Lui qui (je m’en souviens) s’est moqué autrefois si joliment des Impassibles, ne peut pas, sans inconséquence et perversion de sa nature, en devenir un.
Les hommes sont naturellement portés à conserver dans quelque monument le souvenir des lois et institutions, sur lesquelles est fondée la société où ils vivent.
Il avait d’ailleurs le pire des publics, débauché et frivole, dépourvu d’un goût personnel, égaré à travers les souvenirs confus de la littérature nationale et les imitations déformées des littératures étrangères ne demandant au théâtre que la volupté des sens ou l’amusement de la curiosité. […] Le tragique s’en va, les souvenirs du moyen âge sont à mille lieues ; il ne reste que la gaieté malicieuse, gauloise et bourgeoise, d’un frondeur et d’un gourmet.
Il lui persuada de feindre une guerre avec ses voisins et de faire tuer Sîfrit dans la mêlée, souvenir biblique de la trahison de David ; le roi accepte ; Kriemhilt, l’épouse de Sîfrit, conçoit des soupçons, fait venir Hagene, qu’elle croit fidèle et s’ouvre à lui sur le secret profond qui rend Sîfrit invulnérable. […] « Souvent mon cœur gémit au souvenir de mon bien-aimé.
J’arrive maintenant à mon personnage, qui est digne de quelque chose de mieux qu’un bref éloge et un vague souvenir.
Elle aimoit beaucoup l’Église et les pauvres, qui sont les deux objets de notre charité sur la terre, et je me souviens d’avoir vu quantité de ses lettres dans les commencements de sa conversion, qui étoient remplies de sentiments fort pénitents et fort humbles.
Du patriarche d’Arabie au mage de Perse, du grand roi de Persépolis au démagogue d’Athènes, du consul de Rome aristocratique au César de Rome asservie dans le bas empire, du César païen au pontife chrétien souverain dans le Capitole ; de Louis XIV, souverain divinisé par son fanatisme dans sa presque divinité royale, aux chefs du peuple élevés tour à tour sur le pavois de la popularité ou sur l’échafaud où ils remplaçaient leurs victimes ; des démagogues de 1793, du despote des soldats, Napoléon, affamé de trônes, aux Bourbons rappelés pour empêcher le démembrement de la patrie ; des Bourbons providentiels de 1814 aux Bourbons électifs de 1830, des Bourbons électifs, précipités du trône, à la république, surgie pour remplir le vide du trône écroulé par la dictature de la nation debout ; de la république au second empire, second empire né des souvenirs de trop de gloire, mais second empire infiniment plus politique que le premier, calmant dix ans l’Europe avant d’agiter de nouveau la terre, agitant et agité aujourd’hui lui-même par les contrecoups de son alliance sarde, insatiable en Italie, contrecoups qui, si la France ne prononce pas le quos ego à cette tempête des Alpes, vont s’étendre du Piémont en Germanie, de Germanie en Scythie, de Scythie en Orient, et créer sur l’univers en feu la souveraineté du hasard ; de tous ces gouvernements et de tous ces gouvernants, la souveraineté, souvent dans de mauvaises mains, mais toujours présente, n’a jamais failli ; c’est-à-dire que la souveraineté, instinct conservateur et résurrecteur de la société naturelle et nécessaire à l’homme, n’a pas été éclipsée un instant dans l’esprit humain.
C'est ce souvenir qui ne cessera de m'inspirer des égards pour vos sentimens, & des procédés conformes à ma reconnoissance.
Mais, de temps en temps, ils se souviennent qu’ils ont été autrefois des hommes.
Les souvenirs glissent au bleuâtre lointain, si frêles, appâlis, mélancoliques.
Mais, comme Forneron, il ne s’était souvenu que du respect qu’il avait pour la royauté, en la regardant… Il fallait songer à toute autre chose.
il y a plus beau dans la réalité et dans l’Histoire, et l’aveugle artiste, plus aveugle qu’Homère, ne s’en souvient donc pas !
Il confond l’empereur, il l’écrase, il le foudroie : la force de son amour lui fait braver la mort : il oublie qu’il parle à un maître, à un tyran, pour se souvenir qu’il aime et qu’il est aimé. […] Un tel souvenir lui permettait-il de croire que Racine put faire mieux qu’Esther ? […] Louis XIV se souvint d’Athalie, lorsque le public parut la traiter plus favorablement. […] Il a lui-même avoué que je lui en fis confidence chez une personne de qualité, qui s’en souvient encore aussi bien que lui : c’est une vérité qui passe pour constante, et je ne dois pas me mettre en peine de la prouver, puisque des personnes de naissance et dignes de foi ont vu ma pièce longtemps avant que cet autre auteur eût commencé de travailler à la sienne, et l’ont même dit à sa majesté, lorsque notre guerre a fait le plus de bruit, et qu’elle en était importunée.
Dans un État qui ressemble à une armée, il faut que les châtiments, comme dans une armée, soient terribles, et, pour les aggraver, la hideuse guerre des deux Roses qui, à chaque incertitude de la succession, peut reparaître, est encore présente dans tous les souvenirs. […] Il la regarde silencieusement, et se souvient.
Mais il faut surtout se souvenir de deux choses : 1°. de suivre dans tout l’ouvrage l’orthographe principale adoptée pour chaque mot ; 2°. de suivre un plan uniforme par rapport à l’orthographe, considérée relativement à la prononciation, c’est-à-dire, de faire toujours prévaloir, dans les mots dont l’orthographe n’est pas universellement la même, ou l’orthographe à la prononciation, ou celle-ci à l’orthographe. […] Les idées seront exprimées facilement et nettement, en évitant les tours ambigus, les phrases trop longues, trop chargées d’idées incidentes et accessoires à l’idée principale, les tours épigrammatiques, dont la multitude ne peut sentir la finesse ; car l’orateur doit se souvenir qu’il parle pour la multitude.
Du même coup notre moi s’éparpille ; notre passé, qui jusque-là se ramassait sur lui-même dans l’impulsion indivisible qu’il nous communiquait, se décompose en mille et raille souvenirs qui s’extériorisent les uns par rapport aux autres. […] En nous plaçant d’abord aussi haut que possible dans notre propre conscience pour nous laisser ensuite peu à peu tomber, nous avons bien le sentiment que notre moi s’étend en souvenirs inertes extériorisés les ans par rapport aux autres, au lieu de se tendre en un vouloir indivisible et agissant.
Son livre vivra éternellement, il vivra d’abord dans ma mémoire comme souvenir d’une farce de la hauteur immense de Tragaldabas, et je raconterai ses orgies de mots à mes petits-enfants quand ils seront sages. […] Les nouvelles, publiées sous le titre de Nouvelles diverses, seront consacrées seulement à des choses saillantes, qui auront provoqué une certaine émotion, et dont le souvenir durera au moins un mois ; qu’on nous pardonne donc de ne pas rendre compte, aujourd’hui, de toutes les pièces de théâtre nées ou mortes depuis quelques jours : les Pauvres de Paris, le Marin de la Garde, Jane Grey et beaucoup d’autres, qui n’ont pas une valeur assez marquée pour éveiller encore la curiosité et nécessiter de notre part une appréciation quelconque. […] Son livre vivra éternellement, il vivra d’abord dans ma mémoire comme souvenir d’une farce de la hauteur immense de Tragaldabas, et je raconterai ses orgies de mots à mes petits-enfants quand ils seront sages.
Ces riches communes, ces vaillants yeomen, ces rudes bourgeois bien armés, amplement nourris, protégés par leurs jurys, habitués à compter sur eux-mêmes, obstinés, batailleurs, sensés, tels que le moyen âge anglais les a légués à l’Angleterre moderne, ont pu laisser le roi étaler au-dessus d’eux sa tyrannie temporaire, et faire peser sur sa noblesse les rigueurs d’un arbitraire qu’autorisaient les souvenirs de la guerre civile, et le danger des hautes trahisons.
Alphonse Daudet, surtout dans ses derniers, se sont souvenus, et pour le style et pour la composition, beaucoup plus de Germinie ou de Renée que de Madame Bovary.