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688. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

L’air que sonnent nos instrumens militaires, quand il faut demander quartier, ne ressemble point à celui qu’ils sonnent, quand il faut aller à la charge. " comme les anciens n’avoient point d’armes à feu dont le bruit empêchât les soldats d’entendre durant l’action le son des instrumens militaires dont on se servoit à la fois pour leur faire connoître le commandement, et pour les encourager, les anciens faisoient sur cette partie de l’art de la guerre, une attention et des recherches qu’il seroit inutile de faire aujourd’hui.

689. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Car, tant que le sociologue n’a pas suffisamment dépouillé le philosophe, il ne considère les choses sociales que par leur côté le plus général, celui par où elles ressemblent le plus aux autres choses de l’univers.

690. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

III C’est que ses disciples lui ressemblent, à ce poltron hardi ; c’est que, s’ils osent beaucoup, ils n’osent pas tout encore ; c’est que, s’il s’agissait par trop de lui, il s’agirait d’eux !

691. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

I Pendant que la comédie s’en va mourant sur tous les théâtres de l’Europe, pendant que toutes les pièces qu’on y joue ressemblent — tant elles se copient les unes les autres — au gant retourné de l’escamoteur qui a la prétention de faire des tours différents toujours avec le même gant, il se publie parfois, trop rarement, il est vrai, avec un sang-froid et un sérieux imperturbable, des livres d’un comique profond et achevé qui ne sont plus de la comédie de convention, mais de la bonne et brave comédie de nature humaine.

692. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Il ressemble à cette mince couche d’or sur laquelle peignent certains peintres et qui enlève toute perspective.

693. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

… Les amants irrités sont terribles… Cladel ne ressemble pas à Balzac, qui a fait aussi des Paysans, lesquels, eux, n’étaient pas les siens, ni ceux d’aucun pays de France, excepté peut-être des environs de Paris.

694. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Enfin les dernières stances Sur la mort ressemblent fort à celles qui terminent les Destins ; le ton seul diffère. […] La Pologne, nous l’aimons bien, car les Polonais nous ressemblent un peu. […] Et puis, si c’est un drame, il ressemble trop à de l’histoire dialoguée, et, si c’est de l’histoire, elle ressemble trop à un drame. […] Beaucoup de vieux messieurs qui ressemblent à tous les vieux messieurs, des étudiants, quelques dames, parfois des Anglaises qui sont venues là parce que M.  […] Ils ont dit, par exemple : Nana ne ressemble guère aux courtisanes que l’on connaît ; vos bourgeois de Pot-Bouille ressemblent encore moins à la moyenne des bourgeois ; en outre, vos livres sont pleins d’ordures et la proportion de l’ignoble y est certainement plus forte que dans la réalité : donc ils ne valent pas le diable.

695. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il a emporté son secret avec lui ; et le seul de tous les écrivains anglais qui lui ressemble, Tobias Smollett, est bien loin de son modèle. […] Ceci ne ressemble pas mal à un traité de géographie qui promettrait la description de l’Europe et notamment de la France. […] Mais rien, chez M. de Lamartine, ne ressemble à l’étourderie, à l’oubli de soi-même. […] Les comédies et les tragédies jouées à Madrid ressemblent bien plus à des aventures de roman qu’à des épisodes de la vie réelle. […] Elle est née sous une heureuse étoile : si toutes les femmes lui ressemblaient, il serait impossible d’écrire un roman.

696. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

La douleur d’une mère ne ressemble point à la rage : une mère peut réclamer, ordonner le supplice du meurtrier de son fils ; mais elle n’est point avide du plaisir de l’assassiner, de le poignarder elle-même. […] Le Théâtre-Français ressemblait au sérail, où l’appartement d’une jolie sultane est gardé par un nègre hideux, l’effroi de la nature. […] Cela ressemble assez à cette doctrine du tyrannicide, autrefois enseignée par des moines, quelquefois pratiquée par des furieux imbéciles, mais toujours abhorrée de la saine partie de la nation française. […] Les dramaturges ressemblent à ces avocats qui appellent le pathétique au secours d’une mauvaise cause, et s’efforcent d’attendrir les juges qu’ils ne peuvent convaincre. […] Ses comédies n’offrent ni tableaux ni portraits, mais des miniatures de fantaisie qui ressemblent à tout et ne ressemblent à rien : il n’a voulu peindre que les femmes ; ses figures d’hommes ne sont jamais que des accessoires qui se trouvent là par occasion ; et dans les femmes, il n’a peint qu’une seule chose, la manière dont elles se laissent surprendre par l’amour, et les efforts qu’elles font pour déguiser aux autres et à elles-mêmes une passion naissante.

697. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

elle ressemble à une loueuse de chaises. […] Les dieux ont coutume de ressembler à ceux qui les adorent. […] C’est peut-être aussi par envie d’imaginer un objet qui ressemblât à une rame. […] D’ailleurs un fléau ne ressemble pas à une rame. […] Les jésuites d’aujourd’hui ne ressemblent point aux jésuites d’autrefois.

698. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le lecteur est ahuri par ces singularités, et, si c’est un homme faible, il est intimidé et se dit : ça ne ressemble à rien du tout, donc c’est beau. […] Écoles, académies, tout cela se ressemble, ce sont des entraves ; aussi chaque progrès est fait par la négation des choses établies, par une révolution ; et c’est ce qui arrivera tant qu’il y aura des intolérants. […] En architecture le côté utile guide dans les grandes indications : ainsi un palais ne peut ressembler à une église, une villa à un château-fort, une halle à une gare. […] À toutes les époques les physionomies ne se ressemblent pas ; dans chaque siècle il y a des passions dominantes qui laissent leur empreinte sur tous les visages. […] Cela vaut mieux que s’ils nous avaient trouvés spirituels, car nous leur eussions alors ressemblé.

699. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Les épopées du cycle provincial ne ressemblent guère à la Chanson de Roland. […] Mais il est loin de ressembler aux héros du premier et même du second âge de la chevalerie. […] « Nos tragédies, dit Mercier, ressemblent assez à nos jardins : ils sont beaux, mais symétriques, peu variés, magnifiquement tristes. […] Mérimée ne leur ressemble que par sa froideur affectée. […] En cela il ne ressemble point au romantisme.

700. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Les personnes qui ont connu Émile Zola disent que, pour le visage, Édouard Rod lui ressemblait. […] Nous avons de singuliers érudits : ils ressemblent à des architectes qui ne construiraient que les échafaudages. […] Les personnages de Donnay leur ressemblent ; et aussi le décor de fête galante où il les place volontiers ressemble au tiède rivage de l’Embarquement, Antoine Watteau eut le titre de « peintre des festes galantes ». […] Plusieurs de nos contemporains ressemblent à la boutique du marchand de curiosités qui est dans la Peau de chagrin. […] Plusieurs de nos contemporains ont des âmes qui ressemblent à des bouquets de fleurs coupées et variées.

701. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Alfred de Musset, et ce n’est pas à coup sûr que nous les en tenions indignes ; telles qu’elles sont, il n’en est pas une seule qui n’explique par quelque qualité le juste renom de l’auteur ; mais malheureusement celles que nous passons sous silence ressemblent trop à celles dont nous avons parlé, et en les examinant à leur tour, nous pourrions courir grand risque de tomber dans les redites. […] Nous pourrions avec autant de raison, débuter par les Grotesques parus hier ou par le roi Candaule, en voie de publication aujourd’hui, que par les premiers livres tant la forme et le fond de tous se ressemblent. […] Cette sorte de maxime a été inventée, dans le principe, pour frapper d’excommunication tout ce qui ressemblait au style maniéré et même au pastiche. […] En somme, ils nous ressemblent et n’en valent pas mieux. […] C’est un sentiment qui plaît à tout le monde, et ce mot si piquant dans la bouche des femmes : Comme cet auteur ressemble peu à ce qu’il écrit, montre combien il est naturel de supposer le livre confident de l’homme.

702. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Tâchons de ne pas leur ressembler. […] Voilà le secret de cette élégie tragique de la Jeune Captive, qui ne ressemble en rien à cette famille d’élégies grecques que nous avons lues plus tard dans ses œuvres. […] Jules Vallès, révolutionnaire démagogue, a passé sa vie à bafouer Homère et les classiques, et personne ne ressemble plus que lui à Homère. […] Ils ressemblaient à des gens ivres, qui s’appuieraient pour ne pas tomber, ou à des mannequins de grandeur naturelle, qu’on aurait posés contre un décor de théâtre. […] Ce qui ressemble à tant de monde ne peut servir à caractériser personne.

703. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

de dix romans que l’on lit, — car nous les lisons, — pourquoi, s’il y en a neuf qui se ressemblent dans la médiocrité, le dixième n’en vaut-il pas mieux ? […] Il n’y a pas de raison pour qu’un Harpagon anglais ou allemand diffère beaucoup du nôtre, lequel déjà ne laisse pas de ressembler à l’avare de Plaute. […] Rien ne ressemble plus à un roman naturaliste qu’un autre roman naturaliste : la Gamelle, par exemple, de M.  […] Maurice Spronck ; et je crains bien que son jugement sur eux ne ressemble beaucoup à celui de la postérité. […] Ce qui veut dire que nous pouvons bien préférer les anciens aux modernes, mais non pas exiger des modernes qu’ils ressemblent aux anciens ; et, encore bien moins, qu’ils affectent, pour mieux leur ressembler, d’ignorer tout ce qui s’est passé depuis les anciens jusqu’à eux.

704. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Cette sorte de poésie ressemble à la cuisine ; il ne faut ni cœur ni génie pour la faire, mais une main légère, un œil attentif et un goût exercé. […] L’Essai sur la critique ressemble aux Épîtres et à l’Art poétique de Boileau, excellents ouvrages qui ne sont plus lus que dans les classes. […] En cet état et à cet endroit il ressemble au vers classique. […] Rappelons-nous, quand nous voulons la juger équitablement, le temps où nous faisions des vers français qui ressemblaient à nos vers latins.

705. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Cela ressemblait à un petit berceau posé sur deux roues. […] mon ami, dit la jeune femme, cela ressemble à des taches de sang. […] dit son mari en la prenant sous le bras, vous vous trompez, Laure ; cela ressemble au billet de faire part d’un mariage. […] Ce discours ressemble aux sifflets de l’insulteur public des Romains, qui perçait à travers les acclamations du triomphe.

706. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Il ressemble aujourd’hui à une immense abbaye d’Italie ou d’Allemagne. […] Non, mais c’est qu’il a vécu par son cœur sensible et par son génie observateur dans toutes les familles ; c’est que tous les lieux et tous les temps se ressemblent par ces intimités de la maison et par ces mystères d’intérieur qui sont les mêmes pour tous les hommes pétris de la même chair et du même sang par la même nature !  […] Celui d’Alcinoüs ressemble exactement à celui où nous en lisons aujourd’hui la description. » « Au-delà de la cour, disait le livre, est un jardin de quatre arpents ; de toutes parts il est fermé par une enceinte ; là croissent les arbres élevés et verdoyants, les poiriers, les grenadiers, les pommiers aux fruits éclatants, les figuiers sacrés, les oliviers qui ne perdent jamais leurs feuilles. […] Cependant vos traits et votre stature ne sont point d’un pauvre esclave ; au contraire, vous avez l’apparence d’un roi ; vous ressemblez à l’homme riche qui, lorsqu’il s’est baigné, qu’il a mangé, se repose paresseusement dans son jardin.

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