Il y a dans la musique une langue sans paroles, qui permet à ceux qui l’exercent ensemble de tout dire sans rien exprimer ; le sentiment vague et passionné de la voix ou de l’instrument, qui s’adresse à tous, ne peut offenser personne en particulier, mais il peut, au gré de celle qui l’entend, s’interpréter comme un hommage timide ou comme un soupir brûlant, auquel il ne manque que son nom pour devenir un aveu ; deux regards qui se rencontrent dans ce moment d’extase musicale achèvent la muette intelligence ; de là à une passion mutuelle, devinée ou avouée, il n’y a qu’un moment d’audace ou un moment de faiblesse.
Les lords, confédérés pour venger le trône ensanglanté et déshonoré, se rencontrèrent, le 13 juin 1567, en face des troupes de Bothwell et de la reine, à Corberry-hill ; le courage avait abandonné leurs partisans avant la bataille.
Car le merveilleux de l’esprit se rencontrait plus facilement hors de chez nous.
Hugo et Voltaire se rencontrent dans l’amour de la justice et de l’humanité.
Et comme les esprits ne se ressemblent pas, les éléments d’une même doctrine, établie dans différents esprits, y rencontrent des conditions bien différentes qui tantôt favorisent les uns et tantôt les autres.
Le vieux pilote, qui se connaît en dieux, les ayant tant de fois rencontrés sur la vaste mer, avertit en vain ses compagnons de leur imprudence. — « Insensés !
Jaloux peut-être de voir Mélanide courue, & marquée au même coin de supériorité que la Métromanie, il plaisanta beaucoup sur les comédies attendrissantes, qu’il comparoit à de froids sermons : Tu vas donc entendre prêcher le père La Chaussée , dit-il un jour à un de ses amis qu’il rencontra allant à Mélanide.
La justice qu’il n’a pas trouvée dans les rapports des espèces entre elles va-t-il la rencontrer au sein de l’espèce, dans l’espèce humaine surtout ?
« Deux destins se sont rencontrés et unis pour les bons comme pour les mauvais jours.
… Proudhon et Bonald, les deux esprits philosophiquement les plus éloignés l’un de l’autre, et qui se rencontrent sur le terrain de la Famille telle que le Christianisme l’a conçue et l’a constituée.
Une âme délicieuse et même héroïque peut très bien exister dans un clown, et, dramatiquement, elle ferait plus d’effet si elle y était que si on la rencontrait dans un homme qui, par l’éducation, la pensée, la méditation, les habitudes, le milieu social, a développé les forces de son âme comme le clown n’a développé que celles de son corps… Seulement, il faut qu’une pareille âme soit dans le clown du roman qu’on veut faire, et dans celui de M. de Goncourt, elle n’y est pas !
Quand La Bruyère rencontra ce caractère sur son chemin, il comprit, en l’analysant, qu’il tenait une recette pour la fabrication en gros des effets amusants.
Chacune des séries intéressant chacun des personnages se développe d’une manière indépendante ; mais elles se sont rencontrées à un certain moment dans des conditions telles que les actes et les paroles qui font partie de l’une d’elles pussent aussi bien convenir à l’autre.
Il se tenait et marchait un peu courbé, avec un faux air plus humble que modeste, et rasait toujours les murailles pour se faire faire place avec plus de bruit, et n’avançait qu’à force de révérences respectueuses, et comme honteuses, à droite et à gauche à Versailles. » Voilà une des raisons qui rendent aujourd’hui Saint-Simon si populaire ; il décrit l’extérieur, comme Walter Scott, Balzac et tous les romanciers contemporains, lesquels sont volontiers antiquaires, commissaires-priseurs et marchandes à la toilette ; son talent et notre goût se rencontrent ; les révolutions de l’esprit nous ont portés jusqu’à lui. — Il voit aussi distinctement le moral que le physique, et il le peint parce qu’il le distingue.
Mais à ce double esprit il faut un contrepoids, et ce contre-poids ne peut se rencontrer que dans le sens psychologique, trop rare aujourd’hui et trop peu fécond en œuvres.
De même Scipion Émilien, faisant son sacrifice, rencontrera dans la série de ses ascendants ce même Publius Scipio. […] Il n’a pas d’autres ancêtres que les Sempronius ; c’est à eux qu’il offre le repas funèbre ; en remontant la série de ses ascendants, il ne rencontrera jamais qu’un Sempronius. […] Sur ce point-ci le droit hindou et le droit athénien se rencontraient merveilleusement. […] Il n’est pas rare de rencontrer chez les anciens des faits qui nous étonnent : est-ce un motif pour dire que ce sont des fables, surtout si ces faits, qui s’éloignent beaucoup des idées modernes, s’accordent parfaitement avec celles des anciens ? […] Si un consul en rencontrait une sur son passage, il faisait abaisser ses faisceaux devant elle.
La postérité sacrifierait un homme de génie, s’il s’en rencontrait un qui s’avisât de fonder un système de poésie sur des violations volontaires, soit du génie, soit du langage national. […] Le lendemain, vous le rencontrez. « Eh bien, votre idée ? […] On lit très souvent trente ou quarante vers avant de rencontrer un repos. […] Je ne vois pas où et quand ils pourront se rencontrer. […] Mais, plus tard, quand l’esprit est ramené sur les sujets auxquels ces pensées appartiennent, il se souvient qu’il les a rencontrées une première fois, et qu’il les a exprimées quelque part ; tant est profonde la trace qu’imprime dans la mémoire une pensée juste, lors même qu’elle n’a fait que traverser un esprit emporté par des idées factices et sans durée !
Le roi d’Ithaque et Diomède vont la nuit à la découverte, pour savoir ce qui se passe dans le camp des Troyens : ils rencontrent un certain Dolon qui, dans le même dessein, s’acheminait vers le camp des Grecs ; ils l’arrêtent, et lui promettent la vie s’il leur fait un rapport fidèle de l’état des choses chez les Troyens. […] Lorsque Achille aperçoit Iphigénie dans un camp où il ne s’attendait guère à la rencontrer, il s’écrie avec une naïveté familière : Vous en Aulide ! […] Clytemnestre devient ensuite un peu comique et bourgeoise ; car elle se pique d’être fidèle, attentive au ménage, peu exigeante et très modérée dans l’usage même des plaisirs permis : elle se fait gloire d’avoir donné à son mari quatre enfants, et lui observe qu’une femme comme elle est un gibier fort rare que tous les hommes ne rencontrent pas. […] Mais il est le seul dans cette tirade ; et la grande différence entre Racine et les modernes, c’est qu’on s’estime heureux de rencontrer un ou deux beaux vers dans leurs plus longs couplets, au lieu qu’on est surpris et indigné d’en trouver un ou deux de faibles dans ceux de Racine : Indignor quandoque bonus dormitet Homerus. […] Quoi qu’il en soit, il paraît démontré que l’un des auteurs avait volé l’autre : il est impossible de se rencontrer à ce point.
Le vaste univers sans rivage était devenu pour lui une ferme cité, une demeure qu’il connaissait1397. » Rembrandt seul a rencontré ces sombres visions noyées d’ombre, traversées de rayons mystiques ; voilà l’Église qu’il a peinte1398 ; voilà la mystérieuse apparition flottante pleine de formes radieuses qu’il a posée au plus haut du ciel, au-dessus de la nuit orageuse et de la terreur qui secoue les êtres mortels. […] L’idée du devoir, l’esprit religieux, le gouvernement de soi-même, l’autorité de la conscience austère, peuvent seuls, à son gré, réformer une société gâtée, et rien de tout cela ne se rencontrait dans la société française1464.