On ne lui demande point son histoire, on ne le questionne point ; il demeure ou continue sa route à volonté.
« Une vie retirée, libre, indépendante des volontés ou des caprices d’un autre, une vie d’études et de travail », voilà le but et le désir de cet enfant merveilleusement intelligent et totalement dépourvu.
Ces esprits grossiers encore croyaient de telles cérémonies indispensables, pour s’assurer de la volonté des autres, dans les rapports d’intérêt, tandis qu’aujourd’hui que l’intelligence des hommes est plus ouverte, il suffit de simples paroles et même de signes.
Son caractère manquait donc tout à fait de consistance, de volonté propre. […] Il aura peut-être agréable l’humiliation de mon cœur et l’enchaînement de mes misères profondes… Adieu, ma chère Mère, mes larmes m’aveuglent ; et s’il étoit de la volonté de Dieu qu’elles causassent la fin de ma vie, elles me paroîtroient plutôt les instruments de mon bien que les effets de mon mal. » M. de Grasse ne cessait aussi de lui écrire, et il l’avait fait avec une sorte d’éloquence, sur cette mort. […] Pourtant Mme de Longueville manquait de direction encore, et avec son genre de caractère, avec cette habitude de ne suivre jamais que des sentiments adoptifs, et de ne les régler que sur une volonté préférée, elle avait plus que personne besoin d’un guide très-ferme.
Une seule voix sans parole, non pas sans harmonie, sans force, mais irrésistible, proclame un Dieu au fond de notre cœur : tout ce qui est vraiment beau dans l’homme naît de ce qu’il éprouve intérieurement et spontanément : toute action héroïque est inspirée par la liberté morale ; l’acte de se dévouer à la volonté divine, cet acte que toutes les sensations combattent et que l’enthousiasme seul inspire, est si noble et si pur, que les anges eux-mêmes, vertueux par nature et sans obstacle, pourraient l’envier à l’homme. […] La vie tient dans les phénomènes physiques le même rang que la volonté dans l’ordre moral. […] « Ou tout est hasard, ou il n’y en a pas un seul dans ce monde, et s’il n’y en a pas, le sentiment religieux consiste à se mettre en harmonie avec l’ordre universel (qu’il soit pour nous ou contre nous), parce qu’il est la volonté divine.
C’est-à-dire : Il y a une immense tourbe d’hommes qui sentent par sentiments tout faits, dans la même proportion qu’il y a une immense tourbe d’hommes qui pensent par idées toutes faites, et dans la même proportion il y a une immense tourbe d’hommes qui veulent par volontés toutes faites, dans la même proportion qu’il y a une immense tourbe de « chrétiens » qui répètent machinalement les paroles de la prière. […] Quand Bergson oppose le tout fait au se faisant, (et je voudrais bien savoir comment il pourrait dire en d’autres termes), et il faut tout de même bien de la mauvaise volonté pour ne pas reconnaître dans ce participe passé et dans ce participe présent les héritiers de deux beaux participes grecs moyens-passifs), il fait une opposition, il reconnaît une contrariété métaphysique de l’ordre de l’ordre même de la durée et portant sur l’opposition, sur la contrariété profonde, essentielle, métaphysique, du présent au futur et du présent au passé. […] Parce que tout y est conduite et volonté de conduite.
» et cette fois la volonté était toute puissante, car c’était la volonté d’un roi. » Ensuite il parlait d’une quantité de choses à propos de cette action en trois actes, — c’est le mot qu’il substitue à celui d’opéra, — il revenait sur le temps de son séjour chez nous et se félicitait chaudement de l’insuccès de Tannhaeuser : langage bien différent de celui qu’il tiendra plus tard dans ses causeries avec madame Judith Gautier et dans sa lettre à M. […] Pour dominer ainsi les exigences harmoniques, associer ces rythmes brisés, fondre ces modulations féroces, fusionner enfin en un cristal unique tous ces cristaux partiels si dissemblables, il faut non seulement une volonté de fer, mais aussi une pénétration inouïe des ressources inhérentes à chaque élément de l’action.
Wagner en fait la loi inéluctable du théâtre (Theatergeset) : « L’autorité de l’auteur sur l’acteur, dit-il, doit être sans limite. » Dans son article sur les représentations de 187624 : « A cette représentation, tout était une seule volonté, et les acteurs ont montré une obéissance artistique à nulle autre seconde. » M. […] — Après les représentations de la tétralogie, au milieu des applaudissements du public il est revenu seul ; montrant ainsi que ses acteurs étaient l’expression de sa volonté (Wille), et que c’était elle qu’il fallait applaudir. […] Les autres fleurs disparaissent, comme balayées par une volonté plus puissante.
Il a le parler haut et libre ; « il lui échappe d’abondance de cœur des raisonnements et des blâmes. » Très pointilleux et récalcitrant, « c’est chose étrange, dit le roi, que M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et par-dessus tout l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie. » Il hait les ministres, petites gens que le roi préfère, chez qui les seigneurs font antichambre, dont les femmes ont l’insolence de monter dans les carrosses du roi. […] C’est « la plus grande plaie que la patrie pût recevoir, et qui en devint la lèpre et le chancre. » Lorsqu’il apprend que d’Antin veut être pair, « à cette prostitution de la dignité », les bras lui tombent ; il s’écrie amèrement : « Le triomphe ne coûtera guère sur des victimes comme nous. » Quand il va faire visite chez le duc du Maine, bâtard parvenu, c’est parce qu’il est certain d’être perdu s’il y manque, ployé par l’exemple « des hommages arrachés à une cour esclave », le cœur brisé, à peine dompté et traîné par toute la volonté du roi jusqu’à « ce calice. » Le jour où le bâtard est dégradé est une « résurrection. » « Je me mourais de joie, j’en étais à craindre la défaillance. […] On le voit les yeux fixes et le corps frissonnant, lorsque, dans le suprême épuisement de la France, Desmarets établit l’impôt du dixième : « La capitation doublée et triplée à la volonté arbitraire des intendants des provinces, les marchandises, et les denrées de toute-espèce imposées en droit au quadruple de leur valeur, taxes d’aides et autres de toute nature et sur toutes sortes de choses : tout cela écrasait, nobles et roturiers, seigneurs et gens d’église, sans que ce qu’il en revenait au roi pût suffire, qui tirait le sang de ses sujets sans distinction, qui en exprimait jusqu’au pus.
Le pouvoir est une volonté commune à un groupe social assez nombreux pour avoir de l’action sur la foule. Toute volonté, même individuelle, est un pouvoir. Toute volonté commune à un groupe énergique à vouloir la même chose est un petit pouvoir. Toute volonté commune à un groupe nombreux et qui reste énergique à vouloir la même chose est un grand pouvoir. […] Car il faut le reconnaître, Napoléon a été une prodigieuse volonté ; mais il n’est pas proprement un professeur de volonté.
Il respirait l’intelligence réfléchie et la volonté tenace. […] — Il faut croire plutôt à l’accident qu’à la volonté de mourir. […] Ils veulent que leur pensée se survive et que leur volonté continue d’être. […] Le peuple tout entier peut avoir un caractère ; il peut, tout entier, avoir volonté d’indépendance, cohésion actuelle, cohésion à travers les temps, volonté de puissance, etc. […] À quoi bon avoir de la volonté d’indépendance quand on est indépendant et de la volonté de puissance quand on est puissant ?
Tout doit être apporté et passé au feu de l’examen, et l’âme se doit la conscience de son action et de sa volonté. […] Avec de la volonté, de l’union, des valeurs reconnues, des appuis français, un mouvement pouvait s’étendre et réussir. […] Je vous appartiens corps et âme, cœur et volonté. […] S’il manque de volonté dans les grandes choses, il en emploie dans les petites. […] La volonté de Teste ressemble bien à celle du jeune Descartes, décomposée par Descartes mûri en un souvenir de chaleur de foie et une théorie de la volonté humaine, infinie autant que celle de Dieu.
À plus forte raison, ces sensations isolées n’éveillent plus les images associées qui constituent la mémoire, la prévision, par suite les jugements, et tout ce cortège d’émotions, désirs, craintes, volontés, que développe la notion du danger prochain ou du plaisir futur. […] Et pourtant l’animal ne voit plus… » Un pigeon ainsi opéré « se tenait très bien debout ; il volait quand on le jetait en l’air ; il marchait quand on le poussait ; l’iris de ses yeux était très mobile ; cependant il ne voyait pas, il n’entendait pas, il ne se mouvait jamais spontanément, il affectait presque toujours les allures d’un animal dormant ou assoupi, et, quand on l’irritait dans cette espèce de léthargie, il affectait encore les allures d’un animal qui se réveille… Lorsque je l’abandonnais à lui seul, il restait calme et comme absorbé ; dans aucun cas, il ne donnait signe de volonté. […] L’éternuement, la toux, le vomissement, ce sont là chez nous-mêmes autant de mouvements systématiquement compliqués et utiles que des excitations, parties de la pituitaire, des voies respiratoires ou de l’estomac, provoquent, sans volonté de notre part, par l’entremise du bulbe147 — En général, étant donné dans un animal un segment de moelle épinière avec les nerfs sensitifs qui s’y rendent et les nerfs moteurs qui en proviennent, si l’on excite les nerfs sensitifs, le segment, entrant en action, mettra en jeu les nerfs moteurs, et l’on verra des contractions musculaires. […] Rien, il me semble, ne démontre mieux que cette expérience, et l’absence réelle de perception, et l’absence de tout phénomène intellectuel, et l’absence de la volonté. […] Dans la première, l’animal (chien, lapin) éthérisé perd son intelligence, sa volonté, ses instincts, toutes ses facultés, moins ses sensations brutes.
À l’évolution du langage, le poète ne peut rien, sa volonté et sa syntaxe y échoueraient. […] Jouir de tous les menus faits de l’existence, jouir à tous moments, faire de toute circonstance une source d’agrément, chercher la jouissance de toute sa volonté, mettre en cette jouissance la plus grande somme possible de volupté cérébrale, voilà la règle essentielle du dilettantisme. […] Il agit selon sa volonté. […] Sa volonté et son caprice ne doivent en rien le troubler. […] Et là, ce nous est une occasion d’observer encore combien ce bonhomme qui chanta la chair et sa misère, pleura bourgeoisement sa femme et son fils, était dénué de volonté artistique.
J’avais d’abord, entraîné par le cliché, écrit : le plus naturellement poli ; mais joute politesse, poussée surtout à ces limites, ne surgit-elle pas d’une volonté artificielle et persévérante ? […] Volonté, ténacité, fond de santé qui manquent au poète de l’Azur. […] Selon Schopenhauer, tandis que les autres arts figurent la Volonté objectivée sous forme d’Idées platoniciennes, et par-là ouvrent à l’homme un sanctuaire supérieur de purification et de calme, la Musique est la Volonté elle-même, directement sentie, prenant en nous conscience d’elle toute dès ses premières racines. […] Peut-être la poésie forme-t-elle un moyen terme entre la prose et la musique, comme la morale entre la nature et la volonté. […] Renouvier à la fin de sa vie voyait dans une « nolonté » la forme supérieure de la volonté.
La volonté devient un magnétisme qui tantôt attira tantôt repousse, tantôt s’interfère au contact d’une autre volonté (Halvard Solness). […] par la force du destin, non par la volonté de l’auteur. […] Les maîtres du rire, au contraire, nous donnent l’illusion délicieuse que tout suit la volonté humaine. […] Eût-il organisé la terre suivant sa volonté, qu’il eût convoité les planètes et les soleils. […] On peut dire qu’il se crée lui-même par sa volonté continue, et chaque moment de son existence est une école.
La révolte idéaliste ne se dressa donc pas contre les œuvres (à moins que contre les basses œuvres) du naturalisme, mais contre sa théorie ou plutôt contre sa prétention ; revenant aux nécessités antérieures, éternelles, de l’art, les révoltés crurent affirmer des vérités nouvelles, et même surprenantes, en professant leur volonté de réintégrer l’idée dans la littérature ; ils ne faisaient que rallumer le flambeau ; ils allumèrent aussi, tout autour, beaucoup de petites chandelles. […] On voit des jeunes gens, tout enflés d’une infatuation monstrueuse, avouer la volonté de faire non seulement leur œuvre, mais en même temps l’Œuvre, de produire la fleur unique après quoi l’intelligence épuisée devra s’arrêter d’être féconde et se recueillir dans le lent et obscur travail de la reconstitution des sèves. […] Et que chaque intelligence affirme, même passagère, sa volonté d’être, et d’être dissemblable des manifestations antérieures ou ambiantes, et que chaque nébuleuse aspire au rôle d’un astre dont la lueur soit distincte et Claire entre les autres lueurs ! […] Il a entrepris deux grandes épopées romanesques que son génie ardent et fier achèvera à l’état de monuments, l’Epoque et les Volontés merveilleuses. […] Jules Laforgue Il y a dans les Fleurs de bonne Volonté une petite complainte, comme d’autres, appelée Dimanches : Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve.
Ce composé de volonté, d’élévation, de conception, d’imagination, d’invention, de génie, le dédain de tant de choses, le mépris, les passions, etc., tout cela compose une âme trop forte pour le lieu et le temps. […] Louis XV, ajoutait-il, par paresse et par trop de flegme, ne travaillera pas beaucoup pour son État, mais ce qu’il fera sera bon, fin et profond. » Ce favorable augure, que justifiait peut-être le bon jugement du prince, avait été bien déjoué depuis par l’abandon et la défaillance de volonté, qui était son grand vice23.
Andrieux, ce goût qui, avec la meilleure volonté du monde, reste le plus opposé aux habitudes, aux lenteurs et à la bonne foi germaniques, et comme il savait spirituellement le définir, quand il disait : « Les Français sont dans une situation singulière avec la littérature allemande ; ils sont tout à fait dans la position de l’adroit renard qui ne peut rien tirer du vase à la longue encolure : avec la meilleure volonté, ils ne savent que faire de nos livres ; ce que nous avons travaillé avec art n’est pour eux qu’une matière brute qu’ils doivent remanier.