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450. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Dans une scène d’ivrognerie et de rixe qui rappelle trop un tableau flamand de Teniers, il apprend que don Étur, un de ses camarades, se vante de l’amour de Juana. […] Cela rappelle ces espiègleries d’enfants qui promènent sur les lèvres fermées d’autres enfants comme eux, la barbe d’une plume pour les faire rire ; la lèvre rit, mais l’âme ne rit pas ; puérilité indigne d’un talent qui se respecte même dans ses jeux ! […] Cela rappelle un chant de moi, les Préludes, mais cela est mille fois plus vagabond et plus emporté d’imagination ; le disciple dépassait de bien loin le maître. […] Je jetai ces vers ébauchés dans un tiroir de ma table pour les achever le lendemain ; mais il n’y eut point de lendemain ; un événement politique inattendu me rappela soudainement à Paris ; le courant des affaires et des discussions de tribune emporta ces pensées avec mille autres ; les beaux vers d’Alfred de Musset restèrent sans réponse et s’effacèrent de ma mémoire. […] Dans l’une de ces circonstances, je me rappelais trois longs mois d’hiver passés à Paris dans la première fleur de mes années.

451. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je dirai seulement de quel moyen la Providence s’est servie pour me rappeler à mes devoirs. […] Le souvenir de mes égarements répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea, en mourant, une de mes sœurs (Mme de Farcy) de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. […] Dans un singulier chapitre expressément dédié « Aux infortunés », et qui est placé, on ne sait trop comment, entre celui de « Denys à Corinthe » et celui d’« Agis à Sparte », il s’adresse à ses compatriotes émigrés et pauvres, à tous ceux qui souffrent comme lui du désaccord entre leurs besoins, leurs habitudes passées et leur condition présente ; il leur rappelle la consolation des Livres saints, vraiment utiles au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme.

452. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Au nombre des charges que l’on amassait ou que l’on construisait contre Fouquet, la mission de Maucroix à Rome fut incriminée ; rappelé sur-le-champ, il eut à répondre devant la Commission de justice. […] Le seul épisode de la carrière publique de Maucroix, qui mérite d’être rappelé un peu plus au long, c’est le rôle qu’il remplit à Paris à la fameuse Assemblée du clergé de 1682, laquelle s’ouvrit, comme on sait, par le sermon de Bossuet Sur l’unité de l’Église, et qui aboutit à la déclaration des quatre articles de l’Église gallicane. […] C’est là qu’il recevait Boileau et Racine lorsque ceux-ci faisaient quelque voyage de ce côté à la suite du roi ; et, à l’époque de la mort de La Fontaine, Boileau rappelait à Maucroix le souvenir de ces visites dans une lettre touchante et plus sensible qu’on ne l’attendrait du sévère critique : … Le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenais dans votre jardin, et que je vous revoyais encore, comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis.

453. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Je me rappelais la manière dont M.  […] J’apprenais la nouvelle de la réunion à tous ceux à qui je pouvais parler, et je me rappelle qu’ayant arrêté à Sèvres, où je vis quelques-uns des soldats qui y étaient de poste et au nombre de ces troupes que l’Assemblée voulait repousser au loin, je leur criai la nouvelle de ma voiture : ces soldats étaient des Suisses, et j’aperçus qu’ils ne comprenaient rien à ce que je leur disais. […] Bailly prévôt des marchands, ou plutôt maire de Paris ; et le digne homme, toujours modeste, mais toujours cédant et s’abîmant en reconnaissance, ne sait qu’accepter avec sanglots : Je ne sais pas si j’ai pleuré, dit-il, je ne sais pas ce que j’ai dit ; mais je me rappelle bien que je n’ai jamais été si étonné, si confondu, et si au-dessous de moi-même.

454. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Quand je me souviens de Henri IV, et pour me le résumer à moi-même au juste, sans pencher ni du côté de la tradition factice et arrangée, ni du côté de l’anecdote maligne et injurieuse à l’histoire, je tiens à me rappeler trois ou quatre points essentiels qui me le déterminent, en quelque sorte, dans les grandes lignes de sa nature morale et de son caractère politique. […] — Henri IV, si différent en cela de Louis XIV, aurait eu besoin de temps en temps que quelqu’un le rappelât de l’espièglerie à la dignité. […]  » Ici, en écrivant à la vierge-reine, on peut croire qu’il s’était mis en frais d’images : à M. de Batz, son bon serviteur, il écrira tout naïvement (2 novembre 1587) : « Monsieur de Balz, je suis bien marri que vous ne soyez encore rétabli de votre blessure de Coutras, laquelle me fait véritablement plaie au cœur, et aussi de ne vous avoir pas trouvé à Nérac, d’où je pars demain, bien fâché que ce ne soit avec vous, et bien me manquera mon faucheur par le chemin où je vas… » Cette blessure de M. de Batz, qui fait plaie au cœur de Henri, rappelle, selon la remarque de M. 

455. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Je me rappelle, entre autres, une journée de dimanche aux Roches près Bièvres, dans cette riante et hospitalière maison des champs ; M.  […] Weiss nous le rappelle, il n’est pas jusqu’à l’honnête et sensée Mme de Motteville qui ne fasse là-dessus ses remarques très philosophiques ou du moins d’une morale très religieuse. […] Sans doute, il eût été très profitable au xviiie  siècle d’être averti utilement à son début, d’avoir sous la Régence sa petite Fronde pour se rappeler les dangers toujours latents et se rendre compte de tout ce que contient de putride et d’inflammable le fond d’une vieille société.

456. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

allez, quelque jour de fête, entendre à la cathédrale une messe en musique de quelque compositeur en renom, avec les chœurs et l’orchestre et les premiers artistes de l’Opéra ; puis ensuite retournez dans la Semaine Sainte, écoutez le Stabat, le Vexilla régis ou la Passion, ou, à quelques cérémonies funèbres, le Requiem, du lutrin ou les Litanies chantées non par de grands artistes, mais tout simplement par des chantres ou des enfants de chœur ; et puis, en sortant, demandez-vous qui vous a le plus profondément ému, qui a laissé dans votre âme une impression plus religieuse et plus mélancolique, qui vous a rappelé que vous étiez venu pour prier, des chanteurs ou des chantres, de la musique fuguée ou du plain-chant, de l’orchestre ou de l’orgue. […] Quant au Symbole de Nicée, au sacrifice de la messe et au grand événement qu’il rappelle, vous n’y songez guère plus qu’après une représentation de Guillaume Tell ou un concert de Paganini. […] Se rappeler la série de Lettres de M. 

457. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui. […] Domingon, s’approchant pour prêter serment, voulut commenter sa pensée : « Je demande, dit-il, à mon seigneur et roi la parole pour… » Il fut interrompu par le duc de Richelieu qui, après s’être incliné vers le roi comme pour recevoir ses ordres, rappela que l’usage immémorial de la monarchie ne permettait pas, dans des occasions semblables, de prendre la parole en présence du monarque sans sa permission, et ordonna, au nom de Sa Majesté, de continuer l’appel nominal. […] Il hésita, n’insista pas, s’excusa presque en disant qu’il n’avait entendu parler que de bruits vagues, et ne fut pas moins rappelé à l’ordre.

458. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Je me rappelle toute une discussion très-vive et en fort bon lieu là-dessus. […] On se rappelle la joie fière, le rayonnement orgueilleux de Colomba emmenant et comme reconquérant son frère ; on le comparerait au délire, aux transports éperdus d’Électre reconnaissant le sien : « O chère lumière ! […] Nous rappelons une note où il a déjà été question de M.

459. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Et il rappelait les expériences de Puységur, de du Potet, etc. […] « La chevelure électrique de la fille Élisa, c’est pris dans un livre ou dans une brochure de médecine dont je ne me rappelle plus le titre ni le nom de l’auteur. » 66 « Oui, j’ai lu pas mal de livres d’anatomie artistique modernes et anciens, entre autres les Études d’anatomie de Charles Bonnet et pour la maladie de cœur de René Maupérin, mon frère et moi avions pris des notes dans tous les livres de spécialistes sur les maladies de ces organes. »67 Et c’est tout. […] Malot nous rappelle invinciblement Sganarelle devant la famille de sa cliente : « Vous n’entendez point le latin ?

460. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

On se rappelait la réputation que la gaieté française avait méritée dans toute l’Europe, et l’on croyait la conserver en s’abandonnant à tout ce que réprouvent et la délicatesse et le bon goût. […] Il faut, malgré les différences qui existeront longtemps encore entre les deux nations, que les écrivains français se hâtent d’apercevoir qu’ils n’ont plus les mêmes moyens de succès dans l’art de la plaisanterie ; et loin de penser que la révolution leur ait donné plus de latitude à cet égard, ils doivent veiller avec plus de soin sur le bon goût, puisque la société et toutes les sociétés, confondues après une révolution, n’offrent presque plus de bons modèles, et n’inspirent pas ces habitudes de tous les jours, qui font de la grâce et du goût votre propre nature, sans que la réflexion ait besoin de vous les rappeler. […] Le temps fera disparaître les hommes qui sont encore des modèles en ce genre, et l’on finira par en perdre le souvenir ; car il ne suffit pas des livres pour se le rappeler.

461. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Cette vie de Pierre Loti me paraît si belle que, pour me défendre en y songeant de l’amertume et de l’envie, j’ai besoin de me rappeler ces paroles de l’Imitation de Jésus-Christ : « Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? […] Puis ces choses inconnues, ces combinaisons encore inéprouvées de lignes, de couleurs, de sons, de parfums, nous donnent l’impression de quelque chose de lointain, de fugitif, nous rappellent que le monde est grand et que nous n’en atteignons jamais à la fois que d’infimes parcelles. […] Et vous vous rappelez l’abominable dénouement : la bataille des spahis et des nègres, la mort de Jean, de Fatou-gaye et de leur enfant, cette hideuse éclaboussure de sang dans l’enchevêtrement des grands végétaux éclairés à cru et qui ont, eux aussi, l’air vénéneux et féroce… IV De cet exotisme voluptueux et triste dérivent certains sentiments très grands, très simples, éternels, par lesquels se prolongent et s’approfondissent les sensations notées.

462. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Dans la même année, il montra dans Titus la vertu triomphant d’une passion désordonnée ; c’était encourager le roi à la vertu par son propre exemple et rappeler à l’adorateur de madame de Montespan, le sacrifice qu’il avait pu faire de Marie de Mancini. […] Le prince de Condé, grand admirateur des beaux vers, toujours plein de mépris pour tout ce qui lui rappelait Mazarin, protégeait Racine. […] Il avait été frappé du plaisir qu’elle avoue avoir éprouvé à la lecture d’une critique de Bérénice, et n’avait pas remarqué que ce qu’elle appelle la folle passion de cette pièce lui déplaisait non seulement par sa folie, mais aussi parce que Bérénice rappelait cette Marie Mancini, nièce de Mazarin, que Louis XIV avait voulu épouser, et qui était odieuse à la société fréquentée par madame de Sévigné, Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Bajazet : La pièce m’a paru belle ; Bajazet est beau, mais Racine n’ira pas plus loin qu’Andromaque.

463. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

On a là une scène de comédie qui rappelle celle du Tartuffe, quand Elmire, pour convaincre son mari, l’a caché sous la table. […] Leurs vies en seroient plus longues ; les maladies en viendroient plus tard ; et leur mort en seroit plus regrettée et de plus de gens, et moins désirée… L’équivalent de Tacite ne se trouve-t-il point dans ces passages, et dans tels autres où Commynes a des accents qui parfois rappellent ceux de Bossuet ? […] [NdA] Se rappeler la lettre du marquis d’Argenson à Voltaire, écrite du champ de bataille de Fontenoy (Commentaire historique… au tome I des Œuvres de Voltaire).

464. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Ceux qui les ont ardents s’impatientent bien plutôt et s’irritent de ces conseils d’une douce sagesse, qui nous rappellent les lents entretiens, la démarche paisible de Termosiris et de ces riants vieillards de Fénelon. […] Après Horace, après Socrate et Franklin, après tous les moralistes, il avait aimé simplement à converser sur le thème éternel, à rappeler quelques vérités aux esprits revenus, capables de les entendre ; il avait espéré les insinuer surtout aux esprits jeunes, à ceux qui le liraient dans l’âge des résolutions généreuses. […] Droz m’ont paru comme une image qui repose, et qu’il était bon de rappeler.

465. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Marguerite (elle nous le rappellerait si on l’oubliait) est par son éducation et par ses goûts de l’école de Ronsard et un peu de Du Bartas. […] Ainsi, lorsqu’en 1582 on la rappelle à la cour de France, la tirant d’auprès du roi son mari et de Nérac, où elle avait été pendant trois ou quatre ans, elle y voit un projet de ses ennemis pour la brouiller avec son mari pendant l’absence ; ils espéraient, dit-elle, « que l’éloignement serait comme les ouvertures du bataillon macédonien ». […] Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.

466. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

rappelle un peu le mouvement de quelques beaux morceaux de Molière dans Le Misanthrope ; c’est de lui, non de Boileau, que Regnard est véritablement le disciple en poésie. […] Hector, le valet du Joueur, dira dans son rêve de fortune : J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants ; De ma rotondité j’emplirais le dedans… Et le fat marquis, s’étalant aussi tout à l’aise, lâchera ce couplet que chacun achève de mémoire, mais que nous ne pouvons nous empêcher de rappeler : Moi, j’aime à pourchasser des beautés mitoyennes ; L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons… J’ai rendu toute justice et tout hommage à Boileau ; mais ici, dans cette large et copieuse façon de dire, Regnard remontait par-delà Boileau, et dérivait en droite ligne de Régnier. […] [NdA] Ces réflexions de Regnard retenu par l’orage sur les rochers de la Baltique m’en rappellent d’autres de Gourville moralisant, assis sur la souche d’un arbre dans les Ardennes (voir au tome V des Causeries du lundi, article Gourville).

467. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Le livre de Michelet nous a rappelé, en effet, certains traités que les casuistes catholiques avaient la prudence d’écrire en latin, — une langue fermée, — pour n’être entendus que du prêtre comme eux, du prêtre qui doit tout connaître de la misère de l’homme et de son péché. […] » Il rappelle Prudhomme, l’éternel Prudhomme, à la tête montée, quand il rugit : « Je suis comme un lion !  […] Rappelez-vous l’Oiseau !

468. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Puisqu’on imitait Walter Scott, il fallait, comme lui, être juste, et se rappeler le Cromwell de Woodstock et le prince Charles-Édouard de Redgauntlet. Il fallait se rappeler encore — et surtout — l’art profond de ce créateur du roman historique qu’il est de mode présentement d’abaisser, mais qui restera immortellement ce qu’il est : le premier des hommes après Shakespeare, et, comme lui, se bien garder de mettre sur le premier plan une histoire connue et sur laquelle la Rêverie, comme la Curiosité, s’est épuisée ; mais la donner pour fond, dans la vapeur féconde des distances et l’adoucissement des lointains, à une autre histoire inventée, celle-là, avec ses séries d’incidents et son cortège de personnages ! […] Enfin, rappelez-vous la Laurette de Grandeur et servitude militaires, et vous aurez, à coup sûr, la plus blanche de ces plumes divines que nous comptons ; car il y a plus que de la lumière, il y a le sang de l’innocent sur celle-là !

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