On peut très bien enlever à son recueil un médaillon, une incrustation, une arabesque, et les juger ainsi détachés ; mais comment enlever, sans la briser, un fragment d’une boiserie de chêne sans ornementation d’aucune sorte, quand toute la valeur de cette sérieuse boiserie est dans l’étendue et l’accord majestueux de ses panneaux ?
Les fables furent à leur origine des récits véritables et d’un caractère sérieux, et (μῦθος, fable, a été définie par vera narratio).
Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc. […] Toujours je la connus pensive et sérieuse : Enfant, dans les ébats de l’enfance joueuse Elle se mêlait peu, parlait déjà raison ; Et, quand ses jeunes sœurs couraient sur le gazon, Elle était la première à leur rappeler l’heure, À dire qu’il fallait regagner la demeure ; Qu’elle avait de la cloche entendu le signal ; Qu’il était défendu d’approcher du canal, De troubler dans le bois la biche familière, De passer en jouant trop près de la volière : Et ses sœurs l’écoutaient. […] Si l’on cherchait le lien, le point d’union ou d’embranchement des deux recueils, j’indiquerais la pièce de Joseph Delorme : Toujours je la connus pensive et sérieuse… comme celle d’où est née et sortie, en quelque sorte, cette nouvelle veine plus épurée. […] « En ce temps-ci, où par bonheur on est las de l’impiété systématique, et où le génie d’un maître célèbre22 a réconcilié la philosophie avec les plus nobles facultés de la nature humaine, il se rencontre dans les rangs distingués de la société une certaine classe d’esprits sérieux, moraux, rationnels ; vaquant aux études, aux idées, aux discussions ; dignes de tout comprendre, peu passionnés, et capables seulement d’un enthousiasme d’intelligence qui témoigne de leur amour ardent pour la vérité. […] Je crois que vous prîtes trop au sérieux cette critique de complaisance d’un vétéran des nouveautés, et que l’imposture vous prédisposa à un peu d’amertume envers moi.
De peur de verser dans le tragique, il fait souvent d’Harpagon une simple marionnette dont on n’a pas assez d’horreur parce qu’on ne le prend pas assez au sérieux. […] Ensuite, comme directeur de théâtre, il était aux ordres du public, et le public de son temps était habitué à la comédie comique, et non à la comédie sérieuse, et non surtout à la comédie tragique. […] Remarquez qu’il a essayé très diligemment de la comédie sérieuse ; mais qu’il n’y a pas été encouragé, loin de là. […] Il est l’homme qui, dans la Critique de l’Ecole des Femmes, fait les observations sérieuses, les critiques pertinentes, celles qui ont été faites par les gens de métier ; il est hostile, il est amer, il est vétilleux, mais il est sensé, et quand il dit qu’Arnolphe est un homme sérieux et un homme d’esprit dans beaucoup d’endroits, c’est qu’Arnolphe a été pris ainsi par la majorité du public. […] Il lui reproche une seconde fois de triompher d’une contradiction qui n’en est pas une, en lui disant : « Et quant au transport amoureux du cinquième acte qu’on accuse d’être trop outré et trop comique, je voudrais bien savoir si ce n’est pas faire la satire des amants et si les honnêtes gens mêmes et les plus sérieux, en de pareilles occasions, ne font pas des choses… » Et donc il reconnaît lui-même qu’Arnolphe est fort honnête homme et sérieux, ce qui est, à très peu près, ce que disait Lysidas.
Mais l’attention manque à l’imbécile, qui est par conséquent inapte aux professions sérieuses. […] Même un penseur sérieux, M. […] L’esprit sérieux et sain, avide de connaissance réelle, n’aura jamais l’idée de la demander à la métaphysique ou à la théologie. […] Vagues, incorrects, obscurs, ils ont le sérieux des augures… Vous, symbolistes décadents, nous mystifiez en une syntaxe abracadabrante et puérile ». […] Pendant quelques années il a été le grand-prêtre de cette doctrine secrète, et il a desservi son culte avec le sérieux requis.
Ces lourds habits d’honneur ou de honte ne peuvent être portés que par des gens sérieux, et Grammont ne prend rien au sérieux, ni les autres, ni lui-même, ni le vice, ni la vertu. […] Ils ne se souciaient point de toujours rire ; la comédie, après un éclat de bouffonnerie, reprenait son air sérieux ou tendre. […] C’est avec ce sérieux qu’il prenait ses fonctions d’ambassadeur. […] Le propre du Français et de l’homme du monde est d’envelopper tout, même le sérieux, sous le rire. […] Il n’est bien que dans la vie sérieuse et réglée ; il y trouve le canal naturel et le débouché nécessaire de ses facultés et de ses passions.
Du trait dans la conversation, des pointes à tout propos, quelque chose de vif et de sémillant dans son bon temps ; avoir sur chaque sujet de passage une provision de bons mots plus ou moins préparés, comme on a des pastilles dans une bonbonnière d’écaille qu’on fait circuler aux mains des dames ; ne voir guère dans tout ce qui est sur le tapis, même dans ce qui est sérieux, que prétexte à paillettes et à étincelles ; ne jamais sortir d’un salon sans assurer et signaler sa sortie par un dernier petit trait qu’on lance en fuyant : tel était, tel nous vîmes pendant des années ce galant homme, homme d’esprit assurément, mais des plus précieux et non pas médiocrement frivole.
lui dis-je en l’abordant D’une manière sérieuse.
Au fond rien de bien sérieux sous tout ce bruit.
Mais voici Despréaux, amenant sur ses traces L’agrément sérieux, l’à-propos et les grâces.
Mais déjà la nation élevait la voix, les questions les plus sérieuses de l’ordre social étaient soulevées, et les réformes réclamées hautement.
Sérieux, et, si l’on veut, un peu tristes, inquiets et sur nous et sur d’autres que nous aussi, citoyens avant tout, nous voulons que, même dans nos chants de plaisir, une part soit faite à ces nobles soucis ; nous voulons qu’en nous parlant d’amour, on nous parle de tout ce que nous aimons ; telles nos affections se tiennent et se confondent en nous, telles nous en demandons au poète la pleine et vive image.
Bœrne, si nous y trouvions, en certains endroits, plus de gravité et de sérieux.
Ils ont disparu, après avoir fait le bien et compté dans une tradition de sérieux et de vertu.
La presse, dès le début fort mal renseignée et leurrée par les Déliquescences jusqu’à prendre cette parodie au sérieux, brouilla si bien les choses, ouvrit si facilement ses portes aux plus fantaisistes inventions et mit au jour de si bizarres personnalités, que la Réclame, flot bourbeux d’encre, passa par-dessus la tête des vrais et primitifs artistes pour porter à la célébrité tous les ratés de la Banlieue et tout le bas-fond de la bêtise écrivassière — ; Il est temps de le dire !
Très gentil et sérieux ; lié amitié avec lui, me sens moins isolé. » (A la Caserne et sur le Front, librairie de Foi et Vie.)
Magnin ; je lui exposais de mon mieux les grands desseins des chefs et aussi les détails de la poétique nouvelle où je me complaisais : il m’écoutait avec sérieux, patiemment, m’offrant l’esprit le plus libre, le plus ouvert. […] Il y fit des articles sérieux, serrés, parfaitement raisonnés, sur le projet de loi du divorce, qui fut rejeté, comme on sait. […] Magnin fit au National des articles plus sérieux sur le plébéianisme dans les arts, sur la Confédération germanique.
Collombet, le sérieux traducteur de Salvien et de saint Jérôme, a fait preuve de patriotisme et de bon esprit ; il n’a pas eu plus de faux scrupule que n’en eurent en de telles matières ces érudits du bon temps, l’abbé Goujet, Niceron et autres ; les vrais catholiques, à bien des égards, sont les plus tolérants. […] Une sérieuse et charmante épître dédicatoire à Mademoiselle Clémence de Bourges, Lionnoise, prouve mieux que toutes les dissertations à quel point de vue studieux, relevé et, pour tout dire, décent, Louise envisageait ces nobles délassements des Muses : « Quant à moi, dit-elle, tant en escrivant premièrement ces jeunesses que en les revoyant depuis, je n’y cherchois autre chose qu’un honneste passe-temps et moyen de fuir oisiveté, et n’avois point intention que personne que moi les dust jamais voir. […] Avec elle toute chose sérieuse, paisible, tourne à la violence.
Un des endroits le mieux touchés est celui où Valérie en gondole, légèrement effrayée, et qui vient de mettre familièrement sur son cœur la main de Gustave, au moindre effroi sérieux, se précipite sur le sein du Comte : « Oh ! […] … » On le voit, Mme de Krüdner, en substituant ici son expérience à celle de Gustave, s’exprime déjà dans cette page avec le sérieux de ses prédications futures. […] Le journal le Semeur (octobre 1843) a consacré deux articles à Mme de Krüdner en insistant naturellement sur le côté religieux et mystique : nous ne l’avions pris qu’au sérieux, le respectable écrivain le prend tout à fait au grave et veut bien nous reprocher d’avoir une fois légèrement souri.