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864. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Le profit que Gœthe tira de l’étude de la nature devait être moins direct qu’indirect, moins public qu’individuel, et servir moins à sa gloire qu’à son perfectionnement. […] Ce qui leur sert dans le moment, ce qui peut aider à leur parti, voilà pour eux la justice. […] Ce qui s’appelle vraiment le peuple ne sert que fort peu à notre développement, et tous les hommes de talent, toutes les bonnes têtes sont parsemées à travers toute l’Allemagne.

865. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Détaché, vers le midi, de l’Hœmus ou des Balcans qui servent comme de large base entre la mer Noire et l’Adriatique à toute la presqu’île, le Pinde, arête de la Grèce, en jetant ses nombreux rameaux à droite et à gauche, pour former autant de vallées, semble engager un combat héroïque avec la mer qui l’assiège. […] En observant, enfin, que la Grèce ouvre toutes ses vallées ou dirige presque tous ses promontoires vers l’Asie ou l’Afrique, on voit qu’elle est destinée à servir comme de lien et d’intermédiaire entre l’Orient et l’Occident, entre l’Asie et l’Europe. […] Comme la vie politique n’est qu’une lutte entre les divers ordres de l’État et même entre les particuliers ; comme les tribunaux eux-mêmes sont à Rome une arène ouverte à toutes les passions, l’éloquence est un avantage que nul ne peut négliger, une arme qui sert à défendre son honneur ou sa fortune, à attaquer l’honneur ou la fortune d’autrui, et toujours à jouer un rôle dans la cité.

866. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

On aurait pu lui servir la ratatouille la mieux accommodée, son estomac se barrait, ses dents molles refusaient de mâcher. […] Eh bien, savez-vous quel était l’auteur de l’étude qui m’avait servi de modèle ? […] Le Mari de Charlotte, entre quantité d’autres manuels, pourrait servir d’encyclopédie médicale85.

867. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Dans un tel ordre de choses, il fallait que les patriciens se respectassent mutuellement pour en imposer au reste de la nation ; il fallait obtenir une estime de durée ; il fallait que chacun eût des qualités sérieuses et graves, qui pussent honorer ses pareils, et servir à leur existence, autant qu’à la sienne propre. […] La verve injurieuse de Démosthène, l’éloquence imposante de Cicéron, les moyens que Démosthène emploie pour agiter les passions dont il a besoin, les raisonnements dont Cicéron se sert pour repousser celles qu’il veut combattre, ses longs développements, les rapides mouvements de l’orateur grec, la multitude d’arguments que Cicéron croit nécessaires, les coups répétés que Démosthène veut porter, tout a rapport au gouvernement et au caractère des deux peuples. […] Brutus, dans ses lettres, ne s’occupait point de l’art d’écrire : il n’avait pour but que de servir les intérêts politiques de son pays ; et cependant la lettre qu’il adresse à Cicéron, pour lui reprocher les flatteries qu’il prodiguait au jeune Octave, est peut-être ce qui a été écrit de plus beau dans la prose latine.

868. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le roman philosophique L’esprit philosophique ne manqua pas de s’emparer du roman et de le faire servir aux intérêts de sa propagande. […] La recette du roman philosophique est assez simple : deux ingrédients, l’esquisse satirique des mœurs, la description polissonne de la volupté sensuelle, servent à masquer la thèse philosophique. […] A l’imitation des philosophes, un érudit, l’abbé Barthélémy, se sert du roman pour vulgariser la connaissance de l’antiquité hellénique ; par malheur, la faiblesse de l’invention littéraire fait tort à la solidité de l’érudition, à la probité des recherches, à l’intelligence des interprétations.

869. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Figaro n’est plus seulement le valet qui sert son maître : il « vole à la fortune », mais, argent à part, il y a de la protection dans son service ; c’est l’homme sensible, heureux de remplir le vœu de la nature en rapprochant des amoureux. […] L’auteur fouettait énergiquement et succès et scandale : il faisait servir la bienfaisance au succès de sa comédie, qu’il poussait vers la centième, mettant en avant aujourd’hui les pauvres mères nourrices, demain une veuve d’ouvrier du port Saint-Nicolas. […] Il lâche ses épigrammes meurtrières contre les privilèges et les privilégiés : même dans ce fameux monologue, qui ne sert de rien à la pièce et sans lequel la pièce perdrait sa valeur, Figaro fait le procès à la société avec une amertume d’ironie, une âpreté de colère, qui donnent à l’explosion de ses rancunes personnelles une singulière ampleur.

870. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Une détestable rhétorique semble apporter des collèges à la tribune tout l’arsenal des métaphores, comparaisons, allusions, citations qui servaient depuis deux siècles aux discours latins des écoliers. […] Une pension qui était comme une maison de correction, quatre prisons, dont une de trois ans et demi, une sentence d’interdiction, quinze lettres de cachet : tous ces moyens ne servirent qu’à exaspérer la haine du père, à raidir le fils dans sa révolte, et à diffamer le nom de Mirabeau dans le public. […] Il avait servi, puis combattu Calonne.

871. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il faut de plus qu’ils soient mal montés pour qu’ils n’aient point de regret de perdre leurs chevaux, ou mieux il faut qu’ils n’aient pas de chevaux du tout, pour n’être pas tentés de s’en servir. […] Commynes n’avait que vingt-cinq ans alors, et il servit fidèlement Louis XI comme conseiller et chambellan jusqu’à la mort du roi (1483). […] Il s’enquiert de ceux qui l’ont retenu par force dans le premier moment, et les chasse tous de sa maison, moins par colère réelle que par feinte, et pour servir d’exemple à ceux qui seraient tentés dans la suite d’user de sa faiblesse pour empiéter en quoi que ce soit : « Car il étoit maître, dit Commynes, avec lequel il falloit charrier droit. » Avant même d’avoir retrouvé toute sa tête, il fait semblant de comprendre les dépêches qu’on lui apporte et qu’on lui lit ; il les prend en main, et fait mine de les lire à son tour, bien qu’il soit encore hors d’état d’y rien voir : c’est le roi qui se réveille en lui avant l’homme.

872. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

L’auteur commence par rechercher historiquement les idées générales, universellement répandues dans l’Antiquité, de sacrifice, d’offrande, de désir et de besoin de communication avec un Dieu toujours présent, qui ont servi de préparation et d’acheminement au mystère ; mais, au milieu des digressions historiques et des distinctions dogmatiques fines ou profondes, il mêle à tout moment de belles et douces paroles qui sortent de l’âme et qui sont l’effusion d’une foi aimante. […] Partout où Dieu place des intelligences capables de le servir, là se trouve la faiblesse, et là aussi l’espérance. […] Un roc sert de portique à la funèbre voûte :                    Sur ce fronton, Un artiste martyr dont les Anges, sans doute,                    Savent le nom, Peignit les traits du Christ, sa chevelure blonde,                    Et ses grands yeux, D’où s’échappe un rayon d’une douceur profonde                    Comme les cieux !

873. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Ainsi métamorphosé, il a réfuté par une équivoque le scepticisme, doctrine immorale ; réduit la psychologie à l’étude de la raison et de la liberté, seules facultés qui aient rapport à la morale ; défini la raison et la liberté de manière à servir la morale ; prescrit à l’art l’expression de la beauté morale ; institué Dieu comme gardien de la morale, et fondé l’immortalité de l’âme comme sanction de la morale. […] Qui eût pu le découvrir et le saisir sous cette multitude de formes dont il ne désavouait aucune, dont les oppositions le servaient, qui toutes lui fournissaient un refuge ? […] Ces signes voyaient pour la première fois la lumière ; à peine gravés on les avait enfouis sous le ciment ; ils n’avaient point servi, ils n’avaient point parlé, ils étaient restés obscurs, collés contre leurs voisins obscurs ; et toute la cité était ainsi.

874. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 172

Ses Dissertations, ses Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle du Languedoc, ses Lettres sur les disputes des Médecins, font juger qu’il auroit pu s’illustrer parmi les Littérateurs, comme il s’est immortalisé parmi les Disciples d’Esculape.

875. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 411

Il servit de modele à Paul Manuce, qui l’avoue lui-même.

876. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 108

S’il étoit question d’apprécier son style, on pourroit se dispenser de chercher des comparaisons aussi glorieuses ; mais M. l’Abbé Lebeuf aura au moins la gloire d’avoir servi utilement les Lettres, par ses recherches laborieuses & ses heureuses découvertes.

877. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 180

Ses Plaidoyers, autrefois si estimés, ne peuvent servir aujourd’hui qu’à faire connoître combien il y a de distance, entre avoir une grande réputation & un grand mérite.

878. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 233

Celle qui a été donnée depuis par M. l’Abbé Batteux, n’a servi qu’à en faire mieux sentir tout le mérite.

879. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 325

C'est servir essentiellement les Lettres, que de contribuer à leur accroissement par les bonnes Productions étrangeres ; on n'est pas toujours aussi heureux, quand on n'y contribue que de son propre fond.

880. (1899) Arabesques pp. 1-223

En somme, durant toute cette période, la religion fut un manteau dont les Grands se servaient pour couvrir leurs appétits. […] Une galerie dont les murs portent incrustées, en guise d’émaux, les assiettes de dessert qui servirent au mariage du duc d’Orléans sous Louis-Philippe. […] mon fils, la volonté n’exprime qu’un poignant désir de perfection dont la vie se sert pour te duper. […] Et ses grimaces hégéliennes lui servent seulement à dissimuler la violence de ses appétits. […] Si l’ouvrier meurt, la pension sera servie à sa veuve et ses enfants.

881. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Tellier était un esprit philosophique servi par une nature ardente, enthousiaste, mais concentrée et un peu sombre. […] Enfant de ton sol, de la partie de ton sol, ô capitale, qui a dû servir d’otage à un futur, peut-être prochain retour d’elle-même à la patrie. […] Elles étaient servies sur une assiette à gauche, et remplaçaient le pain qui faisait complètement défaut. […] On parle de démolir ce vestige parlant de la fin du Moyen Age (Barnard’s Inn servit primitivement aux assemblées et aux cérémonies corporatives). […] C’est à ce titre qu’il devait servir comme aide-major pendant la guerre.

882. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Aucun des livres de Flaubert ne pouvant servir de prétexte à un enseignement moral, Flaubert fut sage. […] Elle sert au grand-paon à mieux faire l’amour ; c’est son sens esthétique. […] Celles que l’on oublierait se serviraient elles-mêmes, et presque personne n’en serait surpris. […] Cela servira moins pour la psychologie de la jeune fille que pour celle du professeur de la jeune fille. […] Cela est rare et les hommes de génie eux-mêmes sont punis, le plus souvent, et réduits à la médiocrité, quand ils ont voulu se servir de l’art, au lieu de le servir.

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