Mais il n’est pas besoin d’un Aristophane : Félix Pyat a suffi pour cette exécution.
Le nom de Rabelais suffit. […] Mais un point suffit à trancher le débat. […] Chanter ne suffit pas. […] Celle de Chateaubriand fut plus profonde et aurait suffi. […] D’abord il a surtout voyagé dans les idées, ce qui peut suffire.
Suffira-t-il de dire aux artistes qu’en vertu du progrès ils doivent, comme les mathématiciens, être toujours plus profonds et plus habiles pour qu’en effet ils le deviennent ? […] Il ne lui suffisait pas de révéler par son œuvre la pensée de l’Absolu, il tendait à la reproduire, à la réaliser. […] Il nous suffira de dire ce qu’est la doctrine par rapport à M. […] Le grand argument des réalistes est que la nature se suffit à elle-même. […] Ce qui vient bien à l’appui de mon affirmation de tout à l’heure, que l’art a son siège dans le cœur de l’artiste, bien plus que dans les objets dont, il s’occupe, et qu’il suffit d’un homme nouveau pour découvrir des choses nouvelles.
II Avec la faculté que j’ai de suffire à mon propre bonheur et d’aimer par conséquent la solitude, la petite pension de la rue des Deux-Églises 23 eût été, en effet, pour moi un paradis, sans la crise terrible que traversait ma conscience et le changement d’assise que je devais faire subir à ma vie. […] Mais la satisfaction intime de ma conscience me suffisait. […] Quelques mois suffirent pour reléguer ces vestiges de foi dans la partie de nos âmes consacrée aux souvenirs. […] Le plaisir de vivre et de produire me suffit.
En la peignant comme Boucher l’aurait peinte, il a cessé d’être grave ; il a été passionné, tendre, approbateur, courtisan, justaucorps bleu ; il a trouvé tout exquis ou à peu près… Et quand (ce qui est rare) le vieux instinct de l’écrivain politique ou du moraliste chrétien s’est réveillé, et qu’il a fallu, sous peine de se renier soi-même, blâmer quelque chose dans cette société qui, après tout, a quelquefois de de grisantes odeurs de cloaque et d’effroyables réalités, il n’a pas appuyé, il a glissé, un mot a suffi, et il est retourné vite au bonheur de ses admirations. […] Capefigue a signalés contre elle, subsiste toujours cet adultère royal, certain, authentique, ineffaçable, qui suffirait seul pour interdire jusqu’à l’idée d’une réhabilitation à tout esprit droit. […] Capefigue se donne tant de peine pour anoblir, et qui n’en fut pas moins une mésalliance pour le gentilhomme qui l’épousa et pour le roi qui ne l’épousa pas, tout n’est pas insultes et calomnies, mais tout le serait-il qu’il resterait toujours la vérité de ces quatre mots d’histoire : « Elle fut la maîtresse du roi de France de 1770 à 1774 », et cela seul suffirait pour la honte que M. […] Cela seul suffirait pour qu’elle eût droit, comme concubine adultère d’un roi, à tout le mépris de l’histoire, et comme victime parmi les trente mille victimes (plus ou moins peut-être) que la Révolution égorgea, à son trente millième de pitié !
Mme de Longueville n’avait laissé d’elle qu’une médaille, burinée par la main de ce fin et profond ciseleur, le cardinal de Retz, et cela suffisait à l’exigence des imaginations et à la justice même de la Gloire. Cela n’a pas suffi à M. […] Nous l’avons dit plus haut : Mme de Longueville, malgré toutes ses illustrations, n’est pas un personnage d’une telle place dans l’histoire que les Mémoires du temps ne suffisent à en faire connaître ce qu’il est utile d’en savoir. […] Elles furent belles, mais cela suffit-il ?
Le dialogue, encore qu’il l’ait net, juste, abondant de traits et de répliques, ne lui suffit pas. […] Il suffit de l’entendre parler avec amertume « du poète mort jeune en qui l’homme survit ». […] L’illustre gourmandise de M. le duc de Vivonne suffirait-elle après tout pour qu’on parlât encore de lui ? […] Ils sont les maîtres et intéressent à eux-mêmes ; pour cela il leur suffit de se laisser voir vivre. […] Il lui suffirait d’arracher de son visage le masque hideux dont il l’avait voilé.
Il suffit d’en indiquer le systême, pour en faire sentir tout le délire.
On met l’intelligence partout, et l’on s’imagine qu’elle suffit à tout. […] Le pays qu’on préfère, c’est celui où la philosophie règne ; et, comme on vit en France, on voit aisément qu’elle n’y règne pas : il suffit au contraire de quelques lettres de princes ou de grands seigneurs pour faire croire qu’elle règne ailleurs plus souverainement que chez nous.
On n’a plus à regarder la nature : il suffit de connaître Racine, Corneille et Quinault. […] Il me suffira de rappeler ici les traits d’incrédulité hardie dont Œdipe même était semé, l’esprit de libéralisme politique qui animait certaines parties de Brutus, la fameuse sentence de Mérope, où le droit divin est nié.
Il suffit de se continuer soi-même par la pensée derrière l’obstacle qu’on rencontre, sous forme d’une volonté autre, d’un effort autre. […] Il suffit, encore une fois, de nous apercevoir que cette image ne dépend pas de notre volonté, de notre centre d’appétitions, pour la concevoir autre et autre volonté, amie ou ennemie.
Autour de lui, hommes et femmes écoutaient, « devenaient clers et sçavants en peu d’heures, et parloyenl de prou de choses prodigieuses, élégantement et par bonne mémoire : pour la centième partie desquelles sçavoir ne suffirait la vie de l’homme : des Pyramides, du Nil, de Babylone, des Troglodytes, des Himantopodes, des Blemmyes, des Pygmées, des Caníbales, des mons Hyperborées, des Egipanes, de tous les diables, et tout par ouydire. » Or la satire ne vise pas ici seulement le savoir populaire, car autour d’Ouydire et prenant attentivement des notes, Rabelais n’a pas manqué de faire figurer Hérodote et Pline, Marco-Paulo, Strabon, Albert le Grand, tout un lot d’auteurs dont les livres en vogue dispensaient aux écoliers de son temps les notions enregistrées jusque-là par la science humaine. […] Elles constituent entre elles une hiérarchie et l’existence de cette hiérarchie de tendances suffit à créer un état de Bovarysme, dès que, sous l’influence de la notion imposée par le milieu, les termes en sont intervertis, dès que l’être humain, à l’instigation des images, donne le pas à des tendances plus faibles sur de plus fortes.
Cela suffisait pour expliquer qu’on eût planté là un livre savant, écrit avec une virilité calme, par un esprit très respectueux des choses de l’Église parce qu’il y avait touché. […] Honorable et rare caractère, du reste, et qui suffit à un esprit courageux, indifférent au succès, et qui ne l’a visé ni par le fond de son livre, impopulaire à cette heure, ni par sa forme rassise, qu’il n’affecte pas, mais que naturellement il possède.
Il est condamné par mon Église, et cela me suffit. » Nous autres catholiques, nous ne discutaillons pas ; nous obéissons. […] Dumas, qui n’a cependant, comme auteur dramatique, ni comique, ni verve, ni feu, ni abondance, ni aucune des qualités de tempérament de son père, a trouvé le moyen de se faire préférer à son père, si desséché dans la personne de son fils, mais cette sécheresse a suffi.
Il a attaché les deux siennes, dans toute leur longueur, au loup de velours noir qu’il a mis sur le visage de sa femme de chambre, pourtraite au frontispice de ce volume qui pue le faux ; et si on ne sait pas le sexe de ces deux oreilles, on en sait l’espèce, et cela suffit… L’auteur, quel qu’il soit, n’a pas même de talent littéraire… Du moins n’en a-t-il pas montré. […] Le sujet seul du livre suffit pour exciter la curiosité, et, le croira-t-on ?
Pour être vraie, il ne suffit pas d’être malpropre. […] Cela ne vous suffit pas que la société, — trop souvent, hélas ! […] Ton souffle suffit à ma voile. Ton rayon suffit à mes yeux. […] La vision même de l’avenir ne suffirait pas à emplir leurs yeux et leurs cœurs.
Souvent, la contemplation de la couleur suffit à amener la guérison. […] Il en est de la médecine comme de la religion : il suffît d’y croire pour en tirer du soulagement. […] Le regard, et nous rentrons aussitôt dans l’absurde, suffit pour cela. […] En tout autre pays, il suffirait de distribuer des vivres. […] Nous n’en détenons chacun qu’un tout petit morceau, mais si précieux qu’il suffit à enrichir les plus pauvres.
Il suffit d’être hardi, entortillé, obscur, sentencieux, boursoufflé, & voilà comme se font la plupart des Prophetes de nos jours.
Il suffirait d’examiner l’Amérique pour en reconnaître la vérité ; car, si nous en retranchons les contrées boréales, où les terres circumpolaires sont presque continues, tous les auteurs s’accordent pour dire qu’une des divisions les plus fondamentales en distribution géographique est celle qu’on observe entre le Vieux monde et le Nouveau. […] De pareils moyens suffisent pour les transporter de temps à autre à travers des bras de mer de quelques centaines de milles de largeur, ou d’île en île, ou d’un continent aux îles voisines, mais non pas d’un continent à un autre très éloigné. […] Mais il suffirait du reste à mes vues que la température se soit abaissée simultanément sur toute l’étendue de certaines larges bandes en longitude153. […] Car quelques-unes de ces espèces sont si distinctes, que nous ne saurions supposer que le temps écoulé depuis le commencement de la période glaciaire ait suffi à leur migration et aux modifications qu’elles auraient dû subir depuis leur établissement pour devenir si différentes de leur souche. […] Or, aucun des mouvements du ciel, observés jusqu’à ce jour, ne suffit à résoudre ce problème, et l’on en est réduit à rechercher parmi les hypothèses celle qui présente le plus de vraisemblance.