Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la peinture, qui a mérité d’être traduit et commenté par M. de Piles, et dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être medecin.
Plus de bras pour cultiver la terre ; en plusieurs provinces, les habitants obligés de mêler de l’argile à la farine pour faire du pain ; de temps en temps, des émeutes terribles, émeutes de la faim et du désespoir ; des hivers rigoureux qui tuent en germe l’espoir de la récolte future ; les laquais du roi mendiant aux portes du palais ; les grands seigneurs et même Mme de Maintenon réduits parfois à manger du pain d’avoine ; tel est le tableau qu’offre à la fin du grand siècle la France, près de faire banqueroute. […] Vous y trouverez des pantoums malais, des romans chinois, des japonaiseries tant qu’il vous plaira, des souvenirs de Taïti et des pampas, des tableaux vivants de l’Islande glacée et de l’Afrique brûlée. […] Il y aurait une contrepartie à opposer aux sombres couleurs de ce tableau.
Les origines du monde sont ainsi expliquées en cinquante pages… Une impression vraiment profonde naît parfois de l’animation des tableaux évoqués ; mais l’émotion n’y a aucune part. […] De petits tableaux de genre qui rappellent Heine, de larges apostrophes qui rappellent Ronsard nous avertissent que ce n’était là que l’abandon partiel d’un instant. […] Son livre est un musée où vivent des tableaux ; J’y sais des coins de ciel sanglant sur Salamine, Une ornière fangeuse où la trace divine Des sylvains est marquée ; une montagne, un champ Des palais sur un port doré par le couchant ; Quelques bandes de fer et de bronze bardées ; Le corps chaud d’ambre blond des papesses fardées, Des filles près d’un puits ; et j’y sais un jardin Où lui-même s’est mis contre le fût d’un pin Qui dans le noir fouillis de sa maîtresse branche, Retient comme un grand nid la pleine lune blanche.
Au lieu de tracer une nouvelle peinture et de rapprocher ainsi l’idéal du spectateur, c’est le spectateur qu’elle rapproche du tableau antique. […] Je voudrais que l’histoire de la littérature ne devînt pas de l’histoire à propos de littérature ; que les détails qui représentent la société, les mœurs, les gouvernements, fussent le cadre et non le tableau. Aujourd’hui le cadre est trop large, ou peut-être le tableau trop petit.
Le peintre ardent des Orientales, le magnifique et le puissant de la Légende des Siècles, qui faisait ruisseler la couleur par si larges touches, n’a plus maintenant, pour peindre ce qu’il voit ou ce qu’il veut montrer, qu’un hachis de hachures pointues… Voyez son pendu, dans ce premier volume de l’Homme qui rit, cette description qui dure le temps d’une dissertation, et qui n’est, après tout, qu’un cul-de-lampe extravasé, malgré sa visée d’être un tableau net et terrible ! […] multiplier les exemples de cette caresse à l’impossible, de cette création à plaisir de la difficulté, pour la vaincre, qui fait ressembler Hugo à un homme qui peindrait un tableau à cloche-pied ou au saltimbanque qui boit et mange la tête en bas et que je trouve en tant de pages de ce livre, où, quand l’héroïsme royaliste tarit ou s’interrompt, il n’y a plus que des complications insensées ou d’immenses ridiculités ! […] Quand Walter Scott, qui est le Shakespeare du Roman, et quand Balzac, pour lequel je cherche un nom qui puisse dire sa place, plus haute que celle de Walter Scott, nous donnent ces récits qui sont les vraies épopées de ce siècle, ils ne procèdent point par heurts et par tableaux détachés.
Voyez le tableau que M. […] Il est venu à son heure, il a donné au public le goût de la vie et des tableaux taillés dans la réalité. […] Gondinet, qui achève de démoder la formule de Scribe, par ses tableaux si spirituels, traités en dehors de toute action. […] Ils se persuadent qu’ils ont tout mis dans un tableau, que l’œuvre est définitive et complète. […] Leur nature est une monstruosité, qu’ils ont rapetissée ou grandie, en voulant en soigner le tableau.
Et, si l’on craignait que le tableau ne fût un peu vide, rien n’empêchait d’y ajouter Oronte et Arsinoé et quelques seigneurs et quelques dames. […] Ces fables, ils les considéraient, en bons chrétiens, comme des inventions suggérées par le diable ; mais ils jouissaient tout de même, en hommes d’esprit, des tableaux séduisants et sensuels qu’elles offrent à l’imagination. […] Paul Meurice (trois actes et huit tableaux) 19 avril 1886. […] La clairière des fées, la retraite de Titania, la vue d’Athènes au dernier tableau, sont comme des rêves réalisés, surtout si on regarde en fermant les yeux à demi. […] Ces légers tableaux rappellent les albums de Gavarni.
Le ciel était très noir ; il était comme dans ce tableau où le Poussin a voulu peindre le déluge ; seulement toutes les nuées remuaient, tourmentées par un vent qui faisait peur. […] Le baptême est un petit tableau de maître. […] À côté de ce tableau délicieux, M. […] Comme on le voit, ce ne sont pas les tableaux dramatiques et émouvants qui manquent à la nouvelle l’œuvre de M. […] Il ferme les yeux pour mieux revoir un visage ; il se rappelle un geste, un parfum, un silence qui fut gros de pensées… le tableau s’élargit, s’étend, occupe à la fin l’horizon.
J’y trouve l’exact tableau de ces dures années. […] Je ne veux pas entrer dans ce détail du sombre et terrible tableau qu’a tracé Michelet. Tableau peut-être poussé au noir, mais saisissant, logique, impitoyable, où il y a de la vérité et de la rancune. […] Suivez page par page ce merveilleux Tableau de la France. […] Le tableau est étonnant de grandeur et de pittoresque, de bouffonnerie et d’horreur.
Pour l’être doué du sens de la vue, le souvenir est une série de tableaux, c’est-à-dire d’images et de couleurs ; ces images se tiennent et s’appellent l’une l’autre. […] Voici par exemple, en trois vers, un tableau de V. […] C’est qu’en réalité on ne la voit pas seulement avec l’œil, tous les sens excités à la fois contribuent à la formation du tableau. […] Cependant, remarquons aussi qu’un tableau, une statue, sont d’autant meilleurs qu’ils excitent par association les facultés les plus diverses de notre être. […] Un langage uniformément imagé altère même la pensée au lieu de la faire ressortir ; c’est comme un tableau où toutes les couleurs seraient portées à leur plus haut éclat, sans dégradations et sans nuances.
C’est un passage presque éloquent que celui où la rotation de la terre inspire à l’auteur ce tableau mouvant, glissant devant nos yeux, des différents peuples humains. […] Dieu sait si Le Sage est philosophe ; mais, à sa manière, il aime aussi généraliser, et sinon avoir des idées universelles, du moins tracer des tableaux d’ensemble. […] Coordonner ses documents dans un tableau d’ensemble et faire mouvoir ce tableau sous les yeux du lecteur par la machine simple et légère d’un récit un peu lent, l’idée peut lui en plaire, et il écrira le Gil Blas ; mais il faut déjà qu’il ait d’autres dons, et partant d’autres sollicitations que ceux du simple moraliste. […] Ce ne sont point des tableaux très riches et abondants des mœurs humaines que le théâtre peut nous présenter, c’est l’analyse très nette, très diligente et bien conduite, d’une ou deux passions dans chaque pièce, et c’en est assez ; c’est l’évolution, bien suivie en ces phases successives, d’un ou de deux sentiments, qu’on saura présenter et opposer d’une manière dramatique. […] Eh bien, Marivaux était à son aise au théâtre précisément parce qu’il savait creuser un caractère, et parce que le grand tableau de mœurs, qu’il n’eût pas su remplir, ne lui était pas demandé là.
C’est ici, me semble-t-il, un tableau purement objectif, composé sans autre souci que d’y voir clair dans une période de l’Histoire, en dehors de toute visée symbolique, philosophique ou morale. […] Le tableau des extases et des jongleries de Vintras, qui vient faire une visite à Sion, ne nous enchante pas non plus ; du reste, M. […] Il s’appuie sur Michelet, pour qui (Tableau de la France) la Champagne est un pays « plat, pâle, d’un prosaïsme désolant ». […] Au surplus, le Tableau de la poésie française au seizième siècle est de 1828, et Joseph Delorme de 1829. […] Agathon présente un tableau d’ensemble, sans indiquer ses sources.
Duclos, dans ses premières pages, donne un tableau général succinct de l’état de la France sous le règne de Charles VII. […] Il commence par un tableau circonstancié des dernières années de Louis XIV : ici, malgré les imitations et les emprunts que nous allons signaler, on sent dans le récit de Duclos une vive impression personnelle, qui y donne le mouvement.
C’est un grand tort aux yeux des hommes que d’être un tableau sans cadre, tant ils sont habitués à voir des cadres sans tableaux.
Poirson a dressé (page 134 de son premier volume) une sorte de tableau synoptique de toutes ces prétentions et demandes de gouvernements et de provinces, dont quelques-unes en toute souveraineté. […] Haag, qui dans une notice savante, mais composée et construite sous l’empire d’un ressentiment vivace contre celui qui a quitté leur communion, ont cru devoir assombrir ou, comme ils disent, ombrer le tableau des dernières années de ce beau règne.
n’est-ce pas là un charmant et varié tableau ? […] On a le tableau de ses applications multiples jour par jour.
Ce genre de travail et d’inventaire l’a conduit à nous tracer un tableau de la vie privée de la noblesse féodale en ces âges où les mœurs, dans les hautes classes et les classes aisées, cessèrent d’être barbares dès le XIIIe siècle et devinrent même assez raffinées au XIVe. […] Voici ce petit tableau et ce colloque, plein de mouvement, de coquetterie et de grâce : « Les dames mirent beaucoup de temps à faire leur toilette.
Il est vrai qu’on s’en dispense trop souvent pour les juger ; toutefois, en voyant un tableau, en entendant un beau morceau, tout le monde ne se croit pas capable plus ou moins d’en faire un pareil. […] Villemain a publiés l’année dernière (les volumes contenant le Tableau du XVIIIe siècle) ; il les dévora, et cette lecture fit sur lui un effet extraordinaire.
On se rappelle, en effet, les scènes délicieuses de cet ouvrage étrange, la pureté virginale d’Ordener, le baiser d’Éthel dans le long corridor ; le reste n’eût été qu’un fond noirci, un repoussoir pour faire ressortir le tableau, une ombre passagère et orageuse de désespoir. […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli.