. — Et, lui lançant un regard furieux, il s’élance et disparaît. — Quel est donc ce jeune homme ?
L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.
Ainsi, tout allait au gré de ses désirs, et sans doute, lorsqu’il jetait ses regards sur le passé, il était bien excusable de se livrer à quelques illusions pour l’avenir. […] Enfin elle lui dit, avec un grand air de bonté, qu’elle le voyait avec plaisir à son service, et qu’elle le priait d’apprendre le russe ; puis saluant M. de Villebois, elle jeta sur son protégé le regard le plus gracieux, et continua de marcher avec les seigneurs qui l’environnaient. […] Quand elle recouvrait la connaissance, elle tournait des regards fixes et mornes vers le ciel. […] Il était insensible à tout ; ses regards étaient éteints, et il ne répondait rien à toutes les questions qu’on pouvait lui faire. […] On voyait briller, sous ce parapluie de leur invention, des regards contents et des joues de roses.
Et Cyrus, poussant un peu en avant de l’année, jetait ses regards des deux côtés, considérant ses ennemis et ses amis. […] Le temps dont nous contons l’histoire eût pu satisfaire ses regards. […] Leur sérénité divine ne descend pas jusqu’à l’action et n’a pas besoin de regard. […] Ceux qui sont par derrière se dressent sur leurs pieds pour accrocher un regard. […] « Je l’accablai à cent reprises dans la séance de mes regards assénés et forlongés avec persévérance.
Je viens, me dit-il, le regard comme aveugle, laissez-moi terminer ma prière. […] Il parlait, violent, démonté, et soudain, en conclusion à ses vengeances, l’Echafaud hanta son cerveau et comme son regard même ! […] Le vers aussi n’est pas toujours suffisamment un joyau significatif à manier sous le regard et faisant poids dans la main, vous me comprenez. […] », nous disait d’elle en hochant la tête son créateur nu regard calme ! […] S’il dit : une Fleur ce qu’il veut montrer, c’est « l’absente de tout bouquet », c’est-à-dire son souvenir suggéré et comme hors du regard, idée pure, dépouillée du signe.
Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ?
Viennet, placé à droite, malgré la foudre qu’il tâchait de mettre dans ses regards et la pose toute martiale qu’il affectait, n’a pu communiquer à ce discours la moindre apparence de vie, le moindre éclair.
Je massacrai l’albâtre, et la neige, et l’ivoire ; Je retirai le jais de la prunelle noire, Et j’ose dire au bras : sois blanc, tout simplement… J’ai de la périphrase écrasé les spirales ; Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel L’alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ; Et je n’ignorais pas que la main courroucée Qui délivre le mot, délivre la pensée… Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses… Tel mot est un sourire et tel autre un regard… Ce qu’un mot ne sait pas, un autre le révèle.
Les soirs d’été, les fleurs ont des langueurs de femmes, Les fleurs semblent trembler d’amour, comme des âmes ; Palpitantes aussi d’extase et de désir, Les fleurs ont des regards qui nous font souvenir De grands yeux féminins attendris par les larmes, Et les beaux yeux des fleurs ont d’aussi tendres charmes.
La conséquence, c’est que, pour exceller dans la première partie de ce programme, le chirurgien doit avoir, avec une connaissance toujours présente de tout le corps humain, un sang-froid inaltérable, un regard lucide et sûr, une main délicate et intelligente, et comme des yeux au bout des doigts, une initiative toujours prête, la puissance d’inventer ou de modifier, à mesure, les procédés de son art, une faculté divinatoire, bref un « don », aussi rare peut-être, aussi instinctif et incommunicable que celui du grand poète ou du grand capitaine.
Oui, dans le premier et célèbre portrait, malgré la robe de moyen âge de pendule, malgré la coiffure à la Ninon, malgré la lyre venue de chez le luthier, la grande Marceline, avec ses beaux yeux enflammés et humides, avec ce front droit et ces sourcils fièrement tracés, avec ce nez si caractérisé, aux bosses hardies et spirituelles, avec ce menton pointu, finement pensif, ces lèvres épaisses et si arquées, ce col énergique, attire, charme et retient le regard, qui se sent en face d’une pensée et d’une âme.
. — Se bat avec ses sens, doux relaps ; tâche de tout voir en la plaine convoitée ; cursif avare, glisse et déplore, inscient de la distance, au ciel ciroféraire ; sans abrivent que l’angle obtus, et chante l’effroi rural en faisant souris aux calus, médian tombeau du regard, vacillant et visant la mi-côte du ciel trop parallèle au sol.
L’étranger, grandi sous la loi monarchique, nous trouvera, sans lois avec la légalité, sans propriétaires avec l’élection, sans force avec le libre arbitre, sans bonheur avec l’égalité. » De telles phrases révèlent, chez celui qui a pu les écrire il y a plus de soixante ans, une surprenante acuité de regard. […] Le prestige dont ces théories, manifestement fausses à notre regard, furent revêtues, dérivait de plusieurs causes. […] Cette action politique, si bénigne fût-elle, suffit à cacher au regard du jeune professeur persécuté la vie religieuse et les miracles de vertu catholique qui continuaient à s’accomplir par-delà cette action et hors d’elle. « A propos, nous sommes allés encore écouter aujourd’hui un Te Deum. […] Prenez les Stances et Poèmes, les Solitudes, les Epreuves, et, placez en regard tel ou tel fragment de la Justice. […] cette créature à laquelle il est si cher, qui lui est si chère, elle ne sera pas à lui depuis deux jours, un regard, un geste, une gracieuse coquetterie sur un morceau de musique joue pour lui, suffiront à lui arracher ce cri de détresse : « Ah !
Vous allez vous écrier comme Valère : Ses regards ont changé mon âme en un moment ! […] Le premier regard ne l’aperçoit point, la réflexion la découvre ; plus de réflexion la laissera-t-il subsister ? […] A-t-elle jamais jeté un regard sur le pauvre Justin ? […] Un cœur brisé ne s’avise pas qu’il puisse être compté pour quelque chose au regard d’eux. […] Le champ des grandes actions et des grandes espérances se déroulait à perte de vue devant ses regards.
C’est l’époque où, pour la première fois, il tourna vers l’école son regard de poète et de penseur. […] Tous ces « visages », retracés avec art et avec vérité, attirent le regard et le retiennent longuement. […] Une salle à voûte gothique abritait, et semblait vouloir dérober au regard du profane, un groupe auguste de croyants. […] … mais son « malin regard en coulisse » l’a décelée : Ah ! […] vraiment, c’est trop la mort du naïf animal Qui voit tout son sang couler de son regard fané.
Le grand intérêt du livre du Père Lebreton est de nous initier à une existence spirituelle où les événements extérieurs ne furent presque rien en regard du développement intérieur. […] Le beau portrait placé en tête du livre du Père Lebreton conserve le regard de ses yeux, à la fois rayonnants de vie intérieure et d’attention réfléchie. […] Taine à son insu, pour le suivre longtemps du regard, sans oser jamais ni l’aborder ni même le saluer. […] L’habitude du diagnostic exact donnait à son regard une fermeté singulière. […] Davignon, au courant des incidents journaliers qui annonçaient pour son lucide regard la catastrophe menaçante.
* * * — Le mystère des mystères restera toujours ceci : c’est que le dessin d’une bouche, la ligne d’un geste, la lumière d’un certain regard, fassent de femme à homme, des attractions comme de sphère à sphère. […] C’est une femme qui a vécu, — il y a deux mille quatre cents ans, — et ce redoutable et si lointain passé d’un être, dont nos regards commencent à tâtonner la forme, et dont on va violer l’infini sommeil, semble mettre, en la salle, en la curiosité historique qui est là, je ne sais quoi de religieux dans l’avidité de voir. […] Elle était là cette femme ayant vécu, il y a deux mille quatre cents ans, elle était là, étalée sur la table, frappée, souffletée du jour, toute sa pudeur à la lumière et aux regards de tous. […] Là-dedans, une jeune chlorotique à marier, assidue aux sources ferrugineuses de Mesdames, un bubon en deuil, dont la mère, dans sa grossesse, semble avoir eu un regard d’une caricature idiote de Grandville : Puis deux Anglais, deux Anglais du Palais-Royal : l’un, le neveu, capitaine aux Indes, à l’abominable tête d’artiste, à la barbe en queue de vache, au front de lézard, à la raie médiane d’un modèle pour Jésus-Christ, et se livrant tout le temps à des calembours internationaux. […] La muette Mme Benedetti s’arrête de temps en temps dans sa tapisserie, et prend un repos, avec un regard vague devant elle.
Mais il me semble plutôt que c’est un mot créé par elle et spontanément forgé, une articulation sympathique, qui d’elle-même s’est trouvée d’accord avec toute intention arrêtée et distincte, et qui, par suite, s’est associée à ses principales intentions arrêtées et distinctes, lesquelles sont aujourd’hui des envies de prendre, d’avoir, de faire prendre, de fixer son regard ou le regard d’autrui. […] Au septième mois, il commence à dépasser ce procédé primitif, à diriger un peu ses mains d’après son regard, à les relever graduellement vers l’objet, à saisir, après quelques tâtonnements, une fleur, un hochet, une petite cuiller : alors il les garde longtemps, avec attention, comme pour étudier leur poids, leur forme, leur consistance et les diverses apparences optiques qu’ils présentent à mesure qu’ils remuent dans sa main vacillante.
Les galeries superposées et repliées les unes derrière les autres, pour laisser les regards embrasser librement la scène, s’avancent à l’intérieur comme autant de promontoires sur la mer. […] Trente mille esclaves gladiateurs, ces comédiens de la mort, y récréèrent, à leur agonie, les regards féroces des Romains. […] « Le raisonnement a besoin de faits pour démontrer ; le sens intime croit, voit, conclut, affirme sans aucun argument qu’un regard !