Car il tendait à une démonstration. […] Sa mère, tendre et pieuse. […] Le décor et le paysage tendent leur pinceau et leur crayon. […] Elle tend à Dieu la main, comme elle l’a tendue au soleil, à l’espace et aux fruits. […] Ils tendent à rapprocher de nous l’époque des poèmes homériques.
« La nature m’avait faite pour être une bonne épouse, une pauvre innocente colombe domestique ; tendre sans art, douce sans tromperie727. » Non, certes, ou du moins cette tourterelle n’eût point dompté ni gardé Antoine ; une bohémienne seule le pouvait par la supériorité de l’audace et la flamme du génie. […] On sent que son temps lui nuit, qu’il émousse lui-même l’âpreté et la vérité de son émotion, que le mot propre et hardi ne lui arrive plus, que tout autour de lui le style oratoire, les phrases d’auteur, la déclamation classique, les antithèses bien faites viennent bourdonner, étouffer son accent sous leur ronflement tendu et monotone. […] Comme Shakspeare, il a trouvé de ces mots poignants, et vivants737, qui montrent le fond de l’homme, l’étrange craquement de la machine qui se démonte, le roidissement de la volonté qui se tend jusqu’à se briser738, la simplicité des vrais sacrifices, les humilités de la passion exaspérée et mendiante qui implore jusqu’au bout contre toute espérance sa pâture et son assouvissement739. […] L’esprit, tendu par le rhythme, s’étudie davantage, et arrive à la noblesse par la réflexion. […] Puis un chant tendre l’amollit : Timothée célèbre l’amour et la rayonnante beauté de Thaïs.
Vendredi 19 avril Je voulais travailler aujourd’hui, mais les roulades des oiseaux, la nage folle des poissons sortant de leur léthargie de l’hiver, le bruissement des insectes, l’étoilement du gazon par les blanches marguerites, le vernissage des jacinthes, et des anémones par le soleil, le bleu tendre du ciel, la joie de l’air d’un premier jour de printemps… m’ont fait paresseux et habitant de mon jardin, toute la journée. […] C’est curieux, si je suis bien nié, bien haï, bien insulté, j’ai des enthousiastes, et surtout chez des femmes du peuple, en ce temps où il n’y a plus de religion, et où je me sens, dans leur imagination, occuper la place d’un prêtre, d’un vieil être auquel va un respect religieux un peu tendre. […] Vendredi 27 septembre Deux femmes causaient, devant moi, des premières années de leurs mariages, de la gêne qu’elles éprouvaient devant l’être intimidant et inconnu, devenu leur seigneur et maître, de l’espèce d’effarouchement douloureux de leurs susceptibilités d’êtres timides, tendres, inexpérientes. […] » Alors prenant le bras que vous lui tendiez, elle allait s’asseoir au piano, où elle jouait d’une manière tout à fait extraordinaire. […] Et malgré moi, je suis touché, et je sens qu’à travers l’abominable jalousie qu’il a eue de moi, toute sa vie, une vieille habitude, un restant tendre de notre acoquinement artistique dans le passé, enfin le plaisir de causer avec moi du Japon, triomphe de cette jalousie, et le fait, par les moments tristes de sa vie, presque aimant de ma personne.
En vertu de quelle loi psychologique un groupe de phénomènes analogues, une fois formé et devenu une habitude périodiquement actuelle, tendrait-il à se dissoudre ? […] Quel que soit l’affaiblissement d’une idée, le mot qui lui correspond dans le langage intérieur garde intacte son intensité, et pourtant leur répétition simultanée tend à les affaiblir également l’un et l’autre. […] Dans ce dernier cas, qui est rare, et surtout difficile à bien constater, nous retrouvons les rapports ordinaires de la parole et de la pensée durant l’état de veille ; et, dans les cas de moindre distraction, il ne serait pas exact d’affirmer que les mots n’éveillent à aucun degré les pensées correspondantes : sans doute, alors, l’intensité des idées relatives aux mots prononcés tend vers zéro, et elle se rapproche de cette limite à mesure qu’une autre série d’idées s’empare peu à peu de la conscience ; mais elle ne devient absolument nulle que lorsque cette nouvelle série a pris la parole à son tour et rétabli ainsi, dans la succession des faits psychiques, ce dualisme du mot et de l’idée qui est la loi de notre existence. […] Ajoutons qu’entre le sommeil et la distraction, si les différences sont incontestables, les analogies sont grandes assurément ; mais la distraction est, au sein de l’état de veille, un état anormal ; dans l’état vraiment normal, l’âme possède sans effort une activité une, ou bien elle tend et elle réussit à maintenir l’harmonie dans la diversité inévitable des faits qui la composent ; lorsqu’elle échoue, alors seulement on peut dire qu’une partie de ses faits, soustraits à la direction de l’attention, obéissent à des lois analogues à celles du sommeil. […] L’analyse logique, la version, et, en général, tous les exercices qui obligent à réfléchir, prennent les mots comme moyen, les idées comme but ; ils forment l’esprit à aimer ses idées, à les surveiller, à les regarder en toute occasion, soit pour les ranger dans un nouvel ordre et corriger leurs défauts, soit et plus souvent pour leur restituer ce que l’habitude à chaque instant tend à leur enlever d’existence et d’existence distincte.
Il croit, toujours selon l’évangile optimiste, que la moralité tend à se fixer dans l’homme, à s’incorporer à l’organisme même. […] Il est visible, au contraire, que les hommes tendent, non pas à s’assimiler organiquement la morale socratico-chrétienne, mais à s’en débarrasser comme d’un obstacle à l’activité normale. […] Mais l’égalité tend à devenir sociale ; elle va opérer non sur des droits, ou des faits, ou des choses : elle va s’attaquer aux individus eux-mêmes et les niveler jusque dans leur physiologie, jusque dans leurs aptitudes naturelles. […] Partout l’arbre tend à disparaître. […] Il est possible que cet usage tende à se répandre ; il est tout nouveau, et il suffirait, pour le modifier, d’une notation différente dans les vocubulaires usuels, car le mot est de ceux qui ne se disent que rarement.
Illustre et tendre ami de l’humanité, je vous salue et vous embrasse. […] Cependant une épouse sensible, une mère tendre qui les entend, en verse des larmes de joie. […] C’est à ce titre que je vous dois tous les sentiments tendres d’un enfant pour son père ; et c’est avec ce profond respect que j’ai l’honneur d’être, etc. […] Vous pouvez les adapter à votre voix, et votre musique vocale est toujours tendre, variée, touchante, j’oserai même dire voluptueuse. […] Pour moi, si j’avais l’éponge qui pût le nettoyer, j’irais lui tendre la main, je le tirerais de son bourbier, et le nettoierais.
Doit-on croire qu’elle ait éprouvé à son égard un sentiment différent de l’estime, plus tendre et plus passionné ? […] Les desseins de Bonaparte se découvraient : ils tendaient sûrement au pouvoir personnel. […] l’homme tend à la nature une coupe aussi large et aussi vide qu’elle. […] En parlant de crime d’amour, on fait bénéficier le crime de tout ce que le nom seul de l’amour éveille en nous de souvenirs tendres et d’émotions poétiques. […] Cela ne veut rien dire et tout de même remue au fond de nous on ne sait quoi de triste et de tendre.
Le premier de ces deux jugements est d’ailleurs à la fois confirmé et amendé par cette observation qu’un mal de tête est une gêne pour le travail intellectuel151, et par quelques autres analogues ; ces observations tendent à transporter de la bouche au front le lieu de la pensée, et, par suite, elles généralisent la localisation : la pensée se trouve dès lors située dans la tête en général et non plus particulièrement dans la bouche152. […] Cardaillac lui-même ne parle que d’un « frémissement presque imperceptible »153 ; il ajoute que « l’habitude tend à le diminuer et finit par le faire disparaître entièrement », et il ne pense pas que « les hommes studieux, habitués à la méditation », puissent réussir à l’apercevoir, à moins de suivre le conseil qu’il leur donne de « s’écouter avec attention » ; alors, dit-il, « ils le retrouveront quelquefois, surtout lorsqu’ils s’occuperont d’objets qui leur sont moins familiers, ou bien lorsqu’ils sentiront le besoin de se rendre plus vivement sensibles leurs idées et les expressions dont ils les revêtent », c’est-à-dire lorsqu’une difficulté dans le problème étudié excitant les puissances de l’âme et donnant plus d’énergie à la parole intérieure, celle-ci se trouvera ressembler davantage à la parole extérieure. […] Pour découvrir les faits du moi implicite, tels que la parole intérieure dans ses manifestations les plus fréquentes et les plus remarquables, le psychologue doit cultiver sa faculté naturelle de reconnaître les faits intérieurs : pour les faits reproduits dans la conscience après un temps d’oubli, il lui faut lutter contre l’habitude négative qui les dépouille peu à peu de la reconnaissance, et tendre à faire de celle-ci, par un exercice régulier de l’attention, une habitude positive ; il doit aussi, il doit surtout chercher à étendre cette habitude de reconnaître aux faits immédiatement passés, avant qu’ils aient subi les premières atteintes de l’oubli. […] Je ne sais, et c’est justement à le démêler que tend tout mon effort).
Des cellules nerveuses apparaissent, se diversifient, tendent à se grouper en système. […] Ce conducteur se compose d’une multitude énorme de fils tendus de la périphérie au centre et du centre à la périphérie. […] Mais plus la distance décroît entre cet objet et notre corps, plus, en d’autres termes, le danger devient urgent ou la promesse immédiate, plus l’action virtuelle tend à se transformer en action réelle. […] Alors la matière, devenue de plus en plus homogène à mesure que nos sensations extensives se répartiraient sur un plus grand nombre de moments, tendrait indéfiniment vers ce système d’ébranlements homogènes dont parle le réalisme sans pourtant, il est vrai, coïncider jamais entièrement avec eux.
Combien de natures originellement riches et tendres se sont ainsi perverties, tout en continuant de plaire, et d’abuser les autres, et de s’abuser elles-mêmes !
Mme de Staël avait uni à des dons puissants d’imagination et de sensibilité un coup d’œil politique et philosophique fort étendu ; mais elle faisait exception dans son sexe, et, depuis elle, la prétention de nos femmes, même les plus distinguées, s’était restreinte à des chants suaves, à de délicates peintures, à une psychologie fine et tendre sous l’aile du christianisme.
Avec un peu d’habitude, on s’y endurcit ; et mon ami, bien qu’il ait le cœur poétique et tendre, en est venu à ne plus mesurer ce champ d’oubli qu’à la toise.
Il n’y avait donc rien que de simple et plutôt d’heureux à un rapprochement et à un sentiment de tendre sympathie, tel qu’en pouvait éprouver pour lui un Dante touché du mystique rayon, ou encore un saint Augustin à travers ses larmes.
Celui qui se sent le don de la parole se persuade que le gouvernement de tribune est le meilleur, et il y tend ; et ainsi de chacun.
Trois jours de combat, et les ateliers se rouvrirent avec la certitude d’une longue sécurité ; c’est ce que voulait un peuple qui craint le joug du besoin, mais qui a accepté la nécessité du travail depuis qu’il jouit d’un peu d’aisance et d’un peu d’instruction qui doivent tendre à s’accroître, dès que des habitudes nouvelles lui ont fait comprendre qu’il n’y a rien de plus moral que le travail pour ceux qui ont leur fortune à commencer, et que la vie publique pour ceux dont la fortune est faite. » Après ce qui s’est passé dans les rues, l’auteur de la brochure comprend et indique très-bien ce qui doit se passer dans le gouvernement par rapport à la société.
Quelques-uns l’ont déjà dit : naturellement et dans la réalité, il est impossible que le duc de Richelieu, lorsqu’à la fin du second acte il se dirige à tâtons vers sa tendre proie, ne s’aperçoive pas presque aussitôt de la méprise et de la ruse.
Il y a à côté d’Ordonio, de l’amant égoïste, une douce et tendre figure d’amant discret et sacrifié.
Les points de vue d’où l’on part et ceux où l’on tend sont si différents, si contraires ; les mobiles sont si opposés !
Quelque chose d’enthousiaste comme elle, des pensées qui, comme elle aussi, dominent l’imagination, servent de recours aux esprits qui n’ont pas eu la force de soutenir ce qu’ils avaient de passionné dans le caractère : cette dévotion se sent toujours de son origine ; on voit, comme dit Fontenelle, que l’amour a passé par là ; c’est encore aimer sous des formes différentes, et toutes les inventions de la faiblesse pour moins souffrir, ne peuvent ni mériter le blâme, ni servir de règle générale ; mais la dévotion exaltée qui fait partie du caractère au lieu d’en être seulement la ressource, cette dévotion, considérée comme le but auquel tous doivent tendre, et comme la base de la vie, a un tout autre effet sur les hommes.