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1168. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Quand la guerre civile agite et ensanglante la société, l’imagination fait volontiers des idylles et prêche la paix et la vertu. Quand, au contraire, la société s’apaise et se repose, l’imagination se reprend de goût pour les crimes. […] Un jour, il écrit à son cher confident : « Je commence un genre de vie plus agréable, je me mêle un peu plus à la société. […] Ce fut toute sa société dans son enfance et sa jeunesse solitaires. […] La loi de l’art, dans ce pays, comme celle de la société tout entière, était l’immobilité.

1169. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Étranger à tout esprit de système, mais obéissant à cette impulsion qui entraînait la classe de la société à laquelle il appartenait, le père d’Étienne désirait avec ardeur que son enfant reçût une instruction supérieure à la sienne. […] Le théâtre du Vaudeville était alors, comme aujourd’hui, fort à la mode ; c’était même un de ceux que fréquentait le plus habituellement ce que l’on appelait alors la société distinguée. […] Depuis l’apparition du Serment des Horaces, les antiquités romaines étaient devenues à la mode dans toutes les classes de la société en France. […] On ne voyait pas tranquillement, surtout, s’ouvrir de nouveau dans Paris ces sociétés populaires, ces clubs, à l’aide desquels, quelques années auparavant, on avait si facilement perverti les idées de la multitude. […] Dans les malheurs de l’exilé Marcus Sextus on vit ceux des émigrés, et toutes les classes de la société sans exception suivirent l’impulsion donnée, et admirèrent également l’ouvrage et l’intention présumée du jeune artiste.

1170. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 219-221

Si la plupart des spéculations de l’Abbé de Saint-Pierre. sont impraticables, on doit plutôt s’en prendre à l’état actuel des Sociétés, qu’au défaut de justesse & de suite dans ses observations.

1171. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse, comme cette création du monde, et cette innocence des hommes primitifs, qu’il nous peint ; et que tout est terrible et hors de la nature dans le dernier prophète, comme ces sociétés corrompues, et cette fin du monde, qu’il nous représente ?

1172. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

Au reste, les sages de la Grèce envisageaient la société sous les rapports moraux ; nos derniers philosophes l’ont considérée sous les rapports politiques.

1173. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Sa société habituelle : Racine, Boileau, La Fontaine et Chapelle. […] Cette société tenait ses séances à l’hôtel Rambouillet. […] Une « chère », une « précieuse », devait se mettre au lit à l’heure où sa société habituelle lui rendait visite. […] Quant à madame de La Sablière, son inviolable attachement pour La Fontaine la portait à rechercher la société des amis du fabuliste. […] « Si jamais, a dit Chamfort, auteur comique a fait voir comment il avait conçu le système de la société, c’est Molière dans Le Misanthrope.

1174. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Toutefois, la conception du Misanthrope peut avoir eu un autre principe : ne serait-ce pas l’intérêt commun de la société des quatre amis.

1175. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Il prit le parti de répondre, la plume à la main, aux objections qu’on lui faisoit dans la société, & ce fut dans cette intention qu’il composa son Traité de la Sagesse, dans lequel il expose, avec bonne foi & sans déguisement, les sentimens de tous les Sceptiques qu’il vouloit réfuter.

1176. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 115-117

En voici une, de plusieurs qu’il a composées contre nous & débitées dans les Sociétés.

1177. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

A l’âge de douze ans, il avoit été reçu dans les Sociétés Littéraires dont il est Membre.

1178. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Celui-ci a traduit, en société, avec M. l’Abbé Marie, Professeur de Mathématiques au Collége Mazarin, & Sous-Précepteur de M. le Comte d’Angoulême, un Ouvrage Anglois, fait par Bulter, & intitulé, Vie des Peres, des Martyrs & des autres principaux Saints, tirée des Actes originaux & des monumens les plus authentiques.

1179. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Pourquoi le dire à l'Auteur lui-même, dans un temps où ses amis s'empressoient avec tant de zele à célébrer son triomphe dans leurs bénignes Sociétés ?

1180. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Bénie soit à jamais la mémoire de celui qui en instituant cette exposition publique de tableaux, excita l’émulation entre les artistes, prépara à tous les ordres de la société, et surtout aux hommes de goût, un exercice utile et une récréation douce ; recula parmi nous la décadence de la peinture de plus de cent ans peut-être, et rendit la nation plus instruite et plus difficile en ce genre.

1181. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

III Tenez, si vous voulez, ce qui précède pour absurde et pour chimérique ; mais, au nom du ciel, accordez-moi que la science seule peut fournir à l’homme les vérités vitales, sans lesquelles la vie ne serait pas supportable, ni la société possible. […] Lors même qu’il serait prouvé que le ton de la société qui devenait de plus en plus dominant sous Louis-Philippe allait à couper le nerf des grandes choses, certes rien ne serait prouvé contre la société qu’amèneront la raison et la nature humaine développée dans sa franche vérité. […] Les hommes sérieux concevaient comme idéal de la vertu des caractères grossiers et incultes, et comme idéal de la société un développement tourné exclusivement vers le dévouement à la patrie et le bien faire (Sparte, l’ancienne Rome, etc.). […] Le chrétien fait partie d’une société bien plus étendue et plus sainte, qu’il doit au besoin préférer à son pays

1182. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Nous ne faisons pas un pas dans la société, dans les rues, à la ville, à la campagne, sans y rencontrer des machines. […] Entre les conditions subalternes de la société, il n’y en a point à laquelle l’histoire naturelle ne fût plus ou moins utile ; tout ce qu’on voit, tout ce qu’on touche, tout ce qu’on emploie, tout ce qu’on vend, tout ce qu’on achète, est tiré des animaux, des minéraux ou des végétaux. […] Ils se répandent dans les différentes professions de la société : les uns se font commerçants ou militaires, d’autres suivent la cour ou le barreau ; c’està-dire que les dix-neuf vingtièmes passent leur vie sans lire un auteur latin, et oublient ce qu’ils ont si péniblement appris. […] J’oserais presque répondre : à personne, si ce n’est aux poètes, aux orateurs, aux érudits et aux autres classes des littérateurs de profession, c’est-à-dire aux états de la société les moins nécessaires. […] Il serait important de se procurer les meilleures éditions des auteurs anciens et de les réimprimer dans l’empire ; une société de savants consacrés à ce travail serait bien moins dispendieuse et beaucoup plus nécessaire qu’une Académie, car c’est ainsi que peu à peu on ferait naître l’art de, l’imprimerie et le commerce de la librairie.

1183. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Les sociétés savantes des départements lui ont fourni, plusieurs fois, des motifs de poésies. […] Verlaine n’était pas fait pour vivre dans une société policée. […] Telle peinture, telle société. […] Il ne faut pas croire que la société à tout fait lorsqu’elle a ménagé à ses victimes la misérable échappatoire du divorce. […] Une société qui résiste trop durement à l’amour se· suicide.

1184. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Chaque homme a des devoirs à remplir dans sa famille et dans la société ; le philosophe apprend à chacun quels sont ces devoirs. […] Dans les sociétés corrompues, les avantages du vice sont évidents ; son châtiment est au fond du cœur, on ne l’aperçoit point. […] « Pour connaître la vraie hauteur de l’homme, voyez-le nu. » Savez-vous l’inscription commune à toute société ? […] La société ressemble à une voûte : si la clef, ou le premier voussoir pèse trop, l’édifice n’est tôt ou tard qu’un amas de ruines. […] Il y montre une grande connaissance du cœur de l’homme, et des différents états de la société.

1185. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Fauriel, l’élève et le rejeton, ce semble, de la société d’Auteuil, l’ami filial de Cabanis, sera le devancier, l’initiateur secret, mais direct, l’inoculateur de la plupart des esprits distingués de ce temps-ci en histoire, en méthode littéraire, en critique. […] Les détails imprévus de société, quand on les peut ressaisir à distance, intéressent comme une découverte ; on est toujours tenté de s’étonner que d’autres aient vécu comme nous vivons, et qu’il y ait eu tant de vivacité, tant de mouvement, dans ce qui est loin, dans ce qui n’est plus. […] Quand on aime comme moi l’esprit de société, quand on a pris l’habitude de se laisser distraire par ce genre d’amusement, la France seule peut plaire ; mais toute conversation qui a pour but l’instruction et une analyse singulièrement fine et ingénieuse des idées et des sentiments solitaires, il faut la chercher ici. […] Fauriel fut amené, par l’étude des littératures, des philosophies, des langues, par l’étude de l’arabe comme par la lecture du Dante, par tous les points à la fois, à sentir la différence qu’il y a entre la société moderne et l’ancienne. […] Il pensait que c’est de là qu’il faut dater l’histoire des littératures et des sociétés modernes ; car, si court et si brusquement interrompu qu’ait été ce premier printemps, elles lui doivent leur vraie couleur. — J’exprime ici ces choses plus vivement qu’il ne les exprimait peut-être, mais non pas plus vivement qu’il ne les sentait.

1186. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense, brassez une montagne de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela, non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret. […] C’est la société vue à tous ses étages. […] » Sainte-Beuve réplique coléreusement : « La propriété littéraire pas plus que l’autre… Il ne faut pas de propriété… Il faut que tout se renouvelle, que chacun travaille à son tour… Dans ces quelques paroles, jaillies du plus secret et du plus sincère de son âme, on sent, dans Sainte-Beuve, le célibataire révolutionnaire, et il nous apparaît presque avec la tête d’un conventionnel niveleur, d’un homme laissant percer contre la société du xixe  siècle des haines à la Rousseau, ce Jean-Jacques auquel il ressemble un peu physiologiquement. […] Où se retrouve notre société ? […] … Comme on se lève pour s’en aller, Gautier va à Scherer, le personnage le plus muet de la société, et lui dit : « Ah ça, j’espère que la première fois vous vous compromettrez, car nous nous compromettons tous, il n’est pas juste que vous restiez froidement à nous observer. » 24 juillet Gretz, près Fontainebleau.

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