On lui érigea une statue même de son vivant. […] Despréaux, qui les avait frondés de son vivant, ne les épargna point dans cette rencontre. […] La Fontaine eut de son vivant même divers imitateurs.
Le nombre de ses disciples montoit, de son vivant, à cinq mille. […] Sous notre capuchon, vivant en libertins, Expliquez-moi par quelle grace, Sous notre capuchon, mourrions-nous donc en saints ? […] Ses factums amusèrent tout Paris : il s’y moquoit de la lenteur de l’Académie à donner son dictionnaire ; attendu, remarquoit-il, que les langues vivantes changent continuellement.
J’avais été mis depuis longtemps sur la trace de Mme de Charrière par la lecture des Lettres de Lausanne ; mieux informé de toutes choses par rapport à elle durant mon séjour dans le pays, j’aurais cru manquer à une sorte de justice que de ne pas venir, tôt ou tard, parler un peu en détail d’une des femmes les plus distinguées assurément du dix-huitième siècle, d’une personne si parfaitement originale de grâce, de pensée et de destinée aussi, qui, née en Hollande et vivant en Suisse, n’écrivait à la fin ses légers ouvrages que pour qu’on les traduisît en allemand, et qui pourtant, par l’esprit et par le ton, fut de la pure littérature française, et de la plus rare aujourd’hui, de celle de Gil Blas, d’Hamilton et de Zadig.
Cette page du chevalier devrait s’ajouter, dans les éditions de La Rochefoucauld, à la suite des Réflexions diverses dont elle semble une application vivante.
Les paniers des dames rangées en cercle ou étagées sur les banquettes « forment un riche espalier couvert de perles, d’or, d’argent, de pierreries, de paillons, de fleurs, de fruits avec leurs fleurs, groseilles, cerises, fraises artificielles » ; c’est un gigantesque bouquet vivant dont l’œil a peine à soutenir l’éclat Point d’habits noirs comme aujourd’hui pour faire disparate.
La première lettre du père de Wolfgang, datée du 16 octobre 1762, rend parfaitement compte de l’esprit et des incidents de ce voyage d’artiste ambulant, montrant pour un peu d’argent ou pour quelques cadeaux son phénomène vivant aux bourgeois, aux grands et aux princes.
. — Pour moi, frappé de ce signe heureux, je n’ai voulu et ne pouvais faire qu’une œuvre bien humble et tout humaine, et constater simplement ce que j’ai cru voir de vivant encore en nous. — Gardons-nous de dire de ce dieu antique de l’Honneur que c’est un faux dieu, car la pierre de son autel est peut-être celle du Dieu inconnu.
Il voulut me faire mettre à table avec lui, mais je le priai de m’excuser, attendu que, vivant de peu depuis ma maladie, je craignais d’abuser, pour ma santé, de l’excellence de ses mets ; que j’aurais plus de temps, en ne mangeant pas, pour répondre à ses questions.
M. de Moyvre a pris tout le fond de l’histoire de Properce dans l’histoire même : mais il a cru que Properce, Ovide & Virgile, vivant dans le même tems, il pouvoit supposer que ces trois fameux Poëtes se consultoient mutuellement, & qu’ils étoient très-unis.
Ce n’est pas un Dieu vivant ; c’est une froide et implacable idole, insensible et aveugle, reléguée, comme a dit un éloquent philosophe, dans les profondeurs de l’infini, sur le trône « désert de son éternité silencieuse ». […] Il semble que tous les faux systèmes et toutes les passions déréglées se soient coalisés pour lui livrer assaut : c’était l’ennemi commun ; c’était comme le symbole vivant de la loi morale, et en même temps l’arche sainte qui gardait le dépôt des mœurs privées et publiques. […] La société deviendra comme ton cœur : elle aura pour dieu un lingot d’or, et pour empereur un usurier juif186. » Elle aime assez « à faire vivre les morts et mourir les vivants 187 ». […] Les femmes, plus impressionnables par organisation, vivant plus que les hommes de la vie intime, et moins distraites qu’eux par le mouvement du monde extérieur, sont plus accessibles à ces mauvaises influences.
Et, comme pour échapper à la responsabilité de son apologie, ce pauvre Loret ajoute : Ainsi ce sujet important, Qu’encor je n’ai pas vu pourtant, Doit être une excellente chose, Avec raison je le suppose Et crois que ce n’est pas en vain, Puisque de ce rare écrivain, Pour poème et pour tragédie, La plume féconde et hardie Écrit d’un style aussi savant Que pas un autre auteur vivant. […] La Fontaine, dans sa Psyché, a dépeint ces heureux entretiens ; et le tendre souvenir qu’il en avait conservé, la douce émotion avec laquelle il en parlait encore quelques années après, peuvent faire juger du bonheur qu’y goûtèrent ces hommes que leur amitié réunit de leur vivant, comme l’admiration de la postérité les réunit après leur mort. […] Ce que Bret ignorait probablement encore, et ce qu’il eût dû chercher à savoir plutôt que de condamner notre auteur, c’est que M. de Bouillon était mort sociétaire de Monsieur ; qu’en cette qualité il avait été à même de rendre plus d’un service à Molière et à sa troupe ; qu’il n’était probablement pas étranger aux nombreux témoignages d’intérêt, sinon de munificence, que le prince, leur patron, leur avait prodigués, et que Molière, qui d’ailleurs ne donnait qu’une preuve de modestie de plus en refusant de jouer le rôle de grand juge littéraire, devait nécessairement répugner à le remplir quand il se voyait forcé par sa conscience à se prononcer pour un ami vivant contre son bienfaiteur mort ; c’eût été de gaieté de cœur s’exposer à des reproches d’ingratitude.
On trouve dans le Journal de Paris, du 28 novembre 1787, une lettre signée Villars qui reproche à l’éditeur d’avoir mêlé à sa publication des anecdotes défavorables à la famille Ferriol ; le témoignage de M. d’Argental, encore vivant, y est invoqué.
Mettre partout le calcul, arriver avec des poids et des chiffres au milieu des passions vivantes, les étiqueter, les classer comme des ballots, annoncer au public que l’inventaire est fait, le mener, comptes en main et par la seule vertu de la statistique, du côté de l’honneur et du devoir, voilà la morale chez Addison et en Angleterre.
Lui en donner des portraits vivants, dans un récit tout plein des usages, des mœurs, du beau ciel de la Grèce, c’était tout ensemble graver plus avant dans son esprit les beautés de ces grands poètes, et lui enseigner la vie par des images qui lui étaient familières.
Si la passion entre en jeu, la parole intérieure devient plus forte ; l’articulation en est plus précise et plus ferme, l’intonation plus variée ; la parole intérieure est devenue vivante, accentuée, véhémente, émue, un peu plus lente aussi, chaque mot ayant alors un sens plus plein, et l’âme se plaisant, pour ainsi dire, à savourer un court instant chacune de ses idées.
Leurs serments ordinaires sont: par le nom de Dieu, par les esprits des prophètes, par les esprits ou le génie des morts, comme les Romains faisaient par le génie des vivants.
Adoptant le roman comme la forme la plus vivante et la plus capable d’impressionner la masse du public, il veut en faire une source d’enseignement social ; avec lui rien n’est livré au hasard, et les événements qu’il narre sont en parfaite concordance avec les lois universelles.
Les premiers des sauvages qui virent à la proue d’un vaisseau une image peinte la prirent pour un être réel et vivant ; et ils y portèrent leurs mains.
En franc étourdi, il s’était moqué sans pitié, dans « Les Secrètes Pensées de Rafaël », de leurs grands frais d’indignation pour une plaisanterie : Ô vous, race des dieux, phalange incorruptible, Électeurs brevetés des morts et des vivants ; Porte-clefs éternels du mont inaccessible, Guindés, guédés, bridés, confortables pédants ! […] Une causerie d’artistes qui plaisantent dans un atelier, une belle jeune fille qui se penche au théâtre sur le bord de sa loge, une rue lavée par la pluie où luisent les pavés noircis, une fraîche matinée riante dans les bois de Fontainebleau, il n’y a rien qui ne nous le rende présent et comme vivant une seconde fois.