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893. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Certes, les neveux ont eu, de tout temps, au théâtre, d’étranges privautés avec leurs oncles, à la condition cependant qu’ils restent dans le vague et dans le lieu commun de cette parenté vouée à toutes les irrévérences et à tous les camouflets de la comédie. […] ô coup de théâtre !

894. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

L’auteur qui, dans son titre de Révolutions de Brabant, fait allusion à la révolution qui se tentait alors dans les provinces belges, s’occupe d’ailleurs de tout ce qui peut piquer la curiosité en France : Tous les livres, dit-il dans son prospectus, depuis l’in-folio jusqu’au pamphlet ; tous les théâtres, depuis Charles IX jusqu’à Polichinelle ; tous les corps, depuis les parlements jusqu’aux confréries ; tous les citoyens, depuis le président de l’Assemblée nationale, représentant du pouvoir législatif, jusqu’à M.  […] Il dit agréablement de Brissot : « Je m’en veux d’avoir reconnu si tard que Brissot était le mur mitoyen entre Orléans et La Fayette, mur comme celui de Pyrame et Thisbé, entre les fentes duquel les deux partis n’ont cessé de correspondre. » C’est avec ces gentillesses qui seraient à peine à leur place dans un feuilleton de théâtre, que l’insensé Camille aidait de plus en plus à dépraver l’opinion et à chasser les victimes sous le couteau.

895. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Je ne prendrai en Mme de Girardin que la femme, le poète de société et de théâtre, le moraliste du monde et de salon, Delphine, Corinne, et le vicomte Charles de Launay, rien que cela. […] Ne voyez-vous pas déjà d’ici le siècle en perspective, avec sa prétention grandiose d’une part, et sa vocation positive de l’autre : le tombeau de Charlemagne pour décoration et fond de théâtre, et une caisse de receveur général tout à côté ?

896. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Mais ces écarts et, pour tout dire, ces échappées, par où il déjoue et rompt parfois sa ligne générale, se réduisent de beaucoup, aujourd’hui qu’on a la clef de tout, et qu’on peut, durant cette période dernière, le suivre presque jour par jour, et sur le théâtre, et derrière la scène. […] Puis, tout à coup, sa perspicacité d’homme d’État revenait à la traverse pour l’avertir qu’il poussait lui-même à l’abîme ; et redescendu du théâtre et du rôle : « Mais à quoi donc pensent ces gens-là ?

897. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas, et de leur donner mille écus de mon argent, plutôt que de leur manquer de parole. Comme ils étaient prêts de jouer à la ville, M. le prince de Conti, un peu piqué d’honneur par ma manière d’agir et pressé par Sarasin, que j’avais intéressé à me servir, accorda qu’ils viendraient jouer une fois sur le théâtre de La Grange.

898. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Je ruine l’un, je fais l’aumône à l’autre. » Et encore : « Mes curés reçoivent mes ordres, et les prédicants genevois n’osent me regarder en face. » Une furieuse tempête s’élève à Paris contre les encyclopédistes ; d’Alembert quitte décidément l’entreprise ; Palissot va mettre sur la scène les philosophes ; mais Voltaire qui, dès son entrée en possession, a fait bâtir un petit théâtre à Tourney, et qui y fait jouer la comédie pour narguer Genève et Rousseau, s’écrie dans son exaltation et son triomphe : « Si quelqu’un est en souci de savoir ce que je fais dans mes chaumières, et s’il me dit : Que fais-tu là, maraud ? […] J’ai dit qu’après quelques débats sur les termes du marché, Voltaire acheta du président la terre et le château de Tourney sa vie durant ; il avait de grands projets d’abattre, de reconstruire et d’embellir, et il s’y fait aussitôt avec sa vivacité naturelle, en commençant comme de juste par le théâtre.

899. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle représentera cet âge sur son théâtre même, au milieu de ses entours, assis dans ce monde de choses, auquel un temps semble laisser l’ombre et comme le parfum de ses habitudes. […] Négligé par l’histoire, le xviiie  siècle est devenu la proie du roman et du théâtre, qui l’ont peint avec des couleurs de vaudeville, et ont fini par en faire comme le siècle légendaire de l’opéra-comique.

900. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Quels jolis tableaux pour les théâtres mécaniques de la foire au pain d’épice ! […] Presque tout le théâtre de Casimir Delavigne, d’Emile Augier, de Ponsard est rédigé dans ce style, qui est aussi celui des Janin, des About, des Méry, des Feuillet . « C’était, dit About, comme un roseau fêlé qui plie sous la main du voyageur. » Ici le copiste amis une date au bas de sa sottise ; elle est certainement contemporaine de la vogue du « Vase brisé ».

901. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Il caractérise les pièces de Shakespeare de ce mot : « Farces monstrueuses qu’on appelle tragédies », et complète le prononcé de l’arrêt en déclarant que Shakespeare « a perdu le théâtre anglais ». […] Il est de l’olympe et du théâtre de la foire.

902. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Quelquefois, à un moment donné, le type sort tout fait d’on ne sait quelle collaboration du peuple en masse avec un grand comédien naïf, réalisateur involontaire et puissant ; la foule est sage-femme ; d’une époque qui porte à l’une de ses extrémités Talleyrand et à l’autre Chodruc-Duclos, jaillit tout à coup, dans un éclair, sous la mystérieuse incubation du théâtre, ce spectre, Robert Macaire. […] Il parle littérature, récite des vers, fait un feuilleton de théâtre, joue avec des os dans un cimetière, foudroie sa mère, venge son père, et termine le redoutable drame de la vie et de la mort par un gigantesque point d’interrogation.

903. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Mais c’est au théâtre de *** que Monleau est surtout beau à contempler. […] Chaque année, Monleau écrit un drame — qu’il fait représenter sur le théâtre de la ville pour flatter les instincts décentralisateurs de la population.

904. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre. […] Si la dialectique est nécessaire, c’est seulement dans les matières de dogme ; mais ces matières sont plus faites pour les livres que pour la chaire, qui doit être le théâtre des grands mouvements et non pas de la discussion.

905. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Agathon mit sur le théâtre des sujets de pure invention : l’art alors fut perdu. […] Pour nous l’erreur était bien facile, parce que les véritables sujets tragiques des anciens, transportés sur nos théâtres, ne pouvaient être que des sujets d’imagination.

906. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Or, cet aveuglement de l’esprit et ce vice de la volonté n’étant point, quand la Révolution éclata, dans la masse du peuple, mais, comme l’a prouvé Cassagnac, uniquement dans ceux qui la menèrent et l’égarèrent, nous parler à fond de ces meneurs coupables, nous ouvrir leur âme, passer de l’homme public, exagéré par la perspective du théâtre, à l’homme privé, saisi dans la stricte rigueur de ses habitudes et de ses passions, dans ce terrible tous les jours de la vie qui nous en dit tant sur les hommes ! […] Il sait que le plus souvent c’est le creux de la tête des hommes qui fait la sonorité de la gloire, comme, dans les théâtres antiques, c’était le vide des vases d’airain qui doublait le son de la voix.

907. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Guizot a pourtant voulu le prolonger encore et l’agrandir ; ces éloquences faites pour de plus vastes théâtres débordent à tout moment leur cadre.

908. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Dans l’ancien régime, tous les Français, plus ou moins, s’occupaient extrêmement du paraître, parce que le théâtre de la société en inspire singulièrement le désir.

909. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Mais de plus, avant le roman contemporain, avant le théâtre du XVIIc siècle et les Caractères de La Bruyère, le Plutarque français fut le recueil des gestes, attitudes, et physionomies d’individus en qui l’humanité réalise la diversité de ses types : ainsi fut-il un répertoire de sujets dramatiques.

910. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Mais on s’applaudit d’une manifestation populaire en faveur de la France, au théâtre Carl de Vienne, où la salle s’est levée tout entière pour écouter la Marseillaise.

911. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

« Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.

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