/ 1775
1722. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

répondit par un célèbre impromptu où entre maintes jolies choses, il disait : D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme             Faire une perle d’une larme 4.

1723. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

On sait qu’ils ont pour ennemis les Faucons, qui sont guidés vers leur proie par un regard perçant.

1724. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Vous, du moins, vous êtes le regard de la jeune tendresse, un doux éclair qui caresse, je ne sais quoi qu’on adore, qui passe et que l’on croit garder, une femme en pétales qui s’effeuille au toucher, et qui renaît sous l’ardeur du désir qui la presse.

1725. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Brunetière, qui fixe sur ce genre de critique le regard le plus soupçonneux, celui d’une maison rivale, n’a pas tout à fait tort lorsqu’il dit : Parmi nos écrivains, dans l’histoire entière de notre littérature, ceux que les femmes ont aimés, ceux que les gens du monde ont goûtés, je ne puis m’empêcher de répéter qu’à défaut des Pascal et des Bossuet — que je leur passe de ne point pratiquer — ce ne sont pas les Corneille et les Racine, c’est encore moins Boileau, ce n’est pas Molière, et ce n’est pas non plus Voltaire ou Montesquieu, c’est les Voiture et les Benserade, c’est Quinault, ce sont les La Motte et les Fontenelle, ce sont les précieux et ce sont les modernes. […] Ce n’est là, d’ailleurs, que le commencement de la critique, et celui qui s’y arrêterait mériterait les regards courroucés de Brunetière et les accusations de double libertinage… Quand Faguet nous dit que la critique des siècles classiques ne songeait pas du tout à épouser ces courbes de ligne serpentine, amphore d’Horace, hanche de Lalagé, nous lui répondons, nous lui avons déjà répondu : Et Montaigne ?

1726. (1910) Rousseau contre Molière

Il promène sur le monde un regard très perçant, très sûr et très tranquille, bien convaincu de la dépravation humaine et également de l’inutilité de tous les efforts qu’on ferait pour la guérir. […] Se proposant d’attaquer Molière et de lui dire tout son fait, Rousseau met évidemment devant lui par la pensée tout le théâtre de Molière, et il va tout droit à certaines pièces petites et grandes, et il en laisse de côté de très considérables ; c’est que dans celles-ci il ne voit pas, au moins de prime abord et de premier regard, une ample matière de quoi il puisse charger ses récriminations et ses attaques. […] Il faut qu’elle apprenne à pénétrer leurs sentiments par leurs discours, par leurs actions, par leurs regards, par leurs gestes… Ils philosopheront mieux qu’elle sur le cœur humain ; mais elle lira mieux qu’eux dans le cœur des hommes.

1727. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Quand on porte ses regards sur l’intérieur du ménage de Molière, on doute qu’il ait vécu un seul instant heureux. […] Molière ne parlait pas de cette science comme un homme qui bien portant la ravale, et malade y recourt ; il était valétudinaire lorsqu’il disait : « Un médecin est un homme que l’on paye pour conter des fariboles dans la chambre d’un malade jusqu’à ce que la nature l’ait guéri ou que les remèdes l’aient tué. » Portons nos regards sur la médecine d’alors et sur les hommes qui l’exerçaient, et nous acquerrons la preuve que les accusations de Molière, qui n’ont aujourd’hui que l’autorité d’une saillie, auxquelles on n’accorde guère plus de crédit qu’à un badinage, n’avaient réellement rien d’exagéré.

1728. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Lorsqu’il eut fini aq milieu des sanglots, et que, comme intermède, quarante jeunes élèves du Conservatoire, vêtues de blanc, les cheveux ornés de bandelettes et portant des écharpes de crêpe, eurent chanté, autour du mausolée, une strophe de l’hymne de Chénier mise en musique par Cherubini ; après que ces jeunes élèves, deux à deux, d’une main tremblante et en détournant leurs regards où se peignaient l’attendrissement et la douleur, furent venues déposer leurs branches de laurier aux pieds de l’effigie du mort109 ; en ce moment solennel, le citoyen Daunou, membre de l’Institut national, et chargé par lui de faire le panégyrique du héros, s’avança, tenant à la main aussi sa branche de laurier, et parla sur les degrés du mausolée : « ….

1729. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Mais, dans l’étude du caractère, j’injecte de mon mieux, pour la dessiner aux regards, la veine ou l’artère principale.

1730. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il l’a haïe et il l’a attaquée furieusement, opiniâtrément, toujours ; voilà l’erreur et le crime à mes yeux, qui n’est ni l’erreur ni le crime aux regards de M. 

1731. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

J’ai fixé ses regards à moi seule adressés. […] Aménaïde, en paraissant aux yeux de Tancrède, ne devait ouvrir la bouche que pour protester de son innocence, pour déclarer hautement que la lettre dont on l’accusait n’était point pour Solamir, mais pour un héros plus digne de ses vœux, et qu’elle ne pouvait nommer en ce moment ; cette déclaration, sans compromettre Tancrède, suffisait pour calmer sa jalousie, et les regards d’Aménaïde pouvaient aisément lui dire ce nom que sa bouche était obligée de lui taire ; voilà ce que la nature, le bon sens, la passion exigeaient : mais une pareille explication rendait la tragédie impossible ; il faut absolument que Tancrède périsse, comme il faut que Zaïre soit tuée : et c’est parce que le poète n’a pu motiver raisonnablement ces deux morts, qu’il a échoué dans le plan de ces deux tragédies. […] …………………………………………… Moi vivre, moi lever mes regards éperdus !

1732. (1929) La société des grands esprits

On sait que la collection Budé publie le texte et la traduction en regard : c’est de beaucoup le meilleur système. […] Pour l’Enfer il y a une traduction récente, celle de Mme Espinasse-Mongenet, parfois un peu verbeuse et abondante en paraphrases, mais fidèle et claire, donc très utile, puisqu’on doit simplement s’en servir comme d’un lexique plus portatif et que le texte est imprimé en regard. […] Dès sa seconde lettre — la première se bornant à solliciter la collaboration de Goethe pour sa revue, les Heures — il loue ce génie « d’essence hellénique », ce « regard observateur », cette intuition qui saisit avec une parfaite justesse tout ce que l’analyse poursuit péniblement, et il ajoute que les esprits de cette sorte, qui pénètrent en profondeur sous la conduite secrète, mais sûre, de la pure raison, n’ont pas besoin d’emprunter à la philosophie, qui peut, au contraire, s’instruire à leur école.

1733. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

C’est ainsi que, même sans souci de popularité, même sans souci de rester en bons termes avec les gouvernements nouveaux et de se tenir toujours du côté du manche, même sans tout cela, tel vieux brave homme de 1906 exprimera, étalera en ses propos un mélange prodigieux de ses idées de 1869, de ses idées de 1872 et de ses idées, pour ainsi parler, de 1906, et offrira aux regards une synthèse bizarre de Duruy, de Gambetta, de Jules Ferry et de M.  […] Molière le déteste bien d’une haine très probablement personnelle et où il entre de la rancune. « Le grand seigneur méchant homme » et corrupteur de femmes est franchement détesté par Molière. — La pièce, au premier regard, serait donc plutôt à tendances religieuses. […] Exploiter contre eux le ressentiment séculaire du peuple contre les abbés trop gras et les évêques trop riches du xviiie  siècle, c’est le dernier jeu que peut jouer la bourgeoisie pour détourner les regards du peuple loin des gras d’aujourd’hui et loin des riches de maintenant.

1734. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

L’épanouissement de toute une école pornographique ayant ses journaux et ses suppléments a été le résultat des licences que s’est permises l’art, autrefois émancipé sous l’indiffèrent regard de Sainte-Beuve. […] Loti sait bien que la seule félicité de ce monde est dans l’union des regards et des lèvres, dans cette énigmatique attirance qui nous agenouille devant des créatures de chair. […] Jamais les regards n’ont été plus anxieusement tournés vers l’horizon littéraire.

1735. (1881) Le naturalisme au théatre

Il est le dompteur qui apporte une électricité dans le regard. […] Les subventions de la Comédie-Française et de l’Odéon, mises en regard des subventions des théâtres lyriques, sont absolument ridicules.

1736. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il cite une île où « les gens sont hauts de dix-huit ou trente pieds de haut, et non vêtus, fors de peaux de bêtes  » ; puis une autre île « où il y a moult diverses femmes et cruelles, qui ont pierres précieuses dedans les yeux, et ont telle vue que si elles regardent un homme par dépit, elles le tuent seulement du regard comme fait un coq basilic. » Le bonhomme conte, et puis c’est tout ; le doute et le bon sens n’ont guère de place encore dans ce monde.

1737. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Présomption, vanité puérile, indiscipline, manque de sérieux, d’application, d’honnêteté, faiblesse de tête, incapacité de tenir à la fois beaucoup d’idées sous le regard, absence d’esprit scientifique, naïve. et grossière ignorance, voilà depuis un an l’abrégé de notre histoire.

1738. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Telles sont les vues contenues dans l’Essai du début  : « Regard en arrière sur les routes parcourues », ainsi qu’il l’intitule. […] Et comme il allait et venait parmi ces choses, une figure qui semblait presque aussi pâle que l’Adonis de la tapisserie, debout, immobile comme la statue de l’amour blessé, se détacha de l’ombre devant son regard.

1739. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Un regard jeté sur la salle aurait dû m’avertir. […] Celle-ci, pour examiner aussi le Sultan, détourne un peu la main dont elle se couvrait le visage ; leurs regards se rencontrent ; Roxelane rit, et Soliman marque la plus grande surprise. » Le Sultan s’emporte et menace. […] Et certes il ne s’est pas trompé s’il nªa voulu que surprendre et charmer nos regards.

1740. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

J’ai tout accepté ; et au bout de vingt ans, j’ai été récompensée du sacrifice de toute ma vie par un regard de mon époux moribond. […] ce regard ! […] Je relis la « scène de l’aveu », une de celles qui furent le plus applaudies, et que le poète a dû particulièrement « soigner ». « Doux regards… jour béni… rêve divin… blanche comme une hostie… le seuil des paradis… les ailes d’un ange… », telles sont les images fortes et neuves qui ornent les premiers vers de la déclaration de Tristan.

/ 1775