Taine, L’Ancien Régime] ; il faut essayer de dissiper cette confusion, et de montrer qu’entre eux, comme entre l’esprit de la Renaissance et l’esprit de la Réforme, il peut bien se rencontrer un ou deux traits de communs, mais tout le reste, à vrai dire, n’a été qu’opposition et que contradiction. […] Elles ont faire croire à l’Europe et au monde que « toute la France en hommes » n’était que le peu qu’on en rencontrait à leur table ou dans leur salon.
Les genres ne paroissent avoir été institués que pour rendre plus sensible la corrélation des noms & des adjectifs ; & quand il seroit vrai que la concordance des nombres & celle des cas, dans les langues qui en admettent, auroient suffi pour caractériser nettement ce rapport, l’esprit ne peut qu’être satisfait de rencontrer dans la peinture des pensées un coup de pinceau qui lui donne pius de fidélité, qui la détermine plus sûrement, en un mot, qui éloigne plus infailliblement l’équivoque. […] Il ne seroit pas plus merveilleux de trouver des idiotismes de l’une des trois dans l’autre, à cause des liaisons de voisinage, d’intérêts politiques, de commerce, de religion, qui subsistent depuis long-tems entre les peuples qui les parlent ; comme on n’est pas surpris de rencontrer des arabismes dans l’espagnol, quand on sait l’histoire de la longue domination des Arabes en Espagne.
Or, en soi, ce drame, pour ne point parler des obscurités d’où la ligne de l’action se dépêtre mal, — je défie le plus ingénieux des hommes de m’éclaircir par quelles circonstances Léonora Galigaï et Concini, et le Corse Borgia, et la Florentine Isabella, et M. de Thémines, et Picard, artisan parisien, et d’autres, et tout le monde, se rencontrent chez le sorcier juif Samuel ! […] De sorte que, dans les littéraires Champs-Élysées entrevus par Renan, Linos, qui eut son tombeau dans Thèbes ou dans Chalcis, dit à Gavarni, rencontré sous l’ombre des hauts lauriers-roses après l’heure où les journaux et les livres sont arrivés de l’univers terrestre : “Il faut lire, mon cher collègue, le dernier conte de Théodore de Banville”, et que Gavarni lui répond : “J’allais vous le conseiller, mon cher collègue, précisément !” […] Le mot est un oiseau au vol démesuré, mais qui s’envole d’une branche, qui ne plane qu’après s’être posé ; et les hirondelles, si elles ne rencontrent pas de mât de navire, se fatiguent à travers l’océan.
Cependant ces quatre grands hommes ne s’en sont pas moins, non seulement connus et appréciés, mais aimés ; et l’hôtellerie sans nom où se rencontrèrent, un jour de l’année 1548, Ronsard et Du Bellay, n’est pas plus célèbre dans l’histoire littéraire que « cabaret classique » du Mouton blanc, où se réunissaient Ariste et Gélaste, Acanthe et Polyphile. […] Et, en France même, d’où donc aurait procédé la résistance, l’opposition qu’ont rencontrée les Molière, les Boileau, les Racine et dont je répète que, sans l’intervention personnelle de Louis XIV, ils n’auraient pas triomphé ? […] Cinquante ou soixante ans s’écouleront maintenant avant que nous rencontrions dans l’histoire de notre littérature une page vraiment éloquente.
Il n’y avait pas un roi — de tous mes voisins — qui osât me rencontrer — avec des hommes de guerre, — m’attaquer avec la peur. — J’ai bien tenu ma terre. — Je n’ai point cherché des embûches de traître ; — je n’ai point juré — injustement beaucoup de serments. — À cause de tout cela, je puis, — quoique malade de mortelles blessures, — avoir de la joie… — Maintenant, va tout de suite — voir le trésor — sous la pierre grise, cher Wiglaf… Ce monceau de trésors, — je l’ai acheté, — vieux que je suis, par ma mort. — Il pourra servir — dans les besoins de mon peuple… — Je me réjouis d’avoir pu, — avant de mourir, acquérir un tel trésor — pour mon peuple… — À présent, je n’ai plus besoin de demeurer ici plus longtemps. » C’est ici la générosité entière et véritable, non pas exagérée et factice, comme elle le sera plus tard, dans l’imagination romanesque des clercs bavards, arrangeurs d’aventures.
On peut se persuader que si les messies des anciens âges ont rencontré dans la foule leurs martyrs et leurs apôtres, c’est encore parmi celle-ci que nos grands hommes découvrent leurs premiers admirateurs.
Ce lieu sans air est inondé d’air ; les yeux ne rencontrent que des bois et des eaux dans ce lieu sans eau et sans bois ; le soleil se couche chaque soir au bout de la nappe d’eau lointaine qui termine ce lieu sans vue.
En d’autres termes, s’il existe dans le monde matériel des points où les ébranlements recueillis ne sont pas mécaniquement transmis, s’il y a, comme nous le disions, des zones d’indétermination, ces zones doivent précisément se rencontrer sur le trajet de ce qu’on appelle le processus sensori-moteur ; et dès lors tout doit se passer comme si les rayons Pa, Pb, Pc étaient perçus le long de ce trajet et projetés ensuite en P.
Je crois avoir ainsi montré que trois modes d’expression distincts existent bien côte à côte dans la Poésie française et se rencontrent dans la tradition de notre langue.
Il insinue délicatement qu’il faudrait mener la malade au grand air. « La vue de son horrible neveu rencontré dans le parc, où l’on dit que le misérable se promène avec la complice endurcie de ses crimes, dit alors mistress Bute (laissant échapper le chat de l’égoïsme hors du sac de la dissimulation), lui causerait une telle secousse, que nous aurions à la rapporter dans son lit.
Après la représentation, le roi, qui n’avait point encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Molière : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. » Molière reprit haleine au jugement de Sa Majesté ; et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tout d’une voix répétaient, tant bien que mal, ce que le roi venait de dire à l’avantage de cette pièce. « Cet homme-là est inimitable, disait le même duc de… ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui. » Quel malheur pour ces messieurs que Sa Majesté n’eût point dit son sentiment la première fois !
Forain raconte ses démêlés avec ses créanciers, parmi lesquels se rencontraient des créanciers roublards qui se faisaient ouvrir en chantonnant le refrain d’une chose en vogue, dans le moment, chez les artistes.
Ces variétés pourraient, il est vrai, se mélanger par des croisements, si elles venaient à se rencontrer ; mais nous aurons bientôt à revenir sur ce sujet.
Cicéron s’en est servi plusieurs fois en ce sens ; (…), et Sénéque dit, (…) ; « lorsque nous rencontrons quelqu’un, et que son nom ne nous vient pas dans l’esprit, nous l’apelons monsieur. » cependant come il faut souvent se hâter et courir pour venir au secours de quelqu’un, on a doné insensiblement à ce mot par extension le sens d’aider ou secourir. (…), selon Perizonius, vient du grec (…), dont le premier signifie tomber, et l’autre voler ; ensorte que ces verbes marquent une action qui se fait avec éfort et mouvement vers quelque objet : ainsi : le premier sens de (…), c’est aler vers, se porter avec ardeur vers un objet ; ensuite on done à ce mot par extension plusieurs autres sens, qui sont une suite du premier. […] Ménage et les auteurs du dictionaire de Trévoux n’ont point rencontré heureusement, quand ils ont dit que les olindes ont été ainsi apelées de la ville d’Olinde dans le Brésil, d’où ils nous disent que ces sortes de lames sont venues.
. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France.
Avec deux ou trois idées générales qu’il est pour ainsi dire inévitable de rencontrer dans sa cervelle pour peu qu’on réfléchisse cinq minutes, on peut mettre debout un système admirable.
Impossible d’écrire l’histoire du xviiie siècle sans y rencontrer le nom et l’influence de Diderot, de l’infatigable ouvrier de l’Encyclopédie, qui a entassé la vidange de toutes les erreurs du xviiie siècle dans cette infecte tine de l’Encyclopédie, mais non pas pour les emporter !
Parmi ces différentes manieres de parler, si nous en rencontrons quelqu’une de celles que les Grammairiens expliquent par l’antiptose, nous devons d’abord examiner s’il n’y a point quelque faute de copiste dans le texte ; ensuite avant que de recourir à une figure aussi déraisonnable, nous devons voir si l’expression est assez autorisée par l’usage, & si nous pouvons en rendre raison par l’analogie de la langue.
Comme en effet on voit, dans la nature, les mêmes éléments simples, combinés en des proportions différentes, engendrer des corps dont les propriétés diffèrent également de celles des corps qui leur ressemblent le plus, et de leurs propres éléments ; ainsi, chacun de nous apporte en naissant des aptitudes qui sont uniquement siennes ; et pas plus que nous ne rencontrons deux visages humains qui se ressemblent, deux Ménechmes ou deux Sosies, pas plus il n’y a deux esprits parfaitement semblables. […] Mais il n’a pas tardé longtemps à reprendre son cours, plus impétueux, plus violent de tout ce qu’il avait rencontré de résistance, et les derniers « philosophes » ont fini par conclure qu’il fallait, selon le mot célèbre, « se déchristianiser et se rendre Grec ou Romain par l’âme ». […] Il nous aurait dégoûtés d’observer la nature, si l’on n’y rencontrait que des Quenu-Gradelle et des Rougon-Macquart.