Mais quel triste retour sur nous-mêmes, quand nous sommes forcés d’avouer que c’est aux dépens du génie, du goût & de l’imagination ! […] Les partisans de la mode & de la nouveauté ont beau dire, que nous nous sommes enrichis d’un genre ignoré de Molière, & qu’il ne faut pas borner nos plaisirs, dont le cercle est déja trop étroit : d’accord ; mais qu’il naisse donc des la Chaussées, & que ses tristes & impitoyables imitateurs cessent de multiplier nos ennuis (dont le cercle est beaucoup trop grand) par leurs Drames éternels, échafaudés sur des fables triviales, mal conçues, sans génie, sans goût, sans vraisemblance, sans chaleur & sans style. Quels sont, en effet, la plupart de ces Drames, tant vantés par la médiocrité, & presque tous calqués les uns sur les autres, sinon des Romans aussi froidement écrits que mal dialogués, dont les aventures platement bourgeoises, irreligieuses ou révoltantes, n’excitent en nous d’autre sentiment que le dégoût, en laissant l’ame douloureusement triste, dans l’impuissance de se rendre raison de sa tristesse, & de s’y plaire ?
Mais il pleut à verse, et mon tête-à-tête avec moi-même m’est triste et insupportable. […] Et aujourd’hui mes moqueries, à propos des imaginations inquiètes de la triste et maladive fillette, je me les reproche comme des manques de cœur, et le souvenir m’en est douloureux. […] Jeudi 8 octobre Au fond, ce Midi, avec ses maisons aux volets fermés, avec ses chambres et ses salles où on fait la nuit, pour se défendre des mouches, avec ses intérieurs qui ont je ne sais quoi de claustral, et avec ses interminables cyprès des chemins et des routes, est triste et apporte souvent des idées de mort.
Ainsi, ma chère madame, nous regardons cette communion, qu’elle avoit accoutumé de faire à la Pentecôte, comme une miséricorde de Dieu, qui nous vouloit consoler de ce qu’elle n’a pas été en état de recevoir le viatique. » — Ainsi mourut et vécut dans un mélange de douceur triste et de vive souffrance, de sagesse selon le monde et de repentir devant Dieu, celle dont une idéale production nous enchante. […] Feuillet de Conches) ; il s’agit d’un souper chez la comtesse de Grammont, où se trouvaient Mme de Caylus, Cavoye, Valincour, Despréaux et Racine lui-même : « Votre amie Mme de La Fayette, écrit ce dernier, nous a été d’un bien triste entretien.
. — III « Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. […] Sa pâle et triste enfance s’était écoulée auprès d’une mère dont le cœur méconnu, froissé, avait toujours souffert.
Quand je ne voyais ni forêt, ni lac, ni mer aux vastes rivages, j’étais triste et ne jouissais de rien. […] Je communiquai à mon excellent père le sujet de mon chagrin : ces essais qui disparaissaient entre mes mains, ces animaux si agiles et si frais pendant leur vie, et livrés après leur mort à une si triste métamorphose.
Le rire délicat, ce rire de l’esprit, que provoque le ridicule finement exprimé, laisse une arrière-pensée triste et comme un arrière-goût d’amertume ; le gros rire, que ne suit aucune réflexion, réjouit le cœur et fait circuler le sang. […] Mais, écrivant pour la comédie, il n’a pas voulu rendre la vérité triste pour la rendre plus forte : il a donné pour amants aux jeunes filles d’honnêtes jeunes gens qui respectent ce qu’ils aiment ; et c’est encore un trait charmant de vérité qu’elles aient conservé, malgré leurs précepteurs, un sens moral qui rend leurs tromperies innocentes par la pudeur qu’elles savent y garder, et par le mariage qui est au bout.
Des mois dura, par l’habitude et des vouloirs étrangers, le hantement des maisons universitaires, et j’appris étudier aux documents, lire les chronologies et savoir des choses qu’enferme une belle critique historique ; mais, depuis la triste décision des directeurs de l’École Normale, le démon musical s’était promu à une forte position en mon cœur ; les plus beaux procédés des critiques historiques eurent moins de mes faveurs ; elles allaient, mes faveurs, à la composition de musiques. […] Le Prélude : — Une vague initiation à des lointains, un effort calme à des lointains, et des prières ; et la recherche plus âpre, l’aspiration plus douloureuse, et l’attente plus triste ; et la consolation de quelque promesse, sous l’entrouvrement d’un voile au spectacle d’âme.
Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune. […] Tous les chefs-d’œuvre anciens, où les critiques voient du soleil, de la chair illuminée de lumière, m’ont paru bien tristes, bien blafards, bien noirs, et d’un artifice d’art bien surfait.
Si l’on ajoute qu’à toutes ces similitudes, s’associent en Dickens, le plus singulièrement du monde, une sensibilité délicate et triste, une puissante imagination du fantastique et du grotesque, la retenue de l’Anglais moderne ; qu’il y avait en lui du moraliste, du réformateur social, du parvenu timide et un peu rancunier ; qu’une intelligence malheureusement partiale contrôlait mal ses émotions et plus mal encore ses facultés, il semblera utile de fixer encore une fois aujourd’hui — entre la popularité et l’oubli — la physionomie de cet écrivain. […] La cour où est introduit David Copperfield au début de ses études de droit, la salle triste où siègent immobiles des juges raides et chuchotants, est un lieu d’un calme languissant, et tous les traits du tableau servent à développer cette impression de somnolent repos.
Pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ! […] « Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ?
…………………………………………………… …………………………………………………… Du triste état des Juifs nuit et jour agite, Il me tira du sein de mon obscurité, Et, sur mes faibles mains fondant leur délivrance, Il me fit d’un empire accepter l’espérance. […] Le seul motif poétique de cette visite paraît être de faire manifester par le roi, à sa favorite, des adorations et des éloges qui retombent directement sur Mme de Maintenon : Croyez-moi, chère Esther, ce sceptre, cet empire, Et ces profonds respects que la terreur inspire À leur pompeux éclat mêlent peu de douceur, Et fatiguent souvent leur triste possesseur.
Qui est-ce qui ne connaît pas Horace, le précepteur de tous les hommes dans la morale, de tous les littérateurs dans l’art d’écrire, mais le plus adroit corrupteur des grands ; le libertin et malheureux Ovide, ses Tristes, ses Fastes, ses Amours, ses Métamorphoses, son esprit, sa facilité, sa volupté ; les naïves saletés de Catulle, la douce mélancolie de Tibulle, la chaleur de Properce, la noble et vertueuse audace de Juvénal, la finesse, la bonne plaisanterie et les élégantes obscénités de Martial ? […] Je ne veux ni un sec et triste détracteur des Anciens, ni un sot admirateur de leurs défauts.
intérieur d’un lieu souterrain, d’une caverne éclairée par une petite fenêtre grillée placée au fond du tableau, au centre de la composition qu’elle éclaire. au bas de la caverne, sous un des pans, à l’angle droit, à ras de terre, petit enfoncement où les habitans du triste domicile ont allumé du feu et font la cuisine. […] Le prêtre d’Apollon s’en allait triste et pensif le long des bords arides et solitaires de la mer qui fesait grand bruit ; élevez de l’autre côté des rochers, et voilà un tableau.
Il me paraît plein de gravité, d’énergie et d’images fortes, mais profondément tristes ; aussi je n’en lis guère, car il me rend l’âme toute sombre.
Né dans une ville où l’on ne savait ni l’allemand ni le français, je ne savais aucune langue ni même le latin, qu’il me fallut apprendre tout seul, quoiqu’une première éducation eût été, comme c’était l’usage, employée à ses tristes et inutiles rudiments.
Prevost-Paradol, à son tour, écrivant un article sur Tocqueville, répondit à cette pensée, et, dans une prosopopée touchante où il le faisait parler, il témoigna, comme c’était son droit, que ses amis le louaient au contraire d’avoir eu la sensibilité si vive, et ne le désiraient pas autre qu’il ne s’était montré à eux, c’est-à-dire triste jusqu’à en mourir.
On y voit se développer ce caractère ondoyant et complexe « avec toute la progression de ses sentiments, depuis les premiers mouvements d’une bonté naturelle jusqu’aux tristes jouissances d’un égoïsme raisonné. » Le sceptique y est combattu par de bonnes raisons, et les seules dignes d’un philosophe moderne.
Est-ce pour se justifier d’avoir supplanté et détrôné son triste mari ?
Je m’explique pourquoi cette physionomie, prise au repos et fixée par la photographie, est plutôt grave et triste, et si fortement travaillée ; je ne l’avais vu que dans le monde, c’est-à-dire causant, animé et charmant.