La critique spontanée se confond avec la critique des contemporains, des écrivains contemporains, et son mouvement suit le leur comme le mouvement de l’ombre suit celui du corps. […] Elle devient chronique pure et doit suivre rigoureusement l’actualité. […] Elle aussi a suivi le conseil : Prends l’éloquence et tords-lui le cou. […] En lisant ces lignes de Hugo et le commentaire qui les suit, on aura pensé peut-être à Paul Valéry. […] Et la critique suit la littérature.
Les cathédrales aussi… Suivons bien. […] Il les suit, — jamais bien loin de l’eau, puisqu’un instinct les retient au bord. […] Suivez-le dans toutes ses rencontres avec elle. […] Suivons la pente qui conduit à Chamoux, le hameau perdu sous les noyers et la châtaigneraie. […] Du fond de sa cellule il a suivi, narquoisement attentif, le spectacle social.
En voici un encore vers lequel le hasard nous a conduit, et auquel une connaissance suivie nous a attaché. […] Je vois un autre homme qui commet des fautes ; je le reprends, je lui donne les conseils les plus conformes à la raison : s’il ne les suit pas, tant pis pour lui ! […] Ses lettres, qui suivent celles de Juliane, et qu’il adresse à son ami d’enfance, Godefroy Dorville, à Hambourg, nous décèlent sa distinction naturelle et nous le font aimer. […] Je n’entrerai pas dans le détail des différents ouvrages de Mme de Charrière qui suivirent ; ils sont de toutes sortes et nombreux. […] Que le mal auquel vous cédez ne vous empêche pas de recommencer, à l’instant qui suit, votre effort, votre retour vers le bien.
Le tambour même, au lieu d’être pour moi un coffre vide, est une urne pleine d’enthousiasme ; semblable à ces enfants qui le suivent dans les rues quand il précède nos bataillons en frappant le pas de la guerre, je le suivrais jusque sous la pointe des baïonnettes ou jusqu’à la gueule de feu des canons sans voir la mort et sans la sentir. […] La première de ces lettres est adressée à un ami de Salzbourg, qui suivait du cœur et des yeux les deux pèlerins de l’art et de la gloire. […] En passant, les uns après les autres parlèrent avec notre Wolfgang, et nous les suivîmes jusqu’à la table. […] Les deux artistes partent de cette ville au bruit des bravos, qui les suivent de ville en ville jusqu’à Salzbourg. […] La lettre qui suit la sépulture fait frissonner.
Cet officier, qui se distinguait par une habileté consommée dans l’art de manier une cavalerie nombreuse, se présente avec vingt-quatre escadrons de cuirassiers, que suit toute la masse des dragons. […] Les premières lignes, arrêtées par le feu, ne pénètrent pas, et, se repliant à droite et à gauche, viennent se reformer derrière celles qui les suivent, pour charger de nouveau. […] Napoléon marchait vers l’intérieur de la Russie à la tête de quatre cent mille soldats, suivis de deux cent mille autres. […] Qu’arriverait-il, à ces distances, de ce prodigieux artifice d’une armée de six cent mille soldats de toutes les nations, suivant une étoile, si cette étoile qu’ils suivaient venait tout à coup à pâlir ? […] Nous le suivrons jusqu’où il voudra aller, car l’historien, pendant ces quinze volumes, est aussi entraînant que le héros.
Les deux jeunes filles me racontèrent bien vite la conversation de leur mère avec madame de Reck, et la conjuration, suivie de succès, qu’elles avaient faite pour ma conquête. » Goethe m’a raconté déjà une autre anecdote du même genre, qui trouvera bien sa place ici. […] Le matin qui suivit le jour de sa mort, je me sentis un profond désir de voir sa dépouille terrestre. […] En politique, il commence par suivre son jeune souverain dans sa première campagne de Prusse en Champagne contre Dumouriez ; il soumet ainsi son libéralisme organique aux lois et aux rigueurs de son patriotisme. […] La Prusse, tour à tour menacée et caressée par l’empereur Napoléon, hésite immobile entre la paix et la guerre ; Weimar suit ces diverses agitations de Berlin. […] La vieillesse et la réflexion qui la suit ramènent ses pensées à des principes plus modérés que ceux de sa jeunesse ; il admet l’identité des tendances, mais les atermoiements lui paraissent une condition et une partie des améliorations.
L’Espagne, de son côté, pourrait mettre en ligne toute une phalange d’auteurs de bas étage empressés à suivre les traces d’un Fernan Gonzalez. […] Pour y parvenir, on suit docilement, aujourd’hui comme hier, les règles classiques (si l’on ose dire) de cette lucrative manipulation. […] Le public est dorénavant conquis, entraîné ; il vous suivra par tous les chemins de traverse où il vous plaira de le conduire. […] Mon père apporte à suivre ton roman, chaque matin, une attention pleine d’angoisse. […] Si on ne peut pas l’enlever en plein ciel — où elle nous suivra mûrement — il faut consentir à ramper à terre avec elle.
Peu enclin à remonter le courant ou à le suivre, il se tenait volontiers sur la rive. […] Vous trouverez dans mon testament que voici des instructions complètes et particulières sur la façon de porter et de conserver votre habit ; suivez-les exactement afin d’éviter les châtiments que j’ai attachés aux moindres transgressions et négligences. […] Là-dessus, les frères consultant le testament paternel trouvèrent à leur grand étonnement ces paroles : Item j’enjoins et ordonne à mesdits trois fils de ne porter aucune espèce de frange d’argent sur ou autour de leurs habits… Suivait une pénalité en cas d’infraction, trop longue pour l’insérer ici. […] Décidés à suivre, à tout hasard, les modes du monde, ils s’accordèrent unanimement à enfermer le testament de leur père dans une cassette solide, achetée en Grèce ou en Italie, et à ne plus se donner la peine de le consulter, mais à en appeler à son autorité toutes les fois qu’ils le jugeraient à propos… » Nous ne suivrons pas Swift dans l’histoire du frère lettré, qui se fit appeler Mgr Pierre, de son ascendant croissant sur les deux autres Jacques et Martin, de ses inventions ingénieuses, et de la despotique infatuation qui amène une rupture définitive entre lui et ses deux frères. […] Une guerre sans ménagement suivit cette rupture sans dignité.
Le repas terminé, notre mère, qui ne négligeait aucune occasion d’élever à Dieu l’âme de ceux dont elle était chargée, paraissait, suivie de ses filles et un livre à la main, à la porte de la cuisine. […] Elle faisait une courte lecture de piété appropriée à l’intelligence et à la condition de cette famille : c’était le plus souvent un petit épisode tout rural et tout pastoral de la Bible, suivi d’un petit commentaire qui faisait sentir à ces pauvres gens la similitude de leur vie à la vie des patriarches aimés de Dieu, puis une courte prière pour bénir le jour et le lendemain. […] Il convoque l’assemblée du peuple ; il s’y rend : son chien, fidèle comme les nôtres, suit son jeune maître. […] » Elle continua à lire le récit du voyage des deux jeunes gens jusqu’à leur arrivée à Lacédémone chez le roi Ménélas, le mari d’Hélène, rendue enfin à son époux. « Écoutez, dit-elle, l’arrivée du char chez le roi. » « L’écuyer de Ménélas, Étéomnée, appelle les autres serviteurs et leur commande de le suivre. […] Mais suivez-moi, venez dans ma cabane, ô pauvre vieillard !
Nous disons qu’il y a une société humaine naturelle, vaguement préfigurée en nous, que la nature a pris soin de nous en fournir par avance le schéma, toute latitude étant laissée à notre intelligence et à notre volonté pour suivre l’indication. […] Les choses suivront-elles leur cours ? […] Et nous proposerons alors d’appeler loi de double frénésie l’exigence, immanente à chacune des deux tendances une fois réalisée par sa séparation, d’être suivie jusqu’au bout, — comme s’il y avait un bout ! […] Volontiers elle suivait la mode, fabriquant sans autre pensée que de vendre. […] Vienne alors l’appel du héros : nous ne le suivrons pas tous, mais tous nous sentirons que nous devrions le faire, et nous connaîtrons le chemin, que nous élargirons si nous y passons.
Le premier effet de cette ambition, bientôt si légitimée, était qu’il ne pouvait se déterminer à suivre simplement l’honorable profession de son père et à se ranger à son côté dans la même voie. […] La méprise de l’Assemblée constituante fut de suivre et de favoriser de toutes ses forces ce courant, comme s’il n’y avait rien eu à craindre au lendemain, comme si l’on n’avait eu qu’à appliquer en temps paisible les conséquences rigoureuses de la raison politique, et de ne pas voir le flot de la démocratie qui montait, qui s’élevait de toutes parts, et qui allait l’emporter elle-même avec sa Constitution et ses lois : tellement que pour que la partie salutaire et juste de ces lois pût s’appliquer en réalité et être sentie de tous, il fallut qu’auparavant on repassât par l’autorité d’un seul, c’est-à-dire par ce que la Constituante avait le plus méconnu. […] Il suivra encore une fois Sieyès dans ses évolutions principales, mais il le suivra de son propre mouvement, par ses raisons propres et sans servilité.
Daru en Italie, il suivit le quartier général et assista en amateur à la bataille de Marengo. […] Et je ne sais pour quelle autre chose je ferais cet effort. » Je ne le suivrai pas dans ses courses à travers l’Europe sous l’Empire. […] Je prends Beyle en 1814, et dans le premier volume qu’il ait publié : Lettres écrites de Vienne en Autriche sur le célèbre compositeur Joseph Haydn, suivies d’une Vie de Mozart, etc., par Louis-Alexandre-César Bombet. […] Quand je dis campagne et quand je prends les termes de guerre, je ne fais que suivre exactement sa pensée : car dans son séjour à Milan, dès 1818, je vois qu’il avait préludé à ce projet d’attaque en traçant une carte du théâtre des opérations, où était représentée la position respective des deux armées, dites classique et romantique.
Mais une heure de ce doux calme va être suivie de l’agitation ordinaire de ma vie ; je sens déjà que cet état de ravissement est loin de moi ; il n’est pas fait pour un mortel. […] Mais cette réponse, qui place le bonheur dans une certaine harmonie des organes avec ce qui les entoure, ne lui suffit pas : Je voudrais, dit-il, si jamais je pouvais entreprendre quelque chose de suivi, rechercher jusqu’à quel point l’âme est active, jusqu’à quel point elle peut modifier les impressions extérieures, augmenter ou diminuer leur intensité par l’attention qu’elle leur donne ; examiner jusqu’où elle est maîtresse de cette attention… Est-ce que tous nos sentiments, nos affections, nos principes, ne tiendraient qu’à certains états physiques de nos organes ? […] Bien des esprits sérieux et réfléchis suivront et partageront ainsi désormais les vicissitudes morales de Maine de Biran. […] Dans le journal très intéressant, et qui ne va plus discontinuer depuis lors, de ses impressions et de ses pensées, on suit parfaitement, sans en rien perdre, les différents temps et presque les motifs de ses désirs, de ses troubles et de ses transformations de doctrine.
On peut suivre maintenant, de point en point, tout le détail de ses premières impressions, de ses premiers pas (avril-mai 1770). […] L’image de ma bonne mère, de toute ma famille, de mes bonheurs d’enfance, me sera toujours présente en même temps que vos conseils seront toujours devant mes yeux ; — j’arriverai sans expérience dans un pays nouveau qui m’a adoptée sur votre nom, je tremble à l’idée que je ne répondrai pas à l’attente ; le peu que je pourrai valoir, c’est à vous que je le devrai ; mais maintenant je sens que je n’ai pas assez profité de vos leçons si tendres : que vos bontés me suivent, je vous en conjure ! […] On suit avec intérêt ces degrés et comme ces nœuds de formation chez une personne qui est arrivée à la perfection morale ; il y eut des crises à traverser. […] Nous l’y suivrons.
Il n’a point suivi « les beaux esprits » qui poursuivaient l’élégance à tout prix, et faisaient mourir leurs héros en style académique. […] Il n’y a pas de découverte plus difficile et plus délicate que celle des changements de ton par lesquels une idée se continue dans l’idée suivante, car il s’agit alors d’imiter les véritables mouvements de l’âme, de la suivre, toute complexe et capricieuse qu’elle est, à travers les ondulations tortueuses et imprévues par lesquelles elle voyage tour à tour de la joie à la tristesse, de la tendresse à la colère. […] A l’extérieur, les rimes peuvent se détacher de celles qui précèdent et qui suivent, comme la phrase peut se séparer de celles qui l’entourent, comme la pensée peut se mettre à part de celles qui lui sont jointes, et la musique, la grammaire et la logique sont d’accord pour en former un tout distinct. […] D’où il suit que les sons s’appellent comme les idées et comme les phrases ; la logique, la grammaire et la musique s’accordent pour former un tout indissoluble.
En même temps il suit un cours de dessin à la manufacture et travaille à l’atelier des apprentis. […] La haine du désordre républicain ne l’avait point jeté dans la réaction ; il avait voté le 10 décembre 1848 pour le général Cavaignac ; et aux plébiscites qui suivirent le coup d’État de décembre 1831, il avait voté non. […] Il écrivait encore à l’empereur : « Assurons à ceux qui, par leurs qualités naturelles, leur naissance ou leur fortune, sont appelés à marcher au premier rang de la société… la culture de l’esprit la plus large… afin de fortifier l’aristocratie de l’intelligence au milieu d’un peuple qui n’en veut pas d’autre… » — Et c’est pourquoi il supprima la bifurcation en études scientifiques et littéraires, « qui sépare, disait-il, ce qu’on doit unir lorsqu’on veut arriver à la plus haute culture de l’intelligence » ; introduisit dans les lycées l’histoire contemporaine et quelques notions économiques ; restaura la classe de philosophie, si prospère aujourd’hui et suivie avec tant de passion par les mieux doués de nos enfants. […] Il croyait que les vivants sont comptables, devant la génération qui les suit, de tout l’actif de l’héritage des morts.
Cependant M. de Ryons observe, étudie, commente, analyse son amie nouvelle ; il pratique sur son cœur chastement fermé une première tentative d’effraction non suivie d’effet ; il se fait, de force ou de gré, inviter à dîner chez elle, le soir même. […] A ce groupe qui vit en famille, ajoutez Valmoreau, un petit jeune homme qui suit les femmes jusqu’en chemin de fer, et dont la vie n’est qu’un train de plaisir entre l’amourette quittée et la bonne fortune poursuivie. […] Valmoreau, qui l’a suivie de Paris au Havre et du Havre à Étretat, l’a surnommée miss Capulet, parce qu’elle porte une capeline bleue. […] Il vous souvient du petit Valmoreau qui a suivi miss Capulet jusqu’à Étretat, par fantaisie de libertin désœuvré.
Dans le livre de Baylen, on suit d’un bout à l’autre le soulèvement de l’Espagne, les atroces cruautés de la populace mêlées à l’énergie du patriotisme, et qui le souillent si aisément en tout pays. […] Toutefois, je lui rends justice : si elle ne voit pas, elle sent, et, dans les occasions fort rares où il faut fermer les yeux et obéir à son cœur, elle est, non pas un conseiller à écouter, mais un torrent à suivre. […] Moyennant ces mouvements de troupes, ces va-et-vient de régiments et de bataillons qu’il nous déduit par leurs numéros, on saisit, à n’en pouvoir douter, l’industrie toute spéciale avec laquelle Napoléon sait tirer de ses armées d’Allemagne et d’Italie, sans trop les affaiblir, des corps qu’il approprie à son échiquier nouveau ; on suit du fond de son fauteuil le grand artiste militaire dans ses habiletés et ses artifices d’organisateur. […] Ce récit d’opérations, presque toujours intéressant à suivre, et où le général Gouvion Saint-Cyr a son épisode à part pour sa belle campagne de Catalogne, est entremêlé et relevé de pages très spirituelles sur la royauté de Joseph et son entourage.
J’ai été forcé toute ma vie de suivre des occupations auxquelles je n’étais pas propre, et de laisser de côté celles où j’étais appelé par mon goût… Je ne sais s’il ne s’abusait point en parlant ainsi, et si cette diversité d’objets sans cesse renaissants n’était point selon ses goûts mêmes. […] Pourtant c’est bien à lui que revient l’honneur d’avoir introduit le premier chez nous la critique féconde des beautés, qu’il substitua à celle des défauts ; et, en ce sens, Chateaubriand lui-même, dans cette partie du Génie du christianisme qui traite éloquemment de la critique littéraire, ne fait que suivre la voie ouverte par Diderot. […] Pourtant de tels discoureurs, quand ils sont comme lui imbus de leur sujet, pénétrés d’un vif sentiment de l’art et des choses dont ils parlent, sont utiles en même temps qu’intéressants : ils vous conduisent, ils vous font faire attention, et tandis qu’on les suit, qu’on les écoute, qu’on en prend avec eux et qu’on en laisse, le sens de la forme et de la couleur, si l’on en est doué, s’éveille en nous, se fait et s’aiguise : on devient insensiblement bon juge à son tour et connaisseur, par des raisons secrètes qu’on ne saurait dire et que la parole n’atteint pas. […] En analysant ce tableau et aussi les autres tableaux de Greuze, Diderot, notez-le, se plaît à y remarquer ou à y introduire une légère veine de sensuel à travers le moral, une veine qui s’y trouve peut-être, mais que certainement il aime à suivre, à indiquer du doigt, et que, plutôt que de l’omettre, il est tenté de grossir et d’exagérer.