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1539. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Le bouddhisme est la plus vieille des philosophies —    et la plus nouvelle.

1540. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Cette poésie m’apparaît comme un jardin : mais ce n’est pas la solennité grandiose de Versailles ; ce n’est pas non plus le pittoresque vaste et théâtral de la savante Italie qui connaît si bien l’art d’édifier les jardins (ædificat hortos) ; pas même la Vallée des flûtes ou le Ténare de notre vieux Jean Paul.

1541. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Les acteurs étaient toujours obligés d’en revenir à la vieille Farce, à la Farce « garnie de mots de gueule », aux jeux des pois pilés, qui continuaient d’avoir la faveur populaire.

1542. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Nous les retrouverons tout à l’heure, descendus de leur tour d’ivoire, l’un pour susciter les foules et y répandre son vœu de justice, l’autre pour assurer l’ordre du vieux lyrisme français et le rétablir dans ses droits.

1543. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Catulle Mendès : Elle marchait — avec un lys — dans chaque main… Des prisonniers — cloués au mur — à coups d’épieu… comme ceux de François Coppée : Le lévrier — qui dort en rond — sur le tapis, obéissaient toujours au vieux précepte de Boileau et laissaient subsister la césure au milieu du vers.

1544. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

Cependant dans les peintures douces et tendres, Virgile retrouve son génie : Évandre, ce vieux roi d’Arcadie, qui vit sous le chaume, et que défendent deux chiens de berger, au même lieu où les Césars, entourés de prétoriens, habiteront un jour leurs palais ; le jeune Pallas, le beau Lausus, Nisus et Euryale, sont des personnages divins.

1545. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Qui ne connaît Notre-Dame des Bois, cette habitante du tronc de la vieille épine, ou du creux moussu de la fontaine ?

1546. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Lui, cependant, allait, creusant son sillon ; il allait, sans lassitude, et la jeunesse le suivait, l’accompagnait de ses bravos, de sa sympathie si douce aux plus stoïques ; il allait, et les plus vieux ou les plus sagaces fermaient dès lors les yeux, voulaient s’illusionner, ne pas voir la charrue du Maître s’embourber dans l’ordure.

1547. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Pas un chrétien français ne peut concevoir le vieux Dieu allemand.

1548. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Un vieux chêne n’a pas plus de coudes et de nœuds. […] Du palais de Dagobert nous passons dans le carrefour d’une ville du Rhin, où une vieille femme, nommée Mob, réchauffe son squelette aux cendres d’un feu éteint. […] 123 La vieille joue à la paume avec l’esprit du pauvre pèlerin. […] Mob veut les marier, et à cet effet les conduit dans une vieille cathédrale. […] Quoique aussi vieilles que le monde, ces théories ne se doivent point tenir pour battues.

1549. (1802) Études sur Molière pp. -355

Apprenons d’abord à nos lecteurs d’où Molière a tiré le fond de son sujet ; il paraît imité d’un fabliau intitulé Le Médecin de Brai ; mais je le crois plutôt pris dans un conte, Le Vilain Mire, titre que l’on donnait, en vieux langage, aux médecins de campagne. […] Orgon a la crédulité d’une dévotion peu éclairée ; et madame Pernelle, tous les ridicules d’une vieille dévote. […] Cher parterre, quelques Laflèche prennent des lunettes pour lire à Cléante le mémoire de son usurier ; rien ne nous dit que Laflèche soit vieux, et ses lunettes nuisent certainement à l’effet que doivent produire celles d’Harpagon, lorsqu’il paraîtra devant sa maîtresse. […] quand la gloire les attendait peut-être au premier rôle propre à leur âge, pour couronner leurs vieux jours d’une palme méritée. […] Soudain Lucas arrive des Indes, prend le sac pour un ballot de marchandises, l’ouvre et n’est pas médiocrement surpris d’en voir sortir un homme ; mais Rodomont l’apaise en lui disant qu’il s’est caché dans le sac pour ne pas épouser une vieille, riche de cinquante mille écus.

1550. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Relisez la charmante préface que Jules Lemaître a écrite sur les Vieux Livres, et dites si elle ne marque pas chez son auteur une élégante sclérose du goût, la démission d’un esprit qui n’a peut-être été moderne qu’en apparence et par attitude, et qui, après s’être voulu immodérément moderne, en arrive à être encore plus immodérément vieux. […] Ce genre de la leçon de vulgarisation, de la conférence, qui est incorporé aujourd’hui à la respiration même de notre vieille rive gauche, il n’existe à aucun degré, et on n’en éprouve nullement la nécessité. […] Seulement elle risque de vieillir vite, et on en arrive à voir, gardienne de la porte du temple, une vieille concierge irritée dont ses neuf sœurs se moquent volontiers. […] (Notons d’ailleurs que Chateaubriand, qui a su imiter largement et intelligemment dans ses Mémoires et la Vie de Rancé la prose de Hugo et de Michelet, ne parle des romantiques que sur le ton irrité d’un vieux rival mauvais joueur.) […] Il n’y a pas besoin de réveiller à ce sujet la vieille querelle des critiques impressionnistes et des critiques dogmatiques, qui florissait au temps de Brunetière, de Lemaître et d’Anatole France.

1551. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

N’est-ce pas ainsi que Mlle Necker demanda un jour brusquement à la vieille maréchale de Mouchy ce qu’elle pensait de l’amour ? […] En général, il y a deux sortes de personnes qu’il ne faut jamais consulter ni croire, quand il s’agit des relations et du rôle de Mme de Staël durant cette période : d’une part, les royalistes restés fidèles à leurs vieilles rancunes ; ceux-ci l’accusent d’alliances monstrueuses, de jacobinisme presque, d’adhésion au 18 fructidor42, que sais-je ?  […] Nous demandons pardon, à propos d’une œuvre émouvante comme Delphine, et sans nous confiner de préférence aux scènes mélancoliques de Bellerive ou du jardin des Champs-Élysées, de rappeler ces aigres clameurs d’alors, et de soulever tant de vieille poussière : mais il est bon. quand on veut suivre et retracer une marche triomphale, de subir aussi la foule, de montrer le char entouré et salué comme il l’était. […] Dans l’Influence des Passions, elle parle avec attendrissement, au chapitre de l’Amour, des deux vieux époux, encore amants, qu’elle avait rencontrés en Angleterre. […] Et sans quitter la chaîne, en descendant d’Évandre, On peut, d’or ou d’airain, tout faire retentir : Chaque pierre a son nom, tout mont garde sa cendre, Vieux Roi mystérieux, Scipion ou martyr.

1552. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Guérin, homme d’un grand mérite, mais despote et exclusif comme son maître David, il n’y avait qu’un petit nombre de parias qui se préoccupaient des vieux maîtres à l’écart et osaient timidement conspirer à l’ombre de Raphaël et de Michel-Ange. […] Héritier de la grande tradition, c’est-à-dire de l’ampleur, de la noblesse et de la pompe dans la composition, et digne successeur des vieux maîtres, il a de plus qu’eux la maîtrise de la douleur, la passion, le geste ! C’est vraiment là ce qui fait l’importance de sa grandeur. — En effet, supposez que le bagage d’un des vieux illustres se perde, il aura presque toujours son analogue qui pourra l’expliquer et le faire deviner à la pensée de l’historien. […] Wattier et Perèse traitent d’habitude des sujets presque semblables, de belles dames en costumes anciens dans des parcs, sous de vieux ombrages ; mais M.  […] Brune et Gigoux sont déjà de vieilles réputations.

1553. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

À cette époque, une fausse philosophie avait tellement usé l’erreur, que, pour être neuf, il ne restait plus à dire que la vérité, aussi vieille que le monde, qui donna tant de charmes aux méditations de M. de Saint-Pierre. […] Il lui demanda un entretien confidentiel et lui parla ainsi: « Je suis vieux ; j’ai soixante-trois ans ; j’ai deux enfants dans le premier âge ; et n’ai, pour toute fortune, qu’une célébrité dont je vis médiocrement. […] VII Bernardin de Saint-Pierre passait l’hiver à Paris, dans son logement du Louvre, non loin du vieux poëte Ducis, son voisin et son ami. […] Quand elle vous aurait donné des enfants, ses peines et les vôtres auraient augmenté, par la difficulté de soutenir seule avec vous de vieux parents, et une famille naissante. […] Il cherche longtemps son pain dans les travaux de son esprit, il l’avait caché lui-même dans un pli de son cœur, il l’ouvre un jour ; il l’ouvre tard et le monde est pour jamais ravi: le pain, la gloire et l’enthousiasme arrivent à la même heure, puis l’amour avec la femme accomplie née pour éclairer ses vieux jours d’une seconde aurore, aussi pure, aussi fraîche que celle du matin ; puis un disciple semblable au jeune disciple de Platon, consacrant sa vie à glorifier son maître, et héritant de sa femme encore jeune et belle, de ses enfants et de ses amis.

1554. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Les deux amis poussèrent vivement les préparatifs de leur commune entreprise ; ils lurent tout ce qui était imprimé en fait de vieux sermonnaires, ils abordèrent les manuscrits, et, même lorsque l’idée d’une rédaction définitive eut été abandonnée, ils durent à cette courageuse invasion au cœur d’une rude et forte époque de connaître les sources et les accès de l’érudition, d’en manier les appareils comme en se jouant, et d’avoir un grand fonds par-de-vers eux, un vaste réservoir où ils purent ensuite puiser pour maint usage. […] En général, l’éditeur des Procès-verbaux de 1593 accordait à l’assemblée des États de la Ligue un caractère national et incontesté , fait pour surprendre ceux qui avaient été nourris de la vieille tradition française. […] Elle me donne le droit de ne plus croire qu’à très-peu de choses, de me lier aux idées plutôt qu’aux hommes, de rire des sols, de mépriser les fripons de toute nuance, de me réfugier plus que jamais dans l’idéale sphère du vrai, du beau, du bien, et d’avoir à cœur encore les bonnes, les vieilles, les excellentes amitiés de quelques fidèles.

1555. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Pour toi, misérable taupe de rocher, et pour ta vieille Parque de sœur, ne vous inquiétez pas de votre pain ; il y a des hôpitaux dans le duché pour les aveugles et pour les veuves sans secours, et deux grabats ne vous y manqueront pas pour mourir. […] L’image dont cette naïve jeune mère ne soupçonnait pas même la candeur ne fit sourire ni l’aveugle, ni la vieille tante, ni moi ; tout était pureté dans cette bouche pure, vierge d’âme, quoique avec son fruit d’innocence sur son sein. […] Il jeta sur le plancher sa besace, plus pleine de provisions qu’à l’ordinaire ; il en tira du pain, du caccia cavallo (fromage de buffle des Maremmes), une fiasque de vin de Lucques, et dit à mes vieux parents : — Ne vous inquiétez pas comment vous vivrez en l’absence de ces enfants, je vous en apporterai toutes les semaines autant ; l’aumône est la récolte des abandonnés, je ne fais que vous rendre ce que vous m’avez tant de fois donné dans vos jours de richesse.

1556. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

La reconnaissance de Lusignan et de sa fille, dans Zaïre ; l’arrivée du vieux Narbas, dans Mérope, au moment où la reine va frapper Égisthe, sont des effets admirables ; on ne leur demande pas s’ils sont conformes aux règles. […] Ce ne sont pas là de vieilles connaissances, comme les personnages de Corneille et de Racine, ou ceux de ce Shakspeare, le père de tant d’immortels enfants en qui les derniers lecteurs de ses drames reconnaîtront des frères et des amis. […] Aussi admirai-je Tibère, outre que la politique du temps50, qui s’insinuait dans nos collèges et nous y divisait en partis, donnait à tout le mal que Chénier dit du vieux tyran de Caprée le piquant de l’à-propos.

1557. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

La volition n’avait point disparu, mais elle était sans efficacité… L’eau de rose dont ta tendresse avait humecté mes lèvres, au moment suprême, me donnait de douces idées de fleurs, — fleurs fantastiques infiniment plus belles qu’aucune de celles de la vieille terre…. […] Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années. Poe se marie ; et les circonstances lui ayant ainsi permis d’augmenter le rayon de ses souffrances, voici les désastres qui reviennent et se suivent, que chassé de ville en ville et de rédaction en rédaction, restant besoigneux, lent à travailler, querelleur, aigri, affolé par le spectacle de la maladie qui minait sa femme, semblait l’abandonner et la ressaisissait, il se jeta dans le vice qui consomma sa ruine, se mit à boire les redoutables liqueurs que l’on débite en Amérique, ces délabrants mélanges d’alcool, d’aromates et de glace ; et toujours luttant contre sa tentation et toujours succombant, reportant l’amour enfantin qui purifiait sa pauvre âme, de sa femme morte à sa belle-mère, quêtant un peu de sympathie auprès de toutes les femmes qu’il trouvait sur un chemin et ne recevant qu’une sorte de pitié timide, ayant tenté de se suicider pour une déconvenue de cette espèce, atteint enfin de la peur de la bête pourchassée, du délire des persécutions, multipliant ses dernières ivresses qui le menaient de chute en chute à la mort, — il en vint, l’homme en qui se résumaient la beauté, la pensée, la force masculine, à avoir cette face de vieille femme hagarde et blanche que nous montre un dernier portrait, cette face creusée, tuméfiée, striée de toutes les rides de la douleur et de la raison chancelante, où sur des yeux caves, meurtris, tristes et lointains, trône, seul trait indéformé, le front magnifique, haut et dur, derrière lequel son âme s’éteignait.

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