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321. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Il en a l’éclair et l’éclat de ce grand rire gouailleur qui descend un homme du troisième ciel avec une épithète et lui passe la flèche du ridicule à travers le corps. — Rabelais n’est pas seulement un caricaturiste de premier ordre, comme j’ai appelé Carlyle au commencement de ce chapitre. […] Il se place au cœur de toutes, pour les mieux voir et les mieux sentir, — et c’est de là que le moraliste qu’il est avant tout, ce Carlyle, aperçoit le côté ridicule, abusif, outrancier, caricaturesque de toute chose humaine, et qu’il part de cet éclat de rire qui rappelle cet immense éclaffeur de Rabelais, mais amertumé de la cruelle gaieté anglaise, plus féroce que la nôtre ; la gaieté de Swift et d’Hogarth !

322. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

La grosseur d’un tel ridicule s’est augmentée de toute la grandeur de son esprit, et le ridicule n’en a été que plus gros.

323. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Lord Byron, qui ne s’appelait point Rousselot, et qui, malgré la médiocrité radicale de son premier recueil, devait sentir s’agiter en lui sourdement le génie qui écrivit plus tard Childe Harold et Don Juan, aurait été d’un ridicule à faire très justement pâmer de rire la Revue d’Edimbourg, s’il s’était campé devant la Critique comme Rousselot se campe devant nous tous… Je sais bien qu’on passe beaucoup de choses à l’orgueil insignifiant des poètes. […] A-t-il cette splendeur dans laquelle les ridicules disparaissent ?

324. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Quelquefois il le regarde, entre ces deux états extrêmes, dans la médiocrité de la vie réelle ; il raille ses ridicules, et il laisse percer quelque chose du génie de Molière ; jamais sa pensée ne se détache de ce sujet unique de son étude. […] Il semble respirer plus à l’aise dans les Provinciales ; et plus on a senti ce qu’il y a d’efforts violents, d’ardeurs trompées, de résistances, de combats, dans les Pensées, plus on trouve de douceur à voir le même homme prendre du plaisir à relever des ridicules, à railler gaiement des sophismes, et, par comparaison avec le relâchement de ses adversaires, à jouir noblement de cette innocence qui lui paraîtra corruption et orgueil dans les Pensées. […] Mais les Provinciales n’enfoncent pas si avant que les Pensées ; elles ne jettent point dans la réflexion et la rêverie ; elles s’adressent, pour ainsi dire, à ce qui est toujours prêt en nous, à la raison courante, à la conscience d’habitude, à ce sentiment du ridicule qui cherche sans cesse où se prendre. […] J’entends par la fin comique l’art de tirer le ridicule de l’observation, plutôt que de certains contrastes inattendus d’où naît le plaisir fugitif de la surprise. […] C’est là que, revenant sur tous les griefs dont il s’est joué dans les dix premières lettres, il en ôte le ridicule pour en faire voir l’odieux à nu, et s’indigne en chrétien et en moraliste de ce qu’il avait raillé en homme d’esprit.

325. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 472-473

Son Ode au Cardinal de Richelieu, louée par Boileau lui-même, laquelle a près de trois cents vers ; ses autres Pieces lyriques, ses Sonners, ses Madrigaux (petites Pieces préférables à beaucoup d’autres de la même espece, qui figurent dans nos Recueils), ne sont pas les Ouvrages qui l’ont rendu ridicule ; ils suffiroient, au contraire, pour établir la réputation d’un homme qui n’auroit pas fait la Pucelle.

326. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 74-75

Il y a bien loin du badinage à ce ridicule vif & tranchant, qui corrige sans énerver la morale.

327. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

Le Concert ridicule n’est qu’une de ces heureuses Bagatelles, qui doivent leur fortune passagere aux circonstances.

328. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

. — C’est un mauvais rôle que celui d’ouvrir les yeux à un amant sur les défauts de sa maîtresse ; jouissons plutôt du ridicule de son ivresse.

329. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXII » pp. 242-243

Il décrit à merveille le pays, les habitants, les mœurs, les ridicules : les petites histoires galantes et romanesques, même les petites historiettes un peu gaies y sont racontées avec complaisance et politesse.

330. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

A ce ridicule près, qui n’en est plus un aujourd’hui, à force d’être commun, Mademoiselle de Gournay n’étoit pas sans mérite.

331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 438-439

Cet Ouvrage, spécialement composé pour tourner en ridicule les Zélateurs du grand Œuvre & les Freres de la Rose-croix, excede les bornes de la plaisanterie, & contient des allusions personnelles qui le firent supprimer par ordre du Gouvernement.

332. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Scribe, n’est autre que l’éloge perpétuel de la richesse et le ridicule infligé aux hommes qui ne savent pas devenir riches. […] De même que la tragédie se résout à ne voir que la passion, la comédie se résout à ne voir que le ridicule. […] Mais ayant à choisir entre la passion et le ridicule, elle choisit le ridicule ; ce dernier côté de l’âme, moins grand en apparence que le premier, n’est cependant ni moins varié, ni moins animé, ni moins profond. […] Ce que la tragédie et la comédie étudient séparément, la passion et le ridicule, le drame l’embrasse d’un seul regard. […] Il croit que la passion sans le ridicule, et le ridicule sans la passion, n’expriment qu’imparfaitement l’humanité, et il veut, par la mise en œuvre de tous les éléments de la réalité, s’élever jusqu’à la vérité générale, universelle.

333. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 175-177

Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.

334. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

Il faut donc conclure que la vaine gloire, écueil ordinaire des talens, n'a jamais produit que l'odieux ou le ridicule, & qu'il seroit à souhaiter que les exemples n'en fussent pas trop multipliés, pour l'honneur des Lettres & le véritable intérêt des Auteurs.

335. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Il est arrivé de là, que de petits Esprits, qui se mêlent cependant de décider, ont pris pour des éloges ce qui n'étoit dans le but de l'Ecrivain qu'une satire des ridicules systêmes qu'ils avoient follement adoptés.

336. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 513-514

Il auroit dû faire sentir davantage le ridicule & l'impuissance des efforts des Celses & des Porphyres de nos jours, contre une Religion qui se soutient depuis plus de dix-sept siecles ; une Religion, le plus ferme appui des Trônes, la sauve-garde des propriétés, la consolation des malheureux, le seul frein des méchans adroits ou puissans.

337. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il chargea sa mémoire de toutes les folles opinions répanduës de son tems ; et faute d’intelligence, ou par un fol amour du merveilleux, il en outre encore le ridicule et l’absurdité. […] Il seroit ridicule de reprocher ces prétendus défauts de bienséance à un poëte qui ne pouvoit pas peindre ce qui n’étoit pas encore. […] Perrault, sans songer que cette erreur n’ajoute rien à l’écart de la comparaison ; ce qui est le seul ridicule qu’on y attaque. […] Comme ils appréhendent de passer pour téméraires, par le choix d’un travail au-dessus de leurs forces, je dois craindre de passer pour bizarre et pour ridicule, en choisissant un ouvrage que je parois n’estimer pas assez. […] Et n’étoit-il pas ridicule à Vulcain de faire en cette occasion un travail si difficile à appercevoir et à déchiffrer.

338. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Jalousie ridicule, puisque je ne fus jamais qu’un amateur désœuvré du beau, qui esquisse et qui chante au hasard, sans savoir le dessin ou la musique, et que Hugo fut un souverain artiste, qui força quelquefois la note ou le crayon, mais qui ne laissa guère une de ses pensées ou une de ses inspirations sans en avoir fait un immortel chef-d’œuvre : l’un ne demandant rien qu’au jour qui passe, comme un improvisateur sans lendemain ; l’autre, prétendant fortement à gagner et à payer par le travail le salaire que la postérité doit au génie laborieux, un renom qui ne périt pas. […] La Restauration fut notre mère ; est-ce à nous de lui arracher son manteau après sa mort et de montrer sa nudité à ses ennemis pour leur donner la mauvaise joie de ses ridicules et de ses fous rires ? […] C’est la fidélité des catastrophes ; n’y manquons pas, le ridicule est le père des régicides. […] Les conversations littéraires entre lettrés sont ridicules ; mais le débat politique et social entre pairs, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond.

339. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

En vous rencontrant dans mes livres, le lecteur s’effarera, vous prendra pour des types généraux non pour des mufles particuliers et il m’accusera d’avoir inventé trop grotesques et trop faciles la banalité sordide de ton nom, Gaston Deschamps, la sordidité ridicule de ton nom, pauvre petit Ballot. […] On trouvait ridicules son visage et son allure ; par ses continuelles distractions il devenait le jouet de ceux qui se disaient ses amis ; il était à timide ; il bégayait, et sa langue déformait les r et les c, de sorte qu’il prétendait s’appeler Latan. […] Il lui arriva pourtant en une brochurette lourde de méthode sur l’Évolution Félibréenne de dire quelques paroles peut-être courageuses : « Beaucoup, déclare-t-il, sont entrés dans le mouvement félibréen qui ne détestaient point une façon de plus de s’imposer à l’estime de leurs concitoyens ou qui tenaient à écrire dans leur idiome local des vers qui n’auraient pas mieux valu en français. » Et encore : « Que le félibrige soit tombé en discrédit et, pour ne rien céder, se soit même rendu un peu ridicule, il est regrettable qu’il y ait des félibres à ne s’en être point aperçus. » Charles-Brun est félibre ; il n’appartient pas du moins au ridicule félibrige de Paris où pontifient toutes les semaines cinquante grotesques dont les plus connus sont Maurice Faure, ce sénateur ; Albert Tournier, ce député ; Batisto Bonnet, cette canaille ; Sextius Michel, ce gaga.

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