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933. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Mais il faut tout dire, cette espèce de bon goût qui retranche certains raffinements, cette sorte de descendance plus légitime, plus reconnue, qui vous fait tenir avec honneur à la suite des chefs-d’œuvre du passé, n’est pas toujours une ressource en avançant : c’est même quelquefois une gêne. […] Scribe, a pu paraître chez lui, dans les années premières, un métier eu même temps qu’un talent ; mais depuis, à voir le nombre croissant et le bonheur soutenu, il faut reconnaître que c’est désormais son plaisir et sa fantaisie, que c’est devenu sa nécessité et sa nature. […] Parfois il a besoin qu’on le mette sur la piste d’une idée ; il lit alors tel mauvais ouvrage manuscrit qui n’aurait nulle valeur en d’autres mains ; mais cela lui tire l’étincelle, l’idée qu’il exécute, et que souvent le collaborateur adoptif ne reconnaîtrait pas.

934. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Et qui donc s’est plus appliqué que nous à les reconnaître, à les proclamer, à les découvrir, je ne veux pas dire à les inventer parfois ? […] Quels témoins, quels arbitres Vous feront reconnaître à mes yeux incertains Pour de réels objets ou des fantômes vains ? […] Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître, croyez-le bien, tout ce qu’il y a de naturel, de sincère et de bien vite pardonné dans ses perpétuels et affectueux retours à Sattendras ou à Longiron.

935. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

L’influence de tels travaux, il faut tout d’abord le reconnaître, est bien antérieure d’ordinaire à la publication qui s’en faite sous forme de livres ; et, pour ce qui est de M. […] Plus heureux ceux qui se contentent de profiter, de reconnaître et de jouir ! […] On reconnaît là cet infatigable instinct de curiosité érudite qui l’entraîne.

936. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

On reconnaît là la théorie philosophique connue sous le nom de nominalisme ; tout n’est pas faux dans cette théorie ; il faut lui réserver son légitime domaine, mais il ne faudrait pas non plus l’en laisser sortir. […] Et si la loi venait un jour à être reconnue fausse ? […] Il faut reconnaître qu’il aurait été difficile de ne pas faire cette séparation que l’on prétend artificielle.

937. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

On croit se reconnaître dans cette nature d’élite et d’exception, si élevée, mais si isolée, et que rien ne rapproche du commun des hommes. […] Il lui faut la disgrâce pour se reconnaître, et pour rentrer dans le vrai de son habitude et de sa nature. […] Mais, un jour, des amis l’entraînèrent à une représentation de Turcaret ; il y vit son fils, reconnut deux fois son bien et son ouvrage, pleura de joie et redevint père.

938. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

De l’éclat, une fraîcheur Qui conservait des Lis la candide innocence disaient les poètes, de beaux yeux, des cheveux blonds et d’un beau cendré, une belle taille, tout cela couvrait ce qui lui manquait du côté de la délicatesse et de la grâce ; « elle avait tout à fait en elle l’air de la grande beauté », reconnaît Mme de Motteville. […] Courant de là vers la Bastille avec de pleins pouvoirs, elle recueillit chemin faisant les blessés, presque tous gens de marque et qu’elle reconnaissait avec pitié. […] Qu’il y ait dans ce propos de l’emphase et quelque jactance, on le sent aussitôt, mais il faut y reconnaître aussi comme un écho du Cid et quelques accents cornéliens.

939. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

On reconnaît là à ses vrais signes un sentiment filial attendri et pieux, une honnêteté native que n’eut jamais Rousseau, si supérieur par tant de parties. […] Une autre distraction de Marmontel vers ce moment (car il en avait beaucoup) fut pour une autre jeune et jolie actrice, Mlle Verrière, qui avait été aussi au maréchal de Saxe : elle en avait eu une fille, depuis reconnue, Aurore de Saxe, qui n’est autre, je le crois bien, que la propre grand-mère de Mme Sand. […] Cela touché, il faut vite reconnaître ses aimables qualités sociales, cette facilité à prendre à tout, cette finesse sous la bonhomie et cette cordialité qui sait trouver une expression ingénieuse : « J’ai toujours éprouvé, disait-il, qu’il m’était plus facile de me suffire à moi-même dans le chagrin que dans la joie.

940. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

On remarquera que Volney ne peut s’empêcher de reconnaître dans le merveilleux rapport de cet animal avec le climat auquel il est destiné une sorte d’intention providentielle et divine ; ce sont de ces aveux qui lui échappent rarement, et que l’exactitude seule lui arrache ici. […] L’impératrice reconnut le zèle de Volney en lui envoyant par les mains de Grimm une médaille d’or. […] dit-il, ce sont nos maîtres qui siègent là : nous ne sommes que leurs ouvriers, ils ont le droit de nous censurer et de nous applaudir. » On reconnaît dans ce dernier mot l’imprudente parole qui, au début, était échappée à Volney, et qui demeurait attachée à son nom ; en la répétant, on la résumait avec plus de force encore qu’il n’en avait mis en la proférant.

941. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Le poëte ne se limite que par son but ; il ne considère que la pensée à accomplir ; il ne reconnaît pas d’autre souveraineté et pas d’autre nécessité que l’idée ; car, l’art émanant de l’absolu, dans l’art comme dans l’absolu, la fin justifie les moyens. […] Et, au fond de ce drame prodigieux, sur la bruyère déserte, au crépuscule, pour promettre aux meurtriers des couronnes, se dressent trois silhouettes noires, où Hésiode peut-être, à travers les siècles, reconnaît les Parques. […] C’est à ne rien cueillir là que se reconnaît le poëte.

942. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

« Je serais d’accord avec les vitalistes, dit-il, s’ils voulaient simplement reconnaître que les êtres vivants présentent des phénomènes qui ne se retrouvent pas dans la nature brute, et qui par conséquent leur sont spéciaux. […] Maintenant, combien de causes distinctes reconnaîtrons-nous en dehors de nous-mêmes ? […] Toutefois, s’il est imprudent de dire qu’une telle réduction n’aura pas lieu, il est imprudent aussi de dire qu’elle aura lieu nécessairement, car il n’y a aucune contradiction dans les termes à supposer qu’il puisse y avoir dans la nature plusieurs causes distinctes, et on est autorisé à reconnaître la distinction des causes jusqu’à démonstration du contraire.

943. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas… il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir l’équilibre “au profit de l’ordre et du beau”… » C’est aussi : « Les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble et d’une force légèrement voilée… écrivains modérés et accomplis… Cette théorie dont Scaliger a donné le premier signal chez les modernes est la théorie latine à proprement parler et elle a été aussi pendant longtemps la théorie française… Le chef-d’œuvre que cette théorie aimait à citer c’est Athalie. » En somme, c’est ici la théorie de l’unité soutenue par Buffon dans le Discours sur le style, et Sainte-Beuve conclut : « Il n’y a pas de recettes pour faire des classiques : ce point doit être enfin reconnu évident. […] Bien avant Boileau, même avant Racine, ne sont-ils pas aujourd’hui unanimement reconnus les plus féconds et les plus riches pour les traits d’une morale universelle ?  […] H. de Régnier, dès aujourd’hui, est reconnu comme un maître… L’heure du symbolisme, en tant qu’école et crise révolutionnaire, est passée » (G. 

944. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Positive, elle est plus utile à l’intelligence qu’à l’imagination ; élégante, elle reconnaît pour législateur le goût plus que le génie ; noble, mais dédaigneuse, si elle sait rendre l’expression des sentiments généreux et élevés, elle se refuse peut-être à la naïveté sublime. […] Dans le soin que les législateurs anciens apportèrent à régler la musique, il faut reconnaître le respect pour la parole traditionnelle. […] Cette immobilité de la parole écrite, ce silence qu’elle est obligée de garder lorsqu’elle est attaquée, disent avec quelque éloquence sans doute les raisons qui ont engagé l’Église à refuser de reconnaître jusqu’à présent les traductions de l’Écriture sainte en langue vulgaire.

945. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Et de fait, il serait injuste de le reconnaître : nulle part, jusque-là, M.  […] Nettement ne s’est pas éboulé à ce point que nous ne puissions le reconnaître. […] On reconnaît que M. 

946. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

N’est-il pas reconnu que l’accroissement de la quantité sociale a pour principal effet de gêner le libre jeu des institutions dites démocratiques ? […] Un pas plus grand encore est franchi le jour où l’on n’exige plus, pour reconnaître à un individu l’existence juridique, qu’il soit né dans les limites d’un territoire déterminé. […] L’habitude, que seule notre civilisation nous permet, de vivre au milieu d’un nombre considérable d’individus qui changent, et défilent en quelque sorte devant nous pour se substituer les uns aux autres dans les mêmes places, n’est sans doute pas étrangère à l’assouplissement de nos conceptions juridiques : elle nous prépare à reconnaître des droits au premier « passant » venu, c’est-à-dire à tous les êtres, quels qu’ils soient, qui sont hommes.

947. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Elle le reconnaît maintenant : elle s’est trompée en faisant ce qu’elle croyait être son devoir. […] Mais quelle joie aussi de reconnaître qu’on a eu tort ! […] Gondremark lui-même le reconnaît dans l’impayable scène du dénouement. […] Jeanne le reconnaît : c’est bien son mari ; il reconnaît Jeanne : coup de théâtre, révélations. […] Est-ce ma faute, si j’y ai reconnu un esprit curieux, sérieux et compatissant ?

948. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Elle ne reconnaît d’autre autorité que celle des faits, et elle s’affranchit de l’autorité personnelle. […] Il y a des erreurs qui sont en quelque sorte inhérentes à leur temps, et que les progrès ultérieurs de la science peuvent seuls faire reconnaître. […] Il vaut donc mieux reconnaître que nous ne savons pas, et que c’est là que se place la limite de notre connaissance. […] L’anatomie ne donne que des caractères pour reconnaître les tissus, mais elle n’apprend rien par elle-même sur leurs propriétés vitales. […] Je commençai, ainsi que je l’ai déjà dit, par le sucre, qui est une substance définie et plus facile que toutes les autres à reconnaître et à poursuivre dans l’économie.

949. (1930) Le roman français pp. 1-197

C’est ce que reconnaît, généreusement, et même avec plaisir, M.  […] Depuis Hugo nulle gloire n’avait été plus universellement reconnue. […] Mais dans Le Disciple elle se reconnaissait. […] Il le reconnaît, ce sont eux. […] Reconnaissons qu’elle est également dangereuse pour la foi.

950. (1911) Études pp. 9-261

Parole qui peut-être eût passé sans que je la reconnaisse. […] Je les reconnais toutes. — Sur toutes passe la modération de l’ironie, comme une lumière. […] Je ne les reconnais que bien longtemps après les avoir soufferts. […] Les formes autour de moi deviennent fantastiques ; je ne les reconnais plus. […] Reconnaissons-lui l’indépendance qu’il revendique à l’égard de Debussy.

951. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il s’approche entre les rideaux : “Il serait difficile, madame, que je vous reconnusse”, répondit-il. […] Si plus d’un trait des Fâcheux fait reconnaître le poète comique, il est une scène qui décèle le poète philosophe. […] Notre auteur essaya de proscrire par le ridicule ce préjugé qui avait résisté aux lois, en faisant, dans ses Fâcheux, refuser un duel par un homme d’une valeur reconnue. […] Mais Montfleury ne manqua pas d’affirmer que cette enfant, dont le comte de Modène avait bien voulu se reconnaître le père, n’était qu’un fruit secret des liaisons de Molière avec Madeleine Béjart. […] Chacun y reconnut M. de Montausier, et prétendit que c’était lui que Molière avait eu en vue.

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