/ 3507
502. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Ne sachant se vaincre, il n’avait rien trouvé de mieux, pour se rendre digne du Graal que le moyen d’Origène55. […] Kundry a rendu le dernier soupir sur les marches de l’autel. […] Là, où elle se trouve à un degré supérieur, elle rend le cœur si grand, qu’il embrasse le monde entier, de façon qu’il contient maintenant le Tout, que rien n’est plus en dehors de lui, puisque tous les êtres s’identifient avec lui. […] On ne saurait révéler, et rendre à la fois plus saisissante, la doctrine de la Volonté, que Wagner ne l’a fait dans la scène de l’Evocation d’Erda. « Veille, veille ! […] « Cet ouvrage, paru il y a quelques années, et que je rends au public sous une forme définitive, n’a rien perdu de son actualité.

503. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Dans le mois de juin ou de juillet, M. de Beaufort nous le rendait, en nous disant, de premier mot, très nettement, qu’il était impossible. […] Harmand pour lui demander un rendez-vous. […] Nous allions chercher, au Palais-Royal, l’adresse de Sainville, nous lui écrivions ; il nous accordait un rendez-vous. […] Elle nous donne rendez-vous pour le lendemain. […] Augier avait eu besoin de la volonté de l’Empereur pour se faire rendre par la censure le Fils de Giboyer ; M. 

504. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Inquiétés dans leur asile, ils se précipitent avec rage sur les chasseurs acharnés à leur poursuite, et ceux-ci ont besoin de toute leur adresse et de toute leur vigueur pour se rendre maîtres d’une aussi terrible proie. […] Non, prince ; il vient de partir pour Somatirtha, où il se rend dans l’intention d’invoquer les dieux, pour détourner de la tête de Sacountala des malheurs dont la menace le destin ; mais, avant de s’éloigner, il a chargé sa fille de rendre aux hôtes qui pourraient survenir tous les devoirs de l’hospitalité. […] En ce cas, ma douce amie, c’est toi que je vais rendre heureuse ; car ce pronostic ne t’annonce rien moins que la possession prochaine d’un héros pour époux. […] Rendons promptement à notre hôte tous les devoirs de l’hospitalité. […] Le héros lui souffle doucement dans l’œil pour lui rendre la vue : scène de Daphnis et Chloé, où la simplicité et la candeur luttent de grâce.

505. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dupin a rendu d’abord à l’Académie et à tout l’Institut cette justice que c’était une pairie non héréditaire, une pairie du savoir et du talent, où nul choix du pouvoir, nulle intervention étrangère ne vous portait, et où chaque membre arrivait par le seul et libre suffrage de ses égaux. […] Dupin s’est écrié qu’il lui rendait cet hommage en dépit du dénigrement et de la haine : il nous a été impossible, dans tout cela, de rien voir d’irrité que le ton et le geste de M.  […] Arrivant à parler de lui-même et de l’éloquence de barreau et de tribune, l’orateur, que la froideur de l’auditoire semblait de plus en plus gagner, s’est retrouvé un moment : il caractérisait l’improvisation, il la montrait inégale, incorrecte peut-être, mais indispensable, irrésistible dans les luttes publiques, toujours sur la brèche, le glaive acéré et nu : « L’orateur, s’est-il écrié alors, n’a pas un cahier à la main, il ne lit pas, son œil ne suit pas des lignes, son geste n’y est pas enchaîné ; mais il vit, il regarde, il s’anime de l’impression universelle, etc., etc. » Et, tout en parlant ainsi, son doigt froissait le papier, son regard le dédaignait, et, l’oubliant durant quelques minutes, il s’est mis à lancer de rapides étincelles que le public lui a rendues en longs applaudissements.

506. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Ces défauts de la scène étoient inséparables de l’imagination étonnante du poëte, de l’élévation & de la fierté de son ame, de sa manière de concevoir & de rendre fortement & vivement les choses. […] Athènes, la florissante Athènes, rendoit justice à tous deux : eux seuls ne vouloient pas se la rendre. […] La lettre rouloit « sur le grand intérêt que les Athéniens avoient pris à cet événement ; sur le danger auquel la république des lettres avoit été exposée ; sur l’attention particulière de la providence à rendre à la patrie, au genre humain, un homme qui en avoit si bien mérité ».

507. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Récompenser des écrivains qui se prennent de querelle, c’est le moyen de les rendre encore plus nombreuses, & de mettre en combustion toute la république des lettres. […] Mais ils les menaçoient d’un logement de soldats. » A peine Girac eut-il vu la sortie faite contre lui, qu’il en médita une plus violente, & ramassa de tous côtés de quoi déshonorer son adversaire, & le rendre modeste. […] La manière dont il les rend est encore plus honteuse & plus grossière ; c’est le stile des halles.

508. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Les mêmes qualitez qui rendent une terre spécialement propre pour une certaine plante, font qu’elle ne vaut rien pour une autre plante. […] Les autres en voulant cacher les larcins qu’ils se font à eux-mêmes, reproduisent sur la scéne leurs personnages déguisez, mais non pas méconnoissables, et ils rendent ainsi leurs larcins encore plus odieux. […] Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’oeuvres anciens et modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l’univers, à ces boutiques où l’on étale une grande quantité de pierreries.

509. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Les musiciens, c’est Quintilien qui parle, ayant divisé en cinq échelles dont chacune a plusieurs dégrez, tous les sons qu’on peut tirer de la lyre, ils ont placé entre les cordes qui donnent les premiers tons de chacune de ces échelles, d’autres cordes qui rendent des sons intermediaires, et ces cordes ont été si bien multipliées que pour passer d’une des cinq maîtresses cordes à l’autre, il y a autant de cordes que de degrez. […] Le bas du roseau étant plus épais que le haut, il doit rendre un son plus aigu, et le haut du roseau doit par consequent rendre un son plus grave.

510. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il voulut résister, en quelques choses, à l’impulsion qu’il avait partagée et rendue plus active. […] tout cela attirait son attention moins que la langue rendue correcte et la poésie devenue régulière. […] Il comptait, au contraire, l’établir sur une base solide, et s’imaginait que, quand il aurait démontré que c’est l’amour de soi qui rend vertueux, il aurait rendu un grand service à la morale. […] Les formes du gouvernement rendaient aussi cette science oiseuse et inapplicable. […] Du moins est-il vrai que Platon l’a parfois rendu éloquent, comme Homère avait rendu Fénelon poétique.

511. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Il se rend le témoignage qu’il n’a guère de mouvements qui se cachent et se dérobent à sa raison. […] Montaigne seul la cherche avec désintéressement et la présente telle qu’elle est, sans la rendre ni méprisable en s’en jouant, comme Rabelais, ni haïssable, comme Calvin, en lui immolant la liberté. […] La grandeur des écrivains doit être proportionnée au bien qu’ils font, soit qu’ils enseignent directement la vérité dans des écrits dogmatiques qui vont droit à la raison, soit qu’ils l’insinuent par le charme de fictions vraisemblables, soit qu’ils dirigent la vie ou qu’ils la rendent plus légère. […] Cet esprit de curiosité l’a rendu injuste pour Cicéron. […] Dans la Logique de Port-Royal, on ne lui rend même pas justice littérairement, et on profite de lui sans l’en remercier.

512. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Sa correspondance intime doit nous le rendre tel qu’il était. […] Ce sont deux entreprises fort différentes que celle de rendre la littérature chrétienne et celle de rendre le christianisme littéraire, et l’on n’a jamais réussi dans la seconde qu’en se proposant la première pour but. […] Elle parle au pèlerin, et bientôt le rend tout entier au sentiment de son incurable malheur. […] Comme le soleil boit l’océan, Dieu, le soleil des esprits, devrait boire incessamment notre âme, et ne nous la rendre, comme le soleil rend la mer à la mer, que pour l’absorber encore. […] C’est le rendre impropre, inégal au genre humain, qui, d’un christianisme ainsi fait, ne peut tirer aucun parti.

513. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Lord Herbert, monté selon ses souhaits, se rend au lieu du rendez-vous ; pas de lord de Walden. […] Émile Deschamps, pour rendre la pièce possible à la représentation, a été obligé de la réduire d’un bon tiers. […] drôle, vous aurez été dix ans absent pour m’en amener un seul, et un qui m’a rendu plus de services dans le monde que vous ne m’en avez rendu vous-même, chien paresseux et infect ! […] Le ciel ne vous a pas rapprochés l’un de l’autre pour vous rendre malheureux. […] Il y a un vrai plaisir à rendre cette justice au pauvre Laurence ; on a tant de raisons d’être sévère pour lui !

514. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Cet ouvrage lui avait été communiqué en manuscrit, avant d’être rendu public. […] Le libre mouvement de ses membres lui est aussitôt rendu. […] On peut sentir avec force et ne rien rendre au théâtre. […] Tu me rends très malheureux. […] Il se vantait d’avoir rendu fidèlement la prose par la prose et les vers blancs par les vers blancs.

515. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Alexandre Dumas s’était chargé d’y faire le compte rendu des ouvrages du Salon. […] Leighton, le seul artiste anglais, je présume, qui ait été exact au rendez-vous : Le comte Pâris se rend à la maison des Capulets pour chercher sa fiancée Juliette, et la trouve inanimée. […] Avant tout, cependant, il faut rendre à M.  […] Peu d’hommes ont plus sincèrement aimé la lumière et l’ont mieux rendue. […] Quelques-uns des effets qu’il a souvent rendus me semblent des extraits du bonheur de l’hiver.

516. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Cazals nous a rendu Verlaine. […] Cazals nous a rendu Verlaine. […] Cazals nous a rendu Verlaine. […] Cazals nous a rendu Verlaine29.

517. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Depuis quelques années, il est du bon ton, dans la Littérature, de déprimer un Poëte qui a rendu les plus grands services aux Lettres, au goût, à la langue, & aux mœurs ; un Poëte estimé par excellence chez toutes les nations de l’Europe, & nommé par distinction le Poëte François. […] Ils méprisent d’abord ses Satires ; & pour rendre ce sentiment intéressant, ils affectent une fausse bénignité, ressource ordinaire & très-commode aux esprits médiocres, qui ont plus d’amour-propre que de talent. […] Réunissant l’impétuosité de Juvénal à l’enouement d’Horace, il rend dans ses vers les impressions de son ame, & rappelle aux loix du Goût & de la Raison. […] Il avoit composé, peu de temps avant sa mort, une Réfutation de Bayle, que ses héritiers n’ont pas jugé à propos de rendre publique.

518. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Il semble, quand ils ne sont plus, qu’on devrait du moins rendre quelque honneur à leurs cendres. […] On prononça en son honneur, à Wittemberg et à Tubingue, un grand nombre d’oraisons funèbres, où l’on célébra des vertus qui l’avaient fait aimer, et des talents qui ne l’avaient point rendu heureux. […] L’emploi qu’il en fit, le rendit aussi célèbre que ses connaissances. […] Ils avaient vécu quarante ans dans l’union la plus étroite, l’orateur se plaint, en commençant son éloge, de ce qu’il rend un si triste devoir à un ami, dont il aurait voulu n’être point séparé, même à la mort ; et en finissant, il s’écrie, dans la manière antique : « Je te salue, ombre vertueuse !

519. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » p. 250

Les services qu’il a rendus aux Lettres, sont tombés sur deux objets très-importans : il a d’abord perfectionné l’Imprimerie, & le Tresor de la Langue Latine étoit, pour son siecle, & même pour le nôtre, le meilleur présent qu’il pût faire au Public. […] On dit que, pour rendre les Editions des Livres qu’il imprimoit plus correctes, il en faisoit exposer les feuilles dans les Places publiques, & qu’il récompensoit généreusement ceux qui y découvroient des fautes, moyen aussi sûr que négligé, pour arriver à la perfection.

520. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il a parlé de la Révolution française, dans quelques-uns de ses écrits, en des termes grandioses et magnifiques : il est bon de voir comment il la prend et l’accueille dans le détail, avec une entière simplicité : Pendant la Révolution de France, dit-il, me trouvant à Amboise qui est mon lieu natal et ma commune domiciliaire, je me rendis comme les autres, avec les citoyens de ma compagnie, dans les bois de Chanteloup, au mois de thermidor l’an II de la République, pour y travailler à couper, porter et brûler de la bruyère, dont les cendres sont employées à faire de la poudre à tirer. […] Faisons d’ailleurs comme Saint-Martin, et rendons toute justice à Garat. […] Au fond, il est adversaire et rival du christianisme constitué et établi dans l’Église ; il a tout bas son ordre trouvé, sa religion à lui, son règne de Dieu qui doit en partie réparer le monde et réintégrer l’homme dans un état de presque divine félicité, lui rendre même des facultés tout à fait merveilleuses et des lumières présentement surnaturelles. […] Ce spleen est un peu différent de celui des Anglais ; car celui des Anglais les rend noirs et tristes, et le mien me rend intérieurement et extérieurement tout couleur de rose. […] J’aurais beaucoup gagné à le connaître plus tôt : c’est le seul homme de lettres honnête avec qui je me sois trouvé en présence depuis que j’existe ; et encore n’ai-je joui de sa conversation que pendant le repas : car aussitôt après parut une visite qui le rendit muet pour le reste de la séance, et je ne sais quand l’occasion renaîtra, parce que le Roi de ce monde a grand soin de mettre des bâtons dans les roues de ma carriole.

/ 3507