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945. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Les enfants arrivaient, il fallait leur gagner du pain, et il n’était pas pour cela d’humeur à suivre la route battue, étant persuadé qu’il fallait mettre dans la comédie « une belle philosophie », une noblesse et une dignité particulières, suivre les exemples des anciens, imiter leur sévérité et leur correction, dédaigner le tapage théâtral et les grossières invraisemblances où la canaille se complaît. […] Pour la première fois nous voyons un plan suivi, combiné, une intrigue complète qui a son commencement, son milieu et sa fin, des actions partielles bien agencées, bien rattachées, un intérêt qui croît et n’est jamais suspendu, une vérité dominante que tous les événements concourent à prouver, une idée maîtresse que tous les personnages concourent à mettre en lumière, bref, un art semblable à celui que Molière et Racine vont appliquer et enseigner. […] Les Pères s’alarment ; mais la ligne qui suit les rassure. […] For my sake, at my suit. […] On pourra suivre cette idée en psychologie : la perception extérieure, la mémoire sont des hallucinations vraies, etc.

946. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Lorsqu’on embrasse d’un coup d’œil la vaste région littéraire qui s’étend en Angleterre depuis la restauration des Stuarts jusqu’à la révolution française, on s’aperçoit que toutes les productions, indépendamment du caractère anglais, y portent l’empreinte classique, et que cette empreinte, particulière à ce territoire, ne se rencontre ni dans celui qui précède ni dans celui qui suit. […] Pareillement, ici, on voit l’art classique rencontrer son centre dans les voisins de Pope et surtout dans Pope, puis s’effacer à demi, se mêler d’éléments étrangers, jusqu’au moment où il disparaît dans la poésie qui l’a suivi. […] Deux à deux, les antithèses se suivent comme des rangées de colonnes ; il y en a treize couples qui forment enfilade, et la dernière s’élève au-dessus du reste par un mot qui fait centre et relie tout. […] Leur plaisir, en lisant des vers, était de vérifier si le patron était exactement suivi ; l’invention n’était permise que dans les détails ; on pouvait ajuster là une dentelle, ici un galon ; mais on était tenu de conserver scrupuleusement la forme officielle, de brosser le tout avec minutie, et de ne paraître jamais qu’avec des dorures neuves et du drap lustré. […] Les autres suivent.

947. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Ces paroles me donnèrent tant d’aversion pour ce Torrigiani, à cause de l’admiration que j’avais pour Michel-Ange, que, bien loin d’avoir le désir de le suivre en Angleterre, je ne pouvais souffrir de le voir. […] Quand nous y fûmes, mon compagnon de voyage me dit qu’il s’était fait mal au pied, et me pria de lui prêter un peu d’argent pour retourner à Florence : il ne m’en reste pas assez, lui dis-je, pour continuer ma route, et je t’engage à me suivre. […] Le Tasse, me voyant résolu, ne cessait de murmurer, et me suivait en boitant et à pas fort lents. […] Ces paroles effrayèrent tellement le reste de la troupe, qu’elle suivit l’exemple du majordome. […] Derrière moi était un jeune domestique que j’avais, qui me suivait avec une pertuisane au bras.

948. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Le roi, qui partait pour l’Italie, l’engagea à le suivre pour causer des ouvrages qu’il se proposait de lui commander. […] La plus noble le suivit par la Romagne, à Lorette et à Ferrare, chef-lieu de sa maison ; l’autre, où se trouvait beaucoup plus de monde et une belle cavalerie, passa par Florence. […] C’est pourquoi je traversai à grands pas le pont au Change, et je suivis les bords de la Seine qui me conduisaient à mon logis. […] Écoutez-moi, leur dis-je ; et, puisque vous n’avez pas voulu suivre mes conseils, obéissez-moi sans dire mot, à présent que je suis avec vous ! […] De manière que de peur je le suivis au palais ; car nous nous trouvions alors près de Sainte-Félicité.

949. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

D’où il suit que la part la plus vivante de sa gloire est fondée sur un faux-sens, sur un contresens et sur une tradition incertaine. […] Elle suit en tout les goûts et les opinions des gens de son monde, ou de sa coterie, ou de son âge. […] Autant que La Fontaine, elle aime la nature et sait en jouir ; mieux que lui peut-être, et par de plus neufs assemblages de mots (« la feuille qui chante »), elle en rend l’impression directe, celle qui suit immédiatement la sensation elle-même. […] Toujours le burlesque a suivi les évolutions de la littérature dite sérieuse. […] Le veuvage, la médiocrité de situation qui a suivi, les ont fait sortir, malgré elles, de ce charitable effacement.

950. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Héphestos les suit, en boitant, le marteau à l’épaule, les poings pleins de clous et d’écrous, traînant après lui la longue brasse des chaînes qui garrotteront le colosse. […] On le suit des yeux, cheminant par les airs, au dos du monstre placide, aussi paisiblement qu’un dieu de l’Inde, porté par la tortue sacrée, sur la Mer de lait. […] Lui, le plus actif et le plus affairé des dieux, il consent à s’implanter dans les bornes qui portent son nom, pour leur indiquer le tournant à suivre. […] Leur pâle troupeau suit sa verge d’or qui scintille dans l’obscurité, comme une traînée de nébuleuses allongée derrière une large étoile. […] Sa croissance suit celle de l’humanité qui le développe et le modifie, selon l’extension que prend sa pensée.

951. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On pourrait encore faire ressortir d’autres points de ressemblance entre l’instinct et l’habitude : comme on répète une chanson bien connue, de même une action instinctive en suit une autre avec une sorte de régularité rythmique. […] Il suit évidemment de là qu’elles se sentent parfaitement chez elles et comme en famille. […] Pendant l’année 1860, cependant, je fis la découverte d’une communauté qui renfermait un nombre inusité d’esclaves, et j’en observai quelques-unes qui, en compagnie de leurs maîtres, quittèrent l’habitation et suivirent la même route vers un grand Pin, éloigné de vingt-quatre mètres, dont ils firent tous ensemble l’ascension, probablement en quête d’Aphis ou de Cochenilles. […] Toutes étaient chargées de butin, et je pus suivre leur file sur une longueur de trente-six mètres environ, jusqu’à un épais fourré de Bruyère d’où je vis la dernière sortir portant une nymphe. […] Il suit de là qu’une épargne de cire, ayant pour conséquence une épargne de miel, est un élément de succès des plus importants pour une famille d’Abeilles.

952. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Si les mouvements saccadés manquent de grâce, c’est parce que chacun d’eux se suffit à lui-même et n’annonce pas ceux qui vont le suivre. […] Mais suit-il de là que les notes de la gamme, en tant que sensations auditives, diffèrent autrement que par la qualité ? […] Nous ne suivrons pas M.  […] Celle de l’addition suivra naturellement. […] Dans le chapitre qui va suivre, nous ne considérerons plus les états de conscience isolément les uns des autres, mais dans leur multiplicité concrète, en tant qu’ils se déroulent dans la pure durée.

953. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Avant ce malheur, on a vu une lettre d’elle qu’elle a donnée au public pour se moquer de ce qu’on appelle les mots à la mode et dont l’usage ne vaut rien ; je vous l’envoie. » Suit cette lettre, qui est toute composée du jargon amphigourique dont elle voulait corririger le beau monde ; c’est un amant jaloux qui écrit à sa maîtresse ; Boileau en son genre n’eût pas mieux fait. […] Dans son beau et vaste jardin de la rue de Vaugirard, si verdoyant, si embaumé, dans la maison de Gourville à Saint-Maur, où elle s’habitue en amie franche, à Fleury-sous-Meudon, où elle va respirer l’air des bois, on la suit malade, mélancolique ; on voit cette figure longue et sérieuse s’amaigrir et se dévorer. […] C’est pourtant dans l’hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s’occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le 16 mars 1678115. […] Je sais que ce ne sont point alors des pensées suivies, et que souvent vous n’êtes appliquée qu’à n’en point avoir : mais il est difficile de ne pas dépendre de son naturel, quand on veut bien qu’il soit le maître ; et l’on se retrouve sans peine, quand on en a beaucoup à se quitter. […] La Vérité vous jugera, et vous n’êtes au monde que pour la suivre, et non pour la juger.

954. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Continuez et suivez les classifications de l’histoire naturelle de l’espèce au genre, puis à la famille, puis à l’ordre, jusqu’à l’embranchement et au règne. […] On montre un chien à un très jeune enfant, et on lui dit, dans le langage des nourrices, en imitant, tant bien que mal, l’aboiement de la bête : « C’est un oua-oua. » Ses yeux suivent le geste indicateur ; il voit le chien, entend le son, et, après quelques répétitions qui sont son apprentissage, les deux images, celle du chien et celle du son, se trouvent, d’après la loi d’association des images, associées à demeure dans son esprit. […] Suivons le détail de cette construction, et voyons avec quels éléments nous fabriquons ces nouvelles idées. — Les plus simples de toutes sont celles de l’arithmétique, et elles ont pour objets les nombres. […] Si le boulet dévie de sa ligne droite et la planète de son ellipse, c’est qu’à la direction simple que suit le boulet, aux deux directions simples selon lesquelles chemine la planète, s’ajoutent d’autres directions perturbatrices. […] Soit un corps en mouvement ; il va d’un point à un autre en décrivant une ligne ; nous avons beaucoup d’occasions de remarquer que, selon les circonstances, cette même ligne est décrite en plus ou moins de temps, et nous tirons de là une nouvelle idée élémentaire, celle de vitesse. — Soit un corps qui passe du repos au mouvement ; la plupart du temps, nous découvrons que quelque autre chose a changé en lui ou dans ses alentours, et, après un certain nombre d’expériences, nous constatons ou nous croyons constater que ce changement interne ou externe est toujours suivi par le mouvement du corps.

955. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

» Dans un des sonnets qui suivent, les plus splendides visions de la terre lui reviennent en mémoire, mais pour pâlir et se décolorer dans la nuit actuelle de son âme. […] J’ai des livres de toute espèce : c’est un trésor pour moi ; ils nourrissent mon âme avec une volupté qui n’est jamais suivie de dégoût. […] Il se consacre seulement à la voir, à la suivre, à la célébrer comme une divinité visible pendant toute sa vie. […] Son amant ou son Platon se retire dans la solitude de Vaucluse, à distance de cette incomparable femme, pour n’en pas être consumé de trop près ; il la suit seulement, pendant toutes les périodes de sa vie d’épouse et de mère, des yeux de l’âme, pendant vingt ans. Elle meurt ; son poète ne meurt pas, mais l’âme de son adorateur la suit d’en bas dans le ciel et trouve dans son veuvage des accents d’une mélancolie pieuse qui sanctifient son deuil.

956. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

À mes habits, aux esclaves qui me suivaient en traversant la ville, on eût cru qu’un riche patrimoine fournissait à tant de dépenses. […] Que le reste, docile troupeau sans courage et sans espoir, s’endorme auprès de ses foyers exécrés ; nous, hommes de cœur, laissons aux femmes les regrets de la patrie et volons au-delà des mers d’Italie… » Suit une description séduisante de cette terre imaginaire où tous les dons de la terre et du ciel les consoleront de l’ingrate patrie. […] Suivons donc Horace à Ustica, et d’abord voyons ce que c’était que le pays dans lequel ce domaine était situé. […] Auguste, doublement affligé de ces deux brèches à son cœur, suivit à pied ses funérailles et le fit ensevelir aux Esquilies, à l’ombre du tombeau de Mécène. […] Telle est la vie d’Horace en prose ; nous allons la retrouver dans ses œuvres ; chacun de ses vers est une empreinte de sa vie ; il semait sa route de ses feuilles et de ses fleurs ; comme une canéphore dans les processions antiques, on le suit à la trace de ses parfums.

957. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Il ne serait pas exact de dire que les intelligences étaient immobiles en ce faisant ; mais le vice de la méthode suivie transformait leur activité en une agitation stérile. […] L’orthographe qu’elle consacre est à mi chemin entre le système phonétique et le système étymologique ; la langue écrite suit lentement, d’âge en âge, les changements qui se produisent dans la langue parlée ; et les règles, multipliées par des grammairiens subtils, se simplifient aussi à mesure qu’augmente le nombre des gens sachant lire et écrire. […] Le Parlement en corps suivit son convoi ; une pluie d’élégies et d’épitaphes célébrèrent Pindare et Homère mis au cercueil en sa personne. […] Il est nécessaire de porter l’effort, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, suivant que l’art a suivi avec excès telle ou telle direction. […] Il n’a garde de les oublier ; mais il doit suivre minutieusement leur vie plus ou moins courte ; car leur naissance et leur disparition marquent des dates importantes, qu’il aurait peine à fixer autrement ; elles lui indiquent d’une façon précise les moments où s’opèrent ces variations du goût dont il s’efforce de dérouler l’enchaînement.

958. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Quelle est donc la race qui n’ait pas suivi le cours régulier de naissance, de croissance, de décadence et de mort, conditions de ces collections d’hommes comme de l’homme lui-même, soumis à ces quatre phénomènes de la vie, naître, croître, vieillir et mourir ? […] Si on le mesure à l’infini de l’espace qui l’entoure, il ne vaut pas la peine d’être calculé ; si on le mesure à l’infini des temps qui le précèdent et qui le suivent, il ne vaut pas la peine d’être supputé ; si on le mesure à sa brièveté, à son insignifiance, à son néant parmi les êtres, il ne vaut pas la peine d’être nommé. […] À mesure que la route devient plus longue, plus pénible et plus glaciale, le héros est abandonné de lassitude par ceux qui l’ont le plus aimé sur terre, qui ont d’abord tenté de le suivre, mais qui, rebutés de ses infortunes, retournent en arrière, ou succombent à ses pieds sur les sommets de glace et de neige dans son ascension. […] Son chien seul, plus fidèle et plus inséparable de lui que l’amitié et que l’amour, suit en haletant les traces de son maître pour mourir à ses pieds ou pour triompher avec lui. […] Si je n’accomplissais pas exactement ces devoirs, tous les hommes suivraient bientôt mon exemple, ce monde abandonnerait son devoir ; je serais la cause de la production du mal, j’éloignerais les hommes du droit chemin.

959. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Suivez bien en tout les conseils de votre sainte tante. […] Bérénice, qui suivit Britannicus, n’est qu’une élégie héroïque pleine d’allusions aux amours du roi. […] L’Écriture sainte est suivie exactement, tout est beau, tout est grand, tout est écrit avec sublimité !  […] À la première représentation où fut le roi, il n’y mena que les principaux officiers qui le suivent à la chasse. […] Esther, suivie de ses compagnes, paraît à la dernière scène de cet acte devant le roi.

960. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Nous ne suivrons point pied à pied M.  […] Michelet lui a consacrée, si on peut appeler de l’histoire toutes ces inconséquences bouffies et bouffonnes, on suit la trace de cette douleur, quoique l’historien la rapetisse et qu’il en parle avec un geste et un accent à la Callot ! […] Michelet, comme la plupart des hommes nés dans le pêle-mêle social qui suit toujours les révolutions, et placé bien plus près de ce qui est en bas que de ce qui est en haut par les hasards de sa destinée, a dû se pencher avec les avides aspirations du désir et de l’orgueil souffrant vers la popularité, ce souffle qui nous vient de la terre, mais qui nous enlève. […] Certes, après cela, on comprend aisément tout ce qui peut suivre et jusqu’à l’histoire elle-même que M.  […] Il y a un chapitre du livre, intitulé : « Chaque parti périt par les femmes » ; un autre : « La réaction par les femmes dans le demi-siècle qui suit la Révolution ».

961. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

La Fronde présente donc la seconde période de la vie de M. de La Rochefoucauld ; la troisième comprend les dix ou douze années qui suivirent, et durant lesquelles il se refit, comme il put, de ses blessures au physique, et s’en vengea, s’en amusa, s’en releva au moral dans ses Maximes. […] Ce serait trop entreprendre que de les suivre ; et, à l’égard de M. de La Rochefoucauld, ce serait souvent trop pénible et trop humiliant136, pour ceux qui l’admirent, que de l’accompagner. […] Ses idées de pénitence suivirent de près. […] Il dit : « Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Ce que Mme de Grignan retournait ainsi : « Nous n’avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » Il dit : « On pardonne tant que l’on aime. » On pourrait dire aussi bien : « On ne pardonne pas tant que l’on aime. » Hermione s’écrie : Ah ! […] Mon recueil de poésies, les Consolations, et d’autres écrits qui suivirent, notamment Volupté, et les premiers volumes de Port-Royal, témoignaient assez de cette disposition inquiète et émue qui admettait une part notable de mysticisme.

962. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» On peut supposer entre ce vers et celui qui va suivre un long repos rempli par un gémissement en refrain de sa harpe, gémissement interrompu tout à coup par ce cri de défi à ses persécuteurs et d’assurance dans son Dieu : « Mais toi, Jéhovah ! […]suivi sans doute dans le chant d’un front abattu du poète sur sa harpe et d’un long silence de son instrument ? […] » XI Et il le chante en effet dans les hymnes d’adoration qui suivent ce chant de triomphe avec une magnificence de parole égale à la magnificence des œuvres divines qu’il célèbre. […] » XII Mais les vicissitudes de l’âme du poète suivent les vicissitudes de la destinée humaine. […] Ce sentier suit la vallée de Josaphat et passe entre le tombeau d’Absalon et la fontaine de Siloé.

963. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Quelle est ton idée en les quittant et en prenant ce déguisement pour me suivre ? […] CCI Je n’avais pas pensé à cela, monsieur, et, tout en déplorant qu’il ne voulût pas suivre mon idée de le faire sauver, je ne pus m’empêcher d’avouer qu’il disait trop juste et qu’à sa place j’aurais certainement dit ainsi moi-même. […] Les pauvres prisonniers me disaient de même : — Au moins notre oreille est libre quand notre âme suit dans l’air les sons qui chantent ou qui prient avec ton instrument. […] Ensuite la pensée des jours sans fin que nous avions passés ensemble, depuis que nous respirions et que nous grandissions dans le berceau, dans la cabane, dans la grotte, dans la vigne, dans les bois, sans songer que jamais nous pourrions être désunis l’un d’avec l’autre, et puis ceci, et puis cela, que nous n’avions pas compris d’abord dans nos ignorances, et que nous nous expliquions si bien à présent que nous nous étions avoué notre penchant, contrarié par nous seuls, l’un vers l’autre ; et puis la fatale journée de la coupe du châtaignier, et puis celle de ma blessure par le tromblon du sbire, quand il avait étanché mon sang sur mes bras avec ses lèvres ; et puis ma folie de douleur et ma fuite de la maison sans savoir où j’allais pour le suivre, comme la mousse suit la pierre que l’avalanche déracine ; et puis ma pauvre tante et mon père aveugle abandonnés à la grâce de Dieu et à la charité du père Hilario, dans notre nid vide ; et puis l’espérance que les anges du ciel nous délivreront des pièges de la mort où nous étions pris, tels que deux oiseaux, pour nous punir d’en avoir déniché, les printemps, tant d’autres dans nos pièges de noisetier, quand nous étions enfants ; et puis la confiance de nous sauver de là, plus tard, d’une manière ou d’autre, car les quatre semaines et les quatre jours nous paraissaient si longs, que nous ne pensions jamais en voir la fin.

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