Étant descendu de voiture à quelques lieues de Brest, pour gravir une montagne assez longue, je le vois tout à coup sauter, danser, chanter, et rire aux éclats. « Quelle est donc, Aza, lui dis-je, la cause de ces folies ? […] « Mon dessein n’est pas d’entrer dans une discussion, dit-il ; mais il me suffira d’affirmer que j’ai vu, en assistant à un grand nombre d’expériences, des impressions et des effets très réels, très extraordinaires, dont la cause seulement ne m’a jamais été expliquée. » Sans nier que ces impressions et ces effets puissent être les résultats d’une imagination frappée, il demande si ce mot imagination est une réfutation bien péremptoire, et si au moins les savants et les philosophes ne devraient pas, par amour pour la vérité, méditer sur les causes de cette nouvelle et étrange propriété de l’imagination. […] Le prince Henri avait de grandes vertus ; ses lumières, son humanité, sa justice l’avaient popularisé en Europe, et, auprès de la gloire de Frédéric, la sienne, moins brillante, semblait incomparablement plus pure : et ce même prince, sans songer à mal, invente la plus odieuse des iniquités politiques ; à l’occasion, il en cause avec Catherine, il en cause avec son frère ; la partie s’arrange, il s’en félicite, et, dans sa retraite de philosophe, s’en berce comme d’un doux et beau souvenir ! […] M. de Ségur le mettait adroitement sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et l’entendant patiemment discourir pendant des heures entières sur les conciles œcuméniques, faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance.
Cette hyperhémie locale a pour cause une dilatation des artères qui a elle-même pour cause faction des nerfs vaso-moteurs sur les tuniques musculaires des artères. […] Sous la forme spontanée, il n’y a pas d’autres causes. […] Celle-ci est à la fois effet et cause de la civilisation. […] Quelle est la cause de cette périodicité des oscillations ? […] Il lui faudrait, outre la cause générale, trouver les causes particulières de chaque cas.
Dans cette proposition : il faut une cause à l’univers ; — il faut une cause, voilà la partie subjective, la forme de la connaissance ; — l’univers, voilà la partie objective, la matière de la connaissance. […] L’esprit humain recherche des causes, parce que telle est sa nature, et il les recherche à l’occasion de telle ou telle circonstance. […] Le jugement que tout changement a nécessairement une cause est donc un jugement qui ne repose pas sur l’expérience, c’est un vrai jugement à priori. […] Les corps sont pesans, tout changement suppose une cause, sont deux jugemens synthétiques, car ni la notion de pesanteur n’est renfermée dans celle de corps, ni la notion de cause dans celle de changement ; mais ces deux jugemens diffèrent en ce que, dans le premier, c’est l’expérience qui nous a attesté la réalité de la connexion entre l’idée de pesanteur et celle de corps, tandis que, dans le second, ce n’est pas l’expérience qui a pu nous faire voir la réalité de la connexion entre l’idée de cause et celle de changement. […] Comment prouver que l’idée de changement renferme logiquement celle de cause` ?
Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 183021 31 août 1830. […] il ne cherche pas dans de petites circonstances la cause de ce qui s’est fait ; il la trouve dans le fait même de la Restauration et dans l’inévitable enchaînement de ses conséquences : « C’est toujours dans l’état positif de la société qu’il faut chercher la cause des grandes commotions qu’elle éprouve. Lorsque cette cause est découverte, alors il est permis d’en prévoir les résultats, et nécessaire de les annoncer pour faire la part des hommes, et des choses qui sont plus fortes que les hommes, et afin que ces résultats ne soient pas troublés par des idées qui leur sont étrangères. […] « La première cause de la chute irrévocable des Bourbons était dans la Restauration, et ce n’est pas leur faute. […] Nous en indiquerons les causes, et l’étonnement fera place à une éternelle admiration.
Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. […] Cette difference entre deux generations des habitans du même païs arrivera par l’action de la même cause qui fait que les années n’y sont pas également temperées, et que les fruits d’une récolte valent mieux que les fruits d’une autre récolte. […] L’effet n’en seroit pas moins certain, parce qu’on en auroit mal expliqué la cause. […] Ces causes que j’appelle étrangeres, rendent l’air sujet à des vicissitudes de froid et de chaud, de sécheresse et d’humidité. […] Ils remarquent qu’il est des années bien plus fertiles en grands crimes que d’autres, sans qu’on puisse attribuer la malignité de ces années à une disette extraordinaire, à une reforme dans les troupes, ni à d’autres causes sensibles.
Causes physiologiques au plaisir et de la douleur. […] Je puis me faire illusion sur les causes de mes joies ou de mes peines, mais je ne puis pas me tromper sur ce fait même que je jouis ou que je souffre. […] Nous pouvons donc parler d’une « faim mécanique » comme cause de toutes les actions des organismes vivants. […] Au contraire la douleur, venant d’une cause qui offense les nerfs, nous donne la conscience d’une faiblesse et d’une impuissance. […] Le calcul algébrique des forces (mV2) n’est alors qu’un symbole abstrait du calcul philosophique des forces réelles, des causes.
La différence des temps a changé en quelque chose de très blessant pour nous ce qui fit la puissance du grand fondateur, et si jamais le culte de Jésus s’affaiblit dans l’humanité, ce sera justement à cause des actes qui ont fait croire en lui. […] Mais prenons un François d’Assise, la question est déjà toute changée ; le cycle miraculeux de la naissance de l’ordre de saint François, loin de nous choquer, nous cause un véritable plaisir. […] Telle est la faiblesse de l’esprit humain que les meilleures causes ne sont gagnées d’ordinaire que par de mauvaises raisons. […] Les faits doivent s’expliquer par des causes qui leur soient proportionnées. Les faiblesses de l’esprit humain n’engendrent que faiblesse ; les grandes choses ont toujours de grandes causes dans la nature de l’homme, bien que souvent elles se produisent avec un cortège de petitesses qui pour les esprits superficiels en offusquent la grandeur.
La déchéance pour cause d’utilité nationale et d’utilité du genre humain était évidemment dans ses principes. […] Quelle cause ? […] « Danton fut surtout poussé au meurtre par une cause plus personnelle et moins théorique : son caractère. […] Ce qui fait le droit, la beauté et la sainteté de la cause des peuples, c’est la parfaite moralité de leurs actes. […] Les causes perdues ont des retours dont il ne faut souvent chercher les motifs que dans le sang des victimes odieusement immolées par la cause opposée.
Or, la cause doit être antérieure à l’effet. […] C’est le contraire qu’a en vue Leibnitz, puisque, pour lui, les causes efficientes sont suspendues aux causes finales. […] La cause de la mort est double. […] Sabatier, un symbole exact de la cause de la mort. […] Les changements survenus dans le milieu en sont la cause première.
Ce mot cache nombre d’effets à expliquer ; il ne révèle aucune cause propre, il n’explique rien. […] Les causes proprement anthropologiques restent forcément insaisissables. […] L’imitation se trouverait encore être, en ce cas, cause de l’expansion des idées égalitaires ? […] En disant que telle forme sociale contribue au succès de l’égalitarisme, nous ne prétendons pas qu’elle en soit la cause unique, la raison suffisante : nous ne la posons que comme une de ses conditions. […] Seulement, par cela même qu’elle se présente comme une science abstraite de l’histoire, ce sera moins une science de causes suffisantes et de lois immuables qu’une science de tendances et d’influences.
Causes du Bovarysme : un principe de suggestion, — la connaissance anticipée des réalités, — le milieu social […] Cette cause particulière a été signalée et décrite par M. […] La révolution de 1848 cause parmi les personnages de Flaubert quelques-unes de ces brusques évolutions. […] Mais on d’autres occasions, il semble au contraire que la haine des réalités soit, au lieu d’une conséquence, la cause qui la détermine à se concevoir autre qu’elle n’est. […] Elle s’exprime en un Bovarysme de la cause première.
D’après ces orationes, les Latins appelèrent oratores ceux qui défendent les causes devant les tribunaux. […] Lorsque la barbarie antique reparut au moyen âge, on coupait la main droite au vaincu, quelque juste que fût sa cause. […] Les jugements héroïques, récemment dérivés des jugements divins ne faisaient point acception de causes ou de personnes, et s’observaient avec un respect scrupuleux des paroles. […] Le peuple le renvoya absous, plutôt par admiration pour son courage, que pour la bonté de sa cause . […] La loi toute bienveillante y interroge la conscience, et selon sa réponse se plie à tout ce que demande l’intérêt égal des causes.
Mais si l’être en soi est aussi une cause, et une cause absolue, le mouvement et le monde suivent naturellement. […] En effet, le moi ne se saisit que dans ses actes, comme une cause qui agit sur le monde extérieur et le monde extérieur n’arrive à la connaissance du moi que par les impressions qu’il fait sur lui, par les sensations que le moi éprouve, qu’il ne peut pas détruire, qu’il ne peut donc rapporter à lui-même, et qu’il rapporte alors à quelque cause étrangère : cette cause étrangère est le monde ; c’est une cause finie, et le moi aussi est une cause finie. La substance infinie, principe commun du moi et du non-moi, est donc une cause aussi, et elle est, conséquemment à sa nature, une cause infinie. […] Elles viennent d’une seule cause. […] Dieu est-il considéré comme un pur être en soi, une substance qui n’est pas une cause, ainsi que le veut Spinoza, ou tout au plus comme une cause de lui-même, ce qui n’est pas une cause effective et véritable ?
Les sujets historiques, que la tradition offre généralement à traiter dans les compositions de collège, poussent forcément à l’invention romanesque : on ignore trop le détail particulier des événements réels, les ressorts cachés, les causes secrètes, les passions individuelles, les accidents insignifiants, mais gros de conséquences ; et dans la brume vague, dans le recul majestueux, où les hommes de l’histoire apparaissent comme de grands fantômes sans consistance, on n’ose rien soupçonner de médiocre ou d’ordinaire : on ne veut rien que de grand, de surprenant : du sublime et de l’horreur. […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité. […] Tous les grands principes de la psychologie, toutes les lois et tous les faits de la vie morale, apparaîtraient ; le jeu mystérieux des causes infiniment petites et mêlées serait découvert. […] Mais, pour l’appliquer, il faut savoir quels changements dans les effets répondent à tels changements dans les causes, mesurer la valeur de chaque donnée, afin de faire varier le produit selon que varieront les facteurs. […] Vous ne devez pas perdre de vue que la nature et l’intensité des causes étant altérées, les effets ne devront pas rester les mêmes en nature et en intensité : c’est affaire d’observation, de tact et de temps, pour apprendre à y maintenir une exacte correspondance.
Sa fonction est de juger et il doit juger en tout état de cause. Ce dogmatisme juridique s’exprime naïvement dans l’article IV du Code civil qui enjoint au juge de juger coûte que coûte : « Le juge qui refusera de juger sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice. » Ainsi, en tout état de cause, la décision juridique doit être tenue pour bonne et elle doit l’être parce que, quelle qu’elle soit, elle vaut mieux pour l’ordre social que l’absence de jugement qui laisserait se perpétuer un débat et une cause de trouble. […] Le caractère absolutiste de la loi est atténué par plusieurs causes qui ont joué un rôle dans le passé et qui continuent encore à agir dans le présent. — L’une de ces causes est l’influence de la jurisprudence qui est une sorte de casuistique judiciaire, une adaptation du droit aux individus et aux cas particuliers. L’effort contemporain vers l’individualisation de la peine est la manifestation la plus libérale de cette tendance devenue pleinement consciente d’elle-même. — Une autre cause qui tient en échec l’absolutisme juridique est la tendance naturelle des hommes à désobéir aux lois ; c’est la pratique incessante, directe ou indirecte, ouverte ou sournoise, de l’illégalité. […] Toutefois ce serait s’abuser que de croire que les causes d’antinomies entre l’individu et le régime juridique tendent véritablement à disparaître par le bienfait de cette évolution du droit.
La seconde dispute roule sur les causes de la corruption du stile. […] Dans les différends qui se sont élevés sur les causes véritables de cette dépravation de stile dont on se plaint, il faut d’abord faire mention de ceux de l’abbé Dubos, cet écrivain qui avoit peu lu, mais beaucoup réfléchi. […] Ce dernier a établi de nouvelles idées : mais en substituant, comme il fait, les causes morales aux causes physiques, se trouve-t-on plus éclairci ? […] Racine, & commençant par convenir qu’il y avoit encore dans ce siècle des écrivains dignes de l’autre, il a mieux saisi & marqué les causes véritables du contraste de ces deux siècles. […] Il semble qu’on ait moins exposé les causes de la corruption du stile, que les effets de cette corruption même.
Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts Tous les siecles ne sont pas également fertiles en grands artisans. […] Il s’agit uniquement de remonter, s’il est possible, aux causes qui donnent tant de supériorité à un certain siecle sur les autres siecles. […] On trouve d’abord que les causes morales ont beaucoup de part à la difference sensible qui est entre les siecles. J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application. […] On trouve que les causes morales ont beaucoup favorisé les arts dans les siecles où la poësie et la peinture ont fleuri.
Lorsque Pascal disait que l’homme ne sait que ce qui lui a été enseigné, et que, par conséquent, nous ne pouvons nous dispenser de remonter toujours à un enseignement primitif comme à une cause première, il commençait à jeter le pont qui devait réunir un jour le monde ancien et le monde nouveau. […] On peut dire aussi que la cause de la parole n’a été défendue que lorsque cette cause a été attaquée. […] Ancillon s’est donc arrêté à une cause seconde sans chercher s’il était possible de remonter à une cause première ; mais ce qui a dû se passer dans son entendement lorsqu’il a été retenu ainsi sur les dernières limites du système de l’invention du langage par l’homme, est un exemple de plus ajouté à tous ceux que j’ai cités et aux autres faits que j’ai présentés pour prouver l’émancipation de la pensée. […] C’est ainsi qu’on a été graduellement amené à penser que tout était d’invention humaine ; c’est ainsi que, ne pouvant expliquer les prodiges de l’harmonie ancienne, on a trouvé plus simple de les nier, ou de les attribuer à des causes indépendantes de l’essence même de la musique primitive ; c’est ainsi qu’on a imaginé d’établir en théorie que l’homme avait pu fonder la société et parvenir à instituer le langage, sans savoir toutefois ce qu’il faisait. […] Mais ce qui, au défaut de toute autre cause, assurerait encore la perpétuité des sociétés humaines, c’est la nécessité imposée à l’homme de tout apprendre.
Les causes qui renferment l’association semblent se résoudre à deux : la vivacité des sentiments associés et la fréquence de l’association. […] Mon idée de rose est donc formée par la fusion de plusieurs idées, entre lesquelles une ou deux sont prédominantes (la couleur et la figure). — Maintenant mes sensations je les considère comme un effet et je crois à quelque chose qui en est la cause ; et c’est à cette cause, non à l’effet, qu’est approprié le nom d’objet. « A chacune des sensations que nous avons d’un objet particulier, nous joignons dans notre imagination une cause, à ces diverses causes nous joignons une cause commune à toutes et nous la marquons du nom de substratum 37. […] Ainsi donc dans notre croyance aux objets externes deux choses : d’abord un groupe d’idées fondues en un tout par l’association ; ensuite l’idée d’un antécédent (cause) de ce tout. Cette croyance implique donc une théorie de la cause laquelle est très simple chez l’auteur : soit un fait B et un antécédent A ; si leur association nous est donnée comme inséparable, et l’ordre de leur association comme constant, nous dirons qu’A est cause de B.
En pouvez-vous dire autant du principe de la cause ? […] Mais cette explication n’est autre chose que la destruction, non pas seulement du principe des causes, mais de la notion même de cause. […] Une illusion comme la notion de cause. […] Reprenons pour exemple le principe de la cause. […] Elle les rapporte donc à leur cause et à leur substance.
» Ceci est assez bien dit, sauf l’emphase ; mais que penser, lorsque venant à parler de l’art chrétien, de l’art gothique, de la cathédrale où Goëthe vit surtout une morte imitation de la nature, une cristallisation infinie, et où Hugo vit surtout le lai]d et le diable, Michelet ajoute : « L'un et l’autre regarda le dehors plus que le dedans, tel résultat plus que la cause. » Moi, je partis de la cause, je m’en emparai, et la fécondant, j’en suivis l’effet. […] de l’élément même qui la fit la première fois, du cœur et du sang de l’homme, des libres mouvements de l’âme qui ont remué ces pierres, et sous ces masses où l’autorité pèse impérieusement sur nous, je montrai quelque chose de plus ancien, de plus vivant, qui nia l’autorité même, je veux dire la liberté… » J'ai suivi la même marche, porté la même préoccupation des causes morales, du libre génie humain dans la littérature, dans le droit, dans toutes les formes de l’activité. […] … » Cette exaltation et cette glorification de lui-même vont continuant sur ce ton : « Le sentiment de la vie morale, qui seul révèle les causes, éclaira, dans mes livres et dans mes cours, les temps de la Renaissance.
Mais la cause du Cosmos, mais le mot des mots a disparu. […] La plus élémentaire des notions, celle qui remonte et qui descend sans cesse de l’effet à la cause et de la cause à l’effet, s’est voilée. […] En toutes choses, celui qui ne sait pas la cause et la fin d’une œuvre, ne sait rien ! […] Le monde est un monstre sans père ni mère, un effet sans cause ! […] C’est sa façon de s’y prendre qui est particulière et qui cause une impression désagréable.
En choisissant pour nous la raconter la vie de Clément XIV, ce pontificat de quatre années qui ne contient guères qu’une seule chose : la suppression de l’Ordre des jésuites, et en élevant, à propos de ce fait si lamentablement fameux qui contrista tous les cœurs dévoués à la cause du catholicisme, un monument de louange et de respect au pontife de l’abolition, le P. […] Nous ne disons point que l’abolition des jésuites créa les causes de la Révolution française, mais nous disons qu’elle les précipita, et qu’elle y ajouta ce que la philosophie triomphant de la foi et de l’enseignement catholique devait nécessairement y mettre. Aux causes politiques de cette révolution, fille de tant de fautes séculaires, la philosophie, qui s’était développée depuis Luther, avait ajouté les causes morales, et, l’on ne saurait trop le répéter, c’est à l’influence épouvantable de ces causes morales, qui donnèrent à la Révolution ce caractère appelé satanique par un grand écrivain, que les jésuites auraient pu s’opposer avec le plus d’ascendant. Il y a plus, et, selon nous, l’histoire ne l’a pas assez signalé : s’il y avait des esprits capables de comprendre les causes politiques de la Révolution française, s’il y avait des hommes qui, par l’étendue de leurs lumières, la flexibilité pratique de leur génie et leur sentiment de la réalité politique, ressemblassent peu aux chefs aveugles et sourds d’une société mourant de corruption et de métaphysique, c’étaient assurément les hommes de la société de Jésus. […] Ce qu’il veut, ce qu’il essaie à toutes les pages de son livre, c’est de justifier Clément XIV d’une abolition devenue nécessaire, soit à cause du besoin des temps, soit à cause des abus qui s’étaient produits, disait-on (et qui disait cela ?)
Cause de la stérilité des premiers croisements et des hybrides. — VI. […] Bien que cette distinction soit importante dans la recherche des causes de la stérilité également constatée dans l’un et l’autre cas, elle a été négligée probablement parce qu’on préjugeait en général que la stérilité des croisements entre espèces différentes était une loi absolue dont les causes étaient au-dessus de notre intelligence. […] Causes de la stérilité des premiers croisements et des hybrides. — Nous étudierons maintenant, d’un peu plus près, les causes probables de la stérilité des premiers croisements et des hybrides qui en proviennent. […] Même à l’égard des premiers croisements, la difficulté plus ou moins grande d’effectuer l’alliance paraît dépendre de plusieurs causes distinctes.
Stuart Mill ; disserte-t-on sur les attributs de Dieu, sur les causes premières, on vous décerne le même titre. […] La chimie elle-même, qui descend par l’analyse jusqu’aux derniers éléments, ne sort point cependant de l’étude des causes secondes. […] Autrefois, elle contenait tout, principes et conséquences, causes et faits, vérités générales et résultats. […] Je pourrai même en deviner la cause ; si j’ai l’esprit pénétrant, si cet homme et ses antécédents me sont connus. […] Et pourtant il n’est point possible que les effets varient sans cesse, et que la cause reste immobile.
Par exemple, la cause des marées était inconnue pour les anciens ; elle est connue pour nous. […] Enfin l’idée d’existence par soi est celle d’une cause qui ne serait plus elle-même l’effet d’une autre cause ; c’est celle d’un commencement, d’une première cause. […] L’idée à laquelle nous rapportons toute vérité, c’est celle de l’enchaînement déterminé des causes et des effets. […] Mais alors, cela revient à dire que notre expérience a pour causes des choses dont nous ne savons absolument rien et ne pouvons rien savoir, pas même qu’elles sont des causes. Cela revient encore à dire que la cause de la conscience, s’il y en a une, est absolument inconnue et inconnaissable.
Nous avons montré comment on peut étudier ces individus eux-mêmes en les rattachant à leur tour aux diverses causes qui ont pu agir sur eux et aux divers effets dont ils ont pu être la cause. […] D’abord on brise ainsi l’enchaînement des faits ; et Turgot a dit, au siècle dernier, avec une admirable précision : « Tous les âges sont enchaînés par une suite de causes et d’effets qui lient l’état présent du monde à tous ceux qui l’ont précédé. » Cette pensée doit être pour l’historien comme un phare qui le guide dans la nuit et les brouillards des âges révolus. […] On ne comprend plus qu’avant d’être causes de certains effets ils ont été effets de certaines causes, qu’avant de modifier les milieux où ils vécurent ils ont eux-mêmes été façonnés par ces milieux.
Le plaisir causé par un mets savoureux est sensitif ; le plaisir causé par une pensée, par un raisonnement, par la compréhension d’un rapport de cause à effet, de moyen à fin, de tout à parties, est intellectuel ; les plaisirs causés par l’exercice de l’activité volontaire et motrice, par exemple le plaisir de vouloir, le plaisir de résister à la volonté d’autrui ou, au contraire, de coopérer à cette volonté, le plaisir de mouvoir ses muscles, ses membres, etc., sont des plaisirs volitifs. […] Une similarité découverte entre des objets qui paraissaient d’abord tout dissemblables cause à l’intelligence le plaisir d’apercevoir l’un dans le multiple. Une contradiction, une multiplicité sans lien, en supprimant la condition même de la représentation et de la pensée, cause un déplaisir, un choc intellectuel. […] La facilité ou la difficulté du cours même des pensées et des associations cause un plaisir ou une peine, analogues à ceux du mouvement libre ou du mouvement entravé, du déploiement ou de l’arrêt de la vie. […] Toute sensation agréable, en effet, tout mouvement agréable cause un plaisir esthétique élémentaire lorsqu’il y a ainsi attention adéquate en intensité à l’intensité du plaisir même ou du mouvement ; d’où résulte une harmonie entre la réprésentation ou action et son aperception consciente.
Il n’a pas de cause, en effet. Au milieu de celles qui luttent dans son livre et qui s’y déchirent : cause royaliste, cause jacobine, cause religieuse ou cause athée, il ne choisit point ; il ne se range point ; il ne combat pas. […] Pas plus qu’il n’épouse de cause politique ou de cause religieuse, il n’épouse aucune métaphysique.
L’étude de l’histoire lui avait appris que souvent les plus grandes et les plus fortes causes périssent misérablement par les hommes qui devaient les faire triompher, et qu’entamer profondément ces hommes, c’est entamer leur cause à une égale profondeur. […] Il l’a écrite le plus souvent pour les besoins d’une cause politique. […] Il y eut l’intérêt d’une cause et d’une cause sacrée, cause historique et française de la monarchie. […] Il préféra cette cause à tout, et il ne vécut sa longue vie que pour elle. Monarchiste par-dessus toutes les dynasties, il resta dans sa cause, et dans la bataille éternelle pour sa cause, comme ces drapeaux que les Gaulois appelaient fièrement : « les immobiles !
On ne regarde les parties que pour juger du tout ensemble ; on examine toutes les causes pour voir les résultats. […] Des causes, tirées la plupart du physique du climat, ont pu forcer les causes morales dans ce pays, et faire des espèces de prodiges. […] C’est un effet qui dérive de sa cause naturelle. […] La supériorité des peuples et des lois tient à des causes mobiles et multiples qu’une intelligence comme celle de Montesquieu devait étudier et approfondir, au lieu de l’attribuer à une seule cause que la nature et l’histoire démentent à chaque ligne de la vie des nations. […] Ce qu’il dit des causes de la population relative est également erroné.
J’ajouterai que Robespierre depuis a échoué par la même cause et par d’autres raisons encore. […] C’est méconnaître la grandeur des causes qui décident du sort des hommes éminents. […] Vous laissez à ceux-ci les petites causes et les chétifs accidents qui décident de leur destinée. […] Quand je conteste la possibilité pour l’homme d’atteindre aux mille causes lointaines et diverses, je suis loin de nier cet ordre de considérations et de conjectures par lesquelles, dans un cadre déterminé, on essaie de rattacher les effets aux causes. […] Mais, même en ne considérant que les jugements relatifs à la révolution anglaise, l’enchaînement des causes et des effets y paraîtra trop tendu.
Cette rencontre peut être due à des causes toutes subjectives, notamment à une suffisante homogénéité des tempéraments individuels. […] Si c’est la même cause qui est partout agissante, d’où vient que les effets sont spécifiquement différents ? […] Si l’idéal ne dépend pas du réel, il ne saurait y avoir dans le réel les causes et les conditions qui le rendent intelligible. […] C’est dans la nature qu’il se manifeste ; il faut donc bien qu’il dépende de causes naturelles. […] C’est alors que les caractères intrinsèques de la chose peuvent paraître — à tort d’ailleurs — la cause génératrice de la valeur.
Il n’en reste pas moins que, pendant ces dernières années, en dépit des oppositions, la cause de la sociologie objective, spécifique et méthodique a gagné du terrain sans interruption. […] Comment donc aurions-nous la faculté de discerner avec plus de clarté les causes, autrement complexes, dont procèdent les démarches de la collectivité ? […] De plus, elle n’est pas née de rien ; elle est elle-même un effet de causes externes qu’il faut connaître pour pouvoir apprécier son rôle dans l’avenir. […] Des représentations qui n’expriment ni les mêmes sujets ni les mêmes objets ne sauraient dépendre des mêmes causes. […] Mais on ne peut savoir si la société est ou non la cause d’un fait ou si ce fait a des effets sociaux que quand la science est déjà avancée.
Ils se flattent d’expliquer par des causes très-générales ou par des moralités simples des résultats très-compliqués, très-divers ; ils accusent confusément le luxe, la cupidité, l’amour du pouvoir. […] On trouve bien çà et là dans les auteurs quelques pensées philosophiques, quelques réflexions morales propres à guider le lecteur dans la recherche des causes qui amenèrent la chute de la République ; mais ce ne sont que des aperçus partiels, des données incomplètes, des systèmes vagues et quelquefois superficiels. […] Il faut espérer que l’auteur, s’élevant à d’autres perspectives, éclairera de quelques traits lumineux les causes de cette décadence. […] En général, Tacite, qui pénètre si avant dans le cœur humain, n’a pas la même portée pour sonder (quoiqu’il en ait la prétention) lesplus hautes causes des événements. […] On s’est longtemps accoutumé parmi nous à croire qu’il n’y a d’indépendance que dans les oppositions : il y en a ailleurs ; mais il faut quelquefois une véritable fermeté de raison et, qui plus est, de caractère pour soutenir la cause qui, à quelque temps de là, sera presque unanimement reconnue avoir été celle de la société et de la patrie.
Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite. […] « On eut lieu, dit Saint-Simon, d’être surpris de ce qu’un élève de l’hôtel de Rambouillet, et pour ainsi dire l’hôtel de Rambouillet en personne, et la femme de l’austère Montausier, succédât à madame de Navailles si glorieusement chassée. » Le reproche d’avoir succédé à madame de Navailles, si glorieusement chassée pour avoir fermé au roi la porte des visites nocturnes, est absolument dénué de fondement, cette clôture, vraie ou supposée, n’a point été la cause de la disgrâce de madame de Navailles : ce fut l’imputation d’un fait qui, par sa gravité, était de nature à motiver la disgrâce et non à la rendre glorieuse. […] Il résulte de ce qui précède : i° que Saint-Simon s’est trompé sur le motif qui fit renvoyer madame de Navailles, et qu’ainsi son accusation contre madame de Montausier tombe ; 2° que la cause du renvoi de la maréchale fut une intrigue issue de main de courtisan, avec de telles circonstances, que ni le roi, ni les personnes instruites de ses motifs, ne pouvaient douter de la faute grave qui était imputée à la dame d’honneur, et qu’ainsi, madame de Montausier, en achetant sa charge, ne fit que partager le sentiment général qui la condamnait.
Même quand le martyre s’est trompé de cause, il ne s’est pas trompé de vertu ! […] Le premier, tout moral, c’était de démontrer historiquement au peuple, et surtout aux hommes d’État, que le crime politique, populaire, démocratique ou aristocratique, déshonorait ou perdait fatalement toutes les causes qui croyaient pouvoir se servir pour leur succès de cette arme à deux tranchants ; Que la Providence était aussi logique que la conscience ; Que les événements ne pardonnaient pas plus que Dieu l’emploi des moyens criminels, même pour les causes les plus légitimes, et qu’en commentant avec clairvoyance la Révolution française, le plus vaste et le plus confus des événements modernes, on trouverait toujours infailliblement un excès pour cause d’un revers, et un crime pour cause d’une catastrophe. […] Je ne réserverais que ma personne, qui ne m’appartient pas, puisqu’elle appartient à la cause de la dynastie légitime et de la liberté conservatrice. — J’irai donc », lui dis-je. […] Croker écrasé par mon démenti à ses mensongères accusations d’ambition mécontente, cause, disait-il, de ma conduite en 1848. […] Ce pouvoir démontré introuvable dans la chambre parmi les ligueurs qui vous ont renversés, le pays demandera lui-même à grands cris au roi de dissoudre cette assemblée, cause de son anarchie.
Publiés en 1838, les mémoires de Vaublanc, que l’auteur n’avait pas intitulés sans dessein Mémoires sur la Révolution de France et Recherches sur les causes qui ont amené la révolution de 1789 et celles qui Vont suivie, étaient, d’après leur titre et leur contenu, plus que des Mémoires personnels. […] Ainsi, il y a au commencement de ses Mémoires un grand morceau sur le cardinal de Richelieu, dont l’administration lui semble la cause première de la Révolution française, et ce long morceau d’une plume de si grand sens, a tout le chimérique du parti pris et l’ambitieux du système ; mais il est dans la logique de l’esprit de Vaublanc qui, en sa qualité d’homme d’action exagère dans l’histoire l’action des hommes et ne voit qu’eux. […] Il ne m’est pas prouvé que Pitt eût bien jugé les causes de la Révolution de 1688 ou de toute autre révolution d’Angleterre, et il fut un admirable ministre, dans le seul sens, qui est pratique, de ce mot. […] S’il ne sait pas les causes éloignées de la révolution à laquelle il est mêlé et qu’il traverse, il en connaît merveilleusement les causes prochaines. Les causes de son temps, il les voit.
Cette loi universelle n’implique-t-elle pas une cause universelle ? […] Cette loi, qui explique la transformation universelle de l’homogène en hétérogène, la voici : Toute force active produit plus d’un changement, — toute cause produit plus d’un effet. […] Il fait remarquer d’ailleurs que s’il y a en réalité des causes complexes, là où nous en avons parlé comme de causes simples, il reste cependant vrai que ces causes sont bien moins complexes que leurs résultats. […] Tout se tient : la haute civilisation n’est possible que par la culture des sciences ; mais qu’on y prenne garde, la culture des sciences n’est possible non plus que par la civilisation ; ainsi la cause devient effet et l’effet devient cause ; parce que, dans tout ce qui vit, la loi suprême, c’est la réciprocité d’action. […] Mais ce qu’il importe de bien comprendre, c’est que l’idée d’évolution, soit qu’elle explique les phénomènes cosmiques et biologiques, soit qu’elle pénètre dans le monde de la pensée et de l’histoire, n’explique jamais les causes premières.
La jurisprudence humaine ne considère dans les faits que leur conformité avec la justice et la vérité ; sa bienveillance plie les lois à tout ce que demande l’intérêt égal des causes. […] Par un effet des mêmes causes qui firent l’héroïsme des premiers peuples, les anciens Romains qui ont été les héros du monde, se sont montrés naturellement fidèles à l’équité civile. […] Joignez à cela les causes naturelles qui produisent les gouvernements humains, et qui sont toutes contraires à celles qui avaient produit l’héroïsme, puisqu’elles ne sont autres que désir du repos, amour paternel et conjugal, attachement à la vie. […] La multitude n’en peut comprendre d’autre, parce qu’elle considère les motifs de justice dans leurs applications directes aux causes selon l’espèce individuelle des faits. […] Ainsi les faits nous apparaissent tellement séparés de leurs causes, que Bodin, jurisconsulte et politique également distingué, montre tous les caractères de l’aristocratie dans les faits que les historiens rapportent à la prétendue démocratie des premiers siècles de la république. — Que l’on demande à tous ceux qui ont écrit sur l’histoire du Droit romain, pourquoi la jurisprudence antique, dont la base est la loi des douze tables, s’y conforme rigoureusement ; pourquoi la jurisprudence moyenne, celle que réglaient les édits des préteurs, commence à s’adoucir, en continuant toutefois de respecter le même code ; pourquoi enfin la jurisprudence nouvelle, sans égard pour cette loi, eut le courage de ne plus consulter que l’équité naturelle ?
D’ailleurs, nous autres modernes habitués à la doctrine de la pluralité des causes, nous ne répugnons nullement à admettre non pas un beau en soi, mais des beaux. […] Les causes du rire, dit M. […] Bain paraît trouver la cause du rire dans un sentiment de pouvoir ou de supériorité, et dans l’affranchissement d’une contrainte. […] Par suite, il n’a pas étudié le rire isolément, en lui-même ; il l’a rattaché à ses causes, à ses conditions ; il l’a considéré comme le moment d’un tout, dont on ne peut le séparer. […] Les lois promulguées sont donc l’œuvre des consciences individuelles, au lieu d’en être la cause.
L’action des trois causes, hérédité, influence du milieu, influence de l’habitat, par lesquelles M. […] Ces causes ne peuvent en tout cas être ni la race, ni le milieu, ni l’habitat, puisque l’essence d’une cause est d’agir toujours, et que l’influence de ces trois principes est variable. […] Car une même cause ne peut produire des effets opposés. […] Les militaires font de même par la même cause. […] C’est l’idée même de littérature nationale, hautement controversée à cette date, que la psycho-sociologie de la réception remet en cause ici.
Et il a montré, malgré toutes les séductions de ces Sirènes de l’Histoire, qu’ici la Cause fut plus grande que ses serviteurs et l’idée plus haute que les hommes. […] Mais Forneron n’a pas assez dégagé la Cause des hommes qui l’ont souillée ou trahie ; il n’a rien entendu à la grandeur divine de la Cause. […] Ils sont toujours prêts à se dégrader à l’envi, dans une cause que les hommes ne peuvent jamais dégrader, même en se dégradant, la Cause de Dieu ! […] Il l’aurait allumée au feu de ses croyances en deuil, devant le désastre de sa cause et de son histoire. Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu perdue par les hommes au xvie siècle ; car c’est presque une loi de l’Histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les Causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les Causes triomphantes, et soient plus belles à raconter !
Nous ne savons pas pourquoi, ou plutôt nous le savons trop, on s’étudie depuis quelque temps à rapetisser les causes de cette révolution ; c’est sans doute pour en rapetisser la portée. […] Admettons toutes ces causes secondaires, sans trop y croire. […] D’ailleurs, nous n’aimons pas qu’on donne de si petites causes aux grands effets : c’est toujours une erreur, quand ce n’est pas un paradoxe. […] Les hommes étaient dignes du rôle, la cause digne des hommes. […] Démosthène et Cicéron ne parlaient que pour eux, de leurs affaires ou de leur nation : nous parlions pour l’humanité tout entière ; notre affaire était l’affaire de la raison générale, la cause de l’homme et de l’esprit humain.
Du moins, c’est ce que son titre impliquait… Et il ne nous a raconté que les Effets révolutionnaires, incapable qu’il était de pénétrer dans cette profondeur des Causes et de jeter sa sonde là-dedans ! […] c’est une grande erreur, ou plutôt c’est un manque de vue, puisqu’on prétend y avoir regardé, que de dater l’apparition de l’esprit révolutionnaire dans notre histoire de la fin du règne de Louis XIV, et de lui donner pour première origine et pour cause la réaction inévitablement nécessaire de la Régence contre l’accablant despotisme d’un Roi qui avait fatigué et dégoûté la France par soixante ans de pouvoir absolu. […] Il a donné des causes prochaines de la Révolution française qui sont les causes secondes ; il n’a pas donné les causes éloignées, qui sont les causes premières… La flamme recroqueville ce qu’elle va brûler, mais c’est la flamme !
sont donc dans nous-mêmes ; & en chercher les raisons, c’est chercher les causes des plaisirs de notre ame. […] Des diverses causes qui peuvent produire un sentiment. Il faut bien remarquer qu’un sentiment n’a pas ordinairement dans notre ame une cause unique ; c’est, si j’ose me servir de ce terme, une certaine dose qui en produit la force & la variété. […] Lorsque nous voulons nous empêcher de rire, notre rire redouble à cause du contraste qui est entre la situation où nous sommes & celle où nous devrions être : de même, lorsque nous voyons dans un visage un grand défaut, comme par exemple un très-grand nez, nous rions à cause que nous voyons que ce contraste avec les autres traits du visage ne doit pas être. Ainsi les contrastes sont cause des défauts, aussi bien que des beautés.
Augustin Thierryef l’un des premiers, parti de l’idée confuse que les événements comprennent dans leurs causes d’autres facteurs que leur auteur principal, et exagérant l’effet de ces facteurs secondaires, a attribué une importance excessive à l’influence des masses dans les faits historiques. […] L’artiste et le héros sont à la fois les causes et les types du mouvement qu’ils provoquent ; ils le provoquent, le qualifient et l’orientent ; la foule le fait ; la foule et l’artiste, la foule et le héros le forment parce qu’ils participent entre euxej. […] La cause rectrice est, par elle-même, — indépendamment de la cause efficiente et régie, qui ne peut être pensée isolée, qui ne peut donc, — nos conceptions logiques venant des sens, — exister telle, expérimentalement. […] Pour une cause de même genre, la criminalité violente est fort rare parmi les membres des professions libérales et sévit surtout dans les pays illettrés. […] Même, en vertu de la substitution qui peut s’opérer entre une émotion réelle et une émotion esthétique, en vertu de l’affaiblissement de force active que cause chez un individu ou un peuple la prévalence des sentiments esthétiques, nous pourrons, par l’analyse, arriver à connaître et l’intensité et la nature de la volonté, dans un ensemble social possédant un art.
En d’autres termes, tout changement a une cause empirique et les mêmes causes produisent les mêmes effets. […] Puisque l’induction n’est qu’une identité d’effets affirmée en vertu de l’identité des causes, toute la difficulté pratique de l’induction réside dans la détermination des causes véritables, des vrais antécédents d’un phénomène ; cette détermination a lieu par l’expérimentation. […] La notion de cause ainsi entendue, ou, ce qui revient au même, le déterminisme des antécédents et des conséquents, est le nerf de toute induction. […] Un effet peut être produit par la rencontre passagère de séries de causes indépendantes ; par exemple, si je prends un train de chemin de fer et que ce train déraille, les causes qui m’ont amené à le prendre et les causes du déraillement sont deux séries indépendantes, AB, CD, qui ne coïncident qu’au point O. […] Qu’on nomme hasard cette rencontre de séries indépendantes, cela ne veut pas dire que l’événement fortuit soit sans causes et sans nécessité, mais qu’il est dû à une combinaison particulière et passagère de causes ou de nécessités.
Personne ne sçait mieux qu’eux, tenir ferme ou se relâcher à propos dans les affaires, et l’on remarque encore jusques dans la populace de Rome, cet art d’insinuer de l’estime pour ses concitoïens, qui fut toujours une des premieres causes de la grande renommée d’une nation. […] Au contraire, suivant notre systême, il falloit que la chose arrivât ainsi, et que l’altération de la cause altérât l’effet. […] La cause de cette corruption de l’air nous est même connuë. […] L’air y est toujours pernicieux de quelque côté que le vent souffle, ce qui met en évidence que la terre est la cause de l’altération de l’air. […] On voit fréquemment dans la campagne de Rome un phénomene qui doit obliger de penser que l’altération de l’air y vient d’une cause nouvelle, c’est-à-dire, des mines qui se seront perfectionnées sous la superficie de la terre.
Si c’est une sensation du toucher, nous concevons hors de nous la substance solide et étendue, et nous affirmons qu’elle existe, qu’elle existait avant notre sensation, qu’elle continuera d’exister après notre sensation, qu’elle est la cause de notre sensation. […] Ils contiennent deux sortes d’idées : celles de solidité et d’étendue, qui ont pour première et pour unique source notre communication avec le dehors ; celles de substance, de cause et de durée, qui ont pour première et pour unique source notre communication avec nous-mêmes : car, apercevant en nous la substance, la cause, la durée, nous les transportons dans le dehors par une induction involontaire et inexplicable, et nous constituons par elles le monde matériel9. […] Je suis une cause, par exemple la cause de mes actions. […] Grâce à ces connaissances, quand je touche ce mur, je prononce qu’il est une substance, une cause, et qu’il dure comme moi. […] Royer-Collard l’accepte en partie, lorsqu’il forme l’idée de la substance, de la durée, de la cause extérieure et corporelle, avec l’idée de la substance, de la durée, de la cause humaine et personnelle.
. — L’Avocat de sa cause, comédie en un acte et en vers (1842). — Le six juin 1806, à-propos en un acte et en vers (1842). — Le Baron de Lafleur ou les Derniers Valets, trois actes en vers (1842). — Velasquez, cantate (1846). — La Chasse aux fripons, comédie en trois actes et en vers (1846). — Le Dernier Banquet de 1847, comédie-revue en trois tableaux et en vers (1847). — Les Ennemis de la maison, comédie en trois actes et en vers (1850) […] Jules Sandeau Vous donniez presque coup sur coup au même théâtre deux comédies nouvelles : L’Avocat de sa cause et le Baron Lafleur, toutes les deux en vers. Dans l’Avocat de sa cause, vous persifliez agréablement l’arbre du bel esprit chez les femmes, et nous y prenions un plaisir extrême, tant les vers bien frappés, tant les traits bien aiguisés se succédaient rapidement dans cette amusante satire.
Les faits qui en établissent le mieux l’existence, c’est la tonicité des muscles, l’état de fermeture permanente des muscles sphincters, l’activité morbide et les excitations qu’elle cause, la mobilité extrême de la première et de la seconde enfance (infant, child) qui ne peut s’expliquer que par un trop-plein d’activité. […] Ajoutons-y les sensations de chaud et de froid, leur influence sur l’activité des fonctions organiques, — enfin les sensations d’état électrique, soit qu’elles résultent de l’emploi des machines, soit qu’elles aient une cause naturelle, comme l’état de malaise qui précède un orage. […] On peut croire d’abord qu’il s’agit de ces phénomènes curieux propres aux animaux inférieurs dont l’origine et la cause restent encore impénétrables ; on se fait l’idée d’une psychologie générale ou comparée qui embrasserait toutes les manifestations de la vie mentale. […] Un goût sucré, un contact agréable ne cause pas un accroissement d’activité ; une cuisson, au contraire, excite un développement momentané. […] Question nullement oiseuse, car le progrès d’une science consiste en partie à ramener les causes particulières et les lois dérivées à une formule qui les contienne.
. — L’antécédent prend alors le nom de cause. […] Nous appelons cause l’antécédent invariable, effet le conséquent invariable. » Au fond, nous ne mettons rien autre chose sous ces deux mots. […] Mais laquelle des deux est cause, et laquelle effet ? […] Nous pouvons maintenant répondre à la question primitive et savoir lequel des deux, du froid et de la rosée, est la cause de l’autre. […] Nous pouvons donc conclure que les soudures et les répulsions mentales constatées à propos de l’axiome précédent ont pour cause la présence dissimulée des idées latentes que nous avons démêlées tout à l’heure, et conjecturer que, dans tous les axiomes semblables, c’est la même cause qui produit le même effet.
Toute forme belle ou laide a sa cause, et de tous les êtres qui existent, il n’y en a pas un qui ne soit comme il doit être. […] Si les causes et les effets nous étaient évidents, nous n’aurions rien de mieux à faire que de représenter les êtres tels qu’ils sont. Plus l’imitation serait parfaite et analogue aux causes, plus nous en serions satisfaits. Malgré l’ignorance des effets et des causes, et les règles de convention qui ont été les suites de cette ignorance, j’ai peine à douter qu’un artiste qui oserait négliger ces règles, pour s’assujettir à une imitation rigoureuse de la nature, ne fût souvent justifié de ses pieds trop gros, de ses jambes courtes, de ses genoux gonflés, de ses têtes lourdes et pesantes, par ce tact fin que nous tenons de l’observation continue des phénomènes, et qui nous ferait sentir une liaison secrète, un enchaînement nécessaire entre ces difformités. […] Le contraste mal entendu est une des plus funestes causes du maniéré.
Mémoires relatifs à la Révolution française Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch. […] Ce fut en de telles mains que tomba en dernier espoir la cause de l’humanité ; et quels qu’aient été ces hommes, qu’on n’oublie pas en les jugeant qu’ils moururent pour elle. […] Sans moyens oratoires, c’est comme écrivain qu’il servit sa cause ; sa verve était intarissable, ses plaisanteries sanglantes, ses opinions extrêmes ; il se fît appeler le procureur général de la lanterne, surnomma Marat le divin, et Robespierre le sublime ; il dit avec orgueil qu’il a été plus que révolutionnaire, qu’il a été un brigand ; il ne le fut jamais. […] Au Vieux Cordelier les éditeurs ont joint dans le même volume les Causes secrètes de Villate sur ce jour mémorable, et le Précis historique du gendarme Méda, qui y prit une part si importante.
Pour offrir aux Hommes un tableau approfondi de tous les Gouvernemens, il étoit nécessaire de remonter à l’origine des Sociétés, de les suivre dans leurs accroissemens, de ne perdre de vue aucune des révolutions qu’elles ont éprouvées, aucune des causes qui ont pu les occasionner. […] L’Esprit des Loix avoit été précédé par un autre Ouvrage, qui ne lui est peut-être pas inférieur, les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains & de leur décadence. […] Les causes de la grandeur & de l’abaissement des Romains se trouvent dans leur Histoire ; mais il n’y avoit qu’un homme de génie consommé dans la politique & la connoissance de l’esprit humain, qui pût les y découvrir, les lier ensemble, en former un tissu historique, qui prouve, d’une maniere lumineuse, ce qu’on s’est proposé de montrer. […] Semblable à un Architecte, qui, sur les débris informes d’un édifice miné, en traceroit le plan, en dessineroit les proportions, en sentiroit les beautés & les défauts, & assigneroit, sur les plus foibles indices, la cause de sa chute : son génie, par d’heureuses combinaisons, a ranimé les objets effacés, a rappelé ceux qui avoient disparu, en a recréé de nouveaux, pour achever le tableau qu’il vouloit mettre sous les yeux.
Elle peut bien nous dire comment les causes produisent leurs effets, non quelles fins doivent être poursuivies. […] La vieillesse et l’enfance ont les mêmes effets ; car le vieillard et l’enfant sont plus accessibles aux causes de destruction. […] Cette généralité est elle-même un fait qui a besoin d’être expliqué et qui, pour cela, réclame une cause. […] Comment auraient-elles pu se maintenir dans une aussi grande variété de circonstances si elles ne mettaient les individus en état de mieux résister aux causes de destruction ? […] Sans doute, on peut être assuré par avance qu’elle n’est pas sans cause, mais il est mieux de savoir au juste quelle est cette cause.
Dans la réalité on passe de l’individu à l’être social, de l’effet à la cause, par des transitions insensibles ; tout cela est inextricablement mêlé, sans être pourtant une seule et même chose. […] Sans doute, il y a une difficulté immense dans cet enchevêtrement des effets et des causes, qui nous cache la cause première et l’effet dernier. […] Je ne me flatte point de trouver la cause première ; ce serait quelque chose déjà que de constater les causes secondaires ; pour ma part, j’en vois une dans l’action de l’individu, que nous allons considérer, non plus dans sa dépendance sociale, en tant qu’effet, mais dans sa réaction, en tant que créateur. […] En participant ainsi, d’une façon quelconque, à l’action du principe, l’individu agit lui-même sur l’évolution ; grâce à un élément psychologique qui lui est particulier, et dont je parlerai bientôt, l’homme devient une cause après avoir été un effet. […] Quelles que soient les lois générales qui dominent avec plus ou moins de force les évolutions individuelles, il y a d’homme à homme des différences dont on aimerait savoir les causes profondes.
L’on a eu tort de blâmer nos publicistes, lorsqu’ils ont voulu appliquer le calcul à la politique ; l’on a eu tort de leur reprocher d’avoir tenté de généraliser les causes : mais on a souvent eu raison de les accuser de n’avoir pas assez observé les faits qui peuvent seuls conduire à la découverte des causes. […] Cette réflexion nous explique la cause de tant d’erreurs atroces ou absurdes, qui ont décrédité l’usage des idées abstraites dans la politique. […] Notre organisation, le développement que les habitudes de l’enfance ont donné à cette organisation, voilà la véritable cause des belles actions humaines, des délices que l’âme éprouve en faisant le bien. […] La philosophie, dans ses observations, reconnaît des causes premières, des forces préexistantes. […] La philosophie peut découvrir la cause des sentiments que nous éprouvons ; mais elle ne doit marcher que dans la route que ces sentiments lui tracent.
Non pas, croyons-le bien, à cause des obscurités de langage ou de forme qu’il affecta. […] Aussi on n’en reconnaît pas immédiatement pour cause ce principe si néfaste. […] Les causes et les raisons ne peuvent faire partie que de l’inerte. […] Ils en recherchent les causes. […] Sa mission, on la lui fit après sa mort pour les besoins de la cause.
. — m. de montalembert compromet sa cause par sa violence. […] Le beau Rapport de M. de Broglie a été lu avidement malgré sa longueur, et il a excité des mécontentements en sens inverse malgré son impartialité : malgré ou à cause, et c’est bon signe que cette plainte à la fois des purs universitaires et des ultra-cléricaux. […] M. de Montalembert continue par ses excès oratoires de compromettre une cause qui avait été habilement et vertement reprise en main par le comte Arthur Beugnot dans un discours plein de talent et tout politique.
Entre les œuvres d’une époque et les œuvres antérieures ou étrangères, on peut trouver ou bien un développement parallèle, par suite des causes semblables, ou un rapport d’effet à cause, ou un rapport de cause à effet.
Ils figurent dans le miroir de la conscience ou n’y figurent pas en raison de causes inappréciables et non pas selon qu’il plaît à la conscience : ils figurent chez celui-ci et sont absents chez celui-là. […] Il leur persuade qu’ils ont un intérêt personnel à rechercher la cause des phénomènes afin de les exploiter ensuite à leur profit et d’en augmenter leur bien-être. […] Cette faculté de mécontentement est donc la cause et le pivot de tout progrès, et on voit dès lors la loi ironique, le Bovarysme essentiel, qui gouverne encore ici l’humanité. […] Mais ce qu’il convient d’admirer, c’est qu’avec la médecine, avec ce premier souci qui poussa l’homme à intervenir dans sa propre physiologie, le Génie de la Connaissance semble avoir créé une cause d’effort qui, s’étant une fois exercée, se cause elle-même à l’infini, se légitime et s’engendre avec une force qui va toujours croissant. […] À la mort naturelle, qui vient à son heure par usure de l’organisme, il a substitué, par le fait de l’intervention médicale, d’innombrables causes de mort lente, d’innombrables maladies diverses.
Le sentiment, étant ainsi cause de changements dans l’intensité, la durée et la direction, a une force mentale liée à une force mécanique, dont les effets s’étendent à l’espace. […] Herbart confond l’effet avec la cause. […] Il s’ensuit que la réaction de l’appétit est la cause, non l’effet de la réaction intellectuelle appelée attention. […] L’étude des effets physiques va d’ailleurs nous éclairer ici sur la nature des causes. […] Ajoutez enfin l’idée de l’objet qui cause la peine ou le plaisir, vous aurez la répulsion consciente et le désir.
Pour nous qui nous permettons de choisir chez lui et de le juger tout en l’admirant, je dirai qu’il va insister trop et gâter un peu sa cause ; le théologien reparaît et se donne carrière ; il va se livrer à une sorte d’analyse psychologique du mystère de la Trinité et de celui de l’Incarnation. […] Son autorité, révérée autant par le mérite de sa personne que par la majesté de son sceptre, ne se soutient jamais mieux que lorsqu’elle défend la cause de Dieu. […] Bossuet y rentre dans les voies humaines et dans les explications par les causes particulières et secondes ; il a quelque peine à s’y remettre et à se dégager de cette vision des prophéties dont il nous a environnés, poursuivis si longtemps, et dont il était, tout le premier, ébloui. Enfin il y parvient avec quelque effort, et il veut bien accorder qu’à moins de coups extraordinaires que Dieu s’est expressément réservés pour rappeler sa présence, les choses se passent en général dans l’histoire comme s’il n’y avait que des causes naturelles et des conséquences nécessaires qui en découlent. […] Mais il est juste aussitôt d’ajouter qu’il n’y a pas là de quoi décourager ceux qui ne sont nullement rivaux du grand évêque, qui procèdent d’un autre esprit et qui, sans sortir du domaine des faits positifs et du champ visuel des causes secondes, ne prétendent qu’au genre de vérité sublunaire qui est à la portée de notre recherche et de notre raison.
Au courant de décembre dernier, un arrêt de la cour de Leipzig donna gain de cause à la famille Wagner. […] Si le directeur des Nouveaux-Concerts se décidait à monter la Walkure, un compromis serait probablement accepté, — dans l’intérêt de la cause ; et on trouverait à cela au moins cet avantage, que la primeur de la Valkyrie aurait été pour l’Eden-Théâtre. […] Non, les véritables fervents de Wagner sont encore les meilleurs champions de la cause artistique française. […] La vaccination est, à ce qu’il nous dit, la cause de la plupart de nos maux ; les savants qui croient à la propagation des maladies infectieuses par ces bacilles sont des niais que les essais infructueux ce M. […] La cause Wagnérienne triomphe en France comme partout : ce qui eût été imprudent au moment de la lutte devient nécessaire au moment de la victoire ; il importe aujourd’hui qu’une Revue « Wagnérienne » entre directement dans l’actualité de chaque jour pour y prendre la ferme attitude qui convient à son titre.
Celle-ci repose sur la croyance qu’il y a des causes et des effets, et que les mêmes effets suivent les mêmes causes. […] Les causes et les éléments que l’analyse physico-chimique découvre sont des causes et des éléments réels, sans doute, pour les faits de destruction organique ; ils sont alors en nombre limité. […] Ni la cause efficiente ni la cause finale ne peuvent lui fournir la définition cherchée. Il oseille, incapable de se fixer, entre l’idée d’une absence de cause finale et celle d’une absence de cause efficiente, chacune de ces deux définitions le renvoyant à l’autre. […] Qu’on parle de création ou qu’on pose une matière incréée, dans les deux cas c’est la totalité de l’univers qu’on met en cause.
On fait partie d’ailleurs du gros de la caravane, on s’y intéresse forcément, on en cause autour de soi en toute liberté : il est bon quelquefois d’écrire comme on cause et comme on pense. […] Il semble qu’on n’ait pas affaire à un fâcheux accident, au simple coup de grêle d’une saison moins heureuse, mais à un résultat général tenant à des causes profondes et qui doit plutôt s’augmenter. […] Mais voilà qu’en littérature, comme en politique, à mesure que les causes extérieures de perturbation ont cessé, les symptômes intérieurs et de désorganisation profonde se sent mieux laissé voir. […] Quoi donc d’étonnant que la librairie, ainsi placée entre toutes les causes de ruine, entre son propre charlatanisme, les exigences des auteurs, les exactions des journaux, et enfin la contrefaçon étrangère, ait succombé ? […] J’ai nommé la contrefaçon étrangère, et je l’ai nommée la dernière parce qu’en effet elle ne vient qu’en dernier lieu dans ma pensée, et qu’il y a bien d’autres causes mortelles avant celle-là.
Toutefois cette conception a quelque chose de vague : la structure n’est pas une propriété physico-chimique, ni une force qui puisse être la cause de rien par elle-même, car elle supposerait une cause à son tour. […] Ces causes nous sont inaccessibles. […] Voilà ce qu’il faut substituer à l’ancienne et obscure notion spiritualiste ou matérialiste de cause. […] La vie n’est ni plus ni moins obscure que toutes les autres causes premières. […] Toutefois il ne faudrait pas attribuer ces phénomènes à des causes surnaturelles ou merveilleuses.
Comme M. de Bonald et M. de Chateaubriand, il se sacrifiait à leur cause ; il faut des soldats aux chefs. […] En ce temps-là, les rois, encore tout fiers de leurs succès, reconnaissaient une cause générale des rois supérieure à toutes les causes secondaires des jalousies nationales, des rivalités d’ambition, ou d’influence des cours ; une véritable ligue politique des gouvernements légitimes subordonnait toutes ces rivalités locales à son intérêt et à une doctrine d’ensemble des monarchies. […] Canning, le Chateaubriand anglais, à la cause des rois coalisés contre l’Espagne. […] On avait pu chercher à punir une telle indiscrétion ; mais je sus bientôt qu’il n’en était rien, et lui-même attribue sa mort à d’autres causes. […] « Lady Stanhope m’avait quitté un instant dans le cours de la nuit ; je la vis revenir bientôt, et je m’aperçus qu’elle boitait ; je lui en demandai la cause.
Quand certain fait se produit, un autre se produit aussi, ou parce que le premier est la cause du second, ou parce qu’il en est l’effet, ou parce que tous deux sont les effets d’une même cause. […] L’historien, pas plus que le chimiste ou le naturaliste, n’a à rechercher la cause première ou les causes finales. […] Mais, avant d’en avoir cherché les causes par analyse, on supposa une cause générale permanente qui devait résider dans la société ellemême. […] C’est qu’ils connaissent les causes soit par les auteurs de documents qui ont observé les faits, soit par analogie avec les causes actuelles que chacun de nous a observées. […] Le coup de lance de Montgomery est cause de la mort de Henri II, et cette mort est cause de l’avènement des Guises au pouvoir, qui est cause du soulèvement du parti protestant.
. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois La succession constante et non interrompue des révolutions politiques liées les unes aux autres par un si étroit enchaînement de causes et d’effets, doit nous forcer d’admettre comme vrais les principes de la Science nouvelle. Mais pour ne laisser aucun doute, nous y joignons l’explication de plusieurs autres phénomènes sociaux, dont on ne peut trouver la cause que dans la nature des républiques héroïques, telles que nous l’avons découverte. […] Pour la cause la plus frivole les testaments étaient nuls, ou s’annulaient, ou se rompaient, ou n’atteignaient point leur effet, (nulla, irrita, rupta, destituta), afin que les successions légitimes reprissent leur cours. […] Le mot connu des Spartiates nous en apprend la cause : les Athéniens conservent par écrit des lois innombrables ; les lois de Sparte sont peu nombreuses, mais elles s’observent. — Tant que le gouvernement de Rome fut aristocratique, les Romains se montrèrent observateurs rigides de la loi des douze tables, en sorte que Tacite l’appelle finis omnis æqui juris . […] Voilà la principale cause de la grandeur romaine que Polybe et Machiavel expliquent d’une manière trop générale, l’un par l’esprit religieux des nobles, l’autre par la magnanimité des plébéiens, et que Plutarque attribue par envie à la fortune de Rome.
. — Comment chez les Grecs la philosophie sortit de la législation Il y a bien d’autres effets importants, surtout dans la jurisprudence romaine, dont on ne peut trouver la cause que dans nos principes, et surtout dans le 9e axiome [lorsque les hommes ne peuvent atteindre le vrai, ils s’en tiennent au certain]. […] Il aurait dû pourtant les frapper dans ces deux règles qu’ils établissent 1º cessante fine legis, cessat lex ; ils ne disent point cessante ratione ; en effet le but, la fin de la loi, c’est l’intérêt des causes traité avec égalité ; cette fin peut changer, mais la raison de la loi étant une conformité de la loi au fait entouré de telles circonstances, toutes les fois que les mêmes circonstances se représentent, la raison de la loi les domine, vivante, impérissable ; 2º tempus non est modus constituendi, vel dissolvendi juris ; en effet le temps ne peut commencer ni finir ce qui est éternel. […] Sous les gouvernements aristocratiques, la cause (c’est-à-dire la forme extérieure) des obligations consistait dans une formule où l’on cherchait une garantie dans la précision des paroles et la propriété des termes113. Mais dans les temps civilisés où se formèrent les démocraties et ensuite les monarchies, la cause du contrat fut prise pour la volonté des parties et pour le contrat même. […] Dans les cas où il s’agit de transférer la propriété, c’est cette même volonté qui valide la tradition naturelle et opère l’aliénation ; ce ne fut que dans les contrats verbaux, comme la stipulation, que la garantie du contrat conserva le nom de cause pris dans son ancienne acception.
Ainsi nulle cause n’est cachée ; le mystère de la volonté divine rend raison de tout. […] Il met au neuvième rang le mouvement qui, venant d’une cause extérieure, est reçu du dehors et est communiqué ; et enfin, au dixième rang, il met le mouvement spontané, qui n’a pas d’autre cause que lui-même, et qui produit tous les changements et tous les mouvements secondaires que l’univers nous présente. […] Un Dieu sans providence, sans empire et sans causes finales, n’est autre chose que le destin et la nécessité. […] La cause en est assez manifeste, et l’homme n’a pas besoin de s’étudier bien longtemps pour la découvrir. […] La seconde cause de son malheur et de son désespoir fut la haine stupide de la multitude qui voyait en lui un Macédonien.
Causes de la variabilité. — II. […] Causes de la variabilité. […] Mais, à mon point de vue, nous devons la variabilité à la même cause qui produit la stérilité ; et la variabilité est la source de tous les plus beaux produits de nos jardins. […] On sait que le Chien d’arrêt anglais s’est considérablement modifié pendant le dernier siècle, et l’on croit que des croisements avec le Chien courant ont été la cause principale de ces changements. […] Je crois que les conditions de vie, par leur action sur le système reproducteur, sont des causes de variabilité de la plus haute importance.
— Dans le chapitre précédent, nous avons considéré l’œuvre d’art dans ses effets sur un appréciateur idéal, et dans la cause prochaine de ces effets. […] Ces caractères seront à l’égard de ces propriétés dans une relation d’effet à cause, et l’on peut concevoir une science qui remontera des uns aux autres, comme on remonte d’un signe à la chose signifiée, d’une expression à la chose exprimée, d’une manifestation quelconque à son origine. […] L’interprétation des émotions sera simple et directe s’il s’agit d’œuvres évidemment et franchement passionnées ; il faudra recourir à des détours quand, par impassibilité, par ironie ou par toute autre cause, l’auteur semble s’efforcer d’empêcher que l’on aperçoive quelles émotions il a voulu suggérer, ou même que l’on en ressente une. […] Ces excès et ces défauts forment, chez l’individu supérieur, la marque et la cause par lesquelles il se distingue d’autrui, et font qu’il dépasse ou déborde la moyenne. […] Il s’agit d’émettre sur le jeu et la nature des gros organes de cette âme, une supposition qui nous permette de la figurer telle qu’elle puisse être la cause des manifestations constatées.
Lévy-Bruhl insiste sur « l’indifférence de cette mentalité aux causes secondes », sur son recours immédiat à des « causes mystiques ». « Notre activité quotidienne, dit-il, implique une tranquille et parfaite confiance dans l’invariabilité des lois naturelles. […] Il constate comme nous l’action de ces causes secondes. Pourquoi donc introduit-il une « cause mystique », telle que la volonté d’un esprit ou d’un sorcier, pour l’ériger en cause principale ? […] La cause contient éminemment l’effet, disaient jadis les philosophes ; et si l’effet a une signification humaine considérable, la cause doit avoir une signification au moins égale ; elle est en tout cas de même ordre : c’est une intention. […] Le Mitra indien est le champion de la vérité et du droit ; il donne la victoire à la bonne cause.
Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. […] Mais, en écartant un moment cet ouvrage, les causes de notre infériorité en histoire, si cette infériorité existe, méritent d’être recherchées.
Cette intéressante cause fut plaidée dans le tems qu’Alexandre conquéroit l’Asie. […] Augustin dans la cause d’un vinaigrier. […] Toutes les causes qu’il traite ont des singularités, & le talent particulier de l’auteur est de les présenter encore de la maniere la plus piquante. […] Gayot Avocat, qui se charge de causes, où il ne falloit que de l’éloquence & du bel esprit, & point du tout de sçavoir. […] Mais on lira encore avec beaucoup plus de plaisir les Causes amusantes, petit recueil en 2. vol.
Au surplus, quand une modification de structure s’est produite pour la première fois par l’une des causes que je viens d’énumérer ou par toute autre cause inconnue, elle peut n’avoir été d’aucun avantage immédiat à l’espèce ; mais elle peut être devenue postérieurement avantageuse à ses descendants placés sous de nouvelles conditions de vie, avec des habitudes nouvellement acquises. […] Au contraire, dans l’état actuel des choses, et surtout grâce à la connaissance que nous en avons, nous ne saurions douter que cette couleur ne soit due à quelque autre cause, et probablement à la sélection sexuelle. […] En général, nous ne savons rien des causes qui peuvent produire ces variations légères et de peu d’importance qui se présentent fréquemment chez les diverses formes de l’organisation. […] Von Nathusius, telle serait la principale cause des grandes modifications subies par les races de Porcs. […] La cause de ces courants, dit le savant physicien, réside dans les états électriques opposés qui se produisent par les actions chimiques de la nutrition du muscle.
De ces faits très particuliers on passe à ces deux lois très générales que des causes différentes, agissant sur le même nerf, excitent la même sensation, et que la même cause, agissant sur des nerfs différents, provoque des sensations différentes. […] Inversement, la douleur décroissante coïncide peu à peu avec la perception de sa cause et s’extériorise, pour ainsi dire, en représentation. […] Mais ce centre n’est pas un point mathématique : c’est un corps, exposé, comme tous les corps de la nature, à l’action des causes extérieures qui menacent de le désagréger. Nous venons de voir qu’il résiste à l’influence de ces causes. […] Pour le réalisme, en effet, l’ordre invariable des phénomènes de la nature réside dans une cause distincte de nos perceptions mêmes, soit que cette cause doive rester inconnaissable, soit que nous puissions l’atteindre par un effort (toujours plus ou moins arbitraire) de construction métaphysique.
Revenons à ma promenade solitaire… Il s’interroge alors sur les causes de ce bonheur ; il se demande à quoi tient cette impression d’intime contentement : il sent que c’est qu’il est dans sa voie et qu’il est rentré dans une situation d’accord avec toute son organisation physique, laquelle a été faite pour le repos plus que pour les passions. […] Maine de Biran reste toujours au seuil de son étonnement, si je puis dire ; il y revient sans cesse ; il y fait un pas en avant, un autre en arrière, et durant trente ans il ne le franchit pas : Comment ne pas être sans cesse ramené, écrivait-il en 1823, au grand mystère de sa propre existence par l’étonnement même qu’il cause à tout être pensant ? […] C’est la cause qui m’a rendu psychologue de si bonne heure. » Doué par la nature de la faculté d’aperception interne, il ne tient pas à lui qu’on ne croie que cette aptitude qu’il a est due à une maladie ou à une manie. […] Si Maine de Biran avait été plus ferme et d’une trempe d’esprit plus résistante, il semble qu’étant arrivé à la conviction du point d’appui intérieur, de l’âme et de la force vive, de la cause efficace qui domine tout l’être (ce qui est sa seule originalité de penseur, si c’en est une), il se serait établi dans une sorte de stoïcisme élevé, tranquille ; il aurait cru à la liberté humaine, au devoir, au choix éclairé qu’on en fait, et à la satisfaction sentie qui en est la récompense. […] Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.
Or, cette disposition du lecteur à accepter les événements comme des effets inévitables de causes connues, et à s’y résigner, doit-elle être reprochée à l’écrivain ? […] Mais d’ordinaire tant de causes nous échappent dans les événements humains ; et de celles que nous entrevoyons, un si grand nombre sont inappréciables de leur nature, que leur liaison avec les effets reste nécessairement indéterminée ; que d’un fait à un autre on ne peut assigner souvent d’autre rapport que celui d’être venu avant ou après, et qu’alors ce qu’a de mieux à faire l’historien est de s’en tenir scrupuleusement à l’empirisme d’une narration authentique. De ces causes cachées qui déconcertent nos raisonnements en pareille matière, et en compromettent si fréquemment la certitude, les plus réelles se rapportent à la nature même de l’homme et à sa spontanéité d’action. […] Toujours fidèle à la destinée de la patrie, qui n’est que la destinée de la Révolution, il se range parmi ceux qui défendent et sauvent cette grande cause ; en sont-ils indignes en eux-mêmes, il les suit encore par devoir à travers les maux qu’ils infligent, et dont il gémit sans que sa constance s’ébranle : Mens immota manet, lacrymæ volvuntur inanes.
Il s’agissoit dans cette querelle de la cause des rois. […] Il soutenoit la plus belle cause du monde ; mais il la gâta par son excès de pédantisme. […] Une cause aussi bonne que celle d’un roi mort sur l’échafaud, d’une famille errante dans l’Europe, & de tous les rois même de l’Europe, intéressés dans cette querelle, fut plaidée, comme on l’avoit bien prévu, doctement & ridiculement. […] De peur de s’en attirer une nouvelle, il garda le silence, & remit en d’autres mains la cause des rois.
Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. Ce que nous avons dit jusque ici a pu conduire le lecteur à cette réflexion, que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. […] Or, si notre siècle littéraire est inférieur à celui de Louis XIV, n’en cherchons d’autre cause que notre irréligion. […] L’Esprit des Lois et les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains, et de leur décadence, vivront aussi longtemps que la langue dans laquelle ils sont écrits.
Avant, toutefois, d’entreprendre cette œuvre de réparation à l’égard d’un principe injustement déprécié, il n’est pas sans intérêt d’analyser les causes de cette humeur chagrine qui engagea dans cette voie calomnieuse les analyses précédentes. […] Elle consiste à appliquer aux modes de la vie phénoménale une conception qui exclut la vie phénoménale, la loi d’un autre état que nous ne pouvons imaginer et décrire qu’en niant à son sujet faut ce que nous savons de la vie ordinaire, — en niant qu’il soit soumis aux conditions du temps, de l’espace, de la cause et que la diversité y ait place. […] Ce qui était méprisé à cause d’elle doit être remis en honneur ou considéré tout au moins d’un regard non prévenu.
On a vu dans cette querelle la cause du progrès, respectable, dit-on, jusque dans les plus méchants écrivains. […] Toute la cause de sa guerre contre les anciens est sa vanité blessée. […] A juger de la cause par le défenseur, on peut s’assurer qu’elle n’est pas la bonne. […] Si Lamotte n’entend rien à Homère, l’ignorance de la langue n’en est pas la seule cause. […] Causes de la corruption du goût.
La génération qui nous suivra examinera peut-être aussi la cause et l’influence de ces deux années ; mais nous, les contemporains, les compatriotes des victimes immolées dans ces jours de sang, avons-nous pu conserver alors le don de généraliser les idées, de méditer des abstractions, de nous séparer un moment de nos impressions pour les analyser ? […] Dans la seconde partie, je compte examiner les gouvernements anciens et modernes sous le rapport de l’influence qu’ils ont laissée, aux passions naturelles aux hommes réunis en corps politique, et trouver la cause de la naissance, de la durée, et de la destruction des gouvernements, dans la part plus ou moins grande qu’ils ont faite au besoin d’action qui existe dans toute société. […] Montesquieu, dans son sublime ouvrage sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, a traité, tout ensemble, les causes diverses qui ont influé sur le sort de cet Empire ; il faudrait apprendre dans son livre, et démêler dans l’histoire de tous les autres peuples, les événements qui sont la suite immédiate des constitutions, et peut-être trouverait-on que tous les événements dérivent de cette cause : les nations sont élevées par leur gouvernement, comme les enfants par l’autorité paternelle. […] Dans l’examen des anarchies démagogiques ou militaires, il faut montrer aussi que ces deux causes, qui paraissent opposées, donnent des résultats pareils, parce que dans les deux états, les passions politiques sont également excitées parmi les hommes par l’éloignement de toutes les craintes positives, et l’activité de toutes les espérances vagues. […] Le public aussi, dont on avait éprouvé la faveur, perd toute son indulgence ; il aime les succès qu’il prévoit, il devient l’adversaire de ceux dont il est lui-même la cause ; ce qu’il a dit, il l’attaque ; ce qu’il encourageait, il veut le détruire : cette injustice de l’opinion fait souffrir aussi de mille manières en un jour.
Nous avons déjà vu (ch. 1er, § 3. ci-dessus) qu’il existe en nous une activité spontanée qui se déploie sans cause extérieure qui l’excite, et qui ne peut s’expliquer que par une surabondance, un excès, une effusion de puissance ; qu’elle se montre surtout dans l’activité sans repos de l’enfance et du jeune âge ; qu’elle agit sur nos membres locomoteurs, et que souvent même des cris et émissions de voix sont dus à un trop-plein d’énergie centrale. […] Ces motifs peuvent nous déterminer, ou bien par leur existence actuelle, réelle, présente, ou bien par une action idéale, par une influence de pure prévision : les précautions contre les causes de maladie, contre toute atteinte à notre propriété, à notre réputation, etc., sont de la seconde sorte. […] Une volonté bien disciplinée est celle qui n’agit ni trop tôt ni trop tard ; mais diverses causes, comme la jeunesse, un tempérament vigoureux, ne permettent guère de différer. […] Ce que le charbon en combustion est à la machine, la nourriture et l’air inspiré le sont à l’organisme vivant ; et la conscience qui se produit du pouvoir dépensé n’est pas plus la cause de ce pouvoir, que l’illumination, projetée par le fourneau de la machine, n’est la source des mouvements engendrés. » N’est-il pas d’ailleurs étrange de penser que la conscience de l’effort est la cause du mouvement volontaire, quand on voit que si le pouvoir est aussi grand que possible, l’effort est nul, et que si l’effort est aussi grand que possible, le pouvoir est nul ? […] Le Traité des Facultés de Garnier, fondé, comme son titre l’indique, sur une méthode qui subordonne les phénomènes aux causes, les faits aux facultés, embarrassé, d’ailleurs, de discussions métaphysiques, et dans son exposition marchant un peu à l’aventure, ne peut être, en rien, comparé à l’ouvrage de M.
Mais, si l’on dit que l’âme en soi nous est tout à fait inconnue, n’est-ce point par là donner gain de cause au scepticisme, et permettre toute hypothèse, par exemple celle du matérialisme aussi bien que celle du panthéisme ? […] Pour bien faire comprendre cette philosophie, il faudrait pouvoir exposer avec détail et précision toutes ces belles théories, qui resteront dans la science : la théorie de l’effort volontaire, par laquelle Biran établit contre Kant et contre Hume la vraie origine de l’idée de cause ; la théorie de l’obstacle, par laquelle il démontre, d’accord avec Ampère, l’objectivité du monde extérieur ; la théorie de l’habitude, dont il a le premier démontré les lois ; ses vues, si neuves alors, sur le sommeil, le somnambulisme, l’aliénation mentale, et en général sur les rapports du physique et du moral ; la classification des opérations de l’âme en quatre systèmes : affectif, sensitif, perceptif et réflexif ; enfin sa théorie de l’origine du langage. […] On a beaucoup insisté, et avec raison, sur la personnalité divine ; mais on s’est trop borné à prouver cette vérité par la psychologie, on a trop cru que tout était démontré lorsqu’on avait dit que tout ce qui est dans l’effet doit se retrouver dans la cause, que, l’homme étant un être intelligent et libre, Dieu doit être aussi, mais infiniment, intelligent et libre. […] Le spiritualisme français, sans méconnaître le génie de Fichte et les éclatants services que cet éloquent et profond philosophe a rendus à la cause de la personnalité humaine, se rattache plutôt par un lien historique naturel à Maine de Biran. […] Un triste aveuglement les méconnaît aujourd’hui et croit travailler à la cause du droit en combattant la cause de l’esprit.
C’est un ami qui cause avec vous de vos lectures, faisant les mêmes ou ayant fait les mêmes. […] Enfin vous êtes content de l’ami qui cause avec vous de vos lectures et des siennes. […] C’est votre ami qui en est cause. […] Le critique est cause que le lecteur fait des lectures méditées après avoir fait des lectures abandonnées ; le critique est cause que le lecteur fait des lectures dans un champ plus vaste de pensées ; le critique est cause que le lecteur, après avoir lu l’auteur tête-à-tête, le lit à trois ou à quatre ; il ne faudrait pas étendre indéfiniment ce cercle et comme multiplier l’auditoire autour de l’auteur ; mais il faut, au bon moment, rompre le tête-à-tête.
Le troisième nous vient avec une force irrésistible de la considération des causes finales. […] Descartes rejetait l’argument des causes finales, Leibnitz celui que Descartes tirait de l’idée d’infini, Kant toutes les démonstrations, excepté celle qu’il découvrait dans la loi morale. […] Les idées des facultés de l’âme ont leur origine dans le sentiment de l’action de ces facultés, et leur cause aussi dans l’attention. Les idées de rapport ont leur origine dans le sentiment de rapport, et leur cause dans la comparaison et le raisonnement. Les idées morales ont leur origine dans le sentiment moral, et leur cause dans l’action séparée ou réunie de l’attention, de la comparaison et du raisonnement.
Aussi plus elle est grande, plus ses causes sont grandes ; la hauteur de l’arbre indique la profondeur des racines. […] Car il est à la fois philosophe et peintre, et il ne nous montre jamais les causes générales sans les petits faits sensibles qui les manifestent, ni les petits faits sensibles sans les causes générales qui les ont produits.
De même, l’étude la plus attentive ne pourra relever les innombrables rapports de cause, d’effet, de coïncidence, que cette littérature soutient avec la constitution physique et mentale d’une nation, avec la nature du pays où elle se développe, avec toutes les branches de la civilisation dont elle fait partie. […] De même encore, il n’est guère possible de suivre et de noter jour par jour la marche des variations du goût ; de marquer, à l’instant même où elle a dû agir, chacune des causes qui ont modifié son insensible évolution. […] Traduisons tout cela en langage plus simple : Par la complexité, par la solidarité, par la mobilité du vaste ensemble que l’historien d’une littérature embrasse, il est obligé : D’abord de distinguer, dans la suite ininterrompue des âges, des époques enfermées entre des dates aussi précises que faire se peut ; Ensuite de trouver la formule générale de la littérature pendant chacune de ces époques ; Puis d’indiquer, ses attaches, lors de ces mêmes époques, avec tous les phénomènes d’ordre divers au milieu desquels elle évolue ; Enfin, d’expliquer par quelles transitions et, si possible, par quelles causes et suivant quelles lois elle a passé de l’une à l’autre.
Mais, dès qu’on passe à la recherche des causes et des effets, que de difficultés, et souvent quelle impossibilité de saisir le vrai ! […] Concluons donc que les caractères d’une œuvre littéraire, ses rapports avec l’auteur qui l’a exécutée ; puis, — en partie du moins et avec plus de difficulté — les causes dont elle est l’effet et les effets dont elle est la cause sont accessibles à la recherche scientifique.
En quelque matière que ce soit, nous devons désespérer de remonter jamais aux premiers principes, qui sont toujours pour nous derrière un nuage : vouloir trouver la cause métaphysique de nos plaisirs, serait un projet aussi chimérique que d’entreprendre d’expliquer l’action des objets sur nos sens. […] Le plaisir que nous fait éprouver un ouvrage de l’art, vient ou peut venir de plusieurs sources différentes ; l’analyse philosophique consiste donc à savoir les distinguer et les séparer toutes, afin de rapporter à chacune ce qui lui appartient, et de ne pas attribuer notre plaisir à une cause qui ne l’ait point produit. […] La Motte a avancé que les vers n’étaient pas essentiels aux pièces de théâtre : pour prouver cette opinion, très soutenable en elle-même, il a écrit contre la poésie, et par là il n’a fait que nuire à sa cause ; il ne lui restait plus qu’à écrire contre la musique, pour prouver que le chant n’est pas essentiel à la tragédie. […] Les deux causes d’erreur dont nous avons parlé jusqu’ici, le défaut de sensibilité d’une part, et de l’autre trop peu d’attention à démêler les principes de notre plaisir, sont la source éternelle de la dispute tant de fois renouvelée sur le mérite des anciens. […] Le vrai philosophe se conduit à peu près de la même manière pour juger que pour composer : il s’abandonne d’abord au plaisir vif et rapide de l’impression ; mais persuadé que les vraies beautés gagnent toujours à l’examen, il revient bientôt sur ses pas, il remonte aux causes de son plaisir, il les démêle, il distingue ce qui lui a fait illusion d’avec ce qui l’a profondément frappé, et se met en état par cette analyse de porter un jugement sain de tout l’ouvrage.
Un protestant qui veut me faire comprendre l’esprit des pasteurs à la guerre, me décrit l’un des plus aimés : « Le pasteur Nick, blessé à l’ennemi, est une espèce de géant, un blond aux yeux bleus, que nous avons toujours vu dévoué à toutes les causes. […] De ce point de vue alsacien, les protestants s’assurent que la cause des Alliés est la plus juste pour laquelle on se soit jamais battu. […] L’Évangile a dit : Celui qui frappe par l’épée périra par l’épée… Pour ne pas défaillir à certains moments, il faut que je sois certain de défendre la plus juste et la plus belle des causes ». […] servira la cause de l’évangélisation du monde dans cette génération. […] Si pourtant il fallait rester là-bas, je fais dès maintenant le don de ma frêle existence à la cause qui secoue notre patrie d’un spasme héroïque et divin11.
Des principes évoqués vous pourrez déduire que l’idée en question est bonne ou mauvaise, respectable ou détestable : ils ne vous apprendront pas quelles sont ses causes, ses conséquences, avec quels faits elle est en rapports constants. […] Si nous ne nous détachons pas du respect ou du mépris que nous inspire telle maxime courante, nous risquons de ne pas la voir à sa vraie place dans la série des phénomènes sociaux : instinctivement nous lui prêterons les causes ou les conséquences qui nous sembleront les plus propres à rehausser ou à rabaisser sa valeur. […] Il semble qu’on ne puisse actuellement constituer de science sociale qu’à la condition de décomposer l’histoire, c’est-à-dire d’isoler ses « facteurs » pour pousser aussi loin qu’il est possible la connaissance de leurs formes propres, de leurs conséquences et de leurs causes. C’est pourquoi nous ne nous proposons pas d’épuiser les causes diverses de ce phénomène historique qui est le succès des idées égalitaires : parmi les séries de conditions qui peuvent concourir à sa production, nous en choisissons une, moins étudiée que les autres, mais non moins importante, pour mesurer l’influence qui lui revient ; et c’est la série des phénomènes proprement sociaux. — En un mot, des problèmes scientifiques de l’égalitarisme, déjà séparés en bloc des problèmes pratiques, nous ne retenons que le problème sociologique. […] Si la sociologie lato sensu , rejoignant la philosophie de l’histoire, ne peut être qu’une synthèse des sciences sociales particulières, il est permis de concevoir, en attendant l’heure de sa construction, une sociologie, stricto sensu qui serait elle-même une science sociale particulière — la science des formes des sociétés, de leurs causes et de leurs conséquences1.
Les paralogismes que l’on commet sur l’histoire des religions et sur leurs origines tiennent à la même cause. Les grandes apparitions religieuses présentent une foule de faits inexplicables pour celui qui n’en cherche pas la cause au-dessus de l’expérience vulgaire. […] Un concours de causes peut obscurcir de nouveau la réflexion et faire revivre les instincts des premiers jours. […] Pour nous autres, qui ne plaidons qu’une seule cause, la cause de l’esprit humain, notre admiration est bien plus libre. […] La plupart des jugements et des proverbes populaires sont de cette espèce et expriment un fait vrai compliqué d’une cause fictive.
Et d’abord, pour ce qui est de la folie, nous avons vu combien les médecins sont bien loin d’être arrivés à signaler la lésion certaine qui en est la cause ou le signe, et nous avons exposé plus haut toutes leurs divergences. […] Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-. […] Mais conclure de cela que le génie soit lié à l’hallucination, et que l’un de ces faits soit la cause de l’autre, c’est raisonner d’une manière très-peu rigoureuse. Quant à la folie proprement dite, outre qu’on n’en cite qu’un assez petit nombre d’exemples, on peut admettre que le génie soit une cause favorable de folie, sans reconnaître que la folie et le génie sont analogues physiologiquement. […] En outre, j’admets que l’abus du travail intellectuel puisse amener la folie (quoique cela soit très rare quand il n’y a pas de cause concomitante).
La tristesse et l’accablante mélancolie qu’il respire n’ont pas d’autres causes. […] Les causes de cette exagération sont multiples. […] Du moins y voyons-nous la cause de la haute faveur qui les accueillit. […] On comprend pourquoi : la liberté est une cause en dehors de l’enchaînement des causes, une cause première, une cause qui est cause de soi, et dès lors la philosophie, ne pouvant l’expliquer, se trouve portée à la nier. […] Recherche de la cause première.
Encore n’en avons-nous signalé jusqu’ici que la cause essentielle. […] On donnera ainsi la cause immédiate de la variation. Mais on n’en donnera souvent ainsi que la cause la plus superficielle. […] C’est cette frange d’intelligence qui a été cause de tant de méprises. […] Entre l’effet et la cause la disproportion, ici, est si grande qu’il est difficile de tenir la cause pour productrice de son effet.
Il publia en 1790 une brochure : Des principes et des causes de la Révolution en France. M. de Meilhan s’attache à distinguer dans la Révolution ce qui a été véritablement cause et principe actif, de ce qui n’a été qu’occasion favorable. Il tend à diminuer beaucoup les causes et ne croit nullement à ces nécessités inévitables qu’on a proclamées depuis. […] Il veut que les causes aient été purement et simplement politiques : On pourrait comparer, dit-il, la Constitution de la France à un vaste édifice dont on a laissé tous les abords ouverts : peu importe qu’on soit entré par une porte ou par une autre pour en dévaster l’intérieur ; on y aurait toujours pénétré du moment où la surveillance en avait été abandonnée à des gardiens négligents ou infidèles. — Un homme est-il assassiné chez lui par un voleur, dit-il encore, le principe de ce crime est l’avidité des richesses ; la cause de l’événement, le voleur ; et si la porte de la maison se trouve ouverte, elle a été l’occasion favorable à l’assassin. Les causes véritables sont celles sans lesquelles l’événement n’aurait point eu lieu, quelques circonstances qui eussent été rassemblées.
Venait-il faire hommage au philosophe d’une vie qu’il allait donner à la cause de la démocratie ? […] Une cause n’est souvent qu’un nom d’homme. La cause de la démocratie ne devait pas être condamnée à voiler ou à justifier le sien. […] L’action est grande, et l’idée plane au-dessus de ses instruments comme une cause juste sur les horreurs du champ de bataille. […] Il ne doit point y avoir de jugement d’ensemble sur un champ de bataille couvert de morts, combattants, victimes ou assassins, dont chacun a sa cause, son drapeau, sa foi, sa vertu, son excuse, son crime à part et différents.
dire pourquoi il en fut ainsi de la Restauration, montrer les causes de la fragilité de tout ce qu’elle pensa, voulut et entreprit, et par le mot de Restauration, qu’on nous comprenne bien ! […] La cause s’en trouve peut-être dans une déviation de l’intelligence générale ; seulement, comment parler de la déviation quand on n’a pas posé la loi ? […] Mais la préoccupation politique explique tout, et, nous le répétons, voilà la cause de ces tristes concessions et de ces mollesses du livre de M. […] Comment expliquerait-on que les écrivains qui ont le plus rendu de services à la cause de M. Nettement, c’est-à-dire, à la cause de l’autorité, de l’Église, de la Monarchie, eussent trouvé, dans le livre qu’il publie aujourd’hui, une mémoire si ingrate, et les autres…, les ennemis déclarés ou hypocrites de cette cause, des respects serviles ou des admirations inconséquentes ?
Les premiers mouvements de la reconnaissance ne laissent rien à désirer, et dans l’émotion qui les accompagnent, tous les caractères s’embellissent ; on dirait que le présent est un gage certain de l’avenir ; et lorsque le bienfaiteur reçoit la promesse, sans avoir besoin de son accomplissement, l’illusion même qu’elle lui cause est sans danger, et l’imagination peut en jouir, comme l’avare des biens que lui procurerait son trésor, si jamais il le dépensait. […] L’amour pleure souvent ses propres sacrifices, l’ambition voit en eux la cause de ses malheurs ; la bonté, n’ayant voulu que le plaisir même de son action, ne peut jamais s’être trompée dans ses calculs. […] Le bonheur qui naît des passions est une distraction trop forte, le malheur qu’elles produisent cause un désespoir trop sombre pour qu’il reste à l’homme qu’elles agitent aucune faculté libre ; les peines des autres peuvent aisément émouvoir un cœur déjà ébranlé par sa situation personnelle, mais la passion n’a de suite que dans son idée ; les jouissances, que quelques actes de bienfaisance pourraient procurer, sont à peine senties par le cœur passionné qui les accomplit. […] Si l’amour propre est content, Almont l’abandonne, mais s’il est humilié, s’il cause de la douleur, il le replace, il le relève, il en fait l’appui de l’homme que cet amour propre même avait abattu.
Ceux qui prétendent être le mieux instruits de ce qui le regarde, attribuent la cause de ses malheurs & de sa querelle à ses liaisons avec madame Jurieu. […] Mais qu’importe la cause de leur querelle ? cause tant recherchée & qu’on ignore encore. […] La précipitation, avec laquelle il étoit obligé de travailler, fut cause, sans doute, de sa manière d’écrire souvent diffuse, lâche, incorrecte & surtout familière & basse.
Chaque groupe de faits a sa cause : cette cause est un fait. […] Taine ne vécut que pour saisir la cause ordonnatrice dans la multitude des faits que nous classons sous les noms de littérature anglaise, civilisation italienne, Révolution française, etc., etc.
Si donc on reconnaît qu’il est ordonné à l’homme sur cette terre de supporter la douleur, on ne saurait s’excuser ni par la violence de cette douleur, ni par la vivacité du sentiment qu’elle cause. […] En effet, dans le malheur que cause l’infidélité de ce qu’on aime, c’est bien le cœur qui reçoit la blessure, mais l’amour-propre y verse ses poisons. […] Les plus fréquentes causes du Suicide dans les temps modernes, ce sont la ruine et le déshonneur. […] Le martyr sert la cause de la vertu en livrant son sang pour l’enseignement du monde : celui qui se rend coupable du Suicide pervertit toutes les idées de courage et fait de la mort même un scandale. […] Une autre cause rend aussi les Suicides plus fréquents en Angleterre, c’est l’extrême importance que l’on y attache à l’opinion publique : dès que la réputation d’un homme est altérée, la vie lui devient insupportable.
.), et nous ramenons à ces êtres fantastiques toutes les causes, toutes les propriétés, tous les effets des choses qu’ils désignent. […] Celles de la cause pour l’effet sont autant de petites fables ; les hommes s’imaginèrent les causes comme des femmes qu’ils revêtaient de leurs effets : ainsi l’affreuse pauvreté, la triste vieillesse, la pâle mort. […] La même cause fait qu’on observe toujours les mêmes effets dans les idiots, et surtout dans les femmes. […] Ce premier chant vint naturellement de la difficulté de prononcer, laquelle se démontre par la cause et par l’effet. […] Adam Rochemberg l’a remarqué, mais sans en comprendre la cause.
Deux grandes causes sont toujours en suspens, l’une aux portes de l’Asie, l’autre dans l’Amérique du Nord. […] Un bon nombre de convictions timides s’exciteront sur la foi des refrains, et reprendront goût et courage à la cause de la civilisation, d’après l’autorité de leur poëte. […] Carrel, un surcroît, pour ainsi dire, d’honneur et de valeur dont la plupart, à sa place, se seraient crus dispensés, et que les personnes modérées en toutes choses ont peut-être blâmé comme un exemple onéreux pour elles, il faut se rappeler néanmoins qu’il est des positions d’avant-garde, des existences lancées hors de ligne, et fortement engagées, pour lesquelles le trop n’est que suffisant, et auxquelles il sied d’être personnellement ombrageuses sur ce qui offense en général un parti et une cause. Ici l’effet l’a bien témoigné ; la cause qu’épousait M. […] Mais deux ou trois savants véreux, qui se croient quelque chose pour avoir débuté dans les bagages de l’armée d’Égypte ou pour avoir paperassé avec les travaux d’autrui, entravent tout éclaircissement, et donneraient gain de cause, s’ils l’osaient, au fripon sur l’honnête homme, plutôt que de reconnaître qu’ils ont été dupes, et de se rétracter.
Enfin, nous ne reconnaissons pas seulement des groupes fixes, mais aussi un ordre fixe dans nos sensations, un ordre de succession qui, quand l’expérience le confirme, donne naissance aux idées de cause et d’effet. […] Par suite, nos idées de cause, de puissance, d’activité se lient, non à des sensations, mais à des groupes de possibilités de sensations. L’ensemble des sensations, considérées comme possibles, forme une base permanente pour les sensations actuelles ; le rapport des sensations possibles est considéré comme le rapport d’une cause à ses effets, d’une toile aux figures qui y sont peintes, d’une racine à son tronc, ses feuilles et ses fleurs, d’un substratum à ce qui le recouvre. […] Le contraste entre nos sensations actuelles et les possibilités de sensations est donc clair : et quand l’idée de cause est née en nous, rien de plus naturel que de l’étendre à ces possibilités permanentes, que de les considérer comme des existences de nos sensations, mais dont nos sensations sont les effets. […] Que toute la réalité du monde extérieur est dans l’esprit qui le connaît, que nous ne savons de la matière. que ce qu’en disent nos sensations et nos idées, la sensation nous révélant les attributs, et l’idée, l’ordre entre les attributs : la première étant plutôt la connaissance vulgaire, la seconde plutôt la connaissance scientifique ; mais que le tout se réduisant en dernière analyse à des états de conscience, on peut soutenir par suite que toute la réalité de la matière est en nous ; que ce n’est aucunement nier l’existence de la matière, que c’est simplement dire que nous en avons une connaissance relative, et qu’elle n’est que la cause possible de nos sensations et de nos idées.
Il n’est, au fond, que l’histoire des causes de la Révolution française et des filiations qu’elle peut avoir avec le régime qui l’a précédée et qu’on appelle l’ancien Régime. […] Si merveilleusement administrative que soit la France dans son esprit, elle ne l’est cependant pas à ce point qu’un changement survenu dans sa centralisation ait été la cause décisive et suprême de la plus terrible, de la plus profonde de ses révolutions ! Écrire une telle chose sérieusement, c’est une dérision de l’histoire, c’est prendre l’accident pour la cause, le symptôme pour la maladie, les conséquences pour le principe. […] Les causes morales échappent à son regard, les causes morales, qu’on trouve au fond de tous les problèmes politiques.
Dans ce drame, les causes immédiates sont toutes objectives. […] La mise en scène n’a pas sa fin en elle-même ; la cause finale du drame est la cause formelle de la mise en scène. […] C’est même sans doute ce vers qui est cause de l’erreur. […] La fontaine, qui procure à nos yeux l’illusion de la réalité, n’est donc pas la cause finale de la scène entre Sichel et Sûzel ; elle n’en est que la cause formelle. […] Il ne peut en être qu’une des causes formelles.
Il est cependant vrai que la critique en est venue à un point de faiblesse incroyable, et il y a des causes naturelles, que ces pages tenteront d’exposer familièrement au lecteur. Elles sont d’ordre matériel et d’ordre moral, influant les unes sur les autres, et il sera simple d’aller directement à la question en commençant par examiner les causes matérielles. […] Les causes morales ne sont pas moins fortes. […] Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.
L’usage le plus répandu consiste, comme on le sait, à répartir les phénomènes intellectuels en classes, à séparer ceux qui diffèrent, à grouper ensemble ceux de même nature et à leur imposer un nom commun et à les attribuer à une même cause ; c’est ainsi qu’on en est arrivé à distinguer ces divers aspects de l’intelligence qu’on appelle jugement, raisonnement, abstraction, perception, etc. Cette méthode est exactement celle qu’on suit en physique, où les mots chaleur, électricité, pesanteur, désignent les causes inconnues de certains groupes de phénomènes. […] Entre la psychologie qui ramène les faits intellectuels à quelques facultés et celle qui les réduit à la loi unique de l’association, il y a la même différence, selon nous, qu’entre la physique qui attribue les phénomènes à cinq ou six causes, et celle qui ramène la pesanteur, la chaleur, la lumière, etc., au mouvement. […] Elle explique tous les faits intellectuels, non sans doute à la manière de la métaphysique, qui réclame la raison dernière et absolue des choses ; mais à la manière de la physique, qui ne recherche que leur cause seconde et prochaine. […] L’idée d’une impression est donc la reproduction, sous une forme plus faible, des états nerveux que cause l’impression elle-même.
Ce sentiment les ferait remonter à des causes plus générales. […] Telle est sans doute la cause de ses succès et de ses erreurs. […] Ainsi partout vous trouverez l’homme ayant la notion de cause et d’effet. […] Des causes particulières contribuèrent plus puissamment à ce résultat. […] Les uns sont produits par une cause directe, d’où résulte un effet immédiat.
La philosophie, à Rome, précéda la poésie ; c’est l’ordre habituel renversé, et c’est peut-être la principale cause de la perfection des poètes latins. […] J’analyserai, dans le chapitre sur le siècle de Louis XIV, les causes de la médiocrité des Français, comme historiens. Mais je dois présenter ici quelques réflexions sur les causes de la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire, et je crois que ces réflexions prouveront que cette supériorité n’est point en contradiction avec les progrès successifs de la pensée. […] C’est à ces diverses considérations qu’il faut attribuer la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire : cette supériorité tient principalement à cet art de peindre et de raconter qui suppose le mouvement, l’intérêt, l’imagination, mais non la connaissance intime des secrets du cœur humain, ou des causes philosophiques des événements30.
Ce changement ou plutôt cette détérioration dans nos mœurs et, il faut bien le dire, le cynisme que nous avions seuls et que les femmes veulent à présent partager avec nous, n’ont pas uniquement une cause morale. Ils viennent surtout, d’une cause littéraire. […] II « Voilà la cause », comme disait Othello devant les étoiles ! voilà la cause de ce désordre intellectuel qui a fait écrire sans horreur, à une femme, un livre comme celui que nous avons là sous les yeux.
Il avait compris de bonne heure dans l’histoire que les infortunes, la pauvreté, l’exil, la fidélité réelle ou apparente aux causes perdues, forment devant la postérité un contraste pathétique avec le génie qui donne le plus sublime de ces rôles à la vie du grand citoyen, ou du grand poète, ou du grand politique. […] VII La branche d’Orléans espéra le rallier à sa cause. […] Dévoué de bonne heure à ce grand écrivain, par admiration d’abord, par communauté de cause ensuite, par affection sincère enfin, il attendit la mort de M. de Chateaubriand pour ne pas contrister sa vieillesse par les sévérités de ses commentaires. […] L’âme totalement dégagée de l’esprit de parti, et se remettant entièrement à la Providence du sort de sa cause, il se contentait de rester fidèle pour lui-même, et ne s’inquiétait plus des fidélités ou des infidélités des autres. […] Si vous ne deviez m’accuser de prendre en main des causes désespérées, j’aimerais à réhabiliter Médée auprès de mon siècle.
Mais la grandeur de la cause que défend Bossuet se communique à tout ce qu’il écrit pour elle, au lien que la cause de Saint-Simon est si mesquine et si personnelle qu’en lui donnant le dépit éloquent, l’art de faire ressortir les fautes, les couleurs vives pour peindre ses ennemis, le feu, l’emportement, l’éloquence des regrets, elle ne lui donne pas ce qu’elle n’a pas, la grandeur. […] Il prévoit la chute de la monarchie ; mais on ne peut pas lui en faire un mérite : des causes qu’il n’avait point discernées ont donné raison à son dépit. […] Saint-Simon est un de ces défenseurs éminents des causes perdues, lesquels croient que tout doit finir le jour où finit leur influence, et que le monde n’est pas assez fortement constitué pour leur survivre. […] Jusqu’aux querelles de tabouret, tout y intéresse, à cause des grosses convoitises qui se disputent de si petits avantages. […] Peu de détails sont donnés à la négociation, aux conseils, aux causes cachées des événements.
L’habitude de la tribune est peut-être la cause de cette lucidité incomparable. […] Il a le plus vif sentiment des causes ; et ce sont les causes qui lient les faits. […] Ce n’est pas assez de voir des causes ; il faut encore en voir beaucoup. […] Avec un talent différent, Macaulay a la même puissance : avocat incomparable, il plaide un nombre infini de causes ; et il possède chacune de ces causes aussi pleinement que son client. […] Il est prêt à chaque instant, et sur toutes les parties de sa cause.
Il y a une loi générale dont nous venons de trouver une première application et que nous formulerons ainsi : quand un certain effet comique dérive d’une certaine cause, l’effet nous paraît d’autant plus comique que nous jugeons plus naturelle la cause. […] Seulement, toutes ces distractions se rattachent à une cause connue et positive. […] Nous allons épaissir le problème, pour ainsi dire, en grossissant l’effet jusqu’à rendre visible la cause. […] Cet infléchissement de la vie dans la direction de la mécanique est ici la vraie cause du rire. […] Nous voilà bien loin de la cause originelle du rire.
Mais si nos derniers exemples présentent une grande cause aboutissant à un petit effet, nous en avons cité d’autres, tout de suite auparavant, qui devraient se définir de la manière inverse : un grand effet sortant d’une petite cause. […] La disproportion entre la cause et l’effet, qu’elle se présente dans un sens ou dans l’autre, n’est pas la source directe du rire. […] Elle mérite d’être appelée classique, s’il est vrai que l’art classique soit celui qui ne prétend pas tirer de l’effet plus qu’il n’a mis dans la cause. […] Elle devient amusante par elle-même, indépendamment des causes qui font qu’elle nous a amusés. […] La personne en cause, d’ailleurs, n’est pas toujours celle qui parle.
Que notre science expérimentale ait des lacunes, cela est incontestable ; mais sa structure suffit pour en rendre compte, et il est contre toutes les règles de l’hypothèse d’ajouter arbitrairement et inutilement, pour en rendre compte, une cause non constatée à la cause constatée qui suffit. […] Dès lors, il y aura lieu de chercher à connaître les conditions de ces variations ; car il ne saurait y avoir d’effet sans cause. […] Ici, Helmholtz semble croire que cette contrainte a pour cause dernière la structure de notre esprit. — Avec lui et avec Claude Bernard, nous reconnaissons en fait la contrainte ; mais nous ne pensons point qu’elle ait pour cause dernière la structure de notre esprit ; car nous avons déjà vu bien des nécessités de croire analogues. […] Par conséquent, toute suppression, altération, variation, en d’autres termes tout changement du caractère, présuppose une suppression, altération, variation, en d’autres termes un changement dans les conditions ; ce qu’on exprime en disant que tout changement a une cause, et que cette cause est un autre changement. […] Αἰτία ne signifie pas seulement la cause, mais le parce que demandé.
C’était en 1765 ; il avait vaillamment combattu pour la cause du roi comme officier de dragons. […] Les rochers, plus vieux apparemment que la cause des climats, se montrent les mêmes sur les deux hémisphères. […] Un jeune Asturien de dix-neuf ans, le plus jeune des passagers, mourut, et sa mort impressionna péniblement Humboldt à cause des circonstances qui avaient motivé le voyage ; le jeune homme allait chercher fortune, pour soutenir une mère chérie qui attendait son retour. […] Insensés qui ne voient pas que l’être est le premier problème de toute philosophie, que l’existence du dernier des êtres est un effet évident qui proclame une cause, et que Dieu est la cause de tous les effets. […] Telle était, après ce premier ouvrage, la réticence suspecte de M. de Humboldt, disciple de ces maîtres dans l’art de se taire, ou d’étudier les effets sans remonter jamais aux causes.
La saisissement que cause cette originalité des parties, est accru par la brièveté des compositions dans lesquelles elles sont associées. […] Dans d’autres œuvres, dans les récits d’aventure, il suscite la peur communicative que cause le spectacle d’un de nos semblables courant un épouvantable danger. […] Son emploi de la curiosité, sa psychologie, certaines omissions étranges dans son œuvre, ses doctrines esthétiques procèdent de causes composées. Ce sont ces causes que nous allons déterminer, cherchées dans la configuration cérébrale de celui qui a produit ses manifestations. […] C’est donc dans une anomalie de ce mécanisme cérébral que l’on appelle l’associationisme, qu’il faut chercher la cause profonde du phénomène littéraire apparent chez Poe.
Nous trouvons encore, dans nos principes, une autre cause de cette marche des Romains, et peut-être cette cause explique plus convenablement l’effet indiqué. […] Nous rapportons ces causes à l’éducation sauvage, et pour ainsi dire bestiale, des enfants. […] Lorsque les hommes ignorent les causes naturelles des phénomènes, et qu’ils ne peuvent les expliquer par des analogies, ils leur attribuent leur propre nature ; par exemple, le vulgaire dit que l’aimant aime le fer. […] La physique des ignorants est une métaphysique vulgaire, dans laquelle ils rapportent les causes des phénomènes qu’ils ignorent à la volonté de Dieu, sans considérer les moyens qu’emploie cette volonté. […] Les hommes éclairés estiment conforme à la justice ce que l’impartialité reconnaît être utile dans chaque cause.
Il n’a pas recherché si la démocratie prise en soi est une cause juste. […] Si la démocratie est une cause de hasard, destinée à paraître et à disparaître dans le monde, les peuples s’y précipiteront en aveugles pour jouir dès l’heure présente des prétendus biens qu’elle promet. Si elle est au contraire une cause solide et juste, elle a du temps devant elle, elle peut se donner le mérite de la réflexion et du choix ; elle est tenue de se gouverner avec sagesse, et elle doit peser avec équité et discernement les biens et les maux qu’elle porte en elle. […] La démocratie prise en soi est une cause juste. […] Sans doute il est cruel à une cause qui s’est toujours donnée pour la cause de la liberté de s’entendre dire, et cela sans passion, et même avec bienveillance, qu’elle porte la servitude dans son sein, et qu’il lui faudra lutter contre ses plus violents instincts pour rester libre.
On peut admettre que des causes permanentes ou presque insensiblement changeantes ont dû produire en tout temps sur les corps et les humeurs des effets à peu près identiques. […] » Un jour, il accompagne Mme d’Épinay dans une visite qu’elle rend au précepteur de son fils, et, comme on cause de la manière dont l’enfant doit être élevé, Duclos, avec sa brusquerie habituelle, lance tout à coup ces paroles : « N’allez pas faire la bêtise de lui dire du mal des passions et des plaisirs ; j’aimerais autant qu’il fût mort que condamné à n’en pas avoir. » Rousseau va plus loin encore. […] Voici de quel ton il raille sa propre laideur : « Les uns disent que je suis cul-de-jatte ; les autres que je n’ai point de cuisses et que l’on me met sur une table dans un étui, où je cause comme une pie borgne ; et les autres, que mon chapeau tient à une corde qui passe dans une poulie et que je le hausse et le baisse pour saluer ceux qui me visitent… » Il proteste gaiement contre ces peintures de fantaisie ; mais, revues et corrigées par lui, elles ne le rendent pas beaucoup plus séduisant. […] J’ai les bras raccourcis aussi bien que les jambes, et les doigts aussi bien que les bras ; enfin je suis un raccourci de la misère humaine. » Qui sait si cette apparence simiesque ne fut pas une des causes qui déterminèrent le succès de Scarron, si elle ne contribua pas à faire de lui la vivante expression du goût littéraire contemporain ? […] § 2. — Les modifications qui se produisent dans l’état physiologique d’un peuple ne sont pas seulement corrélatives de celles que subit sa littérature ; il est parfois possible de dire lesquelles sont effet, lesquelles sont cause des autres.
Si j’ouvre Carpenter279 je vois qu’il parle à beaucoup d’égards, comme Herbert Spencer ou Bain : « L’objet de la psychologie, c’est de rassembler sous une forme systématique les phénomènes qui se produisent naturellement dans les esprits pensants, de les classer et de les comparer, de façon à en déduire les lois générales suivant lesquels ils se produisent et leurs causes assignables. » Il compare la querelle des spiritualistes et des matérialistes aux deux chevaliers qui se battaient pour la couleur d’un écu qu’aucun deux n’avait jamais pu voir ; et il ajoute : « L’esprit a été étudié par les métaphysiciens, sans s’occuper en rien de ses instruments matériels ; tandis que le cerveau a été disséqué par les anatomistes et analysé par les chimistes, comme s’ils espéraient dessiner le cours de la pensée, peser ou mesurer l’intensité des émotions ». […] La psychologie a pour objet les faits de conscience, leurs lois, leurs causes immédiates, leurs conditions. […] Au rapport de succession se rattache une notion importante, celle de cause, ou, comme dit l’École, de séquence ; elle n’en est qu’un cas particulier. […] L’antécédent invariable est appelé cause ; le conséquent invariable, effet. L’hypothèse d’un pouvoir efficace formant entre eux un lien mystérieux, est une complication imaginaire, en tant qu’on s’en tient aux causes phénomènes, comme l’École entend le faire.
Moi je suis beaucoup moins frappé de la physionomie individuelle que des causes, oui ! des causes du succès solide, inébranlable, d’un homme qui a l’avantage dangereux et peu commercial de déplaire et d’être assez confortablement détesté. […] Mais quand il vit que le succès de sa Revue tenait à d’autres causes que le talent des écrivains, ô bonheur ! […] On lui a reproché souvent d’avoir refusé d’abord, avec une sagacité à la Buloz, l’opéra de Robert le Diable, ce chef-d’œuvre qui fut depuis la cause de sa fortune. […] Une revue comme celle de Buloz, à l’épreuve de l’ennui qu’elle cause, n’est pas seulement une réalité redoutable.
La véritable largeur n’est point dans la sensibilité littéraire ; elle est dans l’intelligence, et le plus bel emploi qu’un philosophe puisse faire de son intelligence, c’est d’expliquer avec calme par une seule cause naturelle ou par une série logique de causes naturelles, tout ce qui étonne, irrite, scandalise, désole, chagrine, impatiente les esprits vulgaires et bornés. Tout fait a sa cause, et toute littérature, toute œuvre d’art est un fait dont il suffît de chercher, dont il faut sans passion chercher la cause dans les mœurs, les idées et les goûts de la société qui l’a produite, dans l’esprit du siècle qui l’a inspirée, dans le génie de la nation qui lui a donné son caractère général, dans le tempérament, les habitudes et la vie de l’auteur original qui lui a imprimé son cachet particulier.
Nous savons donc que l’évolution littéraire ne peut être séparée que par abstraction du reste de l’évolution sociale ; qu’il y a ainsi des ressemblances et aussi des rapports de cause à effet ou d’effet à cause entre les œuvres qui nous intéressent et leur entourage. […] Ils sont tantôt des signes, tantôt des causes, tantôt des effets, d’un état d’esprit qui se reflète, qui s’incarne dans les ouvrages des écrivains ou des orateurs.
S’aidant de Schopenhauer, il s’efforce de mettre sa mélancolie en système et de se faire illusion sur les causes de son humeur par un exposé didactique, qui démontre en toutes choses la cause nécessaire du mal. […] L’impuissance de sa volonté, qui est la cause et le fond de son infortune, est par lui subtilement analysée ; il distingue le penchant à suppléer aux actes par de vagues rêves, sa dépravation morose qui le porte à se regarder faire dans le peu qu’il fait et à se rendre ainsi déplus en plus incapable de toute action spontanée ; enfin apparaît ce dernier symptôme de la décadence volitionnelle, la lassitude anticipée, le dégoût préventif qui détournent même de tout désir, de tout rêve-d’entreprise et bornent définitivement en son incapacité le malade et le moribond que M.
Mais comme la cause qui fait cette difference entre les nations est sujette à plusieurs altérations, il semble qu’il doive arriver qu’en Italie certaines generations auront plus de talens pour exceller dans ces arts, que d’autres generations n’en pourront avoir. […] La cause de cet effet montre une activité à laquelle nous pouvons bien attribuer la difference qui se remarque entre l’esprit et le génie des nations et des siecles. […] Je réponds en premier lieu, fondé sur tout ce que j’ai dit précedemment, que la cause qui est assez puissante pour agir sur les cerveaux de toute espece, peut bien n’être pas assez efficace pour altérer la stature des corps.
Les héros d’Homère ne font pas non plus de spéculations historiques sur les causes et les conséquences de la conquête de l’Asie par la Grèce. […] Dans ce temps-là, plus d’un grand dessein n’avait pas d’autre cause déterminante ; et comme les songes s’accommodent aux dispositions des esprits, en même temps que ceux du roi Louis IX le poussaient à prendre la croix, ceux de Joinville lui conseillaient de ne pas quitter son foyer. […] Mais il ne porte pas la vraisemblance dans les causes secrètes des événements, ni dans l’appréciation des motifs qui ont fait agir les hommes. […] L’expérience et les années semblaient lui avoir donné, avec la satiété des spectacles qui avaient amusé sa jeunesse et son âge mur, un certain goût de pénétrer dans les causes et de tirer la morale des événements. […] On ne peut trop admirer avec quelle haute convenance et quelle force de raison il parle de Charles le Téméraire et des causes de la ruine de la maison de Bourgogne.
Les causes de cette renaissance littéraire sont à rechercher, non pas dans le mouvement romantique de 1830, mené par Victor Hugo, alors que Delacroix battait en brèche l’école de David, mais dans la période littéraire, si peu connue, qui enterra le siècle dernier. […] Il renaquit à l’espérance : il passa en Amérique, non pour se battre avec Lafayette et Rochambeau, mais pour changer de place ; René est remarquable par son incapacité à servir une cause, un parti et à songer aux autres ; son individualisme est féroce : Moi, toujours moi ! […] Afin de comprendre ces phénomènes sociaux qui frappaient et détruisaient comme la foudre, les explications ordinaires devenaient insuffisantes ; les esprits terrorisés ne les attribuaient pas à des causes naturelles, mais à des causes mystérieuses, à des conspirations, à des complots ténébreux, à l’or de Pitt, du duc d’Orléans, à des causes tenant du miracle. […] Cette nécessité de tout rapporter au hasard, à la Fatalité, jetait les esprits dans la superstition et dans le catholicisme : il existe encore d’autres causes tout aussi réalistes qui expliquent la renaissance du catholicisme et le caractère religieux du romantisme. […] Le romantisme, en dépit de son axiome, ne s’est jamais désintéressé des luttes politiques et sociales : il a toujours pris fait et cause pour la classe bourgeoise, qui avait accaparé les résultats de la révolution.
Mais il semble d’abord qu’à part cette juxtaposition chronologique, tout autre rapprochement entre cet homme et ce peuple doive être plus ingénieux que réel, plus académique qu’historique, l’apparition et la fortune de Bonaparte, en effet, se rattachent à des causes toutes modernes et très générales, à la Révolution française, à la disposition de l’Europe. La renaissance des Grecs est un fait à part, essentiellement isolé de tous les faits européens, ayant ses causes propres et distinctes dans l’état même de la nation depuis la conquête ottomane. […] Nous avons aussi cru remarquer en certains endroits une teinte de mysticisme religieux, dont la cause des Grecs, tout éminemment chrétienne qu’elle est, n’a pas besoin de se couvrir.
L’Histoire de la Satire, en d’autres termes, l’Histoire de la comédie humaine, n’était-ce pas par une déchirante analyse du rire et de ses causes (les causes du rire, grand Dieu !) […] Il n’enfonce point et ne pose pas dans la psychologie le point de départ de son Histoire de la Satire, et voilà pourquoi il pousse tout droit devant lui, dès les premières pages, ce petit trot historique qui fait son bonheur sans danger, à travers les causes secondes et troisièmes sur lesquelles il a chance encore de se tromper. […] de la sobriété historique, de cette vertu qui empêche et prévient la dangereuse soif de l’originalité, laquelle certainement n’est pas défendue, comme l’absinthe, pour cause de santé, aux jeunes professeurs.
Puis c’est le problème final, la grande cause, la loi suprême qui tente sa curiosité. […] Dès qu’il pense, il cherche, il se pose des problèmes et les résout ; il lui faut un système sur le monde, sur lui-même, sur la cause première, sur son origine, sur sa fin. […] C’est qu’à vrai dire demander à l’homme d’ajourner certains problèmes et de remettre aux siècles futurs de savoir ce qu’il est, quelle place il occupe dans le monde, quelle est la cause du monde et de lui-même, c’est lui demander l’impossible. […] Il est incontestable qu’il faut faire dans l’histoire une large part à la force, au caprice, et même à ce qu’on peut appeler le hasard, c’est-à-dire à ce qui n’a pas de cause morale proportionnée à l’effet 18. […] Un peu plus loin : on établit que la propriété territoriale est supérieure à tout autre, parce que le fruit en dépend moins de l’homme et plus des causes aveugles.
Né le 8 février 1551, en Saintonge, d’une mère qui mourut en le mettant au monde, et d’un père énergique qui l’éleva sans mollesse et sans ménagement, il fut appliqué de bonne heure aux lettres et langues anciennes, et en même temps on l’initia à l’idée qu’il avait à venger les chefs et martyrs de sa cause, injustement immolés. […] » Dans une Histoire contemporaine comme celle qu’il écrit et où il est témoin et quelquefois acteur, il lui est difficile de ne point parler de soi ; il n’évite pas ces sortes de digressions ou d’épisodies, selon qu’il les appelle ; il s’y complaît même ; toutefois, malgré le coin de vanité et d’amour de gloire, qui est sa partie tendre, il a soin le plus souvent de ne pas se nommer, et ce n’est qu’avec quelque attention qu’on s’aperçoit que c’est lui, sous le nom tantôt d’un écuyer, tantôt d’un mestre de camp, qui est en cause dans ces endroits, et qui donne tel conseil, qui tient tel discours. […] Aussi, au milieu d’une certaine impartialité pour les personnes et malgré la réserve apparente, l’esprit général du livre est tout entier celui de la cause qu’il a embrassée ; le calvinisme français nobiliaire et militaire, celui de ces gentilshommes sans repos, tout cousus en leurs cuirasses de fer, et qui retiennent jusqu’à la fin de l’ancienne austérité, a trouvé en lui son historien. […] Les guerres civiles n’épouvantent point d’Aubigné ; bien qu’il y abhorre la cruauté lâche et l’assassinat, bien qu’en racontant quelques exploits dont se vantaient les massacreurs de la Saint-Barthélemy, il lui échappe de dire énergiquement : « Voici encore un acte qui ne peut être garanti qu’autant que vaut la bouche des tueurs » ; bien qu’il déteste autant que personne ces atroces conséquences des factions parricides, il aime la chose même qui s’appelle luttes et combats entre Français pour cause religieuse ; il en est fier, et non attristé ; il s’y sent dans son élément ; il a bien soin de marquer les époques des grandes guerres de ce genre, conduites avant 1570 sous le prince de Condé et l’amiral de Coligny ; il traite comme enfants et nés d’hier ceux qui ne font commencer ces grandes guerres que depuis la journée des Barricades, quand elles ont recommencé en effet. […] … » Mais c’est la réponse de l’Amiral qui est belle de tristesse, de prévoyance et de prophétie ; tout un abrégé de sa destinée tragique s’y dessine ; il répond : « Puisque je n’ai rien profité par mes raisonnements de ce soir sur la vanité des émeutes populaires, la douteuse entrée dans un parti non formé, les difficiles commencements (et il revient ici à l’énumération des obstacles)… ; — puisque tant de forces du côté des ennemis, tant de faiblesse du nôtre ne vous peuvent arrêter, mettez la main sur votre sein, sondez à bon escient votre constance, si elle pourra digérer les déroutes générales, les opprobres de vos ennemis et ceux de vos partisans, les reproches que font ordinairement les peuples quand ils jugent les causes par les mauvais succès, les trahisons des vôtres, la fuite, l’exil en pays étrange… ; votre honte, votre nudité, votre faim, et qui est plus dur, celle de vos enfants.
L’amour-propre seul serait une cause suffisante d’erreur. […] Elles exerçaient partout un tel ascendant, l’une par les inépuisables ressources de son crédit, l’étendue de ses relations commerciales et ses flottes formidables, l’autre par l’autorité de son oligarchie et ses nombreuses armées, qu’on pouvait craindre que, tôt ou tard, elles ne finissent par rallier à leur cause et confédérer contre nous toutes les autres couronnes. La France était aujourd’hui en voie d’intimité avec la Prusse et la Russie ; mais ces relations amicales tenaient à des causes peut-être passagères ; ici, au désir d’obtenir le gros lot dans le partage des indemnités germaniques ; là, à l’attachement passionné dont Paul Ier s’était soudainement épris pour Bonaparte. […] Armand Lefebvre a soigneusement analysé les causes de cette rupture et montré comment de conséquence en conséquence on en vint à cette extrémité. […] L’aimable reine Caroline, épouse du roi Jérôme, écrivant pour son usage particulier un Journal, y a noté à la date du 30 mai 1811 : « Nous avons passé notre soirée à Nassau, campagne qui appartenait autrefois à M. de Stein, ministre d’État en Prusse, mais qui a été séquestrée depuis la dernière guerre avec l’Autriche, à cause des libelles qu’il avait écrits contre plusieurs princes de la Confédération du Rhin.
Certes, il y a sans aucun doute des causes sociales qui expliquent la richesse des moissons humaines portées ainsi tour à tour par les différentes provinces. […] Mais, quelles que soient les causes qui transportent d’une région à l’autre la royauté intellectuelle, il résulte de là que l’esprit d’une époque peut avoir une teinte gasconne, ou normande ou parisienne. […] Les robinsonnades y pullulent : vous trouvez déjà dans Fénelon l’île de Calypso et l’île des Plaisirs ; Marivaux vous montre l’île de la Raison et l’île des Esclaves, terres fabuleuses qui ne figurent pas (et pour cause) sur les certes ; Diderot place ses rêveries amoureuses et sociales dans l’île d’Otaïti. […] § 2. — Parmi les causes physiques dont l’action peut être sensible dans la courte durée d’une période, il en est d’accidentelles, il en est de permanentes. […] Sans connaître à fond les montagnards des Alpes, je les connais assez pour savoir que des causes analogues ont eu chez eux des effets semblables.
La cause ? […] Je ne pense pas, quant à moi, m’être jamais ennuyé sans cause ; et je ne crois pas à l’ennui sans cause, soit consciente, soit inconsciente. […] Oui, dans le domaine des causes secondes. […] Ce que vous prenez pour l’effet est la cause, et réciproquement. […] On considérera aussi que les causes sont des effets, relativement à d’autres causes, et que, d’autre part, les effets se retournent souvent vers la cause dont ils sont sortis et agissent sur elle.
On savait dans chaque maison pour quelle cause on écrivait. […] Parlez de principes et de cause à qui vous voudrez de nos directeurs, il vous demandera de quelle province vous arrivez. […] En notre ère de publicité ce coin de la critique est presque partout désaffecté et pour cause.
Des imperfections du théâtre de Corneille, et de leurs causes. — § VI. […] Des imperfections du théâtre de Corneille, et de leurs causes. […] On a indiqué quelques-unes de ces causes. […] Ces causes n’ont pas été sans influence, mais je les crois secondaires. […] Là est la véritable cause de la précoce décadence du génie de Corneille.
L’un des premiers chagrins de la vanité est de trouver en elle-même et la cause de ses malheurs et le besoin de les cacher. […] Un homme d’un esprit infini disait, en parlant de ce qu’on pouvait appeler précisément un homme orgueilleux et vain, en le voyant j’éprouve un peu du plaisir que cause le spectacle d’un bon ménage, son amour-propre et lui vivent si bien ensemble. […] Cette passion qui n’est grande que par la peine qu’elle cause, et ne peut, qu’à ce seul titre marcher de pair avec les autres, se développe parfaitement dans les mouvements des femmes : tout en elles, est amour ou vanité. […] On ne tarde pas à s’en apercevoir, et le chagrin que cause une telle découverte augmente encore le mal qu’on voudrait réparer. […] Eh bien, à côté du tableau de ce bal, où les prétentions les plus frivoles ont mis la vanité dans tout son jour, c’est dans le plus grand événement qui ait agité l’espèce humaine, c’est dans la révolution de France qu’il faut en observer le développement complet : ce sentiment, si borné dans son but, si petit dans son mobile, qu’on pouvait hésiter à lui donner une place parmi les passions ; ce sentiment a été l’une des causes du plus grand choc qui ait ébranlé l’univers.
. — Diverses causes des faux raisonnements Ces procédés d’argumentation, et tous les raisonnements qu’on peut faire se ramènent à deux catégories : ou bien on passe d’un fait observé ou d’un groupe de faits à la loi qui en rend raison, ou bien on passe du principe évident aux conséquences nécessaires. […] Je ne veux que m’arrêter à quelques principales causes d’erreurs. […] Mais en laissant de côté les causes de trouble et d’erreur étrangères à la faculté même de raisonner, je ne trouve guère qu’on se trompe ordinairement dans le chemin qu’on fait du principe à la conclusion. […] Claude Bernard s’est étendu là-dessus dans son Introduction à la médecine expérimentale ; c’est pour lui la grande cause d’erreur, et il ne se lasse pas de recommander aux savants d’être toujours prêts à abandonner l’idée préconçue qui leur a fait entreprendre une observation ou instituer une expérience. […] Enfin toutes ces causes d’erreur peuvent se mêler et concourir dans une fausse généralisation ; on obéit à des préjugés, à une tradition, à l’intérêt ou à la passion, et l’on accepte pour vrais des faits imaginaires ; on jette un coup d’œil distrait sur la réalité ; on la voit de loin, indistinctement, confusément, ou l’on n’en prend qu’une partie ; on fait arbitrairement abstraction de ce qui gêne ou déplaît ; après quoi l’on se prononce avec autorité, et l’on établit des lois, universelles, éternelles.
Je passe, sans m’y arrêter, les réflexions de l’auteur sur « quelques infirmités de la pensée », comme la croyance aux causes finales, à la distinction de la puissance et de l’acte, au principe vital, etc. : cela nous entraînerait trop loin, ou trouvera mieux sa place ailleurs. […] La sensation comprend tout ce qui appartient aux organes des sens, et, ce que l’on néglige si souvent, aux actions des viscères et des muscles. — L’idéation est autre chose : on ne peut pas plus la séparer de la sensation, qu’on ne peut séparer le mouvement d’un muscle de la sensation qui le cause. […] On sait que Arcésilas et Carnéade discutaient contre les Stoïciens, les dogmatiques de l’époque, sur la légitimité du critérium et en particulier sur cette question : Toute modification de l’âme correspond-elle exactement à l’objet externe qui la cause ? […] Lewes207, ne correspond en rien à son objet, sinon sous le rapport de l’effet à la cause. […] Il trouverait dans sa conscience l’état nommé eau, qui serait fort différent de son état antérieur ; et il supposerait que cet état, si différent de l’état précédent, est une représentation de ce qui le cause.
Le seul qui soit connu par l’intérêt des matieres, est celui qui a pour titre, Causes célebres, en vingt volumes in-12. […] Garsault a réduit cet Ouvrage énorme en un seul volume, sous le titre de Faits des Causes célebres & intéressantes.
Je développerai les diverses causes de cette singularité. […] À ces causes générales, qui agissent presque également dans tous les pays, se joignent diverses circonstances particulières à la monarchie française. […] Je crois fermement que dans l’ancien régime, où l’opinion exerçait un si salutaire empire, cet empire était l’ouvrage des femmes distinguées par leur esprit et leur caractère : on citait souvent leur éloquence quand un dessein généreux les inspirait, quand elles avaient à défendre la cause du malheur, quand l’expression d’un sentiment exigeait du courage et déplaisait au pouvoir. […] L’amour-propre aussi de nos jours veut attribuer ses revers à des causes secrètes, et non à lui-même ; et ce serait l’empire supposé des femmes célèbres qui pourrait, au besoin, tenir lieu de fatalité.
Elle alla à son retour voir madame de Montausier qui était malade à Paris depuis longtemps : l’origine de son mal venait d’une peur qu’elle avait eue dans un passage derrière la chambre de la reine. » Mademoiselle continue à dissimuler que la véritable cause de la maladie de madame de Montausier fût la certitude acquise inopinément de la trahison dont la reine et elle avaient été les dupes, et la honte d’avoir inconsidérément protégé l’outrage fait à un mari malheureux. Cette faute avait eu pour cause l’honnêteté trop confiante de la duchesse, et c’était son honnêteté même qui en était accablée. Les visites que la reine lui faisait durant sa maladie prouvent assez combien elle en honorait la cause ; peut-être même qu’elle croyait avoir contribué à la déception de madame de Montausier, par son propre aveuglement sur madame de Montespan. […] Son honorable cause n’était pas de nature à être comprise parle vulgaire ; elle n’était pas non plus de celles qu’on divulgue.
Plusieurs causes ont concouru au prodigieux succès de cet ouvrage, dont la publication dura quinze ans. Un écrit de Huet, le célèbre évêque d’Avranches, et un autre de Patru, nous apprennent les principales de ces causes. […] En effet, le mariage fut rompu pour cause d’impuissance ; alors d’Urfé obtint à Rome d’être relevé de ses vœux, et il épousa sa belle-sœur.
La cause de la critique, c’est la cause du rationalisme, et la cause du rationalisme, c’est la cause même de l’esprit moderne. […] Combien, par exemple, ces admirables oraisons funèbres, où Bossuet a commenté la mort dans un si magnifique langage, sont loin de ce que réclamerait notre manière actuelle de sentir, à cause du cadre délimité et précis où la théologie avait réduit les idées de l’autre vie. […] Il ne faut pas dire absolument qu’il en est ainsi, car nous ne pouvons avoir de conception adéquate aux causes primordiales, mais que les choses se passent comme s’il en était ainsi 43. […] Dans ces luttes grossières, la conscience la plus obscure est la meilleure ; la personnalité, la réflexion sont des causes d’infériorité. […] Dans l’état actuel, une extrême critique est une cause d’affaiblissement physique et moral ; dans l’état normal, la science sera mère de la force.
Il est intéressant de rechercher les causes de cet amour de l’isolement. […] Caractère et causes du mal du siècle de 1789 à 1815. […] Caractère et causes du mal du siècle de 1815 à 1830. […] Il en différait aussi par ses causes. […] Mais encore une fois, les principales causes du mal étaient ailleurs.
vraiment, ce n’est pas une médiocre jouissance pour ceux qui aiment la vérité, que le spectacle de l’atroce embarras qu’elle cause parfois à ceux qui la détestent ! […] Pour qui se sent dévoué au catholicisme, dont la cause est ici beaucoup plus engagée qu’on ne croit, y a-t-il une mission plus haute, en ce temps, que de faire tomber, à force de laver les peuples dans les flots de la vérité, l’horrible lèpre qu’ils ont contractée dans les préjugés des derniers siècles ? […] Mais, comme leurs pères, ils trouvèrent vigilants et debout les hommes qui, au jour de sa nouveauté fascinatrice, avaient empêché le Protestantisme de gagner l’Europe tout entière à sa cause. […] Nous n’avons point autorité pour descendre dans cette profondeur qu’on appelle la conscience, ombre mystérieuse claire à l’œil de Dieu seul, et nous sommes d’ailleurs trop soumis au signe vivant d’un pouvoir divin pour agiter des questions qui le mettent en cause devant les hommes. […] Mais chacun en connaît-il bien le moment, la manière, la cause ?
La fréquence des suicides a pour cause l’anomie sociale, source d’anarchie intérieure, d’inquiétude et de trouble. […] La diversité profonde des âmes lient à d’autres causes qu’à des causes sociales. […] Ce mensonge est une machine de guerre, un instrument de domination aux mains du groupe : un moyen de défense du groupe contre les causes extérieures ou intérieures de destruction. […] Ils sentent parfois vaguement qu’ils sont des avocats qui plaident une cause ; qu’ils parlent, non en individus pensant chacun à part soi, mais comme professeurs, membres d’un parti, d’une école, etc. ; qu’ils énoncent des lèvres des vérités auxquelles ils ne croient pas très fortement au fond du cœur. […] Celle-ci est traitée comme un mythe utile, comme une machine de guerre au service d’une cause ou d’un intérêt de groupe106.
Aussi est-il juste de comparer, avec William James, le mécanisme de la pensée au phénomène électrique qu’on appelle l’aurore boréale, où l’équilibre entre l’électricité terrestre et celle des particules glacées de l’atmosphère est sans cesse rompu et rétabli, où les inductions électriques sont perpétuelles, de manière à produire des irradiations sur des points continuellement changeants : les rayons lumineux qui jaillissent successivement, l’un ici, l’autre là, sont associés entre eux comme le sont nos idées, c’est-à-dire qu’en réalité ils ne se produisent pas l’un l’autre, mais sont produits l’un après l’autre par une cause commune, la tension générale, et par les conditions particulières qui la font se décharger successivement ici et là ; chaque idée est comme une irradiation sur un point particulier, révélant à la fois la tension générale et la décharge particulière du magnétisme intérieur. […] La raison de Newton aurait eu beau se dire pendant des siècles : « Tout a une cause et les révolutions des astres ont une cause » ; ces deux rapports ne lui auraient jamais donné le terme inconnu : gravitation. […] Cette série de classifications, quand quelque autre série de causes ne l’entrave pas, est immédiate, aussi involontaire que la propagation d’un ébranlement à la masse de l’air ou de l’eau. […] Le lien qui les relie est l’unité d’un but par rapport auquel les impulsions sont moyens, l’unité d’un effet par rapport auquel elles sont causes coopérantes. […] Ce n’est jamais dans la première idée que se trouve la raison de l’apparition de la seconde ; « les rapports des ombres résultent de rapports entre les causes des ombres elles-mêmes. » Nous verrons plus loin que la réaction intellectuelle peut cependant lier des idées.
On se fit, sous la Charte, aux mœurs politiques et à la pratique constitutionnelle, qui n’avaient jamais été possibles auparavant, même sous le Directoire, à cause des réactions violentes et des souvenirs trop animés. Les mêmes causes, jointes aux intrigues et aux perfidies du parti dominant, retardèrent, sous la Charte, ce progrès salutaire jusqu’en ces dernières années. […] Napoléon, par ses projets fabuleux de reconstruire une monarchie à la Charlemagne} servit la cause de l’ancien régime.
Les philosophes anglais, connus en France, ont été l’une des premières causes de cet esprit d’analyse qui a conduit si loin les écrivains français ; mais, indépendamment de cette cause particulière, le siècle qui succède au siècle de la littérature est dans tous les pays, comme j’ai tâché de le prouver, celui de la pensée. […] Les pensées qui rappellent, de quelque manière, aux hommes ce qui leur est commun à tous, cause toujours une émotion profonde ; et c’est encore sous ce point de vue que les réflexions philosophiques introduites par Voltaire dans ses tragédies, lorsque ces réflexions ne sont pas trop prodiguées, rallient l’intérêt universel aux diverses situations qu’il met en scène. […] La régularité de la versification donne une sorte de plaisir auquel la prose ne peut atteindre ; c’est une sensation physique qui dispose à l’attendrissement ou à l’enthousiasme ; c’est une difficulté vaincue dont les connaisseurs jugent le mérite, et qui cause même aux ignorants une jouissance qu’ils ne peuvent analyser.
La qualité seule, l’intensité, les formes accidentelles et causes occasionnelles sont à lui. […] Enfin la cause ? la cause de ce moi que je suis, la cause de cet univers que je reflète en moi ? […] On ne saurait aussi s’empêcher de dire que l’explosion du romantisme fut la conséquence de ces causes insaisissables qui firent apparaître presque simultanément de puissants talents.
Sous l’empire de cette illusion, la volonté humaine, prise dans le remous d’un tourbillon de causes et d’effets, croit ; qu’il est possible pourtant d’intervenir. […] On trouvera donc, au cours de cet ouvrage, composé avec des mots, quelque trace de cette humeur où une volonté humaine, c’est-à-dire malléable, et sujette à changer sous l’empire de causes qu’elle ignore, se prend pour la mesure, des choses.
Au sein d’une Chambre divisée en partis violents, Tocqueville juge admirablement l’ensemble d’une situation ; sortant des questions trop particulières, il généralise ses Vues, remonte aux causes du mal et disserte sur les mœurs publiques ; il considère à bout portant la crise qu’il a sous les yeux, non au point de vue pratique, mais au point de vue historique déjà. […] « Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux. […] et les hommes les plus intelligents, les cœurs les plus nobles ne parviendront-ils donc jamais à rompre les cloisons qui les séparent, à respecter les causes également légitimes et sincères dont ils ont en eux le principe et le sentiment ! […] Nous ne sommes d’ailleurs pas au bout de cette sorte de confession intellectuelle, la plus curieuse et la plus détaillée que je connaisse : « A cette première manière d’envisager le sujet, poursuis l’auteur, en a succédé dans mon esprit une autre que voici : il ne s’agirait plus d’un long ouvrage, mais d’un livre assez court, un volume peut-être ; je ne ferais plus, à proprement parler, l’histoire de l’Empire, mais un ensemble de réflexions et de jugements sur cette histoire ; j’indiquerais les faits sans doute et j’en suivrais le fil, mais ma principale affaire ne serait pas de les raconter ; j’aurais, surtout, à faire comprendre les principaux, à faire voir les causes diverses qui en sont sorties ; comment l’Empire est venu, comment il a pu s’établir au milieu de la société créée par la Révolution ; quels ont été les moyens dont il s’est servi ; quelle était la nature vraie de l’homme qui l’a fondé ; ce qui a fait son succès, ce qui a fait ses revers ; l’influence passagère et l’influence durable qu’il a exercée sur les destinées du monde, et en particulier sur celles de la France. […] Je n’ai pas de traditions, je n’ai pas de parti, je n’ai point de cause, si ce n’est celle de la liberté et de la dignité humaine : de cela, je suis sûr ; et pour un travail de cette sorte, une disposition et un naturel de cette espèce sont aussi utiles qu’ils sont souvent nuisibles quand il s’agit, non plus de parler sur les affaires humaines, mais de s’y mêler. » J’en demande pardon à Tocqueville : au moment où il dit qu’il n’a point de cause, il déclare assez qu’il en a une, et cette cause, telle qu’il vient de la définir, était pour lui une religion.
La principale cause de cette décadence me paraît être que la critique ne s’adresse pas à un public qui ait déjà plus ou moins son avis, qui fasse réellement attention et accorde intérêt au détail du jugement, et qui le contrôle : rien de cela. […] Mais sous cette fatalité générale (et toute réserve faite des causes qui peuvent introduire plus d’une différence essentielle dans le parallèle entre les anciens et nous), il y a encore place pour les exceptions, pour les individus qui luttent, pour les hommes de talent qui cherchent à sauver l’œuvre de la dureté des temps et de la difficulté croissante. […] Il parle au nom du sens et du goût avec instruction, esprit et talent, mais avec une certaine emphase ; avec conviction, mais avec la conviction d’un avocat qui plaide sans doute sa cause parce qu’il la croit juste, mais qui la plaide sur un plus haut ton parce qu’elle est sa cause. […] Toujours adjudication expresse à sa cause, et ajustement à son système ! […] Opposant la religion sentimentale de Bernardin-de-Saint-Pierre, qui voit partout les causes finales et la Providence, à la sobriété solennelle de Buffon sur ces points, M.
Renan ; c’est vous qui, en le nommant, l’avez mis en cause. […] Mais le Rapport n’a point fait cela : le Rapport a pris fait et cause pour une pétition ; il a pris feu ; il a accepté une liste dénoncée, telle quelle, il l’a produite, il l'a mise à son compte, — au compte du Sénat ; il l’a jugée et condamnée en masse ; il n’a apporté aucune réserve, aucun adoucissement, que dis-je ? […] J’aurais, en tout état de cause, à consulter surtout ceux qui défendent l’idée et la cause même que je défends, et qui savent les moyens et les armes qui y conviennent. […] Sainte-Beuve semble croire que je me risque pour supprimer en lui, dans les 48 heures, l’homme nécessaire d’une question ou d’une cause. Je suis à mille lieues de cette combinaison ; ma conduite est des plus simples et toute personnelle. — Entre lui et moi, il n’y a pas dans tout ceci une ombre de question ou de cause ; il n’y a qu’une offense, dont je poursuis la réparation.
La cause d’erreur peut-être la plus considérable, c’est ce mot de raison, qu’on voit revenir presque à chaque page du poème. […] Car enfin la durée et l’universalité de la réputation d’un écrivain sont des effets, qui ont une cause suffisante : et c’est cette cause qu’il faut trouver, et chercher au besoin avec patience et humilité, jusqu’à ce qu’on la trouve, au lieu de croire facilement qu’on a soi seul plus d’esprit que tout le monde. Or que peut être cette cause, sinon la beauté effective et intrinsèque des œuvres ? […] Les passions générales ne vivent que dans des formes particulières, déterminées à chaque siècle et en chaque homme par un concours unique de causes. […] Il fut bien de son temps par le mépris et l’ignorance de l’histoire ; et la plupart des défaillances de son jugement et des erreurs de sa théorie ne procèdent pas d’une autre cause.
Ce qu’il a eu dessein de faire, ce qu’il voudrait que la postérité vît dans son œuvre, si jamais elle s’occupe de si peu, ce n’est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d’élection ; c’est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir ; c’est le grand point de droit de l’humanité allégué et plaidé à toute voix devant la société, qui est la grande cour de cassation ; c’est cette suprême fin de non-recevoir, abhorrescere a sanguine , construite à tout jamais en avant de tous les procès criminels ; c’est la sombre et fatale question qui palpite obscurément au fond de toutes les causes capitales sous les triples épaisseurs de pathos dont l’enveloppe la rhétorique sanglante des gens du roi ; c’est la question de vie et de mort, dis-je, déshabillée, dénudée, dépouillée des entortillages sonores du parquet, brutalement mise au jour, et posée où il faut qu’on la voie, où il faut qu’elle soit, où elle est réellement, dans son vrai milieu, dans son milieu horrible, non au tribunal, mais à l’échafaud, non chez le juge, mais chez le bourreau. […] Et pour que le plaidoyer soit aussi vaste que la cause, il a dû, et c’est pour cela que le Dernier Jour d’un Condamné est ainsi fait, élaguer de toutes parts dans son sujet le contingent, l’accident, le particulier, le spécial, le relatif, le modifiable, l’épisode, l’anecdote, l’événement, le nom propre, et se borner (si c’est là se borner) à plaider la cause d’un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque. […] Un conseil de brahmines serait beau prenant en main la cause du paria. Et ici, la cause du paria, c’était la cause du peuple. […] il a pris fait et cause pour cette peine de mort dont il supporte pourtant tout le poids.
L’empêchement pourrait être dans nos organes : il pourrait avoir pour cause la paralysie ou la simple incapacité qui provient de la fatigue. […] Comment admettre que des corps, c’est-à-dire des substances indépendantes de nous, permanentes et que nous concevons comme les causes de nos sensations, ne soient, au fond et en soi, que des possibilités et des nécessités de sensation ? […] C’est un ordre de succession, et, une fois établi par l’observation, il donne naissance aux idées de cause et d’effet… De quelle nature est cet ordre fixe de nos sensations ? […] Partant, nos idées de cause, de puissance, d’activité, ne s’attachent pas dans notre esprit à nos sensations considérées comme actuelles, sauf dans les quelques cas physiologiques où les sensations figurent par elles-mêmes comme antécédents dans quelque couple régulier. Nos idées de cause, de puissance, d’activité, au lieu de s’attacher à des sensations, s’attachent à des groupes de possibilités de sensation.
Sa Lettre à Fauriel sur les Causes finales respire les plus admirables sentiments et agite les conjectures les plus consciencieuses. […] C’était, en un mot, partie gagnée et pour le poëte et pour la cause. […] L’effet de cette publication en France fut des plus heureux et des plus favorables à la cause qu’elle voulait servir. […] Ainsi, Camille Jordan avait fait imprimer, dans l’été de 1802, une brochure où il plaidait la cause de la monarchie constitutionnelle. […] Seulement ils observaient très-mal, par plusieurs causes qu’il est possible et important d’assigner. » — « Expliquer les causes de la grande influence de la philosophie de Pythagore en Grèce durant près d’un siècle, depuis la destruction et la dispersion de l’école de Pythagore jusqu’après la mort d’Épaminondas.
Il n’est pas malaisé de comprendre quelles causes de pessimisme M. […] Chez la femme, des causes analogues produisent un effet semblable. […] Est-ce malgré cette existence désorbitée, est-ce à cause d’elle que la fleur a grandi ? […] Que de causes conspirent à l’éteindre en nous ! […] Elle dérive d’une cause initiale et constitutive.
Comme Solon, il a écrit un petit nombre de poésies, dont l’une fut la cause de sa mort. […] Nous avons indiqué plus haut la plupart des causes qui ruinent cette forme politique et les autres États républicains. […] La révolution de Cyrène n’eut point d’autres causes. […] L’inégalité est toujours, je le répète, la cause des révolutions, quand rien ne la compense pour ceux qu’elle atteint. […] Il n’assigne même aucune cause spéciale de révolutions à la parfaite république, au premier gouvernement.
L’image a lieu dans les centres cérébraux que la sensation même avait fini par ébranler, mais elle a lieu en l’absence des causes extérieures et sous une excitation intérieure. […] Il est reconnu par l’expérience que nous localisons la cause du son affaibli tantôt dans le milieu extérieur, tantôt dans le milieu cérébral. […] Qu’y aurait-il d’étonnant à ce que les ondulations du cerveau se propageassent, sous une certaine forme, pendant la vie entière et à ce qu’une sensation pût reparaître en l’absence de sa cause, comme le rayon de l’étoile semble se rallumer dans la nuit ? […] Le caractère particulier de la cause extérieure entraînera le développement particulier des centres sensoriels, qui sont, si l’on veut, autant de mémoires organiques. […] Les causes physiologiques des amnésies partielles ne peuvent être que conjecturées.
Il est en définitive contre la France, il combat contre la patrie, il conspire contre sa grandeur et fait cause commune avec l’étranger. […] Elle s’y adonna avec un dévouement à la cause commune qui ne saurait se contester : ni le maréchal de Bouillon qui finissait et qui dès longtemps n’était plus qu’un politique consultant, ni le vieux Lesdiguières qui pensait à se convertir et à se retourner contre ses anciens frères, ni les La Trémouille, ni les La Force, ni les Châtillon, dont les résolutions n’étaient pas de longue haleine, aucun n’essaya, dans ces nouvelles levées de boucliers, de le disputer aux Rohan. […] Cependant on ne saurait leur faire à l’un ni à l’autre l’injure de poser cette question, s’ils étaient braves et très braves en effet : mais ils étaient les têtes du parti, et ils avaient à se réserver pour leur cause ; et de plus, comme on l’a très judicieusement observé, ils devaient craindre, non pas de périr les armes à la main de la mort du soldat, mais d’être pris et d’aller finir sur un échafaud en rebelles. […] La troisième guerre commence (1627) ; il est inutile d’en rechercher les prétextes ou les causes que chaque parti se rejette : elle devait immanquablement éclater, la paix de 1626 n’ayant été subie d’un côté et concédée de l’autre qu’avec toutes sortes de sous-entendus et faute de mieux. […] Ce double sentiment contraire qui animait l’assiégeant et l’assiégé se peint avec fidélité dans les pages tant de Richelieu que de Rohan ; ce dernier, qui, pendant ce temps-là, tenait la campagne dans le Midi et se bornait à occuper les troupes du roi par une suite d’escarmouches et de petites affaires, sentait bien que le fort de l’action se passait là où il n’était pas, et que le sort de la cause se décidait ailleurs.
On a bien voulu pourtant nous mettre en cause : dans une biographie de Benjamin Constant, qui fait partie de la Galerie des Contemporains illustres par un Homme de rien, le spirituel auteur (M.de Loménie) a cru devoir, en se déclarant le champion de Benjamin Constant, faire de nous un adversaire de l’illustre publiciste, et nous prendre à partie sur les notes et réflexions qui accompagnaient les lettres produites, comme si elles étaient en désaccord criant avec les textes mêmes. […] Benjamin Constant a été un grand esprit, et il a eu un assez grand rôle ; politiquement et à travers quelques inconséquences singulières, il a rendu des services à une cause qui était, en somme, celle de la France. […] J’ai pensé qu’on en saisirait la cause profonde dans le tableau de cette singulière jeunesse et de ces premières années qui se dévoilaient soudainement à nous : de là mon analyse91. […] Pline le Jeune a écrit une très-belle lettre92 sur l’indulgence qui n’est qu’une partie de la justice, et il cite un mot habituel de Thraséas, ce personnage à la fois le plus austère, dit-il, et le plus humain : Qui vitia odit, homines odit, voulant faire entendre que pas un de nous n’est hors de cause, et que la sévérité qu’on témoigne contre les défauts passe trop aisément à la haine même des hommes. […] C’est là pour mes vieilles recherches sur mes vieilles religions tout ce qui m’intéresse, et je jouis de l’effet sans m’inquiéter de la cause.
À la vérité, c’est assez et trop mettre Molière en cause. […] D’ailleurs la définition ci-dessus démasquée n’eût-elle pas été fausse, elle serait vaine : au plus elle énoncerait un effet du théâtre, non sa cause qui seule importe. […] Nous voyons au juste, maintenant, l’influence du milieu : il n’est pas une cause suffisante, il est un élément nécessaire. […] Ainsi considérée comme la transfiguration complète de la sensation, l’idée est bien l’œuvre d’art, parce qu’elle est sa cause finale. […] Oh, le dernier salon où l’on cause, où vous cachez-vous ?
À la vérité, c’est assez et trop mettre Molière en cause. […] II D’ailleurs la définition ci-dessus démasquée n’eût-elle pas été fausse, elle serait vaine : au plus elle énoncerait un effet du théâtre, non sa cause qui seule importe. […] Nous voyons au juste, maintenant, l’influence du milieu : il n’est pas une cause suffisante, il est un élément nécessaire. […] Ainsi considérée comme la transfiguration complète de la sensation, l’idée est bien l’œuvre d’art, parce qu’elle est sa cause finale. […] Oh, le dernier salon où l’on cause, où vous cachez-vous ?
Mallet, à vingt et un ans, fit donc une brochure qui, eu égard aux conditions de la petite république, pouvait sembler révolutionnaire : il embrassait avec générosité la cause des nombreux habitants dits natifs (comme qui dirait le tiers état du lieu) qui n’étaient point représentés. […] On retrouve quelques-unes de ces pensées et de ces expressions tout à fait poignantes dans la brochure qu’il publia à Bruxelles en mars 1793 (Considérations sur la nature de la Révolution de France, et sur les Causes qui en prolongent la durée), et dans laquelle il dit à tous de grandes vérités. […] « Le désordre est un effet qui devient cause toute-puissante lorsqu’il est manié par une force qu’aucune autre ne contrebalance » ; il s’accroît de ses propres ravages, il se fortifie, il s’organise, il crée des intérêts nouveaux, tout s’enchaîne. […] Or, ces alliances au cœur de la France, il n’y a, selon lui, qu’un moyen, qu’une chance de les provoquer, c’est de déclarer bien haut et avec franchise que la cause qu’on soutient énergiquement par les armes n’est pas celle des rois, mais celle de tous les peuples, et de la France la première avant tous les autres. […] Je n’ai fait qu’effleurer cette publication des Mémoires de Mallet du Pan, dans laquelle se dessine de plus en plus durant les sept années suivantes cet énergique écrivain, champion dévoué à la cause de la société et de la civilisation européenne avec un fonds d’amour de la liberté.
Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque monarchie, l’élèvent, la maintiennent, ou la précipitent ; tous les accidents sont soumis à ces causes ; et, si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné un État, il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille : en un mot, l’allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers. […] Et pourtant, si l’on ne reporte pas directement, comme fait Bossuet, le conseil et la loi du monde historique au sein de la Providence même, il me semble qu’il est fort difficile et fort périlleux d’y trouver cette suite et cet enchaînement que Montesquieu, après coup, se flatte d’y découvrir ; et Machiavel, sur ce point, me paraît plus sage encore et plus dans le vrai que Montesquieu, en nous rappelant toujours, au milieu de ses réflexions mêmes, combien il entre de hasard, c’est-à-dire de causes à nous inconnues dans l’origine et dans l’accomplissement de ces choses de l’histoire et dans la vie des empires. […] » — On rapporte du cardinal Alberoni une critique de Montesquieu qui est dans ce sens : Il y a de la témérité, disait cet ancien Premier ministre, à chercher les causes de la grandeur et de la décadence des Romains dans la Constitution de leur État.
Étant donné un fait il y a toujours une cause, force ou nécessité, qui le produit ; sans cela, il ne se produirait pas. […] Ne dites donc pas que la nature d’un être prédit sa destinée ; tout au plus elle l’indique, par conjectures probables, réserve faite des causes extérieures qui peuvent se jeter à la traverse et des conditions extérieures qui peuvent manquer. […] Le sens est tout autre : l’effet est devenu cause, et il y a ici un architecte de plus. […] Une destinée n’est plus un fait périssable, subordonné aux causes extérieures. […] L’attitude de l’esprit les fait naître ; ils ont pour cause un point de vue ; la conscience n’est qu’une manière de regarder.
— Parfaitement, puisque ces causes, que demain peut faire naître, nous ne les voyons pas. […] C’est dans sa nature, en ce sens que c’est sa cause finale. […] Aussi bien il y a cercle vicieux précisément parce que, en pareille matière (et il a raison), cause et effet se confondent et qu’il faudrait se défier d’un effet qui ne serait pas cause lui-même immédiatement, et d’une cause qui ne serait point effet ; car l’harmonie ou ne se fait point, ou se fait d’ensemble par actions réciproques qui sont causes et effets à la fois l’une de l’autre. […] Le progrès est donc extrêmement lié à la chute, comme l’effet à sa cause. […] Il semble excessif de considérer la religion, non seulement comme cause unique dans les choses humaines, mais même comme cause permanente.
Régulièrement, durant tout le volume, on aura le récit des causes célèbres qui vont être jugées, des grandes exécutions qui vont faire éclat, et, entre deux petites histoires de la question ordinaire ou extraordinaire, on aura le délassement de ces horreurs, la conversation avec les dames, de galantes promenades en carrosse hors de la ville, quand le soleil d’automne le permet, non pas sans quelques excursions plus lointaines, à Vichy, par exemple, avec des descriptions de nature qui rappellent et égalent celles de madame de Motteville en face des Pyrénées. […] Mais, en y regardant mieux, on s’aperçoit que l’humanité de Fléchier et de son cercle n’est pas ici à mettre en cause. […] Ces Mémoires de Fléchier, au pis, peuvent s’appeler une Gazette des Tribunaux de ce temps-là, avec l’avantage du style en sus, et même avec celui de la singularité des causes. […] Ce ne serait pas rendre justice à la relation des Grands-Jours que de n’y voir qu’un recueil piquant d’historiettes singulières, d’incroyables cas et de causes célèbres, dans lesquelles Fléchier se trouve, sans le savoir, le rival et, avec ses airs modestes, le vainqueur de Tallemant des Réaux.
Jouffroy dit : « À l’exception de la cause que nous sentons penser et agir en nous, toutes les autres causes échappent à notre observation. » Et par le fait d’agir, il n’entend pas l’action réelle, l’activité qui se produit, mais simplement l’intention, le désir d’agir ; ce qui mutile encore et appauvrit la cause. Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel.
Nos opinions, il faut l’avouer, seraient assez inclinées au protestantisme, à cause de cet esprit d’analyse et de discussion qui porte à tout examiner, à se rendre raison de tout ; à cause enfin de cette confiance à ses propres lumières qui rejette toute doctrine imposée : mais nos mœurs religieuses sont catholiques parce que nous tenons à un culte extérieur, à des signes sensibles de notre croyance. […] Cette voix des hommes, qui n’est plus la parole que nous apprîmes à bégayer en naissant, nous cause une tristesse inexprimable. […] Il laisse avec mélancolie errer ses regards en arrière ; il porte au-dedans de lui une vague inquiétude dont il ignore la cause ; il se crée des sentiments factices, et qu’il sait être ainsi, pour suppléer aux émotions qu’il ne retrouvera plus ; il s’étonne du désenchantement où il est plongé ; il a beau être séparé de la religion, ou par les passions dont il est devenu le jouet infortuné, ou par les séductions d’un esprit raisonneur, qui, à force de vouloir approfondir, égare ; il ne peut être sourd aux plaintes touchantes d’une mère, qui ne devait pas s’attendre à lui voir trahir ce qu’elle regardait comme ses plus chères espérances, ni aux terribles accusations de ses aïeux, qui lui reprochent, du fond de la tombe, d’avoir abandonné la portion la plus précieuse de leur héritage. […] Ici se présente une considération que je voudrais en quelque sorte cacher à mes lecteurs, à cause des réclamations trop vives qu’elle peut exciter chez la plupart d’entre eux ; mais, sans la développer, je l’énoncerai du moins, quand ce ne serait que pour acquitter un devoir de conscience, et afin que les sages en fassent leur profit.
Tout s’était passé d’abord dans un coin de l’École polytechnique, d’où on l’avait chassé pour cause de doctrine malséante et malsaine. […] Comte le philosophe escamote littéralement, dans son système de philosophie positive, qui n’est que le vide positif, — d’abord Dieu et tout l’ordre surnaturel ; ensuite la métaphysique tout entière et le monde d’abstractions et d’explications qu’elle traîne à sa suite ; enfin, les causes finales et les causes premières ! […] En effet, ce négateur des causes finales et premières par haine de l’indémontré n’en part pas moins de l’indémontré, comme le plus modeste d’entre nous.
Ils n’ont, comme tous les savants dans les sciences matérielles, que des causes secondes sous la main. Mais ils n’arrivent pas à la cause première et à ce terrible passage de la cause seconde à la cause première, qui seule, ici par exemple, expliquerait la création.
Mais il y aurait aujourd’hui presque de la puérilité à rechercher sérieusement, dans ces circonstances secondaires, les causes du peu de durée de la Constitution de 91. Les vraies causes étaient dans la société même, non dans la Constitution. […] Ces passions violentes et fatales, même dans leur générosité ; ces utopies politiques et sociales, filles du xviiie siècle, et qui étaient devenues le rêve des plus chauds et des plus nobles cœurs ; ce prestige républicain, attaché à certaines maximes, à certaines formes de gouvernement ; cette éducation de collège et de livres, toute romaine : et Spartiate, sans l’intelligence de ce qui diffère dans les temps modernes ; enfin la guerre au dehors qui excitait et commandait l’énergie en toutes choses : voilà les causes réelles qui renversèrent la Constitution de 91 : et qui eussent renversé toute autre eu sa place ; voilà, en y ajoutant les faits et les mille incidents qui survinrent, ce qui amena le 10 août, la Convention » et la Montagne.
Il faut une grande finesse pour rendre compte des causes de l’effet comique ; mais il n’en est pas moins vrai que l’assentiment général doit se réunir sur les chefs-d’œuvre en ce genre comme sur tous les autres. […] La langue anglaise a créé un mot, humour, pour exprimer cette gaieté qui est une disposition du sang presque autant que de l’esprit ; elle tient à la nature du climat et aux mœurs nationales ; elle serait tout à fait inimitable là où les mêmes causes ne la développeraient pas. […] Il y a de la morosité, je dirais presque de la tristesse, dans cette gaieté ; celui qui vous fait rire n’éprouve pas le plaisir qu’il cause.
Peut-on affirmer que l’on a démontré la dépendance absolue de l’âme à l’égard du corps tant qu’on n’a pas pu signaler avec rigueur et précision la circonstance décisive qui serait la cause directe et unique de l’intelligence ? […] En est-il de même en physique, lorsqu’on a découvert la vraie cause d’un phénomène ? […] L’expérience nous apprend sans doute que le cerveau entre pour une certaine part, pour une très grande part dans l’exercice de la pensée ; mais qu’il en soit la cause unique et la rigoureuse mesure, c’est ce qui n’est pas démontré.
Léon Bloy47 L’auteur de la préface que voici fut un des premiers qui parlèrent du beau livre d’histoire — cause et occasion de cet autre livre qu’on publie aujourd’hui48. […] À dater de ce moment, la Béatification de Christophe Colomb fut résolue… Pour s’être rencontré avec l’intuition latente au cœur mystique de Pie IX, le comte Roselly de Lorgues fut solennellement désigné pour être, en style de chancellerie romaine, « le postulateur de la cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites ». […] L’héroïque Veuillot, par exemple, qui n’a jamais tremblé devant rien, excepté devant les talents qui auraient tenu à honneur de combattre à côté de lui pour la cause de l’Église, Veuillot prit peur, un jour, du talent de Léon Bloy, et, après quatre ou cinq articles acceptés à l’Univers, il le congédia formellement.
Elles ont des causes déterminantes, une ligne d’évolution, une limite. […] Ce n’est pas un effet, c’est une cause. […] Avant d’être une cause, cette fièvre est un effet. […] Mais quelles causes produisent cet isolement ? […] Ce sont ces causes que j’étudie en elle.
Son Ouvrage des causes de la corruption du goût, sera toujours, malgré les mépris de l’Auteur du Siecle de Louis XIV, un Ouvrage rempli d’analyses exactes, de vûes saines, de réflexions fines, & de sages critiques. […] On doit cependant pardonner quelque chose à son zele pour une aussi bonne cause.
Nous devions donc incliner modérément à la cause constitutionnelle à Naples, surtout si cette cause, sincèrement acceptée par le roi et patronnée par l’armée, se préservait des anarchies, des violences, où même des excès qui déshonorent les révolutions au commencement. […] Je ne le permis pas par respect pour ce jeune proscrit d’un trône, et j’allai au palais Pitti lui présenter mes hommages et des espérances de réconciliation avec la cause des rois, qu’il ne tarda pas à aller servir en Espagne. […] Il prit en main la cause de sa patrie ; il fit imprimer contre moi une brochure dont l’honneur de mon pays et l’honneur de mon poste ne me permettaient pas d’accepter les termes. […] J’étais résolu de me laisser tuer, plutôt que d’ôter la vie à un brave soldat criblé de blessures, pour une cause qui n’était point personnelle, et qui, au fond, honorait son patriotisme. […] Un de mes amis avait relevé ma cause dès la première émotion de cette querelle, et il avait écrit, en quelques pages de sang-froid et d’analyse, une défense presque judiciaire de mes vers calomniés.