les lacunes et les imperfections, j’ai pu leur suggérer quelques moyens de faire l’édifice plus solide, plus riche, plus majestueux, plus complet.

1631. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Depuis une douzaine d’années il a toujours été en dégénérant, et sa morgue s’est accrue à mesure que son talent s’est perdu.

1632. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Toute belle que soit la figure du Pigmalion, on pouvait la trouver avec du talent ; mais on n’imagine point la tête de la statue sans génie.

1633. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

Si mes ouvrages n’apprennent pas à écrire, ils apprennent certainement à lire, et, s’ils ne donnent pas du talent, ils montrent, du moins, en quoi il consiste.

1634. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Au quai Malaquais, la première personne sur laquelle je tombe, est Pierre Gavarni, aussi navré et encoléré que je le suis, de l’injustice commise envers le talent de son père, par toute la presse. […] Puis au fond, au théâtre, les choses dangereuses ne le sont pas, quand elles sont jouées par des acteurs de grand talent. […] Car parfois vous êtes un peu dur même avec Augier, Dumas et les autres… et n’aviez-vous pas près de cinquante ans, quand vous vous êtes aperçu du talent de Victor Hugo, et que vous avez bien voulu vous montrer bonhomme, à son égard ? […] Nous étions venus pour protester contre l’indigne cabale, qui n’a pas cessé de s’attacher à vous, et pour forcer le respect dû à votre talent. […] Rosny, après avoir aujourd’hui vanté la solidité de sa santé et déploré le manque d’une maladie, en général attestatrice du talent, chez un écrivain, confesse cependant qu’il est un angoisseux, que son esprit se forge des ennemis qu’il n’a pas, et qu’en tisonnant au coin du feu, dans la flambée de sa cheminée, parfois il voit, comme des êtres chimériques, lui voulant du mal.

1635. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Pourvu que l’on ne cherche pas à attribuer à l’éclat d’une révolution intime, publiquement expliquée, une attention, un crédit qui ne viennent que du talent ! […] Par une gageure où n’entre, certes, aucune vanité, et qui vient, plutôt, du plaisir d’une recherche nouvelle, Max Jacob, s’est efforcé de découvrir la formule de son talent, lequel a, précisément, pour caractère, de se dérober à toute formule. […] Son talent est incontestable et savoureux. A l’inverse de beaucoup d’autres, ce talent ne se réalisera pourtant qu’au jour où Cendrars se résignera au Poncif. […] En tout cas, Les Trois Sauts de Wang-Lun, livre où sont décrites l’âme et la vie des vieux Chinois avec une sensibilité et une finesse dignes de Flaubert, laisse entrevoir un très grand talent.

1636. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

L’esprit humain ne joue pas impunément avec ces perpétuelles ironies ; elles finissent par se loger au cœur même et comme dans la mœlle du talent, elles soufflent froid jusqu’à travers ses meilleures inspirations. […] Si j’avais votre talent, je vous dirais : Faites brocher le livre de M.  […] Ce jeune homme a été persécuté comme girondin, et il est l’admirateur zélé des grands talents qu’a produits ce parti. […] Le constituant, comme de raison, l’attaquait, mais sans raison lui refusait de grands talents. […] Il ne me manque que des marques de votre amitié ; j’ai en abondance tous les autres secours, et j’ai le bonheur qu’on n’épargne ni les soins ni l’argent pour cultiver mes talents, si j’en ai, ou pour y suppléer par des connaissances.

1637. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

1638. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

Nous nous aimions pour noire cœur et non pour nos talents.

1639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

On connoît un troisieme Auteur du même nom, à qui le Théatre Italien doit trois Pieces qui prouvent du talent, & dont voici le titre : Arlequin sauvage, le Faucon, Timon le misanthrope.

1640. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième cours d’études. Une classe de perspective et de dessin. » pp. 495-496

Il me vient une idée que peut-être Sa Majesté Impériale ne dédaignera pas : la plupart de ceux qui entrent dans les écoles publiques écrivent si mal, ceux dont le caractère d’écriture était passable, l’ont si bien perdu quand ils en sortent, et il y a si peu d’hommes, même parmi les plus éclairés, qui sachent bien lire, talent toujours si agréable, souvent si nécessaire, que j’estime qu’un maître de lecture et d’écriture ne s’associeraient pas inutilement au professeur de dessin.

1641. (1884) La légende du Parnasse contemporain

On commence à trouver que nous avons quelque talent à présent que nous avons beaucoup moins de cheveux et, qui sait ? […] S’il leur trouvait à tous du talent, c’était qu’il aurait tant voulu qu’ils en eussent. […] S’ils n’avaient que du talent, ils sauraient ne pas paraître inférieurs. […] Sur la première page de la République des Lettres, un autre journal parnassien, j’avais écrit ces lignes : « La Revue poursuit le but de grouper, autour des personnalités illustres qui ont bien voulu lui assurer leur collaboration, les talents nouveaux déjà célèbres et les talents encore inconnus. […] Il y a les hommes qui ont du talent, et ceux qui n’en ont pas, voilà tout.

1642. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Pour entrer à l’Académie, quand on n’a pas de talent, quand on n’a aucune sorte de talent — ce qui est mon cas — il faut avoir une tête de quelque chose, une tête de n’importe quoi… Moi, j’ai opté pour la tête de médaille… La tête de médaille a je ne sais quoi de sévère, de grave… — De gravé, vous voulez dire ? […] Et je me demande parfois si je ne me serais pas fait à moi-même cette étrange mystification, d’avoir eu, à un moment donné de ma vie, sans que je le sache, sans que personne le sache, du talent ! […] Plusieurs poussèrent la littérature et la psychologie jusqu’à lui dénier toute espèce de talent et toute espèce de style. […] Lucien Muhlfeld, en revanche, était absolument exempt de ces partis-pris d’écoles et de coteries qui rendent quelquefois si agaçante, malgré tout le talent dépensé, la lecture de ces périodiques. […] Lucien Muhlfeld, et le relire, car, chaque fois, on y découvre plus de beau talent, plus d’esprit, de gaieté, de terreur.

1643. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Tous les genres de talent le ravissaient. […] Pourquoi n’a-t-on pas averti quelques hommes zélés pour les vrais et grands talents ? […] Mérimée prodiguait sans compter, à ceux qu’il aimait, son temps, sa peine, son talent. […] Il s’agit simplement de qualifier un talent et d’analyser une âme. […] Jamais je n’ai eu, à ce point, l’impression du talent.

1644. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Tous ces gens-là ont du talent, de la fécondité, de l’originalité. […] Mais il avait un talent lyrique de premier ordre. […] Edmond de Goncourt de persuader au monde qu’il avait été pour beaucoup dans le talent de Jules de Goncourt. […] Quel talent pouvez-vous trouver à un auteur qui sape le mariage et qui entoure de ses sympathies un assassin ?  […] Le public aime les ouvrages où un certain talent sert de passeport à la pornographie et excuse de la savourer.

1645. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

La brièveté de nos louanges, comme l’étendue de nos critiques, est une preuve de notre estime et de son talent. […] Pour son esprit et son genre de talent, ils sont visibles. […] Son talent consiste principalement dans l’art d’attirer l’attention. […] J’ai foi en votre talent ; je veux sauver un grand homme ». […] Les savants appellent cela une méthode ; les artistes, un talent.

1646. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

Ponsard neuf questions dont quelques-unes sont assez judicieuses, quoique l’ensemble de la brochure soit sans talent et sans finesse : mais il y a de ces crudités assez justes.

1647. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Il se trouve de la sorte que les poëtes, certains poëtes, et de ceux qui avaient le plus enlevé nos premières amours, peuvent sembler moins bien traités en définitive que des critiques, des historiens, des hommes que nous estimons et que nous admirons sans doute, mais dont tous pourtant ne sont pas à beaucoup près placés au même degré que les premiers dans notre évaluation des talents.

1648. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Mais les cadres, les sujets, et jusqu’aux tons de conversation du poète antique, voilà ce que s’est assimilé Marcel Schwob, avec l’aisance charmante d’un talent averti patient et heureux.

1649. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Elle prêtera un cachet d’art même aux vulgaires affiches de son spectacle pour lesquelles elle mobilisera des talents neufs : Orazi, Grasset, Mucha.

1650. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Par cet art admirable, personne n’a mieux possédé, que l’Evêque de Clermont, le talent de se rendre sensible & intéressant pour tout le monde.

1651. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Il ne suffit pas qu’un païs soit à une certaine distance de la ligne pour que le climat en soit propre à la nourriture des hommes d’esprit et de talent.

1652. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Sans la position incroyable de considération intellectuelle dont jouit l’auteur en Italie, et sans l’éminent talent du traducteur qu’il vient de rencontrer en France, il n’y aurait qu’à laisser mourir cette histoire, de sa propre faiblesse, dans l’obscurité.

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Comment ne pas nommer en tête celui qui, par son talent, par sa verve, par la curiosité infinie de ses recherches, et par je ne sais quelle flamme qu’il a l’art de communiquer à ce qui en d’autres mains ne serait resté que des papiers, a forcé le public, je ne parle plus du public érudit et lettré, mais le public des salons et qui décide des modes, à s’occuper de ces belles du temps jadis et à en disserter d’après lui ? […] Il ajoutait d’ailleurs, dans un sentiment très judicieux : L’Académie, en vous adoptant si jeune, non seulement s’assure une plus longue jouissance de vos talents, mais elle donne en votre personne un exemple propre à réveiller dans notre jeune noblesse le goût des belles-lettres, qui semble s’y éteindre peu à peu ; c’est ce qui nous fait craindre pour l’avenir un temps où la noblesse ne se distinguera plus du commun des hommes que par une férocité martiale. […] Il intervint utilement, et de la seule manière dont il le pouvait, en tâchant de faire prolonger indéfiniment les procédures : « Car il ne faut pas se flatter, écrivait-il, de terminer cette affaire autrement que par insensible transpiration, et en la traînant si longtemps que cela la fasse oublier, ce qui n’est pas même fort aisé ; car quand une fois un livre est dénoncé ici, vous ne sauriez croire avec quelle ardeur quatre zélés et quatre mille hypocrites le poursuivent. » Il réussit pourtant à rendre à son illustre confrère ce bon office auquel se prêta la partie sage de la cour romaine. — Le duc de Nivernais avait auprès de lui, dans son ambassade de Rome, un homme d’esprit et de talent, La Bruere, auteur d’opéras et capable de mieux, et qui, s’il avait vécu, aurait appris au public à distinguer son nom de celui de son presque homonyme. […] Après son retour, et dans un remaniement de ministère (fin de 1757), Bernis essaya inutilement de faire entrer au conseil le duc de Nivernais : « La connaissance qu’on avait de ses talents, écrivait Duclos, ne put triompher de la répugnance que Mme de Pompadour a toujours eue pour ceux qui sont liés de sang ou d’amitié avec le comte de Maurepas, et le duc de Nivernais avait ce double titre de réprobation. » S’il n’avait pu prévenir à Berlin l’explosion de la guerre de Sept Ans, le duc de Nivernais fut plus heureux à Londres pour mettre un terme aux conséquences de cette guerre si désastreuse pour la France.

1654. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […] et j’en appelle à ce siècle naissant qui déborde de tout ce qui est la poésie même, amour, religion, liberté, et je me demande s’il y eut jamais dans les époques littéraires un moment si remarquable en talents éclos, et en promesses qui écloront à leur tour ? […] La poésie de nos jours a déjà tenté cette forme, et des talents d’un ordre élevé se sont abaissés pour tendre la main au peuple ; la poésie s’est faite chanson, pour courir sur l’aile du refrain dans les camps ou dans les chaumières ; elle y a porté quelques nobles souvenirs, quelques généreuses inspirations, quelques sentiments de morale sociale ; mais cependant il faut le déplorer, elle n’a guère popularisé que des passions, des haines ou des envies.

1655. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Il songe encore à lui quand il n’attribue au poète que le talent, et qu’il met au-dessus du talent l’esprit. […] Oui, le talent, qu’on le définisse comme Fontenelle et Lamotte, instinct, partie animale du génie, opération involontaire, — ils ont dit tout cela, — qu’on le ravale jusqu’au mécanisme de l’abeille pétrissant son alvéole, le talent est ce qui fait le poète.

1656. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Les gens qui en manquent admirent votre savoir ; peu voient l’esprit et le bon esprit qu’il y a, et presque personne ne veut rendre justice au style français, parce que presque tous ont le sentiment que ce style est étranger à Genève, où l’on manque de goût et, à peu d’exceptions près, du talent d’écrire, que vous avez éminemment. — Le talent de bien écrire vient de l’âme ; ses formes se prennent dans la société.  […] Cela sera plus difficile qu’on ne croit, parce que en Russie on est engoué du français, et que chacun, se croyant capable d’écrire sa langue, refuse de reconnaître la supériorité d’un auteur qui sait s’en servir avec talent.

1657. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Un homme qui a plus que du talent, un grand esprit et une plume éloquente, c’est nommer M. […] C’est la destinée et l’honneur de certains esprits, c’est la magie de certains talents illustres, de ne pouvoir toucher à une question qu’elle ne s’anime à l’instant d’un intérêt nouveau, qu’elle ne s’enflamme et n’éclate aux yeux de tous. […] Il y aurait illusion aussi à prendre pour des convulsions de sa foi ce qui peut souvent n’avoir été que des brusqueries du talent.

1658. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Or, à part un très-petit nombre de noms grandioses et fortunés qui, par l’à-propos de leur venue, l’étoile constante de leurs destins, et aussi l’immensité des choses humaines et divines qu’ils ont les premiers reproduites glorieusement, conservent ce privilège éternel de ne pas vieillir, ce sort un peu sombre, mais fatal, est commun à tout ce qui porte dans l’ordre des lettres le titre de talent et même celui de génie. […] Non pas que, durant le cours de sa longue et laborieuse carrière, il ait jamais positivement obtenu ce quelque chose qui, à un moment déterminé, éclate de la plénitude d’un disque éblouissant, et qu’on appelle la gloire ; plutôt que la gloire, il eut de la célébrité diffuse, et posséda les honneurs du talent, sans monter jusqu’au génie. […] On le soigna fort à cause des rares talents qu’il produisit de bonne heure, et les jésuites l’avaient déjà entraîné au noviciat lorsqu’un jour (il avait seize ans), les idées de monde l’ayant assailli, il quitta tout pour s’engager en qualité de simple volontaire.

1659. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

L’inégalité des talents répond à la bigarrure des sujets : parmi les plus désespérantes platitudes, parmi les plus insipides extravagances, on peut recueillir de courts poèmes, ou des épisodes de longs poèmes, qui sont d’agréable lecture. […] Ce bourgeois de Troyes avait du talent : mais son talent était contraire à son sujet ; il le dissolvait en le maniant.

1660. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

I Pouchkine et lord Byron sont morts l’un et l’autre dans la force de l’âge et la plénitude de leur talent, après avoir épuisé toutes les jouissances que peut donner la gloire des lettres. […] Quelque talent que le général Chichkov apportât à plaider la cause du slavon, le russe a triomphé, grâce à Pouchkine. […] S’il s’agissait d’un tableau, je dirais qu’il a été commencé dans la seconde manière du maître, et achevé dans la dernière, c’est-à-dire à l’apogée de son talent.

1661. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Il n’est guère de talent plus sympathique que celui de M.  […] Madame Caverlet Toute justice rendue au talent qui éclate dans quelques belles scènes de Madame Caverlet, à l’esprit un peu gros de quelques parties du dialogue, il m’est impossible de classer au rang des bons ouvrages de l’auteur cette pièce morose et inanimée. […] Quel contraste que la modestie de ce grand talent concevant son oeuvre en silence, et la livrant sans bruit au public, avec le vacarme charlatanesque si fort en vogue aujourd’hui !

1662. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

On s’accorde à dire qu’elle eut dans sa jeunesse tous les talents et toutes les grâces. […] Mme de Pompadour n’était pas une grisette précisément, comme affectaient de le dire ses ennemis, et comme Voltaire l’a répété en un jour de malice : elle était une bourgeoise, la fleur de la finance, la plus jolie femme de Paris, spirituelle, élégante, ornée de mille dons et de mille talents, mais avec une manière de sentir qui n’avait pas la grandeur et la sécheresse d’une ambition aristocratique. […] Arrivée à ce poste éminent et peu honorable, — beaucoup moins honorable qu’elle ne le croyait, — elle ne s’y considéra d’abord que comme destinée à aider, à appeler à elle et à encourager le mérite en souffrance et les gens de talent en tout genre.

1663. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Pompignan, qui a quelque talent joignait de la sottise, prit de là occasion de rédiger un Mémoire justificatif au Roi (mai 1760), qu’il voulut faire imprimer avec faste en inscrivant le nom du roi en tête et en déclarant à tous : « Le manuscrit de ce Mémoire a été présenté au roi, qui a bien voulu le lire lui-même, et qui a trouvé bon que l’auteur le fît imprimer. » Moyennant cette grosse apostille, Pompignan prétendait être affranchi de la règle commune et pouvoir se passer de censeur. […] Je ne prétends pas que les talents d’un homme doivent le soustraire à la punition due à ses fautes, je crois que tout le monde doit être soumis aux lois ; mais il me semble que des hommes célèbres doivent avoir cet avantage, qu’on leur présente d’un côté la peine et de l’autre la récompense. […] — Je suis très accoutumé, disait-il encore en une autre occasion, aux boutades et aux espèces d’accès auxquels les gens de Lettres sont sujets ; je ne m’en offense jamais, parce que je sais que ce sont de petits défauts inséparables de leurs talents.

1664. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

En regardant cette foule, je songe que c’est une singulière chose que la justice de cette première postérité, qui suit un talent à peine refroidi. […] L’effort sans doute est immense, la patience infinie, et, malgré la critique que j’en fais, le talent rare ; mais dans ce livre, point de ces illuminations, point de ces révélations par analogie qui font retrouver un morceau de l’âme d’une nation qui n’est plus. […] Ou vous faites des vers qui ne sont pas des vers de comédie, ou vous faites de la prose… Oui, tout ira au roman, c’est si vaste… et un genre qui se prête à tout… Il y a bien du talent dans le roman maintenant ! 

1665. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

  On se plaint, et depuis assez de temps, qu’il ne s’élève point dans le champ de l’imagination et de l’invention proprement dite d’œuvre nouvelle, de talent nouveau du premier ordre, qui prenne aussitôt son rang et se fasse reconnaître à des signes éclatants, incontestables ; on ne saurait faire entendre cette plainte dans le monde de l’érudition et de la critique ; elle serait injuste, et l’on aurait à l’instant à vous répondre en vous citant des noms qui se sont produits depuis ces dix ou douze dernières années et qui ont acquis dès leur début une célébrité véritable. […] Renan fut envoyé au collège Stanislas et y passa une quinzaine en compagnie de l’abbé Gratry, cet homme d’esprit et de talent, mais dont les méthodes ne pouvaient avoir sur lui aucune prise.

1666. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il a, dans son talent monocorde et dans sa destinée, quelque chose d’essentiellement local ; il gagnera à être pris dans son cadre. […] Ainsi nous avons ici affaire à un poëte de talent et de pensée, qui ne dit non ni à la science, ni à la philosophie, ni à l’industrie, ni à la passion, ni à la sensibilité, ni à la couleur, ni à la mélodie, ni à la liberté, ni à la civilisation moderne.

1667. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Les agréments extérieurs, l’élégance des habits, la politesse des manières, tout cela passe, non seulement aux yeux des sages, mais même aux yeux des gens du monde quand ils s’avisent d’être sérieux, pour des avantages très inférieurs à l’esprit, aux talents et à la valeur morale. […] Il « règne par les airs », comme d’autres par les talents, par la force, par la richesse.

1668. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Madame de Neuillan l’amena à Paris et la confia aux ursulines de la rue Saint-Jacques, à qui elle croyait plus le talent de convertir qu’à celles de Niort. […] Donnez à un soldat du talent, du courage, l’amour de la gloire, et une occasion : voilà un maréchal de France.

1669. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Au moment où l’on s’impatiente et où l’on désespère, tout à coup le talent reparaît vif, facile, plein de fraîcheur, et l’on se sent reprendre avec lui. […] Ce premier amour avec Lucy, sous l’invocation d’Ossian, est une jolie esquisse, d’un trait pur et simple ; c’est finement touché : il y a du sourire, un peu de malice ; en un mot, de ces qualités qu’excède aisément le talent de M. de Lamartine, mais qui font d’autant plus de plaisir à rencontrer chez lui.

1670. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Les pamphlets de Furetière, en raison de la supériorité du talent de l’auteur, qui en a fait de véritables modèles en ce genre d’écrits, ont naturellement survécu à ceux de ses adversaires. […] Dans la préface de son Recueil de Fables, publié trois ans après la première édition des Fables de La Fontaine, Furetière avoir rendu justice à son talent de poète et de fabuliste.

1671. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Un canton de la Grèce, une île de quelques lieues de tour, donnait parfois plus de rares talents, plus d’artistes inspirés que n’en porte ailleurs un grand pays, même civilisé. […] Platon, ce qui étonne davantage, avait voulu voir en elle un sage autant qu’un poëte ; et, quand il lui donnait ce nom de dixième et dernière Muse, qu’une flatterie banale a répété pour tant d’autres bouches gracieuses, sans doute l’idée de quelque chose de divin, dans l’union du talent et de la beauté, s’attachait pour lui à cette expression ; et, plus tard, chez d’autres écrivains moins curieux de l’art et de la forme, on sent que le même nom réveille le même souvenir d’admiration idolâtre et de culte mystérieux.

1672. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Ma probité littéraire est le seul garant de mon talent.

1673. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Voici ce que nous disions de sa comédie la Calomme (mars 1840) : on y trouvera quelques traits qui complètent l’appréciation de son talent.

1674. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Je ne conseillerais donc à personne de se priver de l’usage de cet aimable talent quand il est naturel, facile et qu’il se confond avec la sensibilité.

1675. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Camille Doucet Toutes les parties de cette œuvre (Les Siècles morts, l’Orient antique), qui témoigne d’une vaste érudition et d’un rare talent poétique, sont unies par des liens empruntés à l’histoire, tandis que chacune d’elles est caractérisée par un épisode bien choisi dont l’intérêt rehausse encore le charme élégant de la forme.

1676. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

En effet, la marque distinctive du talent de M. de Montesquiou étant l’horreur de la banalité, nous n’avons pas à redouter la lassitude qu’amène l’uniformité.

1677. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

C’est parce que cet exemple est particulièrement salutaire en un temps de désarroi et de lassitude comme le nôtre, que j’ai cru pouvoir donner à Roumanille une place dans ma modeste galerie, et montrer en lui, non pas le troubadour de légende, d’Opéra-Comique et de vignette, mais l’homme de bien, le poète de talent, se résignant à parler la langue de ceux qu’il veut convertir, et à renfermer sa popularité dans un étroit espace, pour la rendre plus utile et plus solide.

1678. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

De la Métamorphose des fontaines aux Odes, aux Sonnets et aux Hymnes, qui se trouvent dans le même volume, on peut suivre l’agonie de son beau talent.

1679. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Taine, malgré son incontestable talent, a hasardé dans ses livres quantité d’assertions qu’il eût été fort embarrassé de prouver.

1680. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Le talent d’écrire n’étoit rien moins qu’étranger à cet Erudit.

1681. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

Il a écrit pour des Esprits solides, pour des Chrétiens jaloux de connoître leur Religion dans son origine, dans ses progrès, dans ses vrais caracteres ; pour les ames droites qui lisent dans la vûe d’acquérir des connoissances utiles & de devenir meilleures ; pour les hommes de toutes les conditions qui n’ont ni le loisir, ni la facilité, ni le talent de puiser dans les sources & d’en écarter ce que la prévention, l’ignorance & la superstition ont pu y mêler de faux, d’excessif & d’indigne de la divinité du dogme & de la sainteté du culte.

1682. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Ne seroit-il donc pas plus digne du zele des Protecteurs de la Littérature, & de ceux à qui la police en est confiée, d’encourager les bons Critiques, & de n’autoriser que ceux qui, comme l’Abbé Grosier, ont fait preuve d’attachement pour les vrais principes, de courage & de talent pour les défendre, plutôt que de prêter l’oreille aux clameurs de quelques petits Auteurs qui emploieroient plus utilement leur temps à se corriger, qu’à se plaindre ?

1683. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 387-391

Si la réputation des Littérateurs estimables dépendoit du caprice & du ressentiment d’un esprit satirique, aucun mérite ne seroit à l’épreuve d’une Epigramme ingénieusement tournée, & les Railleurs deviendroient eux-mêmes la victime des armes qu’ils auroient aiguisées contre leurs ennemis ; mais le vrai talent triomphe toujours de ces injustes attaques.

1684. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

On reconnut Homère à son talent de rendre la nature avec une noble simplicité ; à sa poësie vive, pleine de force, d’harmonie & d’images ; à son érudition agréable, lorsqu’il décrit l’art de la guerre, les mœurs & les coutumes des peuples différens, les loix & la religion des Grecs, le caractère & le génie de leurs chefs, la situation des villes & des pays.

1685. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Sous l’empire des Goths et des Lombards, le christianisme continua de tendre une main secourable aux talents.

1686. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Davila, Guicciardini, et Fra-Paolo eurent plus de simplicité, et Mariana, en Espagne, déploya d’assez beaux talents ; malheureusement ce fougueux Jésuite déshonora un genre de littérature dont le premier mérite est l’impartialité.

1687. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Les membres de la Convention, au contraire, n’ont offert que des talents tronqués et des lambeaux d’éloquence, parce qu’ils attaquaient la foi de leurs pères, et s’interdisaient ainsi les inspirations du cœur183.

1688. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Quel étouffoir pour toute espèce de talent !  […] Leconte de Lisle veut tout devoir au talent. […] Paul Hervieu a montré avec un rare talent. […] Il me faudrait avoir tout le talent de M.  […] Émile Zola ait eu jadis, je ne dis pas un grand talent, mais un gros talent, il se peut.

1689. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

René Benjamin a forcé son talent. […] Et Proust a beaucoup de talent, mais le comparer comme le fait M.  […] Lui aussi, comme les philosophes du dix-huitième, il possédait cette culture et ce talent de haute vulgarisation. […] Mais ces thèmes réduits convenaient éminemment au talent et à la politique de Barrès. […] Rosny et Jules Romains, lesquels ont d’ailleurs beaucoup de talent, mais moins pur et moins parfait.

1690. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Nos institutions libérales, l’organisation démocratique de notre société appelaient le talent aux plus hautes positions : d’éclatants exemples semblaient chaque jour lui offrir comme une conquête assurée l’influence, le pouvoir, la fortune. […] Il faut s’attacher aux œuvres que recommandent ou le talent ou la popularité de leurs auteurs ; — le talent, parce qu’il a d’irrésistibles séductions et sait revêtir l’erreur de couleurs attrayantes ; — la popularité, qui ne va pas toujours de pair avec le talent, parce que c’est l’influence des écrits que nous avons à apprécier, et qu’elle doit naturellement se chercher là où le succès a paru, là où les applaudissements de la foule se sont adressés. […] Ouvrez par exemple un livre, marqué d’ailleurs à l’empreinte d’un magnifique talent, et qui a eu la prétention de résumer les idées philosophiques et religieuses de notre génération ; ouvrez Lélia. […] Quand les lettres ont-elles ouvert, je ne dis pas même au génie, mais au talent, de plus brillantes carrières ? […] Que de jeunes gens, pauvres comme Chatterton, doués d’un peu de talent et de beaucoup de vanité, ont rêvé sa gloire posthume et comme lui, bu, le poison à vingt ans !

1691. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

. —  Son talent, sa minutie, ses combinaisons. —  Paméla. […] Leurs successeurs font de même, et toutes les diversités des tempéraments et des talents n’empêchent pas leurs œuvres de reconnaître une source unique et de concourir à un seul effet. […] Il y a bien des choses à voir en route ; le sentiment de la nature est un talent comme la conception de la règle, et Fielding, le dos tourné à Richardson, s’ouvre un domaine aussi large que celui de son rival. […] Poussez à l’excès cette étude des particularités humaines, vous verrez naître le talent de Sterne. […] Voilà certes un talent étrange, composé d’aveuglement et de clairvoyance, et qui ressemble à ces maladies de la rétine dans lesquelles le nerf surexcité devient à la fois obtus et perspicace, incapable d’apercevoir ce que les yeux les plus ordinaires atteignent, capable d’apercevoir ce que les yeux les plus perçants ne saisissent pas.

1692. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il ne fallait pas moins que le très grand talent de M.  […] Le talent descriptif de M.  […] Edmond Lepelletier est un écrivain de grand talent, mais aussi un romancier qui possède un rare don : l’intérêt. […] Daudet a voulu qu’on ne crût pas qu’il avait grandi du sien le talent de l’écrivain qu’il a découvert. […] C’est ainsi que nous montre Séverine un peintre de grand talent, M. 

1693. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Tout en a un peu souffert, les mœurs, ses affaires et son talent. […] Au reste les critiques n’ont su attaquer que ce côté du talent de M.  […] Tous ces petits moyens sont inutiles et même nuisibles aux gens de talent, les médiocrités seules s’en servent. […] Peu de talent, aucune science, l’esprit cancanier et du brio, du brio en masse. […] Étex ne discute pas, il distribue la renommée, le talent, on les refuse en vertu de secrets particuliers.

1694. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

Aimable pays après tout que celui de France, où un simple homme de lettres qui ne peut rien, qui n’est rien, tient tant de place, et où se déclare si spontanément l’hommage de tous pour l’esprit, pour le talent et la grâce !

1695. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Sainte-Beuve, dont nous apprécions le talent incontestable, mais que tout le monde a connu jadis républicain et romantique forcené, soit aujourd’hui le favori de tous les salons ultra-monarchiques et classiquissimes, et de toutes les spirituelles femmes qui règnent dans ces salons ?

1696. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Son talent s’est fait de pièces et de morceaux ; il s’est fondu au feu de forge d’une volonté ardente : il en garde encore aujourd’hui les marques, un air de tourment et de convulsion.

1697. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Veuf alors, La Popelinière, en cheveux blancs, fut touché des talents de la jeune comtesse, et on l’entendait souvent répéter avec un soupir : « Quel dommage qu’elle n’ait que treize ans ! 

1698. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Le talent de Mistral est toujours vert, et il n’a pas dit son dernier chant.

1699. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

Paul de Saint-Victor Le talent est grand, mais l’inspiration est plus haute encore.

1700. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Que nous sommes loin de la blonde Isabelle et de Marton la brune… écrivain de grand talent, d’un intarissable esprit, bien français et bon Français (en 1870 M. 

1701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Pottecher a du talent.

1702. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Les autres Oraisons funebres qu’il a composées, sans avoir autant de mérite, n’en annoncent pas moins un talent particulier d’assortir la morale & l’instruction aux éloges des différentes personnes qu’il avoit à célébrer.

1703. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

S’il est vrai que la Mothe soit l’Auteur des Couplets qui ont occasionné la disgrace de Rousseau, comme il est vrai que Rousseau ne les a pas faits, il est incontestable que cette imputation lui convient ; mais en attendant que ce mystere soit débrouillé, il n’est pas moins vrai que M. de la Mothe étoit un homme qui avoit eu le talent de se faire beaucoup de partisans dans la Société.

1704. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Rapin prit sur lui de traiter ce sujet, & il l’a fait avec une supériorité de talent qui prouve la beauté de son génie.

1705. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Mais, outre ce mérite qu’il partageoit avec la plupart des écrivains de son temps, il avoit un talent particulier, celui d’écrire encore mieux dans sa propre langue.

1706. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Il dit lui-même qu’il n’avoit de talent que celui d’entrer dans la plus fine métaphysique de la Grammaire.

1707. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Il eut le malheureux talent de servir le fanatisme des prêtres d’Athènes, et de leur livrer pour victime le sage Socrate, dont ces prêtres redoutaient le plus la morale et la raison.

1708. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Il faut peut-être chercher la raison de cette omission dans la nature de son talent, qui avait plus d’enchantement que de vérité, et plus d’éclat que de tendresse.

1709. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

sans doute, en censurant les choses déshonnêtes, et en louant les bonnes, ces grands génies n’ont pas cru que la liberté d’écrire consistât à fronder les gouvernements, et à ébranler les bases du devoir ; sans doute s’ils eussent fait un usage si pernicieux de leur talent, Auguste, Trajan et Louis les auraient forcés au silence ; mais cette espèce de dépendance n’est-elle pas plutôt un bien qu’un mal ?

1710. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Les hommes ont plus de passion pour enseigner, que de talent pour exécuter.

1711. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Une tragedie touche ceux qui connoissent le plus distinctement tous les ressorts que le génie du poëte et le talent du comédien mettent en oeuvre pour les émouvoir.

1712. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

Mais les hommes faits par lui ne l’oublient plus, et ce sont eux, fidèles élèves, qui propagent et poussent ses idées, dans la mesure inégale de leur talent et de leur rayonnement divers.

1713. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Rousseau fut donc l’ami et non le maître de l’auteur des Études ; et s’il eut plus de talent et plus d’éloquence, il eut aussi moins de naturel et moins de grâces. […] Lainé ressemblait à Cicéron par la vertu, mais plus ferme, et par le talent de la parole, aussi élégant, mais moins abondant. […] On ne pouvait le voir sans rentrer en soi-même, ni l’entendre sans rougir de tout ce qui restait d’humain ou d’intéressé en soi ; si la Restauration avait trouvé en France quelques hommes de cette nature et de ce talent, elle eût été le gouvernement de Platon. […] Que n’ai-je hérité de même d’un atome de sa sensibilité et de son talent ? […] XVI Telle fut la destinée terrestre de cet homme de lettres français qui laissa dans les imaginations et dans les cœurs la trace indélébile de son talent, parce qu’il fut l’homme de lettres de la nature, et qu’il n’emprunta qu’à elle ses dessins et ses couleurs.

1714. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Je lui contais alors, qu’Eisen père avait développé le talent de son fils, le merveilleux vignettiste du xviiie  siècle, en lui faisant faire chez lui, des copies de mémoire, des tableaux de musées, devant lesquels il allait passer des heures, deux ou trois jours de suite. […] Oui, je le déclare, ça me ferait un bonheur plus profond, d’avoir une de mes deux pièces, jouée par des acteurs de talent. […] Dans une démocratie qui vit de liberté, et que féconde la variété des inspirations individuelles, le gouvernement n’a rien à édicter, rien à diriger, rien à entraver ; il n’a qu’à remplir, s’il le peut, et comme il le peut, un rôle discret d’amateur clairvoyant, respectueux des talents sincères, des belles passions et des volontés généreuses. […] Samedi 1er juillet Dans un dîner avec Geffroy et Descaves, on parle du talent, qu’a Rosny pour peindre le bonheur du manger, les joies d’un estomac satisfait, le gaudissement physique d’un repas plantureux chez un être. […] Et vraiment Primoli a un certain talent, ainsi que disent les peintres, pour piger le motif — un motif faisant tableau.

1715. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Cette école des poètes administratifs se composait d’une centaine d’hommes d’esprit et de talent parmi lesquels primaient au-dessus de tous les Fontanes, les Arnault, les Étienne. […] Ces administrateurs de la poésie officielle eurent bien vite le pressentiment du talent futur de ce jeune homme ; ils songèrent à l’accaparer pour le parti du gouvernement par une de ces petites places qui soldent mal, mais qui enrégimentent souvent pour toujours le génie indigent. […] II Béranger lui adressa ses premières poésies comme au Mécène naturel des jeunes talents qui se souvenaient de la République et qui voulaient, tout en aspirant à la renommée, garder la dignité de leurs préférences. […] Son talent, au commencement, prit le pli de la nappe. […] Il faut dire aussi, à la gloire du poète des révolutions, que son talent, d’abord badin et moqueur, grandit avec les circonstances, et qu’après avoir joué avec l’opinion il finit par frémir avec elle ; la passion publique le trouva à la hauteur de ses colères.

1716. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Vous y verrez Jean-Jacques avec ses misères et son talent, son talent qui ne fut pas la moindre de ses misères. […] Il avait une haute estime pour l’esprit et le talent de Weiss : mais il ne l’a pas raté. […] C’était un génie raté qui ne manquait pas de talent. […] On a beaucoup écrit sur le talent de Becque. […] J’ai entendu faire l’éloge de son talent un peu partout à Athènes.

1717. (1896) Études et portraits littéraires

Je ne parle pas du talent qui s’y déploie. […] L’Éclair périt, le talent des Goncourt fut sauvé. […] À vingt-cinq ans, il était en possession de son talent. […] C’est en chaire que résonne le vrai timbre de son talent. […] Un talent sans cordialité, un esprit qui n’a pas la faculté de s’éprendre.

1718. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Nous touchons au point délicat, pour lequel il a fallu à Mme de Charrière des qualités supérieures à celles d’un talent simplement aimable, une veine franche, et, comme l’a très-bien dit un critique d’alors, une sorte de courage d’esprit. […] Grâces, talents, âme céleste, fortune même, tant de perfections ne purent fléchir un père ni obtenir à son fils le consentement pour l’union. […] Sur toutes ces choses, elle allait au fond et au fait avec un esprit libre, avec beaucoup moins de talent, comme on l’entend vulgairement, mais aussi avec bien moins d’emphase et de déclamation qu’on ne l’a fait alors et depuis232. […] Le culte de Jean-Jacques et de Voltaire au Panthéon, un clergé-philosophe substitué à un clergé-prêtre, la liberté, l’éducation, tous ces sujets à l’ordre du jour, y sont touchés : aucun engouement, chaque chose jugée à sa valeur, même Mme de Sillery (de Genlis) : « J’admire, dit Constance, quelques-unes de ses petites comédies ; je fais cas de cet esprit roide et expéditif que je trouve dans tous ses ouvrages ; j’y reconnais à la fois sa vocation et le talent de la remplir. […] De l’esprit, des talents, des lumières, rien ne vous réconcilierait avec un homme de cette trempe ; il faut voir en un homme, pour le pouvoir estimer, que quelque chose lui paraît être bien, quelque chose être mal ; il faut voir en lui une moralité quelconque. » Ainsi parle à la jeune baronne de Berghen cet aimable et sceptique abbé de La Tour, qui trouve peu sur pour son repos de passer un hiver entier à Altendorf, près de Constance.

1719. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Cependant il ne s’élève aucun talent supérieur, et les meilleurs sermons sont des œuvres d’une assez égale médiocrité. […] Sa solidité théologique, son talent de controversiste le font rechercher par les calvinistes inquiets ou ambitieux, qui désirent s’éclairer, ou masquer une conversion intéressée : il écrit pour Turenne son Exposition de la foi catholique, publiée en 1671 ; devant Mlle de Duras, il soutient une laborieuse controverse contre le ministre Claude (1678). […] Quand il arrive à Paris, il est maître de son talent et de sa forma : cependant dans cette suite de chefs-d’œuvre qu’il accumule pendant onze ans, on peut distinguer deux manières : les sermons des premières années sont plus voisins des sermons de Metz, par la vigueur de l’appareil logique, par la chaude couleur du style. […] Bourdaloue Bossuet étant descendu des chaires de Paris dans toute la force de l’âge et du talent, le souvenir de sa prédication, que ne soutenait pas l’impression, se perdit vite au milieu de tant de titres de gloire que son activité paisible lui acquérait incessamment.

1720. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Combien faut-il, en poésie, de Millevoye, de Malfilâtre, de Gilbert tombés dès l’entrée de la carrière, pour en venir à un grand talent qui réussit et qui vit ? […] Sans doute un homme, un guerrier mort à trente ans n’a pas donné sa mesure : il ne l’a pas donnée pour tous ses talents et ses mérites, pour tout ce qui s’acquiert par l’expérience ; mais comme génie, comme jet naturel, il s’est montré dans sa force d’essor, dans sa portée et sa visée première, s’il est à l’œuvre depuis déjà cinq ou six années.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Grenadier par le courage, il est général par le sang-froid et les talents militaires. Il s’est trouvé souvent dans ces circonstances où les connaissances et les talents d’un homme influent tant sur le succès.

1722. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Celui-là est plus que spirituel, il y a du talent : la colère et la haine en donnent souvent à ceux qui, dans l’ordinaire, se contentent d’avoir de l’esprit ; et Bussy, d’ailleurs, a une touche à lui comme peintre. Quand ce fatal talent l’eût perdu, quand il fut malheureux et en prison, Mme de Sévigné, malgré tout, lui pardonna encore.

1723. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Arago serait à faire, et, en en retranchant même ce qui ne paraîtrait pas digne de tous deux, il y aurait lieu d’y caractériser deux natures d’esprit et de tempérament tout à fait opposées, et qui devaient presque nécessairement en venir à se contredire et à se combattre : — Arago, ardent, puissant, robuste, doué de génie et capable d’invention, mais qui en fut trop distrait par d’autres qualités qui le tentèrent, par le besoin d’influer, par le talent d’exposer et d’enseigner, par un zèle aussi qu’on peut dire généreux à populariser la science, à en ouvrir à tous les voies et moyens, à en répandre et en propager les résultats généraux ou les applications utiles ; — Biot, esprit étendu, mais nature plus curieuse et plus déliée que riche et féconde, au sourire fin, à la lèvre mince, à la dent aiguë et mordante, dédaigneux du public sur lequel il avait peu de prise, jaloux de garder la science pour les seuls et vrais savants, pour ceux qu’il estimait dignes de ce nom. […] C’était, de bons juges me l’affirment, c’était un des talents de M. 

1724. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il ne manquait pas de quelque talent ni de connaissances ; mais, avec un caractère vulgaire et sans principes, il avait une fatuité et une insolence qui allaient mal au pays où sa nouvelle destination l’appelait. […] Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.

1725. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

C’est un talent que celui-là. […] Duveyrier l’a senti : « Le nouvel Institut devrait attirer, dit-il, les natures ardentes, communicatives, les talents de parole et de plume, et les employer à rehausser le moral des populations et à créer un courant de libéralités publiques en faveur du progrès social. » En deux mots, M. 

1726. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Dans tout ce qu’on vient de lire sur  Sénancour, il y a l’étude du génie de l’homme, de son talent d’écrivain, et presque rien sur les faits particuliers de sa vie. […] Ainsi c’est toujours par une sorte d’incapacité que les autres restent enchaînés, ils ne savent pas secouer les entraves. » Cela se peut : leur talent n’est pas celui-là, et remarquez que celui qui sait, selon vous, lutter contre le sort, pourrait être plus justement regardé comme bien servi par le sort, puisque la difficulté des premiers pas à faire était justement ce qui convenait à ses moyens. 

1727. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Parmi la foule des noms, aujourd’hui oubliés, qui se firent remarquer par l’élégance et la douceur des imitations, Léonard fut le premier en date et en talent, Berquin le second. […] Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.

1728. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

De l’Italie, et de l’antiquité, même de l’antiquité grecque qu’il eut le rare talent de percevoir à travers les insuffisantes traductions, il a tiré son goût délicat, et ce sens de la forme, ce besoin d’une perfection difficile, qui ont réglé l’emploi de ses facultés poétiques : c’est par là qu’il est devenu un artiste, et qu’il a travaillé sa matière en œuvre d’art. […] C’est tout simplement un peintre animalier d’un incomparable talent.

1729. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

On ne saurait aussi s’empêcher de dire que l’explosion du romantisme fut la conséquence de ces causes insaisissables qui firent apparaître presque simultanément de puissants talents. […] Combinaison et facture des vers, choix d’images et artifices de construction, rien dans ce premier recueil ne rompait avec la tradition, sinon la puissance du talent qu’on pouvait déjà entrevoir.

1730. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

L’épisode de Graziella quelque importance et quelque intérêt que le talent de l’auteur ait réussi à lui donner, sent la composition et l’art. […] Alors le livre déchu n’est plus jugé qu’au poids du talent et du mérite.

1731. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Je regrette de ne pouvoir citer dans son intégralité, car c’est ainsi qu’elle vaut, la page 222 sur le style et le talent de Sterne, et le passage sur les deux espèces d’imagination chez les hommes de génie : celle qui éjacule et celle qui se concentre ; celle qui invente par sa propre virtualité et celle qui, pour inventer, se souvient. […] Humouriste à teintes adoucies et pures, dans une contrée où l’humour a des tons criards et je ne sais quelle hagarde ivresse, il ne doit la transparence de son sourire et la limpidité de ses larmes qu’à la chasteté du sentiment chrétien qui ne l’abandonne jamais, et, sur les limites de la passion où parfois il glisse, se rappelle encore à lui par une rougeur… Ascète adorable, qui donnerait des charmes inattendus à l’Austérité et qui s’est peint en trois traits, lui et son talent, quand il a dit : « Que faut-il à « un homme pour être heureux ?

1732. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Quant au critique, il est d’une extrême finesse : de Visages, où il réunit ses études du Mercure, au Pavillon du Mandarin, il n’a cessé de découvrir et de défendre les talents. […] Prêtre du royaume où l’on dépose ses armes et son masque, il nous en livre une peinture qui donne le témoignage de la plus touchante bonté avec la preuve d’un talent hardi. […] Robert de Traz fouillait avec un grand talent, et la figure et la carrière militaires. […] Enfin c’est la première fois qu’il y a du talent dans un de ses livres. […] Réaction contre l’abus de l’analyse, les élégances feintes, le ton bien pensant, contre la priorité donnée au talent, contre les demi-intellectuels.

1733. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

En faisant cela avec subtilité, avec raffinement, avec un talent curieux et un abandon quasi précieux d’expression, en perlant le détail, en pétrarquisant sur l’horrible, vous avez l’air de vous être joué ; vous avez pourtant souffert, vous vous êtes rongé à promener et à caresser vos ennuis, vos cauchemars, vos tortures morales ; vous avez dû beaucoup souffrir, mon cher enfant.

1734. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Il le montre bel esprit éloquent et profond, talent supérieur, caractère faible, et d’une sensibilité inquiète et maladive qui devance certaines tristesses toutes modernes.

1735. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Mais tout cela n’est que ridicule ; et il y a pis que du ridicule dans ce déplorable délire du talent, qui trouve des enthousiastes, même des imitateurs, et qui se fait tirer à dix éditions et traduire en onze langues.

1736. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Dans le livre il en est tout autrement ; de telles pages, et il n’en manque pas, rachètent certainement bien des défauts, et elles trahissent un talent avec lequel on peut être sévère.

1737. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Théophile Gautier notre rôle de juge et de donneur de conseils puisse sembler encore plus délicat, puisqu’on a bien voulu mêler de loin notre nom et notre exemple à son talent, il y a quelque chose qui met à Taise, c’est un sentiment envers lui et envers ses mérites poétiques, un sentiment de bon vouloir équitable, dont nous sommes sûr et dont nous espérons, malgré quelque sévérité, qu’il ne doutera pas.

1738. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

Ce qu’il y a de moins contestable, c’est le talent de l’auteur.

1739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Puis, quand tout est mûr, quelle finesse, quel talent, quelle ironie, quel persiflage !

1740. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !

1741. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

La plupart possèdent cette intelligence rudimentaire qui suffit à faire vite reconnaître que les avantages vont aux apparences non aux réalités, aux diplômes non à la science, à l’intrigue non au talent.

1742. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 189-194

Dorat n’eût du mérite & du talent : ses Pieces fugitives ont un ton & une physionomie qui lui sont particuliers & le distinguent honorablement de la foule des Poëtes de nos jours.

1743. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Seroit-on bien reçu à dire que personne n’étoit plus capable de remplacer l’Abbé Desfontaines ; que, né avec autant d’esprit que son prédécesseur, il l’a emporté sur lui du côté du talent de la Poésie, & qu’on peut en juger par son Ode sur la Journée de Fontenoy, & par d’autres Pieces connues ; que les Auteurs Grecs & Latins lui étoient aussi familiers que ceux du siecle de Louis XIV ; qu’il a réuni la connoissance de plusieurs Langues étrangeres au mérite de bien écrire dans la sienne ; qu’il s’est montré supérieur dans l’art de faire l’analyse d’un Ouvrage, & sur-tout d’une Piece de Théatre, quand il a voulu s’en donner la peine ?

1744. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Raffaëlli, dominé d’une sympathie humaine qui est belle en soi et qui vivifie son grand talent, voudrait borner cet art à nous donner de notre race et de nos contemporains, une série d’effigies caractéristiques, propre à nous les faire connaître intimement et par conséquent aimer, admirer, ou haïr et ridiculiser.

1745. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 28, de la vrai-semblance en poësie » pp. 237-242

Le talent de faire une telle alliance est ce qui distingue éminemment les poëtes de la classe de Virgile des versificateurs sans invention, et des poëtes extravagans.

1746. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 20, de la difference des moeurs et des inclinations du même peuple en des siecles differens » pp. 313-319

Les sçavans médiocres et les personnes qui professent les arts liberaux avec un talent chetif, sont même devenus si communs, qu’il est des gens assez bizarres pour penser qu’on devroit aujourd’hui avoir autant d’attention à limiter le nombre de ceux qui pourroient professer les arts liberaux, qu’on en apportoit autrefois à l’augmenter.

1747. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Il étoit impossible de persuader au public qu’il ne fut pas touché aux représentations de Thesée et d’Atys, mais on lui faisoit croire que ces tragédies étoient remplies de fautes grossieres qui ne venoient pas tant de la nature vicieuse de ce poëme, que du peu de talent qu’avoit le poëte.

1748. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

La Bruyère, qui retrouve la grande nature humaine sous le grand costume du xviie  siècle, La Bruyère nous fait comprendre son temps autant par son genre de talent, sa manière à lui, que par la peinture qu’il en trace.

1749. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Un homme que l’histoire nommera d’un nom que nous épargnerons à sa vieillesse, Lamennais, fut le premier de notre temps qui reprit, dans les Paroles d’un croyant, bien plus avec l’éclat de sa renommée qu’avec l’éclat d’un talent qui pâlissait et qui allait mourir, cette idée révolutionnaire et menteuse de l’hostilité de la religion et du pouvoir.

1750. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

La seule réserve que nous voulions faire contre ce morceau distingué, où toutes les influences qui durent modifier le talent et l’observation de l’auteur du Roman bourgeois sont discernées et indiquées, est l’intention de caricature et d’épigramme prêtée beaucoup trop, selon nous, à Furetière, lequel a peint la bourgeoisie de son temps bien plus comme il la voyait et comme elle était qu’autrement.

1751. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

On a pourtant acquis des résultats incontestables de bien-être sinon de gloire, l’égalité dans les mœurs sinon la grandeur dans les actions, les jouissances civiles sinon le caractère politique, la facilité à l’emploi des industries et des talents, sinon la consécration de ces talents à l’intérêt général d’une patrie. […] Ses invectives sur Garat, par exemple, sont d’une grande dureté, et ne laissent pas jour aux qualités secondaires de cet homme de talent, de sensibilité même, aimable, disert, aussi bon et aussi sincère qu’on peut l’être n’étant que sophiste brillant et sans la trempe de la vertu : pourtant, après avoir relu l’apologie de Garat lui-même en ses Mémoires, je trouve que, malgré les dénégations de l’écrivain et ses explications ingénieuses, analytiques, élégantes, les jugements de Mme Roland subsistent au fond et restent debout contre lui.

1752. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

» — Non seulement le plébéien entre au salon s’il a de l’usage, mais il y trône s’il a du talent. […] Quant à moi, j’écrirais demain une comédie si j’en avais le talent, et, si l’on me mettait un peu en colère, je la jouerais. » Et, de fait, « le vicomte de Ségur, fils du ministre de la guerre, joue le rôle d’amant dans Nina sur le théâtre de Mlle Guimard, avec tous les acteurs de la comédie italienne574 ». […] Ajoutez à cela, si vous voulez, leurs autres petits talents d’amateurs : peindre à la gouache, faire des chansons, jouer de la flûte. — Après ce mélange des classes et ce déplacement des rôles, quelle supériorité reste à la noblesse ?

1753. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Un journal, célèbre pour ses talents, le Journal des Débats, lui prêta ses amitiés et ses pages. […] Leurs talents les amnistient aussitôt qu’ils consentent à les prêter. […] On ne peut s’empêcher, malgré tout le talent déployé, de plaindre l’un, et de chérir l’autre.

1754. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Du talent, certes, des dons, mais des talents qui ont l’air de s’être lavé les mains sans user de savon et sans utiliser la brosse à ongles. […] Une démocratie ne peut se passer d’une élite, mais elle prétend ne la devoir qu’au travail et au talent.

1755. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je vois très bien que le talent n’a de valeur que parce que le monde est enfantin. […] Mes adversaires, pour me refuser d’autres qualités qui contrarient leur apologétique, m’accordent si libéralement du talent, que je puis bien accepter un éloge qui dans leur bouche est une critique. […] Jamais je n’ai compté sur mon prétendu talent pour vivre ; je ne l’ai nullement fait valoir.

1756. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Au moment où j’achevais la lecture de Salammbô, — comment, me disais-je, un homme d’esprit et de talent a-t-il pu se tromper de la sorte ? […] Subissant des influences contraires à celles qui auraient pu vraiment féconder le réalisme, il a été conduit d’abord, en dépit de son talent, à écrire un déplorable livre. […] Madame Bovary, malgré un talent des plus vifs, avait inspiré du dégoût ; Salammbô, malgré un énergique effort, n’a fait qu’ajouter au dégoût la fatigue et l’ennui.

1757. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Un jeune docteur en droit, M. de Beauverger, a publié, il y a quelques mois, une Étude dans laquelle il expose et discute avec talent les idées de Sieyès sur la constitution et l’organisation sociale. […] … Véritablement nous n’avons plus d’objet ; l’auditoire auquel s’adresse mon discours assiste à un jeu où il est désintéressé… Il veut bien en examiner les formes, juger le talent. […] j’aurai passé ma vie entière dans le travail le plus forcé, dans le malheur pour moi, et dans les sentiments les plus généreux, les plus ardents pour le bonheur des autres, et ma récompense sera d’être regardé par eux comme un homme à talents capable d’être adopté par des coteries de vils coquins !

1758. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

La distinction des génies objectifs et des génies subjectifs revient à la distinction de l’imagination et de la sensibilité ; chez les uns l’imagination, domine, chez les autres la sensibilité, nous ne le nions pas ; mais nous maintenons que la caractéristique du vrai génie, c’est précisément la pénétration de l’imagination par la sensibilité, et par la sensibilité aimante, expansive, féconde ; les talents de pure imagination sont faux, la couleur ou la forme sans le sentiment est une chimère. […] Le propre du talent médiocre, c’est d’être une résultante dont on peut retrouver et reconnaître tous les chiffres en étudiant le milieu et le caractère extérieur d’un auteur, tel qu’il s’est déroulé dans la vie ; le propre du génie, au contraire, c’est de renfermer comme chiffres essentiels des inconnues irréductibles. […] Taine est plus applicable au simple talent qu’au génie, et c’est la seconde qui exprime le trait caractéristique du génie, à savoir l’initiative et l’invention.

1759. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Déjà, dans René, Chateaubriand avait dit des poètes : — « Ces chantres sont de race divine : ils possèdent le seul talent incontestable dont le ciel ait fait présent à la terre. […] Des curiosités de rime et de forme peuvent être, dans des talents complets, une qualité de plus, précieuse sans doute, mais secondaire après tout, et qui ne supplée à aucune qualité essentielle. […] Richepin, qui manque plutôt de conviction que de talent, et c’est cette absence de sincérité nous il verrons, qui l’a fait rester a mi-chemin entre le bateleur et le poète.

1760. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Digne par ses grandes connaissances, par ses talents supérieurs, par la considération dont il jouissait dans l’Université, du titre de chef de secte, il n’osa pas accepter une position si enflammée et si grandiose. Homme de conscience plus que de passion impétueuse ou tenace, il devait sa gloire au mérite de sa pensée ; mais il s’effrayait de cette gloire allumée par son talent, comme un enfant s’épouvanterait de l’incendie projeté par le flambeau qu’il porte dans ses mains confiantes. […] V. les Clarendon’s state papers, et l’ouvrage plein de faits et de talent de J.

1761. (1910) Rousseau contre Molière

C’est la pièce la plus immorale de Molière, comme, du reste, c’est celle où il a montré, je ne dirai pas le plus de génie, mais certainement le plus de talent. […] En civilisation avancée, il arrive, rarement Dieu merci, mais enfin il arrive qu’une jeune fille s’éprenne d’un homme âgé à cause de son intelligence, de son talent, etc. […] Il est vrai que le bon Arnolphe n’a aucun mérite intellectuel ni aucun talent propre à éblouir. […] Femme à talents, la jeune femme se servira de ces talents comme « d’amorce pour attirer chez elle de jeunes impudents qui la déshonoreront », femme sans talents, elle sera sans agrément, « maussade, grondeuse et insupportable dans sa maison. » En conséquence, il convient qu’elle soit musicienne, mais faible musicienne, chanteuse, mais médiocre chanteuse, danseuse, mais danseuse élémentaire. […] La présence d’esprit, la pénétration, les observations fines sont la science des femmes ; l’habileté de s’en prévaloir est leur talent.

1762. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Et plusieurs érudits, fiers de leurs barbarismes, font profession de n’avoir point de talent. […] Il a du talent, certainement ; qui dirait le contraire ? […] il m’est impossible, quelle que soit mon estime pour le talent de M.  […] Maurice Donnay a donné toute la mesure de son talent subtil et cruel. […] Paul Hervieu n’était pas encore tout à fait maître de son talent.

1763. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Ces exagérations pourtant, en ce qu’elles ont de trop réel, nous les poursuivrons aussi, nous les dénoncerons dans la tournure même de son talent, dans l’absolu de son caractère ; nous en mettrons, s’il se peut, à nu la racine. […] Son talent d’écrivain sortit tout brillant et coloré du milieu de ses fortes études, comme un fleuve déjà grand s’élance du sein d’un lac austère. […] Et ce style a l’avantage d’être tout d’une pièce, portant en soi ses défauts, sans rien de plaqué comme chez d’autres talents qu’à bon droit encore on admire. […] A tous les trésors de la science et du talent, M. de Maistre joignait une sensibilité exquise, qu’il portait dans les plus simples relations de la vie. […] Nous, de notre côté, nous déployons le même talent dans le drame du monde, tant l’homme imite bien le comédien !

1764. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Les écrivains qui sont aujourd’hui dans la plénitude de leur talent, MM.  […] Son talent est délicat et son goût est sûr. […] Son talent, dans ce qu’il a d’essentiel, est de sève bien française. […] Libre à d’autres de prôner l’impuissance comme la plus sûre marque de talent. […] -Ferdinand Hérold se porte garant du talent de M. 

1765. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Lebrun sur une œuvre qui avait paru exciter bien des réprobations, devrait rendre peut-être plus circonspects ceux qui repoussent d’abord, au même titre, d’autres œuvres de talent.

1766. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

2° Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent souvent moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans des genres moyens non titrés.

1767. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

M. de Montalembert, arrivé trop jeune à la publicité, est un homme de conscience et de talent, mais il n’a pas évité jusqu’ici l’exagération et la violence.

1768. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

De plus son talent littéraire si réel s’est tenu toujours dans une espèce de teinte obscure où l’on conçoit très-bien qu’il se soit dérobé.

1769. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

C’est pour cela que le premier talent du poète consiste dans l’art de choisir les mots.

1770. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

Si l’on veut connaître les scories d’un talent qui a toujours travaillé à s’épurer, c’est dans les contes du Scribe qu’il faut les chercher.

1771. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

On sait le rang qu’il s’était conquis par son talent et l’estime que lui avait méritée sa belle tenue littéraire.

1772. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Le vieux ne se sent pas le courage — et pourquoi ne le dirait-il pas — le talent d’écrire, lui tout seul, les deux études qui manquent au livre.

1773. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

Quant à l’auteur de ce drame, sûr de l’avenir qui est au progrès, certain qu’à défaut de talent sa persévérance lui sera comptée un jour, il attache un regard serein, confiant et tranquille sur la foule qui, chaque soir, entoure cette œuvre si incomplète de tant de curiosité, d’anxiété et d’attention.

1774. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Celui-ci ne prit ni femme, ni abbaye, ni emploi ; il se livra, à son talent pour la poésie, qui lui fit une grande réputation.

1775. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Nous avons donc eu raison de dire que c’est au christianisme que Bernardin de Saint-Pierre doit son talent pour peindre les scènes de la solitude : il le lui doit, parce que nos dogmes, en détruisant les divinités mythologiques, ont rendu la vérité et la majesté aux déserts ; il le lui doit, parce qu’il a trouvé dans le système de Moïse le véritable système de la nature.

1776. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Tant que les peintres portraitistes ne me feront que des ressemblances, sans compositions, j’en parlerai peu ; mais lorsqu’ils auront une fois senti que pour intéresser, il faut une action, alors ils auront tout le talent du peintre d’histoire, et ils me plairont indépendamment du mérite de la ressemblance.

1777. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs Tout ce que nous avons dit touchant l’ordonnance et l’expression des tableaux, peut aussi s’appliquer à la sculpture.

1778. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

Ainsi la réputation du peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l’expression des passions et dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu’il compare par lui-même, et dont il juge par lui-même.

1779. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Nous avons rnême affirmé (Travail du style, p. 11) qu’il faut avoir du talent et être déjà écrivain pour refondre et se corriger). « M. 

1780. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

C’est dans ces dialogues à tous hasards de sa pensée que le comte de Maistre a développé le plus de talent, d’audace d’esprit et d’originalité souvent étrange de style. […] Aujourd’hui que nous venons de le relire refroidi par trente ans, nous y trouvons plus de talent que de philosophie réelle ; la pensée y est plus hardie que forte, plus subtile que profonde, plus brillante que solide. […] XIV Faites abstraction de vos croyances, quelles qu’elles soient, et mettez-vous par la pensée au point de vue d’un homme de talent ou de génie qui veut, après une longue éclipse d’incrédulité, restaurer le christianisme dans l’esprit humain. […] M. de Maistre, en la présentant au dix-neuvième siècle, ne pouvait que nuire par son talent à la cause qu’adorait sincèrement sa foi.

1781. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Cette passion de la campagne, cette frénésie de la solitude et de la contemplation, devinrent les deux notes de son talent. […] Un hasard de société le lance de plein saut dans le cercle le plus aristocratique de Paris, au milieu de femmes de cour et d’hommes de lettres ; il s’y fait remarquer par sa figure, par quelques poésies récitées dans ces salons avec un succès d’étrangeté plus que de talent, et par son goût réel et inspiré pour la musique. […] Rousseau reste seul, sans amis, mais entouré d’un prestige de culte pour ses talents et ses vertus qui lui font une atmosphère de fanatisme. […] On en verra le résultat dans l’Émile, livre qui fait tant d’honneur au talent de plume de celui qui l’écrivit, comme rêverie, et tant de honte à ceux qui l’admirèrent comme code d’éducation.

1782. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Il y a vingt ans, on a commencé à lui reconnaître quelque talent musical : des éclairs, illuminant de loin en loin des ténèbres profondes. […] Vous avez certainement rencontré quelqu’un vous disant, avec la plus parfaite bonne foi : Quel talent, ce Wagner ! […] D’abord, Richard Wagner fut, lui même, un fou ridicule… Ensuite, quand on lui épargna « les petites maisons » on voulut « le clouer au pilori de l’histoire » : Wagner fut le Diffamateur de notre patrie, l’Insulteur de nos défaites… C’est l’époque où quelque talent musical lui était accordé. […] Déjà, nous ne croyons plus Wagner un fou sans talent ; — nous ne nions plus les beautés de ses morceaux, et nous le tenons quitte des crimes qu’il n’a jamais commis : — mais, promptement, il faudrait en finir de ces vieilles sottises, et franchir ce troisième degré, et, — lorsque, dans le reste du monde, l’Association Wagnérienne propage l’Œuvre de Bayreuth — il faudrait que nous voulussions bien voir en Wagner plus qu’un génie musical admirable, merveilleux, unique, et autre chose qu’un monstre de vanité, d’outrecuidance, de prétentieuse sottise.

1783. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

On en fera encore des milliers sans parvenir, quel que soit le talent des poètes, à élever ce monument auquel aspirent vainement toutes les langues et qu’on appelle un poème épique. […] L’art s’interpose entre l’écrivain et ce qu’il écrit ; ce n’est plus l’homme que vous voyez, c’est le talent. Le chef-d’œuvre des véritables grands écrivains, c’est d’anéantir en eux le talent et de n’exprimer que l’homme ; mais, pour cela, il faut que la sensibilité soit plus accomplie en eux que l’art, c’est-à-dire il faut qu’ils soient plus grands hommes encore par le cœur que par le style. […] Ces grands esprits ont eu du talent dans leurs ouvrages prémédités d’artistes ; mais ils n’ont eu de véritable style que dans leur correspondance ; pourquoi encore ?

1784. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Le trouvère, dans le cas présent, a du poète en lui, il a du talent et sait peindre. […] Cet apologue heureusement développé offre la peinture et la poésie de la basse-cour au naturel, et nous montre dans un cadre bien rempli le genre de talent des prédécesseurs de La Fontaine.

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