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1649. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

En effet, ces contemporains ne pouvoient point admirer les faux brillans et le stile hérissé de pointes des écrits de Seneque, qui annoncerent la décadence des esprits, tandis qu’ils continueroient d’admirer le stile noble et simple des écrivains du siecle d’Auguste.

1650. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Remarquez bien qu’il ne s’agit plus ici d’une simple composition littéraire où le lecteur, placé dans une sphère convenue d’idées et de sentiments, se prête à toutes les illusions qui lui sont prescrites, et s’émeut vivement d’une création dont il a adopté d’avance toutes les données.

1651. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Un marquis tarte à la crème, deux caillettes, dont l’une n’est que la Bélise de Molière servilement copiée, et un type d’Henri Monnier, à présent commun comme la borne, voilà les épouvantables éléments dont se compose le cléricalisme qui fait trembler, et auquel Augier, cette tête de linotte dramatique, oppose, pour l’aplatir, Giboyer le vénal, monsieur son bâtard et la demoiselle Fernande, née de l’adultère… La critique, cette courtisane de tous les publics dont elle devrait être l’institutrice, a battu des mains comme un simple Gringalet du lustre, et fait ensuite, sur le tremplin du lieu commun, sa pirouette mélancolique en l’honneur des partis vaincus.

1652. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

C’est là, comme on voit, la belle et simple nature. […] Mais quand nous sommes dans notre cabinet d’étude, quand nous faisons un livre, quand nous pensons et écrivons pour des lecteurs dont l’intelligence est prompte, la vie courte, et qui pour la plupart ne sont pas de ces oisifs dont je parlais précédemment, je crois que la simple politesse exige que nous changions de méthode. […] Des critiques sont heureux de nous dire que le vice, la vertu, le génie, le talent sont de simples produits comme le vitriol et le sucre. […] Il est plus naturel, plus simple en dissertant sur l’homme et sur Dieu, que Trissotin, lorsqu’il rit et plaisante du billet de parterre pris par le petit valet de Chrysale417. […] Il a moins vu que deviné, ou plutôt, sans aucune faculté surnaturelle, la simple profondeur de son observation a pénétré jusqu’à ce qui devait arriver plus tard, à travers ce qui se passait alors.

1653. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Le stoïcien leur assure qu’un tel accident n’est rien qu’un simple ἀποπροηγμένον. […] S’il prononce un jugement, il s’appuie sur les faits les plus certains, sur les principes les plus clairs, sur les déductions les plus simples et les mieux suivies. […] Il part des données les plus simples, il descend à notre niveau, il se met de plain-pied avec notre esprit ; il nous épargne la peine du plus léger effort ; puis il nous emmène, et partout sur la route il nous aplanit le chemin ; nous montons peu à peu sans nous apercevoir de la pente, et à la fin, nous nous trouvons sur la hauteur, après avoir marché aussi commodément qu’en plaine. […] L’Inde et ses habitants n’étaient point pour lui comme pour la plupart des Anglais de simples noms, des abstractions, mais un pays réel et des hommes réels. […] Le principe solide est évidemment que la simple erreur théologique ne doit pas être punie par le magistrat civil.

1654. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Ils confirment simplement, sans l’enrichir, le portrait assez simple qui ressort des romans et de la Correspondance. […] La raison en est simple. […] Et pourtant cette réalité indéfiniment féconde de la racine faite de consonnes est une réalité simple. […] Il y a ce fait beaucoup plus clair et plus simple. […] Cela va plus loin qu’une simple discussion de noms, et Grammaire-Club est symbolique.

1655. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Et ce n’est pas simple signe d’élection amoureuse , mais le mieux accusé des symboles féminins. […] Il n’est que d’avoir éprouvé les difficultés des débuts dans la vie littéraire, l’énergie farouche dont les aînés s’entendent à bloquer toutes les avenues, pour comprendre le bénéfice irremplaçable de voir, sur un simple signe, les barrières s’ouvrir devant vous. […] Il était difficile d’admettre qu’un simple ruban dont nous voyons à chaque promotion fleurir la boutonnière de tel plumitif n’ayant d’autre titre que l’appui de ses recommandations politiques, eût soudain le pouvoir de provoquer tant de clameurs. […] Cette simple constatation n’a rien qui la puisse diminuer. […] Ce n’est plus là simple parti pris de faire figure dans le monde littéraire, mais ambition justifiée par des mérites correspondants.

1656. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Pas du tout : il a choisi la plus pauvre de toutes les noblesses, la plus conforme à sa condition de simple hidalgo, celle de chevalier errant. […] La nature se présente devant lui comme un tout harmonieux et parfait, dont les parties sont étroitement liées les unes aux autres et où l’on ne remarque pas un vide, pas même une simple fêlure. […] Elle n’a rien de seigneurial, et cependant il ne viendrait pas à l’esprit de l’attribuer à un simple bourgeois. […] Je n’ai pas osé interroger, mais j’ai bien cru m’apercevoir que les fidèles étaient pour la plupart de bonnes gens du simple peuple ou des gens de condition moyenne inférieure. […] Ainsi ce simple détail des manières arabes nous ramène à la loi même du Prophète, et toute l’histoire de l’islamisme peut revivre dans un salut ou dans une attitude orientale.

1657. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

La simple probité lui commandait dans ce cas de jeter la soutane et de retourner parmi les hommes. […] Ce sont là des choses qui ne perdront jamais de leur prix, bien loin de là : car c’est en vieillissant qu’on s’aperçoit combien est belle la fraîcheur de la simple jeunesse. […] Sur ce thème très simple, M.  […] Toujours simple, presque négligée, mais toujours incisive et originale, elle pénétrait et enveloppait à la fois. […] « — Que vous êtes donc devenu simple avec votre acceptation par le peuple, avec votre force de loi !

1658. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

De simples élans piaculaires, il s’est haussé, ce prophète, à des grandeurs théologales. […] Art très simple, d’ailleurs, et qui se compose de deux ou trois procédés bien connus. […] C’est simple. […] C’était bien simple. […] Elle en fera un simple Edison.

1659. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il faut être plus simple quand on cherche la vérité. » Un mal n’est pas glorieux : la mort est glorieuse : donc la mort n’est pas un mal ! […] Sénèque emploie souvent des moyens subtils ; mais les moyens simples et solides ne lui échappent pas. […] A-t-on jamais exprimé ce mépris d’une manière plus simple et plus fine ? […] Ces réflexions si simples, Sénèque ne les fait pas, et il ne balance pas à s’adresser à Polybe ! […] « Vous n’êtes point un simple particulier, vous êtes un homme public ; vous ne vous appartenez point à vous seul.

1660. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Dans la situation toute secondaire où est descendue l’Académie française et d’où il est difficile qu’elle se relève, n’ayant ni action directe, ni but propre, elle paraît décidée à se recruter en grande partie parmi les hommes politiques, comme autrefois elle faisait parmi les grands seigneurs, et elle aura raison, pourvu que, de temps à autre, elle ne dédaigne pas d’ouvrir ses invalides à quelque littérateur pur et simple qui aura la témérité de se mettre sur les rangs.

1661. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Ses œuvres dernières, La légende de saint Julien l’hospitalier, et surtout Un cœur simple, sont toutes de pitié et miséricorde.

1662. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

La maligne, fine et conteuse Champagne, l’Orléanais avec le rire âpre de ses « guêpins », et le simple, un peu pesant mais solide Berry se caractérisent davantage.

1663. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

On a abusé de l’hémostase ; on a, pour une simple hystérectomie, employé jusqu’à quarante et cinquante pinces ; et l’opération durait trois ou quatre heures.

1664. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Ne vous sentez-vous pas passer de la dalle où le fidèle se prosterne jusqu’au faite vertigineux des hautes voûtes et à l’éclat des verrières, puis retomber à l’humble posture de l’oraison, dans ces quelques lignes d’une ballade : « Tout taré que je suis, me voici donc ce simple, devant ta majesté qui me courbe !

1665. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Cette ancienne Farce française, d’une composition généralement très simple, à qui tout sujet était bon, contes, fabliaux, proverbes, anecdotes contemporaines, ne pouvait se comparer sans doute aux pimpants imbroglios de la commedia dell’arte.

1666. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Certes, le sujet, simple et large, promettait des révélations curieuses.

1667. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Par une révolution ordinaire dans le monde, la scéne si somptueuse dans le douziéme siecle de la fondation de Rome, sera redevenuë dans le treiziéme siecle de cette ère, aussi simple qu’elle l’étoit au commencement de son cinquiéme siecle.

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