Les maris trompés de Molière et les femmes malheureuses des drames modernes disparaîtront de la scène, l’indissolubilité du mariage autorisant seule les revanches secrètes ou les lamentations publiques de la femme adultère.
Mais Béranger, ne l’oublions pas, est de la race gauloise, et la race gauloise, même à ses instants les plus poétiques, manque de réserve et de chasteté : voyez Voltaire, Molière, La Fontaine, et Rabelais et Villon, les aïeux.
On sent, même à lire ces femmes si polies, que Molière non moins que Racine a assisté de son génie à leur berceau, et que Saint-Simon n’est pas loin.
Ô Molière, où es-tu ?
Bien avant Molière, elle a dit plus d’une chose très sensée à ce sujet.
Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ».
Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon et le barbarisme, et d’écrire purement : quel feu, quelle naïveté, quelle source de la bonne plaisanterie, quelle imitation des mœurs, quelles images, et quel fléau du ridicule !
Le moins classique, en apparence, des quatre grands poètes de Louis XIV était Molière ; on l’applaudissait alors bien plus qu’on ne l’estimait ; on le goûtait sans savoir son prix.
La prose de Molière est toute pleine de vers de cette espèce : en voici un exemple tiré de la première scène du Sicilien.
Il n’y a que Molière qui puisse supporter cette confrontation des débuts avec les chefs-d’œuvre de la maturité ; quoique bien inférieur à ce qu’il deviendra, l’auteur étincelant de l’Étourdi, des Précieuses, de l’École des maris, est déjà le grand maître du rire et le dominateur du style comique. […] À Paris ont poussé, comme des fleurs entre les pavés, Rutebeuf, Villon, Boileau, Molière, Regnard, Voltaire, et de nos jours Béranger avant Musset et Coppée. […] D’autre part, Le Tricorne Enchanté, Pierrot Posthume, semblent donner la main à Don Japhet d’Arménie et à l’Étourdi comme aux Fâcheux de Molière. […] Chez Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, tout imbus, tout pénétrés d’antiquité ? […] Le développement du vieux mythe, objet de la curiosité constante de l’art grec, évoqué successivement par les inspirations si diverses de Calderon, de la Fontaine, de Corneille et de Molière, était chez Victor de Laprade aussi nouveau qu’ingénieux.
Dante, Shakespeare, Molière même et La Fontaine ne sont plus que des occasions de tout voir et de tout dire, de remuer toutes les questions d’art et d’histoire, de faire son tour du monde littéraire ; et pour Shakespeare en particulier, l’ensemble du cours que lui consacra Gandar est parfaitement défini dans le passage suivant d’une de ses lettres (à M. […] Commençant par saint Augustin et Boëce et la vive influence qu’ils avaient exercée sur Dante et Pétrarque, il aurait marqué le caractère propre de ce sentiment chez ces deux poètes ; il aurait montré chez Shakespeare et Molière l’art profond sous lequel se voile sans jamais s’étaler, sans jamais nuire à l’action, leur personnalité discrète.
Musset me reste cher parce qu’il est éminemment français, et par là je veux dire qu’il portait en lui les meilleures traditions de notre race, qu’il en avait le sens profond, qu’il s’était nourri de la pensée de nos maîtres bien à nous, depuis Mathurin Régnier, Molière, Racine, La Fontaine, jusqu’à André Chénier et Beaumarchais, et qu’il avait puisé en eux cette clarté admirable, cette ironie mordante devant la sottise prétentieuse, cette élégance primesautière et cette fière allure d’indépendance, qui ont toujours été l’apanage de notre vieille terre des Gaules, et qui, nous le voulons croire, resteront l’orgueil de la France contemporaine. […] Cependant au cours d’une enquête sur la lecture dans les milieux paysans, j’ai pu me rendre compte qu’il avait pénétré là où Racine, Corneille et Molière étaient encore inconnus.
Pendant que madame de Staël faisait la fortune de son Gœthe, l’Allemagne rapetissait et insultait notre Molière, qu’elle ne comprenait pas… Elle voulait en finir avec la France. […] Molière aussi fut voué, mais bien plus par la destinée que par sa libre fantaisie, au métier de directeur de théâtre ; mais chez lui le génie dévorait l’arrangeur, tandis que Gœthe avait le talent trop froid pour oublier jamais qu’il en était un.
Elle se complaît dans l’anecdote, dans les portraits, dans l’analyse des caractères, comme pourraient le faire Plaute ou Molière. […] Vainement objecterait-on que la comédie vouée à l’expression du ridicule n’a pas à tenir compte de l’idéal ; l’exemple de Molière parle plus haut que toutes les arguties. […] Il n’a pas cru que la perpétuelle imitation de Corneille et de Molière suffît au succès d’un nouveau répertoire ; mais il a écrit sur son drapeau Tartuffe o et Cinna, sûr qu’à la faveur de ces deux grands noms il obtiendrait toujours l’approbation de la foule, quoi qu’il pût tenter, d’ailleurs, pour ou contre les modèles du xviie siècle. […] Ce n’est pas que l’auteur des Vêpres siciliennes et de l’École des Vieillards ait continué Corneille ou Molière, car ces deux ouvrages, réduits à leur juste valeur, ne sont tout au plus qu’une tragédie sonore et une épître ingénieuse. […] L’élément lyrique ainsi compris a rendu d’éminents services à Corneille, à Molière, à Shakespeare.
Mais l’œuvre de Molière ou celle de La Fontaine est-elle une œuvre morale ? […] Cette partie de la pièce, qui semblait à Molière et à d’autres si parfaitement négligeable, prend donc une importance toute nouvelle. […] On se rendait bien compte que la comédie de caractère avait été portée à sa perfection, et partant le genre épuisé par Molière. […] On sent qu’Augier est nourri de l’œuvre de Corneille, de Molière, de Regnard, et qu’il s’est assimilé la substance de la littérature classique. […] et qui a raison, des misanthropes qui ont écrit pour le théâtre depuis Molière jusqu’à l’auteur des Faux Bonshommes, ou des doux optimistes, qu’ils s’appellent Collin d’Harleville ou Léon Laya ?
Si nous le voyions paraître tout à coup et entrer en personne, je me le figure (comme nous l’a montré un critique ingénieux)73 noble et humain de visage, n’ayant rien du taureau, du sanglier ni même du lion, portant dans sa physionomie, comme Molière, les plus nobles traits de l’espèce et ceux qui parlent le plus à l’âme et à l’esprit modéré, sensé de propos, et le plus souvent (pitié ou indulgence) souriant et doux ; car il a créé aussi des êtres ravissants de pureté et de douceur, et il habite au centre de la nature humaine.
C’était l’année des Femmes savantes, avant la dernière heure de Molière.
Je ne sais, mais vous me mettez en goût d’interdiction, messieurs de la Commission : eh bien, je vais vous signaler une lacune ; votre liste, si longue qu’elle soit, est incomplète : messieurs, il y manque Molière, il y manque Tartuffe.
Par sa philosophie qui consiste essentiellement dans l’identité, la souveraineté de Nature et de Raison, il est le premier anneau de la chaîne qui relie Rabelais, Montaigne, Molière, à laquelle Voltaire aussi se rattache, et même à certains égards Boileau.
Les provinces l’ont conservée ; à l’Hôtel de Bourgogne, les comédiens l’ont reçue des Confrères, et Molière la trouvera pour fonder une comédie nationale.
Surtout il n’est pas chrétien, et la décence de son adhésion à la religion établie dissimule mal en lui la négation de l’essence même du christianisme : ainsi le courant d’esprit antichrétien, ou simplement non chrétien, qui se laisse distinguer dans le siècle classique, et qui passe par Molière ou par Descartes pour arriver à Voltaire, prend sa source en lui ; le rationalisme, épicurien ou cartésien, est impliqué dans les Essais.
Comme Newton enterré à Westminster, Molière, Racine, protégés de Louis XIV, feraient voir au public de quelle façon devaient être traités les penseurs, les poètes qui sont l’honneur d’une nation : ce passé jugerait le présent.
Mais il est, ici j’interviens avec assurance, quelque chose, peu, un rien, disons exprès, lequel existe, par exemple égal au texte : où le profit n’appartient pas au zélateur de Rabelais, de Molière, Montesquieu et bientôt Chateaubriand — cela demeure réservé, comme un emprunt et, en probité, une minime part lui échappe.
La beauté suprême des lettres françaises, dans Molière comme dans Bossuet, qu’est-ce autre chose que l’expression parfaite des vérités de la philosophie chrétienne ?
Le roi au centre ; ici Condé et les princes ; là-bas, dans cette allée, Bossuet et les évêques ; ici au théâtre, Racine, Lulli, Molière et déjà quelques libertins ; sur les balustres de l’Orangerie, Mlle de Sévigné et les grandes dames ; là-bas, dans ces tristes murs de Saint-Cyr, Mme de Maintenon et l’ennui.
Je regrette parfois que Molière, en stigmatisant les ridicules issus de l’hôtel de Rambouillet, ait semblé proposer pour modèles des types inférieurs par un côté à ceux qu’il ridiculise.
Molière se charge de répondre par la bouche de son Don Juan : « L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus.
La famille de Sottenville, de Molière, ne montre pas plus de zèle à faire Georges Dandin ce qu’il est, que ce complaisant entourage n’en met à pousser l’ingénieur entre les bras de Catherine de Septmonts.
Vous pouvez juger, mes enfants, quelle fut ma douleur en cette rencontre ; elle fut telle, que je m’absentai cinq ans de la Cour, ne pouvant supporter les froideurs d’un maître dont le bon accueil avait encore augmenté ma tendresse… Telle était la condition et l’âme du courtisan du temps de Bussy, du temps de Sosie dans l’Amphitryon de Molière.
Jeudi 1er mai Qui est-ce qui osera dire qu’auprès de Labruyère, Molière est un bas farceur ?
Le cheval s’y refuse en véritable gentilhomme dur, en véritable « grand seigneur méchant homme », comme a dit Molière, en seigneur cruel.
Molière. […] Molière est à Aristophane ce que Corneille est à Shakspeare. […] Molière n’a point d’aussi grandes conceptions poétiques ; il a mieux peut-être, il a des caractères. […] C’est lui qui, en 1663, après L’École des femmes, et bien avant le Tartufe et Le Misanthrope, proclamait Molière le maître dans l’art des vers. […] Ces beaux jardins avaient vu se promener Corneille et madame de Sévigné, Molière, Bossuet, Boileau, Racine, dans la compagnie du grand Condé.
qui se douterait que Racine ait été effaré comme une goule, et Abraham lui-même, ainsi que le prouvent ces vers : À Racine effaré nous préférons Molière. […] Voyez Molière : au fond de cette verve incomparable et de cette inépuisable gaieté, ne savez-vous pas qu’il y a une âme délicate et blessée qui saigne en secret ? […] C’est là le trait principal de Molière finement saisi. […] De cette façon qui tient de l’épître, on fait la comédie comme Gresset, on ne la fait pas comme Molière, ni même comme Regnard, dont le style est une improvisation folle et charmante. — Plus tard, quinze ans après environ, et quand déjà il avait marqué fortement sa voie par d’irrécusables succès dans la chanson, la tentation dramatique vint reprendre Béranger sous une autre forme. […] J’entends dire souvent que Béranger, après tout, ne fait pas autre chose que continuer la tradition des vieux maîtres de l’esprit gaulois, des auteurs innombrables des fabliaux, de Rabelais, de la Fontaine, de Molière même.
je n’y prenais pas garde, etc., je doute qu’il ait bien rendu la véritable intention de Molière. […] Il me paraît évident que Molière a voulu parodier et railler ici la critique laudative, la critique par interjections, celle qui consiste à s’émerveiller indistinctement sur tous les mots d’un texte consacré (« Belle expression ! […] J’écarterais volontiers aussi, pour d’autres raisons, les scènes trop connues du théâtre classique et particulièrement de celui de Molière. […] Dumas fils et de son théâtre un poète lyrique qui ignore Jésus, pour qui Racine et Molière sont comme s’ils n’étaient pas, et pour qui Victor Hugo n’est pas un artiste assez parfait ni assez pur ? […] Dumas ne s’est pas aperçu, en parlant ainsi, que les vers vont très rarement deux par deux chez Corneille, Racine, Molière et la Fontaine.
À cette époque il faut reporter une Laforêt qui représentait Molière chez lui avec cette servante de grand cœur et de grand bon sens qu’il ne dédaignait pas de consulter, la jugeant de meilleur conseil que les Lysidas, les Dorante et les autres beaux esprits de la cour et de la ville. C’était un pastiche du style de Molière, fait avec une science profonde de la langue, du style et des allures de style du dix-septième siècle si profondément ignoré des classiques modernes qui ne jurent que par lui. […] Celui de Molière : La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie respire un sentiment de bien-être bourgeois et de satisfaction de ne plus être exposé aux intempéries de l’air, mais qui cependant fait penser, dans cette noire maison du vieux Paris où s’enchevêtrent comme des reptiles les tortuosités de l’intrigue, qu’il y a encore là-bas, à la campagne, quelque chose de vert et que l’homme, quoiqu’il ne la regarde guère, est toujours enveloppé de la nature. […] Il prierait volontiers les personnes que cet ouvrage a pu choquer de relire le Cid, don Sanche, Nicomède, ou plutôt tout Corneille et tout Molière, ces grands et admirables poètes. Cette lecture, si pourtant elles veulent bien faire d’abord la part de l’immense infériorité de l’auteur d’Hernani, les rendra peut-être moins sévères pour certaines choses qui ont pu les blesser dans le fond ou la forme de ce drame. » Dans ces quelques lignes se trouve le secret du style romantique qui procède de Corneille, de Molière et de Saint-Simon, en y ajoutant pour les images quelques nuances de Shakespeare.
On sait l’estime que Molière faisait de Lucrèce, et la charmante imitation qu’il a donnée de quelques-uns de ses vers, imitation qui n’était qu’un fragment d’un long travail sur le poème de la Nature. […] Il y a jeté du moins beaucoup de feu, de verve et de gaieté ; il s’est rapproché de l’heureux prosaïsme de Molière, en peignant de couleurs expressives les mœurs, les habitudes et la réalité de la vie. […] Quelques-unes d’entre elles pourraient se comparer à l’Amphitryon de Molière ; elles en ont souvent la grâce, le tour libre et poétique. […] Molière, dans la Princesse d’Élide, peut donner l’idée de ce mélange de passion sans vérité, et de peintures champêtres sans naturel. […] Cinna, Polyeucte, Athalie, ne périront jamais ; on lira toujours La Fontaine et Molière.
Alors on n’en verra plus que les hauts mérites littéraires et l’on ne comprendra pas plus les indignations qu’ils ont soulevées que nous ne nous irritons aujourd’hui contre les crudités d’un Rabelais ou d’un Molière. […] Son bagage littéraire se composait, je crois, de quelques études sur Molière et de deux petits volumes de vers. […] Aux spectacles qu’il fréquente par obligation professionnelle, en observant les héros de tragédie, de comédie et de drame qui se sont succédé de Shakespeare et Molière à M. […] mais pas du tout, d’entendre discuter le sens des mots progrès et humanité ; j’en connais aussi qui admettront sans peine que Molière n’est pas une Bible ; j’en connais de si indulgents ou de si compréhensifs qu’ils écouteront tout ce qu’on voudra leur dire sur toutes choses, pourvu que ce soit bien dit, sans jamais se fâcher ni s’indigner, ni même se troubler. […] Ne croyez pas toutefois que la lecture des Fleurs du mal l’empêchera de goûter les charmes d’Athalie, et soyez sûrs que, quand même Molière, comme l’a démontré Scherer, versifiait mal, il aura toujours du plaisir à entendre le Misanthrope.
J’avais beau me dire que j’étais dans la maison de Molière, je me croyais plutôt au théâtre de la Foire — avec ou sans grande lettre. […] * * * — Saint-Quentin : une ville où les rues ont tout à fait l’air du décor d’une pièce de Molière, avec des nuits carillonnantes, où l’on croit dormir dans une tabatière à musique.
Voilà l’homme qui écrivait à lui seul une bibliothèque de son siècle, le Walter Scott de la France, non le Walter Scott des paysages et des aventures, mais, ce qui est bien plus prodigieux, le Walter Scott des caractères, le Dante des cercles infinis de la vie humaine, le Molière de la comédie lue, moins parfait, mais aussi créateur et plus fécond que le Molière de la comédie jouée.
Est-ce que Plaute dans son Aulularia a eu recours à l’anatomie et à la physiologie pour nous dépeindre son avare repris et perfectionné par Molière qui n’avait en rien suivi les cours des Claudes Bernards de son temps. […] Autant vaudrait nous dire Vous applaudissez Molière, Corneille, Hugo, Mozart, Rossini, de quel droit ?
Que ne signifient pas ces seuls mots : « Avant ou après Corneille, avant ou après Molière » ! […] Et sur ce point le débat eût dû être clos depuis longtemps par ces deux lignes de Nisard : « Lesage usa des auteurs espagnols comme Molière avait usé des auteurs de comédies : il y prit son bien. […] Et maintenant, qu’il faille de l’esprit au poète comique, et que Molière en eut, qui le conteste ? […] Ailleurs il qualifie Lesage « une sorte de Molière adouci ». […] Non, pas plus que Molière.
Ô Molière, où es-tu ? […] C’est la langue des maîtres, c’est le style, non de l’Art poétique, mais de Molière, plus souple et plus dégagé que celui de Boileau. […] (Molière, École des Femmes, i.) […] (Molière, Préface du Tartufe.) […] Évidemment la révolution romantique ne se préoccupait que de Boileau ; car elle a oublié ce qu’il y avait, au fond, de haute raison, non seulement dans un Sophocle, un Virgile, un Molière, mais encore dans un Dante, un Rabelais, un Shakespeare.
Western, gentilhomme campagnard, sa passion égoïste et despotique pour sa fille, la rudesse de ses manières, son goût pour la chasse et le vin, son indulgence pour les premières faiblesses de Tom Jones, fondée sur l’analogie de leurs talents et de leurs goûts, forment, en se réunissant, un type vivant et complet comme Molière en savait créer. […] On conçoit que Molière, Calderon et Shakespeare aient glorieusement multiplié leurs œuvres dramatiques. […] Sans doute, cette incompatibilité que je signale est loin d’être constante et fatale ; mais je ne suis pas sûr que Molière, habitué aux marquis et aux précieuses de 1660, eût jamais réussi à peindre la cour de Charlemagne ou de Louis XI ; et pourtant il y a dans Tartuffe z et dans le Misanthrope aa tous les éléments du drame sérieux. […] Oui, l’aristocratie forme le fond de Pelham ; mais l’aristocratie prise par le côté qu’aurait pu choisir Juvénal ou Molière. […] Il a retrouvé les origines de notre poésie ; il a dressé l’arbre généalogique de nos franchises, que le temps et les commentaires avaient enfouies ; il a nommé les aïeux inconnus d’André Chénier et de Molière ; il a franchi Malherbe pour atteindre Régnier.
On s’est écrié que Molière même, s’il vivait de nos jours, ne trouverait pas grâce devant moi ! À mon avis, on abuse étrangement depuis quelque temps de ces grands noms de Molière et de Shakspeare. […] Est-ce que Molière, quand il nous peint l’avare ou l’hypocrite, nous fait aimer l’hypocrisie ou l’avarice ? […] Molière a peint la société de son temps. […] Ô Molière !
Shakspeare n’y a pas plus échappé que Molière, et s’en est affligé comme Molière, accusant la fortune « de ses mauvaises actions ; elle ne m’a fourni pour vivre que des moyens d’homme public, qui engendrent des façons d’homme public184. » On contait à Londres185 que son camarade Burbadge, qui jouait Richard III, ayant rendez-vous avec la femme d’un bourgeois de la Cité, Shakspeare « alla devant, fut bien reçu, et était à son affaire quand arriva Burbadge auquel il fit répondre que Guillaume186 le Conquérant était avant Richard III. » Prenez ceci comme un exemple des tours de Scapin et des imbroglios fort lestes qui s’arrangent et s’entre-choquent sur ces planches. […] « Mon démon, dit-il, tente mon bon ange, et veut l’ôter de mes côtés202. » Et quand elle y a réussi203, il n’ose se l’avouer, et souffre tout, comme Molière.
Un esprit partagé rarement s’y consomme, Et les emplois de feu demandent tout un homme, a dit Molière.
Revenant tout à fait à l’esprit de son institution, elle a pu, à l’aide de ces reliquats Montyon, décerner en 1846 un prix assez considérable pour un Lexique de Molière ; en 1859, pour un Lexique de Corneille ; en 1866, pour un Lexique de madame de Sévigné : travaux tout spéciaux qui ne se seraient pas faits sans elle, autant de mémoires précis pour l’histoire de la langue.
Voilà certes Larivey fort rabaissé comme ancêtre de Molière ; il lui reste l’honneur d’avoir été l’un des bons artisans du franc et naïf langage.
Molière l’a dit : c’est une marque de médiocrité d’esprit.
Le trait le plus touchant du caractère de Molière, c’est le contraste du sérieux de son humeur et de la gaieté si franche de son esprit.
On charge de braise les chaufferettes traditionnelles et monumentales de la maison de Molière, et la répétition commence avec un sac de bonbons sur une fausse cheminée.
Les Précieuses, honnies depuis par les valets de Molière, génie positif qui comprenait fort peu le Royaume du Tendre, prirent la tête de cette réaction, et Mme de Hautefort fut l’une d’elles.
Et Molière lui-même ne disait-il pas qu’il n’avait pas le temps d’écrire en vers aussi bien que Racine ? Molière ne faisait-il pas de la littérature facile ? […] C’est le public qui a forcé Molière, le père du Misanthrope, de reconnaître Scapin pour un de ses bâtards, et de l’envelopper dans un sac ridicule. […] Et, quand la tragédie était achevée, vous étiez sûr de le rencontrer encore au foyer du théâtre, contemplant en silence la tête souriante et mélancolique du Molière par Houdon. […] Pour savoir les caractères de ce siècle, elle était mieux posée que Molière, mieux que La Bruyère. — Elle était mieux posée que l’usurier lui-même, cet avide et infâme moraliste qui, lui aussi, peut dire sa mésaventure à quiconque ose pénétrer dans son antre.
Comique et tragique Sauf dans Shakespeare et Molière, les passions font la différence entre la tragédie et la comédie. […] Dans Molière, la matière est de comédie sans doute ; mais les passions pourraient être tragiques, si le poète ne les rendait pas décidément ridicules.
De grands génies consacrent cette formule, Corneille, Molière, Racine. […] Il faut se souvenir des attaques dont le poursuivaient les romantiques : ils le nommaient le poète du bon sens, ils plaisantaient certains de ses vers, n’osant plaisanter les vers de Molière. […] On trouve précisément dans les tragédies de Corneille, dans les comédies de Molière, cette analyse continue des personnages que je demande ; l’intrigue est au second plan, l’œuvre est une longue dissertation dialoguée sur l’homme. […] Molière gagnait strictement sa vie, et encore était-il un industriel autant qu’un poète comique. […] Ronsard, Malherbe, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, puis le groupe des lyriques de notre siècle, Musset, Hugo, Lamartine, Gautier, d’autres encore.
Approchez-vous et lisez les noms inscrits sur les socles : Condé, Bossuet, Le Bruyère, Molière, Le Nôtre. […] Dites, il pleut. » Et Molière lui fait vis-à-vis. Le « grand et malheureux Molière », comme l’appelait le duc d’Aumale en montrant au château son portrait par Mignard, vint à Chantilly avec sa troupe représenter quelques-unes de ses pièces, dévouées toutes, elles aussi, au service de la mesure. […] Et c’est aussi le génie de cette vieille France qu’évoqueront les statues apparues dans le cadre de verdures et d’eaux, comme ciselé à plaisir pour s’accorder à l’héroïsme humain d’un connétable de Montmorency et d’un grand Condé, à l’éloquence si intelligente d’un Bossuet, à l’observation si judicieuse d’un Molière et d’un La Bruyère.
À propos de Molière, qu’il a compris mieux que bien d’autres, il écrit : C’est en voulant aller au-delà de Molière qu’on a inventé un Arnolphe tragique, un Alceste révolutionnaire, un Tartuffe beau, séduisant et terrible, et autres fariboles de l’esprit de notre temps. […] mot dont la traduction se trouve dans le titre d’une comédie de Molière, et cela parce que nos femmes ne restent pas enfermées. […] La Bruyère lui-même aura beau dire que le style de Molière n’est qu’un jargon, le style de Molière restera un éternel exemple et le style de La Bruyère aussi.
Elle est à peu près de même taille que celle de Molière à Augier ou Dumas fils et de Descartes à Ravaisson ou à Cousin. […] Il est bien dommage qu’aucun Molière ne se soit levé pour portraicturer le démocrate et, comme l’on dit en argot de cimetière, ses concessions à perpétuité. […] Nous aurons souvent l’occasion de voir que l’absence d’un Molière au XIXe siècle s’est fait cruellement sentir. […] Or, Rabelais, Molière (pour ne citer que ces deux-là) ont prouvé que le sens commun peut être extrême et passionné, qu’il a droit à sa haute fièvre comme son contraire, qu’il peut prendre le mors aux dents. […] Molière, écrivant son Misanthrope, le montra aux prises avec la vantardise, la sottise et la frivolité.
Des littérateurs, comme Théophile Gautier, n’aiment pas Molière. […] Corneille, Boileau, Racine, Molière, La Fontaine, La Bruyère, tous nos classiques ont puisé leurs sujets, et souvent leurs développements, chez les auteurs de l’Antiquité. […] Pouvez-vous ne pas avouer que c’est dans Plaute et dans Térence que Molière a pris les grandes finesses de son art19 ? […] Molière tire bien meilleur parti de cette idée. […] Les plus belles scènes de l’Avare et de l’Amphitryon de Molière sont dans Plaute.
Si je m’étais décidé à quelque dépense, j’avais la Grèce sous les yeux, où je vivais avec Molière (le philhellène), avec qui j’aimerais mieux une mauvaise tente qu’un palais avec l’autre.
Les Méridionaux devinrent vite des parents pauvres, lointains, peu glorieux, que reniait Marot et que ridiculisa Molière.
C’est l’étude passionnée de ces modèles, mêlés et comme identifiés à sa nature, qui inspirait à Ponsard, dans des pièces inégales, les belles scènes où il tire des beautés nouvelles du même cœur humain que Corneille et Molière ont fait parler, et où sa langue, hardie avec goût, neuve sans néologismes, est plutôt un heureux accroissement qu’un écho de la leur.
Molière, par exemple, se moque des précieuses qui font profession de mépriser en l’humanité la partie animale Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale.
En se couchant dans le faux cercueil du Scapin de Molière, il s’est enterré sous le ridicule.
« Je me trompe : l’embryon de l’idée du Chapeau de paille était dans Molière, parce que tout est dans Molière. […] M. de Pourceaugnac poursuivi par les matassins qui le couchent en joue ; disparaissant par une porte, rentrant par une autre, toujours menacé par les facétieuses seringues, et finissant par se précipiter dans le trou du souffleur… « Et, si cette idée est dans Molière, c’est qu’elle était dans la comédie italienne ; et, si elle était dans la comédie italienne, c’est qu’elle est dans la nature. […] C’est ainsi, ou à peu près, que Tartufe, qui est, dans la réalité (voir le texte de Molière), un gentilhomme de province, Un homme très intelligent, de beaucoup d’esprit, de façons séduisantes, bref, un aventurier d’assez haut vol, est devenu dans l’esprit des foules, grâce à trois ou quatre indications (d’ailleurs contradictoires à tout le reste de son personnage) sur sa trogne et sur sa gloutonnerie, un grossier bedeau, un ignoble rat de sacristie. — Pourquoi ? […] Ces objections, on pourrait les faire encore, et elles seraient très solides, et bien peu de personnages de Corneille, et même de Racine, et surtout de Molière, y résisteraient. […] Dans ce genre charmant de la comédie fragmentaire, de la comédie à tiroirs, si vous voulez — que nous appellerons encore, s’il vous plaît mieux, « l’article Vie parisienne », — genre qu’ont illustré Ludovic Halévy, Hippolyte Taine et Gyp, — genre familier sans doute, mais classé, classique, et qui a ses parchemins comme la comédie de Molière et la tragédie de Racine, puisqu’il fut pratiqué voilà plus de vingt siècles par le Grec Hérondas, Éducation de prince me paraît le livret le plus élégant, le plus brillant, le plus spirituel, le plus craquant et le plus claquant, le plus véridique, le plus gentiment cynique (hélas !)
D’où il suit que l’art classique n’a jamais été, plus ou moins, bien entendu, qu’une manière de théodicée ou une esquisse de métaphysique, comme on peut le vérifier, quelque page de Racine, de La Bruyère, de Molière, de Segrais, de La Fayette ou de La Fontaine que l’on ouvre. […] Du vrai tout au fond, et beaucoup d’hypothèses. « L’idée était un petit chien, et vous en avez, fait un âne. » Le point faible de l’affaire c’est que précisément ces théoriciens littéraires de 1660, que l’on affuble d’un tel appareil philosophique, sont en vérité les hommes du inonde « les moins philosophes. ».Je ne sais pas de révolution littéraire plus nette, plus vigoureuse, et moins prétentieuse que celle de Boileau, de Molière et de Racine. […] (Préfaces de Racine, Épîtres, Satires et Art poétique de Boileau, Impromptu de Versailles et Critique de l’École des femmes de Molière, Lettre à Huet de La Fontaine.) […] Commencez par avoir du talent, et après, venez causer avec moi : tout ce que je ferai sera peut-être de vous signaler quelques écueils. » Cette utilité toute négative des règles, Molière la définissait admirablement quand il disait : « Ce ne sont que quelques observations que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir qu’on prend à ces poèmes. » Mais, quant à inspirer du talent à qui que ce soit, jamais règle ou théorie n’y a réussi. — Eh bien, ce que je veux qu’un théoricien ajoute, après m’avoir exposé ses idées, Boileau l’a dit avant même d’exposer les siennes, tout au début de sa Poétique, pour que nul ne s’y pût méprendre : « C’est en vain qu’au Parnasse… » ou comme il l’a dit en prose : « La première règle, c’est d’avoir du génie. » Une autre observation essentielle, chez un théoricien littéraire, est de reconnaître que, si large que puisse être une poétique, il appartient au génie de la franchir, à ses risques et périls, quand il se sent mené par le Dieu. […] Les trois protagonistes de l’école classique sont à l’unisson sur ce point, à telles enseignes qu’ils posent tous les trois le même précepte dans les mêmes termes : « Je voudrais bien savoir si la grande règle n’est pas de plaire… » (Molière, Critique de l’École des femmes.) — « La principale règle est d’abord de plaire et de toucher. » (Racine, préface de Bérénice.) — Et Boileau : Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l’échauffe et le remue ; Le secret est d’abord de plaire et de toucher.
combien différent du don Juan de Mozart ou de Molière ! […] Voilà le domaine de Fielding ; son art et son plaisir, comme celui de Molière, consistent à lever un coin du manteau ; ses personnages paradent d’un air raisonnable, et tout d’un coup, par une ouverture, le lecteur aperçoit le fourmillement intérieur des vanités, des folies, des concupiscences et des rancunes secrètes qui les font marcher.
Mercredi 11 février En lisant les préfaces de Molière, on est frappé de la familiarité, presque de la camaraderie de l’auteur avec le Roi. […] * * * — Hier en sortant de la répétition d’Aladin, il me revenait cette idée qui me hante presque toujours, à la sortie du spectacle : c’est que Molière, en lisant ses pièces à sa servante, a jugé le théâtre.
Dans les autres siècles, un homme comme Molière n’était que la pensée de son public. […] Ils ont sifflé Molière, croyant que c’était du Goncourt.
Comme un jeune aigle, il couvait sa proie du regard, mais il n’avait encore ni les ailes, ni le bec, ni les serres, quoique son œil déjà pût se fixer sur le soleil Il disait, en contemplant les tombes : « Il n’y a de belles épitaphes que celles-ci : La Fontaine, Masséna, Molière : un seul nom qui dit tout et qui fait rêver ! […] Il annonçait ainsi, par une sorte de fanfare, l’entrée de ses caricatures et de ses plaisanteries, et son hilarité était bientôt partagée par les assistants Quoique ce fût l’époque des rêveurs échevelés comme des saules, des pleurards à nacelle et des désillusionnés byroniens, Balzac avait cette joie robuste et puissante qu’on suppose à Rabelais, et que Molière ne montra que dans ses pièces. […] Bouilhet, en y ajoutant ses qualités propres, avait su s’assimiler cette allure hautaine et familière des vers de Ruy-Blas, où la langue de Molière prend, quand il le faut, les fiertés de Corneille, et cela sans s’interdire, aux moments de passion, les métaphores et les élans lyriques. […] Combien de truands en guenilles, de chevaliers armés de pied en cap, de tarasques écaillées et griffues, il a semé sur les couvertures beurre-frais ou jaune-serin des romans du moyen âge ; toute la poésie et toute la littérature ancienne et moderne lui ont passé par les mains : la bible, Molière, Cervantes, Walter Scott, lord Byron, Bernardin de Saint-Pierre, Gœthe, Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, il les a tous compris Ses dessins figurent dans ces volumes admirables, et nul ne les y trouve déplacés A côté de ces pages sublimes, de ces vers harmonieux, ils sont un ornement et non une tache ; ce que tant de génies divers ont rêvé, il a pu le rendre et le transporter dans son art ; certes, c’est là une gloire qui en vaut bien une autre !
L’ancien rôle, que Molière n’avait certes pas fait bien profond, est irréparablement usé et mort. […] Du temps de Molière, le premier chenapan venu pouvait réaliser Tartuffe. […] Certes, je ne crois pas que je doive jamais être emporté vers Molière par une extraordinaire ferveur d’admiration et la comédie du Tartuffe est une vieille machine de guerre trop à la main des gens du Charivari pour qu’il soit précisément honorable de s’en servir. […] Cette simple circonstance, par laquelle tout est profané du même coup, est une espèce d’attentat qui aurait épouvanté Molière et dont la bassesse est absolument inexprimable.
C’est que toutes ces extrémités ne sont pas dans nos habitudes, c’est que nous ne passons pas du monstre au héros sans transition ; c’est que nous croyons à la grandeur de l’homme tel qu’il est, sans échasses ; c’est que nous admirons mieux que qui que ce soit la création en ne voulant pas l’embellir ; et si nous sommes des sceptiques et des matérialistes, c’est que nous sommes les fils de nos pères Rabelais, Montaigne, Molière, Voltaire et Balzac, et que nous ne renions pas nos aïeux. […] Notre Adam, celui qui nous engendra tous comme vous diriez, c’est Homère ; et puis si vous voulez la ligne directe, qui se compose de plusieurs branches toutes germaines, nous pourrions prendre Plutarque, Cicéron dans ses lettres, les romanciers et conteurs latins, les conteurs du moyen âge, Shakespeare, les Espagnols, Pascal, Molière, Diderot, Marivaux, l’abbé Prévost, Voltaire, Richardson, Fielding, Goetheu, Benjamin Constant, Alfred de Vigny (Servitude et Grandeur militaires), Balzac, etc., tous ceux qui ont reflété leur temps. […] Il a voulu des ancêtres ; mais, tout en essayant de faire croire que Molière et Rabelais étaient dans ses rangs, il en a repoussé Voltaire comme sceptique. […] Sa foi était limitée, son mysticisme était faux ; et pour n’avoir voulu admettre de Rabelais que ses archaïsmes, de Molière que Dom Juan w, et le bon sens de personne, il lui a fallu, à côté de la religion, une autre religion.
Si l’art, la poésie, se doivent jamais appeler le produit précieux d’un mal caché, ce n’est pas de l’art, de la poésie d’Homère et de Sophocle, ni de celle de Dante, ni de celle de Shakspeare, de Molière et de Racine, qu’on peut dire cela : ces sortes de poésies, quelque travaillées qu’elles semblent, demeurent toujours le riche et heureux, couronnement de la nature, ramis felicibus arbos ; mais c’est bien de la poésie de Jean-Jacques, de Cowper, de Chatterton, du Tasse déjà, de Gilbert, de Werther, d’Hoffmann, et de son musicien Kreisler, et de son peintre Berthold de l’Église des Jésuites, et de son peintre Traugott de la Cour d’Arthus, c’est de toutes ces poésies, et c’est aussi de celle de Stello, qu’on peut à bon droit le dire.
C’est tout à fait le ton de Molière avec plus de pureté, et sans rien de ces étrangetés qui nous déroulent ailleurs chez Régnier et nous font perdre la trace.
La Révolution l’accueillit au Panthéon ; Saint Louis et le moyen âge à Notre-Dame et à la Sainte-Chapelle ; Louis XIV et Napoléon aux Invalides ; Molière chez lui ; Richelieu, Corneille et Racine à l’Académie.
Corneille, Racine, Molière, les deux derniers surtout, avaient été les plus savants dans leur art.
Elle étudiait pour cela Balzac, ce Molière intarissable du roman.
Le Turcaret du xixe siècle, Balzac, avec sa formidable ironie, l’a peint amoureux dans Nucingen, comme Molière avait peint l’avare amoureux dans Harpagon.
La Fontaine, Molière, Voltaire, Beaumarchais, ne sont pas, comme on a l’air de le croire, les seuls descendants de cette espèce de Magna parens de l’esprit français et de sa littérature.
Vous avez remarqué la « note de l’auteur » que Molière met quelque part dans son texte même, pour avertir qu’Alceste est de la même famille que le Sganarelle de L’École des maris : Et je crois voir en nous, de mêmes soins nourris, Ces deux frères que peint l’École des maris… Quoique Alceste déclare la comparaison « fade », cela veut dire que Molière n’ignore point que « l’original », comme dit le peuple, est un misanthrope, et que le sociable est un philadelphe, et que le philadelphe n’est autre chose qu’un imitateur. […] Ce sont conditions excellentes pour trouver les poètes sensiblement pareils les uns aux autres ; car les poètes diffèrent surtout parle style, c’est-à-dire par la manière, c’est-à-dire par le tempérament ; et si nous voyons les étrangers, parfois, faire peu de différence entre Parny et Lamartine, entre Hugo et Vacquerie, entre Molière et Destouches, entre Champfleury et Flaubert, entre Ronsard et du Bartas, c’est que des uns et des autres l’essentiel leur échappe, à savoir le style et le ton, et, autrement dit, leur démarche même et leur physionomie, et autrement dit, ce qu’ils ont de plus personnel, et autrement dit, en dernière analyse, leur personne. […] Cet homme, quoi qu’il y ait, était digne de devenir le souffleur de Mirabeau et de lui apporter au pied de la tribune la phrase sur la fenêtre du Louvre et l’arquebuse de Charles IX, cette phrase sur laquelle Mirabeau jeta sa griffe comme Molière sur la « galère » de Cyrano en disant : « C’est magnifique, donc c’est mon bien. » Il y a de ces fenêtres-là dans La Sentinelle du peuple. […] Les deux ou trois esthètes qu’il fait passer devant nos yeux sont très piquants, et telle « soirée de première » au « théâtre de la beauté » de là-bas (on avait promis Ruskin ; mais l’on n’a eu au dernier moment ni Lambert ni Molière) est un petit chef-d’œuvre de mouvement, de vie, d’humour discrète et fine, et, ce me semble, de vérité. […] Il a fait Molière et Shakespeare ; il a fait Racine et Victor Hugo ; il nous donne aujourd’hui Bossuet et Monod.
Barrès se comporte comme une pièce de Dumas fils, et au contraire d’une comédie de Molière : le personnage qui nous captive est celui où nous reconnaissons l’auteur, ou des parties de l’auteur, ou la présence de l’auteur. […] Elle n’intéresserait pas son goût d’analyse aiguë et cruelle, pas plus qu’un avare pur, vivant seul avec son or, n’intéresserait la comédie de Molière. […] Jules Verne fut candidat à l’Académie française, et, comme un écrivain pour enfants n’entre pas plus à l’Académie qu’un tailleur pour enfants n’obtient la renommée de Paquin, les gardiens de la tradition verte jugèrent cette candidature aussi fantaisiste que l’eût été celle du comédien Molière sous Louis XIV, que l’ont été celles de Baudelaire et de Paul Fort.
Il aime à ce point Molière qu’il le joue. […] Molière, à la Sorbonne, lui est prétexte à louer la grandeur du sens commun. […] Herriot ne préfère lui-même jouer du Molière, ce qui me semble une occupation moins périlleuse… Enfin, je voudrais bien connaître le nom de ce sculpteur qui logea dans une niche, entre deux tapisseries, une Marianne de bois, miteuse et ennuyée.
Le reproche de liberté, adressé par quelques critiques à Molière, qui cependant écrivait pour une cour jalouse des convenances jusqu’à la pruderie, prouve combien il était difficile de conserver le décorum dans un sujet aussi épineux ; et Shakespeare, favori de la cour, était encore plus le poëte du peuple. […] Cependant, si la hardiesse lui a manqué pour attaquer, comme Molière, les ridicules de la cour, il laisse assez souvent entrevoir que le ton lui en était à charge. […] La scène du tambour est digne de Molière, et nous apprécierions encore davantage Parolles, si nous ne connaissions pas Falstaff. […] C’est probablement aux mêmes sources que Molière aura emprunté celle de son École des Femmes ; ce qui appartient à Shakspeare, c’est d’avoir fait servir la même intrigue à punir à la fois le mari jaloux et l’amoureux insolent.
Elle ne goûtait rien tant que ce don créateur là où il éclate dans sa merveilleuse plénitude : Molière, Shakspeare et Walter Scott étaient ses trois grandes admirations littéraires, les seules où il entrât de l’affection.
Corneille et Molière n’offrent nulle part rien de pittoresque en ce genre.
Ce serait pour un moraliste, pour un nouveau La Bruyère ou pour un nouveau Molière, un bien beau sujet et plus vaste qu’aucun de ceux qu’a pu offrir une cour ou une classe restreinte de la société en ce temps-là, sous l’ancien régime.
Ils ne sont qu’une flatterie publique des passions régnantes. « Plus la comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste », et le théâtre, même chez Molière, est une école de mauvaises mœurs, « puisqu’il excite les âmes perfides à punir, sous le nom de sottise, la candeur des honnêtes gens ».
Voltaire disait encore qu’il estimerait moins les Provinciales si elles avaient été écrites après les comédies de Molière : on comprendra ce jugement paradoxal, si l’on regarde avec quelle puissance expressive, quel sens du comique, et quel sûr instinct de la vie, sont dessinées les physionomies des personnages que Pascal introduit ; deux pères jésuites surtout, subtils et naïfs, celui dont l’ample figure occupe la scène de la 5e à la 10e lettre, et celui dont la vive esquisse illumine la 4e Provinciale.
Il est comme les autres, il est comme dans Molière, il est inférieur quand il est inférieur, et il n’est pas inférieur quand il n’est pas inférieur.
Ce qu’est le drame ; Shakespeare, Racine, Corneille, Molière, M.
Du temps de Molière, elle était à elle seule une comédie ou un drame.
Lus à l’étranger, presque uniquement par des étrangers, — auxquels il serait bien aisé pourtant, s’ils le voulaient, de trouver dans leurs propres officines de quoi satisfaire leurs goûts les plus spéciaux, — ces ouvrages contribuent à faire la fortune du lieu commun légendaire « de la corruption française », non moins que celle du cliché classique sur le « dévergondage » de la littérature au pays de Molière.
Il entend jouer du Molière, puis du Corneille, mais pas la moindre cantate.
Vous entendiez parler de Fénelon et de Pascal ; on revenait souvent à Walter Scott ; on vous disait : « pourquoi on applaudit Racine » ; on osait lui préférer Molière ; on intervenait avec toute l’autorité des principes, avec toute la netteté de la démonstration, entre l’école de l’idéal qui efface la forme, et l’école du réel qui l’exagère.
., où vous savez, dirait Molière, — et c’est tout ce qui n’est pas la Philosophie.
« Je l’interrompis et lui dis que c’était chose d’honneur, indispensable, promise, attendue sur-le-champ, et, sans attendre de réplique, pris la clef du cabinet, puis les lettres d’État, et cours encore. » Cependant le duc de Richelieu arrivait avec un lavement dans le ventre, fort pressé, comme on peut croire, « exorcisant » madame de Saint-Simon entre deux opérations et du plus vite qu’il put : voilà Molière et le malade imaginaire. — Ces gaietés ne sont point le ton habituel ; la sensibilité exaltée n’est comique que par accès ; elle tourne vite au tragique : elle est naturellement effrénée et terrible.
Il vous dira, par exemple, que Molière est le peintre d’une société disparue, ce qui peut se soutenir à la rigueur ; mais la raison en est singulière. La raison en est qu’« Alceste, n’osant dire à Oronte que son sonnet est mauvais, présente précisément au public le portrait détaillé d’une chose qu’il n’a jamais vue, et ne verra jamais. » — Voilà qui étonne. — Il comparera Molière à Aristophane et fera remarquer le rire de Molière, « ce rire amer et imbibé de satire », pour montrer combien le rire d’Aristophane est sans amertume et dénué de toute satire : « Aristophane fait rire une société de gens légers et aimables qui cherchaient le bonheur par tous les chemins. » — Toutes les impressions sont possibles en choses de littérature et d’art ; mais celles qui sont si particulières surprennent pourtant un instant, et il a dû se rencontrer des lecteurs qui se sont demandé si Stendhal avait lu Aristophane et Molière, et, à supposer qu’il en eût lu un, quel était celui des deux qu’il n’avait pas lu. — Il nous dira que c’est la civilisation de salon qui a fait naître l’abbé Delille, et c’est une opinion probable ; mais il ajoutera que « c’est, plus tard, la méfiance et la solitude comparative qui ont fait naître les odes de Béranger. » Il n’est pas banal, au moins, de trouver dans les odes de Béranger des traces et des effets de la solitude comparative. […] Et, par conséquent, le romantisme au xviie siècle, c’est Boileau et Molière ; c’est aussi Bourdaloue et Bossuet, c’est aussi La Bruyère et La Fontaine ; le romantisme au xviiie siècle, c’est Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre.
La France dans Voltaire, dans Molière, dans La Fontaine et dans Mme de Sévigné ? […] Ailleurs, j’ai étudié comparativement les jeunes filles de Molière et celles de Shakespeare. […] Est-ce qu’au contraire Rabelais, Regnier, Molière, Corneille, La Fontaine, Bossuet, Jean-Jacques Rousseau, Balzac, Victor Hugo, — quoique celui-ci ait été blond jusqu’à vingt-trois ans, — ne sont pas des génies bruns ?
Même quand il loue Molière, il a besoin de tomber sur La Bruyère. […] CLVI Thiers cause avec verve de la littérature du xviie siècle (12 décembre 1847) ; il met au-dessus de tout Bossuet, Molière et Racine ; La Fontaine après, mais fort au-dessous ; Mme de Sévigné à un très haut rang près d’eux ; mais il déclare en baisse Fénelon et même Corneille.
Voir par contraste toutes les femmes de Molière, si françaises, même Agnès et la petite Louison.] […] De même Éliante, Henriette, dans Molière.
On sait combien Shakespeare et Molière ont emprunté, et que Gœthe a repris de toutes pièces la légende de Faust. […] On a trouvé des gens pour préférer Lucain à Virgile ; et on en trouve qui goûtent plus Labiche qu’ils ne font Molière. […] Pour l’agencement des scènes, pour l’ingéniosité de l’intrigue, pour la qualité du style, Regnard est supérieur à Molière. D’où vient donc que Molière soit si haut placé au-dessus de Regnard, sinon de ce qu’il a enfoncé plus avant dans les caractères, de ce qu’il a imité plus fidèlement la vie, et de ce que son œuvre nous donne à penser ?
Un volume de Molière. […] Là, vous jouerez des pièces classiques ; et, le jeudi, vous ferez œuvre de pédagogie officielle en récitant Racine et Molière devant les collégiens. […] Weiss avait parcouru toute l’Europe jusqu’à la Laponie, et il avait eu la chance d’être « captif en Alger », comme ces personnages mystérieux et bienveillants qui viennent dénouer la moitié des comédies de Molière.
Mercredi 29 mars L’atticisme d’Athènes et l’atticisme du grand siècle se révèlent, d’une manière bien ironique, en deux monuments littéraires contemporains, dans Aristophane et dans Molière. Chez Aristophane, le rire d’Athènes se gaudit de la m… du pet, des équivoques sur le c.., la q…, les c… Chez Molière, que la décence chrétienne prive des plaisanteries sur les parties génitales, le fin sourire de la France s’amuse superlativement de la perspective d’un trou de c.., dans lequel un apothicaire introduit une canule de seringue. […] Un gouvernement, dont un membre a osé écrire qu’Homère était à mettre au rancart, et que Le Misanthrope de Molière manquait de gaieté, apparaît au bourgeois, plus épouvantant, plus subversif, plus antisocial, que si ce gouvernement décrétait, le même jour, l’abolition de l’hérédité, et le remplacement du mariage par l’union libre.
La forme de Saint-Simon tranchait trop avec les habitudes du style écrit, au xviiie siècle, et on en parlait à peu près comme Fénelon a parlé du style de Molière et de cette « multitude de métaphores qui approchent du galimatias. » Tout ce beau monde d’alors avait fait, plus ou moins sa rhétorique dans Voltaire.
» Molière, dans la scène II du Mariage forcé, fait dire à Sganarelle que Géronimo salue, chapeau bas : « Mettez donc dessus, s’il vous plaît ; » ce qui signifie : Couvrez-vous.
À Balzac, ce romancier de caractère qui surprend sous sa loupe puissante les gestes et les dialogues des infiniment petits comme des infiniment grands, qui noue des milliers d’intrigues en une seule intrigue, qui les dénoue par un fil qui se casse dans son tissu, et qui serait cent fois plus comique que Molière s’il avait ce que vous avez, le style !
Ce qu’il a écrit contre Richard Simon et contre Fénelon est trop lié à la théologie pour que je m’y arrête ici : je signalerai de préférence le petit traité sur la Comédie. débordant d’une âpre éloquence, et dans lequel une dure malédiction fait éclater l’opposition de l’esprit de Molière et de l’esprit chrétien.
En réalité, il n’y eut de révolution rapide qu’au théâtre, parce que le drame, violent et pittoresque, nécessitait la dislocation du vers : tout comme Racine dans les Plaideurs, Molière, dans les Fâcheux et ailleurs, avaient dû altérer fortement le type classique.
Toutes les attaques des philosophes contre la noblesse et l’inégalité des rangs avaient été devancées par les attaques aussi vives de Boileau et de Molière.
Quelquefois il le regarde, entre ces deux états extrêmes, dans la médiocrité de la vie réelle ; il raille ses ridicules, et il laisse percer quelque chose du génie de Molière ; jamais sa pensée ne se détache de ce sujet unique de son étude.
La vieille humanité française était une vertu ou une qualité morale, mais avec bien des nuances qui expliquent la transition. « Je te le donne au nom de l’humanité », dit don Juan dans Molière.
Eh bien non, je n’admets pas que le génie de Wagner, pas plus que celui d’un autre, ne puisse se révéler que dans un petit coin de la terre et à quelques douzaines d’initiés : le génie est le génie, la lumière est la lumière, une étoile se voit de partout ; c’est une question de hauteur, Shakespeare, Goethe, Molière, Dante, Corneille, Raphaël, Racine, Homère, Virgile, Weber, Schiller, Beethoven, Mozart, sont beaux sous toutes les latitudes, dans tous les musées, tous les théâtres, toutes les bibliothèques ; inutile de voyager pour les admirer.
Molière même reparaissait sur la scène française travesti par l’Italien Goldoni.
Ils se demandent s’ils n’ont pas été dupes de cette formule magique de la liberté de l’art, et si, pour avoir été moins libres qu’eux, Shakespeare et Molière, Descartes et Voltaire n’ont pas trouvé finalement le moyen de dire à peu près ce qu’ils pensaient.
., éprouve continuellement le besoin simultané de toutes les sciences fondamentales, réduites chacune à ses notions essentielles : il lui faut, suivant l’expression très remarquable de notre grand Molière, des clartés de tout. […] Presque toutes les explications habituelles relatives aux phénomènes sociaux, la plupart de celles qui concernent l’homme intellectuel et moral, une grande partie de nos théories physiologiques ou médicales, et même aussi plusieurs théories chimiques, etc., rappellent encore directement l’étrange manière de philosopher si plaisamment caractérisée par Molière, sans aucune grave exagération, à l’occasion, par exemple, de la vertu dormitive de l’opium, conformément à l’ébranlement décisif que Descartes venait de faire subir à tout le régime des entités.
. — Cette singulière destinée d’un écrivain qui, après Molière et Racine, jouait le personnage d’un contemporain de Théophile, a dû bien surprendre, et, en effet, elle a étonné les hommes de l’école de 1660, les Boileau et La Bruyère. […] Le réalisme remplit les satires de Boileau, les comédies de Molière, le Roman bourgeois de Furetière, aimé de Boileau, et les Caractères de La Bruyère. […] Molière n’a pas manqué de faire son Don Juan méchant. […] Il est le plus original de nos auteurs comiques depuis Molière jusqu’à Beaumarchais et peut-être au-delà. […] Ce qu’il aime, c’est « ce long règne de vile bourgeoisie » (Saint-Simon), où Colbert, Louvois et Chamillart sont ministres, Molière, Boileau et Racine favoris.
Que si vous faites fi d’un Mécène ou d’un Médicis, lesquels d’ailleurs ne courent pas les rues, songez du moins à une Laure ou à une Béatrix, ou encore ayez, s’il se peut, à côté de vous, ce connaisseur attentif et habituel, ce parfait ami littéraire qu’était Tibulle ou Quintilius à Horace, Horace à Virgile, Despréaux à Racine et à Molière, Gœthe à Schiller lui-même.
Molière, Misanthrope ; c’est là le « désert » où Célimène refuse de s’ensevelir avec Alceste.
Horace et Virgile, Racine et Molière ne devaient pas causer plus délicieusement.
Thiers raconte ensuite, avec la verve d’un Molière politique, les rôles divers joués par le premier Consul, par sa femme, par ses frères, par ses sœurs, par le sénat, par le conseil d’État, par Fouché, par Cambacérès, ses confidents, chargés de risquer les indiscrétions et de subir les désaveux pour se faire offrir sous un nom ou sous un autre le titre du pouvoir monarchique dont il avait déjà la réalité.
Louis XIV élevait quelquefois Racine, Molière et Boileau à sa présence, mais jamais à sa familiarité ; il avait la grandeur d’Auguste, il n’avait pas son esprit ; il laissait toujours la majesté du trône entre le génie et lui ; il semblait craindre que, s’il descendait de sa hauteur, on s’aperçût que le niveau était changé entre ces grands hommes et lui.
Arioste siffle comme il chante : c’est Molière et Homère dans le même homme.
Charles Morice a rappelé avec plus de détails que ne l’a fait Rodin cette mélancolique histoire des cathédrales, méprisées pendant trois siècles, à peu près indifférentes à Montaigne, considérées comme des vestiges de la barbarie par un Molière, un Racine, un La Bruyère, un Montesquieu, un Voltaire, un Jean-Jacques Rousseau. […] Évidemment nous sommes beaucoup plus intelligents que Racine, Molière, La Bruyère, Voltaire, Montesquieu et même Jean-Jacques Rousseau. […] Méconnu par Montaigne et par Ronsard, peut-être jaloux tous deux, mais ayant eu tout de suite une vogue prodigieuse et protégé par de grands seigneurs, des cardinaux et même des rois ; puis le maître direct de Molière, de La Fontaine et de Voltaire, il a été de nos jours exalté par l’auteur de William Shakespeare, qui le place dans l’empyrée des génies de premier ordre, à côté de Cervantès ; par Michelet, par Flaubert, qui en raffolait et le relisait sans cesse. […] Il déclina aussi une pension de Louis XIV, peut-être mal informé de ses opinions, ou à qui cela était égal dans sa période libertine, quand il protégeait Molière. […] Même il Rabelais et à Molière, qu’il exalte à juste titre, il reproche de borner leur idéal à l’honnête homme, de ne pas former des héros ni des citoyens.
Il admire, mais il déteste Molière. […] Et alors on se demande comment Molière, Augier, Dumas fils et Flaubert peuvent bien le scandaliser, quand il a pour Regnard. […] Il sait que le monde marche en dépit de tout, que la « théorie du succès « a été celle de Molière parlant de son art, ce qui n’a pas empêché Molière d’être un novateur de quelque génie. […] M.Dumas ne m’en voudra point si je propose de le traiter comme Molière.
Je ne pense point que ce soit un paradoxe que de rattacher à ce courant des auteurs tels que Pascal, cet implacable ennemi des Jésuites ; Molière, le vigoureux accusateur des Tartuffes3 et des marquis, La Fontaine, le profond moraliste qui semble avoir prévu d’avance, par une espèce d’induction anticipée, tout le côté piquant de l’histoire, et même de notre histoire contemporaine. […] Plus tard Pascal, Molière, La Fontaine donnèrent l’essor, sous une forme achevée, à de ces veines chaudes puisées au plus profond de l’âme humaine. […] La comédie plus indépendante s’en affranchissait toutes les fois qu’elle y trouvait son avantage, et le génie de Molière, de Regnard, de Destouches, de Marivaux, de Beaumarchais ou de Picard, put se développer en toute liberté, et n’eut rien de commun avec le froid classicisme sous lequel grelottait la tragédie. […] qu’on en est venu à déclarer faibles les scenarios et les dénouements de Molière. — Le maladroit ! […] En province, ces mélodrames font encore les plus belles recettes et repoussent de la scène tout le vieux répertoire, y compris Molière, Regnard et Beaumarchais qui ne sont plus joués qu’au Théâtre français et à l’Odéon.
Réalistes et Naturalistes I. Pierre Loti. Mon frère Yves. — 1883. Voici une nouvelle œuvre de cet écrivain plein de charme qui signe Pierre Loti. Le livre est intitulé : Mon frère Yves (C.
Quelqu’un, qui faisait métier d’annoter les grands écrivains des xviiie et xviie siècles, s’attristait un jour de ce que Molière avait dérobé Cyrano de Bergerac. […] … « Les fables de La Fontaine n’ont rien de comparable aux faits et gestes du Corbeau qui domine la pièce la Fortune du Ramoneur, poignante comme un drame. — Molière égale à peine la profondeur philosophique de la pièce des Deux Amis, et même de Polichinelle retiré du monde ou du Sac de charbon. […] Un soir, ils jouaient tous les deux dans le Dépit amoureux, de Molière, lui, Éraste, l’amant, elle, Lucile, la maîtresse, lis déclamèrent avec flamme et enlevèrent les applaudissements du parterre et des loges.
Il a de commun avec celui de Molière une excellente santé. […] Exemple, toute l’Europe littéraire souffre-t-elle Molière à la hauteur où l’élève la nation française ? […] Ô Versailles, ville des arts aimables et des arts sévères, où Louis XIV a eu pour hôtes Racine, Molière, Bossuet, Fénelon, est-ce bien toi qui sers d’hôtellerie à ce vieux reître allemand, victorieux par la vaillance de ses canons et par le génie du nombre, qui aura eu la fortune de vaincre la France et qui ne laissera pas même un nom ?
Ici éclate la différence profonde d’un classique comme Molière à un romantique comme Rousseau : tous deux prêchent le respect de la nature, mais quelles conceptions diverses ils en ont ! Pour Molière, suivre la nature consiste à marier les jeunes gens. […] Mais, voyez-vous, ces grotesques-là ont survécu aux railleries de Molière.
On était ingrat envers elles, ou du moins on n’en sentait pas assez le prix par l’habitude d’en jouir ; mais voici que l’on comprend mieux ce que vaut l’égalité quand on vient de voir Molière sortir le visage en sang des mains de La Feuillade, et forcé de se taire. […] qu’il aime mieux qu’une occasion se présente de remonter sur les hauteurs, vers Shakespeare, Musset, Corneille, Racine, Molière. […] Le jeu fini, il replace les choses en leur vrai milieu, car il ne serait pas équitable, par exemple, de reprocher à Molière la conduite des jeunes marquis à l’égard de Célimène démasquée et confondue. […] Il me semble plutôt que Molière a voulu dire : Le vrai sage, c’est Alceste, c’est moi (car il s’est peint en Alceste) ; mais cette sagesse est trop austère, elle attriste l’entourage, elle effraye Célimène ; elle n’est pas « de commerce ».
Il y a un fond tragique dans le théâtre de Molière et un fond lugubre dans les aphorismes de Nietzsche. […] La prose de Bouvard et Pécuchet n’a plus ni chair ni sang ; il ne reste que l’ossature. » Exactement comme dans celle de Molière. Flaubert est arrivé, à force de travail, à la dureté précise que Molière trouvait du premier coup. […] Essai sur la simplification de l’orthographe43 Pour répondre à un vœu déposé à la fin de l’année 1901 par quelques membres du Conseil supérieur de l’Instruction publique, le ministre constitua une Commission « pour étudier les simplifications à apporter à l’orthographe dans l’enseignement de la langue française », — car, ainsi que chacun l’a appris à ses dépens, on enseigne aux Français la langue française ; on ne la leur enseignait pas du temps de Rabelais et de Montaigne, de Pascal et de Molière, de Voltaire et de Montesquieu : « Peu de personnes, disait Rollin vers 1730, sçavent la langue françoise par principes, parce que peu de maîtres prennent soin de l’enseigner. » Depuis ces temps d’insouciance, il s’est fait dans les mœurs de grands changements.
Molière n’eût peut-être pas joué à Pézenas ses pièces les plus raffinées comme Le Misanthrope ; mais n’était-ce pas déjà une belle chose que de voir les habitants de Pézenas écouter Molière ? […] Nous ne rappellerons pas l’histoire de Corneille portant son Polyeucte à l’hôtel de Rambouillet, de Molière, de tant de grands hommes que le peuple découvrit de prime abord. […] Dans ce vers de Molière : La pâle est aux jasmins en blancheur comparable, la diction ne fait guère ressortir que pâle, jasmins, blancheur, comparable, et encore dans ces mots insiste-t-elle davantage sur les accents toniques â, in, eu, abl ; elle se plaît à faire entendre les accords vocaux que représente chacune de ces voyelles ou de ces diphtongues ; les autres syllabes du vers rentrent dans l’ombre : elles pourraient s’exprimer en doubles croches ou du moins en croches rapides et assourdies.
Déjà, dans les Précieuses de Molière, le marquis de Mascarille et le vicomte de Jodelet De même, Marivaux, l’É preuve , les Jeux de l’amour et du hasard , etc Lesage, Crispin rival de son maître Laclos, les Liaisons dangereuses, l’ lettre.
Les mœurs étranges de Venise sont peintes, dans ce récit de d’Aponte, en traits de Molière et de Pétrone.
Aujourd’hui, selon notre habitude de ne caractériser les littérateurs que par leur chef-d’œuvre, nous allons vous introduire dans le théâtre allemand par l’analyse du Faust de Goethe, drame qui contient, dans l’imagination d’un poète aussi philosophe que Voltaire, aussi mélodieux que Racine, aussi observateur que Molière, aussi mystique que Dante, tout le génie de la littérature allemande et tout le caractère du peuple allemand.
Raymond refuse sa fille au vannier, à table, dans une scène de caractère digne de la plus haute comédie ; scène où le pathétique se mêle au comique, dans un entretien qu’avouerait Molière.
Après avoir souri avec un grand poète comme Arioste, on rit avec un grand comique comme Molière.
À genoux devant Molière et La Fontaine, il admire Athalie, goûte Bérénice, sait par cœur les chansons de Béranger et raconte parfaitement nos plus nouveaux vaudevilles.
A prendre le premier discours à la lettre, il paraît douteux que les lettres et les arts soient des agents de corruption ; et la lettre à Dalembert provoque bien des objections, soit dans ses conclusions générales, soit dans ses jugements particuliers, comme lorsque Molière est convaincu d’avoir rendu la vertu ridicule par le personnage d’Alceste.
Et c’est aussi grâce à l’esprit de leur temps, que Tristan et Isolde se trouvèrent les héros de nombreuses aventures amoureuses très frivoles et plus eue libres, tandis que le bon roi Marke devint un assez sot type de la nombreuse tribu qui fut la joie de Molière et de La Fontaine.
……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité.
La des peinture simples ridicules, comme dans Molière, n’a rien de démoralisant.
Les vers des comédies modernes par exemple, ou de Molière, n’ont rien de poétique ni ceux de la plupart des poèmes didactiques, des fables, de plusieurs épopées.
Sa comédie des Visionnaires passa pour un chef-d’œuvre ; c’est que Molière n’avoit pas encore paru.
Quelle vogue n’ont pas obtenue les œuvres de Courteline que Mendès compare à Molière !
C’est qu’il y a, chez Alfred de Musset, un écrivain de race tout à fait française, de la race des Molière, des La Fontaine, des Boileau, un écrivain qui a horreur de l’exagération et de l’affectation ; il a le goût de ce qui est mesuré, du bon sens, et, au milieu même des pires excentricités, il se souviendra toujours du bon sens. […] Vous savez que Molière, pour ridiculiser un de ses personnages, dit qu’il est en train de mettre en madrigaux toute l’histoire romaine.
Cette lutte tragi-comique entre les deux moi fut déjà contée par Saint-Paul et par Molière. […] Supposez que Molière, aussi bête que Coquelin, ait voulu son Arnolphe tragique. […] « Un académicien refusait de donner sa voix à ce choix imposé et votait pour Molière, ce qui faisait dire à Jean-Jacques Rousseau : « Jusqu’à ce jour on remplaçait les morts par les vivants ; l’occasion se présente de remplacer les vivants par les morts. » Même quand ce qu’elle veut dire est raisonnable, ce qu’elle dit reste bien bizarre.
Ce bureau était établi dans la maison où mourut Molière. […] Depuis lors, on a reconnu que Molière est mort dans une autre maison. […] Monselet eut l’illusion en portant son habit chez ma tante de gravir les degrés honorés par les pas de Molière. […] Je commence à me lier beaucoup trop intimement avec ma tante, qui demeure — ce qui la relève à mes yeux — dans la maison où Molière est mort… Diable ! […] C’est un point obscur, et peut-être faut-il, pour l’éclaircir, disserter aussi longuement que sur la maison mortuaire de Molière.
C’est une chose mémorable que Shakspeare et Molière aient été comédiens. […] Un seul poète comique marche l’égal des Sophocle et des Corneille : c’est Molière. […] D’un autre côté, qu’on lise les journaux du dernier siècle ; il y a plus, qu’on lise ce que La Bruyère et Voltaire ont dit eux-mêmes de la littérature de leur temps ; pourrait-on croire qu’ils parlent de ces mêmes temps où vécurent Fénelon, Bossuet, Pascal, Boileau, Racine, Molière, La Fontaine, J. […] On se rappelle avec admiration ces temps où l’on vit sortir des écoles chrétiennes, Racine, Molière, Montfaucon, Sévigné, La Fayette, Dacier ; ces temps où le chantre d’Antiope donnait des leçons aux épouses des hommes, où les Pères Hardouin et Jouvency expliquaient la belle antiquité, tandis que les génies de Port-Royal écrivaient pour des écoliers de sixième, et que le grand Bossuet se chargeait du catéchisme des petits enfants.
Ses origines anglo-germaniques (Armand Colin, 1926) de ne concevoir l’esprit français que comme chrétien et spiritualiste en oubliant Molière et Voltaire. Le paradoxe d’un Lasserre royaliste et catholique admirant Voltaire et Molière se retrouve dans ses idées politiques et explique sans doute son évolution. […] Mais c’est le malheur de ces emphases d’irriter en nous un gros bon sens et d’appeler la revanche de Molière.
Aussi ne blâme-t-il point en termes exprès maître Ramon, comme n’eût pas manqué de le faire un Molière ou un Shakespeare. […] « X… était moliériste, comme il convient à tout esprit bas ; Y… est probablement le seul gredin qui ait méprisé Molière. » Les noms sont dans le texte : on peut les laisser en blanc, la formule demeure excellente. […] Léon Bloy, ainsi transcrite, il n’y a plus que Molière qui écope, si l’on ose dire ; mais il a une santé assez robuste pour supporter cela. […] Coquiot paraît un peu scandalisé, parce que Huysmans qualifiait Corneille, Racine et Molière de raseurs, en ajoutant impartialement qu’il en fallait dire autant de Dante, Schiller et Goethe.
Alexandre Dumas fils avait développé la même thèse, et, faisant allusion à Molière ou à Shakespeare peignant les tortures de la jalousie ou de l’amour, il avait dit : « Ces hommes-là n’ont même pas souffert, dans la vraie acception du mot. […] Ils posèrent en axiome que le rare en tout est presque toujours le beau193 ; et, au nom de cette formule, repoussèrent l’antiquité194 firent un crime à Molière de son bon sens et de sa raison pratique, méconnurent Raphaël dont ils méprisaient la sérénité robuste, et à qui ils reprochaient d’avoir, dans ses madones, réalisé « le programme que le gros public des fidèles se fait de la mère de Dieu195 ». […] Aussi, sans avoir jamais pu créer, comme l’ont fait à profusion Shakespeare, Molière ou Balzac, le moindre type vivant et durable, parce qu’ils se sont dépeints eux-mêmes, ils en laissent un cependant derrière eux, un type de poète étrange, fugace, tourmenté, composite et inquiétant entre tous pour les destinées de l’intelligence humaine, quand on songe que, — si toutefois nous avons bien compris ces deux hommes admirablement doués, — le développement exagéré de la sensibilité artistique les a menés tout droit à l’impuissance dans l’art. […] Quand il publia son travail, Corneille et Molière avaient achevé leur œuvre ; La Fontaine avait écrit ses Contes, Psyché, Adonis et la plupart de ses Fables ; Racine seul devait encore composer quatre grands drames, Iphigénie, Phèdre, Esther et Athalie.
À côté de ce grand homme qui connut toutes les duretés du destin, les misanthropes les plus modérés, Molière par exemple, paraissent presque sinistres. […] Nous péchons par amour de la simplicité, et il a fallu à notre Molière toute la force de son génie pour ne pas échouer dans la fausse voie où l’esprit français s’est toujours complu et fourvoyé. […] Hamlet était la pièce favorite de Shakespeare ; Molière, qui d’ordinaire n’aime pas à s’élever au-dessus d’un certain niveau moral, a mis dans Alceste tout ce que son âme pouvait concevoir de noble ; Goethe se reprochait trop vivement Werther pour n’avoir pas un faible pour lui, et peut-être le dédain de ses dernières années venait-il des reproches intérieurs que sa conscience lui adressait. […] Les héros de Corneille, de Racine, de Mme de La Fayette, sont nobles ; les bourgeois de Molière sont des imbéciles.
Rappelez-vous dans quels termes Théophile Gautier parlait des vers de Molière. […] Rappelez-vous les railleries de Cervantès à l’adresse des romans de chevalerie, puis le dédain de Boileau et de Molière contre le Cyrus et la Clélie. […] Nous l’admirons, cette claire ordonnance, dans tous nos classiques, dans Corneille comme dans Racine, et dans Molière comme dans La Fontaine, dans la Princesse de Clèves comme dans Candide et Manon Lescaut. […] Tel drame de Shakespeare, telle comédie de Molière, tel roman de Balzac, ne nous offrent-ils pas de véritables tableaux cliniques, auxquels il ne manque qu’une étiquette pour être rangés dans un chapitre d’un Précis de psychiatrie, comme celui que nous a laissé le sagace Régis ?
Voilà de l’esprit vrai et du comique, qui sent bien le terroir et la race, qu’imitera ou que rencontrera Molière, que goûtera en gourmet La Fontaine, et dont il se souviendra quand il demandera s’il y a jamais eu un homme qui ait eu plus d’esprit que Rabelais. […] Cependant que Panurge consulte Trouillogan dans une scène merveilleuse, imitée plus tard par Molière, et que Trouillogan lui répond : « Il se pourrait ; il y a apparence ; par aventure ; la chose est faisable, etc. », le vieux Gargantua, qui ne disait mot, « se lève » tout à coup et dit avec tristesse : « Loué soit le bon Dieu en toutes choses ! […] Frapper neuf fois sur le ventre d’un hydropique, attacher une queue de renard du côté gauche à la ceinture des fiévreux, tout cela, — comme le pied gauche d’une tortue, l’urine d’un lézard et le foie d’une taupe des médecins de Montaigne, — comme les grains de sel en nombre impair des médecins de Molière, — ne sont que mines et simagrées. […] Boileau, Molière) ; de chercher, selon la saison ou l’humeur, des lieux différents pour le travail, mais toujours la solitude, cette épouse du génie.
Les chirurgiens renvoient leurs adversaires à Molière, pour les rendre modestes. […] Aux bons mots de Molière, on joignit ceux de Samuël Sorbière qui parle ainsi des médecins : « Ils sont dans la connoissance de la physique comme les quinze-vingt ; & tout le reste du peuple est comme les aveugles provinciaux qui ne sçavent point les êtres de Paris.
. — Une question s’élève là-dessus, que l’on a déjà rencontrée [Cf. l’article Molière] ; — à savoir si cette manière d’écrire, inégale, confuse et mêlée comme la vie même, — ne serait pas une condition de la représentation de la vie ? […] Par tous ces moyens, — il a constitué le roman comme « genre littéraire » ; — en fondant ensemble pour la première fois le roman historique [à la manière de Walter Scott, ou avant lui de Prévost] ; — le roman de mœurs [à la manière de Crébillon le fils, de Fielding et de Marivaux] ; — le roman de caractères [à la manière de Le Sage] ; — et le roman social ou philosophique [à la manière de George Sand ou de Rousseau]. — Si d’ailleurs il a pu les fondre, c’est qu’il a trouvé la formule où tendaient toutes ces variétés ; — laquelle est de réaliser une « image de la vie contemporaine » ; — où les milieux et les individus soient exprimés dans leurs réactions réciproques ; — et à ce titre on peut dire que le roman de Balzac est une création analogue à celle de la comédie de Molière. — Les derniers romans de Balzac : Modeste Mignon, 1844 ; — Les Paysans, 1845 ; — Le Cousin Pons, 1846 ; — La Cousine Bette, 1847 ; — Le Député d’Arcis [inachevé], 1847 ; — et que trois au moins d’entre eux sont au nombre des meilleurs de Balzac. […] Le Fils de Giboyer, Lions et Renards]. — Et, sans doute, c’est ce que l’on prétend louer en lui quand on le met « de la famille de Molière ».
. — Le baron et la baronne de Sotenville, dans Molière, sont des gens bien élevés, quoique provinciaux et pédants.
La tragédie ne suffit pas ici pour fournir les couleurs au tableau, la comédie lui en prête ; Molière, Beaumarchais, Machiavel, Tacite semblent forcés de se réunir dans ces ténébreuses journées de Bayonne pour peindre un rôle où l’intrigue, l’hypocrisie, la violence et la trahison surpassent Alexandre VI, Tartufe et César dans un même acte diplomatique.
. — Je prends mon bien où je le trouve , est un mauvais mot et un mauvais raisonnement de Molière.
C’est comme si l’on demandait à Molière de s’enthousiasmer en livrant Tartuffe à la risée d’un parterre.
Qu’ils assistent aux drames plus ou moins déclamatoires des grands ou petits poètes de la scène ; qu’ils applaudissent aux féroces ambitions des héros de cour ou de rue dans les cours et dans les cités ; qu’ils savourent bien la connaissance du cœur humain étalé devant eux, en horreur, en admiration ou en ridicule, par les Eschyle, les Corneille, les Racine, les Shakespeare, les Aristophane, les Térence ou les Molière, ces sublimes choristes des hommes rassemblés, c’est là leur lot à eux ; mais quant à Homère, et surtout à l’Homère de l’Odyssée, qu’ils y renoncent !
Fouquet fut abandonné dans sa disgrâce de tous ceux qui lui devaient leur fortune ; deux hommes de lettres seuls lui restèrent fidèles, La Fontaine et Pélisson ; sans doute le nombre aurait pu en être plus grand, et je suis fâché de ne pouvoir joindre à ces deux noms ceux de Molière et du grand Corneille.
À ce bas bleu qui porte la jarretière d’Édouard III, prêtez tous les travers féminins que Molière a dénoncés : la pruderie d’Arsinoé, la minauderie de Cathos, la vanité de Bélise, l’afféterie d’Armande et la violence de Philaminte, grandies de toute la hauteur des Tudor. » Et le rapprochement et l’antithèse marchent ainsi jusqu’à épuisement.
Nous voyons que, presque toujours, les écrivains qui ont débuté sur le tard, La Fontaine, Molière, Rousseau, Gustave Flaubert, Montaigne et Rabelais si vous voulez, nous ont donné, du premier coup, les livres les plus rares, les plus pleins, les plus savoureux. […] Aujourd’hui que Lamartine et Hugo entrent dans les programmes du baccalauréat et de la licence, il faut bien commencer à faire pour eux ce qu’on fait depuis deux cents ans pour Corneille, Racine et Molière.
Si Molière, ses comédies à la main, frappait aujourd’hui à la porte du Théâtre-Français, la pruderie moderne le repousserait comme grossier et scandaleux10 ; de son temps, les dames les plus délicates couraient à ses pièces. […] Nous avons beau faire, nous sommes toujours parents de Voltaire et de Molière ; le sarcasme nous arrive involontairement aux lèvres ; le ridicule nous frappe d’abord ; au milieu de tout son lyrisme et de ses effusions de cœur, M. […] « Je l’interrompis et lui dis que c’était chose d’honneur, indispensable, promise, attendue sur-le-champ, et, sans attendre de réplique, pris la clef du cabinet, puis les lettres d’État, et cours encore. » Cependant le duc de Richelieu arrivait avec un lavement dans le ventre, fort pressé comme on peut le croire, « exorcisant » Mme de Saint-Simon entre deux opérations et du plus vite qu’il put : voilà Molière et le Malade imaginaire. — Ces gaietés ne sont point le ton habituel ; la sensibilité exaltée n’est comique que par excès ; elle tourne vite au tragique : elle est naturellement effrénée et terrible.
Mais il écrit : « Avec Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, avec Rabelais, Montaigne, Descartes, Pascal, Bossuet, La Bruyère, on a déjà toutes les remarques essentielles sur la nature humaine, sur l’homme religieux, l’homme politique, l’homme social. […] Le dernier recueil des « Marges », — dernier, quant à présent, — La Vieillesse d’Hélène, recommençant tout le chemin, le fait tout au long, part de l’Odyssée encore, n’oublie pas Hérodote ni Ovide, ce Parnassien ; salue gentiment Guillaume au Court-nez et Joinville, risque un détour capricieux qui le conduit auprès de Ribadeneira et s’attarde plus volontiers dans la compagnie éprouvée de Corneille, de Molière, de Racine, de La Fontaine encore et de Bossuet, de Perrault, de Gil Blas, de Manon Lescaut, de La Nouvelle Héloïse, et même de M. […] Il y a là un Corneille, un Molière, un Racine, un La Fontaine et un Bossuet dignes des Contemporains et des Impressions de théâtre : un Corneille devenu le vieux poète mécontent et que la renommée de M. […] D’ailleurs son Musset, comme son Molière, il l’a soigneusement préparé, n’épargnant pas les recherches utiles, consultant les historiens et les anecdotiers. […] Molière est dans son chef-d’œuvre, Le Misanthrope ; Racine est dans Phèdre ; et l’on peut regretter « qu’un tel poète n’ait pas écrit des œuvres franchement individualistes ».
Cependant un préjugé contraire a été quelquefois exprimé, d’abord par Rabelais qui ne respectait rien : vous vous souvenez de cette scène si piquante où Pantagruel, ennuyé du mauvais français latinisé d’un écolier de l’université, lui dit en le renvoyant : « Tu veux parler comme un Démosthènes de Grèce et tu n’es qu’un Limousin de Limoges. » Vous savez aussi combien Molière, qui respectait si peu de choses, a quelquefois cherché à jeter du ridicule sur les Limousins. […] Pour énumérer tous les titres de nos faiseurs de fabliaux, nous pourrions aussi chercher ce que leur emprunta le génie de Molière. Molière, comme-La Fontaine, un peu gêné par les nobles entraves du siècle de Louis XIV, aimait à revenir à ces vieux récits gaulois ; il n’en redoutait pas la licence, et en prenait la gaieté vive et peu contenue. Ce n’est pas le Tartufe qu’il a pris chez les trouvères, bien qu’on s’y moque déjà des papelards et des hypocrites : mais les scènes bouffonnes du Médecin malgré lui sont tirées d’un fabliau amusant qui avait frappé l’esprit de Molière.
Un second Corneille, un nouveau Molière, un autre Shakespeare vient de naître ! […] Je prends des exemples n’importe où, au hasard : quand Meyerbeer écrit les Huguenots, l’Africaine, c’est un jeune ; c’est un vieux quand, trente ans avant, il compose Almansor et Marguerite d’Anjou ; Rossini est jeune quand il écrit Guillaume Tell, il est vieux quand c’est : La Cambiale di matrimonio, opéra inconnu aujourd’hui ; Corneille est plus jeune quand il écrit le Cid que quand il fait jouer Mélite, Rude quand il sculpte le bas-relief de l’Arc de Triomphe que lorsqu’il modèle les bas-reliefs de la chasse de Méléagre, Hugo quand il écrit les Châtiments que lorsqu’il publie Han d’Islande, Verdi quand il donne Aida que quand il fait jouer Il Corsaro, Musset quand son génie lui inspire les Nuits que lorsqu’il écrit ses pastiches espagnols ; je m’arrête et les œuvres de Goethea, Molière, Racine et de tant d’autres sont là pour me donner raison. […] Le Malade imaginaire est absolument du Midi pour moi ; Molière l’a fait et voulu faire Méridional ; ses violences enfantines, ses injures : carogne !
Et quand on l’a établie, qu’en résulte-t-il enfin, si, comme tout le monde le sait, il n’y a presque pas une pièce de Molière, ou de Shakspeare même, dont le sujet leur appartienne en propre ? […] Il y a des Lexiques de la langue de Molière : n’en pourrait-on pas dresser un de la langue d’Hugo ? […] Sous ce rapport, aux romans de Balzac, les romans de Feuillet sont à peu près ce que sont les tragédies de Corneille aux comédies de Molière : ils sont aux romans de George Sand, — qui finissent presque toujours trop bien, par quelque bon mariage ou par quelque adultère confortable, — ce que la tragédie de Racine est aux comédies de Marivaux. […] Dehors pompeux, grands mots et grandes phrases, vain étalage de beaux sentiments, préjugés de toute sorte, conventions hypocrites, admirations mal placées, — dont le moindre inconvénient n’est pas de transporter à la médiocrité triomphante le prix naturel du mérite, — préférences injustement, scandaleusement données aux Scudéri sur les Corneille, aux Voiture sur les Molière, aux Pradon sur les Racine, comme en général à ce qui passera sur ce qui doit durer, c’est tout cela, messieurs, que la critique a pour mission de combattre sans trêve, sans ménagements ni complaisance, dans l’intérêt du talent lui-même, de la vérité, de la justice !
Si l’on n’v trouve pas un certain intérêt de cœur, il y a un intérêt d’esprit qui le remplace La pure imagination ne fut jamais si heureuse. » Ce jour-là, jour bien inspiré, Piron se montra en vers de l’école de Régnier, de Molière, de Regnard.
« À nos yeux, les noms de Villehardouin, de Joinville, de Froissart, de Commines, de Montaigne, de Molière, marquent les différents âges de notre langue : les terminaisons varient, le vocabulaire se complète, la syntaxe s’épure, et, par degrés enfin, l’art de parler un même idome se modifie ou se perfectionne ; mais il ne s’en forme pas un autre. » Qui a dit cela ?
Cette scène serait de la haute comédie de Molière, par le mépris, si elle n’était pas de l’épopée par l’énergie de l’éloquence.
Chose remarquable, il aime peu Molière et son naturalisme ; il le voit déjà comme le verra M.
Chaque genre se personnifie dans un nom : la tragédie dans Racine ; la comédie dans Molière ; la fable dans La Fontaine ; la philosophie morale dans La Rochefoucauld d’abord, puis dans La Bruyère ; l’éloquence chrétienne dans Bossuet, Bourdaloue et Fénelon ; le genre épistolaire dans Mme de Sévigné ; les Mémoires dans Saint-Simon.
Dans Molière, quand Orgon revient de voyage et se chauffe les mains au feu, il finit par dire : La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie.
Manzoni sentit de bonne heure, et peut-être aussi il s’exagérait un peu cet inconvénient ; le fait est qu’il ne voyait jamais sans un plaisir mêlé d’envie le public de Paris applaudir en masse aux comédies de Molière ; cette communication immédiate et intelligente de tout un peuple avec les productions du génie, et qui, seule, peut attester à celui-ci sa vie réelle, lui semblait refusée à une nation trop partagée et comme cantonnée par dialectes ; lui qui devait réunir un jour toutes les intelligences élevées de son pays dans un sentiment unanime d’admiration, il ne croyait pas assez cette unanimité possible, et en tout cas il regrettait que la masse du public n’en fît pas le fond. […] Celui-ci, dont nous apprenons la mort au moment même où nous écrivons ces lignes et où nous nous flattions d’être lu par lui, cet éminent esprit qu’on n’osa jamais louer en France sans y ajouter quelque restriction, mais que nous nous risquerons toutefois à définir (son jugement sur Molière excepté) un critique qui a eu l’œil à toutes les grandes choses littéraires, s’il n’a pas toujours rendu justice aux moyennes, Schlegel, dans un voyage à Paris, s’était chargé, pour le compte du gouvernement prussien, et par zèle pour les études orientales, de faire graver et fondre des caractères indiens devanagari ; ou du moins les moules et matrices de ces caractères devaient être envoyés à Berlin pour la fonte définitive.
Voyez Rabelais et sa fureur allègre qui ne ménage rien, n’élude rien, n’adoucit rien ; lisez le livre de Montaigne sur les Cannibales, la quatrième partie de Gulliver, l’Enfer du Dante, les pamphlétaires de la Réforme, toute la lignée des ironistes français qui va de Molière et des Provinciales à Candide et à Diderot. […] Enfin Courteline a écrit de-ci, de-là quantité de nouvelles dont une, particulièrement exquise, Boubouroche, mise à la scène, frise Molière. […] Que nos plus durables reconnaissances, que nos plus fières statues soient pour Rabelais, pour Swift, pour Cervantes, pour Molière, pour ces amplificateurs de la vie qui nous enorgueillissent de réel comme les poètes nous transportent de rêve, qui lèvent le rideau sur la farce éternelle. […] Ces conclusions me plaisent ; j’ai toujours détesté la comédie où Molière ridiculise les Précieuses.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Sèvres, agrégée des lettres, Mlle Dugard enseigne au lycée Molière. […] Je n’hésite pas à dire que l’âpre flagellant des Morticoles a rendu service au public, en reprenant un sujet que la comédie de Molière n’avait pas épuisé. […] Don Juan lui-même, don Juan Tenorio de Séville, — celui dont les prouesses furent célébrées, en prose, en vers et en musique, par Tirso de Molina, par Molière, par Thomas Corneille, par Sadwell, par Hoffmann, par Pouchkine, par Mozart, par Musset, par Mérimée, — don Juan, s’il faut en croire son plus récent biographe, M. […] Se demander si les comédies de Molière ne « côtoient » pas, en quelque sorte, la tragédie ?
Quand un poète, un Molière ou un Shakespeare, se propose de peindre une passion, telle que la jalousie, il aperçoit un certain jaloux, Arnolphe ou bien Othello, personnage vivant et concret qui va et vient parmi des événements délimités, et, ce faisant, il obéit à son organisation d’artiste.
Comment écrire après Molière et pour contredire Molière ? […] « C’est Molière médecin ». […] Lahure publie à très-bas prix de très bonnes éditions des plus grands écrivains français, Montesquieu, Rousseau, Saint-Simon, Fénelon, Molière, La Fontaine, Racine : Saint-Simon entier coûte vingt-six francs ; Rousseau, seize francs ; Racine, quatre francs ; cela est admirable ; de là une occasion pour relire Racine et un prétexte pour en parler.
La philosophie, le bon sens, l’observation, tiennent la plus grande place dans ces saynètes écrites cependant par un poète ; quelque sujet qu’il y traite, à quelque beau rêve qu’il s’élève, à quelque détail qu’il descende, jamais le sentiment de la forme, jamais son élégance native ne l’abandonnent, et c’est plaisir de le suivre, effleurant de son esprit tant de sujets divers, à la façon de Puck, Ariel ou Titania ; tantôt prenant la voix de Goetheb, tantôt celle de Molière, qu’il s’agisse de nos Faust ou de nos Don Juan modernes. […] Je me rappelle avoir vu jadis une lithographie ridicule montrant « Molière étudiant l’humanité chez un perruquier de Pézenas ». Molière était là représenté, se cachant dans un coin de la boutique et prenant avec beaucoup de soin des notes sur un portefeuille.
Il en a tiré d’excellentes études : Louis XV et Élisabeth de Russie, Une ambassade française en Orient sous Louis XV, et un récit amusant, coloré, vivant, qui tient du roman d’aventures et du conte fantastique, les Voyages du marquis de Nointel, livre aussi précieux pour l’histoire des lettres que pour l’histoire proprement dite, puisque la mission de Nointel à Constantinople était la réponse à certaine turquerie parodiée par Molière dans la cérémonie du Bourgeois gentilhomme, que notre ambassadeur emmenait avec lui Antoine Galland, le futur traducteur des Mille et une Nuits, et qu’il allait lui-même, entraîné par son humeur de dilettante, faire, avant Chateaubriand et Lamartine, le double pèlerinage en Grèce et en Terre-Sainte. […] Molière est mort, mais les médecins de Molière sont toujours vivants.
» Ici Chaucer a les franchises de Molière, et nous ne les avons plus ; sa bourgeoise justifie le mariage aussi médicalement que Sganarelle ; force est de tourner la page un peu vite et de suivre, en gros seulement, toute cette odyssée de mariages.
Il n’y a pas un plus habile début de drame dans Molière lui-même.
Les prétentions surannées de la noblesse, exagérées par le pinceau d’un autre Molière, y sont livrées à la risée de la multitude comme des tartufes de vanité.
Je ne m’en serais jamais douté ; et quand je considère ce sillage lumineux, cette traînée d’étincelles qu’elle a fait jaillir depuis sa première et véritable incarnation en France, depuis Villon jusqu’à Béranger, je me demande comment Marot, Régnier, La Fontaine, Molière, Parny, Voltaire et toi, Pouyadoux ! […] Les idées de Shakespeare apparaissent en France dépouillées de cette forme du vers qui les rendait peut être fatigantes, et certainement Molière, le plus vigoureux de nos poètes, est le moins poète de tous.
Au fond de l’Allemagne, où les hasards de la guerre m’avaient relégué, je relisais Racine et Molière et une parenté m’apparaissait entre leur propos, tout au moins, mais même quelquefois entre leurs procédés, et ceux de Proust. […] Je vais prendre d’abord un passage pittoresque, un passage comique, mais dont vous ne manquerez pas d’apercevoir la valeur d’humanité, où vous distinguerez cette sorte de lumière explicative de notre nature qui illumine par exemple les pièces de Molière : Mme Verdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu’un violoniste de ce pays lui avait donné et qu’elle conservait, quoiqu’il rappelât la forme d’un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu’elle avait, mais elle tenait à garder en évidence les cadeaux que les fidèles avaient l’habitude de lui faire de temps en temps, afin que les donateurs eussent le plaisir de les reconnaître quand ils venaient.
Aux murs de ses salons étaient suspendus quelques tableaux choisis, un beau paysage de Ruysdael, le portrait de Molière par Sébastien Bourdon, un Giotto, un fra Bartolomeo, des Guerchin, fort estimés alors. […] Son profane reliquaire contenait un peu de la cendre d’Héloïse, recueillie dans le tombeau du Paraclet ; une parcelle de ce beau corps d’Inès de Castro, qu’un royal amant fit exhumer pour le parer du diadème ; quelques brins de la moustache grise de Henri IV, des os de Molière et de La Fontaine, une dent de Voltaire, une mèche des cheveux de l’héroïque Desaix, une goutte du sang de Napoléon, recueillie à Longwood19. […] Maurice Bouchor et l’histoire de Tobie33 Après avoir joué du Shakespeare, de l’Aristophane, du Cervantes et du Molière, les marionnettes de la rue Vivienne ont demandé à M.
Sous la treille de houblon où nous étions assis, il y a eu une belle causerie sur le théâtre, où l’on a dit que les deux grands théâtres humains, étaient ceux de Shakespeare et de Molière, et que, peut-être, ils devaient leurs qualités, à ce que les auteurs étaient des acteurs, habitués à faire du théâtre debout, et dont les pièces étaient faites d’après la mise en scène.
Et ils existent des gens qui, dans leurs feuilletons, font des traités sur le véritable art dramatique, — eux qui admirent à la fois Molière et Scribe, les fabricateurs les plus dissemblables dans la composition d’une pièce.
Rien n’est plus infécond, rien n’est moins suggestif qu’un sens parfaitement rond et achevé. » Évidemment le plaidoyer pourrait se soutenir avec chance de gain de cause devant un tribunal composé de génies littéraires suédois ou allemands, mais je crois qu’on ferait bien d’écarter de l’audience les nommés Molière, La Fontaine, Rabelais, Montaigne, Voltaire et Diderot lui-même, qui a dit, il est vrai : « La clarté nuit à l’enthousiasme… Soyez ténébreux ! […] Molière n’allait pas si loin. […] Le ridicule jeté par Molière sur les médecins de son temps ne les a pas beaucoup modifiés, reste à savoir si les révélations de M.