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1595. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Elle vous restera, que demandez-vous de mieux ? […] Elle l’alla voir dès qu’il fut sorti de la Bastille ; ils se réconcilièrent, mais il resta toujours, ou bien longtemps du moins, une petite rancune secrète des deux parts, qui se produisait très diversement, — du côté de Mme de Sévigné, par de vives, légères et agréables malices, — du côté de Bussy, par des aigreurs recuites, un peu rances et maussades.

1596. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M.  […] Comme on aime le guerrier intrépide, intelligent, resté droit et pur !

1597. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Si cet événement était arrivé dans ma vingtième année, je ne serais pas resté le dernier, mais j’avais déjà plus de soixante ans. […] Le bon Eckermann, qui avait peur que la conversation ne changeât de cours, essaya de la ramener en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force grandissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui ; à son coté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard… —  Que voulez-vous ?

1598. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Quant aux plaisirs qui restent, ceux du toucher, on tremble ; mais elle s’en tire assez adroitement, avec assez de délicatesse, et ne fait que glisser. […] Elle est restée ce qu’on appelle honnête femme par un point.

1599. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Les deux villes restées jusqu’alors fidèles à Carthage, Utique et Hippone-Zaryte, se livrèrent aux étrangers. […] Sa lyre tomba, elle se tut ; — et, pressant son cœur à deux mains, elle resta quelques minutes les paupières closes à savourer l’agitation de tous ces hommes. » C’est alors que l’Africain Mâtho se penche involontairement vers elle.

1600. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elles sont si bien revenues d’un court moment d’erreur qu’elles s’imaginent, en le lisant, qu’elles n’ont jamais failli ; et, voyant un si habile avocat plaider pour elles, elles s’attendrissent à penser qu’elles sont restées quasi des anges de vertu. » Ne soyons pas nous-même plus rigoriste qu’il ne convient ; un peu d’hypocrisie sociale est chose nécessaire et qui ne messied pas : il en faut même dans l’art ; il en faut, mais, comme dit la chanson, pas trop n’en faut. […] Resté seul un moment, il examine autour de lui ce lieu qui lui était à peu près inconnu et qui lui rend presque des désirs : « Charmante petite chambre !

1601. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Nés tous deux d’une ancienne famille noble du Midi fort déchue en fortune, mais restée fidèle jusqu’au bout aux sentiments et à l’honneur de la race, ils auront plus contribué à l’illustrer que tous les preux chevaliers d’autrefois à jamais oubliés et perdus dans la nuit des âges. […] La fille de Calvin même en s’enhardissant et en élargissant son cœur, est restée de sa race.

1602. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

L’Assemblée une fois séparée et ceux qui en avaient été membres se voyant exclus de toute action législative, Talleyrand ne jugea point à propos de rester dans l’atmosphère agitée de Paris : il partit pour Londres avec son ami Biron, ambassadeur, en janvier 1792. […] J’y existe, comme je l’ai toujours été, étranger à toutes les discussions et à tous les intérêts de parti, et n’ayant pas plus à redouter devant les hommes justes la publicité d’une seule de mes opinions politiques que la connaissance d’une seule de mes actions… » Sa réclamation étant restée vaine, il s’embarqua en ce temps pour les États-Unis.

1603. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Ainsi dans la pièce au jeune Charles Hugo, pour lui conseiller de rester enfant bien longtemps et de ne pas s’émanciper aux chants trop précoces, l’auteur, livrant son propre secret, nous dit : Oh ! […] Nous resterons dehors, souffrant, loin de l’enceinte, Et le froid de la nuit et la chaleur du jour ; Ah !

1604. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Ravenel)254 elle ne se nommait pas ainsi : son père s’appelait Cordier  ; mais, ayant été obligé de s’expatrier pour quelque cause qu’on ne dit pas, il laissa en France sa femme jeune et belle qui reprit son nom de famille ( Delaunay ), et la fille, à son tour, prit le nom de sa mère qui lui est resté. […] Mme de Staal avait glissé sur cet affreux détail ; mais elle l’avait trouvé aimable jusque dans les dernières années, et, malgré les erreurs de l’intervalle, elle n’avait pas cessé de rester soumise à l’ancien prestige.

1605. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Restent les revues, seules sauvegardes des lettres françaises, seuls lieux courtois où l’écrivain soit traité à son mérite, avec de la place pour exposer ses idées, un public sérieux et capable de relire ; mais s’il est aisé de parler tout à son gré d’un auteur, dans les revues, il n’est pas moins vrai de constater que la critique littéraire y est également réduite au minimum. […] L’homme né pour comprendre les rapports des idées peut rester un simple lettré, s’il se borne là : mais, s’il veut, il est capable de devenir un véritable bienfaiteur social.

1606. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Cette pension resta fixée au même chiffre, que l’on trouve inscrit encore dans les comptes de l’année 1674 et de l’année 1688. […] Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi.

1607. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte. […] Vous ne pouvez rien changer d’essentiel : les détails tout au plus restent à votre disposition.

1608. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Même ils ne restent point tout à fait seuls ; certains matériaux viennent de plus loin, et aussi l’élégance de certaines courbes. […] La théorie du surhomme ne peut garder une originalité apparente qu’à la condition de rester une pensée incomplète et tronquée.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Retz dut se résigner à garder le chapeau et à rester pour ses amis « le très bon cardinal ». […] Nous approchons d’une époque de vœux et de souhaits ; je ferai le mien : Puissent tous les factieux, tous les agitateurs, tous ceux qui ont passé leur vie à remuer les parlements et les peuples, finir aussi doucement, aussi décemment que le cardinal de Retz, se ranger comme lui sous la loi de la nécessité et du temps, jouer comme lui en vieillissant au whist, au cartésianisme, à la philosophie de leur temps (s’il y a encore de la philosophie), rester ou redevenir parfaitement aimables, causer avec des Sévigné s’ils en rencontrent, et, en écrivant leurs mémoires, les remplir des maximes de leur expérience, les rendre piquants, amusants, instructifs, mais pas tellement entraînants toutefois qu’ils donnent envie après eux de les imiter et de recommencer de plus belle !

1610. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Pascal n’était qu’audacieux et non téméraire ; mais, puisque je l’ai comparé à un général, j’ajouterai que c’était un général qui avait été tué dans le moment même de son opération : elle était restée inachevée et en partie à découvert. […] On peut rester incrédule après avoir lu Pascal, mais il n’est plus permis de railler ni de blasphémer ; et, en ce sens, il reste vrai qu’il a vaincu par un côté l’esprit du xviiie  siècle et de Voltaire.

1611. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Un autre roman ou nouvelle de lui, intitulée Eugénie (1803), est aussi l’histoire d’une jeune Anglaise restée en France pendant la Révolution, et y aimant presque à contrecœur un jeune Français qu’elle finit par épouser à travers les discordes et les guerres qui séparent les deux nations. […] Walckenaer, qui est resté modèle dans cette forme développée et pourtant limitée encore, est l’Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine (1820).

1612. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

En admettant même que le sentiment d’effort musculaire se ramenât à des sensations musculaires afférentes, sans mélange d’aucun sentiment d’innervation centrale et efférente47, il resterait toujours vrai que, dans la conscience même, nous distinguons l’attitude passive et l’attitude active. […] Résultat : il ne restera plus à la fin que les chenilles vertes, — et Fénelon admirera la Providence qui leur a donné la couleur la plus propre à les conserver.

1613. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Presque tous les autres sont restés au-dessous de ce qu’ils peuvent être : celui-là seul a produit de dignes rivaux de Démosthène, de Cicéron & de saint Jean Chrysostome. […] Il lui étoit arrivé, aussi bien qu’à deux autres de ses confrères, de rester court en chaire, précisément le même jour.

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