s’écrie-t-il, vous qui vîtes dans leur naissance les dérèglements des pécheurs qui m’écoutent et qui, depuis, en avez remarqué tous les progrès, vous savez que la honte de cette fille chrétienne n’a commencé que par de légères complaisances et de vains projets d’une honnête amitié : que les infidélités de cette personne engagée dans un lien honorable n’étaient d’abord que de petits empressements pour plaire, et une secrète joie d’y avoir réussi : vous savez qu’une vaine démangeaison de tout savoir et de décider sur tout, des lectures pernicieuses à la foi, pas assez redoutées, et une secrète envie de se distinguer du côté de l’esprit, ont conduit peu à peu cet incrédule au libertinage et à l’irréligion : vous savez que cet homme n’est dans le fond de la débauche et de l’endurcissement que pour avoir étouffé d’abord mille remords sur certaines actions douteuses, et s’être fait de fausses maximes pour se calmer : vous savez enfin que cette âme infidèle, après une conversion d’éclat, etc. […] Et après qu’il avait ainsi fait frissonner, en la touchant au passage, la plaie cachée de chaque auditeur, après qu’il avait dû sembler en venir presque aux personnalités auprès de chacun, Massillon se relevait dans un résumé plein de richesse et de grandeur ; il se hâtait de recouvrir le tout d’un large flot d’éloquence, et d’y jeter comme un pan déployé du rideau du Temple : Non, mon cher auditeur, disait-il aussitôt en rendant magnifiquement à toutes ces chutes et toutes ces misères présentes des noms bibliques et consacrésa, non, les crimes ne sont jamais les coups d’essai du cœur : David fut indiscret et oiseux avant que d’être adultère : Salomon se laissa amollir par les délices de la royauté, avant que de paraître sur les hauts lieux au milieu des femmes étrangères : Judas aima l’argent avant que de mettre à prix son maître : Pierre présuma avant que de le renoncer : Madeleine, sans doute, voulut plaire avant que d’être la pécheresse de Jérusalem… Le vice a ses progrès comme la vertu ; comme le jour instruit le jour, ainsi, dit le Prophète, la nuit donne de funestes leçons à la nuit… Ici l’écho s’éveille et nous redit ces vers de l’Hippolyte de Racine : Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes… Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés… On a souvent remarqué que Massillon se souvient de Racine et qu’il se plaît à le paraphraser quelquefois.
Elle s’inquiétait beaucoup de ses dettes et de ses créanciers, ce que les grands ne faisaient pas toujours, et on a remarqué qu’elle n’était tranquille que lorsqu’elle avait assuré avant tout cet ordre de paiements, « prévenant les demandes, quelquefois les désirs, et toujours l’impatience et les plaintes ». […] Elle remarquait en mère que, si l’on criait bien haut contre Law, on ne criait pas du moins contre le Régent.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près. […] Mme Sand a remarqué cela d’un des personnages de ses romans, et j’en crois l’application juste par rapport à M. de Lassay.
Je sais bien qu’il y en a qui gémissent de cet attentat… Il est à remarquer, en effet, que l’Académie française qui, depuis, a été une sorte de sanctuaire classique et d’où sont partis en sens inverse, d’où sont tombés sur des têtes que nous savons bien des anathèmes, était alors un lieu beaucoup plus neutre et dans lequel les adversaires et les contradicteurs de Despréaux, et, ce qui était plus grave, les contempteurs d’Homère, avaient eu pied en toute circonstance : J’avertis ici Mme Dacier, disait La Motte dans sa réponse, qu’elle a une idée fausse de l’Académie française. […] Mme de Lambert, de son côté, remarquait que le moment était venu sans doute d’opérer le rapprochement : Le temps, ce me semble, disait-elle, y est propre.
J’ai souvent, pour m’instruire, causé de Buffon avec des savants qui l’étaient dans la science même qu’il a illustrée, et j’ai cru remarquer des différences dans la manière dont plusieurs l’appréciaient. […] Si ces mêmes choses avaient été dites pour la première fois par quelqu’un en français, on ne les remarquerait guère ; Goethe parle de Buffon en termes élevés, mais vagues, et en passant : ce passage, il est vrai, se lie à une défense de la doctrine de M.
Et ici remarquez qu’il ne fait pas comme dans le discours de Metz où il songeait bien plus à diviser, à approfondir son sujet qu’à le rendre manifeste ; il ne raisonne plus pour lui seul, il pense à ses auditeurs, il ne les perd pas de vue un seul instant : «Ô largeur, ô profondeur ! […] M. de Bausset a remarqué au contraire, comme une espèce de singularité, qu’il ne vint à l’idée de personne alors de prendre Bossuet et Bourdaloue pour sujet de parallèle, et de balancer leur mérite et leur génie, comme on le faisait si souvent pour Corneille et pour Racine ; ou du moins, si on les compara, ce ne fut que très peu.
J’ai nommé Mme de Montespan : on ne peut s’empêcher de remarquer, chez Dangeau, de quelle sorte et dans quelle nuance fut sa rupture avec Louis XIV ; il y aurait eu pour un provincial de quoi s’y méprendre. […] » Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure.
Il faut une spéciale faveur du ciel, et ensemble une grande et généreuse force et fermeté de nature, pour remarquer l’erreur commune que personne ne sent, s’aviser de ce de quoi personne ne s’avise, et se résoudre à tout autrement que les autres. […] Un endroit de Charron relatif à la prud’homie a été très remarqué et a été aussi sujet à objection.
Il y a deux choses, a remarqué Scaliger, dont le roi n’était point capable, à savoir, de lire et de tenir gravité. […] Mais, en insistant sur ces détails, je crains aussitôt d’être injuste ; car il faudrait en même temps que je pusse faire remarquer combien il y a d’excellentes choses, et neuves et fines, et subtiles (au meilleur sens, au sens latin du mot), dans ce modeste ouvrage qui rend l’étude du même sujet plus facile à ceux qui viendront après.
Il fut très remarqué de ce dernier, qui l’encouragea fort, admira ses premiers essais de vers latins (la pièce sur la Bulle de savon), et lui donna, à travers ses louanges, toutes sortes de conseils qu’il ne suivit qu’à demi. […] « — Et ne croyez pas, jeune homme, que dans ce premier vers la césure qui manque soit un défaut ; c’est la fatigue de monter, c’est la respiration inégale des Nymphes qu’il s’agissait de rendre. » — Santeul a dû bien des fois faire remarquer cette beauté d’harmonie à quelque écolier qui passait devant la fontaine ; et si l’écolier avait été un peu émancipé déjà et un peu précurseur de l’âge futur, ou seulement s’il avait eu pour mère une d’Hervart ou une La Sablière, il aurait pu lui répliquer aussi tôt, en le narguant ; Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé.
Je ne doute point qu’il ne se fasse remarquer dans ses derniers vers, qui peuvent être considérés comme une production de sa douleur. […] Le père de Santeul a une veine pure, aisée ; il n’appartient guère à un homme comme moi d’en juger, je veux dire à un homme destiné à la retraite et à des lectures toutes sérieuses ; cependant on ne laisse pas d’en remarquer les traits.
Ceux qui sont à même de comparer les ouvrages de lui qui appartiennent à chacune des deux littératures, ont cru remarquer qu’il s’était fait une espèce de compensation dans sa manière de dire ; que sa phrase allemande avait gagné à son habitude du français d’être plus rompue et plus aisée qu’elle ne l’est d’habitude chez de purs Germains ; et que, dans sa dernière période toute française, son style épistolaire, en revanche, était un peu moins court et moins alerte que d’abord. […] Un phénomène tout semblable se faisait remarquer alors chez les hommes en place de presque tous les pays de l’Europe.
Mais Schlegel m’est insupportable. » Sur l’absence du sentiment de l’art, on peut toutefois remarquer que ce jugement de Bonstetten est antérieur au voyage de Mme de Staël en Italie ; sur le manque du sens poétique, on voit qu’il est tout à fait d’accord avec Schiller. […] Au dehors donc, comme l’a remarqué Byron, elle était toujours inquiète et moins à sa place, un peu égarée ; elle n’était proprement dans son milieu et dans son centre, dans sa pleine souveraineté, qu’en conversant et en causant.
Montrant un jour à Eckermann deux de ses poésies dont l’intention était très-morale, mais où le détail offrait par places trop de naturel et de vérité, il se proposait bien de les garder en portefeuille, disait-il, de peur de scandaliser : « Si l’intelligence, si une haute culture d’esprit, remarquait-il à ce propos, étaient des biens communs à tous les hommes, le poëte aurait beau jeu ; il pourrait être entièrement vrai et n’éprouverait pas de crainte pour dire les meilleures choses. […] L’exactitude m’oblige pourtant à remarquer que ce mot, tel que je le cite d’après un ancien traducteur, a été un peu arrangé en français.
On aura remarqué dans toute cette scène ce qui est partout ailleurs dans Térence, le sentiment et l’intelligence de la jeunesse, une parfaite indulgence pour cet âge où la vie est si belle et si propice qu’il lui faut bien passer quelque chose, s’il abonde et s’il excède dans sa joie. […] Remarquez, dirai-je à ceux qui voudraient suivre de près le texte, cet expectatum qui marque si bien la longueur de l’attente, ce tamen rejeté si joliment à la fin.
Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain. […] iii-8° 1861). — Pour les objections faites à ce livre et les réponses, j’ai remarqué, au moment de la publication, quelques articles bons à noter, une discussion fine et vive de M.
Armand Lefebvre, et qui n’a pas été assez remarqué dans l’histoire de cette fameuse lutte, c’est que la paix qui a suivi les victoires de Marengo et de Hohenlinden a été pour la France et pour ses ennemis un moment décisif. […] Armand Lefebvre nous le fait en même temps remarquer, la France eût-elle bien pris en 1801 cet abandon de l’Italie, deux fois délivrée ?
Ce changement, il est curieux de le remarquer, se trouve précisément l’inverse de celui qu’on a vu chez les poëtes anglais de l’école des Lacs, les mêmes avec qui notre poëte a plus d’une ressemblance pour le génie. […] On avait déjà remarqué qu’un autre grand poëte l’enfermait, la pauvre critique, dans un cercle étroit, inflexible, et la sommait d’y demeurer ou d’y venir, avec menace autrement de la rejeter.
De tout temps et jusque dans le premier entrain de l’imagination, on a pu remarquer sa vocation d’étudier de près les choses, de les bien savoir, de les savoir avec précision seulement. […] Mais, sans m’engager ici dans les obscurités, même éclaircies, de la loi Sempronia ou de la loi Licinia, je n’ai voulu que faire remarquer en passant le ton naturel et humain avec lequel l’historien caractérise le premier mouvement de Tibérius Gracchus.