/ 1665
373. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Dans ce livre-là, car ses autres livres me sont inconnus, il est bien, nonobstant, de la race des derniers venus de ce temps ; il doit être compté parmi ceux-là qui ont succédé à ce religieux et incomparable Lamartine, que, dans leur impiété, ils n’ont jamais égalé en génie. […] Saut qui prouve la race et la venge !

374. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

C’est la fierté des grandes races tombées et qui meurent comme le Gladiateur antique, sur la poussière de tout, mais dans la splendeur de l’attitude ; c’est le dévouement à la famille féodale dans un cœur simple et religieux demeuré fidèle ; c’est l’amour de l’épouse qui résiste à la puissance maternelle en lui demandant pardon de lui résister ; et, par-dessus toutes ces noblesses, qui s’opposent les unes aux autres et par leur collision produisent le mal de la vie, l’innocence de l’enfance, et son charme, venant à bout du stoïcisme le plus altier. […] Sandeau dans sa Renée de Penarvan, les dernières palpitations, dans un grand caractère, de toute une race qui ne s’abaisse ni devant les hommes ni devant le temps.

375. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Les conditions matérielles ou morales de toutes sortes, la configuration du sol qui porte les hommes, la nature des instruments qui sont à leur disposition, les caractères anatomiques de leur race, leurs besoins, leurs croyances, leurs sentiments, les qualités différentes des choses ou des personnes peuvent exercer une influence, directe ou indirecte, médiate ou immédiate, sur le succès social de l’idée de l’égalité : pour être sûr de n’oublier aucun de ses antécédents, il faudrait passer en revue toutes ces espèces de phénomènes, et peser l’efficacité propre à chacune d’elles. […] Indépendamment en effet des phénomènes physiques ou psychiques qui se déroulent à l’intérieur des sociétés, quelles que soient la race ou les idées des unités qu’elles associent, les sociétés se ressemblent ou diffèrent par la façon dont leurs unités sont associées, par les modalités de leur groupement.

376. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

La race humaine, qui veut tout surmonter par son audace, se précipite dans l’impossible ; la race intrépide de Japet, Prométhée, par un coupable larcin, ravit le feu du ciel pour l’apporter à la terre. […] Quelles innombrables funérailles tu prépares à la race de Dardanus ! […] « Que tu sois riche ou né de la race antique d’Inachus, ou pauvre et issu d’une famille obscure qui supporte le poids du jour, tu mourras victime dévouée au dieu qui ne pardonne pas. […] « Tant que tu n’as pas brûlé pour une autre, et que Lydie ne l’a pas cédé à Chloé dans ton cœur, Lydie, renommée par ton amour pour elle, a vécu plus heureuse et plus fière qu’Ilia, la mère du fondateur de la race romaine.

377. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Les signes de l’affirmation et de la négation, en particulier, semblent venir de ce que l’enfant, pour rejeter la nourriture dont il ne veut pas, par exemple pour refuser le sein de sa mère, secoue latéralement la tête ; au contraire, pour prendre le sein de sa mère ou la nourriture qu’on lui offre, il penche la tête en avant ; ces mêmes gestes, étendus à toute négation et à toute affirmation, sont devenus héréditaires et instinctifs chez un grand nombre de races. […] Les animaux, qui résistent moins que l’homme à leurs passions de race, les expriment fidèlement dans leurs organes et leurs attitudes. […] Les diverses races d’hommes offrent par cela même des différences de physionomie et, dans une même race, les diverses nations finissent par avoir une expression particulière qui les révèle63. […] La faute n’en est pas à la race juive, mais à nous, qui l’avons persécutée pendant tant de siècles avec une pitié si évangélique. » 64.

378. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

… Et cette jeune fille, la seule de sa race, la vierge pure de toute souillure, comment la conduirai-je dans cette route illustrée par son père et par ses aïeux ? […] Il descendait déjà d’une race de rois immémoriale. […] Ce récit redouble la passion de Douchmanta pour la jeune fille issue d’une race divine. […] Le fils qui doit naître de cette union sera égal à son père, et donnera naissance à une race de héros !  […] Sur toi repose le soin de mon existence ; de toi dépend la perpétuité de ma race : vis donc heureux, ô mon fils, l’espace de cent ans !

379. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Le cas échéant par exemple où nos Pigeons-Paons seraient tous détruits, il se pourrait que des amateurs, en s’efforçant pendant de longues années de les reproduire, réussissent à la fin à refaire une race à peine reconnaissable de la race actuelle. Mais, si le Pigeon biset lui-même était détruit, et nous avons toutes raisons de croire qu’à l’état de nature toute souche mère est généralement exterminée et supplantée par ses descendants modifiés, il serait alors absolument incroyable qu’un Pigeon-Paon, identique aux nôtres, pût sortir d’aucune autre espèce sauvage, ou même des autres races de Pigeons domestiques suffisamment fixées pour se reproduire purement, car le nouveau Pigeon-Paon qu’on parviendrait peut-être à obtenir hériterait bien certainement de ses nouveaux progéniteurs quelques légères différences caractéristiques. […] Il en est de même de nos productions domestiques : lorsqu’une variété nouvelle et supérieure a été obtenue, elle supplante les autres variétés, d’abord dans les environs, et, à mesure qu’elle progresse davantage, elle est transportée de plus en plus loin, comme on a vu nos Bœufs à petites cornes prendre la place d’autres races en d’autres contrées. […] Si l’on me permet de comparer les grandes choses aux petites, je dirai que, si les principales races éteintes et vivantes du Pigeon domestique étaient classées, aussi bien qu’on pourrait le faire, suivant la série de leurs affinités, cet arrangement ne s’accorderait pas exactement avec l’ordre chronologique de leur production, et encore moins avec celui de leur disparition ; car la souche mère, le Pigeon biset vit encore, tandis que beaucoup de variétés entre le Pigeon biset et le Messager se sont éteintes ; et les Messagers eux-mêmes, qui sont extrêmes en caractères sous le rapport de la longueur du bec, sont d’une origine beaucoup plus ancienne que les Culbutants à courte face, qui sont à l’extrémité opposée de la série sous le même rapport.

380. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Qu’importe la vie de l’homme, celle d’un peuple, et celle d’une race, et celle de l’humanité ? […] Idées fondamentales de l’importance de la vie humaine et de la suprématie de la race sur l’individu. […] Seules les races subsistent, comme si cet anéantissement des individus, qui en sont peut-être les atomes, faisait leur immortalité. […] L’avenir de la race importe seul ; mais la race ne peut se perpétuer et progresser qu’à travers des crises violentes dont souffrent les individus. […] Le moraliste ne lâche jamais le fil conducteur que l’historien lui a mis dans la main : c’est toujours en pensant à la race qu’il s’occupera des individus, et son but essentiel demeurera de développer en eux les qualités les plus nécessaires à la race, celles qui contribuent le plus à assurer sa durée, sa force, sa supériorité.

381. (1898) La cité antique

Si haut qu’on remonte dans l’histoire de la race indo-européenne, dont les populations grecques et italiennes sont des branches, on ne voit pas que cette race ait jamais pensé qu’après cette courte vie tout fût fini pour l’homme. […] Contemporaine des premiers âges de la race aryenne, elle s’enfonça si profondément dans les entrailles de cette race, que la brillante religion de l’Olympe grec ne suffit pas à la déraciner et qu’il fallut le christianisme. […] Il en est encore de même dans une partie de la race sémitique et chez quelques peuples slaves. […] Reportons-nous aux âges primitifs de la race aryenne. […] L’isolement de la famille a été, chez cette race, le commencementde la morale.

382. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais les grandes œuvres, pour transformer une race, n’ont pas besoin d’être connues. […] Corneille créa les drames plus reposés, plus nobles, d’une race plus fine. […] Ils se savaient une race supérieure, étrangère aux vils besoins qui embarrassent la foule. […] Il s’efforcera sans doute, lui aussi, de perdre les caractères de sa race, les sentant funestes. […] M. de Villiers était évidemment prédestiné par les qualités spéciales de sa nature et de sa race.

383. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Mais s’il est certain que de la simple action réflexe par laquelle l’enfant tette, jusqu’aux raisonnements compliqués de l’homme adulte, le progrès se fait chaque jour par degré infinitésimal ; il est certain aussi qu’entre les actes automatiques des êtres les plus bas et les plus hautes actions conscientes de la race humaine, on peut disposer toute une série d’actions manifestées par les diverses tribus du règne animal, de telle façon qu’il soit impossible de dire à un certain moment de la série : Ici commence l’intelligence. » Si du savant qui poursuit ses recherches avec la pleine conscience des procédés de raisonnement et d’induction qu’il emploie, nous descendons à l’homme d’une éducation ordinaire, qui raisonne bien et d’une manière intelligente, mais sans savoir comment ; si de là nous descendons au villageois, dont les plus hautes généralisations ne dépassent guère les faits locaux ; si de là nous tombons aux races humaines inférieures qu’on ne peut considérer comme pensantes, dont les conceptions numériques dépassent à peine celles du chien ; si nous mettons à côté les plus élevés des primates, dont les actions sont tout aussi raisonnables que celles d’un petit écolier ; si de là nous arrivons aux animaux domestiques ; puis des quadrupèdes les plus sagaces à ceux qui le sont de moins en moins, c’est-à-dire qui ne peuvent plus modifier leurs actions selon les circonstances et sont guidés par un immuable instinct ; puis si nous remarquons que l’instinct, qui consistait d’abord en une combinaison compliquée de mouvements produits par une combinaison compliquée de stimulus, prend des formes inférieures dans lesquelles stimulus et mouvements deviennent de moins en moins complexes ; si de là nous en venons à l’action réflexe et « si des animaux chez qui cette action implique l’irritation d’un nerf et la contraction d’un muscle, nous descendons encore plus bas chez les animaux dépourvus de système nerveux et musculaire, et que nous découvrions qu’ici c’est le même tissu qui manifeste l’irritabilité et la contractilité, lequel tissu remplit aussi les fonctions d’assimilation, sécrétion, respiration et reproduction ; et si, finalement, nous remarquons que chacune des phases de l’intelligence, énumérées ici, se fond dans les voisines par des modifications trop nombreuses pour être distinguées spécifiquement, et trop imperceptibles pour être décrites, nous aurons en une certaine mesure montré la réalité de ce fait : qu’on ne peut effectuer de séparation précise entre les phénomènes de l’intelligence et ceux de la vie en général. » L’autre base de la doctrine, c’est la corrélation nécessaire de l’être et de son milieu, que l’auteur exprime en disant que la vie est une correspondance, « un ajustement continu des rapports internes aux rapports externes. » L’être vivant quel qu’il soit, arbre, infusoire ou homme, ne peut subsister s’il n’y a harmonie entre son organisme et son milieu ; et si à la vie physique s’ajoute la vie psychique, l’ajustement deviendra plus complexe. […] « Cet ordre supérieur de correspondance dans le temps, qui est impossible aux animaux inférieurs, qui n’existe qu’à l’état vague chez les animaux supérieurs, et qui ne se trouve sous une forme précise que dans la race humaine, a fait des progrès marqués dans le cours de la civilisation. […] — d’où proviennent les différences en degrés de cette faculté, possédée par diverses races d’organisme et divers individus de la même race ? […] Enfin (et l’hérédité joue ici son rôle) s’éveillent aussi probablement « certaines combinaisons qui existaient à l’état organique, dans la race humaine, aux temps barbares, quand toute son activité pour le plaisir se déployait surtout au milieu des bois et des eaux.

384. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Cassagnac est intellectuellement de race léonine. […] Mais elle alla plus loin, et osa prétendre que la langue latine avait été imposée à la race gauloise ; un plaqué plus honteux encore ! […] Ainsi, il l’est quand il nous raconte, avec un renseignement si précis et une phrase si nette, les irruptions diverses de cette glorieuse race gauloise, qui semble glorieuse de toute éternité, car on ne sait pas où elle a commencé dans les annales humaines, et qui, par l’étendue et la rapidité de ses invasions, a une espèce d’ubiquité dans l’histoire. […] Cassagnac n’est pas de cette race. […] Il l’écrasait, ce rude combattant, mais avec la gaieté du combat, avec les deux rires du Gaulois et du Gascon qu’il tenait de sa double race.

385. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Car l’esprit des hommes est tellement dominé par les formes du langage, que même des hommes nouveaux de race et d’esprit, s’ils prennent l’usage d’une vieille langue, perdront quelque chose de leur caractère natif, et que, si plusieurs races se mêlent, elles ne formeront un peuple que lorsqu’elles auront une langue commune et nouvelle. […] Comment cette race, formée du sang arabe et européen, ardente, ingénieuse, guerrière, comment n’a-t-elle pas encore du génie dans les arts ? […] Les princes de race danoise qui régnaient en Normandie, avaient un esprit singulièrement politique. […] Dans ce mouvement des idiomes nouveaux, nés de la chute de l’empire romain et du renouvellement des races, l’Angleterre a reçu l’influence de la France. […] Or, nous le redisons, parce que d’excellents esprits ont, sans motif, allégué le contraire, notre langue est de race latine, et nullement de race teutonique.

386. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

. — Jocelyn est un enfant des champs et du hameau ; malgré ce nom breton de rare et fine race, je ne le crois pas né en Bretagne ; il serait plutôt de Touraine, de quelqu’un de ces jolis hameaux voisins de la Loire, dans lesquels Goldsmith nous dit qu’il a fait danser bien des fois l’innocente jeunesse au son de sa flûte, et qui ont dû lui fournir plusieurs traits dont il a peint son délicieux Auburn. […] Ne cherchez à son front nul éclair d’Hamlet, de René ou de Prométhée, de la race vouée au vautour ; il est de celle de Sem. […] Le clair ruisseau des monts coule auprès ; n’ayez peur  D’approcher comme lui : quand l’âme est bien formée, On est humble ; on se sait, pauvre race, semée  Aux rocs, aux durs sentiers, partout où vit un cœur ! […] Ne comprenaient pas l’œuvre, et maudissaient du cœur  Cette race stupide acharnée à sa perte, Qui détruit jusqu’au ciel l’ombre qui l’a couverte !

387. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Il a, du premier jour et sans y songer, effacé le pâle Laujon, redonné la main aux maîtres gaulois de vieille race, et n’a pas été détrôné à cet endroit, même par Béranger. […] Pascal a dit hardiment : « Il faut avoir une porte de derrière et juger de tout par là : en parlant cependant comme le peuple. » Béranger a eu cette porte de derrière dans la chanson : il a su y introduire toute une armée par la poterne, toute une race de héros et de vainqueurs comme dans une Ilion. […] Mais Désaugiers était de l’ancienne race, de cette malice du bon vieux temps et d’avant Voltaire ; on lui pardonnait de rire comme dans les vieux noëls, sans que cela tirât à conséquence. […] Désaugiers devait voir la Restauration avec faveur ; s’il avait chanté l’Empire, comme c’était d’usage et de rigueur alors, il était prédisposé par nature à devenir bourbonien ; il aimait les jouissances sociales, les bienfaits de la paix, et la race de Henri IV prêtait de tout point à ses refrains favoris.

388. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

La France ressemble à une vaste écurie où les chevaux de race auraient double et triple ration pour être oisifs ou ne faire que demi-service, tandis que les chevaux de trait font le plein service avec une demi-ration qui leur manque souvent. Encore faut-il noter que, parmi ces chevaux de race, il est un troupeau privilégié qui, né auprès du râtelier, écarte ses pareils et mange à pleine bouche, gras, brillant, le poil poli et jusqu’au ventre en la litière, sans autre occupation que de toujours tirer à soi. […] Ils sont ses familiers, les hôtes de son salon, des gens de race comme lui, ses clients naturels, les seuls avec lesquels il cause et qu’il ait besoin de voir contents ; il ne peut s’empêcher de les assister. […] Une partie va s’avilir dans la servitude de cour ; l’autre se mélange à la canaille plumière qui change en encre le sang des sujets du roi ; l’autre périt étouffée par de viles robes, ignobles atomes de la poussière de cabinet qu’une charge tire de la crasse » ; et tout cela, parvenus d’ancienne ou de nouvelle race, fait une bande qui est la cour. — « La cour !

389. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

L’expédition d’Alexandre fond les races, les idées des deux mondes : la terre est connue. […] II Les Arabes apparaissent enfin comme des précurseurs de la race chinoise ; ils répandent, sous les califes, l’unité de Dieu, la médecine, les mathématiques, le commerce, la géographie, la chimie, l’algèbre, et disparaissent après avoir annoncé ces grandes découvertes. […] L’ancienne race humaine a pu voir se lever dans les hautes régions du Nord les magnifiques constellations du Midi, qui, longtemps invisibles, reviendront après des milliers d’années. » V L’ère des mathématiciens succéda à l’ère des découvertes géographiques et à la découverte des télescopes : Kepler, Bacon, Galilée, Tycho Brahé, Descartes, Newton, Leibnitz, surgirent. […] Le premier trait distinctif de la forêt vierge étant donc d’être impénétrable, le second de ne point convenir au développement de la race humaine, le troisième est l’énergie sauvage et pour ainsi dire forcenée de la végétation.

390. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Déjà il avait écrit ses cinq volumes de la Littérature anglaise, et ses deux volumes de la Philosophie de l’Art, pour nous prouver par de nombreux exemples qu’un écrivain et qu’un artiste subissent plus ou moins l’influence de la race, du climat et qu’ils peignent ce qu’ils ont sous les yeux. […] Les hommes de la race de Nietzsche sont surtout des artistes. […] » Il dit encore : « Ce que les hommes et les femmes de race ont de supérieur aux autres et ce qui leur donne un droit indéniable à une estime plus haute, ce sont deux arts perfectionnés de siècle en siècle par héritage : l’art de savoir commander et l’art de l’obéissance fière. Or partout où le commandement devient une tâche quotidienne comme dans le monde commercial et industriel, il se produit quelque chose d’analogue à la race, mais il manque toujours le grand art de l’obéissance qui chez les autres est un héritage d’un état de choses féodal et que n’autorise plus le climat de notre civilisation. » Des droits sans devoirs, un orgueil bas devant les hommes, nullement atténué par cette modestie humaine que produit la religion ou la simple conscience du monde, Nietzsche a bien vu les plaies de la société moderne, mais il ne se doutait pas qu’il allait les agrandir.

391. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Il me faut relever, au centre des champs égaux et par dessus les toits rustiques trop semblables, la « Tour du Meilleur », ce toit pointu qui veut pour lui seul la foudre des orages, afin d’en sauver les autres ; ce haut mur qui porte le faible lierre agrippé à ses pierres ; ce signe permanent de la hiérarchie désirable, qui rappelle aux fous qui l’oublient que nul homme ne s’élève sans degrés inégaux ; ce pignon, qui est détestable s’il n’est que celui de l’orgueil, mais divin dans sa mission, s’il ouvre ainsi qu’un grenier ou chacun peut puiser, suivant ses besoins, l’exemple, le conseil, le refuge ou l’aumône…‌ … Il ne faut pas aller au peuple en descendant, mais faire monter le peuple jusqu’à soi, et se mettre haut, sans morgue et simplement…‌ … Ma race est arrivée jusqu’à moi, sans tache et sans vulgarité ; ainsi dois-je la transmettre à l’avenir, dans la même intégrité, vêtue de même noblesse, dirigée dans le même sens de perfection…‌ Voilà des pensées, n’est-ce pas, qu’il n’était pas possible de laisser en dehors du concert des familles spirituelles, que des catholiques aux socialistes, nous avons entendues.‌ […] On ne devient pas une autorité sociale en une génération, mais à force de frapper à la même place, de père en fils, une race finit par acquérir une influence considérable, qui est la grande raison d’être de la vie. […]   Dans cet enfant excellent, c’est la race même que vous entendez. […] Jamais plus qu’aujourd’hui ne furent actives et décisives les réserves sacrées enfouies dans notre race.

/ 1665