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504. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mais, au point de vue strictement psychologique, c’est le signe d’une certaine tension d’esprit et de volonté. […] Les premiers traits de leur caractère sont la volonté et l’autorité. […] L’autorité est la forme extérieure de la volonté. […] On persuade par la volonté ardente et la conviction énergique L’homme qui reste court n’est qu’un timide. […] Lui, si éloquent et si passionné, sait se taire, parce que chez lui c’est la volonté qui est passion.

505. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Et ton nom prononcé fait d’une médisance une bénédiction197. » À quoi servent l’évidence, la volonté, la raison, l’honneur même, quand la passion est si absorbante ? […] Point du tout ; s’il parle ainsi, ce n’est point par choix, c’est par force ; la métaphore n’est pas le caprice de sa volonté, mais la forme de sa pensée. […] Il en fait des gens d’imagination dépourvus de volonté et de raison, machines passionnées, violemment heurtées les unes contre les autres, et qui étaient aux regards ce qu’il y a de plus naturel et de plus abandonné dans l’homme. […] Ce n’est donc point la vertu que vous trouverez dans de telles âmes, car on entend par vertu la volonté réfléchie de bien faire et l’obéissance raisonnée au devoir. […] L’imagination trop vive épuise la volonté par l’énergie des images qu’elle entasse et par la fureur d’attention qui l’absorbe.

506. (1887) George Sand

Elle s’emparait de cette masse tourbillonnante d’idées avec une étrange facilité d’intuition ; la cervelle était profonde et large, la mémoire était docile, le sentiment vif et rapide, la volonté tendue. […] Mais croyez bien que ces volontés inertes, qui n’ont pas l’énergie de la mort, n’ont pas eu celle du véritable amour. […] Ni l’un ni l’autre ne furent des artistes de travail et de volonté ; ils furent des artistes de nature ; ils étaient nés grands écrivains, ils l’étaient dès la première page. […] elle les avait presque tous oubliés, et ce n’était pas une affectation, c’était une des formes ou l’un des signes de ce génie naturel qui travaillait en elle presque sans un effort de volonté. […] Vous êtes arrivé à savoir ce que vous faites et à imposer votre volonté au public.

507. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Dans cette situation, toutefois, si l’on dépend de la fortune, on n’attend rien de l’opinion, de la volonté, des sentiments des hommes ; et sous ce rapport, comme on a plus de liberté, on devrait obtenir plus de bonheur ; néanmoins ces penchants avilissants ne valent aucune véritable jouissance ; ils livrent à un instinct grossier, et cependant exposent aux mêmes chances que des désirs plus relevés.

508. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

peut s’entendre des tours de force de la volonté tout aussi bien que des crimes.

509. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

On l’avait vu si fort, si superbement entêté, si crâne, que notre génération, malade presque tout entière de la volonté, l’avait aimé rien que pour cette force, cette persévérance, cette crânerie.

510. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

La vérité vraie, c’est que procédés, métier, volonté, travail, sont intimement mêlés dans ce mystérieux exercice de l’art d’écrire ; et rien n’est plus faux que de dire : « Ceci est de l’art parce qu’on ne sent pas la rhétorique, et ceci n’est pas de l’art parce qu’on sent la rhétorique. » 17.

511. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Volonté de « shakspeariser » en effet ? […] Leur vice a pour caractéristique l’inquiétude, l’instabilité, le manque d’énergie et de volonté, l’impossibilité d’aller jusqu’au bout de leurs mauvais instincts. […] Ce sont continuels et menus revirements, des sautes de désir ou de caprice, des volontés aussi courtes que celles des singes, des piétinements sans fin. […] C’est bien ta volonté ? […] Le rôle de la volonté dans l’amour est considérable.

512. (1897) Aspects pp. -215

Nous les chasserons comme nous chasserons le Négateur de volonté. […] Les yeux droits et incisifs disent la volonté. […] Les plus dignes, les plus hauts sont foudroyés comme si le ciel se trompait, punissait en eux les crimes de la terre… Ô Dieu puissant, que votre volonté soit donc faite ! […] Et, si votre volonté m’appelle à être le fossoyeur de votre sainte religion, ah ! […] Quant à la préface, cet hymne à la gloire de notre mère la Nature, cette exaltation de la Volonté, elle est tout simplement magnifique. — Je ne reprocherai à M. 

513. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Mais les circonstances ont d’ironiques tentations ; elles tissent autour de nos volontés des pièges inextricables et subtils. […] Dans cette atmosphère la vie est orageuse et la volonté tendue. […] La volonté fait son office qui est de refréner et de pacifier le tumulte intérieur. […] Pour nous mener au bien nous n’avons que notre volonté ; contre cette volonté toutes sortes de puissances se liguent qui nous induisent au péché. […] Le miracle de son salut est le résultat d’un effort constamment renouvelé de volonté.

514. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

On l’accusa de s’être arrogé l’initiative sur les départements et d’avoir substitué la volonté de Paris à la volonté de la France. […] La nature obéissait à la volonté et lui prêtait toute sa vie pour mourir en reine.

515. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Il rendait des oracles et il taisait des miracles : la lumière de Zeus s’y révélait dans les vapeurs de la grotte sacrée, sa volonté s’y manifestait par la parole de son fils. […] C’était la volonté de Zeus, puisque Zeus inspire ses oracles. […] L’Éclair dardait toujours de sa lance, non plus inconscient et aveugle, mais dirigé par la volonté.

516. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Mais puisque chacun d’eux est une force et qui domine la nôtre, puisqu’il a une nature qui lui est propre, il ne saurait suffire, pour lui donner l’être, d’en avoir le désir ni la volonté. […] C’est une œuvre d’art, une machine construite tout entière de la main des hommes et qui, comme tous les produits de ce genre, n’est ce qu’elle est que parce que les hommes l’ont voulue telle ; un décret de la volonté l’a créée, un autre décret la peut transformer. […] Elle ne dérive pas d’un arrangement conventionnel que la volonté humaine a surajouté de toutes pièces au réel ; elle sort des entrailles mêmes de la réalité ; elle est le produit nécessaire de causes données.

517. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Ceux qui, appuyés aux antiques traditions, s’opposaient aux volontés des gouvernements, se pressèrent et faillirent l’emporter, dès le début, sur les hommes que la nouveauté séduisait. […] Il semblait, par sa volonté, par sa parole et par sa beauté puissante et majestueuse, être l’expression vivante de la force de son gouvernement. […] Si comptée si sacrée que soit la Tradition, elle ne l’emporte pas sur la volonté infaillible du Pontife.

518. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Force m’est bien, écrira de là Casaubon à de Thou, de renoncer une fois pour toutes à tout ce que j’avais élaboré jusqu’à ce jour pour l’utilité des amis des lettres, à ces chers travaux auxquels le monde me croit un peu propre, et par lesquels j’ai mérité votre estime à vous-même, très illustre et très docte président ; il faut bien qu’ici je m’applique avant tout à satisfaire à la volonté du maître : et comme son esprit royal est tout entier aux controverses théologiques du jour, il y a nécessité que nous qui lui appartenons et sommes de sa suite nous entrions dans les mêmes études, dans les mêmes inquiétudes que lui. […] Ô souverain maître du monde, tu m’as donné, il est vrai, la volonté de diriger ma vie selon tes préceptes ; mais, au moment où je cherche ton propre vouloir, quelquefois je me sens incertain entre les variétés merveilleuses des opinions des hommes.

519. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il n’était genre d’autorité, de considération, de vertu, de talent, qui ne lui fût suspect et ne lui parût comme rebelle et factieux, s’il n’avait été créé ou tout au moins consacré par la volonté royale. » Le seul reproche que je ferai à M.  […] Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.

520. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Mais s’il est décrété que je doive mourir, la volonté du Ciel s’accomplisse ! […] Il dut être enterré, selon sa volonté dernière, dans un couvent où sa fille s’était depuis peu retirée et avait fait ses vœux.

521. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Je crains aussi que le public (ne) nous force à prendre un parti beaucoup plus humiliant pour les ministres et beaucoup plus fâcheux pour nous, en ce que nous n’aurons rien fait d’après notre volonté. […] Cette négociation avec Mirabeau échoue, on peut le dire, par la faute de Louis XVI toujours timide, toujours empêché par des scrupules de conscience qui lui cachaient les incertitudes de sa propre volonté.

522. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

96 Elle est maîtresse de ses volontés ; elle n’aime pas l’application, elle ne veut pas de gêne ; elle ne trouve pas beaucoup de ressources dans la famille royale, et elle craint surtout l’ennui. […] Le sentiment qui perce déjà le plus en elle est son désir ou plutôt sa volonté décidée d’être absolument indépendante.

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