… J’imagine qu’il serait peu flatté de la chose, et qu’il ressentirait une de ces superbes colères vert-pâle auxquelles il était sujet et comme il en eut une, par exemple, quand les directeurs de Drury-Lane firent le projet de jouer son Marino Faliero : « Je n’ai rien tant à cœur — écrivait-il alors de Ravenne à Murray (c’était en 1821) — que d’empêcher ce drame d’être joué. » Et cependant les directeurs de Drury-Lane ne travestissaient pas l’œuvre du poète ; ils voulaient seulement l’interpréter. […] , laquelle a trouvé que lui, Byron, l’auteur du Corsaire, de Lara, du Giaour, de Don Juan, et de tant d’autres chefs-d’œuvre, était, en termes de cette École : horriblement poncif ; que ses Turcs et ses Grecs ressemblaient à des sujets de pendule ; que tout cela était vieux et passé comme le turban de madame de Staël, comme le Malek-Adel de madame Cottin… Ah ! […] Taine admire Byron comme le plus grand poète de l’Angleterre et comme le sujet le plus intense de ce qu’il appelle, lui, l’organisation anglaise. […] et nous, qui n’étions pas Anglais pourtant, nous avons répété ces odieux cris scandalisés, les uns parce qu’ils avaient vraiment leur moralité offensée, les autres parce qu’ils aimaient Byron et que toujours Français, ils aimaient à le voir un peu mauvais sujet… Mais, malgré sa fatuité, à lui, qui a voulu nous y faire croire, et malgré notre fatuité pour lui, qui nous l’a fait croire, la terrible immoralité de Byron m’a toujours paru problématique.
L’admiration n’est pas la moindre des insolences que la médiocrité, qui se permet tout, se permette envers le génie, lorsqu’elle croit pouvoir se mesurer avec des sujets plus grands qu’elle. […] Écrasé par le sujet auquel il avait osé mettre la main, l’historien n’en avait pas moins écrit son nom à la suite du nom de Bossuet, et les rayons du nom flamboyant se projetaient sur le nom fait pour rester obscur. […] Bossuet est son sujet et non pas le xviie siècle, et voilà pourquoi on trouvera dans son livre tant de détails purement religieux et sacerdotaux, que les historiens à idées générales et à intentions pittoresques trouveront peut-être petits et inutiles. […] Floquet n’a pas hésité devant cette nécessité et cette rigueur de son sujet, qui auraient effrayé un esprit moins consciencieux et moins grave.
Prenez-les tous, en effet, depuis les meilleurs jusqu’aux pires, et cherchez si la physiologie, si l’influence ou l’explication, ou le mystère, ou l’effet, ou le mot physiologiques, n’y sont pas visibles ou latents, sommeillants ou éveillés, à fleur ou à fond de sujet. Et même les romans qui n’étaient pas, de sujet, nettement physiologiques, ne pouvaient se défendre de la physiologie, ils la rasaient en une foule de choses, et ils se teignaient d’elle, en passant ! […] Du moment, en effet, où, au lieu de mêler la lumière ou le phénomène physiologique aux faits humains pour en éclairer la profondeur — comme Shakespeare, par exemple, avant tout le monde, l’a osé d’une si admirable manière et avec tant de bonheur dans sa fameuse scène de lady Macbeth somnambule, — on va plus loin dans le sens de la physiologie, quand on se circonscrit et qu’on enferme son sujet tout entier dans le phénomène, il faut prendre garde, car le passage est dangereux ! […] Armand Pommier, l’auteur de La Dame au manteau rouge, était une de ces fulgurances incontestées qu’on appelle un homme de génie, La Dame au manteau rouge pourrait-elle être une grande œuvre humaine, malgré la monstruosité du sujet ?
un de ces hommes après lesquels il n’est plus permis d’écrire sur le sujet qu’ils ont traité et dont ils ont, du premier coup, effleuré toute la superficie ou épuisé tout l’intérêt ? […] « Si cet ouvrage a du succès, je le devrai beaucoup à la majesté de mon sujet ; cependant je ne crois pas avoir totalement manqué de génie. […] Il faut qu’il se conduise, et cependant il est un être borné, il est sujet à l’ignorance et à l’erreur, comme toutes les intelligences finies ; les faibles connaissances qu’il a, il les perd encore ; comme créature sensible, il devient sujet à mille passions. […] La Chine, comme tous les pays où croît le riz, est sujette à des famines fréquentes. […] « Si une démocratie conquiert un peuple pour le gouverner comme sujet, elle exposera sa propre liberté, parce qu’elle confiera une trop grande puissance aux magistrats qu’elle enverra dans l’État conquis.
En tout cas, ce qui constitue l’immense intérêt de Josèphe pour le sujet qui nous occupe, ce sont les vives lumières qu’il jette sur le temps. […] Neubauer, très versé dans la littérature talmudique, m’a permis d’aller plus loin et d’éclaircir les parties les plus délicates de mon sujet par quelques nouveaux rapprochements. […] Nous ne toucherons ici qu’une seule face du sujet, celle qui est indispensable à la solidité de notre récit. […] La raison d’art en pareil sujet est un bon guide ; le tact exquis d’un Goethe trouverait à s’y appliquer. […] Si l’amour d’un sujet peut servir à en donner l’intelligence, on reconnaîtra aussi, j’espère, que cette condition ne m’a pas manqué.
On raconte que Boileau, apprenant que Racine s’était engagé à traiter ce sujet sur la demande de la duchesse d’Orléans, s’écria : « Si je m’y étais trouvé, je l’aurais bien empêché de donner sa parole. » Mais on assure aussi que Racine aimait mieux cette pièce que ses autres tragédies, qu’il avait pour elle cette prédilection que Corneille portait à son Attila. […] Molière, le grand comique, était sujet à se répandre et à se distraire dans les délicieuses mais surabondantes bouffonneries des Dandin, des Scapin, des Sganarelle ; il aurait pu s’y attarder trop longtemps et ne pas tenter son plus admirable effort. […] Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes. […] Elle crut qu’une victoire obtenue sur l’amour le plus vrai et le plus tendre ennoblissait le sujet, et en cela elle ne se trompait pas ; mais elle avait encore un intérêt secret à voir cette victoire représentée sur le théâtre : elle se ressouvenait des sentiments qu’elle avait eus longtemps pour Louis XIV et du goût vif de ce prince pour elle. […] Racine, un peu plus que Corneille sans doute, dut pénétrer dans ses arrière-pensées ; il est permis pourtant de croire que ce que nous savons aujourd’hui assez au net par les révélations posthumes était beaucoup plus recouvert dans le moment même, et qu’en acceptant le sujet d’une si belle main, le poëte ne sut pas au juste combien l’intention tenait au cœur.
On y trouvait de la distinction et de la familiarité, ou du moins du naturel, une grande facilité dans le choix des sujets, ce qui est très important pour le jeu de l’entretien, une promptitude à entrer dans ce qu’on disait, qui n’était pas seulement de complaisance et de bonne grâce, mais qui témoignait d’un intérêt plus vrai. […] J’aurais bien envie même de ne pas mettre du tout de date, car les dates en tel sujet, c’est peu élégant. […] Ce qui est dit dans le Mémorial de Sainte-Hélène, à ce sujet, est inexact. […] Il y aurait à son sujet une suite de chapitres à écrire et que je ne puis même esquisser. […] Mais cela me rappelle qu’il y a tout un fâcheux procès entamé à ce sujet, et j’ai hâte de me taire.
On peut donner à cette activité primordiale le nom de volonté, mais c’est une volonté sujet qui, à proprement parler, n’a pas encore d’objet et n’est point encore représentative. […] Le sujet, quelle qu’en soit la nature ultime, ne peut se saisir lui-même comme tel ou tel objet. De même pour l’activité primitive qui le constitue ; le sujet est présent à lui-même, mais non représenté à lui-même ; il a conscience, mais il n’a pas conscience de soi comme d’un changement particulier, ni comme d’un état particulier, quoiqu’il n’acquière la conscience distincte et claire de soi que dans des changements et des états offrant eux-mêmes distinction et clarté. Il est encore moins une substance cachée derrière les faits intérieurs ; cette substance, loin de pouvoir être un sujet, serait encore un nouvel objet ajouté aux autres, et de plus un objet inconnaissable. On ne peut donc, en dernière analyse, concevoir le sujet voulant et pensant que comme une action.
Entre les mains d’un homme de génie, chaque langue se prête sans doute à tous les styles ; elle sera, selon le sujet et l’écrivain, légère ou pathétique, naïve ou sublime ; en ce sens, les langues n’ont point de caractère qui les distingue : mais si toutes sont également propres à chaque genre d’ouvrage, elles ne le sont pas également à exprimer une même idée : c’est en quoi consiste la diversité de leur génie. […] D’un côté, c’est une copie ressemblante, mais faible ; de l’autre, c’est un ouvrage sur le même sujet, plutôt qu’une copie. […] Les seuls écrivains qui demanderaient à être traduits en entier, sont ceux dont l’agrément est dans leur négligence même, tels que Plutarque dans ses Vies des Hommes illustres, où, quittant et reprenant à chaque instant son sujet, il converse avec son lecteur sans l’ennuyer jamais. […] Je reviens à mon sujet. […] La principale chose à laquelle je me suis appliqué, a été de conserver la précision, la noblesse et la brièveté de l’original, autant que me l’a permis mon peu de talent pour lutter contre un écrivain tel que Tacite, et le faible secours d’une langue aussi difficile à manier que la nôtre, aussi ingrate, aussi traînante et aussi sujette aux équivoques.
L’œuvre portait le nom de son héros ou de son sujet principal : c’est l’Iliade pour les luttes d’Ilion, l’Odyssée pour les aventures d’Ulysse. […] De même encore, pour les recueils de vers : Horace, non plus que Boileau, ne cherche un nom piquant pour l’ensemble de ses poésies : elles seront Satires, Odes ou Épîtres, selon leur sujet. […] Bourget traitant la tragique histoire d’Hamlet dans un cadre moderne l’intitule André Cornélis ; outre qu’il ne donne pas la moindre indication sur son sujet, il affaiblit, semble t-il, le personnage, par des sons aussi quelconques. […] Les Romantiques se laissaient à ce point séduire par ces beaux titres à panache que souvent il leur arriva d’annoncer des livres qui ne parurent jamais, et dont peut-être même ils connaissaient à peine le sujet. […] Certains, par raffinement de dilettantisme, s’emparent du titre d’un ouvrage très connu et l’accommodent à leur nouveau sujet.
Seulement, le retour en était plus fréquent sur le théâtre antique ; et cette forme, que goûtaient les spectateurs, dut rendre enfin à la tragédie latine, dans les sujets imités de l’art grec, quelques accents d’inspiration lyrique. […] De telles émotions, de telles images allaient bien il la rudesse romaine ; et ne nous étonnons pas si, dans un autre sujet, emprunté encore à la haute poésie de la Grèce et tout brûlant de la flamme d’Eschyle, le vieil Ennius donna parfois à ses drames la hauteur divine de l’enthousiasme lyrique. Le sujet sera pris encore d’Homère et du théâtre d’Athènes ; la pièce s’appellera du nom d’Alexandre qu’avait porté Paris ; et là sans doute, comme dans l’Agamemnon d’Eschyle, l’héroïne du drame sera Cassandre, prophétesse, amante et victime dévouée. […] poëte Ennius167, qui verses aux mortels, jusque dans la moelle des os, la flamme de tes chants. » À part ce qu’il avait perdu ou retranché du luxe musical de ses modèles, nul doute qu’entouré de leurs richesses, renouvelant leurs poétiques sujets, l’Andromède, le Cresphonte, la Médée, les Euménides, l’Iphigénie, le Thyeste, le Néoptolème, il n’ait eu de grands effets dramatiques et lyriques. […] Ce genre d’exposition muette dut prospérer de plus en plus ; et le peu de nouvelles œuvres tragiques citées sous Auguste, le Thyeste de Varius, la Médée d’Ovide, par les sujets mêmes, traités tant de fois à Rome, ne donnent l’idée que d’un drame d’autant plus bienséant sous l’empire qu’il était plus mythologique et plus loin de la réalité des passions humaines.
Faut-il se montrer bien difficile et exiger de l’émotion et de la vie de quelqu’un qui a du goût, de l’habileté et de la délicatesse dans l’expression des sujets qu’il choisit ? […] Lionel des Rieux tentait d’exprimer avec ses réelles et particulières qualités d’autres sujets, aurait-il quelque chance d’intéresser d’une autre manière.
L’unique maniere de M. l’Abbé Coyer, pour traiter les sujets graves, est l’ironie, maniere toujours sûre de manquer son effet, si elle est trop continue & trop uniforme, comme dans ses Ouvrages. Il faut beaucoup de finesse & de variété pour ne point nuire à son sujet, quand on veut être toujours plaisant.
Toujours fécond, toujours égal, il domine sans s’en apercevoir tous les sujets qu’il traite, & la vivacité de son pinceau rajeunit tous les objets qu’il présente. […] Celle du Maréchal de Belle-Isle, quoique le fruit d’un âge avancé, est marquée au coin de ses autres Productions, c’est-à-dire qu’on y retrouve cet esprit vaste qui saisit tous les points de vue d’un sujet, qui les approfondit avec pénétration, qui les énonce avec autant de grace que de force ; cet esprit enchanteur, qui donne une vie à tout, & une vie qui annonce toujours le Génie créateur.
Pour revenir à cette étrange Callipédie, on peut dire que ce sujet bizarre est traité d’une maniere très-agréable. […] Tout ce qu’on peut blâmer dans ce Poëme, ce sont des Peintures trop libres que le sujet amenoit de lui-même, une crédulité absurde sur l’influence des Astres, & quelques incorrections de style que la gêne du metre semble avoir occasionnées.
La Conjuration de Venise a fourni à Otwai. le sujet de sa Tragédie de Venise sauvée, représentée à Londres en 1682. […] de la Place, qui a composé aussi une Tragédie sur le même sujet, prétend que la Piece d’Otwai. est antérieure à l’Ouvrage de l’Abbé de Saint Réal.
Il y a tant d’affaires, tant de rencontres, tant de sujets de dissipation, qu’on n’y fait pas toujours tout ce qu’on veut. […] Le grand art consiste à écrire d’une maniere analogue au sujet…. […] Nous sommes bretailleurs, il est vrai, mais contre les mauvais sujets. […] D’ailleurs, l’ironie, dans tous les temps, fut un sujet de dérision. […] L’on peut voir à ce sujet ce que l’assemblée de Rouen a discuté sur les mendians ; rien de plus énergique & de plus sage.
« Je les fais : avant de trouver le sujet, en masse, ne commençant à les coordonner que lorsque le sujet a pris forme. […] Poë passe ensuite au sujet. […] Wagner reste incertain, non satisfait, il erre d’un sujet à l’autre. […] Mais il remarque de graves défauts dans la façon dont il a compris le sujet. […] On lira avec intérêt, à ce sujet, une curieuse étude de M.
D’ordinaire des personnes notables et autorisées, sachant que de tels prix existent et que des sujets, à leur connaissance, sont aptes à les mériter, se mettent en avant et entament la candidature. […] Je sais aussi de sa domestique, qui le sert depuis quarante ans, qu’elle lui a donné tous ses gages pour l’aider dans une heure de détresse au sujet d’un payement. » Voilà une domestique qui pourrait aussi être proposée pour un prix de vertu. […] En ceci, comme en beaucoup de choses, gardons-nous d’être ingrats ; ne pensons pas toujours à un lendemain trop immense, qui est sujet à fuir devant nous : rappelons-nous ce qu’on avait la veille, et jouissons de ce qu’un bon, un grand et glorieux Gouvernement réalise. Messieurs les Sénateurs, je me suis écarté le moins possible de mon sujet. […] C’est précisément là le sujet du roman de M.