À y bien réfléchir, la certaine sensation pénible provoquée en ces vers, provient d’un excès d’effort visible.
Ainsi va la Fortune à la guerre comme dans la politique, comme partout en ce monde agité, théâtre changeant, où le bonheur et le malheur s’enchaînent, se succèdent, s’effacent, ne laissant, après une longue suite de sensations contraires, que néant et misère !
» Ce discours, lu aujourd’hui, a quelque chose de prophétique ; la sensation du moment fut profonde ; Barnave eut cause gagnée dans l’Assemblée, mais la cause était déjà perdue au-dehors.
Il est vrai que, comme il n’y a pas de langue qui puisse exprimer les finesses de la forme ou la variété des effets de la couleur, du moment qu’on veut en discourir, on est réduit, faute de pouvoir exprimer ce qu’on sent, à décrire d’autres sensations qui peuvent être comprises par tout le monde.
Plus tard, Condillac, voulant redresser Buffon et le convaincre d’inexactitude, supposa, dans son Traité des sensations, cette singulière statue qu’il animait peu à peu en lui donnant successivement un sens, puis un autre.
Lorsqu’il envoya un exemplaire de son ode au grand tragédien Le Kain, il lui disait : Quelle sensation n’eût point faite cette ode où parle l’Ombre de Corneille, si vous l’eussiez lue sur le théâtre après Cinna ou Les Horaces !
Thiers, l’ayant lu tout entier en quatre jours avec la plus grande attention, il écrivait de Hambourg, sous l’impression vive qu’il en avait reçue : Toutes les fibres de ma mémoire et de mes anciennes sensations se sont réveillées.
Il se torture d’arguties, recommence sans cesse son infructueux examen de conscience, et se butte toujours à l’impossibilité d’éprouver une sensation forte et décisive, qui est le symptôme dernier de sa ruine morale : « Elle m’aime, écrit-il à un ami, et elle m’a dit qu’elle serait à moi, si je me reconnaissais le droit de, l’exiger.
. ; mais si j’appliquais à ces principes le même genre de critique impitoyable que je dirige contre la sensation transformée ou l’impersonnalité de Dieu, qui me prouve que même ces grands principes resteraient encore debout ?
Nous allons pouvoir goûter à loisir la sensation rare que donne le génie, — le plus grand bonheur pour la pensée !
Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler !
Étonnés et flattés de la sensation, ils se disaient avec mystère : « Quel est donc ce M.
Examinez de près les faits qu’on déclare témoigner d’une exacte correspondance et comme d’une adhérence de la vie mentale à la vie cérébrale (je laisse de côté, cela va sans dire, les sensations et les mouvements, car le cerveau est certainement un organe sensori-moteur) : vous verrez qu’ils se réduisent aux phénomènes de mémoire, et que c’est la localisation des aphasies, et cette localisation seule, qui semble apporter à la doctrine paralléliste un commencement de preuve expérimentale.
Jouffroy vécut à l’abri du style obscur et sublime ; ses phrases restèrent libres de généralités et de métaphores, et il ne fut point tenté d’étudier, au lieu des idées et des sensations, « les capacités et les facultés. » Il vécut retiré, presque toujours à la campagne, dans une petite maison, au pied d’une colline, près d’une jolie rivière murmurante, dans son comté de Kent.
Il en rapporta peu de « sensations » et dut faire, pour se composer après coup une Grèce utilisable, un merveilleux effort. […] Style physique qui vit par son « goût de chair », qui exige, pour les transformer en sa substance, une abondance incessante de sensations. […] la sensation. […] Certes il a goûté pour eux-mêmes, je crois, les intérieurs de famille cossus et sains dont il nous donne la sensation, dans Tartuffe, par exemple (et M. […] (3) et de liaison, mais qui ajoute sa notation nouvelle par un mouvement, un passage brusque et vivant d’une sensation visuelle à une sensation odorante, vous jette en quelque sorte, à son tournant, cette odeur de lait qui demeure aux filles de campagne endimanchées.
Je veux montrer qu’il n’y a là-dedans rien d’extraordinaire comme mots et comme pensées, et que la grandeur en est dans le complet, dans la plénitude naturelle des sentiments exprimés ; ce qui rend cette pièce comme grasse et fertile, parce qu’on y peut saisir à pleines mains la passion, la colère, la rancune, sans que la sensation soit jamais rompue par des espèces de sauts périlleux qui emportent loin de l’idée où on était arrêté. […] Y a-t-il donc rien de plus précis que ces sensations même générales, primitives, pour l’esprit même non encore agrandi, non encore débrouillé ? « Mais peu à peu sous l’influence et en vertu de ces sensations, l’esprit avance, la vie se forme, se développe, marchant à l’avenir guidée par les souvenirs du passé, d’autant mieux qu’ils sont plus nets, plus clairs ; l’esprit s’éclaircit, analyse, embrasse, détermine et classe : animaux, plantes, eau, terre, feu, air, hommes, familles, campagne, villes, besoins, métiers, travail, société, intérêts, passions, plaisirs, combats, vice, vertu, lois, gouvernement ! […] L’observation, qui sachant trouver la sensation juste dans ce en quoi elle consiste, sait, aussi la reproduire, la réciter savamment au point d’émouvoir en vous les sens et l’esprit comme si les objets eux-mêmes qui l’ont inspirée revenaient vous entourer, agir sur vos nerfs et vous dominer ! […] Ce que vous appelez poésie, c’est apparemment le sentiment ou la sensation de jouissance que causent certaines contemplations parfaitement nettes.
La poésie luttait ainsi avec la peinture dans le monde de la sensation, comme la peinture voulait lutter avec la poésie dans le monde de la pure intelligence. […] Un style qui n’éveille plus que de vagues sensations au lieu de donner des idées claires, tel a été le résultat final de ces empiétements téméraires de la poésie sur la peinture. […] Ainsi des œuvres qui ont pour résultat de produire chez le spectateur tout à la fois le vague du rêve et la réalité brutale de la sensation, voilà ce qu’engendre au sein des arts l’ignorance de leurs rapports véritables et de leurs limites éternelles. […] L’art matérialiste ne cherche qu’à produire des sensations agréables, n’importe par quels moyens ; or le monde des sensations et des appétits est de sa nature un monde désordonné, et le désordre est le contraire de l’art. […] Des mots qui ne renferment point d’images ne réveillent en nous que nos facultés abstraites ; l’image, outre nos facultés, met en jeu nos sensations et nos sentiments ; elle transporte pour ainsi dire la nature elle-même devant nos yeux.
Parmi tout cela, sans doute, quelles réapparitions des images de gloire ou de plaisir ; quels retours offensifs du tentateur ; quelles morsures peut-être, subitement réveillées dans sa chair, des sensations d’autrefois ! […] Les filles iront, et tous les vieux blasés qui cherchent des sensations fortes. […] En quoi moins noble, je vous prie, puisque nos sentiments sont aussi involontaires que nos sensations ? […] C’est une sensation éminemment déplaisante. […] Le voilà pris d’un tel besoin de sensations brutales qu’il ramène peu à peu le théâtre aux spectacles du cirque romain ou bysantin, aux mortels combats de gladiateurs.
Une bonne moitié de l’œuvre de Musset porte des traces de la sensation italienne. […] Après tout, Œdipe roi et Œdipe à Colone donnent précisément la même sensation. […] On a cette sensation vague qu’il la tue parce qu’il avait un coup de revolver à tirer et qu’il fallait bien qu’il le tirât sur quelqu’un, un peu au hasard. […] Elle y a mis du temps, mais interrogez les physio-psychologues de la Sorbonne sur la durée de la transformation de la sensation en idée chez certains sujets. […] Il donne trop la sensation d’un homme du monde déguisé en prêtre, plutôt d’un héros romantique, d’un Oberman déguisé en prêtre.