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412. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Dans Le Vase étrusque, l’auteur s’est plu à retrouver des passions fortes et à les dessiner en quelques traits jusque sous notre civilisation élégante ; plus habituellement, il s’est attaché à les découvrir ou à les créer hors du cadre des salons, et, se détournant des caractères effacés qu’on y rencontre, il s’est mis en quête des natures primitives appartenant à un état de société antérieur, et qui sont comme égarées dans le nôtre. […] Frédéric aime une jeune fille, et elle-même l’agrée et l’accueille du premier jour ; mais ils se prennent, se quittent plus d’une fois, puis se retrouvent encore avant de s’apercevoir qu’ils s’aiment réellement et de passion. […] mille souvenirs s’emparaient de lui et le poursuivaient incessamment, comme ces fragments de mélodie dont on ne peut se débarrasser à la suite d’une soirée musicale ; mais, dès qu’il la voyait, il retrouvait le calme… Dans ces moments, chez M. de Musset, on sent le poète ; il a des ailes ; il chante et fait chanter ses personnages ; il leur prêté de ses propres mélodies.

413. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

On le retrouvera plus loin et isolé. […] On retrouverait encore un peu du charme de M.  […] On le retrouvera au chapitre des Philosophes. […] Ce charme, je le retrouve dans le dernier roman de M.  […] Vous la retrouverez chez presque tous, et c’est en particulier le thème favori de M. 

414. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il y a là une difficulté qui se retrouve, sous vingt formes diverses, dans toutes les discussions d’aujourd’hui. […] Examinons si cette inexactitude dans la manière de penser ne se retrouve pas à l’origine de ce péril primaire dénoncé par M.  […]  » Le même type se retrouve avec des nuances parmi les ouvriers des villes. […] Plus loin, dans le moyen âge, quelques années ne nous suffisaient-elles pas pour fonder cette étonnante Princée d’Achaïe dont Buchon a retrouvé les archives ? […] La féerie des ballades populaires y déploie ses prestiges, parés d’une splendeur orientale où se retrouve un reflet du coloris biblique.

415. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

— C’est convenu. » Les deux amis se séparent, et, le dimanche suivant, l’ami retrouvé s’en va d’un pied léger à Passy. […] Voici la note que je retrouve à son propos dans les papiers de M.  […] Ce qu’il a retrouvé dans ces papiers lacérés par tant de mains ignorantes ou spoliatrices ne pourrait se calculer. […] Dans ces traces effacées, il avait retrouvé la trace savante de M. de Thou et les pas légers de M. de Cinq-Mars. […] Ô fête incroyable en ces temps malheureux, un poème où chacun peut dire ses espérances et retrouver ses douleurs !

416. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Des Guerrois, Charles (1817-1916) »

Nous le retrouvons, affiné et solidifié encore, étonnant de précision dans la forme, de hardiesse dans les raccourcis.

417. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valette, Charles (1813-1888) »

J’y retrouve bien l’ami que j’ai perdu, le jeune poète aimable, fin, délicat, mais mutin, vif et fougueux à ses heures, l’écrivain chevaleresque et galant sans mignardise, joyeux sans forfanterie, mélancolique sans affectation, mais quelle que soit son humeur, toujours honnête et ne cessant de protester contre l’égoïsme, la sottise et toutes les mauvaises passions du siècle.

418. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Marie Stuart (reine d’Écosse) I Si un autre Homère devait renaître parmi les hommes, et si le poëte cherchait une autre Hélène pour en faire le sujet d’une épopée moderne de guerre ou de religion et d’amour, il ne pourrait la retrouver que dans Marie Stuart. […] Ou retrouve les traces de cette aversion dans une lettre curieuse de Diane de Poitiers communiquée en autographe à l’historien de Marie-Stuart que nous suivons : « À madame ma bonne amie madame de Montaigu. […] Il faut remonter jusqu’à l’empire romain pour retrouver, dans l’histoire des scandales du trône, un tel avilissement de la majesté royale dans le prince, une telle ostentation d’infidélité dans l’épouse. […] on l’ignore ; ce qu’on sait seulement, c’est qu’une explosion terrible, entendue avant le crépuscule du matin à Holyrood et à Édimbourg, avait fait sauter la maison dont les débris devaient recouvrir la victime ; mais que, par un étrange oubli des assassins, les deux cadavres de Darnley et du page, au lieu de se retrouver sous les décombres, se retrouvèrent le lendemain dans un verger attenant au jardin, portant sur leurs corps non les marques de la poudre, mais les marques de la lutte et de la strangulation.

419. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le temps est loin où l’on pouvait dire avec justice : « La critique souvent n’est pas une science, c’est un métier, où il faut plus de santé que d’esprit, plus de travail que de capacité, plus d’habitude que de génie2. » De nos jours elle est devenue non pas une science sans doute3, mais un art tour à tour savant et ingénieux, qui tantôt déroule avec une grandeur imposante les annales de la pensée d’un peuple, tantôt dessine avec finesse le portrait et le caractère d’un homme ; ici, dans une causerie facile, nous fait confidence de toutes ses émotions, et se raconte lui-même avec un charmant égoïsme ; là, dans une brillante improvisation, retrouve en quelque sorte l’image de l’éloquence antique, et tient suspendu à ses lèvres un jeune auditoire charmé de voir la pensée éclore à chaque instant sous ses yeux. […] Le premier réconcilia l’esprit moderne avec le christianisme de la tradition, en nous montrant autour de sa tête pâle l’auréole divine de la beauté ; la seconde apprit aux lettrés de notre âge à retrouver dans la société, dans les arts, dans toute la création, le sentiment religieux, ce christianisme de la raison, non moins immortel que l’autre. […] La foule triomphe de retrouver ses opinions sous une plume ingénieuse. […] Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le poignard même dont il a frappé César, cela toucherait médiocrement les vrais connaisseurs21. » Enfin, pour achever de nous convaincre de l’importance pratique de ces théories abstraites, voulez-vous surprendre dans une vue incomplète du philosophe la source possible d’une des fautes de l’école romantique ? […] Vingt ou vingt-cinq élèves, parmi lesquels nous retrouvons quelques-uns des noms les plus célèbres de notre époque, se groupent autour de lui.

420. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Vouloir retrouver l’instinct par principe c’est exactement comme si un homme âgé voulait par principe retrouver les premiers jours de sa vie. […] En les étudiant de près, ce sont certaines manies qu’on remarque dans leur hérédité particulière qu’on retrouve hypertrophiées dans la folie déclarée. […] Nous nous retrouvons aussitôt en présence d’une manifestation purement de mentalité bourgeoise où la vanité du tréteau l’emporte sur la consistance de l’idée à soutenir. […]   Les Poètes contre la guerre ah. — (Le Sablier). — Une belle et savante anthologie où j’ai retrouvé les noms de nos amis : René Arcosai, Georges Bannerotaj, Charles Bauduinak, Georges Duhamel, Edouard Dujardinal, Louis de Gonzague-Frickam, Marcel-Martinetan, Georges Piochao, Jules Romain, Jean de Saint-Prixap, Henriette Sauretaq, Charles Vildrac, et d’autres que j’oublie.

421. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

IX Un point de vue qu’on promène partout ou qu’on retrouve partout, tant on s’en est laissé frapper, ne constitue pas une philosophie. […] L’originalité est pour nous la plus despotique aristocratie, et nous aimons à la retrouver dans messieurs les égalitaires, farouches ou apprivoisés. […] Mais, né après Rousseau et de Rousseau, fou de sciences folles, né ouvrier, — dans un temps où la révolution des ouvriers se prépare contre les bourgeois avec la logique vengeresse des révolutions, — ouvrier lui-même, ayant mis la main à la pâte, il a été la victime de son siècle, le déforme de son siècle et de son berceau, qui n’ont pas tué son génie mais qui l’ont horriblement gauchi, mais pas encore de manière, cependant, qu’on n’aperçoive ces deux belles lignes qui, en talent, font les camées : le bon sens et la pureté de cœur, XVI Il les a retrouvées — intégralement retrouvées — dans le livre que voici, où il ne s’agissait plus des progrès chimériques de l’esprit humain, — la griserie des cerveaux modernes, — mais de la morale éternelle, — mais du rapport éternel de l’homme et de la femme, — mais de la famille, base, pour Proudhon comme pour Bonald, de toute société. […] De sentiment, cet homme, qui était chrétien quand il prenait ses filles sur ses genoux et qu’il soignait si tendrement leurs maladies (voir la Correspondance), a retrouvé, dans son livre de la Pornocratie, — dont, par parenthèse, je n’aime pas le titre, trop pédantesque, trop grec, pas assez français, — l’accent chrétien perdu par lui depuis si longtemps, et, chose particulièrement étonnante !

422. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 464

Ces deux Ouvrages sont écrits d’une maniere intéressante ; on y estime sur-tout une marche sage, lumineuse, un style noble & naturel, qu’il seroit à souhaiter de retrouver dans un grand nombre de nos Historiens, qui ont plus de réputation que lui.

423. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une lettre de M. Sainte-Beuve au général Jomini »

Sainte-Beuve au général Jomini, que le hasard me fait retrouver et qui a naturellement sa place dans ce volume, à la suite de la réimpression posthume des articles ci-dessus : « Ce 26 mai 1865.

424. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il retrouve à Paris deux de ses sœurs : Julie, devenue madame de Farcy, élégante et brillante, — et Lucile. […] Mais aussitôt, sans qu’on sache comment, il se retrouve sur l’Ohio. […] Elle retrouve Mila et Outougamiz mariés, et pleins d’angoisse. […] On le retrouve en Italie, puis en Sicile, au sommet de l’Etna. […] Mais il retrouve Fontanes et rencontre Joubert.

425. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il nous a tracé une courte histoire de la prose française en ces termes : « L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux tours, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement françoise ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avoient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Cet esprit, que La Bruyère ne trouvait pas assez avant lui dans le style, dont Bussy, Pellisson, Fléchier, Bouhours, lui offraient bien des exemples, mais sans assez de continuité, de consistance ou d’originalité, il l’y voulut donc introduire. […] On se révolte, il est vrai, de temps à autre, contre ces belles réputations simples et hautes, conquises à si peu de frais, ce semble ; on en veut secouer le joug ; mais, à chaque effort contre elles, de près, on retrouve cette multitude de pensées admirables, concises, éternelles, comme autant de chaînons indestructibles : on y est repris de toutes parts comme dans les divines mailles des filets de Vulcain. […] Il s’ensuit un développement démesuré du détail qu’on saisit, qu’on brode, qu’on amplifie et qu’on effile au passage, ne sachant si pareille occasion se retrouvera. […] Édouard Fournier, dans ses recherches sur La Bruyère, l’a retrouvé.

426. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

L’orgueil est le fond de Chateaubriand : on le retrouve dans toutes les manifestations de son être. […] Il n’a malheureusement pas su secouer tout à fait le goût de son temps, et je retrouve à chaque page ce qu’on pourrait appeler le style empire, un froid pastiche des formes antiques, une déplorable recherche de la noblesse banale et de la pureté sans caractère. […] Et les Mémoires d’outre-tombe, si mêlés, à travers tant de fatras, n’ont guère pour se relever, outre l’intérêt documentaire, qu’un certain nombre de tableaux où le vieux maître s’est retrouvé tout entier : la vie de Combourg, le camp de Thionville et le marché du camp, la garde de Napoléon faisant la haie à l’impotent Louis XVIII, les impressions de Rome662, etc. ; tout ce qui est sensation pittoresque n’a pas vieilli d’un jour dans toute son œuvre. […] La tristesse pessimiste, séparée du sentiment chrétien, se retrouvera dans Vigny : sans compter qu’un chapitre du Génie du Christianisme me paraît bien lui avoir indiqué Éloa666.

427. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et certainement ce sont là des signes de barbarie, mais peut-il y avoir une société qui ne soit en rien barbare, et la barbarie refoulée sous une forme ne se retrouvera-t-elle pas sous une autre tant que quelque chose existera ? […] Il cherche à s’évader, à retrouver sa patrie, à la refaire au besoin. […] Et nous retrouvons ici, par un autre côté, le problème de la vertu, examiné plus haut sous un angle différent. […] Nous sentons mieux comment les plus hautes idoles sont faites de notre vie, de notre sang, de nos larmes et de nos soucis, quand nous retrouvons en elles nos contradictions et nos troubles.

428. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Le propre du talent médiocre, c’est d’être une résultante dont on peut retrouver et reconnaître tous les chiffres en étudiant le milieu et le caractère extérieur d’un auteur, tel qu’il s’est déroulé dans la vie ; le propre du génie, au contraire, c’est de renfermer comme chiffres essentiels des inconnues irréductibles. […] La Judée et ses aspects se retrouvent d’une manière générale dans les poètes bibliques et dans leur forme d’imagination ; la nature orientale se peint dans l’exubérance littéraire des Hindous, la Grèce aux lignes précises dans la poésie grecque. […] D’ailleurs, selon nous, l’instinct imitateur et l’instinct novateur se retrouvent encore dans le public même, dans la masse des hommes comme dans les génies, avec cette différenceque l’instinct imitateur domine chez la masse, l’instinct novateur chez les génies. […] Spencer, dans sa Sociologie descriptive, retrouve, par exemple, dans la race anglaise les Bretons, comprenant deux types ethnologiques différenciés par de la chevelure et la forme du crâne ; des colons romains en nombre inconnu, des peuplades d’Angles, de Jutes, de Saxons, de Kymris, de Danois, de Morses, de Scotes et des Pictes ; enfin des Normands, qui, eux-mêmes, d’après Augustin Thierry, comprenaient des éléments ethniques pris dans tout l’est de la France.

429. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Les unes sont générales dans toute l’étendue de l’espèce ; elles se retrouvent, sinon chez tous les individus, du moins chez la plupart d’entre eux et, si elles ne se répètent pas identiquement dans tous les cas où elles s’observent, mais varient d’un sujet à l’autre, ces variations sont comprises entre des limites très rapprochées. […] Mais on peut retrouver le genre dans l’espèce puisqu’elle le contient. […] La conscience morale de la société se retrouverait tout entière chez tous les individus et avec une vitalité suffisante pour empêcher tout acte qui l’offense, les fautes purement morales aussi bien que les crimes. […] Il ne s’agit plus de poursuivre désespérément une fin qui fuit à mesure qu’on avance, mais de travailler avec une régulière persévérance à maintenir l’état normal, à le rétablir s’il est troublé, à en retrouver les conditions si elles viennent à changer.

430. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin ne sera rien en comparaison de celle que sera obligé de se donner son biographe à lui, s’il en a un jamais, pour retrouver, dans quelques années, les traces de son éphémère succès d’aujourd’hui ! […] Pour peu qu’on ouvre le livre de ce philosophe, fasciné par un fantôme historique tout autant qu’aurait pu l’être un poète, ce fou sublime de Byron, par exemple, qui s’abîmait dans la contemplation magnétique d’une boucle de cheveux blonds de Lucrèce Borgia, ce qu’on cherchera d’abord, c’est le motif même d’un pareil livre, la passion qui a dû l’écrire, et qui devrait partout s’y retrouver. […] Qui n’a pas le flambeau du ciel doit sonder, en tâtonnant un peu, les cœurs de ces dames, et voilà comment la Philosophie du xixe  siècle se retrouve tout à coup aux pieds de ces Omphales. […] Il l’énerve, mais il ne saurait l’effacer, et on la retrouve sous la sienne.

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