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1856. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Cet ouvrage ne ressemble pointa celui de d’Aubignac ; il ne peint les précieuses, ni comme des folies, ni comme des hypocrites ; il ne les exalte pas non plus comme toutes et toujours merveilleuses : il les présente plutôt comme singulières, rivant du bon et du mauvais.

1857. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Nous avons vu que, même quand la société se réduit à une foule inorganisée, les sentiments collectifs qui s’y forment peuvent, non seulement ne pas ressembler, mais être opposés à la moyenne des sentiments individuels.

1858. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je citerai Nisard, qui, il faut lui en faire honneur, s’est aperçu, pour ce qui est des contemporains, d’une chose très vraie : c’est qu’un grand poète contemporain, Alfred de Musset, rappelait souvent La Fontaine et lui ressemblait.

1859. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Lucius Annæus Sénèque était d’un tempérament délicat, et sa mère ne le conserva que par des soins assidus : il fut toute sa vie incommodé de fluxions, et tourmenté, dans sa vieillesse, d’asthme, d’étouffements ou de palpitations ; car l’expression suspirium, dont il se sert (Lettres LIV et LXXVIII) au défaut d’un mot grec17, convient également à ces trois maladies. « Le suspirium, dit-il, est court ; l’accès n’en dure guère plus d’une heure, mais il ressemble à l’ouragan : de toutes les indispositions que j’ai souffertes, c’est la plus fâcheuse. » Il était maigre et décharné : cette légère disgrâce de la nature lui sauva la vie dans un âge plus avancé ; et je ne doute point qu’il n’ait fait allusion à cette circonstance, lorsqu’il a dit (Lettre LXXVIII) que « la maladie avait quelquefois prolongé la vie à des hommes qui ont été redevables de leur salut aux signes de mort qui paraissaient en eux. » V. […] On y lit encore qu’il admit entre ses courtisanes une femme dont tout le mérite était de ressembler à l’impératrice. […] On lui attribuait tout le bien qui se faisait dans l’Empire, et c’est ainsi qu’on irritait la jalousie de César : mais n’eût-il que sauvé l’honneur à une seule honnête femme ; conservé un fils à son père, mie fille à sa mère, la vie ou la fortune à un bon citoyen ; tranquillisé les provinces ; protégé un innocent ; montré un front sévère aux scélérats dont l’empereur était entouré ; croisé les vues sanguinaires d’une favorite, d’un esclave ; hâté la disgrâce d’un affranchi ; secondé les efforts de Burrhus, et prévenu les reproches qu’on n’aurait pas manqué de lui adresser s’il s’en était séparé, et d’adresser à Burrhus s’il eût abandonné son collègue dans une conjoncture pareille (reproches que nous avons entendus de nos jours142 ; tant cette énorme bête qu’on appelle le peuple, s’est toujours ressemblé), Sénèque et Burrhus auraient été blâmables et blâmés d’avoir quitté la cour ou renoncé à la vie. […] Me voilà prêt ; frappe, soldat… » La tête de Papinien tombe ; et le censeur ajoute : « Voilà le courage de la vertu, et Sénèque n’en a que l’amour ; il ressemble dans ce moment au commun des hommes. » Censeurs, ajustez cette scène au théâtre, et soyez sûrs d’un grand effet ; mais si vous eussiez lu les observations de mon éditeur sur cet événement, vous vous fussiez bien gardés d’en faire une page historique, et nous n’eussions point entendu Papinien parler très-éloquemment quelques années après sa mort. […] Il faut convenir que les ennemis de nos philosophes ressemblent quelquefois merveilleusement aux détracteurs de Sénèque.

1860. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Un jour peut-être développerai-je avec exemples ce que peut être le roman symboliste ; il y en a, et qui ne ressemblent pas aux miens. […] Ses opinions sur l’ancienne poésie qui ressemblait trop à de la belle prose sont très fondées et l’amèneront à découvrir que la poésie est une musique spéciale dont les moyens d’expression, différents de ceux de la musique pure, peuvent être, un à un, intuitivement découverts ; bien des poètes antérieurs, reconnus par M.  […] Ces déshérités qui forment la caste inférieure n’ont qu’un but, arriver, par un moyen quelconque, par une similitude dans les vêtements, les bijoux, la facilité du travail, à ressembler à ceux de la classe supérieure. […] Villiers de l’Isle-Adam, clown et mage, prosateur éloquent, souvent grandiose, ironiste souvent exquis, très rarement un peu fatigant, leur ressemble en leur amour de l’art et la recherche de l’originalité. […] En détaillant avec trop de précision la chronique du mouvement nouveau, on risquerait de ressembler au Ballanche du commencement de ce siècle, et d’assimiler à de réels novateurs de modernes abbé Delille.

1861. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Il est donc souverainement injuste, là où le fond se ressemble si fort, d’insister hostilement sur la différence de la forme. […] Ainsi l’homme, qui au fond et dans l’élan spontané de son intelligence est identique à lui-même, ne se ressemble plus dans la réflexion. […] Mais si les peuples qui composent une même époque doivent se ressembler, ils ne peuvent pas ne pas différer. […] Un homme qui n’est plus, et qu’il est juste d’appeler le plus grand métaphysicien qui ait honoré la France depuis Malebranche, presque sans connaître les travaux contemporains de l’Allemagne, et conduit par l’instinct d’une sagacité supérieure, est arrivé peu à peu, de métamorphoses en métamorphoses, à un point de vue auquel il ne manque que plus de conséquence, d’ampleur et de hardiesse pour ressembler à celui de Fichte.

1862. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est clair que dans nos sociétés, qui ressemblent à de vastes Scythies, au milieu desquelles les cours, les grandes villes, les universités représentent des espèces de colonies grecques, un tel mode de sélection amènerait des résultats absurdes ; il n’est pas besoin de s’y arrêter. […] En quoi sa renaissance ressemblera-t-elle à tant d’autres tentatives de résurrection nationale ?

1863. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Lundi 20 mai À l’Exposition, les allants et les venants, tout un monde bêtement affairé, éreinté, affolé, la tête perdue ; c’est de l’humanité qui ressemble aux bestiaux fous, que j’ai vus, en leur course éperdue dans le Bois de Boulogne, au mois d’août 1870. […] Il y a parmi eux un gros banquier juif, qui ressemble étonnamment à Daikoku, au dieu japonais de la richesse, et dont le ventre semble le sac de riz sur lequel on l’assied — et qui pue des pieds.

1864. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Petites Églises, n’est-ce pas, ça ressemble à Petites-Maisons ? […] Le bal de monsieur Tirman — ressemble à la Fête-Dieu, — j’ai négligé le firman — qui fait entrer en ce lieu… Si je fusse plus Birman je le croirais élégant2.

1865. (1927) Des romantiques à nous

Au contact de cette littérature et dans l’air même du temps, il avait gagné comme un simple Senancour (avec un tempérament physique très différent, Senancour lui ressemble par la formation intellectuelle), la nostalgie des voluptés chimériques. […] Son erreur, dans la mesure où elle existe, ressemblerait à celle de ces paysagistes qui insistent trop sur chaque branche de l’arbre. […] Dieu sait que rien ne lui ressemblait moins.

1866. (1888) Études sur le XIXe siècle

C’est ainsi que l’excès d’amour avait fait de lui un esclave et un enfant. » Sa sœur Paolina, qui lui ressemblait tant, connut les mêmes crises : sans cesse elle évoque l’amour, et sitôt que l’amour se présente, elle recule : « Le trop de réflexion me tue », dit-elle aussi ; et elle s’écrie avec désespoir : « Oh ! […] Comme ses sonnets et comme ses ballades, ses peintures sont des visions : dans le Rêve de Dante, la plus vaste de ses compositions, dans la Beata Beatrice, dans la Mort de Béatrice, dans la Damoiselle élue, dans la Pia, dans bien d’autres encore, ses figures ont une immobilité, un silence, une attitude presque suspendue, une hésitation lente dans leurs rares mouvements, qui les font ressembler à ces figures de rêve qui demeurent comme posées devant l’imagination, sans cependant se préciser entièrement. […] Edmondo de Amicis, qui ne ressemblent guère aux Memorie autobiografiche, jusqu’aux mémoires de Benvenuto Cellini, qui, à travers trois siècles de distance, s’en rapprochent beaucoup. […] Sans être très vieux, j’ai été témoin de bien des évolutions opérées autour de moi, Fidèle au système du juste milieu, j’ai vu plus d’une personne passer devant moi allant de gauche à droite et de droite à gauche. » Cette modération d’esprit était chez Cavour une condition de pensée, un besoin ; il l’imposait à ceux qui l’approchaient ; il ne pouvait comprendre qu’on s’en écartât, et haïssait ou méprisait tout ce qui ressemblait à de l’exaltation : la révolution intransigeante et le patriotisme démagogique.

1867. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

L’auteur de Werther, s’il a jamais un moment ressemblé à son héros, serait une belle preuve de cet apaisement graduel, dont on pourrait citer d’autres exemples moins contestables.

1868. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

. ; mais la plus illustre de ces images, et qui qualifie le plus magnifiquement cette partie du talent de Bernardin, est, dans la Chaumière, la belle réponse du Paria : « Le malheur ressemble à la Montagne-Noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahore : tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers ; mais quand vous Êtes au sommet, vous apercevez le ciel sur votre tête, et à vos pieds le royaume de Cachemire. » Cela est aussi merveilleusement trouvé dans l’ordre des sentences morales, que Paul et Virginie dans l’ordre des compositions pastorales et touchantes.

1869. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Joubert, a dit une belle parole : « Les vieilles religions ressemblent à ces vieux vins généreux qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête. » Combien je voudrais que cette parole se vérifiât parmi nous !

1870. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

D’autant plus que, jusqu’au dernier moment, la théorie ne descend pas des hauteurs, qu’elle reste confinée dans ses abstractions, qu’elle ressemble à une dissertation académique, qu’il s’agit toujours de l’homme en soi, du contrat social, de la cité imaginaire et parfaite.

1871. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Vous avez beau faire, fort heureusement pour vous, vous ne ressemblerez jamais à vos voisins.

1872. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères.

1873. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Si les femmes des tableaux de Rubens vieillissaient, elles ressembleraient à Mme d’Albany à l’âge où je l’ai rencontrée.

1874. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Quand cet yvoire blanc qui enfle votre sein, Quand vostre longue, gresle et délicate main, Quand vostre belle taille et vostre beau corsage Qui ressemble au pourtraict d’une céleste image ; Quand vos sages propos, quand vostre douce voix Qui pourroit esmouvoir les rochers et les bois, Las !

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