Il remet cet homme sur pied, en pleine réalité, il le rattache par tous les côtés à la terre, selon son expression ; il suit dans son origine, dans son éducation, dans ses fréquentations, dans toute sa vie intime et domestique, la formation, les agrandissements, les abaissements du caractère et de l’esprit. […] Dans l’identité de la doctrine janséniste, Sainte-Beuve suit l’irréductible distinction des tempéraments, marque les formes et les valeurs très diverses qu’ils ont imprimées aux communes idées : au bout du livre, on a moins retenu l’évolution du jansénisme que des physionomies de jansénistes. […] Dans ses belles études sur la Philosophie de l’art, Taine, procédant toujours, comme il a dit, en naturaliste, suit dans la sculpture grecque, dans la peinture et la sculpture italiennes, dans la peinture des Pays-Bas, l’action déterminante de la race, du milieu et du moment.
Michelet choisit un couple : une jeune fille de dix-huit ans et un jeune homme de vingt-huit ; il les suppose s’aimant d’un amour égal ; il les isole à peu près (quoi qu’il dise) du monde ambiant ; les suit année par année, jusqu’à la mort, et étudie, aux âges différents, l’action physique et morale de l’homme sur la femme, et inversement : « création de l’objet aimé (c’est-à-dire création de l’épouse par le mari) ; initiation et communion ; incarnation de l’amour (dans l’enfant) ; alanguissement de l’amour ; rajeunissement de l’amour. » Michelet propose un idéal, et qui se trouve être, sur la plupart des points, traditionaliste : il est remarquable que, ayant intitulé son livre l’Amour, Michelet n’y parle que de l’amour conjugal. […] Si faible est ma volonté, que d’heure en heure elle glisse, elle va m’échapper… » etc… Dans le roman de Mme de La Fayette, M. de Clèves reçoit de sa femme une confidence pareille, suivie des mêmes supplications : « Conduisez-moi ; ayez pitié de moi et aimez-moi encore si vous pouvez ! […] Il est très bon de leur persuader que vivre ainsi, c’est suivre la nature en l’interprétant, et que, par la vertu d’un amour unique et qui dure, l’homme atteint à son maximum de force. « Ou concentre-toi, ou meurs.
Adolphe est las de lui-même et de sa puissance inoccupée ; il aspire à vouloir, à dominer, à parler pour être compris, à marcher pour être suivi, à aimer pour mettre à l’ombre de sa puissance une volonté moins forte que la sienne, et qui se confie en obéissant. […] Je suivrai d’un œil assuré les feuilles dispersées de mes espérances, si vertes et si humides au matin, et si rapidement séchées avant l’heure du soir. […] En vue des années qui vont suivre, il sentira défaillir son courage, et regrettera l’extase qu’il avait à peine espérée.
Le jeune homme l’a suivi quelque temps dans la voie scabreuse qu’il brûle à grandes guides ; mais il a vu l’abîme et il s’arrête court. […] Quand la pauvreté est venue, il n’a pas eu le cœur de la suivre, et d’aller travailler dans son âpre champ ; il a préféré flâner en comparse, sur le théâtre de la richesse où il a toujours ses entrées, mais dont il ne peut plus même porter le costume. […] Autrement, sa mauvaise humeur n’est qu’une bouderie puérile et fâcheuse qu’aggraveront étrangement les procédés qui vont suivre.
En un mot, il n’y a point encore là de vraie tragédie ; il peut au plus y en avoir un léger crayon ; car, outre que le sujet des récits de l’acteur était une action suivie, l’accessoire l’emporta peu à peu sur le principal. […] Car alors, non contents d’étudier la nature dans leur propre cœur, ils jugeaient de ce qui devait plaire par ce qui plaisait en effet, et se conformaient au goût des peuples pour suivre de plus près la nature, comme un sculpteur habile et éclairé étudie l’antique qui a plu, pour approcher de plus près du vrai beau qui doit plaire. […] Il s’est représenté l’épopée comme une reine auguste assise sur un trône, et dont le front chargé de nuages laisse entrevoir de vastes projets et d’étranges révolutions : au lieu qu’il s’est figuré la tragédie, éplorée et le poignard en main, telle qu’on la présente, accompagnée de la terreur et de la compassion, précédée par le désespoir, et bientôt suivie de la tristesse et du deuil.
Elle a suivi son époux dans la plaine, sur la montagne, au fond de la forêt. […] Attendez, mon ami : peut-être que ce qui suit donnera quelque vraisemblance à des idées qui ne vous ont amusé jusqu’à présent que comme un rêve agréable, que comme un système ingénieux. […] Mais ce que j’esquisse ici en passant, se trouvera peut-être un peu plus fortement rendu au chapitre de la composition qui va suivre.
Si je considère les trois meilleurs poètes de la génération qui suivit Verlaine et Mallarmé, et qui sont Henri De Régnier, Viélé-Griffin et Francis Jammes, je suis frappé de ceci que tous trois ont écrit sous forme de poème dramatique leur chef-d’œuvre, avec l’homme et la sirène, Phocas le jardinier, le poète et sa femme. […] Le symbolisme ne comportera, pour la critique, un ordre et un sens que lorsqu’un nouveau mouvement poétique (je n’ose dire une école) lui aura succédé, lorsqu’il sera possible de le définir comme il faut, par ce qu’il précède et par ce qui le suit. […] Mais si quelqu’un avait écrit une étude approfondie sur sa poétique, analysé sa rythmique et sa métrique, suivi l’évolution de son vers, ni M.
C’est en ces voyages que Lorrain nous invite à le suivre et dont, d’outre-tombe, il nous confie les pittoresques et vivantes impressions. […] En vain fit-il suivre les Hortensias bleus du Parcours du Rêve au Souvenir. […] Suivons-la donc dans la petite cité normande quelle évoque si bien et entrons avec elle dans la pharmacie paternelle. […] Pour se rendre compte de ces changements et de ces combats, il faut lire le livre de M. des Cognets et y suivre, de page en page, les nobles angoisses de ce cœur et de cet esprit. […] Pendant les années 1785, 86, 87, 88, les lettres de change se suivent régulièrement, presque toujours signées de M.
Mais le physicien n’affirmera jamais qu’un fait s’est produit sans cause ou que n’importe quelle cause peut être suivie de n’importe quel effet. […] Pensées et images, — car Mme de Witt ne recule jamais devant les rides d’une vieille métaphore, — se suivent avec incohérence. […] Elle va à la ligne au petit bonheur, hache les développements les plus suivis, rapproche les choses les plus opposées. […] Suit un éloge de la mer. […] Imitatrice inhabile, incapable de juger et d’utiliser l’expérience de l’homme, elle tient à suivre exactement la même route que nous avons suivie, à refaire les mêmes faux pas, à recommencer les mêmes chutes, à s’engager derrière nous dans l’impasse du suffrage universel.
Dans les années qui avaient suivi le coup d’État, M. […] Le public suivait avec un vif plaisir et un réel intérêt ces jeunes savants dont la parole était si sûre, si élégante et parfois si indépendante. […] Que lui importe en effet, puisqu’il a l’art de faire une pièce avec un seul caractère qu’il suit jusqu’où la logique le conduit ? […] Il suit cette marche des passions comme les médecins et les savants suivraient une maladie à travers les siècles ; il voit les derniers excès auxquels elles peuvent atteindre ; il rassemble tout cela sur une seule tête : celle d’un individu, qui devient alors typique et mythique, et la vérité même de la passion. […] Molière, ai-je déjà dit, ne suit que les grandes voies, les voies en général les plus près de la nature.
On sent jusqu’où l’on peut être hardi sans être téméraire ; on s’élève, on s’avance jusqu’où l’on se voit suivi ; si l’élève hésite, le maître s’arrête ; il regarde s’il n’a pas fait un faux pas. […] S’agit-il d’un politique, il entrera dans ses conseils ; il peindra les événements qu’il a dirigés ou suivis. […] Voilà pourquoi, ayant suivi Bossuet dans cette mêlée, et m’en étant retiré avec le doute, je me demande par quelles causes, vainqueur dans la doctrine, dans l’événement il a été vaincu. […] On suit le grand docteur comme Dante suit Virgile, pas à pas ; on l’écoute sans défiance, dans un complet abandon, oubliant la réserve qu’on a faite de son indépendance en entrant dans cette étude ; et, alors même que l’on remporte ses doutes, il est admirable qu’on ne trouve pas faux ce qu’on n’a pas trouvé concluant. […] Dame phrygienne qui avait quitté son mari pour suivre Montan ou Montanus, hérésiarque du deuxième siècle, lequel se faisait passer pour prophète et faiseur de miracles.
Le mari a son gouvernement, son commandement, son régiment, sa charge à la cour, qui le retiennent hors du logis ; c’est seulement dans les dernières années que sa femme consent à le suivre en garnison ou en province245. […] « Ici, à Paris, écrit Mme d’Oberkirch, je ne m’appartiens plus, j’ai à peine le temps de causer avec mon mari et de suivre mes correspondances. […] Ayant fait le code des usages, il est tout naturel que ce soit à leur profit, et elles tiennent la main à ce que toutes les prescriptions en soient suivies. […] « Depuis cinq ou six mois, écrit une dame en 1782295, les soupers sont suivis d’un colin-maillard ou d’un traîne-ballet et finissent par une polissonnerie générale. […] Comte de Ségur, I, 297 : Ma naissance n’a rien de neuf, J’ai suivi la commune règle ; Mais c’est vous qui sortez d’un œuf, Car vous êtes un aigle.
. — Confondu ou non confondu en totalité ou en partie avec l’objet réel, il suit toujours la sensation. […] Dès que la sensation est présente, le reste suit ; le prologue entraîne le drame. […] C’est un rapport constant entre deux termes, et tel que l’un précède toujours et que l’autre suive toujours. […] Les peuples enfants, en qui cette aptitude est intacte, la suivent bien plus loin que nous. […] De l’analyse du mouvement, il suit qu’il n’est pas absolument hétérogène à la sensation ; car l’idée que nous en avons est formée avec des matériaux fournis par nos sensations musculaires de locomotion.
Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] Et sans plus en dire chacun se met à cueillir de nouveau quelque brindille ; pourtant, avec des yeux malins en dessous, ils s’épiaient à qui rirait le premier……… » Mais lisez tout entier le passage qui suit cette rencontre involontaire des deux mains dans les feuilles. […] Enfin l’amoureux propose à Mireille de le suivre au pays de la Camargue, où l’on entend la mer à travers les rameaux sonores des pins. […] « Et les six mules, belles et luisantes, suivaient, sans détourner ni s’arrêter, le sillon ; elles semblaient, en tirant, comprendre elles-mêmes pourquoi il faut labourer la terre sans marcher trop lentement et sans courir, vers le sol baissant le museau, patientes, attentives à l’ouvrage, et le cou tendu comme un arc ! […] l’écho de ces stances est un perpétuel applaudissement de l’âme et de l’imagination qui vous suit de la première jusqu’à la dernière stance, comme, en marchant dans la grotte sonore de Vaucluse, chaque pas est renvoyé par un écho, chaque goutte d’eau qui tombe est une mélodie.
C’était de la démence ; cette femme eut le bon esprit de résister à toutes les séduisantes avances du grand homme. » Suit le billet : je ne le transcrirai pas. […] Les affaires extérieures suivront leur cours. […] je serai bientôt délivré des dernières ; les premières me suivront-elles dans la tombe ? […] « Je n’ai rencontré personne sur les chemins, hormis quelques cantonniers solitaires, occupés à effacer sur les ornières les traces des roues des voitures ; ils me suivaient comme le Temps, qui marche derrière nous en effaçant nos traces. […] Nous suivîmes son cercueil comme celui d’une vierge au linceul blanc ; c’était une âme virginale ; il n’avait aimé que Béatrice, et sa Béatrice restait sur la terre pour pleurer sur lui.
Une a suivi le troupeau toute la journée : c’est de bon augure, nous aurons bientôt des fleurs. […] Que de fois je me prends à considérer, à suivre des yeux de tout petits insectes que j’aperçois dans les feuillets d’un livre, ou sur les briques, ou sur la table ! […] Une jeune fille, belle comme une créole et d’une dot suffisante, l’y suivit ; mademoiselle de Guérin rêva la réhabilitation de son frère par un mariage. […] « Mais c’est l’Ascension aujourd’hui ; laissons la terre et le ciel de la terre, montons plus haut que notre demeure, et suivons Jésus-Christ où il est entré. […] « Il me faut partout des tables et du papier, parce que partout mes pensées me suivent et se veulent répandre en un endroit, pour toi, mon ami.
Le monarque taciturne lui répondit par un mouvement de tête, et, se retournant vers l’un des courtisans qui le suivaient, il demanda où étaient restés les échevins, qui d’ordinaire accompagnent le prévôt. […] Je pris la route de Gênes, où je m’embarquai avec mon bagage et une petite calèche, laissant mes chevaux suivre la voie de terre par Lerici et Sarzana. […] C’est là le procédé que j’ai suivi dans toutes mes compositions dramatiques, à commencer par le Philippe, et j’ai pu me convaincre qu’il compte au moins pour les deux tiers de l’œuvre. […] Gehegan, qui les suivait, ces religieuses sont d’une exquise politesse : elles viennent de me jeter la porte au nez ! […] Je ne pouvais avec décence la suivre à Rome immédiatement ; je ne pouvais non plus me tenir à Florence.
Les orbes célestes y obéissent et les suivent dans leur marche ; mais la position primitive et régulière de ces orbes ne dépend plus de ces lois merveilleuses. […] Je ne parle pas de son génie en général, c’est trop évident ; je ne parle que de sa Physique en particulier, et je pense que la théorie du mouvement, telle qu’elle s’y présente, est le point de départ de toutes les théories qui ont suivi sur le même sujet. […] On voit que son traducteur, qui aimerait à le suivre au septième ciel, souffre, tout en l’excusant, de cette philosophie un peu trop terrestre. […] Il suit de là que la loi morale n’est pas uniquement la règle de l’individu ; c’est elle encore qui fait à elle seule les véritables liens qui l’associent à ses semblables. […] En un mot, elle peut le sauver, s’il consent à la suivre.
On peut suivre dans deux de ces genres mixtes, la chanson et l’opéra, les effets de cette coopération. […] En voilà, je pense, plus qu’il n’en faut pour prouver que les arts dont nous parlons suivent la même marche que la littérature et se transforment avec elle sous l’action des mêmes causes générales. […] Ces derniers ont abondé au xvie siècle ; ils ont retrouvé un éclat éphémère sous la minorité de Louis XIV ; puis ils ont reparu avec le romantisme et plus encore avec les écoles qui l’ont suivi. […] D’autres fois ce sont des sobriquets satiriques donnés à ceux qui se piquent d’être les rois de la mode et qui en suivent ou même en devancent les prescriptions. […] On peut suivre dans des temps plus rapprochés de nous cette marche parallèle du costume et de la littérature.