/ 1643
1006. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Il l’a naturellement ; ce n’est pas un système ; tout ce caoutchouc-là est sa vraie peau.

1007. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval ne procède jamais à la manière incolore de ce pauvre diable de Le Sage, à peu près poétique comme son nom, mais il n’en trouble pas moins la hiérarchie des choses, dans son système de roman, en mettant en premier l’intérêt des événements, qui devrait être le second, et en second, l’intérêt des sentiments, qui est certainement le premier… Et ne croyez pas qu’il n’en ait pas l’intelligence !

1008. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Si on lisait pour la première fois Francis Wey, si on ne savait pas à quel système d’idées cet esprit convaincu et ferme s’appuie d’ordinaire, on éprouverait une anxiété singulière en lisant les premières pages de ce livre, écrites avec une impartialité dont l’auteur semble faire une énigme.

1009. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Par le même caractère, il devait se faire un plan raisonné du bonheur ; il consentait bien à instruire, mais il voulait plaire ; il ne mettait assez d’intérêt ni à la vérité, ni aux hommes, pour se compromettre : il ne devait donc jamais présenter la vérité avec chaleur ; et son système devait être de la laisser entrevoir plutôt que de la dire.

1010. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Quand il semble occupé d’histoire, il ne s’attache en réalité qu’à construire sur des actions humaines un système philosophique. […] Il ne retournera pas demain contre son système les faits qui le défendent aujourd’hui. […] » Il prenait les âmes non par violence et à grandes secousses, dans le filet d’un système, mais avec la douce force des eaux bienfaisantes qui fécondent les terres. […] Ce n’est pas avec le nescio quid ou le ut ita dicam du De officiis qu’on aurait pu, par exemple, établir une comparaison entre le système philosophique de Duns Scot et celui de saint Thomas.

1011. (1897) Aspects pp. -215

Enfin, pour conformer tout à fait le gouvernement de la poésie au brillant système qui assume la charge de nous diriger dans l’existence, on pourrait décider que le prince élu régnera sept ans. […] On le traite de fou, de désorganisateur et surtout de mouchard — système de dénigrement en honneur, encore aujourd’hui, chez les politiciens collectivistes19. […] C’est à ce système que se rallieront tôt ou tard les syndicats ouvriers lorsque ils se débarrasseront de l’illusion politique et des ambitieux qui les exploitent pour s’orienter vers la Grève générale. […] Ce système sera celui des professionnels de la critique qui, ne produisant pas effectivement, se donnent le mandat d’instaurer un idéal-type, un étalon que tous devront, à leur sens, s’efforcer d’imiter. […] Entrés en contact avec ceux de la science, macérés par le milieu réfractaire à leurs incitations, irrités par l’hostilité des Sains, ils se perdent dans les systèmes les plus baroques et les aberrations les plus insensées.

1012. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Aujourd’hui, un autre système a prévalu. […] Je ne puis cependant résister au désir de signaler, comme la conséquence, la plus grave peut-être, du système actuel, l’anéantissement du répertoire classique. […] Dans ce système, il faudrait renoncer à toute somptuosité de mise en scène, autre que celle qui résulterait des décorations peintes. […] Dans ce système, qui est le seul logique, il faudrait faire abnégation de toute mise en scène exigeant entre les tableaux un entracte pour la plantation du décor. […] Sans doute, c’est précisément cette possibilité qui constitue la critique du système.

1013. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Les hasards de vogue, la mobilité des systèmes et des goûts, remplacent les droites et sûres consécrations de la gloire. […] Buchez, contribuèrent à l’éclairer et à le désabuser sur l’esprit envahissant des systèmes, et sur la prétention des philosophes et savants qui voudraient faire de l’art un serviteur.

1014. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Je crois même qu’il eut plus de système et d’unité de principe que M. […] Il me semble parfois que, dans le système d’équité de la nature inexorable, presque chaque homme ici-bas, malgré l’apparente inégalité des lots, obtient au fond sa part à peu près équivalente de bonheur et de malheur, et qu’aussi, faut-il le dire ?

1015. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

On y voit au vrai les dispositions de Bernardin au moment où il quitte la Russie, ses préoccupations bien moins romanesques qu’on ne l’a supposé ; les premiers symptômes de l’écrivain encore inexpérimenté et qui veut poindre ; l’utopiste et l’homme à systèmes qui se trahit çà et là ; l’amoureux, assez peu enthousiaste d’ailleurs ; l’ami reconnaissant et fidèle ; le bonhomme qui rêve en tout temps une chaumière et le bonheur de la famille ; le délicat blessé et le misanthrope qui va s’ouvrir aux aigreurs ; puis, à la fin, l’écrivain tout d’un coup célèbre, mais qui garde de ses susceptibilités, et qui porte jusque dans ses scrupules de probité et dans le paiement de ses dettes d’honneur une application et une affectation minutieuses, un coin de maladie. […] Je n’aurai donc pas nos savants pour moi ; ils n’encensent que les systèmes accrédités et qui font obtenir des pensions.

1016. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Le Journalisme qui parla de lui était trop superficiel pour discuter ses idées, et on le laissa dans ses systèmes comme si on eût craint d’y toucher. […] Il l’a étudié et décrit comme il eût étudié et décrit le système organique de quelque monstrueux cétacé, dans une histoire générale des poissons… Il l’a étudié et décrit, sur ses propres témoignages à lui-même, dans un livre construit avec des milliers de citations et où presque chaque phrase en est une, ce qui fait la plus puissante des nomenclatures, et il a montré, dans le principe de sa vie et dans toutes les manifestations de son action, ce genre de monstre qui a constitué le jacobin dans la bête humaine, à un certain moment de l’histoire de France et de l’humanité, Ce livre incompatible, plus haut que les partis, et qui n’a été écrit pour être agréable à personne, mais pour la vérité, est un peu lourd, on doit le reconnaître, et pour le lire il faut quelque chose de la volonté ferme qu’il a fallu pour l’écrire ; mais cette lourdeur tient à sa force même.

1017. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

De système, Alphonse Daudet ne peut être impassible que comme le peut l’âme la plus naturellement tendre et la plus facilement émue, comme Joubert et Platon pourraient l’être, si Joubert et Platon, ce qui me paraît bien difficile, eussent pris pour maître Flaubert. […] Alphonse Daudet est du très petit nombre d’écrivains qui ont à eux une manière qui ne ressemble à celle de personne, et c’est même la raison pour laquelle il échappe souvent à l’esprit de système et à des admirations dangereuses.

1018. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Quand nous nous remémorons des faits passés, quand nous interprétons des faits présents, quand nous entendons un discours, quand nous suivons la pensée d’autrui et quand nous nous écoutons penser nous-mêmes, enfin quand un système complexe de représentations occupe notre intelligence, nous sentons que nous pouvons prendre deux attitudes différentes, l’une de tension et l’autre de relâchement, qui se distinguent surtout en ce que le sentiment de l’effort est présent dans l’une et absent de l’autre. […] Elle débute par un fragment qui sert d’amorce et se complète peu à peu… Képler a consacré une partie de sa vie à essayer des hypothèses bizarres jusqu’au jour où, ayant découvert l’orbite elliptique de Mars, tout son travail antérieur prit corps et s’organisa en système 79. » En d’autres termes, au lieu d’un schéma unique, aux formes immobiles et raides, dont on se donne tout de suite la conception distincte, il peut y avoir un schéma élastique ou mouvant, dont l’esprit se refuse à arrêter les contours, parce qu’il attend sa décision des images mêmes que le schéma doit attirer pour se donner un corps.

1019. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

M. de Viel-Castel, tout en estimant que ces deux points de vue, celui des libéraux exagérés et celui des ultra-royalistes, sont également faux, ne se laisse cependant pas dominer par un système en racontant les faits, et au contraire il les expose de telle manière et si véridiquement qu’à ne prendre d’autre guide que lui, à n’écouter que son témoignage, on arrive de soi-même à une première conclusion provisoire.

1020. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Il y aurait plaisir à examiner et à suivre son nouveau système dans les applications ingénieuses qu’a imaginées son talent, à lui demander s’il n’y apporte pas encore un peu trop de construction savante, s’il ne garde pas un peu trop d’art, de son premier art sculptural, s’il donne assez de jeu au molle atque facetum, à cette charmante familiarité de la vie ; il y aurait à introduire des comparaisons avec les poëmes de la vie intime que possèdent nos voisins les Anglais, maîtres en ce genre.

1021. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin de hasarder bien des vues historiques contestables qu’il avait l’art de coordonner avec son système philosophique.

1022. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Dans un système de religion quelconque, la terreur sait toujours à quel point elle doit s’arrêter ; elle se fonde toujours du moins sur quelques motifs raisonnés : mais le chaos de la magie jette dans la tête le désordre le plus complet.

1023. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il aime les jardins, mais parmi eux il voudrait encore « quelque doux et discret ami. » Il loue la paresse et le somme ; « ajoutez-y quelque petite dose d’amour honnête, et puis le voilà fort. » Ajoutez aussi les curiosités et le vagabondage de l’esprit, le discours promené au hasard sur tous les sujets, depuis la bagatelle jusqu’aux affaires d’Etat et au système du monde20, vous aurez la vie qu’il nous propose en exemple.

1024. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Il y a dans cet inventeur des rustiques figulines un philosophe qui jette des vues profondes auxquelles nul ne fait attention, et que la postérité s’étonnera de rencontrer chez lui, quand le progrès de la science y aura lentement ramené les hommes : ainsi cette grande idée, liée à tout un système de la nature, en même temps qu’elle est la base de l’agriculture scientifique, cette idée que, les plantes empruntant au sol les aliments qui les accroissent, pour entretenir la fécondité de la terre, il faut lui rendre l’équivalent de ce que les récoltes lui enlèvent.

/ 1643