Le cheval du Campéador vaut le chien d’Ulysse.
Ce début, qui caressa délicieusement les oreilles de Louis XIV, valut du premier coup à Boileau l’amnistie de la cour sur tout ce qu’il pourrait écrire contre les rimeurs en crédit du temps.
Le tyran qui les épie à leur insu, et qui, les perçant à la fois du même glaive, confond dans un même ruisseau leur sang sur la terre et dans un même soupir leur première et leur dernière respiration d’amour ; Le ciel qui les châtie avec une sévérité morale, mais avec un reste de divine compassion, dans un autre monde, et qui leur laisse au moins, à travers leur expiation rigoureuse, l’éternelle consolation de ne faire qu’un dans la douleur, comme ils n’ont fait qu’un dans la faute ; La pitié du poète ému qui les interroge et qui les envie (on le reconnaît à son accent) tout en les plaignant ; Le principal coupable, l’amant, qui se tait, qui sanglote de honte et de douleur d’avoir causé la mort et la damnation de celle qu’il a perdue par trop d’amour ; la femme qui répond et qui raconte seule pour tous les deux, en prenant tout sur elle, par cette supériorité d’amour et de dévouement qui est l’héroïsme de la femme dans la passion ; Le récit lui-même, qui est simple, court, naïf comme la confession de deux enfants ; Le cri de vengeance qui éclate à la fin de ce cœur d’amante contre ce Caïn qui a frappé dans ses bras celui qu’elle aime ; Cette tendre délicatesse de sentiment avec laquelle Francesca s’abstient de prononcer directement le nom de son amant, de peur de le faire rougir devant ces deux étrangers, ou de peur que ce nom trop cher ne fasse éclater en sanglots son propre cœur à elle si elle le prononce, disant toujours lui, celui-ci, celui dont mon âme ne sera jamais « désunie » ; Enfin la nature du supplice lui-même, qui emporte dans un tourbillon glacé de vent les deux coupables, mais qui les emporte encore enlacés dans les bras l’un de l’autre, se faisant l’amère et éternelle confidence de leur repentir, buvant leurs larmes, mais y retrouvant au fond quelque arrière-goutte de leur joie ici-bas, flottant dans le froid et dans les ténèbres, mais se complaisant encore à parler de leur passé, et laissant le lecteur indécis si un tel enfer ne vaut pas le ciel… Quoi de plus dans un récit d’amour ?
Le poète, récompensé par le consul, ne fut nullement retenu alors par le royalisme qu’il manifesta depuis pour les Bourbons ; il entra hardiment par un emploi diplomatique à Rome, et ensuite dans le Valais, dans la fortune de Bonaparte.
Nous n’estimons pas ce qu’ils valent les immenses intervalles de temps qui ont dû s’écouler entre nos formations en apparence consécutives, intervalles peut-être plus longs cependant, en beaucoup de cas, que le temps qui a été nécessaire à l’accumulation de chacune de ces formations elles-mêmes.
On aurait tort d’attribuer une trop grande importance à la question de la réalité absolue de l’espace : autant vaudrait peut-être se demander si l’espace est ou n’est pas dans l’espace.
La traduction de l’Essai sur l’Homme, si perfectionnée depuis, mais déjà fort estimable, et enrichie de son excellent discours préliminaire, parut pour la première fois en 1783, et valut à l’auteur un article de La Harpe, adressé sous forme de lettre au Mercure 104. […] Quand vous serez maître de Constantinople et du Sérail, je vous promets de mauvais vers que vous ne lirez pas, et les éloges de toutes les femmes, qui vaudront mieux que les vers pour un héros de votre âge.
Tous les instants se valent. […] Les deux manières de s’exprimer se valent.
A ce stade et dans cette forme de la culture, on s’intéresse au corps ; l’âme ne l’a pas subordonné, rejeté au dernier plan ; il vaut par lui-même. […] Sous peine de vie, il fallait qu’un Spartiate valût dix Ilotes ; comme il était hoplite, fantassin, et qu’il se battait corps à corps, en ligne et de pied ferme, l’éducation parfaite était celle qui formait le plus agile et le plus robuste gladiateur.
Puis, trouvant le système du blocus incomplet, il prenait pour le compléter les villes hanséatiques, Brême, Hambourg, Lubeck, et, comme si le lion n’avait pu se reposer qu’en dévorant de nouvelles proies, il y ajoutait le Valais, Florence, Rome, et trouvait étonnant que quelque part on pût s’offusquer de telles entreprises.
Effacer la Prusse valait mieux que la mutiler.
Les questions ont des aspects multiples ; les intérêts sont complexes, d’un peuple à l’autre, dans un même peuple, souvent ils s’opposent, le plus sage serait de comprendre les raisons de ses adversaires, de faire valoir les siennes, de ne pas crier d’abord à tue-tête pour avoir quelque chance de l’entendre.
Il oublie que l’exemple des plus grands maîtres, en théorie, ne vaut pas contre la vérité ; il oublie encore que ces artistes ont usé de la description fort rarement ; qu’ils n’ont jamais fait la description pure, mais seulement comme une préface à des expressions ; que les Saisons resteraient un chef-d’œuvre sans les imitations, assez pauvres, qu’elles contiennent ; que Haydn, mourant, regrettait avoir suivi la mode en employant ces imitations ; que Beethoven, enfin, dans la Symphonie pastorale, — son œuvre la plus faible, — a voulu, clairement, peindre les émotions d’un amant devant la nature champêtre.
Le Discours préliminaire, qui est à la tête de sa traduction, vaut seul un bon Poëme.
Autant vaudrait croire, avec les ignorants cosmogonistes de l’antiquité, que jamais les coquilles fossiles n’ont été vivantes, mais qu’elles ont été créées comme une contrefaçon des coquilles actuellement vivantes sur le bord de nos océans.
Quand on voit les enfants ou les peuples sauvages beaucoup plus habiles que les adultes et que les peuples civilisés à tous les jeux d’adresse, de même qu’à l’exercice du lasso, de l’arc, ou du simple jet de la main, il faut bien avouer que la juste évaluation des distance est infiniment plus aisée à l’instinct qu’à l’intelligence, et que l’habitude des sens vaut mieux dans la pratique que le calcul de la réflexion et les études mathématiques.
Mais il reste à savoir si les sautes brusques, précédées et suivies de stagnations, valent les évolutions méthodiques et lentes.
On se bat pour n’être pas affamé, dit-on, — en réalité pour se maintenir à un certain niveau de vie au-dessous duquel on croit qu’il ne vaudrait plus la peine de vivre.
De toutes les conditions de la tragédie que nous venons d’examiner, la plupart ont donc une valeur relative, historique, ce sont des conventions qui valent ce que peut vouloir une convention.